La rousse qui croyait au père Noël

16 minutes de lecture

La rousse qui croyait au père Noël

 

comédie

(EXTRAIT)

 

Suzanne Marty

 

 

Copyright 2013 Sandrine Lemercier

 

***

Quand j’ai lu les premières lignes par curiosité, j’ai eu furieusement envie de connaître la suite. C’est un roman court, efficace et très bien écrit. Suzanne Marty a le sens de la formule qui fait mouche.

Sissi, blogueuse sur Fan de chick-lit

 

Et bien j'ai passé un très bon moment avec Flamme. De la légèreté dans ce monde de brute. (je plaisante bien sûr !) La lecture est agréable de part le style de l'auteur. C'est fluide, addictif et même humoristique par moments.

Je serais bien restée pour longtemps en sa compagnie mais l'épilogue nous promet une suite. Je vais donc l'attendre avec impatience et me demander où Flamme va nous emmener dans ses prochaines péripéties.

Holly, blogueuse sur Les chroniques d’Holly

 

Un roman que j’ai lu d’une traite. Il est bien écrit. J’ai passé un super moment de lecture et j’aurais bien aimé que le livre ait plus de pages. Si vous aimez la chick-lit, ce livre vous allez l’adorer.

Coco, blogueuse sur Les tribulations de Coco

 

Ha que ça fait plaisir une bouffée de fraîcheur et de légèreté après une dure journée. Une fois la première page tournée, je ne pouvais plus le reposer car j’ai toute de suite été happée par la plume fluide, addictive et humoristique de l’auteure.

Isabelle, blogueuse sur Les tribulations d’une lectrice

 

J’ai adoré suivre les aventures de Flamme, qui se pose les mêmes questions que toutes les femmes. Les personnages secondaires m’ont bien fait rire ! Au niveau de l’intrigue et du final, j’ai été vraiment surprise, et même ravie… Je recommande !

Roxou, blogueuse sur Ma vie en rose

 

J’ai dévoré ce livre en une journée. Je suis rentrée dedans dès les premières lignes. Qu’est-ce qui m’a accrochée tout de suite ? Tout d’abord le style de l’auteur : un langage simple, du vrai franc-parler. J’ai aussi été captivée par l’humour présent du début à la fin : j’ai beaucoup ri ! C’est une œuvre accessible à un large public.

Lulu, blogueuse sur Les lectures de Lulu

 

***

 

Flamme


Je suis une célibataire française du XXIe siècle. Rousse. Je ne bois pas, je ne fume pas, je ne me drogue pas, j’évite le soleil à cause de mon teint cachet d'aspirine et par peur du vieillissement. Je ne suis pas du matin, pas du soir non plus. Je suis opérationnelle entre onze heures et vingt-deux heures trente. Avant je ne suis pas réveillée, après je dors, au milieu je rêve.

 

Je m'appelle Flamme. Je suis abstinente depuis dix ans. Pas par choix ou vocation, c'est comme ça. Seul choix que j'ai réellement fait après quelques relations sentimentales désastreuses : vivre seule plutôt que mal accompagnée, arrêter le sexe pour ne plus faire l'amour qu'avec un grand A. C’était ambitieux et romantique… Si, par un concours de circonstances que je n'arrive pas vraiment à imaginer, un homme se retrouvait ce soir dans mon lit, je ne saurais plus quoi faire avec lui. Et si, par une sorte de miracle, ledit spécimen mâle s'avisait de vouloir vivre avec moi, je me demande bien à quoi il me servirait.

 

J'ai erré pendant six années d'école en université. Je ne savais pas quoi faire après le bac, alors j'ai cherché. À dix-huit ans je visais une carrière brillante, à vingt ans un boulot sérieux, à vingt-trois ans un boulot rentable, à vingt-cinq un boulot qui me plairait un minimum, à trente un boulot qui me plairait un maximum. Aujourd'hui, j'aimerais avoir du boulot tout court. À trente-neuf ans, je me demande comment j'en suis arrivée là.


La quarantaine


Dans six mois, j'aurai quarante ans. Enfin il paraît. C'est en tout cas ce que prétendent ma mère et l'état civil. Pour ma part, je trouve cela surréaliste. C'est bien simple, je n'y crois pas. Les magazines féminins – qui affichent en permanence des donzelles de quinze à dix-sept ans dans leurs pages – regorgent d'articles nous incitant à « aimer » notre âge, à le clamer haut et fort : « Oui, j'ai quarante ou cinquante berges. Et j'en suis fière ! » Mon cul oui !

Moi, je n'aime pas du tout mon âge. Il ne me ressemble pas. Quand je révèle mon année de naissance à un homme plus jeune qui n'y avait vu que du feu, il me considère soudain avec un air mi-gêné mi-horrifié, comme si je venais d'avouer une abominable maladie vénérienne. Il m'en veut de s'être ainsi fait berner sur la marchandise et prend immédiatement ses distances. D'où le terme : être mis en quarantaine. Seule exception : les hommes à femmes. Pour une histoire de cul on évalue le gibier à vue de nez, pas sur des données administratives.

 

Du coup, j'ai décidé de remettre les pendules à l'heure : l'année prochaine, je fêterai à nouveau mes trente ans. Je recommence cette trentaine que j'ai très mal employée ; à moins que ce ne soit la vingtaine... Ce qui est sûr, c'est qu'en apercevant la trentaine à l'horizon, j'ai eu un sursaut de révolte. Quoi !! Trente ?? Mais je n'ai encore rien fait de ma vie ! Ce n'est pas possible, je ne peux pas avoir déjà TRENTE ans ! – le début de la fin comme tout le monde le sait. J'avais encore trop à faire, tout à faire ou à refaire. J'avais tout faux depuis le bac : pas les bonnes études, pas les bons mecs, pas le bon métier. Mais après tout, comme un paquet de prophètes annonçaient la fin du monde pour le 1er janvier 2000...

Le soir du 31, je me plantai à ma fenêtre pour assister au nouveau Déluge, ne voyant pas de meilleure occupation pour les heures qui me restaient à vivre. Au petit matin, l'ouragan s'était calmé, la France était dévastée et moi j'étais toujours là. En regardant mes concitoyens écoper, redresser les pylônes et tronçonner les arbres effondrés sur les routes, je me suis franchement demandé s'il était raisonnable de poursuivre dans cette voie au XXIe siècle. On prétend qu'après une Near Death Experience les gens changent de vie, alors j'ai estimé qu'après être revenue de la fin du monde ENTIER c'était le moment ou jamais de changer. Quoi au fait ?

 

Je ne savais toujours pas quoi faire de ma peau. Plutôt que de solliciter les conseils de gens aussi paumés que moi – presque tout le monde – j'ai fait un truc hallucinant : j'ai prié Dieu. Moi qui n'avais jamais eu besoin de Lui jusque-là, j'ai dit : « Écoute Dieu, je ne sais pas si tu existes mais, si c'est le cas, je voudrais te proposer un marché. Voilà : j'ai bientôt trente ans et je m'aperçois que je me suis trompée de vie. Rends-moi les dix ans que j'ai perdus en erreurs de parcours diverses et je te promets de me battre de toutes mes forces pour réaliser mes rêves d'enfant. »

Je ne me souvenais plus à quoi je rêvais quand j'étais gosse à part devenir riche, belle et intelligente dans les bras d'un prince charmant balancé comme un demi-dieu, monté sur une grosse moto (ce n'était déjà plus la mode des chevaux), rebelle au cœur tendre qui m'aurait délivrée du joug parental et rendue stupide d'amour... Malheureusement, à vingt-neuf ans passés, le profil biznesswoman chic et surdiplômée ne m’avait pas plus menée au prince charmant qu’à la vie de château. Mes rêves d’enfant étaient périmés. C'était la tuile, il fallait en inventer d'autres.

 

Te remettre à rêver à trente ans, quand tu t'es résigné(e) à vivre raisonnablement depuis quinze ans, n'est pas chose facile. Beaucoup de gens à cet âge – et même avant – ne savent plus rêver. Rêver c'est se projeter dans l'impossible, imaginer une route interminable et semée d'embûches, une route qui peut te perdre définitivement... et être assez givré, idiot ou inconscient pour la prendre. À l'époque, j'étais loin d'être folle à ce point. Ne sachant quelle direction emprunter, je me suis contentée de m'inscrire dans un cours de théâtre. Juste pour tester une activité originale, qui me faisait envie depuis longtemps.

Changer le moindre détail d'une vie tranquille et réglée par le train-train quotidien peut être lourd de conséquences. Comme dans l'histoire de l'aile du papillon, tu peux déclencher une suite absolument incontrôlable d'événements catastrophiques. En six mois, je suis passée de jeune cadre dynamique pleine d'avenir à apprentie comédienne déjà vieille dans une branche oversaturée. Le choc.


Quand je serai grande,

je serai star de ciné


Je me lance donc dans le théâtre pour m'aérer la tête. En cours du soir. L'aération théâtrale tourne vite à la tempête, puis à la révolution. Mon véritable Moi, perdu dans la grande friche de mon cerveau créatif, endormi sous les ronces depuis au moins cent ans, ouvre un œil en entendant les noms magiques de Molière, Racine, Victor Hugo, Feydeau, Oscar Wilde... Ça change de réunion, budget, démarque, marge, stocks et kilofrancs ! Mon mariage à durée indéterminée avec François Pinard ne passe pas le cap fatidique des cinq ans et je le quitte sans regret à l’automne 2000 pour un autre François – Florent – pas plus jeune mais beaucoup plus marrant.

Financièrement, je reconnais que ce n'est pas une bonne affaire. Alors que Pinard paie pour mes services, c'est moi qui dois raquer pour profiter de ceux de Florent. Une bonne partie de mon chèque de rupture y passe et quand les Chômdudic réévaluent brutalement ma pension alimentaire, je me retrouve telle la cigale qui chanta tout l’été et fus fort dépourvue quand la fin de droits fut venue. L'école est finie : je suis désormais apte à la comédie, il n'y a plus qu'à. À quoi ? Ben à décrocher des rôles pardi ! Fastoche, y a qu'à écrire aux directeurs de casting, leur envoyer mon CV et mes super photos. Des rousses, il n'y en a pas des tonnes sur le grand marché du show-biz : il suffit qu'un réalisateur demande une rousse et hop, j'arrive. Et dans trois ans, c'est sûr, je suis une star !!

 

Je m'aperçois vite qu'en France – contrairement aux États-Unis – quand un producteur a besoin d'une rousse, il préfère toujours une fille « bankable » avec une bonne coloration à une authentique rousse inconnue au bataillon. J'ai beau mettre en avant que je suis la seule comédienne française à avoir le teint « Nicole Kidman », rien n'y fait. Ou presque. Car je comprends que j'ai quand même un créneau lors de mon premier casting figuration, pour « Arsène Lupin » de Jean-Paul Salomé.

Une copine m'avait parlé du rendez-vous, alors je décide de m'y pointer au culot. J'ai à peine passé la tête par la porte, pas très rassurée quand même à l'idée de me faire jeter illico, que la fille assise au bureau me fait signe. Je regarde derrière moi, pour vérifier que c'est bien à ma pomme qu'elle s'adresse. « Oui, oui, vous ! » Bon, j'avance. Elle me donne immédiatement une date trois semaines plus tard en me recommandant de ne pas bronzer dans l'intervalle, ce qui me fait hurler de rire.

Le 15 août je tourne dans mon premier film en costumes d'époque, corsetée, chapeautée, gantée, mon ombrelle à la main Place de l'Opéra. Il fait une chaleur à crever en cet été 2003 mais je ne donnerais ma place pour rien au monde, frimant devant les centaines de badauds parqués à distance qui nous photographient comme des stars du Festival de Cannes : je m'y vois déjà.

Deux ans plus tard, je décroche mon premier contrat de comédienne – vingt mots, une aubaine ! – et mon nom s'affiche enfin sur un générique. Depuis, mon CV artistique s'allonge lentement mais continuellement. Je fais un peu de télé, un peu de ciné, un peu de pub, un peu de théâtre, quelques lectures et toujours beaucoup de figuration.

 

Vue de l'extérieur, ma vie peut sembler un énorme gâchis : j’ai abandonné un avenir prometteur, mes revenus ont été divisés par deux, la surface de mon logement par trois, pour finir grouillot dans le show-biz. Si j'avais poursuivi ma carrière dans le commerce, je gagnerais aujourd'hui une fortune. Je serais propriétaire d’un deux-pièces avec baignoire à Paris, je passerais week-ends et RTT dans ma résidence secondaire en Provence, mes congés payés dans des hôtels de luxe le plus loin possible de la France. Le reste du temps, je continuerais de m'emmerder à mon boulot comme la majeure partie de la population occidentale. Je serais une femme d'âge moyen que beaucoup de gens envieraient, considérant ma vie comme une belle réussite. Ouaich...

Au lieu de quoi, je fais désormais partie d'une catégorie à part : les losers heureux. D'accord je suis loin d'être une star de cinéma, d’accord je ne voyage plus depuis dix ans, d'accord ma garde-robe est démodée, d'accord mes diplômes ne me servent à rien et ont coûté cher à la société ainsi qu'à mes parents, mais... JE SUIS MOI. Je suis libre aussi. Ça oui. Plus libre, tu voles ! Je n'ai pas d'homme, pas d'enfant, pas d'argent, pas de patron, je ne paie plus d'impôts. Je fais ce que je veux, n'ai de comptes à rendre à personne... J'ai même rajeuni. Le temps s'est arrêté il y a dix ans : Dieu a tenu sa part du marché et moi, je ne regrette rien. Ou presque.


To be or not to be célibataire…


Si je fais le bilan des dix années que je viens de traverser à la rame, ce qui me manque le plus au final ce n'est pas l'argent, la gloire ou la réussite, c'est l’amour. Je ne comprends pas pourquoi mon changement de vie a engendré un tel désert affectif et sexuel. Je ne vois pas le rapport, si je puis dire... Était-ce une contrepartie réclamée par Dieu pour arrêter le temps ? Il est vrai que, contrairement aux pactes avec le diable, le Grand Invisible n'a pas réclamé mon âme éternelle en échange, il s'est juste contenté de me prendre les hommes : « Tu veux la jeunesse ? Alors plus de boogie-woogie avant les prières du soir. » À moins qu'il ne m'ait élevée au rang de super-héroïne. Ai-je renoncé sans le savoir à tomber amoureuse pour obtenir mes superpouvoirs de comédienne ? À la réflexion, Dieu m'a quand même prévenue.

 

Je venais de quitter mon poste chez Pinard-Pastis-Ragoût quand j'ai consulté une cartomancienne. Cette démarche ne paraît pas très rationnelle au premier abord, mais ne l'étant pas tellement moi-même à l'époque… La voyante s'est montrée optimiste concernant mon avenir professionnel à long terme – très long terme – mais elle m'a clairement prévenue que j'allais rester seule encore pas mal de temps. Je me disais : « Heureuse en affaires, malheureuse en amour » et j'étais prête à assumer stoïquement cet état de fait pour, disons, encore un ou deux ans. Trois ans sans sexe, c'était déjà pas mal ! Mais j'étais loin du compte, car j'allais être malheureuse en amour ET en affaires pour… ben au moins dix ans. Le dernier homme-de-mon-lit remonte en effet au mois de décembre 1999.

 

Aussi, en début d'année j'ai pris une grande décision. J'ai dit : en 2009 le célibat, c'est décidé, j'arrête. De fait, courant janvier j'ai flashé sur un collègue comédien : grand, blond, des yeux à se pâmer, un charme irrésistible, une classe folle... J'ai failli perdre la tête. Je l'ai récupérée dare-dare quand j'ai réalisé que le canon en question – merci TroncheBook – avait vingt-cinq ans. Au secours ! Là, je me suis déballonnée. Je n'avais pas encore été confrontée au cas. Dix voire quinze ans de plus que moi, oui, la situation s’était déjà présentée. Mais je n'avais jamais été attirée par plus jeune que moi. Pas même un peu plus jeune... Alors j'ai été d'une lâcheté absolue en ce début d'année, me disant qu’il restait onze mois pour trouver un candidat plus « conventionnel ».

 

Malheureusement, mon petit cœur s'est froissé de voir ses désirs refoulés. Du coup il ne m'a plus adressé la parole, refusant de s'émouvoir pour le moindre mâle. Pourtant, j'en rencontre des hommes dans le cinoche. Mais les moins de trente ans sont trop jeunes. Quant aux célibataires de mon âge, ils sont aussi rares que les places de parking à Paris : pour en dégoter un, il faut tourner des lustres jusqu'à ce qu'une copine te laisse le sien. Dès que tu passes trente ans, il y a pénurie de princes charmants.

 

La course aux rêves


Tous les ans au 1er janvier, je fais le bilan des douze derniers mois et je définis mes principaux objectifs pour la nouvelle année. Ça ne mange pas de pain. Au fait, quels étaient les objectifs 2009 ?

1) arrêter le célibat ;

2) arrêter la figuration ;

3) prendre de vraies vacances au soleil.

 

Concernant l'arrêt du célibat, c'est ENCORE raté. Je reconduis pourtant cet objectif tous les ans depuis dix ans sous une forme ou une autre : trouver le prince charmant, trouver ma moitié d'orange, trouver l'Amour, trouver l'amour, embrasser au moins un homme dans l'année, etc. Je ne me décourage pas. Car au loto, plus tu perds longtemps plus tu as de chances de gagner. Au tirage au sort quotidien des princes charmants, depuis le temps que je joue, ma probabilité de toucher le gros lot est sûrement énorme. C'est pourquoi je reste optimiste.

 

Pour ce qui est d'arrêter la figuration, c'est encore plus raté vu que je n'ai pas décroché un seul rôle l’année dernière, à part dans deux courts-métrages étudiants non payés. Et une pièce de théâtre rémunérée « à la recette ». Mais à huit euros la place sur BilletReduc et cinq spectateurs en moyenne à chaque représentation pour neuf comédiens, sans compter le metteur en scène et le régisseur...

 

Quant aux vacances au soleil dont je rêve depuis au moins trois ans, j'ai dû y renoncer après examen attentif de mes prévisions de trésorerie. Comme chaque année depuis dix ans, je suis partie me ressourcer quinze jours à la campagne chez mes parents. Soleil, verdure à perte de vue, cuisine bio avec fruits et légumes du jardin, transat sous les chênes, cigales... Ce sont généralement les meilleures semaines de l'année et j'ai calculé qu'elles ont représenté en 2009 3,77 % de mon temps. Si j'ajoute les quelques journées où j'ai réellement joué la comédie, même gratuitement, j'atteins 7,41 %. Ce qui veut dire par conséquent que je me suis fait chier 92,59 % de l'année. Je n'aime pas trop vivre en fonction des statistiques, mais je reconnais que celle-ci mérite réflexion. Je vais d'ailleurs éviter de faire le décompte des jours mémorables sur les dix dernières années. Sans parler des vingt dernières...

 

Plus grave, dans quatre mois je fêterai mes trente ans bis. Le 1er janvier 2000, je me demandais comment rendre ma vie aussi excitante, pleine de passion et de rebondissements qu’un bon film américain. Dix ans plus tard, embourbée comme tous les auteurs débutants dans le dédale de l’acte 2 de mon scénario personnel, je me demande si je ne fais pas fausse route... Certes, j’ai vécu des aventures rocambolesques au cours de cette décennie, tant sur les plateaux qu’en dehors. J’ai croisé la plupart des stars françaises lors de tournages télé ou ciné, j’ai respiré le même air que Steven Spielberg, Martin Scorsese, Charlize Theron, Kirsten Dunst et bien d’autres. On m’a « vue à la télé » et aussi, quoique brièvement, sur la plupart des écrans géants de la planète ; mon nom a défilé sur quelques génériques. J’ai rencontré des gens formidables à qui je n’aurais jamais adressé la parole si j’étais restée sur l’autoroute de ma vie. Beaucoup font partie de mes copains, certains sont devenus des amis. Pourtant, je mentirais si je disais mener la vie dont j’avais rêvé.

Car la vie d’artiste, c’est aussi et surtout : le perpétuel casse-tête des fins de mois, la chasse aux cachets la moitié de l’année, les contrats sous ou pas payés, les petits boulots ingrats pour joindre les deux bouts, les figurations dehors par tous les temps de jour comme de nuit, les jours et les semaines à attendre que le téléphone sonne, les échecs à répétition, etc. Comme la petite fille du conte, j’ai grillé toutes mes allumettes. Le spectacle était certes joli, mais je trouve maintenant que ma vie manque singulièrement de lumière.

 

Aussi, pour inciter le destin à s’occuper de mon cas avant que je ne totalise la quarantaine d’annuités permettant d’accéder au nouveau paradis des sociétés occidentales – la retraite – j’ai décidé de lui poser un ultimatum. Si le 1er mai 2010, jour de mon entrée administrative chez les quadras, je n’ai pas :

1) tourné au moins un rôle payé ou joué devant plus de... mettons cent personnes au théâtre. Cent est un objectif SMART comme l'enseignent les cours de marketing : Spécifique, Mesurable, Ambitieux, Réaliste et Temporel ;

2) rencontré un vrai prince charmant. C'est spécifique, mesurable, ambitieux et temporel ; j'espère que l'espèce n'est pas totalement éteinte et que le vœu reste réaliste…

ALORS : j’abandonne la course aux rêves pour réintégrer le monde réel. À quarante ans tout juste, en bidouillant un peu mon CV, en utilisant ma bonne mine et mes modestes talents d’actrice, quelques recruteurs me pardonneront peut-être ces dix années de folie pour me donner une « seconde chance ». En n’étant pas trop exigeante sur le salaire de départ et en travaillant dur, je peux espérer retrouver en 2020 le niveau de salaire que j’avais en 2000.

 

Quant au prince charmant, il aurait dû se résumer à une intrigue secondaire dans cette histoire. Acteurs, réalisateurs, techniciens, directeurs de casting, enseignants, conseillers du Pôle Emploi, les rencontres se sont succédé comme jamais auparavant. Pourtant, le petit moment magique qui nous dit avec certitude : « C’est lui ! » ne s’est jamais produit. Peut-être les princes charmants n’habitent-ils pas à Hollywood finalement. Peut-être sont-ils séquestrés dans les cachots du monde réel, attendant qu’une princesse des temps modernes vienne les délivrer. Pire, peut-être mon prince charmant s’est-il casé avec une autre pendant que je poursuivais mes rêves de gloire. Peut-être faut-il me rendre à l’évidence et arrêter la course au bonheur avant de casser le moteur. Peut-être... Ou peut-être pas. Plus que quatre mois pour le savoir.

Si tu es encore là Dieu, fais-moi signe !


FIN DE L'EXTRAIT


Mot de l’auteur


Je me suis lancée dans la comédie et l’écriture il y bientôt 15 ans. Je n’aurais pas pu concrétiser ces deux rêves sans le soutien et l’aide de mes parents, qui m’ont par ailleurs transmis leur goût du cinéma, du français, de la lecture, ont cru en moi et m’ont poussée à viser toujours plus haut. Je ne les en remercierai jamais assez.

 

Je craignais tellement que cette histoire ne plaise à personne que je l’ai écrite dans le plus grand secret. J’ai même publié la première version anonymement. Mes premiers lecteurs ont été ma sœur Céline et mon frère Antoine. Leur enthousiasme m’a beaucoup rassurée.

 

Il est d’usage de remercier son éditeur. Étant autoéditée je n’en ai pas, mais je tiens à remercier chaleureusement les auteurs indépendants qui m’ont précédée dans cette aventure de l’autoédition et ont partagé leur expérience sur leur blog.

 

Je remercie tout particulièrement Miss Chocorêve, qui a été la première blogueuse à accepter de lire la version anonyme de mon roman, publiée sous un autre titre.

La première blogueuse littéraire à avoir chroniqué cette version anonyme s’appelle Marie Vareille, qui anime le blog Fan de chick-lit. Ses encouragements, ainsi que ceux des blogueuses, lecteurs et lectrices qui ont suivi, m’ont incitée à renoncer à mon anonymat.

Marie et Miss Chocorêve m’ont par la suite aidée à faire connaître La rousse qui croyait au père Noël en recommandant mon roman à d’autres blogueuses.

 

Merci aux forums de lecture Livraddict, Goodreads et LibraryThing d’ouvrir leurs partenariats de lecture aux auteurs autoédités. Merci à Iggybook de soutenir les Indés dans le difficile travail de promotion de leurs ouvrages. Et merci à Amazon, qui distribue les formats numérique et broché de La rousse qui croyait au père Noël.

 

Pour finir une standing ovation à Florence Desmidt, Sylvie Degryse, Dominique Fleurence Chailan, Catherine Ndiaye, aux lecteurs et blogueuses qui ont lu, commenté et recommandé mon premier roman.

Pour suivre mon travail d’auteur, je vous invite à me retrouver sur les réseaux sociaux, Iggybook ainsi que sur mon blog, consacré à ceux et celles qui croient toute leur vie au père Noël !


À bientôt !

Suzanne

 

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La course aux rêves

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