Le bébé assurance

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Mon sexy mari croit qu’avoir un bébé, c’est l’assurance d’avoir un mariage qui dure.

Il voyageait beaucoup pour son travail. On pouvait faire des jours sans se voir mais les retrouvailles étaient toujours magiques et explosives.

Un soir, au cours d’une de ses retrouvailles, alors que je m’attendais à un feu d’artifice digne de la fête nationale du 4 juillet, entre deux baisers, il me lâcha cette phrase :

- Et si on faisait un bébé.

- Quoi ? fut la seule chose à laquelle je pouvais répondre tout en bondissant hors du lit comme si un scorpion m’avait piqué la fesse.

Une fois debout, essayant de reprendre mes esprits et espérant que c’était juste une blague, il enchaîna :

- Sympa la réaction.

Là, je sentis la colère pointer son nez.

- Et tu t’attendais à quoi ?

- Je pensais que tu serais aussi enthousiaste que moi qu’on fasse des « mini-nous ».

- Maintenant ? J’ai vingt-un et je n’ai pas encore fini la fac. Dès que je finis, je commence le métier dont j’ai toujours rêvé de faire. Tu le savais et tu étais d’accord avec ça. Et toi-même tu commences à peine ta carrière.

- Je vois, tu te gardes une porte de sortie.

- C’est quoi encore cette histoire.

Comment étions-nous passés de retrouvailles explosives à disputes détonantes ? Aucune idée.

Il prit une profonde inspiration, se passa la main dans les cheveux, geste qu’il faisait quand il était stressé et quand il se sentait mal. Pendant une seconde, j’en fus émue et triste et je voulus le prendre dans mes bras mais je me rappelai que j’étais en colère contre lui. Alors je ne bougeai pas et attendis qu’il recommence à parler.

- J’ai toujours su que tu étais trop bien pour moi. J’attendais juste le moment où tu t’en rendrais compte toi-même et que tu déciderais de me quitter. Et tu viens de le confirmer en ne voulant pas t’engager à long terme avec moi en ayant un enfant. Si on veut vraiment on peut allier études, bébé et boulot. Beaucoup de personnes y arrivent. Pourquoi pas nous. Peut-être que si on a un enfant, même si tu ne me supportes plus, tu réfléchiras à deux fois avant de me tourner le dos.

Ma première réaction était de lui déclarer la troisième guerre mondiale avec lancée de bombes atomiques et tout, mais après réflexion et vu l’état de son désarroi, j’optai pour une méthode plus pacifique. Il avait besoin d’être rassuré et non fusillé.

Quand j’ai décidé de me marier à vingt ans, ma mère me répétait que si je m’engageais dans des problèmes d’adultes, j’allais devoir penser et agir comme une grande personne. A l’époque, je me disais que ce ne devait pas être si compliqué que ça puisque tout le monde le faisait. Je commençais à comprendre de quoi elle parlait.

Physiquement mon mari était canon. Oui je savais qu’on dira que c’était normal que je pense ainsi. Mais le nombre de filles au kilomètre carré qui gloussaient comme des dindes dès qu’elles le voyaient m’amenaient à penser que j’étais plutôt objective. Il pouvait se permettre de jouer au beau gosse sûr de lui mais au lieu de cela, paradoxalement et sans que je puisse me l’expliquer il était plein d’insécurités.

Je repartis m’asseoir sur le lit, lui tendit le bras et l’invita à venir près de moi.

- Chéri, tu ne crois pas sérieusement que tu peux m’attacher à toi en me faisant un bébé. Ça ne marche pas comme ça. Quand j’ai dit jusqu’à ce que la mort nous sépare, je le pensais même si tu n’es pas la personne la plus facile à vivre avec…

- Justement. Je le sais ça et tous les matins je m’étonne que tu sois toujours avec moi. Que tu m’aimes. Mais jusqu’à quand.

- Un bébé ne peut pas m’empêcher de m’en aller si je le veux vraiment. Un enfant consolide peut-être un mariage mais il n’est pas le ciment du couple. On doit être bien à deux pour être mieux en famille. Je ne vais nulle part et on aura une famille un jour mais pas maintenant quand nous même on apprend à faire fonctionner un mariage. On s’est marié parce qu’on s’aime mais nous sommes pratiquement encore des enfants nous-même et nous devons vivre tout ce qu’on a à vivre avant de passer à la prochaine étape.

Pour que mon argumentaire ait plus de poids, il fallait que je parle son langage. Alors, j’ajoutai :

- Avec un bébé, finit les voyages aux quatre coins de la planète et plus de câlins n’importe où, n’importe quand, n’importe comment. Ça deviendra le désert de Gobi, je dirais même…

- C’est bon, j’ai compris, m’arrêta-il. Je vais aller faire un tour, j’ai besoin de réfléchir.

Il revint deux heures plus tard et s’assit à côté de moi sur le lit.

- Tu en as mis du temps, commençai-je

- Au bout d’une demi-heure, j’avais envie de revenir mais j’avais peur d’avoir été très loin cette fois-ci et de trouver la maison vide. Je suis vraiment désolé d’avoir laissé encore une fois mes peurs prendre le dessus.

- Tu vois, je suis toujours là. Mais la prochaine fois que tu me reparleras d’un « bébé assurance », je ne te promets pas que tu reviennes me trouver.

- Je crois que j’ai compris qu’un bébé n’est pas gage d’un mariage durable mais plutôt le bonheur de sa femme. Alors, plus de disputes.

Il s’allongea à mes côtés et commença à m’embrasser.

- Tu sais, un éminent psychologue disait que les disputes renforcent les sentiments, essayais-je d’ajouter entre deux baisers.

- Le sexe aussi a ce pouvoir, me chuchota-il.

- Enfin !!!

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