Première partie - Prologue : Tout condamné à mort...

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PROLOGUE


...Tout condamné à mort aura la tête tranchée !

La sentence était tombée ; Jean du Puisaye, surnommé l'Aristo, le sourire aux lèvres, regarda l’assemblée dédaigneusement ; Il n’espérait rien : leur crime était si abject que seule la « veuve » pouvait en être la finalité. A ses côtés, effondré sur le banc, Paul Lautrec, dit Tit Paul ou encore l'Elégant, pleurait ou plutôt chouinait. On pouvait presque entendre sortir de sa bouche : « Maman, Maman... »

Deux têtes avaient été réclamées... deux têtes avaient été offertes. Le juge Benoît, souvent critiqué pour sa clémence, avait été impitoyable : « Pouvait-on laisser des êtres aussi abjects, aussi inhumains, en vie ? ». La foule avait acclamé. La foule demandait du sang, du spectacle... Pensez : deux têtes... à défaut de trois ! La location des fenêtres qui donnent sur le « boulevard des châtiments » allait décupler, voire centupler... Pensez : deux têtes... à défaut de trois !

Maxence Leroux, l’inspecteur qui avait mené à bien l'enquête, ne semblait guère partager la liesse générale. Il marmotta : « Quelle bande de dégénérés ! ». Oh ! Il ne pleurait pas sur le sort du trio meurtrier mais il n'appréciait pas que la justice des hommes se termine en vil spectacle. L'inspecteur était chiffonné vraiment : c'était la nette impression d'avoir bâclé son enquête ; certes, la culpabilité des accusés ne faisait aucun doute ; leurs aveux étaient écrits noir sur blanc ; non, l'inspecteur Leroux était sûr d’être en présence d’un iceberg. Il était persuadé, en son âme et conscience que les trois assassins étaient quatre comme les « Trois mousquetaires » et que le quatrième était l’âme de la bande.

Pourtant l'affaire était limpide. Une femme avait abusé de la bonté d'une vieille dame connue pour sa largesse de cœur puis l'avait poussée dans un guet-apens fatal. Un cas d'école tristement classique qui fut facile à résoudre, encore plus facile grâce à une dénonciation !

Alors où résidait le malaise de l’inspecteur ? Toutes les questions avaient trouvé leurs réponses. Bref, comme l'avait si bien dit son supérieur, le commissaire Simon : « Une affaire rondement menée ! Très bon pour notre avancement ! Quant à votre soi-disant Belzébuth, s’il existe, on finira bien par le coincer et puis on le raccourcira ! ». La justice était faite et satisfaite, le populo avait du spectacle et le préfet de police paradait.

Leroux fixa l'Aristo ; leurs regards se croisèrent. Il comprenait que l’homme emporterait dans le panier un terrible secret. L’Aristo souriait et disparut fièrement emmené par les gendarmes. Quant à l'Elégant, triste personnage enrôlé dans un crime qui le dépassait, il fallut le traîner hors de la salle ; il criait, il pleurait, il s'accrochait... Cela promettait un beau spectacle pour le grand jour !

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