Réflexion au coin du feu

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Monsieur Pearson, homme âgé de quatre-vingt-cinq ans cette année-là était seul au monde. Un peu aigri et lassé des cadeaux empoisonnés que la vie lui a donné, il restait seul cloîtré chez lui, ne parlant à personne et attendant que son heure vienne comme tout le monde. Alors, chaque soir après le dîner qu'il faisait en tête à tête avec lui-même il se servait un verre de cognac et allait se poser dans le fauteuil de son salon, contemplant le feu présent dans sa cheminée, dernière chose sur cette terre qui était capable de réchauffer son coeur. Voir ces flammes bouger, tourbillonner et danser entre elles puis se transformer en cendres appaisait le coeur de cet homme. C'était magnifique à voir, telle une magie très ancienne, éblouissante.

Il avait perdu sa femme il y a plusieurs années, celle-ci étant morte d'une violente maladie. Ils n'avaient jamais réussi à avoir d'enfants elle et lui, ce qui fut à jamais son plus grand regret. Ils avaient eu toute la vie devant eux et pourtant il avait l'impression qu'il n'en avait pas assez profité. Il aurait tant aimé avoir une progéniture, des lutins qui auraient son nez, ses yeux, dont il devrait s'occuper sans cesse et les aimer sans compter.

Il aurait tellement aimé partir à l'aventure, dormir à la belle étoile, visiter les canyons et les forêts les plus dangereuses au monde, et par-dessus tout vivre avec sa bien-aimée. Le reste importait peu finalement. Ce qu'il voulait c'était la serrer à nouveau dans ses bras avant de mourir, de lui dire une dernière fois je t'aime et de plonger à nouveau son regard dans le sien. C'était son voeu le plus cher.

Il aurait dû prendre les rennes plus tôt dans sa vie, s'ils avaient eu un enfant il ne serait peut-être pas seul à cet instant. Mais il était impossible de changer ce passé. Ce qui aurait été le mieux pour lui ç'aurait été de mourir avec elle, qu'ils rejoignent le ciel ensemble, main dans la main et qu'aucun d'eux ne soit jamais seul, que la cloche qui sonne la rédemption sonne et qu'elle l'emporte dans l'au-delà. Mais au lieu de ça il ne pouvait lui amener qu'une branche de sapin sur sa tombe, arbre préféré de sa femme. Il voulait lui prouver qu'il pensait encore à elle, qu'il l'aimait toujours. Mais il n'aurait jamais le moindre signe venant d'elle. Après tous, les morts ne parlent pas.

Il se leva alors de son fauteuil, éteignit son feu de cheminée et alla se coucher. Il réalisa le même schéma de réflexion tous les soirs qui suivirent celui-ci jusqu'à ce que mort s'en suive. Et son rêve fut enfin accompli.

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