Chapitre 6- Freya

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Le brouhaha de la taverne bourdonnait à ses oreilles. Le cliquetis des verres sur la table, le rire rauque des villageois, Freya aimait cette ambiance. Celle de la joie, celle de la victoire, celle de la survie.

-Gloire à la Reine, chantaient-ils en soulevant leur verre avant de le boire.

Freya observait avec amusement- et une pointe de fierté-ces inconnus qui la glorifiaient.

-Gloire à la Reine, dit-elle en rejoignant leurs voix.

-Vous voulez encore du vin, m’dame ?

Une perruque recouvrait ses cheveux grenat et plusieurs fourrures supplémentaires la rendaient méconnaissable, suffisamment pour que le gamin la confonde avec une chasseresse de passage.

-Vas-y, petit.

Mais petit, il ne l’était pas. C’était un jeune homme de quatorze ou quinze ans peut-être avec ce front si étroit caractéristique.

-Tu viens de Sard ?

-Ma mère venait de Sard mais je suis né à Valgur Raal.

Freya songeait à sa sœur qui, sous les ordres de Maleïka, n’avait eu d’autres choix que de s’exiler à Sard pour quelques jours durant.

-A Sard, à Valgur Raal et aux Reines.

Le garçon acquiesça, esquissa un sourire tandis qu’un autre le héla. Peu d’hommes tentaient de la courtiser ce soir. Ce n’était pas le cas des autres femmes qui ne cessaient de rejeter (ou d’accepter) les avances d’ivrognes. Peut-être que le fourreau visible à sa taille (elle s’en était assurée) les décourageait.

-Bonsoir, ma Reine.

Un homme s’assit à sa table, leva la main pour héler le pauvre adolescent qui courrait entre les tables.

-Une cruche de vin.

Pourtant Freya avait déjà balancé ses jambes sur la table, remonté son capuchon sur sa perruque et dégainé son poignard pour se curer les ongles.

-Que faites-vous ici, Oron ?

-Je bois du vin.

-Vraiment ? Alors pourquoi avez-vous un couteau sous votre veste ?

Un sourire malicieux flotta sur ses lèvres alors qu’il ajustait ses vêtements.

-Il vaut mieux sortir trop habillé que pas assez.

Freya devinait que ses paroles ne s’appliquaient pas uniquement aux armes.

-Je pourrais vous faire fouetter pour votre impertinence.

-Et vous pourriez aussi me laisser la vie sauve. Qui sait, je pourrais encore vous être utile.

-Je me demande bien à quoi.

Freya rabattit le capuchon sur ses yeux lorsque le garçon rapporta le vin. Il jeta un regard curieux au poignard qui dansait entre les doigts de la jeune femme.

-Pourquoi me suivez-vous ? Demanda-t-elle une fois certaine que personne ne les écoutait.

Il ne pouvait que l’avoir suivi. Personne ne l’avait reconnu, comment lui parmi toutes les personnes présentes ici aurait-il pu deviner son identité ? Même si le gobelet dissimulait la moitié de son visage, Freya vit les yeux du chasseur pétiller.

-Je ne vous ai pas vu revenir l’autre soir. Alors je suis parti à votre recherche.

La Reine s’immobilisa. Se souvenait-il d’elle ? alors que le charme de la sorcière agissait ?

-J’avais envie de retourner au campement mais une fois que j’y étais, vous n’étiez pas avec moi. Je suis revenu sur mes pas et devinez quoi : impossible de vos retrouver.

La Reine eut un geste brusque et le couteau dévia de sa trajectoire. La pointe s’enfonça dans la chair de son majeur. Une goutte de sang naquit de la plaie. Elle porta sa main à sa bouche et lécha la pulpe de son doigt. Freya s’efforçait de ne rien laisser paraitre bien que son cœur tambourinait dans sa cage thoracique si fort qu’il en vint à bourdonner à ses oreilles.

-Je suis partie explorer les environs.

Un mensonge. Six hommes avaient connu la mort durant cette semaine. Mort qu’elles avaient apporté par leurs griffes et crocs. Un homme qui résistait aux sortilèges, cela n’existait pas. Tous en étaient victimes, sauf celui qui le lançait.

-Vous étiez de retour seulement le lendemain.

Non, une semaine après. Freya ne répondit pas, se contenta de lécher son doigt meurtri et de temps à autre de croiser et décroiser ses jambes.

-Je suis directement retournée à ma tente.

-Je vous y ai attendu.

Connaissait-il son secret ? Voulait-il qu’il l’admettre ? Oron était bien plus malin qu’il n’y laissait paraitre. Tout comme Cilanna le chasseur manipulait, mais chacun d’une manière différente. Sa sœur aimait faire surgir de l’inconscient des vérités blessantes, cet homme acculait sa proie et la forçait à avouer.

-C’est la vérité que vous voulez ? Vous l’aurez.

Oron se pencha, ses yeux sombres pétillaient.

-J’ai une liaison avec mon capitaine.

Aussitôt que ses paroles eurent franchies ses lèvres, elle regretta l’accusation. Leur relation était intime certes, mais pas de sexe.

-Je ne vous crois pas.

Le liquide acre descendit lentement le long de sa gorge, irritant presque les parois de son œsophage.

-Vous ne le regardez pas comme lui vous observe.

-Et comment m’observe-t-il ?

-Comme un homme regarde une femme. Et vous comme une fille son père.

-Hé ! Ma jolie. Que fais-tu tapi dans l’ombre ? Beugla un homme à quelques tables d’eux.

-Que faites-vous là, Oron ?

Les yeux de l’homme étaient aussi sombres que le manteau de la nuit mais la lueur qui y brillait n’était pas sans rappeler à Freya les millions d’étoiles qui le perçaient.

-Je vous l’ai dit : moi aussi j’aime me saouler dans les tavernes.

Soudain, une main se posa sur l’épaule de Freya et la tira violemment en arrière. Elle remarqua que le visage d’Oron était à nouveau à moitié dissimulé et seul son sourire perfide était visible. Même s’il ne pouvait la voir, elle lui jeta un regard noir. Osait-il se jouer de la Reine ?

-Tu m’as entendu, salope ?

-Qu’est-ce que tu veux ?

-Mais toi, ma caille.

Il enroula une mèche brune autour de son index et la porta à son nez.

-T’es jolie, même avec ta cicatrice. Je te donne deux pièces et tu files sous la table, qu’est-ce que t’en dis ?

-Sur la table.

-Qu’est-ce que tu dis, ma caille ?

-Je veux être sur la table.

Il grogna et un rire gras racla sa gorge.

-Ca peut s’arranger. Et le p’tit minet, là ? Il veut aussi venir ?

-Je vous remercie pour cette proposition mais je vais plutôt rester ici.

Mais l’homme était déjà parti, entrainant Freya avec lui, la présenta à ses amis et l’attira sur ses jambes.

-Mes deux pennys. Je les veux.

-T’es pas trop moche et t’es intelligente, toi. Tu me plais.

-Laisse-nous aussi un peu la donzelle, intervint un brun. Je lui en offre trois. Tu les veux, ma poupée ?

D’une vois enjôleuse, Freya murmura à l’oreille du chauve.

-Ton ami paye mieux que toi.

-Je paye pour toute la table si tu nous fais une petite démonstration de ce qu’il y a sous ton pantalon.

Les doigts de Freya glissèrent sous son menton gras pour l’obliger à la regarder dans les yeux.

-Les femmes en pantalon t’excitent ?

La Reine coula un discret regard vers Oron. Celui-ci lui tournait le dos pour converser avec un groupe de chasseurs.

-Fais-nous une petite danse, mon ange.

Ce bar était à moitié un bordel, aussi personne ne s’offusqua lorsqu’elle se trémoussa devant leurs yeux avides. Elle ôta d’abord son manteau, pièce récupéré sur un cadavre jonchant la route alors qu’elle se rendait à la taverne et caressa certaines parties de son corps interdites aux hommes. Alors qu’elle se trouvait à moitié nue devant eux, Oron daigna enfin de lui jeter un regard. Bref et intéressé, elle n’en sentit pas moins sa morsure sur les courbes de son ventre. Et soudain, elle cessa de bouger. Ses bras retombèrent contre son flanc et elle devint aussi immobile qu’une statue.

-Je veux mon argent.

Le chauve rit et son rire malsain fit jubiler Freya.

-Tu refuses de me payer ?

Je te payerai une fois que je serai satisfait de tes services.

D’un geste vif, la jeune femme attrapa le manche de son poignard.

-Qu’est-ce que tu comptes faire avec ça ? Tu sais t’en servir sans te blesser au moins ?

Freya tira sur ses cheveux bruns et dévoila une tresse bordeaux qui rebondit contre son sein.

-Ne pas payer ses dettes est une offense faite à la couronne. Je vous ai fait une prestation, je le droit à ma paye.

-Je… Je… Ma Reine, bégaya-t-il.

Le chauve et ses compères tombèrent à genoux. Toute la taverne était devenue silencieuse. Chacun semblait retenir son souffle.

-Relève-toi.

Son poignard trouva le chemin de sa botte.

-Je suis Freya de Valgur Raal et reine de la Reigaa. Je vous ai entendu ce soir, ivres et heureux. Je vous fais la promesse sur ma propre vie : tant que mes sœurs et moi-même seront vivantes, nous vous donnerons la liberté. Vivez ou mourrez mais soyez libres de vos choix.

Personne ne bougea. L’atmosphère pesait sur les épaules de Freya. Tous l’observaient, perplexe devant cette brusque apparition : une gueuse devenue Reine. Je n’ai pas l’éloquence de Maleïka, songea Freya. Pourtant un homme leva son verre.

-Gloire à la Reine !

Une deuxième voix se joignit à la sienne. Puis une troisième. Et une quatrième. Enfin, toute la pièce scanda ces trois mots, traversée par une énergie nouvelle.

Nous avons redonné espoir à ce peuple. Et c’est tout ce qui comptait.

Une bouffée d’air les enveloppa lorsqu’Oron ouvrit la porte. Freya venait de remettre son manteau et sa perruque : elle ne tenait pas à ce que d’autres personnes la reconnaissent ce soir. Encore un ou deux jours et ils lèveraient le camp pour retourner à Valgur Raal. Les seigneurs se plaignaient du manque de guerriers dans leurs contrées. Les viols et les meurtriers augmentaient en masse lorsqu’ils étaient absents pourtant Maleïka refusait d’obliger les garçons à s’enrôler. Mourir pour son pays était un sacrifice. Un sacrifice dont peu remerciait, dont peu se souvenaient. Freya soutenait l’avis de sa cadette mais l’empathie et les bons sentiments ne gagnaient pas les guerres.

-Ma Reine, l’interrompit une femme d’âge mur. Je voulais vous remercier pour tout ce que vous avez apporté à la Reigaa.

Freya inclina la tête en guise de reconnaissance mais la vieille sembla y voir un signe d’encouragement.

-Grâce à vous, mon fils a pu continuer son apprentissage auprès de mon frère au lieu de se battre. Vous savez, il n’est pas doué avec les armes et il est si jeune encore, mon p’tit garçon. Je suis heureuse que vous ne les ayez pas obligé même si votre armée est plus faible sans eux.

Freya étouffa sa réplique dans l’œuf. Devant elle se tenait une mère et non un chef de guerre. Inutile de lui dire que son fils n’aurait servi à rien puisque malgré tout l’entrainement qu’il aurait pu recevoir, il aurait été l’un des premiers à se faire décimer. Qu’allait retenir la Reigaa de ces assassinats? Car des meurtres, c’en était : envoyer des enfants se battre tout en sachant qu’ils n’ont aucune chance face à un ennemi entrainé.

-C’est pour des personnes comme vous que nous avons pris cette décision.

Les ridules encadrant ses petits yeux la rendaient plus vieille qu’elle ne l’était. S’occuper d’un enfant devait être aussi aisé qu’un pays à gouverner. La vieille soupira de soulagement et serra les mains de la Reine dans les siennes. Elles étaient rugueuses mais les gestes doux.

-Que la déesse vous bénisse.

-Que la déesse vous bénisse, répéta Freya.

-Nous devons y aller ma Reine, déclara Oron. Le jour va bientôt se lever et nous devons préparer notre retour pour la capitale.

La vieille acquiesça et relâcha les mains de Freya avant de d’éclipser au fond de la taverne.

-Curieuse rencontre.

-Tu ferais mieux de t’y habituer si tu tiens à m’accompagner à Valgur Raal. C’est le quotidien de ma sœur.

La porte claqua derrière eux et le dernier rayon de lumière s’évanouit. La brume s’était épaissit depuis son entrée dans la taverne, si bien que la Lune était indiscernable dans la nuit mais les yeux de Freya perçaient suffisamment l’obscurité pour lui permettre de s’orienter. Elle laissait de temps à autre un curieux « hasard » les égarer avant de les ramener sur le bon chemin.

-Pourquoi tiens-tu temps à tuer les Agkars ? Je veux dire : tout le monde veut les voir morts mais pas au point d’y sacrifier sa vie.

-Que vaut une vie contre des dizaines d’autres ?

Le vent commençait à se lever : les feuilles tremblaient au-dessus d’eux et ses doigts froids chatouillaient la nuque de Freya. La Reine demeura muette. Si l’homme refusait de parler, elle ne l’y obligerait pas.

-J’ai vu une de ces créatures.

Freya ne s’alarma pas. De nombreuses personnes avaient pu les voir : quelques secondes par-ci, quelques secondes par-là.

-Une de ces choses a massacré ma promise.

Une promise ? S’étonna Freya. Oron n’était pas homme à se laisser dicter ses choix et la Reine reconnut la morsure glacée de la jalousie. Non, elle ne l’aimait plus. Entre eux régnait plus une tension sexuelle qu’une idylle naissante. Le jeu était simple : qui craquerait le premier ? Freya aimait ce jeu de séduction, cette traque où l’on ignorait qui tenait le rôle du prédateur et celui de la proie.

-Massacré ? Répondit-elle pourtant.

-Nous étions amis avant tout, mais avec l’âge Kalia a développé des sentiments plus forts pour moi. Moi, je préférais les bordels où je pouvais coucher avec les putains autant de fois que je le désirais en une nuit. Mais ma famille est riche et je n’ai que des sœurs. Kalia était un bon choix pour mes parents. Nous nous connaissions, apprécions et avec le temps cette amitié se transformerait en amour. Un soir, je l’ai emmené se promener près d’un lac. Elle m’a embrassé et j’ai essayé de répondre comme je le faisais avec ces putains inconnues. Impossible : Kalia était mon amie pas mon amante. Elle était frêle, trop fragile presque. Un petit oiseau que j’avais peur de briser. Je me souviens de ces yeux tristes qui m’ont fixé. Elle m’a dit que l’amour viendrait petit à petit. Je l’ai laissé s’éloigner et quelques minutes plus tard, j’ai entendu un cri. Bien que je n’avais pas d’armes, j’ai couru jusqu’à elle et soudain j’ai vu cette bête. Elle, ne m’avait pas vu ni entendu. Elle était grande. Elle se tenait sur ses quatre pattes mais de temps en temps, elle fourrageait avec ses deux pattes avant dans le corps de Kalia. Sa gueule était rouge, ses dents aussi longues que mes doigts et les os de mon amie craquaient sous ses mâchoires. Soudain, ses fines oreilles se sont dressées et sa grosse tête s’est tournée vers moi. Dans ces yeux, j’ai vu les Enfers. A présent, j’ai la preuve qu’un monde de malheurs existe après notre mort. Puis la créature a pivoté et un autre Agkar est entré dans la clairière, celui-ci se déplaçant seulement sur deux pattes. Leurs corps sont hideux : fins en-dessous de la taille et large et trapu en haut. Celui-là avait une cicatrice sur le flanc. (Freya retint son souffle. Elle était heureuse que la nuit fût suffisamment sombre pour masquer la pâleur de sa peau). La créature agenouillée près du corps de mon amie claqua des mâchoires et se leva. J’avais beau être couché contre la terre, elle n’en mesurait pas moins de trois fois ma taille. Et un troisième les rejoignit, celui-là se déplaçait à quatre pattes. Et ensemble ils repartirent.

Ils n’avaient pas conscience qu’ils décrivaient ses Reines et malgré sa gêne, Freya se sentit jubiler.

-J’en ai entendu d’autres hurler au loin. Je ne sais pas combien ils étaient mais vos traqueurs ne vous aideront en rien.

-Tu veux la venger ?

-Je veux épargner des vies.

Freya s’humecta les lèvres : l’atmosphère s’humidifiait. L’aube pointerait bientôt le bout de son nez amenant avec elle la rosée matinale.

-Je suis une Reine guerrière. Les vies, je ne les sauve pas. Ce sont mes sœurs que tu devras convaincre, pas moi.

En réalité, peu importait qui il approchait en premier. Chacune faussait les pistes pourtant jamais Freya n’avait constaté une telle ardeur à une tâche. De simples mots n’y suffiront pas. Pour éliminer ses problèmes, elle leur plantait une dague en plein cœur. Jamais elle n’aurait la force de transformer l'acier en mots.

-C’est Maleïka qui te dira si oui ou non, tu auras le droit de te joindre aux chasseurs. D’ici là, tu pourras m’accompagner. Si tu ne respectes pas les engagements, tu feras route seul jusqu’à Valgur Raal. Est-ce clair ?

-Oui.

Derrière les arbres, Freya discernait les premiers gardes. Les autres dormaient sûrement. Certains seuls, d’autres en compagnie de putes. Les femmes qui vendaient leurs corps contre de l’argent ne la révulsaient pas. Si leurs choix leur convenaient et qu’elles étaient consentantes aux attouchements, la Reine fermait les yeux. Pourtant, alors que l’aube commençait à éclaircir le ciel et à nimber la terre d’une lueur d’or aucune femme ne sortait du campement.

-Une tente t’est réservée. Demande à mes hommes où ils l’ont placée.

La sienne trônait au centre, de rouge et d’or, à peine plus grande que celles des chevaliers.

-Encore une chose. Aucun homme n’a le droit de pénétrer dans ma tente une fois le soleil couché.

Freya n’en n’était pas certaine, mais elle supposa voir un malicieux sourire étirer les lèvres d’Oron.

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