Chapitre VIII

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Je fais couler l'eau le plus doucement possible, et sort précautionneusement. Je jette un dernier coup d'oeil dans la chambre. Madeline dort toujours, paisiblement. Je vois maintenant son visage, qui reflète la paix intérieure... A quoi rêve-t'elle ? L'étudiante seule le sait, qui a entre-temps ramassé la couette sur sa poitrine, m'interdisant cette dernière à ma vue. Je me dis alors :

_ Brave fille... C'est ta voisine, ton amie... Et t'es venu sans frapper... Quand même, t'as pas honte ?...

Non, j'éprouve de la gêne certes, mais aucune honte. Je l'ai laissée s'épanouir discrètement et je vais maintenant quitter la pièce, sans laisser la moindre trace de mon passage, poussant la précaution jusqu'à faire disparaître mon éjaculat... Alors pas de gêne finalement, et pas de honte... Mission accomplie ! Je n'ai plus qu'à partir comme je suis venu : sur la pointe des pieds.

Mais comme je prends la sortie, je ne fais pas attention à ce vase placé sur un guéridon, dans un coin du vestibule. J'accroche le meuble et je fais tomber ledit vase. Par bonheur je ne le casse pas, mais il heurte bruyamment le plancher. Si bruyamment que j'entends l'étudiante pousser un soupir d'effroi, avant qu'elle ne se lève précipitamment...

_ Félicitations, bonhomme, songeais-je alors, tu as l'art de passer inaperçu...

L'instant d'après, c'est une Madeline en robe de chambre qui me fait face, aussi surprise que moi.

_ Toi ??? s'exclama-t'elle.

_ Je suis désolé. La porte de l'appartement était ouverte, je ne comprenais pas...

Je ne savais plus quoi dire, ni même où me mettre. Heureusement sa réponse me sauva :

_ Mon Dieu ! La porte ! Je l'ai laissée ouverte !

Sans le savoir, je venais de détourner son attention. Cela me donne alors une idée : profiter de la brèche ouverte pour lancer un mensonge... Ce n'est pas bien, je le sais, mais c'est ma seule chance de me mettre hors de cause :

_ Je reviens juste des courses ; en passant devant chez toi, j'ai vu ta porte entrouverte. J'ai trouvé ça bizarre, je suis rentré... Et j'ai fait tomber ce vase... Je suis désolé...

_ Ce n'est rien... De toute façon, j'allais m'en séparer..; C'est une horreur...

_ Tu veux dire ," une erreur " de l'avoir acheté ?

_ Non, me répondit-elle rieuse, " une horreur " de l'avoir gardé.

Et c'est sur cette note d'humour que prend fin l'incident. Madeline me propose alors un moment de convivialité :

_ Je vais faire du thé. T'en veux ?

_ Volontiers.

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