Le travail d'équipe de gymnastique verbale avec cette chère Léa Collins

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Avec le soutien de  J. Atarashi, Fred Larsen 
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 Martine s'essuya le front avec son avant-bras. Elle avait, comme tous les matins, fini de briquer la maison. Elle jeta un œil satisfait sur son intérieur impeccablement rangé. Son adorable mari était au travail, ses enfants à l'école, elle avait devant elle quelques heures de liberté. Qu'allait-elle en faire ?

 Ce vendredi c'était son jour, elle avait des heures à poser qui allaient se perdre. Elle se l'était donc réservé pour faire tourner la maison comme d'habitude et souffler un peu pour une fois.

 Liberté, voilà un bien un mot que Martine avait l'impression de ne pas avoir réellement connu. Jusqu'ici, elle avait été une enfant facile, une amie docile, une femme attentive, se pliant en quatre, parfois même en dix-huit, pour satisfaire tout le monde qui l'entourait.

 Et là, voilà qu'une opportunité s'offrait à elle. Quelques heures de répit dans une organisation quasi militaire, quelques heures bénites dont elle ne savait réellement pas quoi faire. Etonnée, elle s'assit dans son canapé, se creusant les méninges pour trouver comment employer ce temps précieux.

 Et puis elle se souvint. Du haut de ses vingt printemps, pendant sa vie étudiante, Martine avait aimé écrire. Beaucoup. De tout, de rien, mélangeant les styles et les genres. Son espace de liberté, le seul, parmi les harassantes révisions qu'elle s'infligeait pour maintenir à flots ses notes.

 Oui, l'écriture était un espace de liberté mais aujourd'hui elle avait envie de plus. C'est bien de s'évader dans les mots mais les vivre ça doit être vraiment autre chose... Prise d'une impulsion soudaine, elle décida d'aller se promener. En y réfléchissant, elle ne se souvenait même pas de la dernière fois qu'elle avait fait une entorse à sa routine pour aller prendre l'air seule…

 Il faisait beau dehors et, comme elle pouvait s'y attendre, il n'y avait pas grand monde. Seules des personnes retraitées et quelques mères de famille avec des tout petits semblaient de sortie ce jour-là. Marchant sans trop savoir vers où, Martine finit par opter pour une direction précise. Elle avait en tête un petit chemin de randonnée magnifique, qu'elle n'avait pas emprunté depuis des mois, peut-être même des années. Il était peu connu des gens du coin, et cela lui allait parfaitement. Martine avait besoin de la solitude intérieure de ceux qui ont trop laissé les autres parler à leur place.

 Elle humait avec délice l'odeur de l'herbe coupée mêlée au parfum du lilas, sa fleur préférée. Le soleil filtrait à travers les feuillages des arbres bordant le chemin dans un jeu d'ombre et de lumière apaisant. Les oiseaux chantaient. Elle se sentait bien. Elle avisa un banc au bord de l'eau et décida de s'y installer.

 La petite voix de la culpabilité lui souffla à l'oreille la liste des tâches en souffrance qu'elle n'était pas en train d'accomplir en perdant son temps dans cet endroit paisible :

– Qu'est-ce que tu fiches ici ? Tu sais qu'il y a le repas de dimanche midi à prévoir ? Il n'y aura sans doute pas assez de riz, il faudrait refaire des courses, pour être sûr. La véranda a besoin d'un coup de balai aussi, et il y a longtemps que le congélateur n'a pas été dégivré. Puis trier les vêtements des enfants, tu comptes t'en occuper un jour ? Ils grandissent, il serait temps de mettre les affaires trop petites à la cave. Pas au grenier, non, depuis le temps qu'il aurait dû être rangé celui-là ... Pourquoi paresser au soleil ? A quoi bon ? Tu n'as pas assez de retard comme ça ? Il n'y a pas de temps à perdre, jamais, et c'est pourtant bien ce que tu fais. Tu sacrifies du temps, à mauvais escient, sans contrepartie. Lève-toi, idiote, et rentre chez toi. Les contraintes avant le plaisir. Il ne sert à rien le plaisir. Mets-le au placard, et sors l'aspirateur à la place !

– Non ! Tu donnes depuis des années, de ton temps, de ta disponibilité, de ton énergie, de ton amour, sans compter, inlassablement ! Tu as le droit à un peu de liberté, de temps pour toi, pour t'aimer ! Tu n'en as pas marre d'étouffer dans ce cocon trop étroit ?! Tu n'as pas envie de t'échapper, de vivre enfin pour toi ?!

– M'échapper de quoi ? De la vie que j'ai voulue ? Construite ? Assemblée ? De cette sécurité profonde qu'est mon quotidien, ma routine, où tout est organisé, réfléchi, calme ? Quelle idée ! Je sais à quoi m'en tenir, chaque jour ressemble au précédent, aucune peur à avoir ! Les décisions sont faciles, je suis aimée, utile, indispensable. A ceux que j'aime et à la société. J'ai l'existence rêvée par des milliers de gens, l'agréable sentiment de savoir que j'ai trouvé ma place dans ce monde foutrac. La stabilité, c'est apaisant. Rassurant. Les bases d'un édifice solide qui ne s'écroulera pas. Cette vie, ce n'est pas un cocon étroit, comme tu dis, c'est un château qui protège des tempêtes, une armure contre les complications extérieures.

– Justement, parlons-en de cette vie parfaite ! Oui, tu as coché toutes les cases, tu as tout ce qu'on peut vouloir, tout est planifié, millimétré, anticipé... Quelle saveur ça a tout ça ? Tu te souviens quand tu vivais vraiment ? Quand tu ressentais de la joie à ce que tu faisais, quand tu jouissais de la vie ? D'ailleurs c'est quand la dernière fois que tu as joui ? Non, pas en missionnaire sur trois minutes, un vrai bel orgasme qui laisse essoufflée, le corps alangui ?

– C'est dingue, ça, tu ramènes toujours tout au sexe, bordel ! Comme si y'avait que ça de vrai ! Un orgasme et un corps alangui ? La belle affaire ! Et on fait quoi de son existence avec ça ? Pute ? Laisse-moi rire ! Jouir de la vie, ce n'est pas forcément rechercher l'intensité partout ! Mets toi ça dans ta cervelle de nymphomane cachée ! C'est se satisfaire de petites choses, de ce qu'on a, d'un sourire, d'un café. C'est la sérénité intérieure, le vrai plaisir ! La paix de l'âme et de l'esprit ! Pas les shoot hormonaux d'une bête partie de jambes en l'air ! Ça ne dure pas, ça. Ta vie paisible, si. La paix de l'âme ne s'obtient que si on se sent en sécurité. Pour ça, il faut savoir où on met les pieds, anticiper les choses pour ne pas prendre de risques inconsidérés, millimétrer les paramètres pour ne pas se noyer en eaux troubles. Et toi, tu me proposes du cul à la place ? Tu n'es pas sérieuse ?

– Oui je suis très sérieuse ! J'ai besoin de me sentir vivante, d'avoir des sensations fortes ! De ressentir, bordel ! C'est quoi ma vie aujourd'hui ? Faire que tout soit parfait et attendre, attendre, attendre après tout le monde... Pour faire de nouvelles corvées. Non vraiment j'ai besoin de vivre autre chose. Juste une bouffée d'oxygène…

– Achète-toi une bouteille de plongée, bien chargée en O2, et inspire un coup, va. Tu vas planer un peu, puisque visiblement c'est tout ce qui t'intéresse, et retourneras à tes occupations sérieuses, intéressantes, et indispensables. La vraie vie, quoi, petite rêveuse ! Marché conclu ? De toute façon, tu veux quoi au juste ? Sauter en parachute ? Élever des pingouins dans le Larzac ? Une passion torride sans lendemain ? Un rail de coke ? Tu vois je suis sûre que t'as aucune idée de ce que tu cherches réellement…

– Tu deviens cynique ! Comme si je n'avais pas le droit au bonheur ! Tu as raison, je recherche un peu tout ça. Simplement une autre raison de vivre que pour les enfants et le gentil mari. C'est trop demander ?

– Franchement ? Oui. T'es jamais contente. Tu penses vraiment l'être en allant voir si l'herbe est plus verte ailleurs ? Paradis artificiels ? Contrees orgasmiques ? Communion avec la nature ? Pauvre naïve…

 C'est au moment de cette dispute intérieure que son portable lui indiqua un message. C'était Jean-Pierre : "Vu que t'as rien à faire aujourd'hui, faut passer au pressing récupérer ma veste. Si tu peux aussi acheter des fleurs pour mon dîner de ce soir, ça m'évitera de faire un détour. Arrange-toi pour que les enfants aient mangé quand je rentre. Je vais avoir besoin de me poser avant mon dîner d'affaires."

– Bon, d'accord, je dois avouer, il abuse un peu. Me regarde pas comme ça, petit angelot épris de liberté, je ne suis pas obtuse non plus ! Allez, dis m'en plus, si tu devais t'accorder un truc, un seul, un tout petit truc, ça serait quoi ?

– Un seul... C'est dur de choisir... Un seul…

– Dépêche toi on n'a pas toute la journée, enfin si, mais bon, tu m'as comprise.

– Je sais ! Passer quelques heures aux thermes : la chaleur de l'eau, le sauna ou le hammam, un massage peut-être ?

– Euh, tu me parles de sexe, d'orgasmes, de corps alangui et tout ce que tu trouves à faire c'est ... ça ? Mais bon, vas-y. Finalement, ça me va, c'est pas aussi terrible que je l'aurais cru…

– Ben c'est pas comme si j'avais quelqu'un de précis en tête et sous la main pour m'envoyer en l'air. Alors les thermes pour le corps alangui c'est déjà un début…

– Eh bien, allons-y. Et traîne pas trop, ça serait quand même pas mal de pouvoir faire le truc du pressing ... il bosse beaucoup ton mari, il faut bien le reconnaître, ça lui fera plaisir cette petite attention. Alors, on a un deal ? Les thermes et le pressing ?

– Ok. conclut-elle en se levant, bien décidée à s'offrir ce bon temps le plus vite possible.

 Apaisée et heureuse d'avoir trouvé un compromis, Martine se dirigea vers un célèbre établissement de sa ville, qui offrait des prestations vantées par ses amies et collègues. D'après les dires de toutes, le hammam était d'une humidité agréable, le sauna parfaitement chaud, et les massages réellement délicieux

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Table des matières

En réponse au défi

Le travail d'équipe... Gymnastique et joute verbale. Troisième édition !

Lancé par EruxulSin

 Bonjoir et bonsour à tous ! Excellent mercredi à vous par ailleurs.

 Je commence par un remerciement à tous mes cuisiniers, alchimistes ou sentimentalistes de la semaine précédente, qui m'ont régalé de leurs recettes si brillamment proposées et rédigées ! Bientôt, vous pourrez j'en suis certain, écrire votre propre bouquin de préparation : Osmose et prose, tout savoir ; Comment former un être maléfique.

 Bref, merci encore et félicitations à vous tous.

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 D'habitude (je suis ponctuel) je vous proposais un défi axé sur l'écho de votre inspiration seule et personnelle, mais cette fois-ci, en avant pour le travail d'équipe ! Pour certains vous étiez au courant et avez peut-être déjà préparé le terrain en fomentant de terribles alliances, pour les autres, c'était la surprise.

 En effet, vous allez devoir répondre à ma provocation en duel, non pas seul(e) mais accompagné(e) !  

 Trouvez une personne, proposez-lui d'écrire un texte avec elle, et c'est parti. Il faut savoir que vous n'êtes pas limité à une seule participation, mais bien à autant que vous le voudrez (afin de pouvoir réaliser plusieurs alliances, si le cœur vous en dit) !

 L'idée est d'effectuer un dialogue (ou un simple texte) se voyant opposer deux idées que vous personnifierez et incarnerez.

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Je n'impose aucune limite que cela soit : en matière du genre que vous utiliserez, ou même de la longueur de votre réponse à ce défi. Régalez-nous tous !

 Vous aurez compris que deux styles d'écriture vont se mélanger, et que l'exercice peut parfois s'avérer être complexe, mais cela vous permettra aussi de mettre en avant votre adaptabilité et votre habilité à composer à deux !

 Excellentes alliances à vous, et bonnes écritures par la-même !

 Et encore désolé pour mon retard... Petite précision, ce challenge à deux, vous avez deux semaines, pour éxécuter le plus de mélanges stylistiques différents, avec la ou les personnes de votre choix.

 Je répondrai - bien sûr - positivement à toute demande de participation que vous me ferez !

Commentaires & Discussions

Desperate HouswifeChapitre19 messages | 3 ans

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