Chapitre 1

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La foule scandait mon nom. Du haut du tremplin, une masse de gens indissociables souhaitait pour sa plus grande partie me voir réussir.Mais six camions, c'était à la fois du jamais vu et du jamais tenté en ce qui me concernait. La moto, bien qu'un peu âgée maintenant, était réglée au millimètre prêt. Deux jours de vérifications minutieuses. C'est que ce n'était vraiment pas le moment qu'une pièce capricieuse vienne gâcher l'événement et en bonus amoindrir mes chances de m'en sortir proprement, physiquement parlant.

Quelque part quand on gagne sa vie en sautant au dessus d'obstacles à environ vingt mètres du sol, ce n'est jamais le bon moment. Aujourd'hui encore moins car toute ma famille, profitant des grandes vacances estivales, était présente au cœur de la foule.

Mon père, fidèle des fidèles. Ma mère qui j'en était sûr n'avait jamais vu le moindre de mes sauts, ses mains finissant toujours par recouvrir ses yeux à un moment ou à un autre. Ma femme, non je plaisante, je n'avait pas trouvé celle qui serait assez folle pour épouser un trompe la mort, qui plus est sans le sous. Car si au moins mes «exploits» avaient su me constituer un petit patrimoine à faire ricocher en cas de mauvaise chute, il se serait pu que certaines copines quelques peu matérialistes auraient plus volontiers eu envie de sauter le pas de l'engagement nuptial. Présents, mes cousins du sud à la fois idiots et racistes mais qui étaient bien là grâce à une de leurs autres qualités: l'alcoolisme. En effet ceux-ci avaient vite compris l’intérêt de ces rassemblements motorisés qui offraient beaucoup de bière à faible prix. Egalement présent, mon oncle accompagné de sa nouvelle petite amie d'au moins vingt ans de moins que lui, facile à repérer dans la masse, telle un repère visuel infaillible au milieu de la tribune avec sa mini robe moulante rose fluo. Mon grand père aussi était présent même si il n'avait jamais pu voir le moindre reflet d'un métier respectable dans ce que je faisait. Je m'étais toujours demandé si de ceux aux sombres pensées assistant à mes spectacles et souhaitant comme apothéose que je m'explose sur le sol telle une poupée de chiffon, il n'était pas celui qui le souhaitait le plus fort. J'imaginais même qu'il aurait été capable de croiser ses doigts dans son dos en sollicitant son Bon Dieu de lui donner raison et de lui offrir la possibilité de lâcher à la volée son célèbre:

-Je l'avais bien dit! Je l'avais bien dit que ça allait arriver! Son fidèle sourire jubilatoire aux coins des lèvres.

Le régisseur coupa net mes pensées :
-Deux minutes !

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