Soirée mondaine dans le placard

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J'ai les seins complètement écrasés dans ma robe. Je maudis ce corset... J'arrive à à peine à respirer et encore moins à me concentrer sur les paroles de, mon compagnon, M. Baldwin. Foutu banquet de merde! L'haleine de mon futur prétendant me donne la nausée chaque fois qu'il ose vautrer sa figure de sale rat dans le creux de mon cou. Je donnerais tout pour pouvoir me noyer dans le bol de citronnade de cette duchesse Mme. Kettler. Une vraie gribiche!

- Je ne crains de devoir m'éclipser quelques instants afin de rafraîchir ma toilette.

-Allez-y ma chère et prenez tout le temps qu'il vous faudra! Faites-vous belle pour moi !

-Même une truie n'oserait pas se vêtir de ses plus beaux atouts pour votre tronche de hareng...

-Pardon milady, vous avez dit ?

-Rien du tout ! Rien du tout !

Je prends la poudre d'escampette à la dérobée de ma mère en pleine conversation avec Lord Myron. Il paraît que les conditions de ces pauvres gens en ville font bien jaser les riches ces temps-ci. Ma mère, elle joue bien son jeu. Elle sait quand faire la belle pour s'attirer les faveurs de ces messieurs. Elle n'a qu'à déployer son charme comme les ailes d'une oie, déplorer que nous devons absolument faire quelques choses pour ces pauvres âmes qui peinent à se nourrir tout en offrant une vue scandaleuse sur ses nichons, puis le tour est joué. L'homme se plaît à l'idée qu'elle ne soit pas assez sotte pour ignorer ce qui se passe en ville et il finit par succomber à son sourire de manipulatrice royale. Elle peut bien jouer à la chatte en manque d'attention tant qu'elle ne soupçonne pas mon départ. Au moment où je me libère de cet enfer, une grande main douce et large se pose sur mon épaule. Pendant un instant, la chaleur de celle-ci me parcourt le corps de haut en bas. Je me retourne vivement obligeant le tule de ma robe à se froisser pour effectuer une rotation maladroite.

- Bon sang ! Charly, tu m'as fais une de ces peurs.

- Que vois-je ? Une jeune dame prête à fuir une soirée mondaine où les crapauds coassent et les corneilles babinent sans cesse.Dommage... Qui suis-je pour vous en empêcher ? dit-il avec un sourire taquin.

- Je pense bien ne pas être la seule à partager cette envie de fugue. N'est-ce pas ?

Soudainement, il prend un de ces airs sérieux. Il fait toujours la même moue lorsqu'il s'apprête à dire quelque chose qu'il ne devrait pas. La veine dans sa nuque gonfle et il ne peut s'empêcher de la tripoter comme-ci elle allait éclater sous l'effet de la gravité de ces propos.

-Adèle, suis-moi.

Je me soumets à sa demande. Il me tend sa main et m'offre un regard incertain, un regarde que je n'avais jamais eu la chance d'observer auparavant. Charly ne m'a jamais semblé aussi peu en confiance qu'à cet instant. Beau, éduqué et cultivé, il n'a jamais eu à douter de son titre de noblesse et contrairement aux autres jeunes hommes de son âge il a toujours fait bonne figure dans tous les banquets, les déjeuners, et les bals auxquels il a assisté. Il tient sa prestance de son père, un homme très haut placé dans la cavalrie du palais. Depuis la mort de sa figure paternelle, Charly n'a jamais paru moins sûr de lui à l'exception d'aujourd'hui. Il fonce tout droit vers la porte d'un placard, l'ouvre, puis me pousse dedans doucement avec lui. Il barre la porte et se retourne vers moi la mine totalement déconfite.

-Charly ? C'est quoi tout ça ? Qu'est-ce qui ne va pas ? Ça me plaît de te voir jouer au cancre comme ça en plein milieu de cette soirée, mais pas besoin de se cloîtrer dans cet endroit pour me montrer que pour une fois tu peux jouer les mauvais garçons, dis-je en riant de façon étrangement saccadée.

Il ne rit pas et même que sa figure s'assombrit à chaque pas qu'il fait vers moi. Il me regarde droit dans les yeux comme un homme dépourvut de tous ses moyens. Il est si proche de moi que son souffle me parvient à la figure. Je discerne quelques notes de whisky. Voilà qui n'est pas dans ses habitudes...Mon corps se plaque contre le mur sous l'impact du sien. Ces lèvres descendent jusqu'à mon cou et se rendent aisément jusqu'à la naissance de ma poitrine. Je ne peux pas l'arrêter et je ne veux pas non plus. C'est si bon de le sentir contre moi et de le voir agir ainsi que je n'arrive pas vraiment à saisir ce qui se passe. Ses mains se font autant envahissantes que les miennes sur la surface de son corps.

- Merde, Adèle, tu ne devrais pas être là avec moi. Pardonne-moi, je te raccompagne sur le champ auprès de M. Baldwin et de ta mère.

-Charly, tu m'as amené ici pour une raison. Tu m'as amené ici pour...

-Non ! Justement, je ne t'aie pas amenée ici pour ce que tu penses. J'admets que c'était déplacé, mais ce n'était pas ma première intention. Il y a plus que ça.

-Je.. Je n'aie pas trouvé cela déplacé... J'aurais voulu ne pas m'arrêter.

-Adèle, je vais être franc avec toi. Depuis que je sais que ton avenir sera lié à celui du duc Baldwin, je n'arrive plus à fermer l'oeil ni même à exceller dans mes leçons de tir à l'arc. Je te vois partout Adèle. Je rêve de toi, j'ai envi de toi... Tout cela me tue de l'intérieur.

Je me blottis contre son torse nue. Je l'embrasse langoureusement et sans qu'il ne résiste nous nous effondrons sur le plancher de bois. Cette soirée n'a pas pris le tournent que je pensais, mais plutôt celui que j'espèrais.

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