Chapitre 2

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Cela faisait quelques jours que Julie avait rencontré Marie. Au début, elle reprit sa vie comme avant, mais, à sa dernière session de méditation, leur conversation lui était revenue en mémoire. Quelque chose la troublait, mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Peu importe après tout, elle repris ses exercices de respiration comme toutes les autres fois.

Le mardi suivant, elle pensa à Marie, mais décida qu'elle avait bien trop de choses à faire que d'y aller. La même chose se reproduit plusieurs semaines de suite. Jusqu'à ce fameux cours de méditation. Ce soir-là, il y avait de nouveaux élèves et leur coach prit le temps d'expliquer les principes de base de la méditation. Et cette fois-ci, elle aborda également la notion d'évolution spirituelle. Elle l'avait peut-être déjà fait précédemment, mais Julie n'en gardait aucun souvenir. Ce qu'elle dit eut un impact profond : « La méditation est un outil pour mieux se connaître, et aussi pour accélérer son évolution spirituelle. En effet, on peut penser que la méditation consiste à stopper le flux de ses pensées. Et c'est évidemment une des utilités de la méditation. Pourtant, il y en a une autre. En méditant, on observe nos pensées, on les laisse partir. Et justement, en les observant, on les porte à la conscience et, lorsqu'une pensée revient encore et encore, elle peut nous indiquer une piste à explorer pour notre évolution. Ainsi, la méditation est un moyen de nous faire évoluer. »

Sans vraiment comprendre comment, le mardi suivant, Julie était à nouveau au parc, marchant en direction du banc. Marie était assise là, tranquillement, semblant encore l'attendre.

– Bonjour Marie.

– Bonjour Julie.

– Je suis désolée, je ne suis pas venue les autres semaines.

– C'est toujours comme ça au début. Je suis contente que tu sois revenue. Dis-moi, qu'est-ce qui t'a poussée à revenir ?

– C'est une chose qu'à dite ma prof de méditation. Au sujet des pensées récurrentes. Comme celle qui m'a amenée ici la première fois. 

– Oui, bien sûr. Que voudrais-tu savoir ?

– Pourquoi ça m'arrive à moi ?

– Oh, ça peut arriver à tout le monde. Il suffit de savoir trouver les signes.

– Mais la majorité ne le fait pas. Je n'ai jamais entendu personne parler de ça, à part toi, Marie, et ma prof de méditation.

– Tu as raison. Beaucoup de gens se contentent de leur quotidien, ne cherchent pas à évoluer spirituellement. Tout du moins jusqu'au moment où il se produit un déclic. Pour certain, c'est la perte d'un emploi, un ennui de santé. Et dans d'autres cas, comme le tiens, un événement qui déclenche le changement. Comme ton inscription au cours de méditation. Si tu l'as fait, c'est que quelque chose s'est passé qui t'y a poussée. 

– Maintenant que tu le dis, c'est vrai, je me suis inscrite au cours de méditation car je cherchais un outil pour m'aider à gérer le stress. 

– C'est intéressant. Donc tu avais des soucis avec le stress et tu as cherché un moyen de le gérer. C'est effectivement une possibilité. Mais ça ne résout pas le problème de base.

– Je ne vois pas de quel problème tu parles ?

– Vraiment, tu ne vois pas ? Je vais essayer de t'expliquer. Tu vis une situation qui génère du stress pour toi. Comme tu as du mal à le gérer, tu cherches une solution : tu t'inscris à un cours de méditation. Mais as-tu essayé de te poser la question à l'envers ? Je m'explique : plutôt que de gérer le stress qui te fatigue, pourquoi ne pas chercher à identifier la cause de ce stress et soigner le mal à la racine ?

– Mais c'est impossible !

– Impossible ? Explique-moi s'il te plaît.

– C'est une longue histoire.

– Ne t'en fais pas, j'ai tout mon temps. Raconte-moi.

– Depuis mon adolescence, j'ai toujours su que je ne suivrais pas la voie que mes parents avaient prévus pour moi. Ils sont tous les deux des scientifiques et m'encourageaient à suivre le même chemin. Pour eux, la science représente le moyen idéal de comprendre le monde, de limiter les inconnues et, en quelque sorte, de garder le contrôle sur la vie. Cette vision du monde ne me correspondait pas. Alors, j'ai décidé de faire des études de droit. La suite semblait logique, études, stage, emploi, puis grimper les échelons. Alors, c'est stressant, mais c'est bien obligé si je veux réussir. Il faut bien travailler pour gagner sa vie, et quand à faire, autant gagner un salaire correct et avoir un salaire décent. A l'université, je trouvais normal d'être stressée avant les examens. C'est dans l'ordre des choses si on veut réussir. Et ensuite alors des stages, il fallait bien apprendre très vite la réalité du terrain, tellement différente de la théorie des bancs de l'université. On se dit que c'est normal, c'est pour préparer l'avenir. Et à ce moment-là, le stress est devenu pesant, j'avais du mal à dormir, j'étais à fleur de peau. Alors j'ai consulté un médecin qui m'a prescrit des somnifères, pour tenir jusqu'à la fin du stage. Parce que mon avenir en dépendait. Quand j'ai eu mon premier vrai travail, j'ai cru que cette fois c'était bon, que j'avais atteint mon objectif, que tous les mauvais moments allaient enfin payer. A ce moment-là, j'y croyais vraiment. Mais ça n'a pas été aussi simple.

– Ca m'a l'air intense tout ce que tu as vécu. Et que s'est-il passé lorsque tu as enfin trouvé cet emploi que tu attendais tant ?

– Au début, j'étais trop heureuse d'avoir enfin atteint mon objectif. J'avais prouvé à mes parents que je pouvais tracer ma propre voie, sans suivre le même chemin qu'eux. Et en plus, j'avais trouvé un bon emploi. Ca prouvait que je n'avais pas fait tous ces sacrifices pour rien. Je pouvais enfin prendre un vrai appartement, penser à ce que je pouvais faire pour profiter de mes week-ends.

– Apparemment ça n'a pas duré.

– En effet. J'ai vite compris que ce n'était qu'une étape. J'avais mon plan de carrière à suivre, et pour y arriver, je devais me démarquer de mes collègues, prouver que je mérite une promotion. Alors j'ai accepté tous les dossiers qu'on me proposait, même si, du coup, ça voulait dire faire des heures supplémentaires. Après quelques mois, je n'ai plus eu une minute à moi, plus un seul week-end de libre. Et le stress est revenu, encore plus fort qu'avant. Alors que je croyais que ça ne m'arriverait plus jamais. C'est à ce moment-là que j'ai décidé de m'inscrire à cet atelier de méditation. 

– C'est intéressant. La dernière fois que je t'ai vue dans ce parc, tu me disais pourtant que ta vie était parfaite, que rien n'avait besoin d'être changé ?

– Et c'est vrai, tout se déroule exactement comme prévu. A part le rendez-vous qui a été annulé la dernière fois, c'est le rendez-vous que j'attendais et qui peut tout changer. J'espère que l'occasion se représentera bientôt.

– Si c'est vraiment ce que tu veux, alors c'est tout ce que je te souhaite. Me permets-tu de te poser une question ?

– Bien sûr !

– Si tout te convient dans ta vie, à ton avis, pourquoi es-tu venue dans ce parc ?

– Parce que je pensais constamment à ce parc.

– Tu te souviens, nous avons évoqué les synchronicités ?

– Oui, je m'en souviens.

– Alors, probablement que l'idée du parc s'est imposée à toi car tu cherchais une solution à tout ton stress. Qu'en penses-tu ?

– C'est possible. Mais je pensais que la solution au problème du stress était la méditation ?

- La méditation permet de mieux gérer le stress, pas de supprimer la cause du stress.

– Dans mon cas, supprimer la cause du stress est impossible, j'ai besoin de travailler et, en plus, j'aime mon travail.

–  OK, je comprends. 

–  Je vais y aller, merci pour la discussion de cet après-midi.

–  Avec plaisir. Reviens quand tu voudras.

Julie retourna à ses occupations, tout en réfléchissant à la discussion qu'elle venait d'avoir. Supprimer la cause du stress ? Ca semblait être un concept intéressant. En théorie du moins. Mais complètement irréaliste dans sa situation. D'autant plus que, elle venait de l'apprendre, elle avait enfin obtenu le rendez-vous qu'elle attendait tant pour faire évoluer sa carrière. Celui-là même qui avait été annulé à la dernière minute il y a quelques semaines. Et ça allait tout changer !

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