Chapitre 8

9 minutes de lecture

La semaine passa rapidement et le vendredi soir fut bientôt là.

Rose était excitée avant même de quitter sa chambre à l'idée d'aider Emi à préparer la fête. Elle repensa aux parents de la jeune fille en s'habillant. Lorsqu'elle leur avait annoncé qu'elle allait faire une soirée, ils s'étaient regardés puis avaient soupiré. Ils ne semblaient même pas surpris que leur fille ne leur ait pas demandé. Ils étaient vraiment chouettes, et heureusement pour eux, ils étaient très patients. Emi avait de la chance de les avoir.

Elle se mit en route en sautillant et arriva chez Emi une heure trente avant le début des festivités. Elle entra dans le salon et vit le travail déjà effectué. Elle en resta bouche-bée. Des guirlandes pendaient du plafond, et des banderoles de bienvenues ornaient les murs. Un énorme buffet occupait le côté droit de la salle, proposant des boissons, des sandwichs, et des confiseries de toutes sortes. Il était si appétissant que Rose dû résister de toute ses forces à l'envie de tout manger.

Elle n'eut pas le temps d'admirer la pièce plus longtemps car Emi lui sauta dessus. Elle piaillait, survoltée par la soirée à venir. Elle qui adorait jouer les marieuses allait avoir du boulot avec Dylan et Alice. Le jeune homme était très têtu et Alice ne parvenait pas à connecter deux neurones... Rose se reprit. Il ne fallait pas être méchante, la jeune fille n'avait pas eu la même chance qu'elle et la rouquine devrait être reconnaissante de ne pas lui ressembler, plutôt que de lui casser du sucre sur le dos.

-Rose chérie ? Ça va ?

Cette dernière se tourna vers sa meilleure amie et lui adressa un sourire resplendissant, espérant qu'elle n'avait pas compris ce à quoi elle pensait.

-Bien sûr ! J'aime tellement organiser des fêtes avec toi ! Et c'est tellement généreux de ta part de prendre la petite nouvelle sous tes ailes...

Elles finirent à deux d'installer les guirlandes en bavardant, avant d'aller se préparer. Il était sept heures, et les invités arrivaient à sept heures et demie. Après plusieurs minutes de tergiversations à propos de leurs vêtements, elles terminèrent de se préparer, veillant à ce que leurs tenues soient parfaites.

A l'heure pile, on sonna à la porte. Les invités étaient arrivés en groupe. Il y avait là Kaya, leur artiste d'amie, qui semblait encore plus effacée que d'habitude, suivie par Liam, Nathan, le délégué principal du lycée, qui courrait toujours partout et qu'on ne voyait par conséquent pas très souvent, et enfin les jumeaux Matt et Jacob. Ils étaient dans un lycée privé, et ils ne se voyaient du coup que lors des soirées et des sorties.

Rose et Emi échangèrent un regard. Il ne manquait plus que Dylan et Alice. Liam capta leur échange silencieux et les informa que le jeune homme arriverait sous peu. Quant à Alice, personne ne savait quand elle arriverait.

En les attendant, les amis se mirent à jouer à un jeu totalement stupide qui consistait à faire du saute-mouton en sac à patate. Emi était la seule à être motivée mais elle était tellement persuasive que tout le monde avait fini par s'y mettre. Et puis il était finalement assez amusant de voir Matt tenter de sauter au-dessus de son frère. Il finit par s'emmêler dans ses vêtements, et par s'écrouler sur le sol. Tout le monde éclata de rire. En plein milieu de leur fou rire, la sonnerie retenti. Après de nombreux grognements, Emi dut aller ouvrir, ce qui cassa quelque peu l'ambiance.

Cependant, ils recommencèrent leur jeu dès que l'importun fut entré. C'était même encore plus drôle maintenant que Dylan était là. Son air bougon et son manque d'entrain ne l'empêchèrent pas de participer, et il dû jouer avec Kaya. En fait, il dû lui sauter au-dessus. Il était littéralement hilarant de le voir tenter de franchir cet obstacle, formé par le dos de Kaya, et de voir la pauvre jeune fille, qui faisait presque la moitié de son poids, résister de toutes ses forces pour ne pas s'écrouler. Elle finit par céder, les deux s'écroulant l'un sur l'autre, et leurs amis repartirent dans un fou rire.

La sonnette de l'entrée retenti à nouveau. Emi se dépêcha d'aller ouvrir, totalement excitée. Dylan commença à sentir venir le coup fourré... Et lorsqu'elle revint avec Alice et Butler, il dû se retenir de l'étrangler. Les jumeaux, qui n'avaient encore jamais rencontré l'imposant garde du corps, semblaient ébahis. Les autres, ne s'y attendant pas, étaient surpris. Ils savaient bien que quelqu'un d'autre viendrait, mais ils ne pensaient pas à l'étrange nouvelle élève. Liam soupira en jetant un regard en coin à Emi. Lui aurait dû s'en douter. Il connaissait la passion de son amie pour l'accueil des nouveaux élèves. Il finit par se tourner vers la nouvelle venue.

Alice semblait toujours absente, mais elle était habillée différemment. Sa jupe plissée lui donnait un air sage, contrebalancé par son débardeur noir. Elle était vraiment belle avec ses longs cheveux noirs, ses immenses yeux bleus et sa taille fine. Même son visage neutre lui donnait un charme fou. Cette fille était réellement belle.

Elle entra dans le salon d'un pas lent, et, à leur plus grande surprise, elle leur fit un petit signe avant d'aller s'assoir dans un coin. Ils recommencèrent à jouer à divers jeux stupides, tel que le le combat de gros orteil - totalement impossible à maintenir et tout de même assez douloureux - ou le concours du plus beau rot. Alice ne prenait pas part à tout cela mais elle les observait distraitement. Au bout d'un moment, Dylan alla lui parler, rejoint bientôt par Kaya. Dylan finit par secouer la tête, agacé, et sorti sur le balcon. Alice se leva et alla le rejoindre. Liam, toujours dans le canapé après avoir été éliminé à la bataille de boule de neige sans neige, fixait les deux jeunes gens avec une certaine anxiété. Alice devrait éviter de s'approcher de Dylan, son mauvais caractère pouvait être un danger pour elle. Il fut interrompu dans ses réflexions par Emi.

-Allez les enfants, il est tard, il faut se coucher !! s'exclama-t-elle joyeusement.

Elle alla prévenir Alice et Dylan, qui revinrent avec elle, et elle réparti ses amis dans les différentes pièces. Elle installa Alice et Butler dans la chambre de sa sœur, où il y avait deux lits, puis elle scinda le groupe en deux. Elle envoya Dylan, Liam, Jacob et Nathan dans le salon et emmena Rose, Kaya et Matt dans sa chambre. Ces derniers se mirent à parler tous en même temps d'Alice. Matt avait été impressionné par son calme et l'avait trouvé très belle. Par contre, son garde du corps lui avait un peu fait froid dans le dos. Ils discutèrent jusque tard dans la nuit et finirent par s'endormir sur les coups de quatre heures du matin.

Ils furent réveillés par Butler, qui fouillait toutes les pièces de la maison. Emi fronça les sourcils, inquiète. Elle s'approcha de lui doucement :

-Que ce passe-t-il ?

-Mademoiselle a disparu ! Je l'ai cherchée dans toute la maison, je l'ai appelée mais elle ne répond pas. Il faut la retrouver au plus vite !

Butler faisait les cent pas devant eux, de plus en plus enclin à céder au stress. Il avait refusé de prévenir le père d'Alice de peur de provoquer chez lui un arrêt cardiaque. Il s'arrêta soudainement et se tourna vers les jeunes :

-Je vais avoir besoin de vous. Il faut retrouver Alice au plus vite, elle n'est pas capable de se débrouiller seule. Emilia et Rose, allez chercher autour de la place du marché, Jacob et Matt, allez voir du côté la galerie commerçante, Kaya et Nathan vont aller inspecter les alentours du lycée, et Liam et Dylan vont voir au parc. On se retrouve ici dans une heure. Et surtout, surtout, si vous la retrouvez, appelez-moi avant de l'approcher.

Ils hochèrent la tête et tout le monde parti à la recherche de la demoiselle, bien qu'ils ne comprennent pas réellement l'inquiétude de l'homme. Ils demandaient aux passants, allaient voir dans les recoins, mais rien n'y faisait, Alice était introuvable. Ils retournèrent au point de rendez-vous à la fin de l'heure. Personne ne l'avait trouvée. Soudain, Kaya leva la tête.

-Mais, il manque Liam et Dylan ! Ils l'ont peut-être retrouvée, souffla-t-elle timidement.

C'est à ce moment que Liam entra à son tour. Tous se tournèrent vers lui, le souffle coupé, en attente d'une bonne nouvelle. Liam demanda, haletant et désappointé :

-Dylan n'est pas avec vous ?

Et le désastre fut consommé. Butler était persuadé que, par sa faute, deux jeunes étaient perdus. D'autant plus que si Dylan s'était approché d'Alice alors qu'elle était en pleine crise de paranoïa, elle pouvait l'attaquer ! Il s'inquiétait mais n'avait plus le choix. Il fallait qu'il mette le docteur au courant. Il s'isola dans une pièce attenante et sélectionna le numéro. Lorsque son patron décrocha, il balbutia sans lui laisser le temps de parler :

-Monsieur, Alice a disparu. Elle est introuvable, nous l'avons cherchée pendant plus d'une heure mais rien n'y fait…

Isidore Virgile, de l'autre côté du téléphone, retint son souffle et se prit la tête entre les mains.

Butler sentit sa détresse et se mit à craindre le pire, non seulement pour Alice, mais aussi pour lui. Le professeur pouvait très bien le juger responsable de ce venait de se passer et le renvoyer. Butler le craignait car il était très attaché à la petite. Elle était certes instable, mais elle était également gentille, souriante et généralement très calme. Cette petite, qu'il ne voyait au début que comme une cliente étrange, était aujourd'hui ce qu'il avait de plus précieux.

-Nous la retrouverons, Butler, ne vous en faîtes pas. Et ce n'est pas votre faute, souffla-t-il d'une voix rauque.

L'appel se coupa juste après.

Butler sentit sa gorge se serrer. Il y avait dans la voix de l'homme une inquiétude et une fatalité qui le désolait.

Lorsqu'il revint dans le salon, Emi s'approcha de lui.

-Je suis vraiment désolée, je ne voulais pas que ça se passe comme ça. J'espérais qu'elle s'amuse...

Sa voix s'éteint doucement. Elle semblait au bord des larmes.

-Ne vous en faîtes pas mademoiselle. Cette situation aurait tout aussi bien pu arriver chez nous. Quand Alice décide de faire quelque chose, personne ne peut l'en empêcher.

La jeune fille baissa la tête, taraudée par un puissant sentiment de culpabilité. Pour ne rien arrangé, Dylan ne répondait pas. Son portable semblait éteint et personne ne répondait chez lui. Ses amis ne savaient plus quoi penser. Était-il rentré chez lui ? Ou avait-il des problèmes ?

Il pleuvait à présent des cordes, et Butler se mit à craindre pour la fragile santé de sa maîtresse.

Loin de ses amis, Dylan culpabilisait. Il se sentait responsable de la disparition d'Alice. Il n'aurait jamais dû s'énerver contre elle, mais ça avait été plus fort que lui. Il lui en voulait d'être aussi délicate et attirante. Il lui était plus facile de dire la détester plutôt que d'avouer que sa présence lui plaisait.

Et voilà qu'il se mettait à pleuvoir. La pauvre allait attraper une pneumonie par sa faute. Il se sentait inquiet pour elle, chose qui ne lui arrivait pas souvent, lui qui était du genre à vivre sans angoisses.

Il tourna vers l'aire de jeu du parc. A cette heure, et probablement à cause de la pluie, elle était totalement vide. Il allait passer son chemin lorsqu'il aperçut une frêle silhouette sur la plateforme du toboggan. Il eut un coup au cœur et se dirigea vers la personne, espérant que ce soit Alice.

C'était bien elle. Alice. Elle était là, la tête posée sur ses genoux, comme pour se protéger de quelque chose. Ses joues étaient couvertes de larmes. Elle était immobile. Ses larmes coulaient sans sanglots, comme si elle ne les sentait pas. Elle fixait le ciel, insensible aux gouttes d'eau qui la trempais. Sa robe épousait ses formes avec exactitude, ne laissant aucune place à l'imagination. Elle était... magnifique. Elle était d'une minceur incroyable, si bien que le jeune crut un instant qu'il avait mal vu. Elle paraissait en cet instant si fragile, comme si une seule poussée pouvait la casser. On aurait dit un petit ange solitaire, accablé par un passé trop lourd pour lui. Il sentit son cœur se serrer. Tellement triste...

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Eellva ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0