L’aigle marin porteur d’espoir survole le royaume dévasté, traverse les brumes qui recouvrent désormais Phaen jusqu’à ses frontières. Le vol silencieux, il demeure prudent, il n’est plus depuis l’arrivée du mal, le plus imposant oiseau dans le ciel du royaume. Il vole maintenant au-dessus de l’épaisse forêt noire, elle paraît encore plus sombre qu’à l’habitude, les denses feuillages des immenses arbres qui la peuple ne laissent aucun rayon de lumière les transpercer. Le voyage lui sera encore long avant de rejoindre les paisibles contrées de Casalgaard. Cela fait maintenant plusieurs heures que le rapace plane au-dessus du bois, les nuages se dissipent progressivement à mesure que la fin de l’obscure forêt s’approche. Soudain, un vent fort venant d’entre les arbres millénaires au-dessous de lui se met à le bousculer. Avec ce dernier, un bruit atroce de hurlement se fait entendre, manquant de faire vaciller l’oiseau de proie. La forêt hurle, elle agonise à mesure que le mal s’immisce en elle et la détruit de l’intérieur. L’aigle marin du Roi Barold sort enfin de ce vol difficile laissant s’échapper de ses yeux d’or une larme pour cette forêt majestueuse.

L’oiseau se pose une minute sur la solide branche d’un chêne d’argent pour reprendre son souffle. S’étendant maintenant devant lui un vaste étendu d’eau, dernier obstacle entre le message de Phaen et Casalgaard la toute puissante. Il savait qu’il lui faudrait voler toute la nuit pour atteindre la capitale au plus vite et sauver la terre où il vivait depuis des siècles avec les siens. L’aigle au plumage de nuit s’envola une nouvelle fois sans un bruit, glissant dans l’air, camouflé par l’obscurité de la nuit et la protection de la Lune.