En désordre
La peur du danger nous rassure du fantasme de l’utopie.
Les failles légères tombent, nonobstant la pluie, le vent et les pleurs des mères inquiètes.
Il me fallait peut-être tendre vers un je-ne-sais-quoi houleux, amère et doux.
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Les cils, un par un, tombèrent, comme sur un sol inexistant, dans une ambiance feutrée, respirant le vieux bois et les flaques que nous donne l’automne fatiguée.
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Suivre la ligne se dessinant dans le dos, du cou au coccyx, y passer comme on trépigne dans les musées pleins d’asiatiques, frissonner dans une bouffée de chaleur, oublier l’électricité et la chimie de nos pensées contraires, laisser les pieds s’enfoncer dans le sable froid et salé, prendre une grande inspiration, fermer les yeux, et se perdre, en couleurs.
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Le coma profond des destins oubliés cacha des espèces disparues, des couleurs pas encore inventées, des langues trop anciennes, et tous ces rêves de vies qui n’ont pu voir s’user les nôtres. Il mit à plat tout, les atomes comme les idées, et puis les monuments de souvenir enfermés dans des boules de résine.
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Au bout du fil, il n’y avait personne, ou peut-être le reste d’âmes imprégnant le placo, le sol en PVC, la télé trouée où les mouettes ont fini leur nid, les boîtes d’aluminium, dernières survivantes d’un consumérisme peut-être devenu utopique mais qui se mordait la queue, ce téléphone rouillé qui marche encore, et moi, au bout du fil, entier, dont le cœur battait et le sang grouillait, sous ma peau sèche, l’œil vif, le visage bariolé de vieillesse, de travail et d’envie.
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Éclaircie jaune mat sur ciel gris et pluie légère, résumé d’un état d’âme, les contours d’un instantané.
Le flou de la fatigue et de l’incertain de l’avenir est ce ciel gris, véritable voile d’une soie usée, désuète.
Le jaune s’impose comme un espoir net, presque invincible, éclatant mais dont le mat de son teint annule la vivacité de son éblouissement.
Taquine mais bénéfique, la pluie coule sur mes joues, celles-là mêmes d’un corps trop nourri, travaillé, et où se dessine le début de cernes petites mais ressenties.
Puis, par un spasme temporel, le bleu se découvrit, gratiné d’un passé fait de masses aériennes, presque noires, tâchées d’une orangée pâleur, les unes loin, les autres proches. Et des aplats faits d’oiseaux fous tapissent un horizon pareil au pétale d’un bluet, d’une largeur infinie, variant de citron à denim. Et rien n’est vert. Tout s’accorde.
Enfin, tournant la tête, on put voir un parapluie inutile très haut. Il menace nos existences faites de sucre et de fantasmes, de terre et de son. Le reste est présent.
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Nous ne pouvions respirer l’un à côté de l’autre, pas se poser. Il y avait quelque chose d’invisible, de choquant et de calme. Et tu le sais, je le sens que tu le tues.
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