18 – Iravat : Au plus près de l’étoile

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Les inventaires successifs des ressources de l’ONU n’ont eu de cesse de l’inquiéter. Partout, du matériel disparaît et beaucoup de ces disparitions ne sont pas signalées. Généralement, ce sont des armes, du petit calibre heureusement. Pour le gros calibre, Iravat est rassuré de voir que tous les cas qu’il a découverts ont été correctement traités et que les enquêtes appropriées sont menées.

Le général ne peut s’empêcher de noter quelques particularités locales. Par exemple, sur Terre, en plus des vols habituels, une grande quantité de matériel médical était porté disparu dans les régions les moins favorisées. Un constructeur universel y est aussi manquant, mais impossible de savoir s’il s’agit d’un vol ou d’une destruction accidentelle maquillée. Pour ce dernier cas, bien trop grave, Iravat a demandé une enquête en personne.

Sur la Lune et les installations orbitales, les vols et disparitions sont bien moins nombreux : leur confinement réduit les possibilités d’export et de revente ce qui limite l’intérêt des pillages des réserves. Dans ces secteurs, ce qui préoccupe le plus le général sont les importations des colonies. La saisie notamment de cet assistant domestique probablement commandé par un des inspecteurs russes dont la venue sur l’arsenal coïncide trop bien avec la livraison supposée de la créature. Pour ce qu’il en sait, ce « nevian » a été renvoyé dans les colonies. Les responsables de la saisie n’étant pas sûr de son statut là-bas, ils ne préféraient pas condamner une créature potentiellement considérée comme un citoyen par les corporations et risquer des complications diplomatiques.

Mais ce qui inquiète le plus Iravat est la situation sur Mercure. Si Sol6 s’est montré d’une grande transparence, au plus grand plaisir du général, il s’est surtout avéré qu’une frégate d’assaut et deux canonnières des Nations Unies ont bel et bien disparues sans aucun signalement. Après l’incident du Meerk, plus personne ne prend normalement la disparition d’un vaisseau de cette taille à la légère.

Il est temps pour le général de faire un tour d’inspection sur place.

Ressentant encore la nausée apparue après l’amarrage, le gradé passe par l’écoutille de sortie de la capsule de transport. De l’autre côté, une jeune femme à la peau noire et aux cheveux frisés attachés en arrière lui tend une main pour l’aider à passer l’ouverture. Elle a visiblement perçu son état de désorientation. Attrapant sa main et se laissant guider, Iravat lui demande : « Merci. Je vois que vous êtes de Sol6.

– Cadette Noterger, lui répond la jeune femme. Bienvenue à bord du Mona Lisa.

– Observatrice et prévenante, note-t-il. Vous irez loin, je pense. Ce sont des qualités importantes dans l’espace.

– Merci Général ! le remercie-t-elle avec sincérité.

– Oh, s’il vous plaît, vous n’êtes pas sous mes ordres, appelez-moi juste monsieur, ou monsieur Simh si vous préférez utiliser un patronyme.

– D’accord, Monsieur !

– Sauriez-vous où se trouvent mes quartiers ? Lui demande le général.

– Non, désolée, s’excuse la femme. Mais la commandante Zhang est sur la passerelle, je pense qu’elle sera heureuse de vous accueillir.

– Parfait, se réjouit l’homme. Accepteriez-vous de me guider, je ne connais pas du tout ce bâtiment.

– D’accord, Monsieur ! », termine la dame Noterger.

Flottant dans les airs sous l’effet de l’impesanteur, elle le guide en remontant la coursive éclairée par les lumières artificielles des deux rampes supérieures.

Le Mona Lisa est un vaisseau de transport modeste : à mi-chemin entre la corvette et la frégate. Absolument non armé, ce vaisseau de Sol6 est le seul à partir vers Mercure avant une semaine. Quelque part, le général se réjouit d’emprunter un appareil de la corporation : contrairement aux vaisseaux militaires, celui-ci est plus luxueux, encore que le terme ne soit pas vraiment approprié, et la présence limitée de militaires à proximité lui permet de se détendre un peu. Il sait bien entendu que son escorte est quelque part à bord en train de discuter avec le responsable de la sécurité.

Les voici sur la passerelle de commandement, la jeune femme l’introduit auprès de la commandante : « Commandante Zhang, voici le général Simh.

– Vous lui direz de… Oh le voici, réalise la femme aux commandes. Merci Alice, vous avez bien fait. Monsieur Simh, bienvenue à bord du Mona Lisa. »

La femme porte un uniforme similaire à celui de celle qui l’a accueilli à bord, mais elle le remplit bien moins. Elle semble en revanche bien plus sûre d’elle et semble tout à fait à son aise, assise dans son siège, sanglée. Elle donne un dernier ordre à la cadette : « Alice, merci. Allez aider les autres à charger les affaires des passagers.

– Bien commandante ! » confirme la jeune femme repartant dans l’autre sens avec une aise déconcertante.

Le général reporte son regard sur la commandante qui est visiblement en train de valider un certain nombre d’élément dans une liste de préparation incroyablement longue. Satisfaite, elle lui demande : « Que puis-je pour vous ?

– Je me demandais où se trouvaient mes quartiers, pour y installer mes affaires.

– Voyons, réfléchit la femme en déployant un plan annoté du vaisseau sur son écran. Vous êtes là, cabine C-1. Je vous ai réservé tout le pont C pour que vous soyez avec vos hommes. Ils doivent certainement être en train de s’installer d’ailleurs.

– Donc je remonte de cinq ponts et j’y suis… constate le général en observant le plan.

– Oui. J’aurais dû garder Alice sous le coude pour vous guider, déplore la femme.

– Ce n’est pas grave. Et puis, je ne suis qu’un passager, gardez vos troupes pour le vaisseau.

– Je suis désolée, j’avais en tête un accueil moins brouillon, mais l’une des capsules apportant des passagers accuse un retard au lancement de trois heures.

– Je comprends commandante, indique le général avec respect. Je vais me mettre en quête de la cabine. Bon courage pour vos préparatifs !

– Merci monsieur Simh. », lui dit-elle en revenant sur sa liste.

Alors qu’il sort de la passerelle en remontant l’échelle d’accès, le général ressent un petit pic de nausée lui rappelant qu’il est toujours dans l’espace. Au moins, cette fois, il n’est pas question d’y mener une guerre.

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