Chapitre 2

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Le numéro se déroula comme prévu. Sur ses gardes, Ronay surveillait de temps en temps les malades devant lui.

Persi fit tourner sa cape dans un geste théâtral :

« Et maintenant, mesdames et messieurs, le moment que vous attendez tous !

Il brandit un tissu noir, opaque et brillant devant Ronay. Il attendit quelques secondes, souriant au public de toutes ses dents. Et lâcha.

— Ma-gni-fique ! s’exclama le maire, en frappant dans ses mains potelées.

Ronay avait son boa entortillé sur le bras. Persi, en bon maître de scène, laissa le temps au public de s’extasier devant l’animal. Les motifs marron de l’animal brillaient au soleil.

— Et vous n’avez rien vu ! Car voyez-vous mesdames et messieurs ce serpent n’est pas comme les autres…

Il se déplaçait d’un pas vif sur la scène, captivant les regards. Toute la place de l’église était suspendue au roulement de tambour. C’était le signal. Persi attrapa de nouveau son tissu et le dressa devant Ronay, laissant cette fois le corps de l’animal visible au public. Les bruits de tambour s’intensifiaient. Persi lâcha son tissu. Cette fois, les spectateurs lâchèrent des cris de stupeur.

— Impossible ! dit le maire.

Les uns avaient les yeux écarquillés, les autres montraient du doigt.

— Quel monstre ! grogna un spectateur.

Le corps du serpent n’avait pas bougé. Seule sa tête était différente. Plus petite, comme atrophiée et surtout blanche avec des tâches jaunes, sur un corps marron.

Un spectateur commença à suffoquer en se tenant la poitrine. L’infirmier alla lui porter secours, laissant ses malades livrés à eux-mêmes. Il revint cinq minutes plus tard :

— Où est Nelson ?

Au milieu des malades du premier rang, un fauteuil était vide, la sangle défaite.

Le haut-parleur retentit dans un bruit assourdissant. Persi s’était bouché les oreilles et Ronay, dans la surprise, avait lâché le serpent. Les vieux et les fous hurlaient, l’infirmier ne savait plus où donner de la tête. Le maire était devenu écarlate. Le serpent glissait dans l’assistance causant à son passage plus de pagaille encore. Persi attrapa Nelson qui s’était caché derrière le décor. Il avait mis le volume de la radio à fond et surpris par son propre méfait, s’était prostré au pied de l’appareil en se bouchant les oreilles. Persi éteignit la radio et remit Nelson à l’infirmier. Ronay reprit ses esprits et, prit de panique, se lança à la recherche de son serpent. Il revint sur scène, haletant et s’empressa de l’enfermer dans sa boite. Il enleva son turban et s’en servit pour éponger la sueur qui dégoulinait de son front.

— C’est fichu, tout le monde l’a vu !

— Il s’est fondu dans la cohue, personne n’a remarqué, chuchota Persi.

Le maire vint les voir, le visage crispé. Il les pointa avec son index :

— Je vais aider à ramener ces pauvres gens chez eux et on reparle de ce fiasco ! »

La place de l’église se vidait. L’infirmier récupérait ses derniers patients, il n’en restait plus que deux au premier rang :

« Nelson ! J’ai changé d’avis ! Je veux le serpent à deux têtes dans la boîte du magicien. »

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