La quête 3 : L'Obscure Forêt (partie 2)

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 L'explosion du drone rassura Matéo, mais Gibraltar restait sur le qui-vive.

— Bon débarras ! lança Matéo.

— Ne te réjouis pas trop vite. S'il est resté au-dessus de nos têtes, c'est pour indiquer notre emplacement à ses petits copains qui ne vont pas tarder à arriver si tu veux mon avis. Ils nous ont repérés !

— Tu en es sûr ?

— Si j'en suis sûr ? C'est le moment de nous sortir un véhicule ultra rapide et de décamper au plus vite.

 Une barge se matérialisa et tous trois embarquèrent. L'appareil s'éleva au-dessus de la canopée et fila à vive allure. Gibraltar scruta le tableau de bord : ses craintes s'avérèrent.

— On nous suit, s'écria-t-il.

— Ils sont nombreux ?

— Toute une floppée. Mon écran est saturé. Il vaut mieux descendre sous le couvert et couper le moteur. De cette manière ils ne pourront plus repérer notre traînée électromagnétique.

 Gibraltar réussit à poser l'appareil au milieu de grands arbres. Esprit para l'engin de motifs de camouflage. Le bourdonnement de l'armée de drones s'amplifiait. Les deux garçons les virent passer au-dessus de leur tête. Baby penchait la tête sur le côté pour mieux discerner leur déplacement.

— Je crois qu'on a réussi à les blouser, commenta Gibraltar. Ils continuent leur chemin. Ils ne nous ont pas vus ! On attend cinq minutes et on y va.

 Comme pour démentir ces allégations, des tirs puissants ébranlèrent leur embarcation. Gibraltar s'éleva aussitôt, presqu'à la verticale. Les boucliers, saturés, parvenaient avec peine à contenir l'énergie des plasmas. Les drones les harcelaient de tous côtés et lorsque les fuyards en descendaient un, il était aussitôt remplacé. Bientôt, le véhicule perdit sa protection, encerclé par des milliers d'adversaires lourdement armés, pilonné d'autant de jets qui finirent par altérer gravement les moteurs. Voyant leur proie à l'agonie, les drones cessèrent le bombardement. Dans un silence retentissant, la barge entama sa lente descente vers les entrailles du sous-bois, enveloppées dans un linceul de fumée blanche.

 Une fois au sol, les passagers du véhicule, malgré la panique, n'eurent pas le temps de réagir. Les bombes incendiaires tonnèrent à nouveau comme des voix en déroute. Sous l'intense chaleur, les fûts se transformèrent en gigantesques torches. Les flammes, falots géants, ondulaient avec grâce, sautaient de branche en branche et rongeaient la forêt à la vitesse d'un cheval au galop. Le bois, en proie à l'embrasement, craquait, crépitait et croulait au milieu d'un déluge de feu. La barge fut ensevelie sous les troncs emportés par ces torrents incandescents.

 Slau visionnait la scène avec une satisfaction non dissimulée. Cunégonde ne partageait pas son enthousiasme. Là où le Messager voyait un ennemi éliminé, elle discernait une victime innocente. Elle ne comprenait pas cette hargne, mais n'osait exprimer ses réticences. La voix du prince de Wayward l'extirpa à ses pensées.

— Vous n'approuvez pas, n'est-ce pas ?

— Pardonnez-moi, Monseigneur. Je ne comprends pas un tel acharnement.

— C'est juste de la politique, ma chère. Juste de la politique ! Vous êtes trop sensible pour vous permettre de donner un avis à ce sujet, comme toutes les femmes.

— Ce Matéo ne s'oppose pas à vous. Il veut simplement retrouver son père. N'est-ce pas légitime ? J'agirais de même si je n'étais pas assurée de la disparition de mes parents. Qu'a-t-il donc fait pour mériter cette mise à mort ?

— Rien, expliqua Slau avec un certain cynisme, surpris que, pour la première fois, elle ose le contredire sur une de ses décisions. Parfois, il est nécessaire qu'un innocent meure pour le bien d'un grand nombre. Diriger implique des choix difficiles. Je suis retourné aux affaires parce que je prends des décisions dans l'intérêt de tous. Les hommes, eux, se laissent influencer par des considérations égoïstes parce qu'ils sont pervertis. Mais voilà des sujets bien sérieux dans la tête d'une jeune fille. Promettez-moi de ne plus penser à toutes ces choses qui ne vous concernent pas.

 — À vos ordres, Monseigneur !

 Tout quidam aurait dû trouver la mort dans l'incendie qui grondait. Ce ne fut pas le cas pour Matéo et ses compagnons. Esprit, connecté en permanence au cerveau de son détenteur, avait perçu le danger et ressenti son agitation. Mû par l'instinct de survie de son propriétaire, il avait créé un bouclier capable de contenir la fournaise qui amplifiait.

 Gibraltar examina le dôme qui les protégeait ainsi que les troncs en ignition entassés pêle-mêle quelques mètres plus haut. Il exerça une légère pressions sur la surface tiède, un creux se forma. Lorsqu'il retira la main, la paroi reprit sa position initiale tel un matériau à mémoire de forme. Matéo créa une autre barge qui, bientôt, souleva les fûts enchevêtrés pour s'élever hors de portée de l'incendie. Le bouclier magnétique enveloppa l'appareil d'une phosphorescence bleutée. L'espace aérien s'était vidé de tous les drones : Slau, persuadé de la mort de son jeune adversaire, les avait rappelés.

 Une dizaine de minutes plus tard, ils survolèrent les fjords de Sarrebruck, sorte de plaie béante dans laquelle les eaux s'étaient engouffrées. Gibraltar imagina les puissances destructrices incommensurables qui avaient déchiré la surface du sol sur des kilomètres. Il comprenait mieux pourquoi les humains, insignifiantes fourmis, n'avaient pu survivre à ces soubresauts cataclysmiques.

— Normalement, nous avons atteint l'Obscure Forêt dont la Révérende Mère nous a parlé, signala Matéo.

— C'est le territoire des Enkidus, c'est ça ? C'est eux qui doivent nous guider, il paraît ? Encore faut-il savoir où ils se cachent.

— Le mieux est de se poser et de continuer à pied. La Révérende Fortunée m'a assuré qu'ils nous trouveront.

 L'engin atterrit dans une petite clairière, Matéo le dématérialisa et le petit groupe se mit en marche. Très vite, la forêt devint plus dense, le soleil ne perça plus le feuillage tant et si bien que la luminosité tout comme la température baissèrent sensiblement.

— L'Obscure Forêt ! Elle porte bien son nom celle-là, grommela Gibraltar.

 Le manque de lumière empêchait le développement végétal, ce qui avait laissé apparaître une terre noire et des roches brun foncé. Le vent susurrait entre les troncs, soulevait les feuilles mortes avec des gémissements de suppliciés ou psalmodiait une complainte malsaine. Un hurlement lugubre leur parvint sur les ailes du vent.

 Les trois voyageurs frissonnaient de froid, L'inquiétante atmosphère qui régnait dans cette région leur hérissait le poil. Tous les sens en éveil, ils sursautaient au moindre bruit, les nerfs à vif. Un second hurlement, plus proche, les figea un instant. Baby se blottit contre Matéo. La forêt distillait l'angoisse à ceux qui osaient violer son espace si bien que les fauteurs de trouble n'avaient qu'une idée en tête : entamer un demi-tour et fuir au plus vite... si ce n'était que Matéo et ses compagnons avaient une raison impérieuse de pénétrer ces lieux.

— Tu as toujours confiance en ta Révérende Mère ? lâcha Gibraltar. Parce que sinon, on est mal partis.

— Je ne vois pas pourquoi elle nous mentirait, chuchota Matéo. Elle croit que je suis l'Élu. Elle ne mettrait pas ma vie en danger.

— Tu l'admets maintenant ?

— Je n'admets rien. Je dis simplement qu'elle croit que je suis l'Élu.

 Un grognement imperceptible interrompit la conversation. Après un moment de silence inquiétant, les trois intrus reprirent leur marche. Ils descendirent les pentes d'une ravine asséchée quand un grognement proche les immobilisa à nouveau. Au-dessus d'eux, une bête énorme apparut : un golem, les babines retroussées. Clôné à partir d'un mastiff thibétain, les manipulations génétiques avaient sélectionné des individus les plus puissants, les plus vigoureux, les plus agressifs. Celui-ci mesurait au moins un mètre soixante au garrot. Une crinière de lion rendait sa tête encore plus massive d'où jaillissait une gueule impressionnante. Ses pattes d'ours taillées pour la course pouvaient porter un homme robuste.

 Il montrait des crocs d'une blancheur qui ressortait d'autant mieux sur son pelage sombre et déplaçait sa massive silhouette avec la souplesse d'un tigre. Il s'avança vers ses proies, animé d'une assurance de prédateur conscient de sa supériorité, bientôt rejoint par une douzaine de ses congénères. Les trois voyageurs imprudents reculèrent, acculés contre le rebord friable de la ravine. Matéo plaça Baby derrière lui, offrant au petit garçon une piètre protection.

— C'est le moment de sortir Esprit, marmotta Gibraltar.

 La petite boule dans la main, Matéo chercha une idée pour se sortir de cette situation quand Esprit se mit à briller d'un bel éclat bleuâtre. Les golems reculèrent et après un instant d'hésitation adoptèrent une position de soumission. Puis des silhouettes apparurent. La sphère métallique redevint mate et les deux amis aperçurent les Enkidus s'agenouiller, leur longue lance à la main, le carquois et l'arc dépassant de leur tête. C'était une petite troupe mobile formée pour des opérations d'infiltration et d'observation. Le plus proche se releva. Il portait une braie rouge et une tunique blanc cassé. Il se différenciait de ses compagnons à la pierre d'onyx noir attachée au cou par une lanière de cuir. Les autres Enkidus étaient torse nu et se contentaient d'un pagne, plus pratique pour les randonnées pendant la saison chaude.

— Monseigneur, nous sommes heureux de vous trouver. Nous étions inquiets quand nous avons appris l'incendie que nous ont rapporté nos guetteurs. La Révérende Mère Fortunée nous avait avertis de votre présence sur notre territoire. Je m'appelle Kulu.

— Au nom de mes compagnons, je vous remercie de l'aide que vous nous apportez, déclara Matéo, encore sous le coup de l'émotion, mais rassuré.

— C'est un honneur de vous être utiles. Vous devez être épuisés après ce périple mouvementé. Pour la suite de votre voyage, je vous invite à monter les Golems, nos fidèles compagnons.

Les deux jeunes hommes hésitèrent mais quand ils se résolurent à s'en approcher, les animaux se montrèrent doux et affectueux. Sous l'épaisse toison, une couche de graisse assurait un confort convenable. Baby monta avec Matéo, accroché à sa taille.

 Tous les hommes présents enfourchèrent les montures qui adoptèrent un trot rapide. Après environ deux heures de route, la petite troupe parvint à un canyon dans lequel serpentait un ruisseau. Ce fut l'occasion pour les hommes et les bêtes de marquer une pause et de de se désaltérer. Puis Kulu guida la troupe d'une allure plus tranquille. Après plusieurs kilomètres, il contourna un petit plan d'eau alimenté par une cascade et s'enfonça dans les profondeurs de l'arroyo. Le soleil peinait à toucher le fond sablonneux tant les parois étaient parfois rapprochées.

 Ils atteignirent enfin une falaise qui se transformait en cascade pendant la saison des pluies. Kulu se dirigea vers une anfractuosité, y inséra la main et déclencha un mécanisme. Après un léger déclic, il poussa la paroi qui pivota pour découvrir un couloir creusé dans la roche.

— Bienvenue dans notre cité, s'écria Kulu. Ici, vous n'avez plus rien à craindre.

 Après avoir refermé, une fraîcheur bienvenue les saisit tandis que l'obscurité les enveloppa un court instant. L'éclairage venait de la fluorescence des veinures de la roche, ce qui facilita les déplacements de toute la troupe.

— C'est magnifique ! s'exclama Matéo à l'adresse de son compagnon qui se contenta de remplir ses yeux de toutes ces merveilles.

 Quelques méandres plus tard, le groupe déboucha sur une gigantesque caverne. Des insectes phosphorescents tapissaient le plafond tandis que des lucioles virevoltaient dans la pénombre en un ballet frénétique. En baissant les yeux, Gibraltar aperçut une luminosité ambiante sans pouvoir en déterminer l'origine. Un courant d'air frais apportait des senteurs inconnues du monde extérieur. Les deux jeunes hommes furent ébahis du spectacle silencieux et, tout comme les Enkidus, se laissèrent imprégner de la sérénité majestueuse des lieux.

Humains comme golems empruntèrent la passerelle qui reliait les deux parois de la caverne. De loin, elle donnait l'apparence d'un fragile ruban tendu entre les deux parois. De l'autre côté, ils descendirent un escalier tantôt taillé dans la roche tantôt en bois. Matéo décida de porter Baby compte tenu des risques de chute. Malgré leur corpulence, les golems se déplaçaient avec aisance dans l'étroit passage.

 Arrivés au fond, ils zigzaguèrent entre les colonnes et les stalagmites, éclairés par la douce lueur fluo des champignons, des mousses et des plantes sensitives qui s'allumaient à leur passage. Gibraltar ne pouvait s'empêcher de toucher des mains et des pieds. Comme lui, Matéo ne savait plus où poser son regard : tant de merveilles s'offraient à leur regard.

Après avoir circulé dans un interminable couloir enluminé, ils parvinrent devant une entrée manifestement artificielle qui les mena à un puits de lumière haut d'environ trois cents mètres et cinquante de diamètre. Autour de la paroi circulaire et sur presque toute sa hauteur, des habitations troglodytes étaient reliées entre elles par des terrasses et des passerelles en bois. Kulu mena Matéo et ses deux compagnons plusieurs étages plus bas, prit une allée menant à un porche que fermaient deux lourds battants en chêne renforcés par d'épaisses ferrures.

 Il s'arrêta à mi-chemin, ouvrit une porte et laissa entrer ses invités.

— Voici vos appartements pour la nuit. Mettez-vous à l'aise. Je vous retrouverai demain.

 Deux guerriers vinrent allumer les appliques alimentées par du gaz naturel. Un système de ventilation comparable à celui du labyrinthe assurait le renouvellement de l'air. Deux autres apportèrent des victuailles et dressèrent la table. Après une courbette, ils quittèrent les lieux. Le repas achevé, Matéo coucha Baby qui dormait debout, puis rejoignit Gibraltar.

 Pour la première fois depuis plusieurs jours, la tension retomba et ils s'écroulèrent sur leur lit, tout habillés et sans se déchausser.

 Le lendemain, après les ablutions du matin, Kulu vint les chercher et les conduisit vers le porche. Il frappa à trois reprises sur l'épais battant. Un guerrier Enkidu ouvrit. Derrière, se trouvait une grande place grossièrement taillée dans la roche, le sol finement nivelé. Deux troïkas et un traîneau auxquels étaient attelés quatre golems les attendaient. Gibraltar s'installa dans l'un des véhicules, Matéo et Baby dans le second. Sur le traîneau, une jarre ornée d'enluminures rouge et bleue était attachée avec soin, bien protégée dans une couverture matelassée.

— Ce sont les cendres de la Révérende Mère Fortunée, expliqua Kulu.

— La Révérende Mère est... balbutia Matéo.

— En effet, elle a reçu un tir de plasma par l'un des soldats qui vous poursuivaient. Nous savons qu'elle n'a pas révélé votre présence ni aucune information vous concernant.

 Les deux garçons se dévisagèrent en silence, sous le choc, envahis soudain par un sentiment de perte bien qu'ils ne l'aient connue qu'une seule journée.

— Fatalia son adjointe est devenue la nouvelle Révérende Mère. Elle nous a demandé de remettre les cendres de Fortunée à son village. Vous pourrez ainsi lui rendre un dernier hommage lors de la cérémonie des cendres. Nous y serons à midi mais nous ne devons pas tarder.

 Kulu conduisit le traîneau avec la jarre et partit en tête suivi par les troïkas. Les golems, impatients de se défouler, se cabrèrent avant de bondir tels des cabris. Les conducteurs mirent toute leur énergie pour calmer l'ardeur des chiens afin de ne pas être renversés.

 Matéo se crispait sur l'accoudoir du véhicule qui penchait dangereusement dans les virages ou quand il quittait le sol pour atterrir avec brutalité plusieurs mètres plus loin. La largeur du tunnel permettait la circulation dans les deux sens. Les Enkidus l'avaient percé pour relier leurs habitations troglodytes avec le village sur pilotis de Fortunée et un second en direction du sud qui débouchait dans la forêt proche de Fatata.

 Gibraltar pour sa part n'avait jamais pensé qu'une telle organisation souterraine existait en dehors du Labyrinthe ni envisagé une telle variété de coutumes si différentes de celles du village de Stuttgart et du Réseau. Il observait tout cela avec attention et commençait à se faire une image du monde, bien loin de la réalité qu'il avait connue et qu'on lui avait enseignée.

 Baby, malgré les cahots de la route qui secouaient la troïka, dormait, la tête sur les genoux de Matéo.

 Après environ trois heures, les véhicules débouchèrent dans la forêt, sur les hauteurs qui surplombaient les fjords de Metz. Ils suivirent l'ancienne route qui reliait Saint Avold à Metz dont seules une trouée dans la forêt et quelques carcasses rouillées révélaient l'existence. Le ruban de bitume continuait sous les eaux, preuve selon Gibraltar que cette partie avait été habitée jadis. Il avait constaté les mêmes indices sur les rives de l'Etang Salé.

 Des palétuviers, génétiquement modifiés par les ancêtres afin de fixer le sol lors de la montée des eaux, formaient une mangrove dense. Kulu s'assura que la barque qui y était dissimulée flottait toujours. Au grand étonnement de Gibraltar, il la laissa attachée.

— On ne traverse pas ? s'étonna-t-il.

— Pas pour le moment. Nous attendons la fin de l'après-midi. Nous vivons sous terre et quand nous sortons, nous restons à l'ombre des sous-bois. Nous ne sommes pas habitués à la chaleur directe du soleil.

— Vous n'êtes pas obligés de nous accompagner. Nous pouvons traverser seuls, répondit Gibraltar.

— Nous devons nous rendre sur l'autre rive pour remettre les cendres de la Révérende Mère Fortunée à son village.

— Nous pouvons les leur remettre de votre part, intervint Matéo.

— Merci Monseigneur, mais quelqu'un doit rapporter la barque.

— Ne vous inquiétez pas, le rassura Gibraltar. Nous avons tout ce qu'il faut pour traverser.

 Kulu ne voyait pas comment ses invités pouvaient se procurer une embarcation dans ce lieu désert. L'incompréhension manifestée par l'Enkidu provoqua un sourire malicieux sur le visage du jeune homme. Il lança un clin d'œil complice à son ami.

 Celui-ci sortit Esprit et matérialisa un hydroptère sous les yeux stupéfaits des Enkidus. Saisi de crainte, Kulu n'osait pas questionner Matéo sur la manière dont il était devenu détenteur de cet attribut des messagers. Une rumeur commençait à circuler comme quoi le Shiloh avait été identifié mais il ne pensait pas le voir de ses propres yeux, ni que Esprit l'accompagnerait. Matéo, par la force des choses s'était habitué à ce genre de réactions et ne s'en formalisait plus autant.

— Je ne suis qu'un homme comme vous et rien d'autre.

— Mais Monseigneur... Vous.. Vous avez...

— En effet, je peux me servir de Esprit, mais il reste que je ne suis qu'un homme, ressassa Matéo, bien décidé à en finir avec cette idée qu'il jugeait stupide. Je vous remercie de nous avoir accompagnés jusqu'ici. Retournez chez vous sans inquiétude. Je rapporterai la jarre contenant les cendres de Fortunée à son village.

 Kulu, impressionné par l'humilité de celui qu'il savait être l'Élu, se souvint de l'histoire qui circulait depuis deux décennies sur la manière dont celui-ci, encore un tout petit enfant, s'était manifesté à son peuple en cette nuit mémorable. Tout à ses pensées, il observait ses compagnons pousser l'hydroptère qui, sous l'action du vent, prenait de la vitesse, s'élevait majestueusement et planait telle une vapeur au-dessus des eaux. La voix rauque d'un cor transmit son message au village sur pilotis.

— Bon voyage, Monseigneur ! murmura Kulu. Que le messager vous bénisse !

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