The Grapes of Wrath (1ere partie)

7 minutes de lecture

Bonjour bonjour !

Comment allez vous ? Enfin en vacances ? Qu'avez-vous prévu pour celles-ci ?

Aujourd'hui, je vous propose de vous interesser à l'un des nombreux aspects de l'une des œuvres les plus connues de la littérature américaine : The Grapes of Wrath - Les raisins de la colère - de John Steinbeck.

Dans cette analyse, nous nous intéresserons au contexte historique de l'œuvre et à deux de ses grandes caractéristiques : son style à mi-chemin entre le documentaire et la fiction et la politisation de son écrivain.

Petit tip à ceux qui passerait leur bac l'année prochaine : l'article (et ses suite à venir) est construit sur la base de mes recherches pour mon premier sujet de grand oral - histoire que ça n'ait pas servi à rien, parce qu'en cinq minutes, c'était infaisable. S'il s'avérait donc que vous ayez les spécialités SES et LLCE anglais... N'hésitez pas !

Sur ces quelques précisions, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une bonne lecture !

Le contexte historique

L'article se place donc dans le contexte historique de la crise 1929, surnommée The Great Depression (La Grande Depression). Cette crise débute donc en 1929 avec le krach boursier de Wall Street. Bien qu'il marque le début de la crise et soit souvent considéré comme l'un de ses éléments déclencheurs, certains économistes comme Milton Friedman (j'essaie de ne pas m'énerver, pas aujourd'hui en tout cas, nous décortiquerons le cas de cet économiste plus tard) qui considère que la crise est due à une politique monétaire inadéquate.

En considérant cependant que cet événement est très parlant quant à l'état de l'économie américaine en 1930 - années où se place le roman - je me permets de vous le présenter rapidement. Ce krach, survenu le 24 octobre 1929 - le "jeudi noir" - et se déroulant jusqu'au 29 octobre 1929, est la conséquence de l'éclatement d'une bulle spéculative qui s'était mise en place dès le début des années 1920. Ces années sont des périodes prospères pour l'économie américaine qui est en plein essor, ce qui conduit de nombreux Américains à investir en bourse de façon souvent déraisonné, ces investissements n'étant presque pas réglementés.

Selon l'économiste Jacques Brassel, « le cours des titres augmente [alors] plus que les profits des entreprises, qui eux-mêmes augmentent plus que la production, la productivité, et enfin plus que les salaires, bons derniers dans cette course ». En conséquence à cela, une grande partie de la population américaine s'est endettée en spéculant, en investissant dans l'espoir d'obtenir des plus-values, sans toucher suffisamment par rapport à leur investissement. En 1929, la bulle spéculative éclate : une énorme partie des actionnaires souhaitent revendre leurs actions. L'offre d'actions explose face à une demande minime, menant à une baisse de leur prix drastique : les cours s'effondrent.

Pas un effet domino, c'est l'ensemble de la Bourse qui s'effondre, notamment entre les années 1930 et 1932.

La perte de confiance due à la crise boursière affecte la consommation et les investissements lors des mois suivant le krach. Les investisseurs qui ont spéculé en empruntant ne peuvent plus rembourser et causent des pertes sèches, ce qui conduit les banques à restreindre leur crédit. Les grandes entreprises connaissent alors des difficultés de trésorerie croissantes. Les plus faibles font faillite, ce qui accroît la fragilité des banques. Les épargnants paniquent et se précipitent auprès de leur banque pour retirer leur argent. Sans mécanismes de stabilisation, les banques les plus faibles sont dévastées par l'hémorragie de fonds et doivent faire faillite à leur tour : la crise devient alors une crise bancaire à partir de 1930.

Cette même année, les régions de l'Oklahoma, du Texas et du Kansas connaissent également une catastrophe écologique et agricole : la création Dust Bowl (bassin de poussière), un espace à cheval sur les trois régions où sècheresse et tempête de poussières se déchaînent. Ce Dust Bowl est implicitement dû à la crise économique alors en cours. Pour compenser leur perte, les propriétaires terriens (les "owners") décident de forcer les fermiers qui ne sont que des locataires sur ces terres (les "tennants") à augmenter le nombre de terres labourées. Cependant, Mère Nature ne l'entendait pas de cette oreille : de 1931, les régions du Dust Bowl sont ravagées par la sècheresse, qui laisse la terre à nu, exposée au soleil et au vent. Celui-ci emporte la couche de terre arable, causant d'effroyables tempêtes de poussière, les "black blizzards" (blizzard noir), qui détruisirent récoltes et pâturages et ensevelissent habitations et matériel agricole.

Ce qui est souvent retenu de The Grapes of Wrath, c'est cette retranscription littéraire d'une Amérique qui traverse la crise économique qui ébranla le XXeme siècle suite à l'éclatement d'une bulle spéculative à Wall Street le jeudi 24 octobre 1929, mais également un profond malaise social. Les populations victimes du Dust Bowl en 1930 se retrouvent obligées de migrer, dépouillée par le système capitaliste qui permet aux propriétaires terriens, les « owners » de posséder sans travailler les terres, créant une catégorie de « tennants » (fermiers qui louent la terre grâce à leur force de travail) exploitées. En effet, le système capitaliste se définit notamment comme étant un système où les moyens de production et d'échanges n'appartiennent pas à ceux qui les mettent en œuvre par leur propre travail (selon la définition de l'économiste Adam Smith).

La course au profit matériel pousse les owners à minimiser les pertes en capital économique en expulsant des familles entières pour surexploiter une dernière fois les sols au moyen de machines au détriment de toute humanité sans une once de pitié pour ces familles qui se retrouvent alors sans rien. Le lien social est rompu sous l'effet des lois du marché, de la fétichisation de la marchandise et de cette forme d'esclavagisme moderne qui en découle.

On peut alors relever deux failles majeures du système capitaliste mis en avant dans ce roman : 1/ Il ne paraît pas possible de préserver un bénéfice social dans un système qui n'a pour but que le profit lucratif par l'accumulation de capital 2/ Inexorablement il résultera de ce modèle économique une aliénation des travailleurs, ouvrant la voie à un esclavagisme moderne.

Le récit d'une réalité

Observateur des excès et des manques de cette société, Steinbeck porte alors la voix des laissé-pour-compte en démontant la logique d'un système responsable des fractures dans le tissu social.

Dans ce but, le roman s'efforce donc de décrire et de représenter une certaine réalité, celle des Okies, forcés de quitter leur foyer dans l'espoir de trouver du travail ailleurs. Le roman s'attache à une réalité sociale plutôt qu'à une réalité factuelle, c'est-à-dire que Steinbeck ne produit pas du vrai, mais du vraisemblable. À mi-chemin entre la fiction et le documentaire, The Grapes of Wrath illustre parfaitement le caractère indispensable de l'écrivain dans notre société.

La part de fiction de The Grapes of Wrath permet d'ajouter au déjà là, déjà écrit, d'une réalité historique et économique, le « ce qui peut être », sortant d'une réalité soit factuelle soit théorique construite par un appareil social et ses discours et une réalité en déroute pour y ajouter un côté profondément humain.

L'écrivain se place comme témoin des affaires du monde qui a pour rôle d'analyser voire de contester une vision emplie de préjugés due aux normes relayées par les institutions. Il se politise, et se heurte à un nouveau défi littéraire : décrire le réel l'inventant.

Ce défi donne un nouveau rôle dans la société à l'écrivain. Il lui permet d'impacter de façon durable les esprits et la vision des lecteurs sur les institutions, les états, et les systèmes économiques.

Cette politisation de Steinbeck lui permet de ne plus seulement être influencé par la société, mais d'ébranler à son tour la société. Là réside la relation ambiguë entre l'écrivain et le monde qu'il habite.

The Grapes of Wrath devient alors un acte symbolique qui pourrait illustrer le propos d'Henry Meschonnic lorsqu'il parle de « ce dire qui est ce faire ». Ce livre est un acte social qui répond à une norme éthique partageant avec le lecteur une forme de savoir vivre.

L'œuvre de par la politisation de l'écrivain comporte également une dimension idéologique. Le roman est construit comme un miroir à notre réalité : on retrouve ainsi l'engagement que nous avons déjà effleuré dans notre première partie. À l'idéologie capitaliste et aux codes comportementaux, mode de pensées et croyances, intérêt sociaux etc qui lui sont associés, Steinbeck oppose son idéal à travers la famille Joad. Un idéal socialiste, une société qui ne bafouerait pas l'humain, mais reconstituerait les conditions d'une nouvelle société, d'une nouvelle vie en société où l'individualisme céderait sa place à une vision plus communautariste, plus équitable.

Ainsi, en se politisant et en s'engageant, l'écrivain peut véhiculer à travers ses œuvres sa vision des choses et pousser le lecteur à s'interroger sur celles-ci. Le genre réaliste permet un ancrage dans le réel qui place l'écrivain en relation directe avec l'Histoire et la société, dans le sens où l'Homme de Lettre, influencé par ces deux dernières, va lui-même par son témoignage les influencer. Steinbeck peut alors mettre en avant les faiblesses et l'inhumanité du système capitaliste révélées par le contexte de la crise de 1929 et du Dust Bowl.

Petit mot de fin

Voilà, vous avez pu lire un extrait de ce que je produis deux fois par mois. Si cela vous a interessé n'hésitez pas à me le dire dans les commentaires. Si vous êtes suffisamment nombreux sur Scribay à être interessés par ces articles, je déciderais peut-être de poster ici également mon journal joliment intitulé "I don't wanna write a fucking fanfiction". Sinon, vous pouvez déjà le retrouver sur mon profil wattpad (Une_Real).

Sur ce, il ne me reste plus qu'à vous souhaitez une bonne journée à tous !

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