Un Noël Extraordinaire !

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C’est la nuit de Noël chez la famille Parker. La petite maison en bois est entièrement décorée pour l’occasion. Le sapin rouge et or brille de mille feux, les quatre chaussettes sont accrochées à la cheminée, les bougies sont allumées et une odeur de dinde rôtie et de pain d’épice règne dans l’air. La maison est chaude et réconfortante grâce au bois qui brûle dans la cheminée. Les légers craquements des branches accompagnent les chants de Noël qui tournent en boucle sur la platine à vinyles. Élisa, la cadette de dix ans, regarde la neige tomber dehors. C’est une sensation magique, de voir le jardin se blanchir et les flocons de neige tomber, tout en restant assis à la fenêtre, bien au chaud dans un plaid. Elle ouvre ses grands yeux bleus émerveillés. Elle a beau être la plus jeune de la famille, c’est aussi la plus dégourdie. Elle ne me manque pas de répondant et de maturité pour son âge, contrairement à son grand frère, Louis. Le jeune adolescent de treize ans ne pense qu’à deux choses : les filles et les jeux vidéo. Il est d’ailleurs encore une fois en train d’essayer de battre son record à Fifa 19. Le frère et la sœur se ressemblent beaucoup. Tous deux ont les cheveux très noirs, et des yeux bleus très clairs. Élisa fait déjà presque la taille de son frère, malgré ses trois années de moins, ce qui le dérange fortement. Mais en règle générale, le frère et la sœur s’entendent plutôt bien, pour la plus grande joie de leurs parents.


Marianne, la maman, termine de préparer la dinde. Elle passe ses journées dans la cuisine. Préparer de bons festins pour sa famille est son passe-temps favori, encore plus pour un jour spécial comme celui de Noël. Son mari, Edmond s’occupe de l’apéritif. Il travaille dans les vignes depuis son plus jeune âge, ce qui le rend fin connaisseur dans ce domaine. Les enfants ressemblent aussi bien à leur père, qu’à leur mère. Ils ont les yeux clairs de Marianne et les cheveux foncés d’Edmond, ce qui fait un parfait mélange.


Le dîner est prêt. Marianne appelle les enfants pour qu’ils viennent manger. Toute la famille se régale. Le repas est léger et agréable. Élisa et Louis n’attendent plus qu’une chose : ouvrir leurs cadeaux ! La bûche au chocolat terminée, ils se dirigent immédiatement vers le sapin. Marianne reçoit un collier en or de la part de son mari, et les boucles d’oreilles assorties par ses enfants. Edmond, une canne à pêche pour ses sessions du dimanche, et une montre. Louis arrache les emballages et découvre plusieurs jeux vidéo. Il saute de joie ! Quant à la petite dernière, elle déballe avec délicatesse ses paquets, pour ne pas les abîmer. Elle ouvre le premier et y trouve une encyclopédie de qualité, dont elle rêvait depuis des mois. Puis, elle inspecte le second : un Monopoly édition « Monde ». Elle est ravie ! Elle ne savait même pas que cette édition était déjà disponible. Son père propose alors de faire une partie en famille, afin de digérer tranquillement avant d’aller au lit. Tout le monde accepte volontiers.


Les quatre Parker s’assoient alors en tailleur autour de la table basse, à côté du feu de cheminée. Élisa ouvre son jeu. Le plateau est noir, avec des écritures de couleur fluorescente. Pour gagner, il faut remplir son passeport de jetons. Pour obtenir les jetons, il faut acheter les propriétés. Chaque propriété représente une ville connue dans le monde. On retrouve donc New York, Sydney, Tokyo, Paris, Le Caire, etc… Chacun prend son passeport vide, et le jeu peut commencer. « On fait un premier tour pour du beurre, pour se familiariser avec le jeu, ça vous va ? » propose Élisa. Tout le monde accepte.


Le second tour débute. Edmond tombe en premier sur une propriété à vendre, New York. Il n’hésite pas, il l’achète. Louis est un peu jaloux, il rêve de pouvoir aller à New York un jour, et aurait voulu l’obtenir dans le jeu. « C’est le jeu fiston ! » Edmond paye les 200$ à la banque et voit soudainement une grande lumière blanche. Il est complétement ébloui et doit fermer les yeux. Quand il les ouvre, il n’est plus dans son salon. Edmond est en plein milieu d’une rue et manque de se faire écraser par un taxi… jaune. Il sursaute et court vers le trottoir. Les voitures roulent à une vitesse folle, les klaxons font un boucan insupportable et l’odeur des égouts pique au nez du jeune papa. Il regarde autour de lui, égaré. Il voit alors d’immenses building, des écrans géants, des lumières partout et des magasins et restaurants à perte de vue. Il comprend où il se trouve : à New York, sur Time Square, plus exactement. Mais comment peut-il se retrouver ici ? Il marche un peu, essaye de trouver un endroit plus calme. Il découvre une rue annexe presque déserte. Ouf… ce silence le soulage. Tout ce bruit, c’était insupportable ! Edmond s’appuie contre le mur et réfléchit. Comment va-t-il pouvoir rentrer chez lui, en France ? Soudain, un plateau géant de Monopoly sort de terre pour apparaître sous ses yeux. Des dés géants dégringolent jusqu’à ses pieds. Ils sont trop grands pour les prendre en main, Edmond décide de mettre un coup de pied dedans. Il fait le chiffre 7. Son pion avance tout seul. Case prison. Edmond revoit cette lumière blanche éblouissante et quelques secondes plus tard, il est de retour dans son salon. Personne ne semble perturbé ou choqué. Est-ce qu’il est le seul à avoir vu ce qui vient de se passer ? Il regarde d’un air interloqué sa femme, puis sa fille, puis son fils, un à un, mais personne ne réagit. Le vin devait être un peu trop fort… Il donne les dés à Élisa, pour qu’elle puisse jouer et décide de faire comme si de rien n’était.


La fillette joue son tour et tombe sur « Tokyo ». Elle l’achète. Elle est aveuglée par une forte lumière, elle cligne des yeux plusieurs fois et quand la lumière disparaît elle se trouve dans un jardin. Élisa est stupéfaite et ne comprend pas ce qui est en train de se passer. Elle avance prudemment. Autour d’elle, des arbres japonais, des marres avec des carpes, des cerisiers… Plus elle avance, plus elle voit se dessiner au loin un belvédère avec un toit en forme de chapeau chinois. Elle marche jusqu’à lui. Elle n’entend que les clapotis de l’eau contre les rochers et sent une douce odeur de fleurs. Sous le belvédère, se trouve une table à ras du sol, entourée de coussins. Elle s’assoit sur un d’entre eux. Soudain, un plateau de Monopoly se dessine dans le bois de la table. Deux dés en ressortent. Élisa les prend et les lance. Elle fait un 3. Elle avance son pion et se retrouve sur la case départ. La lumière blanche réapparaît, la jeune fille est de nouveau aveugle pendant quelques secondes. Quand elle rouvre les yeux, elle se retrouve face à son père, dans son salon. Ce dernier la regarde étrangement. Est-ce qu’il a vu ce qu’il vient de se produire ? Elle regarde sa mère, elle attend son tour. Puis son frère, ce dernier s’impatiente pour jouer et lui vole les dés des mains. Élisa regarde de nouveau son père qui ne dit rien, mais la regarde toujours interloqué. La cadette décide de faire comme si rien ne s’était passé, et laisse son frère jouer, tout en restant vigilante.


Louis fait un 6 et atterrit sur la case de New York, chez son père. Il lui doit un loyer de 25$. Au moment où il lui donne l’argent, un faisceau lumineux apparaît, sa tête se met à tourner, il la tient entre ses mains pour attendre que ça passe. Quelques secondes plus tard, il se sent mieux. Le bruit insupportable de klaxons et l’odeur nauséabonde lui font ouvrir les yeux. Il voit d’abord son père à côté de lui, puis fait un tour sur lui-même et se rend compte qu’il est à Time Square ! Comment cela est-il possible ? Louis reste émerveillé par tout ce qui l’entoure pendant plusieurs minutes. Il regarde de nouveau Edmond. Ce dernier n’a pas vraiment l’air surpris. Une pancarte lumineuse s’éclaire juste sous leurs yeux : « Louis, tu n’as pas payé le loyer d’Edmond ! Dépêche-toi ! » Louis reprend ses esprits et cherche les sous dans ses poches. Il réalise alors qu’il n’avait pas assez d’argent pour le payer, et qu’il n’a pas encore de propriété. La pancarte s’allume de nouveau : « Louis, tu as perdu ! Game Over. » le faisceau lumineux réapparaît. Louis se recroqueville sur lui-même et attend que son étourdissement passe. Quand il ouvre les yeux, il est de nouveau dans son salon. Il regarde son père, il a les yeux grands ouverts et semble aussi choqué que lui. Est-ce que ce qui vient de se passer était vraiment réel ? Élisa fixe son père et son frère, avec ce même regard perturbé. Marianne observe sa famille, qui agit de plus en plus bizarrement. Mais qu’est-ce qui se passe ici ? Son fils ne râle même pas, alors qu’il vient de perdre ? Tout cela est très étrange… Elle prend les dés, c’est à son tour de jouer, et tombe sur la case « Chance ». Elle doit payer des frais de scolarité très élevés. Elle est à sec. La maman a perdu la partie et rejoint son fils dans le camp des perdants. Marianne se lève pour préparer deux chocolats chauds. Un pour elle, un pour son fils, pour les consoler de leur défaite.


De leur côté, le père et la fille sont toujours à fond dans le jeu. Marianne remarque qu’à plusieurs reprises, ils semblent déboussolés pendant quelques minutes lorsqu’ils achètent une propriété, quand ils reviennent à eux-mêmes, ils font cette drôle de tête en se regardant simultanément. Elle se dit que ça doit être la fatigue.


Le jeu est sur le point de se terminer quand Élisa achète la dernière propriété qui va la faire gagner. Grâce à Sydney, elle aura rempli l’intégralité de son passeport. Au moment où la petite dernière dépose les billets à la banque, elle entend un bruit sourd. Le bruit s’intensifie et devient de plus en plus insupportable. Il persiste et Élisa finit par s’évanouir. Quand elle se réveille, elle n’est plus dans le salon, mais dans son lit. Surprise, elle se lève et se dirige vers la porte de sa chambre fermée. Elle l’ouvre. Il n’y a pas un bruit dans le couloir. Élisa avance doucement. Les portes des chambres de ses parents et de son frère sont fermées. Elle descend alors les escaliers et découvre le salon dans le noir. À côté de la cheminée, le sapin est éteint, une dizaine de cadeaux sont posés en-dessous. Élisa ne comprend pas, elle a ouvert ses cadeaux hier, pourtant… Elle s’approche un peu et voit un téléphone qui traîne sur la table basse. Elle le prend, l’allume et regarde la date et l’heure : Lundi 25 décembre / 7 h 50. De plus en plus étrange… elle s’approche du sapin, pour regarder les cadeaux de plus près. Elle découvre alors un cadeau qui a exactement la forme du Monopoly. Elle le prend dans ses mains et sent qu’un bout de papier cadeau a été déchiré à l’arrière de la boite. Elle la retourne et découvre un bout du cadeau. C’est bien le Monopoly « Monde » qu’elle a reçu hier ! Ou aujourd’hui ? Elle est un peu déboussolée. Alors, la partie n’aurait été qu’un rêve ?


Les escaliers grincent et Élisa voit apparaître toute sa petite famille. « Élisa vient prendre ton petit-déjeuner et ne touche pas aux cadeaux, tu sais bien qu’on les ouvre ce soir, après le dessert ! » La cadette est un peu perdue. Mais une chose est sûre, elle a hâte d’être à ce soir, pour faire une partie de Monopoly !

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