37 – Alice : Récupération

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Feyn l’a invitée à se placer sur le siège à côté de lui. Alors qu’il l’aide à s’installer, elle se rend compte que le pelage du raton laveur est extraordinairement doux. Bien qu’elle soit encore loin d’avoir récupéré ses forces, Alice ne ressent plus cet état misérable dans lequel elle était. Ses mains ne tremblent plus et sa vision arrive à maintenir une image nette. Elle porte encore ce bracelet moniteur qui lui rappelle à quel point elle a frôlé la mort, un anneau blanc en quatre parties reliées par des rubans élastiques noirs.

Solidement harnachée dans son siège, elle suit les procédures extérieures à travers les affichages des nombreuses caméras d’inspection de l’Akasha et des vues tridimensionnelles projetées à travers la réalité augmentée.

Le vol vers Otessa Orbitals s’est montré plus rapide qu’elle ne l’aurait imaginé. En revanche, les procédures de transfert du Mona Lisa semblent prendre une éternité : depuis plus de deux heures, Feyn coordonne les robots de l’Akasha avec les remorqueurs de la station. Pourtant, en observant les données devant Feyn, qu’il s’agisse de la position des robots et des vaisseaux sur la carte ou des paramètres de vitesse, pression, température et autres, Alice n’a pas l’impression que cette opération puisse être difficile.

Elle repense à ce que lui a dit le commandant quelques heures auparavant : l’interdiction de certaines technologies par la Terre rend certaines opérations très difficiles à effectuer. Quelque part, elle se demande à quoi ressemble la vie là-haut. Dans ces fameuses colonies extra-terrestres. Dans ce monde où ils ne craignent plus la mort.

Sur son siège, Tsadir s’est isolée. Elle communique avec les autorités de la station et semble résolue à prendre contact avec les plus hauts gradés à bord. À voir sa mine, ce n’est pas encore un succès. La Solar Wardner projette cette impression étrange : comme si la limite de l’homme et de la machine n’avait jamais existé. Jusque-là, elle n’a jamais vu la samouraï se séparer de ses sabres ce qui l’impressionne : qui se bat encore à l’arme blanche aujourd’hui ? Peut-être est-ce le symbole des Solar Wardners ?

Sur le link qu’on lui a donné, elle effectue une recherche : « Solar Wardners ». Immédiatement, le cache de données de l’Akasha lui renvoie de nombreux résultats. Le premier est l’espace d’accueil officiel du groupe. Divisé en plusieurs sous-espace, Alice se perd un peu dedans, errant notamment dans les sections dédiées aux interlocuteurs officiels rappelant les termes et les implications des amendements du traité des colonies. Lors de sa lecture initiale, Alice ne réalise pas qu’il s’agit du texte officiel. Loin de présenter la rigueur et l’incompréhensibilité du jargon juridique, le traité se contente d’exposer ses intentions avec une simplicité telle que pratiquement n’importe qui peut avoir une idée claire de son contenu.

Elle parvient finalement à une section dédiée au grand public qui décrit les Solar Wardners : un groupe indépendant de tout pouvoir politique dont la mission est d’œuvrer à la stabilité du système solaire. Ils sont chargés de défaire les complots, d’empêcher et d’enquêter sur des faits graves comme les attentats, les drames éthiques et tout ce qui permettrait à un groupe de nuire sévèrement à un autre. Il leur arrive aussi de servir de médiateurs lors de la résolution de certains conflits.

Les Solars Wardners sont reconnus à travers tout le système solaire et tous les signataires du traité des colonies ont l’obligation de répondre à leurs demandes, y compris lors de la réquisition d’agent ou de matériel. Ceci paraît très étrange à la jeune femme qui a l’impression que ce sont des gens qui sont placés au-dessus de tout.

Sur l’affichage global, les grandes « pattes » de l’Akasha commencent à se replier. Désormais, le vaisseau de Feyn est à nouveau libre. Après une imperceptible poussée, les deux vaisseaux s’éloignent lentement l’un de l’autre.

Toute une série de manœuvre apparaît sur l’interface. Alice fait le lien avec ses cours et voir ses connaissances théoriques être mises concrètement en œuvre a quelque chose de stimulant. À l’aide d’une nouvelle recherche sur son link, elle ouvre un logiciel de calcul et de traçage orbital. Feyn lui jette un coup d’œil et tente vainement de réfréner un sourire. Amicalement, il lui transmet les paramètres orbitaux pour qu’elle n’ait pas besoin de les recopier et observe la jeune femme reproduire ses calculs.

À mi-chemin, elle réalise alors qu’après tant d’années à étudier, la voici enfin parmi les étoiles, appliquant son savoir et réalisant le rêve de tant de monde resté là-bas.

Si seulement Nyanya était là !

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