J’aime les fraises et les cerises dont les clémentines

J’aime quand tu m’épluches avec douceur pour mener la danse à ta mesure

Je n’aime pas le bricolage les histoires de vis, de batterie de circuit de schémas

J’aime le papier, à écrire à coller à toucher à froisser à emballer à regarder à sentir

J’aime ton obstination nonchalante et silencieuse et ma lutte. Vaine

Je n’aime pas les mots comme croûte, blatte, bubon, lorsque, pantoufle, gland, poplité

J’aime frôler les feuilles des arbres de la pulpe du doigt

J’aime tes camaïeux d’orange, tes zestes de vert et tes effets arc en ciel

J’aime la laine le coton et un peu la soie

J’aime tes mains sur mes hanches

Je n’aime pas les fuites d’eau, de tout

J’aime les mots câlin, lilas, bulle, sexe, bonbon, baiser, zinzin, bitoniau

J’aime ce serrement de gorge en écoutant de la musique

J’aime quand tu me demandes la différence entre une noisette et une châtaigne surtout quand la réponse n’a aucune importance

Je n’aime pas le poisson à cause des arêtes

J’aime bien dire : arrête

J’aime les fous rires les mots d’esprit et l’esprit de jeu

J’aime quand tu ne lâches pas, jusqu’à ce que je renonce

Je n’aime pas la connerie quand elle ne ressemble pas à la mienne

Je n’aime pas les gros bras de la pensée mais j’aime les couillus de la même

J’aime tes alibis pour m’en faire voir de toutes les couleurs

J’aime l’odeur du bois en copeaux et celle de la cuisine

J’aime que tu m’intimes, un ordre, le silence, n’importe quoi. Que tu m’intimes aussi tout court

Je n’aime pas dormir seule mais j’aime bien dormir seule

J’aime quand la corde du violon me résonne et me raisonne

J’aime être assise devant une fenêtre, à côté d’une lampe et voir la pluie tomber en rêvant que ça mouille tout sauf moi

J’aime tes frustrations insensées, tes lenteurs exaspérantes

J’aime ton regard furtif et insistant

J’aime l’odeur du foin, de l’herbe mouillée et de tes poils.

J’aime tes raisons surtout quand elles ne sont pas raisonnables

Je n’aime pas les malentendus mais j’aime bien écouter

J’aime tes menaces surtout quand ce sont des promesses.

J’aime le sourire d’un inconnu dans la rue

Je n’aime pas avoir froid

J’aime mon lit et avoir une maison si elle n’est pas en carton

J’aime ne pas avoir le choix quand nos jeux sont dans la cour

J’aime pleurer quand je regarde un film

Je n’aime pas ne pas aimer

J’aime être gênée à m’en sentir toute nue si ça me fait du bien

J’aime quand tu m’annonces et m’énonces tes délices.

J’aime marcher loin

Je n’aime pas les parapluies

J’aime ta poigne dans mes cheveux

J’aime le gâteau au chocolat le gingembre et la glace à la vanille

J’aime quand tu glisses un doigt le long de mon dos et que ça me frissonne

Je n’aime pas le gras du lard

J’aime le bazar des sens.

J’aime quand tu mélanges citron et miel.

Je n’aime pas l’intrusion

J’aime quand tu me voles une caresse sur une marche d’escalier

Je n’aime pas les coqs sans crête

J’aime les mots, les chercher, les fouiller, les tordre et les sucer

J’aime la lettre B à cause de Brel, Barbara et Brassens

Je n’aime pas les pédants

Je n’aime pas voir deux hommes se battre

J’aime tes mots à mon oreille

Je n’aime pas être humiliée

J’aime Bach mais pas Bartok

J’aime la musique et chanter à tue-tête en voiture

Je n’aime pas être enfermée

J’aime Ferré et être ferrée

Je n’aime pas être mélancolique

J’aime être au fond de mon lit avec un tas de papiers et de bouquins

J’aime mes guerres surtout quand je fais la paix

J’aime quand tu as vraiment raison

Je n’aime pas sortir de la machine des chaussettes dépareillées

J’aime quand…après… je ne sais plus où j’habite.