Chapitre IV.

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C'était l'oncle Kern.

Il me détailla des pieds à la tête d'un air inquiet et après avoir fermé la porte à double tour, il me dit nerveusement :

— Est-ce que tout s'est bien passé aujourd'hui ? Tu... Enfin je veux dire que... Personne ne t'a paru menaçant ? Ou bizarre ?

Ma parole, il faisait partie du FBI ?

— Non, non, j'ai failli tuer quelqu'un c'est tout...

— Quoi ? s'étrangla-t-il.

Cette situation était vraiment extrêmement amusante. Je ne comprenais absolument pas ce soudain excès de nervosité de mon oncle qui était d'ordinaire très calme.

Après quelques minutes de quiproquos, il daigna enfin me faire part de la raison de son inquiétude démesurée.

—Un crime. Dans les environs de ton lycée, ce matin. On a retrouvé un corps sauvagement déchiqueté, baignant dans son sang, les membres éparpillés autour. On n'a d'ailleurs pas encore retrouvé le bras g...

— OK, OK. Ça suffira, l'interrompis-je, le cœur au bord des lèvres. Comment se fait-il que tu aies été au courant avant moi de la mort de ce lycéen ?

— Lycéenne. C'était une lycéenne.

— Oncle Kern, je viens de l'apprendre alors que j'ai passé la journée là-bas !

— Je connais un membre du personnel.

Je ne cherchai pas plus loin une réponse qu'il ne voulait visiblement pas me donner et le laissant à ses secrets d'Etat, je pris mon sac et me dirigeai vers ma chambre.

Je montais les marches (pourquoi sont-elles si hautes et si nombreuses...) pour aller faire mes devoirs, quand tout à coup, je fus prise de violentes nausées.

Je m'arrêtai et attendis que cela passe, mais il n'en fut rien. Pire, les nausées montèrent en puissance.

***

Je ferme les paupières.

L'obscurité envahit mes yeux, mon corps.

Une douleur sidérale me traverse les tempes.

J'ai chaud.

Mon cou me brûle.

Tout mon être s'embrase.

Je me touche le front.

Il est glacé.

Je n'ai plus conscience,

du temps qui passe,

du monde qui m'entoure.

J'ai du mal à respirer.

Je suffoque.

Trou noir.

***

La douleur s'était atténuée, étouffée. Mais j'avais la tête lourde.

J'essayai d'ouvrir mes yeux. La lumière crue m'éblouit.

Je ne savais pas où j'étais. A l'hôpital peut-être ?

J'ouvris cette fois-ci tout à fait mes yeux.

Je me trouvais dans ma chambre.

Regardant par la fenêtre, je vis la lune qui commençait à s'estomper. Il devait être très tôt le matin.

Je regardais enfin ma chambre, et là, je fus témoin d’une chose étrange : je voyais mes stylos, des petits bouts de papier, mes peluches, mon peigne, même une pomme, qui...lévitaient ?

Je me frottai les yeux. Cet état avait déjà des conséquences embêtantes, alors si je me mettais à avoir des hallucinations ! Les maux de têtes me suffisaient amplement.

Je ne pouvais m'empêcher de frissonner de terreur en me remémorant la douleur qui m'avait déchirée de part en part. C'était une souffrance sans nom, qui avait scindé mon esprit autant que mon corps...

Je regardai. Tout était normal, à présent, dans ma chambre.

Je descendais l'escalier, les jambes hésitantes, et cherchai oncle Kern.

En vain, il n'était pas là.

Je trouvai sur la rampe, à l'endroit où il accrochait d'habitude son manteau en poil de rat, un petit mot sur lequel avait été inscrit hâtivement :

Je ne serai pas absent longtemps, reste à la maison surtout, et attends-moi.

Si tu as un quelconque problème, appelle le 06 12 34 56 78, une personne en qui j'ai confiance te répondra.

Oncle Kern

Je grognai, où est-ce qu'il pouvait être parti, sachant que j'agonisais la nuit dernière ?

La nuit dernière ?

Pas si sûr... Je regardai le calendrier affiché dans l’entrée : trois jours ? J'avais été malade pendant trois jours ? Il fallait que je parle à quelqu'un. De censé.

Je décidai de trouver une raison pour laquelle appeler la personne en qui oncle Kern avait confiance.

J'allai dans la cuisine et me fis couler un café à la machine, ou du moins essayai, car cette antiquité fuyait.

Je n'avais pas passé beaucoup de temps à chercher un problème, tant mieux.

Je composai le numéro.

— Allo ?

— ...

— Allo ? C'est Selena.

— Oui, je sais... râla la voix à l'autre bout du fil.

La qualité du réseau était mauvaise, aussi mon interlocuteur me dit :

— J'arrive.

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