Chapitre IV : Kira (2/2)

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Sans donner de réponse, Yuki regarda silencieusement le chemin devant eux. Après quelques heures de marche, la ville d’Ototokuri, siège du clan des assassins, commençait à se dessiner devant eux. De grandes plaines l'entourait et le bourg semblait perdue au milieu de nulle part. La cité ne comptait pas de rempart pour la protéger. Néanmoins, d’immenses portes se trouvaient devant la rue principale qui permettait d’entrer. Les marchands ne se trouvaient pas à l’intérieur mais tout autours, seuls quelques tavernes et bains chauds étant acceptés. Yuki et Fubuki marchaient dans la Grand-Rue, au milieu de centaines de personnes. Des gens portaient des sacs, tandis que d’autres construisaient un très grand bâtiment sur leur côté gauche. Certains se promenaient juste ou encore quelques mendiants quémander quelques pièces afin de pouvoir manger le soir. L’homme savait parfaitement où aller, si bien que la jeune femme peinée à le suivre. Arrivé devant une petite ruelle, il tourna et descendit des escaliers. Devant eux, un garde se tenait immobile et toiser du regard ces deux nouveaux-venus :


— Nous sommes venus voir Hayao. Il est ici ? demanda Fubuki.

— Mot de passe ? répliqua l’inconnu.

— Comment ça, « mot de passe » ? Il n’y en a jamais eu…

— Désormais si. Et s vous ne le connaissez pas, alors vous allez devoir partir et tout de suite.

— Non, non, non… Il doit y avoir une erreur…

— Pas d’erreur, coupa le garde. Pas de mot de passe, vous ne passez pas. C’est la règle.

— C’est bon Taichi, dit une voix derrière eux.

— Shi ? demanda le grand homme en se retournant.

— Oui… Bonjour Fubuki.

— Mon vieil ami, ça me fait plaisir de te voir ! ajouta une deuxième voix.

— Iki ! Dis donc, tu as bien grandi ! Te voilà un homme désormais !

— La dernière fois que l’on s’est vus, j’avais trente ans. J’en ai trente-cinq aujourd’hui. J’ai toujours été un homme.

— Oh, cesse de raconter des sottises ! Tu resteras pour moi toujours ce sale gosse qui m’a volé ma bourse…

— C’était il y a si longtemps. Tu ne vieillis donc jamais ?! s’exclama-t-il en rigolant.

— Je crois bien que non. Et toi, Shi… Tu es une vraie femme maintenant !

— Ne commence pas ! J’ai le même âge que mon idiot de frère et même si l’on ne s’est pas vus depuis plus longtemps, sache que je suis devenue une vraie guerrière désormais. Tu ne me battras plus comme autrefois.

— Une guerrière… Tu m’en diras tant.

— Tu veux goûter à ma lame ? demanda-t-elle en dégainant.

— Sans façon ! Les guerriers de l’ombre sont tous des traîtres dans leurs façons de combattre.

— L’important, c’est la victoire, pas la manière dont tu y parviens, assura-t-elle.

— C’est bien pour ça que je ne te veux pas comme ennemie !

— Venez, entrez, invita Iki. Il faut que tu nous présentes ton amie. Enfin… Si c’est ton amie, ajouta l’homme avec un clin d’œil plus que douteux.

— Fermes-là, gronda Fubuki.


Faisant signe de le suivre, les deux compagnons suivirent le frère et la sœur à l’intérieur. De dos, il était difficile de les reconnaître : tous deux avaient un long habit noir et une cagoule protégeait la plus grande partie de leur visage, ne révélant que leurs yeux marron. Ont-ils au moins des cheveux ? se demanda Yuki. L’endroit où ils se trouvaient était immense. Le couloir s’enfonçait profondément et avait l’air sans fin. Sur leur droite, il y avait des portes tous les dix mètres, avec des noms indiquait dessus. Sur leur gauche, de temps à autre se trouvait une ouverture avec une immense salle où s’entraînait des gens, tous habillés de la même manière. Fubuki les suivait sans poser de questions et avait même l’air joyeux de retrouver des amis de longue date. Après bien cinq minutes de marche, ils arrivèrent devant une porte close. Iki frappa deux fois et attendit qu’on le somme d’entrer. À l’intérieur, un vieil homme était assis en tailleur, dans une grande pièce. Contrairement aux autres, il portait du blanc et son visage était découvert, laissant voir un homme marqué par les années, et ayant vu bien des choses. Sur les murs, l’on pouvait apercevoir des armes en tout genre : katana, wakizashi, kaiken, tanto, yumi, shuriken, iaito, kunaï, chausse-trappes, griffes de main et shoge**. L’homme releva la tête et, voyant Yuki, fixa d’un regard désapprobateur le frère et la sœur. Shi baissa la tête à ce moment-là et Fubuki prit la parole :


— Hayao, mon ami. Comment te portes-tu depuis toutes ces années ?

— Bien. Que me veux-tu ?

— Vas-y, dit-il en regardant l’adolescente. À toi.

— Bon… Bonjour, bredouilla la jeune fille. Je viens pour… J’aimerai avoir des renseignements.

— Quel genre de renseignement ? Si tu veux prendre une vie, parles. Je n’ai pas le temps pour parler en énigme.

— Non, non ! s’écria-t-elle. Je ne veux pas que vous tuiez quelqu’un. Mon frère s’est fait assassiner voilà maintenant cinq années. Je cherche celui qui a fait ça.

— Qui était ton frère ?

— Qui… Il était ? Eh bien… Assez grand, je dirai…

— Je ne te demande pas de me le décrire. Qui pourrait avoir une raison de le tuer ?

— Personne ! s’écria la jeune fille. Il était si gentil… Personne ne pouvait lui en vouloir !

— Et pourtant, il s’est fait tuer. Comment expliques-tu cela ?

— Je… Je ne sais pas, conclut-elle les larmes aux yeux.

— Je peux t’assurer que ce meurtre ne vient pas de chez nous. Cela t’enlève un bon nombre d’assassins comme tueurs potentiel. Néanmoins… Il y a bien quelqu’un qui pourrait être celui que tu cherches.

— Qui donc ?! s’écria Yuki.

— Avant, il me faut un paiement. Dix-mille pièces d’or.

— Hein ?! Je ne possède pas une telle somme !

— J’ai bien une deuxième option mais… Elle ne va pas te plaire.

— Quelle est-elle ?

— Tue quelqu’un pour moi et je te dirai qui c’est.


La jeune fille se tourna timidement vers Fubuki qui se mit à sourire :


— Arrête donc de la torturer ! rigola-t-il. Tu sais très bien qu’elle ne tuera personne. Dis-moi à qui je dois prendre la vie et pendant ce temps, donne-lui ces informations.

— Ahah, je savais que je pouvais compter sur toi, ria le vieillard à son tour. Ce sera une mission très simple, tu devras tuer l’homme qui dispose des informations dont tu as besoin. Il s’appelle Hiro Hukumaru. Il y a cinq ans, il s’est enfui du clan, sans jamais y revenir. Il nous a trahit. Va le voir, pose-lui tes questions et tue-le.

— Comment pouvez-vous savoir qu’il saura me répondre ? demanda Yuki.

— Tout simplement parce qu’il était mon meilleur informateur. Il dispose d’un réseau plus grand que la plupart de tous ces seigneurs qui se font la guerre. Je suis sûr qu’il connait ta réponse. Si ce n’est pas le cas, reviens ici et nous te devrons une compensation que je m’engage à effectuer moi-même. Cela te convient-il ?

— Oui… Merci.

— Alors nous avons un accord ! s’exclama le vieil homme chaleureusement. Fubuki, restes donc un peu, j’aimerai parler du bon vieux temps avec toi !

— Bien sûr. Yuki, il nous fallait des armes d’entraînement, n’est-ce pas ? Reviens en arrière et va à la salle du début, qui était sur notre gauche. Il y a un marchand là-bas. Dis-lui de te donner deux armes d’entraînement et de mettre le tout sur mon compte.

— Non, non ! s’opposa Hayao. Je vous les offre ! Tu cherches à apprendre à manier une lame, jeune fille ? questionna-t-il.

— Oui. Je ne veux plus jamais à avoir à fuir.

— Très bien… Voilà qui est sage. Une personne souhaitant se défendre ne devrait pas s’entraîner avec de vulgaires armes de bas étages. Shi, Iki. Accompagnez notre invitée et aller voir Ochiro. Il saura quoi lui donner.

— Oui maître, dirent en cœur les deux disciples.

— Je vous remercie du fond du cœur pour votre gentillesse, déclara la jeune femme.


Alors que la porte se refermait, Fubuki regarda Hayao un instant. Le vieil homme lui fit un sourire avant de prendre la parole :


— Tu sais qui elle est ?

— Comment ça ?

— Comment l’as-tu rencontré ?

— Elle était agonisante dans une forêt non loin de chez moi. Elle m’a expliqué vouloir venger son frère. Je lui ai demandé une coquette somme d’argent en échange de mes services…

— Imbécile.

— Quoi ? Qui est-elle ?

— Son frère, elle t’a donné son nom ?

— Euh… Aki…

— Akira.

L’homme s’arrêta et regarda le vieillard qui semblait mal à l’aise :

— Ne me dit pas que…

** Wakizashi : sabre plus petit qu’un katana dont la taille varie entre 30 et 60 cm.

Yumi : arc japonnais.

Iaito : arme d’entraînement qui imite le katana.

Kanaï : arme ressemblant à un couteau présentant plusieurs utilisations.

Chausse-trappes : piège métallique constitué de pointes.

Shoge : Grande chaîne avec une sorte de faucille/couteau à l’extrémité.

Je vous conseille de faire une recherche rapide sur google pour voir à quoi ressemble l’arme si sa description n’est pas assez précise^^

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