49 – Tanner : Les plumes d’Icare

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Les pourparlers n’ont rien donné : s’obstinant dans leur action, les forces terroristes persistent sur leur position. Pire, leurs canonnières ont ouvert le feu à plusieurs reprises dans leur direction. Évidemment, à cette distance, difficile d’atteindre une cible, même au canon électrique.

Tanner se tient sur le pont de commandement du MemoryLegacy, l’un des porte-nefs les plus importants de sa flotte. Sanglé dans son siège, il observe l’écran holographique et examine le déploiement des forces en présences. L’engagement, encore timide, sera le plus important qui ait jamais eu lieu autour de Mercure.

L’amiral des forces militaires de Mars, donne le signal à travers son interface. Alors que sa flotte traverse le périmètre effectif des missiles et des chasseurs, les deux vaisseaux capitaux déploient leurs essaims. Des centaines de petits chasseurs de suprématie spatiale : des appareils autonomes dont la manœuvrabilité est certes inférieure à celle des missiles, mais qui forment un nuage protecteur à même d’intercepter toutes les armes guidées lancées par l’adversaire. Et noyé dans cette nuée, les bombardiers, avec leurs torpilles plasma, sont strictement indiscernables des autres appareils.

Plusieurs missiles convergent vers leur position : ils ont visiblement ciblé les deux porte-nefs en premier. La vingtaine de missiles, qui accélèrent en direction de la flotte, approchent du périmètre d’action de l’essaim. Des tirs de canons électriques sont détectés, mais avec les mouvements évasifs de la flotte martienne, ils n’atteignent rien. C’est trop tôt, considère Tanner, ces pauvres diables tentent un combat désespéré.

Les missiles des Dragons entrent dans le champ défensif et de nombreux chasseurs commencent à les prendre en chasse, provoquant des tourbillonnements dans le nuage affiché devant l’amiral. Une à une les bombes propulsées sont anéanties. La flotte approche de la zone à laquelle les canons électriques de Vranberg-Lytan commencent à poser un risque pour les vaisseaux capitaux. Tanner ordonne à la flotte de se scinder en deux et placer les vaisseaux mères à distance raisonnable.

C’est le moment d’envoyer les essaims. Les minuscules appareils sur son écran commencent à prendre de l’élan pour se diriger vers la flotte ennemie, couverts par les tirs des frégates d’artillerie qui déchaînent à leur tour leur canons à haute vélocité. Les trajectoires des munitions, tirées à des fractions de la vitesse de la lumière, s’affichent sur l’écran de commandement. Pour le moment, aucun n’a atteint quoi que ce soit.

Les chasseurs des essaims approchent du périmètre effectif des défenses de point adverses. De nombreux tirs rapportés par les appareils autonomes s’affichent comme une nouvelle nuée de points oranges sur l’interface. Tanner, extrait une vue zoomée du champ de bataille et la place à côté de la vue générale. C’est le début du travail de micro-gestion. Dans la salle autour de lui, les analystes et tacticiens de Mars envoient et coordonnent chaque unité engagée. Mais dans ce genre d’opération, il ne faut pas négliger le déroulement global.

L’autre porte-nefs se tient prêt au cas où il devrait prendre le commandement. Pour le moment, son équipage n’a pas la main sur l’essaim largué pour éviter des ordres contradictoires. Mais le vaisseau de plus de trois-cent mètres met sa puissance de calcul à contribution et relaie les données télémétriques obtenues de son côté. Avec les deux vaisseaux autant écartés, les mesures de parallaxes offrent une précision avantageuse.

Les premiers dégâts de la bataille sont infligés : trois chasseurs disparaissent des écrans et sont remplacés par de petites zones grises représentant la position estimée des nuages de débris. D’autres appareils tombent, mais, peu à peu, la ligne avant des défecteurs perd ses systèmes de défenses, laissant la ligne arrière plus vulnérable.

Un tir de canon électrique a atteint le GoodOmen, le second porte-nef. La munition a traversé le vaisseau de part en part et le rapport préliminaire des dégâts s’affiche à côté du vaisseau. Son intégrité n’est pas engagée, mais la munition est passée dans les baies de lancement bâbord ce qui compliquera la situation lors de la récupération des essaims. Bilan sentient inconnu.

La nuée de chasseur s’avance toujours comme remuée par les turbulences des manœuvres évasives. Les frégates d’artillerie martienne continuent d’arroser les forces adverses les contraignant à effectuer constamment des manœuvres d’évitement. À ce point de l’engagement, les canons électriques vont commencer à atteindre leurs cibles, si les chasseurs n’éliminent pas la menace avant.

Profitant des observations effectuées par la corvette de reconnaissance surnuméraire, Tanner constate que le front onusien progresse aussi. Les canonnières régulières des Nations Unies s’emploient à effectuer un bombardement orbital du camp avancé des défecteurs. Là aussi, la proposition de reddition a visiblement été refusée.

Observant la vue focalisée de la mêlée des coloniaux, Tanner remarque une corvette qui commence à s’extraire de la masse pour tenter de prendre la fuite. Marquant l’appareil sur sa carte stratégique, il attribue l’une des canonnières à sa neutralisation et au bout de quelques salves, les tracés jaunes des tirs relativistes relient la pièce d’artillerie au point représentant le fuyard. Dès le passage du premier tir, l’appareil cesse son accélération instantanément : il a été touché de plein fouet et vu l’extinction de toute activité à bord à ce moment, il semble que la salle des machines ait été atteinte. Peut-être même le réacteur. L’épave dérivant sans propulsion, l’amiral réaffecte la corvette à sa tâche initiale.

Alors que les chasseurs sont désormais sur l’arrière ligne, les informations des appareils sans pilote confirment les dégâts infligés à leurs adversaires : les défenses de point ont toutes été neutralisées de même que les canons principaux et les chasseurs se tiennent prêts à intercepter toute torpille qui serait larguée. En plus de ces objectifs purement militaires, la nuée a aussi désactivé tous les moteurs principaux et les antennes longue portée.

Le moment est venu de passer aux abordages et à l’arrestation de tous leurs équipages. Alors que la flotte martienne converge, les corvettes de soutien se préparent aux amarrages forcés tandis que les troupes abritées dans les deux impressionnants croiseurs se préparent à faire face à la probable résistance des troupes terroristes.

Les réparations à bord du GoodOmen ont commencé. L’assaut leur aura quand même coûté trente-cinq chasseurs, endommagés ou détruits. Un bien faible coût en comparaison de ce qu’auraient subie les forces onusiennes à leur place.

Satisfait, Tanner félicite les équipages des vaisseaux de sa petite flotte : la bataille de Mercure est terminée.

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