Chapitre 9-Cilanna

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–Je n’y arrive pas, décréta Cilanna en refermant le livre d’un geste brusque.

La jeune femme ne parvenait pas à se concentrer. De nombreux doutes accaparaient ses pensées et elle était incapable de focaliser son attention sur autre chose. Son crâne semblait être fait de feu tant les rouages de son esprit s’activaient. Cilanna s’éventa avec sa main mais ne cessait de ruminer. Les manuscrits ne lui apprenaient plus rien : ni de solutions à ces problèmes ni le réconfort habituel qu’elle venait y chercher. Voilà cinq jours qu’elle s’était enfermée dans sa bibliothèque épluchant livres, cartes, légendes… Et pourtant, parmi les millions de feuilles qui résidaient dans cette pièce aucune ne lui apportaient l’aide nécessaire. La jeune femme avait demandé à ce qu’on ne la dérange sous aucun prétexte. Ni Chrysentia ni Maleïka n’étaient venues s’enquérir de l’avancée de ses recherches et elle leur en était reconnaissante. Leurs incessantes questions n’auraient fait que l’agacer davantage. Les repas étaient apportés par des domestiques et aucun ne pipaient mot en lui déposant son plateau. Ils se contentaient d’observer avec leurs yeux curieux le désordre qui y régnait, d’effectuer une révérence et partir.

Aujourd’hui la Reine en avait assez. Elle repoussa ses deux livres ouverts devant elle et fit glisser le plateau le long de la table. Quelques morceaux de viande baignaient dans une sauce brunâtre et dans une coupelle une grappe de raisin. Le gibier- du lapin vraisemblablement- était filandreux mais les grains de raisons explosèrent dans sa bouche. Cilanna put presque sentir la chaleur des pays du Nord sur sa peau et les exquis parfums lui titiller l’odorat. Son repos fut de courte durée : le plat ne résista pas longtemps à sa faim et une vague de doutes et d’interrogations muettes l’assaillit à nouveau avec plus de force encore que la précédente. La jeune femme se leva, abandonna livres et repas pour se poster à la fenêtre. Le soleil terminait sa route descendante et les yeux argentés des démons de la nuit perçaient le ciel qui s’assombrissait. La neige avait cessé de tomber depuis quelques jours déjà mais les flocons fondaient dès qu’ils heurtaient le sol encore trop humide des précédentes pluies diluviennes. Pour l’instant, la sorcière avait tort : le début de l’hiver était doux et Freya n’aurait aucune difficulté pour les rejoindre. Cilanna espérait que sa sœur n’était plus qu’à quelques jours de marches du château : elle avait hâte de la revoir. Son humour cru et son caractère flamboyant/explosif lui avaient manqué. La Reine des Roses ne supportait plus Maleïka qui ne cessait de ruminer et de convoquer conseil sur conseil. Elle s’était isolée dans la bibliothèque pour chercher des idées de pièges. Officieusement elle ne supportait plus sa sœur. Elle avait beau assister à la plupart des réunions de Maleïka afin que le royaume puisse constater qu’elles se battent ensemble mais derrière une façade révoltée et impulsive, elle s’ennuyait. Elle se languissait des fêtes, des jeux, des bals où les hommes la complimentaient pour sa beauté. Elle se languissait de son innocence feinte et des jours où elle n’avait qu’à chanter pour accomplir son rôle de Reine. Certes, Cilanna aimait le pouvoir. Elle aimait la lueur de fascination qui dansait dans les yeux des hommes lorsqu’ils la voyaient, les manipuler et les forcer à combler ses moindres désirs. Oui, c’était ce pouvoir que la jeune femme aimait. La Reine soupira avant de sortir de la pièce. Elle voulait se diriger vers sa chambre mais ses pas la menèrent vers la chambre de son amante : Cilanna avait besoin de distraction. Elle ne prit pas la peine de s’annoncer et pénétra dans la pièce. Ses yeux cherchèrent la sorcière mais ne trouvèrent rien. Seul le vide lui répondit. D’un geste de la jambe, elle poussa la porte qui se referma avec un cliquetis. Son attention se porta sur le col, plus particulièrement sur les rainures entre les planches. Des espaces légèrement plus grands de quelques millimètres pouvaient révéler une trappe cachée, non ? Cilanna inspecta la zone mais ne découvrit rien. Résolue à descendre dans les douves, la Reine s’agenouilla et frappa avec énergie sur les planches. Que des bruits sourds, étouffés. Chrysentia avait bien dissimulé la trappe. Si elle ne voulait pas que l’on trouve l’entrée, personne ne la dénichera. Cilanna refusa de s’avouer vaincue. Sur l’étagère reposait des dizaines de fioles. La sorcière affirmait que la magie résidait dans la science et qu’aucun sortilège n’était contenu dans ces minuscules verres. Cilanna en doutait mais avait la sagesse de ne pas contredire son amante. Elle se posta devant l’étagère et attrapa une fiole au hasard. Elle la tourna entre ses doigts à la recherche d’une inscription mais n’en trouva aucune.

–Si prévisible, ronchonna-t-elle.

Alors qu’elle s’apprêtait à reposer l’objet, l’ongle de son pouce glissa sur un creux. Chose étrange puisque le verre bombé était parfaitement lissé. Cilanna plissa les yeux : elle ne vit rien, pas même une égratignure. Il lui fallait un objet qui permettre de lire l’invisible, une matière qui se glisserait uniquement dans les interstices des arabesques. La Reine observa les étagères encombrées de Chrysentia. La sorcière avait amassé tant d’objet qu’ils se chevauchaient.

–Je lui ai toujours dit de mettre de l’ordre dans ses affaires, grommela Cilanna en cherchant des yeux une longue tige de métal.

Son amante lui avait montré cet objet qui agissait telle une torche. Les flammes meurent, pas la poussière d’araignée. La tige- aussi longue que sa main- semblait avoir été dévorée par ce tohu-bohu. Même la lumière qui en émanait ne permit pas à la jeune femme de la dénicher immédiatement. La Reine mit quelques instants à l’en extirper et posa l’extrémité du l’instrument contre la fiole. Des curieux tracés bleus se formèrent telle une toile d’araignée. Cilanna devina les lettres d’une ancienne langue, morte depuis longtemps. Un message de Chrysentia : toutes deux utilisaient cet alphabet pour coder et seuls les plus aguerris en cryptographie parvenaient à le déchiffrer. Le mot feu était inscrit. Cilanna eut à peine le temps de reconnaitre les symboles que la lueur s’éteignit. Elle recommença ce manège sur plusieurs autres fioles jusqu’à trouver celle qui répondait au nom d’invisibilité. Un sourire triomphant étira les lèvres de la Reine. Elle inclina le poignet et quelques gouttes du liquide transparent s’écrasèrent sur le sol. Un anneau de fer apparut sur le plancher et une trappe s’y dessina.

La jeune femme troqua la fiole contre une torche, prit une inspiration avant de s’enfoncer dans les ténèbres. Elle frissonna : la dernière fois qu’elle descendait ces marches, elle tenait une demi-jambe dans ces bras. L’air qu’elle inspirait était froid suffisamment pour que sa morsure dans ses poumons se fasse sentir. Les ténèbres étaient poisseuses, humides et collai à sa peau mais Cilanna continua sa descente. Les marches étaient petites et à peine assez longue pour y accueillir un pied. Plus la Reine progressait dans les entrailles du château, plus l’escalier se raidissait comme pour l’encourager à rebrousser chemin mais l’instinct de la jeune femme la poussait à ignorer ces recommandations. Au fond de ces douves, quelque chose l’appelait. Qui ou quoi, elle l’ignorait. Pourtant une certitude : à chaque marche l’appel se faisait plus insistant. Peu à peu, elle entendit de légers battements, audible s’il elle tendait l’oreille. Puis, les sons se firent plus graves jusqu’à devenir des gargouillements. J’ai enfin atteint la rivière. Quelques pas de plus et Cilanna déboucha sur la caverne.

Dans le noir, ses yeux de louves virent les petits rongeurs s’amasser autour d’un de leur congénère mort. Inutile d’être à moitié animal pour entendre leurs piaillements et les griffes qui raclaient les dalles par centaines. Cilanna leur accorda un bref regard avant d’emprunter les tunnels. Chrysentia lui avait montré un chemin la dernière fois mais grâce à ses récentes connaissances, elle savait que la rivière souterraine parcourait les douves dans un cercle quasi parfait avant de se jeter dans un lit extérieur. Peu importait les tunnels qu’elle empruntait : elle ne pourrait pas se perdre. Il lui suffisait de suivre l’eau. La jeune femme échangea la torche de main en raison des crampes qui tiraillaient son bras droit. Cilanna s’aventura dans les douves en veillant toujours à entendre les grondements de la rivière.

La Reine chercha la cage de sa mère et ne la trouva que bien des instants plus tard. Les flammes se reflétèrent dans les barreaux de métal. Cilanna put presque voir son visage déformé : aminci et grossier. L’espace entre les barres tordues était assez grand pour lui permettre de se glisser dans la cage. L’immensité de la prison lui paraissait encore plus important une fois à l’intérieur. Mais avec les bras tendus, les flammes étaient encore à une dizaine de pieds du plafond. La Reine sentit soudain un grand vide dans sa poitrine et un sentiment de lassitude l’envahit. Cilanna n’avait plus d’énergie. Son unique envie consistait à se pelotonner dans un coin, de fermer les yeux et d’oublier. C’est ce qu’elle fit : elle encastra la torche dans une fente du mur- probablement creusée par des griffes- tandis que ses jambes se dérobèrent sous son poids. Cilanna s’adossa contre le mur et ramena ses genoux contre sa poitrine.

Nul autre bruit que les cris aigus des rongeurs et le crépitement du feu au-dessus de sa tête. Son monde ne se résumait plus qu’à cette cage, à son histoire, à sa malédiction. Des minutes passèrent. Peu ou beaucoup, elle l’ignorait. Le temps s’écoulait différemment dans le noir et le silence. Cilanna se concentrait sur son corps : ses poumons qui s’emplissaient d’air, les frottements du tissu contre sa peau, ses yeux humides mais les joues sèches. Les pensées de la jeune femme étaient confuses. Beaucoup d’images et de paroles se succédaient dans son esprit mais peu de cohérence. Elle voyait Freya poursuivre un chat alors qu’elle était enfant avant de la voir adulte en côte de maille, un sourire cruel sur les lèvres. Puis sa mère qui l’embrassait. Elle se souvenait de la pression de ses bras autour de ses épaules et des crocs sur sa gorge. Selon ses parents, elle piaillait beaucoup alors qu’elle était louveteau. Ses parents. Morts tous deux. L’un tué par l’autre.

Sa tête dodelina contre le mur. Ses paupières se fermèrent. Peut-être arriverait-elle à dormir ? Le sommeil l’engourdissait déjà.

–Cilanna ?

La jeune femme se redressa, les yeux écarquillés et le cœur battant à la chamade.

–Chrysentia ? Demanda-t-elle ne portant une main à sa poitrine. J’ai cru que mon cœur allait exploser. Ne me refais plus jamais ça !

–Que fiches-tu ici ?

–Ca ne se voit pas ? Je cherche du monde.

Le ton était plus agressif qu’elle ne l’aurait voulu. Elle se pelotonna au fond de la cage, encerclant ses jambes de ses bras et enfoui le front dans ses genoux.

–Comment savais-tu que c’était moi ? Demanda-t-elle d’une voix étouffée.

Devant son air interloqué, la Reine soupira.

–Tu m’as appelée par mon prénom.

Un rire racla la gorge de la sorcière alors qu’elle posa la torche à terre. Avalées par les ténèbres, les flammes s’évanouirent rapidement.

-Ma baguette d’araignée trônait au-dessus de la fiole d’invisibilité. Je suis une femme désorganisée très organisée.

Dans la pénombre, seule sa silhouette était visible mais Cilanna entendit des gravillons rouler.

–Et tu es la seule personne que je connaisse capable de déchiffrer le Qwentin.

Le vide dans sa poitrine s’estompa petit à petit comme si Chrysentia utilisait un pinceau pour combler l’abime.

–Tu avais tort, murmura Cilanna alors que Chrysentia s’approcha d’elle.

–A propos de quoi ?

La sorcière s’agenouilla face à la Reine et emprisonna son menton entre son pouce et son index.

–De l’hiver.

Un sourire étira les lèvres de Chrysentia.

–Patiente, ma douce. La mauvaise saison vient de commencer. Laisse-lui le temps de s’installer.

La peau de la sorcière était brûlante, celle de Cilanna si froide.

Les flammes dansaient sur la moitié de leur visage tandis que l’autre était noyée dans l’ombre. Chrysentia caressait la lèvre inférieure de sa maîtresse de la pulpe de son pouce avant de se laisser tomber à ses côtés.

–Qu’es-tu venu chercher ici ? La questionna-t-elle tandis qu’elles se pelotonnèrent l’une contre l’autre.

La tête de Cilanna roula sur l’épaule de la sorcière. La chaleur de sa peau brûla un instant son front.

–Le silence.

Son esprit s’agitait. De multiples voix parlaient dans sa tête jusqu’à l’étouffer.

–Parle-moi.

Sa voix la distrayait. A travers les couches de ses nombreux manteaux, Chrysentia chercha la main de sa Rein pour entrelacer leurs doigts.

–De quoi ?

Son souffle balaya quelques cheveux restés collés aux temps de Cilanna.

–De ton passé.

Chrysentia se raidit contre elle-même si elle ne pipa mot. La sorcière lui racontait des bribes mais jamais son histoire complète. C’était un sujet sensible mais la jeune femme était prête à l’entendre.

–Tu connais tout de moi, insista-t-elle en se redressant. Ma naissance, ma malédiction, mon secret sur mon orientation sexuelle, même mes pensées ne sont plus un secret pour toi.

Manipuler Chrysentia n’était pas chose aisée. Il était facile de duper des gens qui ne demandaient qu’à vous croire, pas une sorcière vieille de huit cents ans.

–Tu sais les événements les plus importants.

–Je ne te parle pas de quelques éléments que tu as triés. Comment es-tu venue jusqu’à moi ?

Chrysentia se mordit les lèvres, geste que Cilanna ne lui avait jamais vu faire. Sa carapace s’effritait enfin et il ne lui avait fallu que quelques mots pour la fragiliser. A moins que ce n’était la puissance de son regard qui intimait la sorcière de se confier. La jeune femme s’accroupit sur les cuisses de sa compagne et embrassa ses phalanges du bout des lèvres pour l’encourager.

–Je n’ai pas huit cent treize ans. En réalité, je n’en n’ai que six cent quatre-vingt-dix-sept.

La Reine haussa les sourcils. Elle fit un rapide calcul.

–Je suis morte à cent dix-neuf ans.

–Morte ?

Détail qu’elle n’avait pas dû juger utile important puisqu’elle ne lui en avait jamais fait part.

–Morte. Un sacré cadavre. Je le suis restée près deux ans. Tu imagines l’état d’un corps après être rayée de la carte pendant tout ce temps ?

La jeune femme ne préférait pas y penser. Les cadavres puaient déjà quelques jours après leur mort.

–Durant les premières années de ma longue vie, je faisais partie du peuple des eaux. Ma queue n’était pas encore formée à cette époque mais mes écailles remontaient jusqu’à mes hanches.

Comme tous les peuples issus de la nature, la transformation était lente et progressive. Pour les créatures marines, le cycle de la vie débutait sur une plage. La seule différence avec les bébés humains résidaient à l’intérieur de leur corps : les branchies. Après quelques jours passés dans l’eau, des écailles apparaissaient sur leurs pieds et mains. Au fur et à mesure que les enfants grandissaient, leur peau devenait écailleuse : leurs extrémités se transformaient en palmes. Leurs jambes s’assemblaient lentement pour former une queue, âge de la puberté. Les courbes de leur corps féminins étaient encore visibles. Lentement les écailles remontaient le long de leur torse jusqu’à leur poitrine. Le peuple des Mers se métamorphosait en poissons avant de mourir et de se dissolver en eau.

–C’est à cette époque que j’ai rencontré cette pirate. Elle ressemblait un peu à Freya : bagarreuse et voulait toujours avoir le dernier mot. Je suis immédiatement tombée amoureuse d’elle mais elle n’avait que dédain pour moi.

Beaucoup d’humains haïssaient les peuples de la nature. Ils les considéraient comme de la vermine car une croyance populaire indiquaient que les hommes descendaient des dieux, que leur sang était divin. Cette légende avait aujourd’hui beaucoup d’adeptes. La science en avait très peu malgré tous les efforts que faisaient les Reines pour divulguer les nouvelles recherches.

–Plus encore que l’amour, les continents me fascinaient. Je n’avais jamais pu visiter les Terres Immergées. Il y avait une sorcière sur une des plages. Elle m’a promis des pieds contre ma mortalité et mon accord pour examiner la putréfaction d’une sirène. J’ai accepté. Deux ans où je ne sentirai rien pour la promesse de vivre avec la femme que j’aimais follement. Le prix était petit à payer. Deux ans plus tard, j’ai découvert que mon adorée était morte. Pour un homme (elle cracha ce mot). Elle, pour qui j’avais abandonné ma nature, mon peuple s’était suicidée pour l’amour d’un homme. Un chevalier qui ne l’aimait pas alors qu’elle n’avait qu’à m’attendre, moi. Un suicide pour un suicide. Quelle ironie.

Les traits de son visage se crispèrent alors qu’un flot d’images se succédaient dans son esprit. Cilanna posa ses mains sur ses joues et la força à croiser son regard.

–Mais ? Chuchota-t-elle d’une voix douce.

–Les créatures de l’eau ont toutes un peu de magie en elles. Certaines plus que d’autres. La sorcière a exploité le ridicule don que j’avais pour faire ce que je suis aujourd’hui. Et pour m’enfoncer dans le crâne toutes les notions de sciences dont j’aurai besoin pour survivre. Après, j’ai erré durant plusieurs centaines d’années – 4 ou 5- je ne sais plus. Tantôt serveuse, tantôt marchande, tantôt sorcière. J’alternai jusqu’à ce que je rencontre ta mère qui a donné un nouveau sens à ma misérable vie.

Cilanna ne dit rien. Aucun mot ne pouvait décrire tout ce qu’elle ressentait. Un mélange de douleur, de chagrin et d’amour. La Reine posa son front contre le sien et ses cils frôlèrent ceux de Chrysentia. Si les mains de la souveraine encadraient le visage de son amante, la sorcière tenait fermement ses coudes.

–Je vivrais encore bien après ta mort, souffla Chrysentia.

Même s’il elle refusait de l’admettre, les mots restaient bloqués dans sa gorge.

–Oui, tu vivras.

–Je ne veux pas te perdre. Je ne veux pas encore revivre ça.

–Tu mettras du temps à oublier la douleur. Peut-être ne l’oublieras-tu jamais mais ne veux pas être la source de ta douleur.

Cilanna n’attendait pas de promesse en retour. Elles restèrent quelques instants ainsi, lovée l’une contre l’autre dressant autour d’elles une bulle protectrice que nul ne réussirait o briser. Leurs sentiments s’entremêlaient : colère et désir, peur et amour. Elles étaient au centre d’un cyclone, au cœur d’un déluge mais ni l’une ni l’autre ne remarquèrent quoi que ce soit. Les lèvres de Cilanna caressèrent celles de Chrysentia avec une délicatesse infinie. Toute la tension sexuelle qui les habitait durant leurs ébats s’était envolée, ne survivait plus que la puissance de leurs sentiments. La Reine s’éloigna de sa maîtresse mais la força à croiser son regard.

–Je n’ai pas besoin d’être devineresse pour savoir qu’une heure noire arrive sur la Reigaa. Mais nous triompherons ensemble, toutes les quatre.

–C’est une promesse ?

–Non. Une évidence.

Les traits des visages des deux jeunes femmes se durcirent à nouveau. Ce n’était que lorsqu’elle était avec Cilanna que Chrysentia baissait sa garde. La sorcière était un atout non négligeable pour leur survie.

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