Chapitre 57 : un allié improbable.

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  Je retirai précautionneusement le deuxième pétale. Arianna apparut instantanément au milieu d’un tourbillon de paillettes. Ses magnifiques ailes blanches et dorées battaient lentement, chassant doucement l’air sur son passage. Elle portait de nouveau sa longue robe blanche, dont les manches pendaient gracieusement de chaque côté. Une couronne dorée maintenait ses cheveux bruns en arrière. Je fus de nouveau surprise par sa taille, environ vingt-cinq centimètre, ce qui s’avérait selon moi plutôt grand pour une fée.

– Arianna ! Merci infiniment d’être venue ! m’exclamai-je, complètement paniquée.

 Je lui racontai brièvement nos mésaventures, insistant sur le fait que la porte était scellée par un bouclier qui semblait absorber mes pouvoirs.

– Malheureusement, ma magie n’est pas assez puissante contre celle de l’Ombre…, me confia la fée. Je ne peux pas vous faire volatiliser vers un autre endroit. Toute la demeure est protégée contre les tentatives d’évasion. J’ai eu beaucoup de mal à parvenir jusqu’à vous. Mais il est plus facile d’entrer que de sortir de cet endroit !

 Orialis baissa la tête d’un air abattu.

– En revanche, continua la fée, je peux aisément détruire ce bouclier-la, (elle désigna la porte). Il faut une autre sorte de magie que celle pour attaquer. Vu ce que tu me dis Kiarah, ce champ magnétique absorbe l’énergie pour la réutiliser à son profit. Donc, il faut tout simplement aspirer le bouclier lui-même… Mais seule une puissante fée peut faire une telle chose. Ensuite, lorsque cette protection ne sera plus, vous devrez fuir.

– Mais il y a des gardes partout et l’Ombre viendra sûrement nous récupérer ! On ne connaît aucune sortie ! Ce royaume est immense, un vrai labyrinthe, et il se trouve sous terre, protestai-je, complètement découragée. Et on a besoin de magie pour retourner à la surface, Arianna.

– Et les Métharcasaps, comment croyez-vous qu’ils font pour sortir ? Ils n’ont pas le pouvoir de se volatiliser… Pourtant ils partent combattre, puis reviennent ici faire leur rapport, informa Arianna, cherchant à nous faire comprendre la solution.

– Mais oui ! Suis-je bête ? échappai-je. Il faut tout simplement désactiver le champ magnétique ! Comme dans Star Wars !

– De quoi parles-tu ? fit Orialis.

– Rien, laisse…

– Dans votre cas, on ne peut pas sortir sans tout désactiver. Car les sujets de l’Ombre, eux, peuvent sortir sans problème, mais pas les prisonniers. L’Ombre utilise une énergie intelligente, capable de reconnaître ses allier de ses ennemis, expliqua Arianna. Par contre, j’ignore où se trouvent ces systèmes…

– Mais moi je sais ! m’exclamai-je, triomphante, et presque ravie de me retrouver dans l’ambiance de mon film préféré. L’Ombre m’a montré ses systèmes de défense, mais je serais bien incapable de retrouver le chemin à travers ce dédale de couloirs ! Et je ne sais pas du tout comment les désactiver.

– Il faudra pourtant essayer. Vous chercherez cet endroit, tandis que moi, je m’occuperai de l’Ombre et des gardes les plus féroces. Reculez-vous à présent, je vous prie, je vais détruire tout cela…

 Aussitôt dit, aussitôt fait. Orialis et moi-même reculions pour nous poster derrière le lit. Arianna mit ses deux petites mains de fées devant elle, ses doigts devinrent alors encore plus lumineux. Le bouclier bleuté apparut comme lorsque je tentais de le détruire. Un vent puissant sortit des mains d’Arianna et aspira la substance vers elle. Le bouclier commença à vibrer, produisant un bruit sourd qui donnait mal aux oreilles. Les gardes devaient entendre et se douter de quelque chose… ils allaient sans doute chercher du renfort !

 Le bouclier tremblait de plus belle, et la matière bleutée entrait à présent dans les mains rayonnantes de la fée. Celle-ci continuait à l’absorber, et, au bout de quelques minutes, le bouclier avait totalement disparu.

– Parfait, fit Arianna d’une voix essoufflée. Maintenant, Kiarah, détruis la porte, s’il te plaît.

– Avec grand plaisir, ma reine, obtempérai-je, le sourire aux lèvres.

 Je lançai quelques sphères contre la porte qui se brisa en mille morceaux. Je commençai à chercher du regard d’éventuels gardes, mais n’eus pas cette peine : un Métharcasap se présentait déjà à la porte, manifestement surpris de voir une fée juste sous son nez. Arianna s’apprêtait à attaquer lorsque je lui criai :

– Non !

 « C’est moi, » me dit-il par télépathie.

 Mais c’était inutile, je l’avais déjà reconnu.

– Pas celui-ci…, continuai-je. Je lui dois la vie. Il n’est pas comme les autres.

 Son visage reflétait en effet la douceur, et ses yeux me paraissaient plus clairs que ceux de ses congénères, à l’instar de sa taille, elle aussi moins imposante.

– Mais enfin Kiarah, c’est un ennemi ! Qu’est-ce qui te prends ? me rabroua Orialis.

– Non, il essaie de nous aider. Il n’est pas d’accord avec la façon dont agit son peuple, expliquai-je. Il joue double jeu ici.

 Je m’approchai de la créature et la regardai droit dans les yeux.

– Laissez-nous partir, je vous en prie !

 Le Métharcasap me répondit par un sourire et prit une nouvelle fois ma main. Il acquiesça en inclinant lentement la tête et me confia par télépathie : « Je vais même faire mieux que cela. Je vais vous conduire au système de défense. Vous ferez semblant d’être mes prisonnières devant les autres gardes. L’Ombre n’est pas ici, mais cela va être périlleux. Et il va falloir cacher votre fée. »

– Merci infiniment ! lui soufflai-je. Je savais que l’on pouvait compter sur vous. J’espère que je pourrais un jour vous libérer d’ici. À moins que vous souhaitez nous accompagner à la surface ?

 La créature sembla stupéfaite et resta interdite.

 « Ne serais-je pas plus utile en ces lieux ? » allégua-t-il.

 Arianna, qui avait perçu le message télépathique, expliquait la situation à Orialis.

– Arianna, comment te cacher ? Je ne vais quand même pas te mettre dans mon sac ! m’inquiétai-je.

– La plupart des fées maîtrisent les sorts d’invisibilité, alors une reine…, répondit Orialis à sa place.

– En effet Kiarah, à partir de maintenant, vous ne me verrez plus mais vous m’entendrez.

 Sur ces mots, Arianna disparut sous mes yeux ébahis.

– Suivons notre guide ! lança sa petite voix venant de nulle part.

 Heureusement pour nous, ce premier couloir fut désert. Nous marchions derrière notre protecteur. J’avais tellement peur de voir apparaître l’Ombre devant nous, son regard impitoyable, nous barrant le chemin.

– Je vais essayer d’entrer en contact avec Avorian, annonça notre Arianna invisible, tandis que nous avancions à grands pas.

 Je ne savais pas que la télépathie pouvait fonctionner à une si grande distance. Après un moment de silence et d’angoisse, elle reprit :

– Avorian et Swèèn sont en vie. Ils vous recherchent mais ignorent où se trouve la demeure de l’Ombre. Je viens de les aider à la localiser. Ils pourront désormais nous sentir, donc nous retrouver.

 Je soupirai de soulagement, une main posée sur mon cœur. Enfin une bonne nouvelle !

– Je ne sais pas s’ils pourront se téléporter facilement, prévins-je.

 Nous arrivions au bout du couloir, mais nous ne pouvions pas nous dépêcher et encore moins courir, au risque de démasquer notre stratégie.

– On va tout faire pour désactiver le champ de protection du royaume, ils pourront ainsi venir rapidement lorsque la voie sera libre, me rassura la fée.

 « Nous arrivons à la salle du trône » nous prévint le Métharcasap dans nos têtes.

 Nous entrâmes discrètement dans la pièce principale, terriblement angoissés à l’idée de nous faire repérer. Mais il n’y avait que trois gardes, à notre grand soulagement. L’Ombre savait-elle que nous nous étions échappées ? Avait-elle envoyé ses sujets à notre recherche dans tout le royaume ? Vue l’immensité de ce dernier, nous avions encore une chance de les semer.

 Notre guide regarda ses semblables, puis se dirigea vers la porte en face du trône. Ces derniers semblaient suspicieux. J’en déduisis qu’ils se parlaient entre eux par télépathie car notre sauveur s’arrêta un instant. Et il se montra manifestement convainquant puisqu’il reprit sa marche tranquillement jusqu’à la porte. Lorsque nous quittâmes la salle du trône, nous poussâmes tous les quatre un soupir de soulagement.

– Comment avez-vous fait ? lui demandai-je admirative, tandis que nous traversions le couloir sans rencontrer de Métharcasaps.

 « Je leur ai dit que l’Ombre voulait vous voir toutes les deux et qu’il ne fallait surtout pas faire attendre le maître. Ils m’ont cru sur le moment puisque l’Ombre m’a assigné à votre surveillance, et que je suis le chef de toute une division. Mais je ne suis pas certain que mon stratagème puisse durer. Ils ont des soupçons. Nous devons nous hâter, » répondit-il dans nos têtes.

– Et dire que c’est l’Ombre qui, malgré elle, va nous aider à nous libérer en me montrant son système de défense ! me moquai-je pour détendre un peu l’atmosphère.

 Nous pressâmes le pas et arrivâmes enfin devant la fameuse porte, je la reconnus tout de suite.

– Un vrai labyrinthe, en effet ! commenta Orialis.

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