Chapitre 4

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Nanoki et Daphné furent les dernières à arriver au gymnase. Tous ceux qu’elles avaient rencontrés au cours de cette recherche et découverte des lieux étaient réunis. Ils formaient un cercle au milieu du terrain.

Elles se jetèrent un regard avant de descendre les escaliers afin de les rejoindre.

Deux jeunes hommes étaient endormis.

— J’ordonne que tout le monde s’éloigne ! Il ne faudrait pas les brusquer à leur réveille !

Aussitôt les mots d’Aaron sortit de sa bouche, ils obéirent. Dans la précipitation, Timéo et Jessica s’emêlèrent les pieds et trébuchèrent.

Au même instant, les deux endormit grimaçèrent et ouvrirent les yeux. L’un des deux, qui possédait des piercings aux oreilles ainsi qu’à sa lèvres supérieure, resta immobile alors que ses yeux s’agitaient dans tous les sens.

L’autre, dont le tablier était à moitié détaché sauta sur ses pieds. Il regretta, pris de vertige.

— Qu’est-ce que.. je suis où là ? Vous êtes qui ? Si c’est vous qui m’avez enlevé, vous allez le regretter je vous l’assure !

— Calme toi, fit Anaïs. On est aussi perdu que toi, mais on va bientôt avoir des réponses, une voix nous a dit qu’elle nous les donnerez.

Comme pour confirmer ses dires, il y eut une distorsion dans l’air et une partie du gymnase sembla grésiller.

Tous étaient tournés vers cet endroit, les yeux grands ouverts.

Deux silhouettes se formèrent, d’abord de façon vague, puis les traits devinrent de plus en plus clair.

Lorsque tout redevint normal, devant eux se tenait deux robots humanoïdes. Les yeux de tous s’ouvrirent encore plus grands. Nanoki avait la bouche grande ouverte. Elle se croyait dans un film fantastique dans lequel les personnages pouvaient se téléporter.

Le premier robot à apparaître dont les couleurs claires aveuglaient presque les seize personnes présentes avait l'apparence d’un garçon. Contrairement à l’autre robot dont les couleurs sombres faisait ressortir ses yeux blancs avait l’apparence d’une fille.

Le premier qui se mettait plus en avant que sa compagne, arborait un sourire à glacer le sang. Elle en revanche, se dissimuler dans l’ombre du premier.

— Bien, par quoi on commence, Kuro ? demanda le premier.

— Par les bases, Shiro… j’imagine…

Shiro trépignait d’impatience, alors que Kuro jouait avec une mèche de ses cheveux robotiques.

— Evidemment ! (il se racla la gorge) Vous êtes enfermés dans cette forêt ! Une barrière invisible vous bloquera le passage. Vous êtes piégés ici…

Son sourire s’agrandit au fur et à mesure que les yeux des seize personnes s’écarquillaient.

La théorie de la caméra cachée qui ne tenait que sur un fil devenait maintenant improbable, bien que Nanoki espérait toujours au fond que cette théorie s’avérait vraie. Ou bien elle avait mal entendu ce que le robot venait de dire et, lorsqu’il allait répété — parce qu’il allait forcément répéter pour mettre les choses au clair — elle se rendrait compte qu’il s’agissait d’une toute autre chose.

— Néanmoins… si vous tenez tant à sortir, il se pourrait qu’il reste une dernière option… fit Shiro avec nonchalance.

Nanoki et les autres tendirent l’oreille, les yeux brillants. Cependant, Shiro semblait se satisfaire de leur impatience grandissante et se contentait de sourire et d’attendre.

— Bas vas-y, dis le ! J’ai pas envie de rester enfermé ici avec de gros nazes comme eux ! Faut que je retrouve mes potes ! lança celui avec le tablier que personne encore ne connaissait.

Shiro fut pris d’un fou rire incontrôlable qui donna à tous un frisson d’effroi.

— Shiro, murmura Kuro d’un air suppliant.

Celui-ci se tourna vers Kuro et roula des yeux en soupirant. Il se tint droit comme une allumette, se racla la gorge avant d’annoncer solennellement ce à quoi personne ne voudrait croire.

— Si vous tenez tant à sortir, il vous faudra commettre le meurtre parfait…

Nanoki cligna plusieurs fois des yeux et se demanda si son audition ne lui jouait pas de tour. Un meurte ? Cela voulait dire tuer quelqu’un ? N’y avait-il pas d'autres solutions ? Cela devait forcément être une blague ! Des caméramans n’allaient pas tarder à sortir de nul par afin de leur confirmer que tout était faux avant de les conduire à la sortie.

Et puis, une barrière invisible ? Malgré les effets spéciaux convaincants, ils n’étaient pas dans un film.

Cependant, elle avait beau attendre, tourner la tête dans tous les sens pour trouver les cachettes des caméraman, comme quelques autres personnes qui refusaient d’y croire… les caméramans ne se dévoilèrent pas.

La vérité les frappa de plein fouet. Ils étaient séquestrés ici et devaient tuer l’un d’eux afin de quitter cette endroit.

Nanoki rêvait depuis longtemps d’être l'héroïne d'aventures trépidantes… mais elle ne voulait pas qu’elles soient sanglantes !

— Mais comment on tue quelqu’un ? Vous allez nous donner des armes ? Types armes à feu, comme dans un jeu vidéo ?

— Oh non non non ! s’enquit Shiro. Vous devrez être un peu plus créatif que ça ! Bien sûr, vous pouvez utiliser un bon vieux couteau de cuisine, mais absolument tout ici peut vous servir d’arme ! Enfin, presque tout. Ne vous inquiétez pas…

Un cri le stoppa dans sa phrase. La seconde d’après, celui qui, plus tôt, disait vouloir retrouver ses potes se jeta sur lui pour l’insulter de tous les noms et le secouer dans tous les sens.

Shiro resta calme, un simple sourire aux lèvres. Mais lorsque le jeune homme leva le poings, le robot le perdit et laissa s’échapper un soupir.

— Et bien, Randy, tu ne me laisses pas le choix…

Celui qui s’appelait donc Randy, fronça les sourcils et se stoppa dans ses gestes ainsi que dans ses jurons.

Lou se précipita vers eux, sépara Randy du robot avant de le pousser le plus loin possible. Juste à temps, car avant même qu’il ne touchât le sol, il explosa.

Randy écarquilla les yeux, puis tomba à la renverse.

— Cela t’apprendra d’agir sans réfléchir. C’était évident que tu ne t’en sortirais pas indemne en t’en prenant à eux, se moqua Léo.

Le concerné ne répondit pas, toujours sous le choc.

Il y eut une nouvelle distorsion dans l’air et Shiro réapparut comme si de rien n’était.

— Vous allez devoir tuer dans les règles que nous vous imposons. Commettre un meurtre ne suffit pas, en fait, le plus important c’est de survivre au procès. Ne vous inquiétez pas, tout ce que vous devez savoir est inscrit dans votre tablette. Vous voyez le petit écran sur votre bracelet ? C’est votre tablette.

Nanoki amena son poignet à son visage pour constater qu’en effet, un petit écran était accroché dessus.

— Pour la consulter, il faut déjà la récupérer, ce qui est très simple car elle s’enlève comme une pile. Il faudra ensuite appuyer sur le bouton qui s’affichera à l’écran et la tablette s’agrandira. Voilà, la suite est très instinctive, vous saurez vous débrouiller. Nous, on s’en va ! Entretuez vous bien… lança-t-il dans un rire avant de disparaître.

Kuro, elle resta encore un peu. Elle observa chacun d’entre eux, comme si elle aussi n’aimait pas cette situation. Pourtant, ce robot avait été créé par le ou la responsable, non ?

— Avant de faire quoi que ce soit, vous devriez lire le règlement. Ne pas les connaître n’est pas une excuse acceptable si vous les enfreignez… Mon frère n’a rien dit, évidemment, j’imagine que ça l’arrangerait si vous faîtes une bêtise… Donc, voilà…

Sans attendre de réponse, elle disparut à son tour.

Shiro était clairement détestable et surtout il faisait frissonner d’horreur Nanoki et, supposait-elle, les autres victimes de ce jeu macabre. Son ressenti vis à vis de Kuro était différent. C’était comme si, à l’instar de tous ceux ici, elle était là contre son gré.

Ce qui n’était pas normal. Qui l’avait créé ? L’instigateur ? Quelqu’un qui cherchait à les aider ? Ou bien il s’agissait d’un piège ; faire en sorte qu’ils aient confiance en elle pour qu’elle les poignarde dans le dos.

— Je suis désolé ! s’écria Timéo, les larmes aux yeux. C’est de ma faute si vous êtes là !

Sa sœur le prit dans ses bras et lui caressa les cheveux.

— Tu n’es pas responsable… tu es une victime toi aussi.

— C’est la faute de ma malchance… j’ai du vous contaminer…

— Une capacité n’est pas contagieuse, rappela Noémie.

Nanoki se tourna vers elle. Bien qu’elle l’avait déjà rencontré, c’était la première fois qu’elle entendait sa voix. C’était dommage, elle était agréable à entendre. Ce qui la perturba, en revanche, fut son expression. Elle paraissait vide. Ses yeux n’exprimait rien. S'ils ne possédaient pas cette lueur spéciale, Nanoki aurait pensé qu’elle était morte.

Cette pensée la fit frissonner.

Le seul qui restait dont personne ne connaissait le nom ni la voix se mit en position foetale, se balançant d’avant en arrière. Ses lèvres bougeaient, mais il parlait trop doucement pour que la karatéka l’entendît. Elle se rapprocha afin que ces dernières fussent plus claires.

— Respire, Kaïs, respire. Tu vas pas mourir. Tout va bien se passer. Si tu restes loin de tout le monde, il ne t’arrivera rien.

Il laissa quelques rires nerveux s’échapper de sa gorge.

Nanoki préféra s’éloigner.

Jessica l’imita, agrippant ses cheveux aussi fort que possible. Randy, lui était toujours au sol, jusqu’à ce que Célia lui tendit la main pour l’aider à se lever.

— Rien ne nous assure qu’il n’y a pas une ou plusieurs sortie secrète ! Vérifions cette barrière ! lança Aaron.

— Attends ! intervint Lou. Comme la dit Kuro, on doit lire les règles avant. La prochaine fois qu’on les enfreint, il ne sera pas aussi indulgent.

— T’appelle ça indulgent ? J’ai faillit mourir dans une explosion, putain !

Malgré son ton qui se voulait dur, il ne parvint pas à cacher quelque trémolos dans sa voix.

— Ce que je veux dire, c’est qu’il a surtout fait ça pour nous faire peur. La prochaine fois, il fera en sorte qu’on ne puisse pas s’en sortir.

Randy croisa les bras et lui jeta un regard dubitatif.

Tous firent abstraction et suivirent les instructions de Shiro afin de récupérer leur tablette. Un menu s’afficha alors comportant les cases “Plan”, “Bloc Note”, “Règlement” ainsi que “Procès”. La curiosité de connaître les autres options ainsi que l'appréhension de découvrir de nouvelles horreurs submergea Nanoki. Cependant, elle se concentra sur ce qui était important sur le moment et sélectionna donc le règlement.

Règle n°1 : Interdiction de tuer plus de deux personnes ou vous serez sanctionné.

Règle n°2 : Interdiction d’entrer dans le réfectoire pendant la période de nuit ou vous serez sanctionné.

Règle n°3 : La période de nuit est entre 22 heures et 7 heures.

Règle n°4 : Pour sortir de la forêt, il faut commettre le meurtre parfait.

Règle n°5 : Après que trois personnes aient découvert le corps, un temps limité sera donné pour enquêter.

Règle n°6 : Suite à l’enquête, les survivants devront obligatoirement participer à un procès où vous débattrez pour trouver le coupable.

Règle n°7 : A la fin du procès, vous devrez voter pour le coupable via votre tablette. Si la majorité se trompe, tout le monde excepté le coupable sera sanctionné. Dans le cas contraire, seul le coupable sera sanctionné.

Règle n°8 : La nourriture et les matériaux seront redistribués en cas de besoin.

Règle n°9 : Kuro et Shiro ne peuvent ni commettre ni interférer avec un meurtre. Ils sont impartiaux, il n’aideront ni le coupable, ni les innocents.

Règle n°10 : La violence contre Kuro et Shiro est interdite.

Règles n°11 : Ce qui vous retient ici est votre bracelet, il est incassable et waterproof, il vous sera enlevé si vous survivez au procès.

Règle n°12 : Enfreindre une règle est passible d’une sanction.

Règle n°13 : Sanction = exécution.

Au fur et à mesure que la lecture des règles, Nanoki blêmissait à tel point qu’elle était désormais semblable à un cadavre. En espérant qu’elle ne le devindrait pas.

Ces règles étaient totalement absurdes, elle ne pouvait juste pas concevoir que tout cela était vrai. Elle relut le règlement une dizaine de fois. Peut-être plus. Elle n’avait pas eu la fois de compter. Cependant, ce n’était pas pas suffisant.

Si elle continuait elle finirait par découvrir un message codé qui prouverait qu’il s’agissait d’une blague pas drôle et trop poussée auquel elle rirait non seulement pour ne pas vexer les organisateurs et surtout car lorsque la pression redescendrait, même un ivrogne aurait peur d’elle.

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