Chapitre I.

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— J'arrive! criai-je, encore à moitié endormie.

 Il faut dire que je m'étais couchée tard la veille.

 Nouveau lycée, nouvelle chambre, nouveaux amis et nouvel oncle.

 Eh oui, aussi étrange que cela pouvait paraître, nouvel oncle. Je ne savais pas de quelle branche lointaine de ma famille il venait, car je n'en avais jamais entendu parler avant ... avant l'accident qui avait tué mes parents, le mois dernier.

 Ils revenaient tard d'une réunion et sur une petite route sombre, à la lisière d'une forêt, ils avaient eu un accident. La voiture avait prit feu et la lumière rougeoyante avait alerté au loin un paysan, qui avait couru prévenir les secours. Mais quand les pompiers étaient arrivés, la voiture et les corps avaient disparu.

 Une quinzaine de jours plus tard, la police les avait retrouvés sommairement enterrés dans un fossé et l'enquête révéla par la suite que la voiture avait en réalité glissé dans un trou qui avait du servir d'abri à des animaux, ce qui expliquait sa profondeur, et que les intempéries avaient commencé à recouvrir de terre et de feuilles.

— Selena! répéta mon oncle Kern, dépêche-toi, tu vas finir par être en retard pour ton premier jour!

— Je descends! lui répondis-je, enfilant ma robe de chambre.

 Dévalant le vieil escalier à toute allure, je me remémorai l'emploi du temps de ma journée: en début de matinée, je ferais tout ce qui était paperasse à l'administration, ce qui allait risquer de prendre du temps, et dès que j 'aurais terminé, une élève de ma future classe, Kristina, me ferait visiter le lycée jusqu'au déjeuner. Après, j'irais en cours avec ma classe.

— Ah, tu es là. Je t'ai préparé ton petit-déjeuner, mais je te préviens, je ne ferai pas ça tous les jours, c'est parce qu'aujourd'hui est un jour particulier et que tu dois bien ...

— Merci beaucoup! le coupai-je vivement, surprise de le découvrir si attentionné.

 Je n'avais pas du tout cette image de lui depuis mon aménagement. J'avais plutôt l'impression de perturber sa vie quotidienne et de le gêner dans ses habitudes de vieux célibataire. Ça m'aurait donc paru normal qu'il se montre un peu froid avec moi ...

 Au fond, je préfère quand les gens le sont, distants, et qu'ils ne me disent pas tout le temps "Mes condoléances, ma petite Selena, pour la mort tragique de tes parents, c'est vraiment horrible ... etc" avec des yeux qui transpirent la pitié de manière tout à fait hypocrite.

 C'est vrai qu'au début ça m'aidait, mais seulement quand c'était des gens qui avaient vraiment connus mes parents, pas quand ça venait du frère du boulanger qui venait juste pour le buffet de l'enterrement!

 Enfin, inutile de me lamenter, aujourd'hui était un jour nouveau.

 Ayant fini le petit-déjeuner de l'oncle Kern, dont je bénissais la décision de ne plus moi faire la cuisine tant ... le goût laissait à désirer, je montai dans ma chambre, et m'arrêtai devant le miroir.

 Mon reflet m'apparut grand, ni gros ni maigre. Mes cheveux mi-longs et bruns. Mes yeux vairons.

 Oui, vairons. C'est-à-dire que j'ai mon œil droit marron ou et mon œil gauche bleu glacier. Du coup, depuis que je suis toute petite, je porte tous les jours une lentille marron à l'œil gauche et une bleue à l'œil droit, ce qui me donne les yeux violettes.

 C'est toujours bizarre, mais au moins je complexe moins.

 Ayant fini l'examen de ma personne, je m'habillais rapidement, mis mon sac sur les épaules, criai un "à ce soir!" à mon oncle, et enfourchai mon vieux vélo en direction du "Lycée de Hafnarfjördur".

***

— Selena SELENA sans accent, Phoenix PHOENIX, récitai-je d'une traite à la vieille dame de l'accueil.

 Elle devait être un peu sourde car elle me demanda aussitôt:

— Votre prénom, mademoiselle?

 Je lui répétai donc, et après plusieurs minutes, quand mon nom, prénom, adresse et compagnie étaient enfin enregistrés dans la base du lycée, elle me donna mon emploi du temps en récitant:

— Eh bien, je vous souhaite la bienvenue dans le lycée de Hafnarfjördur, Sélana. J'espère que vous vous y plairez. Si vous avez le moindre souci, adressez-vous à moi, madame Georgette, à l'accueil.

 Génial, elle avait encore oublié l'orthographe de mon prénom ...

 Comme elle ne me disait plus rien, plongée dans ses papiers, je m'assis dans un fauteuil, et examinai mon emploi du temps. J'avais pris littérature, anglais, histoire, sport, photographie, maths, français en langue étrangère et astronomie.

 Astronomie? Là, il y avait un problème, car je n'avais jamais choisi astronomie mais biologie.

 Levant les yeux, je vis madame Georgette au téléphone, rouge comme une tomate, vociférant des paroles tout bas. Ce n'était clairement pas le moment de lui poser une question. Et puis, pourquoi ne pas essayer l'astronomie? L'année dernière, j'avais pris biologie pour être avec mes amies, pas forcément parce que j'aimais la matière.

 Cette année, je pouvais me lancer dans la "science des astres".

 Commençant à avoir des fourmis dans les jambes, je décide de sortir.

 Me doutant que malgré les apparences, madame Georgette me surveillait du coin de l'œil, je me dépêchai de traverser la pièce, et arrivai devant la porte, dont je saisis la poignée.

 A peine l'eus-je touchée que je fus brutalement projetée en avant et me cognais dans le jeune homme qui avait ouvert la porte si violemment.

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