Chapitre VI : Une amère vérité

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Yuki et Fubuki marchaient le long d’un sentier en pleine forêt. Voilà déjà deux jours qu’ils n’avaient pas rencontrés âme qui vive. Les immenses arbres qui les entouraient bougeaient au rythme du vent qui les frappé de plein fouet, protégeant ainsi les deux compagnons. Alors qu’ils avançaient relativement vite, le soleil atteignit son zénith.

— Nous devrions nous arrêter ici, suggéra l’homme.

L'adolescente se contenta de dire "oui" de la tête. Depuis qu’ils avaient quittés le village, elle ne disait plus rien, se contentant d’hocher la tête lorsque c’était possible ou bien de ne répondre qu’avec de petites phrases.

— Tu veux t’entraîner ? Ça commence à faire long depuis le dernier entraînement… Et avec cette chaleur, nous devrions profiter de l’ombre des arbres, continua-t-il.

— Oui.

La réponse de Yuki surpris tout d’abord l’homme, qui finit par sourire et se mit en position.

— Attaque-moi.

À peine eût-il le temps de finir sa phrase que la jeune fille l’attaqua de toutes ses forces. Elle s’approcha tout d’abord à bonne distance puis frappa très fort le iaito de son adversaire. Voyant que celui-ci ne bougeât presque pas, elle continua et finalement, visa le visage de son ennemi. Se contentant de se défendre dans un premier temps, Fubuki voyait la haine de sa rivale bouillir en elle. Son visage fermé, laissé tout de même paraître sa mâchoire serrée et des signes d’énervement. D’un geste vif, Fubuki frappa l’arme de Yuki et la désarma. Il s’avança ensuite sur elle et la poussa au sol. Se relevant en moins de deux, l’adolescente sortit son kaiken et se jeta à corps perdu, essayant de toucher à nouveau le visage de son adversaire. Néanmoins, l’expérience de son maître se montra décisive et il frappa sa poitrine de la paume de sa main avant de lui donner un coup sec sur son bras avec son arme. Yuki lâcha a sienne et tenta d’amocher Fubuki avec ses poings. Il esquiva son premier mouvement et l’attaqua au ventre avec la garde de son iaito ce qui fit tomber la jeune femme qui ne se releva pas.

— Tu fais quoi la ! s’écria Fubuki. Tu veux tellement me faire mal que tu m’attaques n’importe comment !

— La fermes ! hurla la vaincue. La ferme ! La ferme ! La ferme ! cria-t-elle encore avant d’éclater en sanglot. Comment as-tu pu me faire ça ? Tu n’as pas respecté tes engagements avec moi ! Je croyais que tu étais mon allié !

— Et je le suis toujours ! Qu’est-ce qui te permet de douter de tout ça ? se défendit l’homme.

— Hiro nous a menti et maintenant que tu l’as tué, je ne saurais jamais la vérité ! Tu m’avais promis de m’aider ! Tu m’avais promis ! répéta-t-elle en séchant du mieux qu’elle pouvait ses larmes puis en se relevant maladroitement.

— J’ai tenu parole ! Hiro n’a pas mentit ! Je… Je voulais attendre avant de t’en parler, attendre que nous soyons dans un endroit moins rustique…

— C’est ça ton excuse ? C’est vraiment ça ?! s’énerva d’autant plus la jeune femme. Et tu me dis qu’il avait raison ? Tu ne connaissais pas mon frère, qu’est-ce qui te permet de dire ça ?

— Je ne le connaissais pas, c’est vrai. Mais Hayao, oui. Il travaillait avec le clan Kira depuis plusieurs années lorsqu’il a accepté cette… Mission.

— Non… Non, c’est faux !

— Il s’est battu avec eux des années jusqu’à ce qu’il décide de faire ce dernier contrat. Hiro avait raison, il voulait t’emmener loin de cette île. Hayao m’a dit la même chose ! Et pour te le prouver….

Fubuki sortit de sa poche un petit animal sculpté dans du bois qui représentait un renard. Elle paraissait vieille et usé mais l’on pouvait encore distinguer les formes correctement.

— Où… Où as-tu eu ceci ? demanda la jeune fille.

— C’est Hayao qui me l’a donné. Pour te prouver que c’est la vérité. Il m’a dit qu’il adoré faire ce genre de sculpture et qu’il en avait fait deux, une pour toi et une pour lui. Mais tu avais perdu ou cassé la tienne et il en a refait une pour toi. Malheureusement, il n’a jamais eu l’occasion de la donner.

L’adolescente s’écroula sur le sol, pleurant toutes les larmes de son corps. Fubuki ramassa les armes et s’écarta un moment, la laissant avec ses pensées. Alors qu’il faisait un tour, il s’arrêta, voyant un barrage en plein milieu de la route. Merde, nous ne pourrons pas passer par ici… pensa-t-il. Il observa un moment les allers et venus des différentes personnes. Quand le soleil commença à décliner, il se décida à retourner auprès de Yuki. Il la trouva assise, regardant la petite sculpture de renard. Il marcha lentement vers la jeune fille puis s’installa à ses côtés :

— Je… Je ne voulais pas… bredouilla-t-il.

— Je sais, affirma la jeune femme sans lever les yeux. Le maître a-t-il dit autre chose sur mon frère ?

— Rien de particulier…

— Dis-moi, demanda-t-elle en le regardant cette fois-ci.

— Il m’a dit qu’il était l’un de leur meilleur élément. Quoiqu’il faisait, il le faisait bien.

— Quoiqu’il faisait… répéta l’adolescente. Il tuait des gens, voilà ce qu’il faisait. Mon frère était un assassin, un meurtrier et je ne l’ai jamais su.

— Ton frère voulait te rendre heureuse et ce qu’il a fait, je suis sûr qu’il la fait pour toi.

— S’il avait réellement voulu me rendre heureuse, alors il ne se serait pas fait tuer.

Fubuki la fixa longuement, sans rien dire de plus. Alors qu’il s’apprêtait à se lever, Yuki l’en empêcha :

— Désolée pour tout à l’heure. J’ai mal agi.

— Ce n’est rien…

— J’aimerai… Je voudrai…

— Quoi ?

— Quelqu’un m’a pris mon frère. Qui que ce soit, je voudrais le venger. Je le voudrais… Je veux prendre la vie de celui qui m’a fait tant de mal et qui continue aujourd’hui.

— Selon Hayao et Hiro, ton frère devait tuer Sakura Mitsu. Il est probable que ce soit l’un de ses sbires qui l’ai tué. C’est peut-être même elle qui l’a…

— Peu importe ! Je veux le faire, je dois le faire ! Mon frère n’a pas réussi sa mission, je me dois de la terminer.

— Pourquoi ferais-tu ça ?

— Parce qu’il en va de son honneur. Et tant que je serais vivante, je traquerai ceux qui l’ont tué et je le vengerai.

— Très bien. Je vais te suivre sur ce coup.

— Tu n’es pas obligé… Je peux me débrouiller toute seule.

— Tu me vires ?

— Je… Je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose par ma faute. Je ne me le pardonnerai pas.

— Très bien. Mais dans ce cas, tu me dois trois mille pièces d’or pour te délivrer de mes fonctions.

— Quoi ?! Qui payerai pour virer quelqu’un ?!

— C’est le prix. Je devais te servir de garde du corps et t’aider. Tant que ta mission ne sera pas accomplie, la mienne ne le sera pas non plus.

— Bien… D’accord dans ce cas. De toute façon je n’ai pas encore l’argent pour te payer.

— Je le sais, rigola Fubuki. Mais nous avons un problème avant tout. Il y a un barrage devant et ceux qui passent présentent un papier, sans doute un laisser-passer. Nous devons en trouver un chacun.

— Pourquoi ne pas le voler à des gens qui passe par ici ?

— J’y ai pensé. Mais en ces temps de guerre, beaucoup demande une description de la personne détenant l’acte et nous devrons donc trouver deux personnes qui nous ressembles. Ça risque d’être compliqué.

— Ah… Effectivement. Mais… Et pourquoi ne pas en créer un nous-mêmes ?

— Comment ? Nous n’avons que des arbres autour de nous… Nous avons besoin de papier.

— Et le papier et fait à partir d’arbre !

— Oui, selon un procédé compliqué. Tu penses pouvoir le faire comment ton papier ?

— Et contourner le barrage ?

— Il doit y avoir d’autres barrages. On ne pourra pas tous les contourner indéfiniment.

— Dans ce cas… Demandons aux dieux de nous mettre sur la voie de deux personnes qui nous ressemble.

— Si c’était si facile, tout le monde serait empereur ! s’écria Fubuki.

Alors qu’ils réfléchissaient, la nuit tomba rapidement et ils durent monter un camp afin de dormir dans la forêt. Au petit matin, Yuki se réveilla et se tourna vers Fubuki qui n’étais plus là. Elle se leva rapidement et commença à le chercher, criant son nom de temps en temps. Alors que l’inquiétude de la jeune fille commençait à monter, elle rentra au camp bredouille, voulant ranger leurs affaires pour continuer ses recherches. L’homme arriva à ce moment-là :

— Oh, te voilà réveillée ? demanda-t-il le plus naturellement du monde.

— Comment oses-tu rentrer maintenant ! Je suis partie à ta recherche pendant près d’une heure ce matin ! gronda la jeune fille.

— Désolé… Mais j’ai trouvé quelque chose qui nous aidera à passer le barrage, ajouta-t-il le sourire aux lèvres.

— Quoi donc ? questionna-t-elle en remarquant soudainement que les habits de son compagnon de route avaient changé, passant à un long kimono de noble.

— Tiens, c’est pour toi, dit-il en tendant à sa protégée une robe qui semblait tout aussi noble et chère.

— D’où… D’où tiens-tu tout ceci ?

— J’ai écouté ton idée d’hier et je suis allé voler des gens. Après tout, nul besoin de leur ressembler comme deux gouttes d’eau, il suffit d’avoir une corpulence et une taille à peu près identique. Tiens, voilà ton laisser-passer.

— Merci… Mais ! Je m’appelle Sekken* ?! Ce prénom est nul ! Comment t’appelles-tu toi ?

— Hamu…**

— Fais-moi voir… demanda la jeune fille en ricanant. Ça te va bien ! dit-elle en rigolant.

— Ferme là. Aller, on range tout ça et on part. Il nous reste de la route.

Ils finirent de préparer leurs affaires et partirent en direction du barrage. La file d’attente était assez longue et l’attente leur parût longue, tant ils n’étaient pas à l’aise dans leur nouveau vêtement. Quand ce fut enfin leur tour, ils furent accueillis par un homme, grand et très baraqué, qui les toisa du regard :

— Bonjour, vos papiers s’il vous plaît.

— Oui, bien sûr… répondit Fubuki en lui tendant son papier.

— Merci… Vous aussi, jeune fille.

— Oui, oui…

— Bon… Seigneur Hamu Aiko et madame… Sekken Aiko… Bienvenue dans la province d’Hoshu, de notre daimyo Sakura Mistu.

— Merci.

En s’éloignant, Yuki se tourna vers Fubuki :

— C’était facile…

— Oui. Mais, peut-être même trop. Je ne comprends pas.

— Les vrais… Les vrais gens que tu as volés, ils sont où ?

— Ligoté dans une cabane. Ils ne seront pas trouvés de suite mais quelqu’un tombera sur eux avant qu’ils ne meurent ne t’en fais pas.

— Et personne ne t’as vu faire ?

— Tu me prends pour un débutant ? Personne ne m’a vu, je t’ai dit.

Un homme encapuchonné dans la file d’attente arriva devant le garde. Il le regarda et celui-ci lui fit signe de continuer. En passant devant lui, l’inconnu donna une petite sacoche d’où l’on pouvait entendre les cliquetis de plusieurs pièces qui s’entrechoquaient. Le garde sourit alors à l’homme qui continua sans dire un mot de plus.

*savon

**jambon

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