L'as de pique

Une minute de lecture

 J’embrasse son épaule, et, baiser par baiser, mes lèvres remontent le long de son cou jusqu’à atteindre l’as de pique tatoué sous son oreille. Mon as de pique. Pas une promesse, pas un engagement ; une simple marque, une trace de mon passage. Un souvenir de cette époque, et peut-être qu’un jour, si nous venions à partir, il le verrait dans le miroir et repenserait à moi. Pour le moment, je le vois lorsqu’il me prend dans ses bras, et je me dis que tout ira bien. Hokusai et Ace, le peintre et le phoque, l’un vivant en hiver et l’autre en été. Son souffle se mêle au mien, nos respirations accélèrent et le grain de ma peau vient frotter le sien. Le poids de son corps sur le mien me donne l’impression que ses tatouages viennent s’imprimer sur mon torse, sur mes jambes et mes bras. Je deviens sa toile sur laquelle il peint de tout son être, ses mouvements emplis de fougue dessinent de nouveaux motifs, il est l’artiste et je suis le tableau ; nous créons quelque chose de nouveau, de différent, quelque chose issu de nous deux, quelque chose d’indélébile… Une œuvre d’art.

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