POEMES RECUEIL 1

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La jeune femme dans les bois

Sous le ciel infini et feuillage dansant

Une femme avançait le pas hésitant

Depuis longtemps, dans ce bois abandonné, plus aucune âme n’y était passée

Et nul ne songeait plus au doux murmure des arbres, ni au chant mélodieux des oiseaux


En cette fin d’Octobre, seules les feuilles d’automne recouvraient le terrain boueux de l’allée

Empreintée autrefois par quelques âmes humaines

De leur passage, nulle trace, nul souvenir qui en fasse le récit

De la dernière averse, la terre humide ne cessait de rester muette

Et gardait en secret le profond silence des morts


Perdue dans son imaginaire, désolée par une réalité trop peu passionnée,

La visiteuse inattendue cherchait du regard le chemin vers une terre d’asile

La liberté sans frontières et l’amour sans limites, toujours avaient été sa loi secrète

Vint un instant où l’audace de la pensée la fit redevenir celle d’autrefois


Charme trop souvent éphémère, l’extase fait place aux désillusions

Route tortueuse que celle de l’absolue existence

Le présent et l’avenir s’épient, le réel et l’irréel s’affrontent

La culpabilité humaine embrasse l’innocence de la nature

Eblouissante était-elle devenue, l’espérance au front, le regard chargé de lumière,

Celle qui le matin même n’avait trouvé nul sens au battement de son sang

La création toute entière lui appartenait, à cet instant, à l’infini,

Mille ans la couronnèrent, l’éternité était à sa vue

Passé devenu présent, amour sans fin, renaissance tant désirée

Insouciance enfantine et ardent désir d’une femme éclose

L’espérance passionnée la prenait à la gorge,

Le souvenir des amours d’autrefois l’enveloppa de son parfum

Le bois enchanteur était son confident, silencieuse était sa musique

Demeure d’un instant, elle lui avait pourtant tout dit,

« Je t’observais souvent en secret et n’osais te parler » lui disait-elle

J’étais perdue et tu m’as fait revenir à la terre »

Les jours passèrent et nulle présence ne revint en ce lieu

Où était donc passée la douce créature, amie des bois et forêts ?

« Je ne suis jamais loin de toi » se dit –t-elle quand lui vint l’appel

« Demain, à l’aube, je reviendrai, j’ai tant de questions encore à te poser

Et toi, tu me diras encore qui je suis, et qui je serai ! »

Le cauchemar

A cette heure tardive, le soir devient profondeur

Et l’écriture trop éprouvante ne parvient plus à me garder éveillée

Assoupie à ma table de travail où s’étalent mes dernières pensées,

Je me laisse guider par les songes et découvre des territoires inconnus

Vibrantes sensations dont je ne parviens pas à saisir le sens ni l’origine

Il est trop tôt pour ouvrir les yeux, une force despotique me raccroche à elle

Elle s’impose à moi, me dissous et me fait murmurer des mots incompréhensibles

Moi-même, je ne suis plus, la peur m’étreint et ne me lâche plus

Blessée au cœur, les larmes inondent mon sang, et mes lèvres se mettent à trembler

Un être que je ne connaissais pas à lâché ma main et me voilà plongée dans la nuit

Ma gorge est sèche, sortir de cette obscurité est mon obsession

Mais le jour tarde à se lever, mon impatience me rend folle

Mes membres pendent au poteau du condamné, on veut me les arracher

Un couteau a ouvert ma chair, la plaie est béante mais nul sang ne s’écoule

L’espoir de la résurrection m’a abandonnée, la mort a posé ses mains sur mon visage

Mes yeux se sont éteints et l’univers tout entier semble être tombé dans l’ombre

Dans ce village abandonné, on n’entend plus que les feuilles mortes secouées par le vent

Midi a sonné et pourtant la lumière du jour persiste à demeurer cachée

Ils sont déjà loin les habitants qui hier encore étaient en fête

Ils ont fui des ennemis inconnus et sont partis demander secours au soleil

Restée sur la place vide, ma peau épuisée est à la merci des bourreaux,

Je suis victime et témoin de l’histoire, histoire toujours recommencée

Les morts, témoins du passé, m’appellent de leur demeure lointaine

Bientôt ils me conteront leur douloureuse aventure parmi les hommes

Il y a plusieurs heures déjà que mes rêves m’ont conduite vers le naufrage

Je me suis réveillée au milieu de la nuit, et ne suis plus personne

Mon papier et ma plume n’ont plus de maître, mes yeux s’ouvrent mais ne voient pas

Rien n’a changé autour de moi, et pourtant tout à basculer

Ceci est certain, je ne suis plus la même qu’hier,

Aujourd’hui, je suis seule, aujourd’hui je suis vieille !

Poésie et existence

Sens aigue de l’existence, vie inspirée

Inspiration poétique ou divine

Une ombre, une nuit, un vers d’un poète disparu

Et tout est ressenti, tout est dit

Sentiment fugace, et une seconde vaut bien une année

Il n’y a plus de temps humain, la nuit pourrait être infinie

Et le jour ne jamais se lever

Réflexions et rêveries n’auront pas de fin

Le passé n’est plus, l’avenir est enfoui sous la terre

Jeunesse et beauté semblent ne nous avoir jamais quittés

La douleur n’est plus qu’une invention de l’esprit

Et les épines des jours ne font plus couler de sang

Quand bien même le goût amer des heures reviendrait,

Le vers du poète n’oublierait pas de tendre sa main secourable

Les Romantiques nous doivent bien cela

Tant notre malheur leur inspira des notes délicieuses

Grands connaisseurs des cœurs, ils en appellent à nos sens et nous invitent au repos

Demain encore, leurs mots seront la continuité de nos existences

Souvent plaintif, joyeux parfois, leur chant matinal nous fait retrouver l’universelle destinée

Il nous écoute, celui devant qui nous avons ouvert nos poings fermés

Quelque part, dans un rêve éveillé, la voix du poète fredonne l’hymne des cœurs blessés

Celui-là aussi a souffert d’amour mais la mer ne l’a pas englouti,

Son existence devait rester grande, elle devint alors un air de poésie

La folie du génie ( Camille Claudel )

A Montdevergues, une femme sculpteur regarde à la fenêtre et fixe les fous errants

C’est l’heure de la promenade, les pensionnaires portent leurs ailes blessées

Ca court, ça crie, ça hurle sous le soleil aux rayons brulants

En cette fin d’après-midi de Juillet, l’asile prend des airs de fête sauvage

Elle est demeurée dans cette pièce, celle qui continue d’hurler le nom de Rodin

Chambre vide aux murs jaunis, ni chaleur, ni bonheur ne la traversent

Une lettre, posée à la hâte sur une table de bois, attend d’être achevée

Depuis ce matin, la main si bien habile autrefois se met à trembler

Elle a trop supplié, les mots toujours se ressemblent

Il lui faudrait de la glaise et du marbre, l’infinie douleur la transperce

Comme au temps de la Valse et de la Destinée son esprit est dévasté

Le monde à sa vue n’a plus de regard, le malheur a perdu son odeur

Dans l’atelier où elle régnait dans l’ombre, les élans passionnés avaient toutes les expressions

Amour dévastateur, abandon inéluctable, mélancolie créatrice

Tout était dans ses mains, la nuit était comme le matin, témoin d’une nouvelle création

Et chaque jour était un cri poussé de concert avec l’orage

Le front collé au mur, le vin à dix sous, soutien illusoire pour les heures vident d’inspiration

Les chaînes à la serrure la protègent, la sœur du poète ne veut plus entendre parler des hommes

Une nuit fut plus terrible que les autres, une voix lui fit brandir le couteau

Mille débris sont à ses pieds, tout est à recommencer

Un matin d’hiver, dans un silence attristé, la capture se fit annoncer

Nuages gris toujours plus sombres, et le jour devint la nuit

Une femme enchaînée, jadis muse d’Auguste, hurle à la liberté

C’est l’heure du départ, vers un néant jamais nommé

Treize ans se sont enfouis déjà et le regard martyrisé fixe toujours le ciel endormi

Les nuages blancs dessinent des courbes voluptueuses, souvenirs d’étreintes sculptées

Soudain la mélancolie quitte le cœur blessé, la rage se met à grogner

Une femme de cinquante ans se souvient, l’agitation fait soudain place à l’attente

Sous la terre, en ces jours de notre temps, des os desséchés luttent encore contre l’oubli

Dans ce cimetière des Vosges une femme parle doucement, à voix basse

Et il nous semble entendre un murmure caresser les feuilles d’automne sous la pluie

Nulle tombe, mais une âme tourmentée qui fixe les passants, et marche sans faire de bruit

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