7.L'affaire du tricot de corps 2 : BOUM !

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7.L'affaire du tricot de corps 2 : BOUM !


  • Le fil vert sur le bouton vert, le fil rouge sur le bouton jaune... A moins que ce ne soit l'inverse !
  • Prenez garde, Monnier, car si vous vous plantez, ça nous explosera à la figure et je ne serai même plus de ce monde pour vous réprimander.
  • Vous en avez de bonnes, vous ! J'aimerais bien vous y voir aussi. Et puis, vous vous en souvenez, vous, de la couleur du fil qui va sur le bouton jaune ?
  • Non, Monnier, mais je vous rappelle que c'est vous qui êtes le manuel de la bande... Ah, si seulement vous n'aviez pas égaré votre carnet à souche !
  • Mais c'est en poursuivant l'autre abruti que je l'ai perdu, mon carnet à souche !
  • L'autre abruti qui a eu le temps d'enclencher sa petite bombe...
  • Putain, mais c'est à cause de mes mocassins, ils me font un mal de chien aussi !
  • Dites donc, surveillez votre langage, Monnier ! Je suis votre supérieur tout de même...
  • C'est la merde, je vous dis ! Ca suinte d'humidité là-dedans, les circuits sont niqués de partout et le moindre petit court-jus peut tout nous faire péter à la gueule. Et puis j'ai cette saloperie de croissant de lune en pleine face, ça me fait un contre-jour dégueulasse et j'y vois que dalle !
  • C'est marrant parce que dès que vous vous énervez, Monnier, vous devenez grossier.
  • Je n'ai certes pas votre flegme légendaire, Commissaire, mais je puis vous assurer qu'un vent de panique ne va pas tarder à vous souffler dans les bronches à vous aussi...
  • Non mais dites donc, Monnier ! J'aimerais bien qu'à l'avenir vous cessiez ces familiarités avec moi.
  • Encore faudrait-il qu'on en ait un, d'avenir dans cette ville pourrie, noire comme la suie...
  • Plaît-il ?
  • Rien, je disais juste qu'on est sur le même bateau, vous et moi.
  • Oui, et j'aimerais autant que ce ne soit pas le Titanic, notre bateau, si vous voyez ce que je veux dire. Et puis, avouons-le tout de go, vous n'avez pas le charme de Kate Winslet...
  • Je ne savais pas que vous étiez du genre à fantasmer sur une actrice...
  • Je ne fantasme pas du tout sur cette actrice ! Enfin si, un peu...
  • Ah ah !
  • Mais c'est fini oui, de vous moquer de mes penchants pour cette exquise comédienne ? Eh bien oui, j'aime les femmes pulpeuses, les formes généreuses, pas les planches à pain qu'on trouve en première page des magazines people. Ah oui, vous pouvez rire, mais au moins, ma Kate Winslet ne triche pas : elle ne supporte pas qu'on retouche ses clichés via Photoshop ! Ca vous en bouche un coin, ça, hein !
  • Ca fait exactement sept ans, huit mois et vingt-sept jours que nous travaillons ensemble vous et moi, Commissaire, et c'est la première fois que vous vous laissez aller à des confidences...
  • Mais j'ai une certaine pudeur, figurez-vous ! Je ne suis pas comme vous, à étaler ma vie privée aux yeux et aux oreilles de tous. Oui, j'ai vu dix fois « Les noces rebelles » et au moins autant « La lectrice », j'ai même loué le DVD de « Divergente » parce qu'elle fait partie de la distribution du film, et alors ? Ca vous avance à quoi de le savoir ? Et puis cessez donc de ricaner comme ça, vous m'agacez, à la fin !
  • Excusez-moi, c'est nerveux. C'est juste que vous imaginer tout seul, avachi sur... votre canapé en tweed à vous... palucher comme un malade devant une scène torride...
  • En prince de Galles ! Mon canapé est en imprimé prince de Galles, pas en tweed!
  • Oh non, écoutez, j'en pleure ! Humm, non, pardonnez-moi, c'est vraiment nerveux en fait... Vous... Vous aurez au moins eu le mérite de dédramatiser...
  • Bon, ça suffit maintenant, Monnier ! Vous avez bien ri à mes dépends, on peut peut-être passer à autre chose, là, non ? Mais... Vous avez entendu ce bruit, Monnier ? Qu'est-ce que c'était ? Et ces chiffres rouges qui défilent à toute allure, là ? Monnier, vous avez touché le mauvais bouton avec le mauvais fil ou quoi ?
  • Non, Commissaire, je vous jure que je n'ai touché à rien...
  • Ne mentez pas, Monnier, ça ne vous servira pas à grand-chose puisque dans moins de trois minutes nous serons morts.
  • Mais puisque je vous dis que je n'ai touché à rien, bon sang !
  • Très bien, Monnier, très bien ! Ne vous mettez pas dans cet état et réfléchissons posément à la situation, au moyen de s'en sortir. Après tout, nous avons encore un peu plus de deux minutes cinquante avant que ça ne devienne vraiment critique.
  • Deux minutes et cinquante et une secondes pour être exact.
  • Plus maintenant...
  • Il faut absolument que je branche ces foutus fils, de suite !
  • Vous en êtes sûr ?
  • Oui, bien sûr que j'en suis sûr, bordel ! Il nous reste précisément deux minutes et quarante-trois secondes avant que tout saute, et je veux pas crever ici moi !
  • Tsss, tsss ! Cessez de jurer de la sorte, Monnier ! Faites comme moi, preuve de self-contrôle.
  • Je veux revoir mes gosses, Mademoiselle Rose, vous comprenez ?
  • Parce que vous fricotez encore avec Mademoiselle Rose ! C'est pas joli-joli tout ça...
  • Ce n'est pas plus déplacé que vous et vos fantasmes sur la plastique de Kate Winslet !
  • Laissez ma Kate en dehors de ça et concentrez-vous sur le problème ! Je vous signale que le temps nous est compté et qu'il file à l'allure d'un TGV Atlantique.
  • Vous avez raison, Commissaire, il n'y a pas une minute à perdre.
  • Effectivement, si vous nous enlevez encore une minute, on va être hyper ric et rac...
  • Oui, brancher les fils, faut brancher les fils... Allez, j'y vais !
  • Non, je vous l'interdis !
  • Si, c'est parti...
  • NON !
  • Le fil vert sur le bouton vert et le fil rouge...

BOUM !

  • Monnier, vous êtes là ? Monnier ?
  • Oui, oui, je suis là...
  • Qu'est-ce que vous avez encore fabriqué, Monnier ? C'est tout noir là-dedans, on ne voit même plus la lune dans le caniveau !
  • Ce sont les plombs qui ont sauté.
  • Comme dans « Titanic », quand le bateau finit par sombrer ? Oh mon Dieu !
  • Mais regardez, Commissaire, le compte à rebours s'est arrêté ! On est vivants, vivants !
  • Ah oui ! Beau boulot, Monnier, beau boulot ! Vous me ferez penser à le mentionner dans mon rapport...
  • Commissaire ? Où allez-vous comme ça ? Commissaire ?
  • Ben, je rentre chez moi, pourquoi ?
  • Et l'autre abruti, on ne va pas le laisser s'en tirer comme ça tout de même ?
  • Ecoutez, Monnier, j'ai eu ma dose d'émotions fortes pour la soirée. Je vais marcher un peu under the moon, ça me fera le plus grand bien. Et vous devriez en faire autant. Paris by night, c'est magnifique vous savez. Et puis demain, il fera jour.
  • Demain il fera jour, demain il fera jour... Demain, il sera loin oui !
  • Vous savez, Monnier, les méchants meurent toujours à la fin.
  • Pas dans « Titanic ».
  • Non, c'est vrai, pas dans « Titanic ».
  • Ni dans « Les noces rebelles » d'ailleurs...
  • Pas dans « Les noces rebelles » non plus, je vous l'accorde. Pffffff ! Oui, bon, les méchants ne meurent pas toujours à la fin ! Mais je suis fatigué, Monnier, FA-TI-GUE. Alors, je vais me coucher, et vous devriez en faire autant. Bonne nuit, Monnier.
  • Ouais, c'est ça, bonne nuit, Commissaire...

Me doutant que Monnier allait encore traîner dans le coin pendant un moment pour se griller une cigarette, je m'éloignais d'un bon pas lorsque j'entendis soudain une détonation.

BOUM !

Je haussai les épaules et poursuivis mon chemin. Monnier devrait savoir qu'on ne fume jamais à proximité d'explosifs, c'est dangereux. Un vrai môme, ce Monnier, je vous le dis...




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