Tout démarra ainsi, a la rencontre d'une oreille et d'un bruit, entendu pour la première au loin, airant dans un fond sonore.

Un son inhabituel, doux mais difficilement descriptible aux premiers abords, venu déchirer comme un éclair le silence le plus blanc flottant dans la chambre.

A l'écoute de ce son aiguë semblant venir vouloir mettre fin a ce moment calme et aérien, Adam, a la frontière entre le monde des rêves et de la réalité, se vit bouleversé et complètement perdu au beau milieu de sa chambre. Perturbé par cette mélodie inhabituelle, Il revint mal gré lui progressivement a ses esprits et quand ce fut définitivement fait, entendant assurément que le son persistant était maintenant tout proche, il se hâta de se secouer la tête, comme pour s'assurer d'être bel et bien réveillé.

Le doute n'était pas permis: Cela venait de l'extérieur.

Une mélodie d'une pureté singulière, déversant un regain de vie et de gaieté dans l'immense domaine familial à l'accoutumée si morne et silencieux :

De la ou il se tenait, il pouvait entendre ce qui semblait être les cris d'un enfant, ou plutôt ses rires, vraisemblablement ceux d'une jeune fille.

Adam fut surpris l'espace d'un moment, s'interrogeant sur la présence de cette voix:

*C'est étrange, jamais aucun enfant n'est venu ici, pour les simples et bonnes raisons que le village est bien trop lointain, entre autres, et les bois interdis aux jeunes aventuriers, et puis, personne ne rend jamais visite à ma famille de toute façon. Suis je en train de rêver?*.

Il décida d'en avoir le cœur net.

Poussé par la curiosité, il se leva pour aller regarder par la fenêtre. Il ne vit rien devant lui, pas plus qu'entre les hauts arbres délimitant les bordures de la forêt, ni silhouette, ni ombre, et pourtant, les rires persistaient, toujours, si loin et si près à la fois qu'il eut l'impression de devenir fou.

Quelques craquements suspects ci et là entres les branches accompagnaient la voix, mais le temps qu'Adam prenait à tourner la tête vers les vives sonorités n'était que trop long pour lui permettre de voir autre chose que les feuillages encore en mouvement de s'être faits bousculés une seconde auparavant.

Il décida de descendre et de s'approcher de la forêt.

Une fois cela fait, il put en avoir la certitude : les rires provenaient de la forêt, et malgré l'interdiction apposée par ses parents quand au fait de pénétrer dans cette dernière, il décida de s'y aventurer sans se poser une seule question quand il vit au loin une forme rouge et mouvante s'enfuir entre les tronc, emportant avec elle les rires et autres chuchotements:

"par ici" se fit entendre la voix.

"Attends" s'écria Adam "qui es tu!", regardant la forme s'éloigner dans le bois profond avant de disparaître.

Adam la prit de suite en chasse.

Orienté par son ouïe dans un premier temps, avec l'aide des rires incessants de la petite fille, il remit tant bien que mal l'œil sur la silhouette, et, slalomant habilement entre les souches, feuillages, troncs et autres branches, s'engouffrant dans les bois de plus en plus sombres et abondants, il réussit à regagner du terrain sur la fillette, il pouvait maintenant voir ses longs cheveux bruns flotter dans l'air, puis se rependre sur le dos de sa robe rouge à chaque nouvelles foulées. Quelques minutes de courses poursuites défilèrent, si bien qu'ils ne furent plus très loin l'un de l'autre, mais Adam commença à manquer de souffle dans cette longue escapade a travers bois et cette dernière se fit sentir de plus en plus douloureuse:

"Attends moi!" cria Adam "je t'en supplie!", sur le point de jeter l'éponge.

Bien évidemment, la fuyarde, qui semblait s'amuser de la situation, n'en teint pas cas et continua de courir tout en riant aux éclats.

Adam finalement abandonna, exténué. Il posa un genou au sol et regarda l'objet de sa curiosité lui filer entre les doigts, s'aprettant à disparaître pour de bon.

La petite fille, s'étant rendue compte qu'elle n'était plus pourchassée, s'arrêta a son tour et repris un peu de souffle. Elle se retourna ensuite, comme pour dévoiler sa beauté singulière et incroyablement lumineuse, et, optant cette fois ci pour un sourire plutôt qu'un rire, elle s'adressa à Adam et dit:

"j'espère que tu viendra me chercher un jour"

avant de s'effacer pour de bon et laisser l'obscurité la plus profonde s'emparer des lieux, abandonnant le petit garçon perplexe, livré a lui même.

Il songea quelques instants. A la fille qui n'était déjà plus qu'un souvenir, si bien qu'il ne se rendit pas de suite compte que la forêt commençait a se recouvrir de la noirceur la plus totale. Quand il jeta un œil tout autour de lui, il redevint complètement lucide, et se décréta perdu.