Chapitre 1

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Le don de guérir

"livre 2 tome 3"

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (01/125) (Aix) (Seizième jour) (Résidence d’Hassan)

(Fin)

Christophe fait comme si de rien n’était, prenant un air innocent qui ne trompe d’ailleurs personne parmi ceux qui sont restés dans la chambre.

Je palpe le jeune prince en remontant lentement depuis ses globes fessiers, jusqu’à ce que mes doigts rencontrent le muscle déplacer par les mouvements trop brusques et prématurés suite à son opération, par chance les vertèbres sont restés en place et il n’y a donc pas de soucis à se faire de ce côté-là.

Maintenant pour être efficace, il faut absolument que j’ai accès à ce muscle dorsal, mais surtout aux ligaments qui le maintiennent en lui permettant d’assumer sa fonction et qui sont encore trop distendus, n’étant pas encore suffisamment remis de ma première intervention pour l’y maintenir en place en cas d’un effort trop brusque, ce qui vient assurément d'arriver ce soir.

- Il va me falloir des serviettes et une lame de rasoir neuve pour que j’incise l’épiderme, quelqu’un peut-il s’en charger ?

- (Hassan) Je m’en occupe, il t’en faut beaucoup ?

- Assez oui, il risque d’y avoir pas mal de sang.

Christophe avec un début de panique.

- Tu ne vas quand même pas l’opérer sur le lit ? En plus tu n’as rien pour ça !!!

- Ce n’est pas vraiment une opération t’inquiète, juste que je dois remettre le muscle en place avant de faire ce que j’ai à faire.

- Mais !!! Tu n’as rien pour le recoudre ??? C’est de la folie !!!

- Ecoute Christophe !! Je ne t’ai pas demandé de rester, tu me fais confiance ou tu sors !! C’est bien compris ??

Thomas veut le rassurer quand il pose sa main sur son épaule pour lui parler à voix basse.

- Fais lui confiance, crois-tu que je le laisserais faire si je ne savais pas qu’Amid ne risque rien ? Et son père ? S’il n’avait pas une entière confiance en Florian, tu crois sincèrement qu’il n’aurait pas déjà fait venir les meilleurs médecins qui soient ?

Le petit prince ne dit rien, je vois pourtant bien qu’il en est au même point de raisonnements que son copain et je vais devoir leur démontrer avant d’intervenir, qu’ils ne doivent pas avoir peur des conséquences de mes futurs actes.

- Tu vois sa cicatrice ?

- (Christophe) Bien sûr !!

- Alors regarde bien, je vais te faire un tour de magie ! Hi ! Hi !

Je mouille mon index et je suis la ligne plus blanche des sutures de l’opération précédente.

Tous les deux ou trois centimètres, je recommence à mouiller mon doigt jusqu’à ce qu’enfin je l’aie parcourue en entier.

Hassan revient très vite, charger de ses serviettes et comme les trois garçons, assiste à ce « don » auquel il a entendu parler mais qu’il n’a encore jamais assisté de visu.

Petit à petit, en suivant le même sens que mon doigt quelques instants plus tôt, la marque s’estompe pour disparaitre complètement en laissant le dos du jeune prince intact de toute trace d’opération.

- Et voilà le travail !! C’est magique ! Hi ! Hi !

Amid ne pouvant bien sûr rien voir, pose la question en remarquant bien l’air ahuri sur les visages de Christophe et de son père.

- Qu’est ce qui se passe ?

Christophe qui n’en croit pas ses yeux.

- C’est ta cicatrice !! Elle a entièrement disparu !!!

- Hein !!!!

- Si je te le dis !!! C’est comme si elle n’avait jamais existé !!!

Pendant qu’ils s’émerveillent en cherchant à comprendre ce qui bien sûr restera un mystère pour eux, je prends les serviettes des mains d’Hassan et je les dispose de façon à arrêter la coulée de sang, qui ne va pas manquer le temps qu’il va me falloir pour remettre tout en place et qu’agisse ma salive pour réparer tout ça.

Je prends la lame de rasoir et sans prévenir le jeune prince pour ne pas qu’il se crispe d’appréhension, j’incise profondément la peau et les chairs qui me gênent sur vingt bons centimètres.

- Aïe !!!

- C’est fini doudouille, ne bouge pas surtout, je n’en ai plus que pour quelques minutes.

Mon doigt est déjà dans la plaie quand je lui dis ces quelques mots, le ligament ainsi que le muscle sont remis en place rapidement alors que déjà un filet de salive entre en contact avec eux, je ne m’occupe pas des quelques nerfs sectionnés en sachant très bien qu’ils vont se reconstituer.

J’envoie plusieurs autres jets dans la plaie qui déjà ne saigne presque plus et comme les personnes autour de moi, je regarde avec le même émerveillement qu’eux les chairs se rapprocher et se refermer, ne laissant bientôt plus aucunes traces de mon intervention sur sa peau mate.

Le tout n’a pas pris cinq minutes et me sentant observer, je relève les yeux vers Hassan et Christophe, qui me fixent intensément en cherchant certainement à comprendre ce que je suis vraiment.

Question à laquelle moi-même je n’ai bien sûr pas la réponse, me contentant de hocher les épaules devant leurs expressions interrogatives.

- (Amid) C’est déjà fini ? C’est incroyable, je n’ai plus du tout mal !! Je fais quoi maintenant ?

Amusé par sa bouille incrédule, je lui réponds l’air sentencieux en levant les bras au-dessus de ma tête.

- Lève-toi et marche !!!

***/***

Thomas toujours allongé dans le lit les mains derrière la tête, soupire d’amusement après ce petit moment passer à se remémorer l’événement.

Oui vraiment, une sacrée soirée qui s’est heureusement bien terminée et qui a été suivie d’un repas tout en découverte de nouvelles saveurs, ainsi que d’une longue discussion où les idées les plus folles ont été extrapolées jusque tard dans la nuit.

Il se redresse sur un coude pour regarder son ami dormir, ses yeux s’allument devant la forme qu’a prise la couette à un endroit qui ne trompe pas sur ce qui peut la lui avoir donnée.

Thomas se penche alors en se disant qu’il est grand temps d’avoir ce moment d’intimité qui les avait décidés à passer la nuit ici, sa main doucement entre sous la couette et c’est avec un soupire de satisfaction cette fois, qu’il s’empare de la chose en plein émoi qui ne va pas tarder à lui donner le plaisir qu’il en attend.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (02/125) (Région parisienne) (Seizième jour) (Raymond & Luka) (Bonne année)

Luka monte dans la voiture que Raymond vient de sortir du garage, il boucle sa ceinture de sécurité en attendant qu’il s’installe à son tour.

L’appréhension marque son visage, conscient qu’il est que cette soirée sera décisive pour la suite de leur relation et que d’être présenté à la famille de son ami, est pour Raymond un signe évident de l’attachement qu’il lui porte.

Pendant que Luka prenait sa douche et se préparait pour la soirée, Raymond a eu une longue conversation téléphonique avec ses parents en leurs expliquant qu’il était de retour de mission et que donc il pourrait en fin de compte être auprès d’eux, mais qu’il ne serait pas seul.

Ses parents connaissent depuis longtemps l’orientation sexuel de leur fils, toutefois il s’était toujours bien gardé d'amener un garçon chez eux et ils se doutent bien que s’il le fait en un jour si particulier, c’est que les sentiments qu’il éprouve pour cet homme sont suffisamment fort pour qu’il envisage une relation à long terme.

Raymond a raccroché, rassuré du fait qu’ils accueilleront Luka comme il se doit, il n’en a pas dit plus à ses parents et ils découvriront par eux même la jeunesse de son ami, souhaitant de tout cœur qu’ils l’acceptent sans réserve.

Il est quand même relativement nerveux quand il s’installe au volant et c’est avec un petit sourire crispé qu’il tente de détendre son ami.

Ils ont passé le reste de la journée à s’embrasser, n’ayant pas besoin de sortir puisque les cadeaux étaient déjà prévus de longue date pour tous les invités.

Ce n’est que quelques rues plus loin, quand ils passent devant une boutique de fleurs que Luka lui demande d’une voix timide.

- J’aimerai acheter un bouquet pour ta mère, tu peux t’arrêter ?

- Il y a déjà des cadeaux pour tout le monde tu sais ?

- Oui mais pas de moi !!

Raymond se gare donc sur le parking d’un petit centre commercial, il sort son portefeuille et tend quelques billets au jeune homme, il sait bien qu’il n’a pas un sou en poche et veut lui éviter que ce soit lui qui le lui demande pour préserver sa pudeur.

- Tiens prends !! Si tu n’as pas assez, n’hésite pas à me le dire.

Le visage reconnaissant de Luka démontre que son geste le touche et qu’il lui a évité ce qu’à l’évidence le jeune homme cherchait à lui faire savoir sans paraitre le taper.

- Merci !! Je te les rendrai dès que j’aurai à nouveau accès à mon compte en banque.

Raymond sourit.

- Je le mettrai sur ta note, j’ai moi aussi encore un ou deux trucs à acheter et si tu es d’accord, on se retrouve à la voiture d’ici une petite demi-heure.

- Entendu !

Pendant que Luka part immédiatement en direction du fleuriste, Raymond entre dans le centre commercial y faire ses dernières emplettes et surtout y chercher un cadeau qui fera plaisir à son ami.

Il profite également d’être seul pour passer quelques coups de téléphones professionnels, le dernier lui amène le sourire aux lèvres.

- Nous pourrons les avoir pour quand ?

- ………..

- Oui je passerai demain les prendre alors ?

- ………

- Je ne doutais pas un instant de leur efficacité tu sais !! Et pour l’argent ?

- ………….

- A quand même !! Ils ne se sont pas foutus de lui à ce que je vois !!

- ………..

- Elle est à son nouveau nom ?

- …………

- J’en connais un qui va se sentir soulager avec ça, imagine toi à sa place aussi.

- ………..

- Chez moi oui et je pense qu’il y restera.

- ………….

- Pendant la durée de la mission oui !! Mais je pensais aussi après coup en te disant ça !!

- ………… ????

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (03/125) (Région parisienne) (Seizième jour) (Raymond & Luka) (Bonne année) (suite)

- Hi ! Hi ! Le coup de foudre est enfin tombé sur moi que veux-tu !! Et toi toujours rien de neuf à l'horizon ?

- …………

- Bah !! Il n’y a pas de raisons et puis ça peut aller vite tu sais ? Regarde pour moi, tu crois que je m’y étais préparé ? Ça m’est tombé dessus sans prévenir et ça t’arrivera pareil.

- ……….

- Oui, pas de soucis !! Nous viendrons vous faire un coucou avant que je me remette au boulot.

- ………..

- J’ai pris un weekend prolongé, de toute façon l’affaire est résolue.

- ………..

- C’est un peu plus compliqué que ça, je vous expliquerai ça à mon retour. En attendant passe de bonnes fêtes et donne le bonjour aux copains de ma part.

- ……..

- Oui ! Hi ! Hi ! Comme tu dis, je m’en souviendrais de celles-là.

Raymond raccroche en souriant, maintenant il ne reste plus qu’au téléphone arabe de fonctionner et d’ici pas longtemps tout le service saura qu’il s’est mis « enfin » avec quelqu’un, il n’a jamais caché sa vraie nature et même s’il ne montrait pas ses relations épisodiques, il ne faisait pas non plus semblant d’être autrement que ce qu’il est.

Quand ils l’ont appris la première fois ses collègues sont tombés sur le cul, son apparence macho les laissait très loin de penser qu’il ne tombait pas les femmes comme des petits pains mais qu’au contraire son attirance allait plutôt pour la gente masculine.

Dans l’ensemble ils l’ont plutôt bien pris, surtout quand ils se sont rendu compte qu’il cherchait tout comme eux à vivre en couple et pas à s’éclater avec des coups d’un soir, ce qui d’ailleurs n’a jamais été dans ses intentions.

Quand il arrive à la voiture, Luka n’est pas encore là et ce n’est que quelques minutes plus tard, qu’il le voit arriver en courant en tenant son bouquet dans une main et un sac dans l’autre.

- (Luka) Il y a longtemps que tu m’attends ?

- Je viens juste d’arriver, je vois que tu as dépensé ton prêt ! Hi ! Hi !

- Ce n’est pas grand-chose mais je voulais marquer le coup.

- Je connais ta situation et tu n’étais pas obligé. En parlant de ça, j’ai plutôt de bonnes nouvelles !! Tes nouveaux papiers seront prêt d’ici demain et ton allocation que t’a promis Maurice également, il t’a déjà fait verser deux milles euros sur ton nouveau compte et tu recevras cette somme chaque mois tant que tu n’auras pas retrouvé ta véritable identité, nous irons chercher tes papiers et ta carte bleue demain au bureau.

Luka impressionné mais également curieux.

- Wouah !!! Je n’ai jamais eu autant d’argent !! Tu sais comment je vais m’appeler ?

- Aucune idée !! Ce sera la surprise, je te verrais bien en Kader moi !!

- (Luka amusé) Je n’ai pas franchement le look admets le !!

- Pas vraiment non ! Hi ! Hi !

Luka hésite un instant, Raymond comprend et lui tend les bras pour qu’il vienne l’embrasser comme il en a visiblement envie, lui montrant par ce geste qu’il ne cachera pas sa relation avec lui à qui que ce soit.

Les deux garçons s’embrassent alors fougueusement, ce n’est que quelques secondes plus tard quand ils se séparent, que Raymond voit les larmes perlées des yeux de Luka et en est tout retourné à son tour.

- Et bien !! Qu’est-ce qu’il se passe encore ?

- Je suis trop heureux tu sais, plus j’y pense et plus je me dis que cette agression a eu du bon. Elle m’a permis de te rencontrer… de ne plus être seul au monde.

Raymond ému plus qu’il ne voudrait se l’avouer, sèche les larmes de Luka en passant un doigt sous ses yeux.

- Nous ne serons plus jamais seul à présent, allez !! Un petit sourire et on y va !! Ils vont commencer à se demander ce que nous faisons et ils risquent de s’imaginer des choses !!

- Ils seront juste en avance de quelques heures, du moins si tu veux bien de moi dans ton lit ce soir ou plutôt demain matin quand nous rentrerons.

Raymond sent son cœur s’affoler.

- Et comment que je veux de toi !! Et pour longtemps, très longtemps crois-moi !!

Le sourire de Luka lui fait remonter un frisson tout au long de sa colonne vertébrale et c’est les yeux remplis de bonheur que Raymond remonte en voiture et qu’ils quittent le centre commercial pour continuer à deux la longue route qu’ils ont déjà trop longtemps, pour lui tout au moins, traversé seuls.

***/***

« Chez les Baltot. »

Lucette Baltot la mère de Raymond est très superstitieuse et elle vient tout juste de s’apercevoir qu’avec le petit ami de son fils, ils seront treize à table.

Elle décide de mettre un quatorzième couvert sous le regard amusé de Roger son mari, qui se moque gentiment d’elle

- Ils n’ont pas encore eu le temps d’avoir un enfant tu sais maman !! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (04/125) (Région parisienne) (Seizième jour) (Raymond & Luka) (Bonne année) (suite)

- Mon dieu !! Vous entendez ça les enfants ?? Voilà votre père qui fait de l’humour !!

Lucien le fils cadet observe sa mère avec le sourire.

- Pourquoi tu as mis un couvert de plus m’man ?

- Parce que treize à table ça porte malheur, voilà pourquoi.

Caroline la seule fille de la fratrie.

- Il va nous falloir aller chercher un SDF dans la rue ou tu vas nous inviter quelqu’un de dernière minute ?

Lucette tire la langue à sa fille.

- C’est une bonne idée ça, va voir dehors s’il n’y a pas un pauvre malheureux qui voudrait partager notre repas.

De la plus jeune au plus vieux, tous écoutent avec amusement le même refrain qui dure depuis des années quand la famille Baltot organise une soirée et que le fameux chiffre treize revient d’actualité.

***/***

« Pour faire plus ample connaissance avec eux, voici un récapitulatif des membres de la famille. »

Roger Baltot le père, fonctionnaire de police, est un homme de cinquante-sept ans bien bâtit pour ne pas dire qu’il a un début d’embonpoint ; un mètre quatre-vingt pour quatre-vingt-cinq kilos, comme le reste de la famille il est ou plutôt était châtain avec les yeux marrons.

C’est un homme qui apprécie la vie, sa famille et ses amis, il n’est jamais en reste pour faire la fête surtout que ce n’est pas lui qui fait la cuisine, préférant de loin lire son journal pendant que sa femme s’active aux fourneaux.

Lucette Baltot la mère, avec quatre enfants est restée mère au foyer pour les élever comme il se doit ; Cinquante-six ans, un mètre soixante-dix pour soixante kilos, les cheveux restant d’un beau châtain clair entretenu par de longues séances régulières chez son coiffeur.

C’est une maitresse femme qui mène sa petite tribu à la baguette en restant dans la jovialité et la douceur, ne serait-ce l’aspect superstition qui fait sourire tout le monde quand comme aujourd’hui, il se démarque par l’exagération et le non-sens.

Raymond Baltot le fils aîné que nous connaissons déjà, trente-cinq ans, fonctionnaire de police comme son père, célibataire du moins jusqu’à aujourd’hui ; Un mètre soixante-dix-huit pour soixante-quinze kilos, châtain déjà grisonnant et les yeux marrons qui sont la marque de fabrique de la famille.

Lucien Baltot le second fils, chauffeur de bus à Meaux est un garçon qui prend la vie comme elle vient au grand dam parfois de sa femme Eléonore qui préférerait de temps en temps le voir plus terre à terre vis-à-vis de l’argent qu’il aurait tendance à jeter par les fenêtres, si elle n’était pas là pour y mettre le holà.

Trente ans pour un mètre quatre-vingt et quatre-vingt kilos, il est de la fratrie celui qui ressemble le plus à son père, ne serait-ce les cheveux non encore grisonnants.

Caroline Baltot arrive juste derrière par l’âge, vingt-sept ans pour un mètre soixante-huit et cinquante-cinq kilos, c’est la plus petite de la famille mais elle a un charme fou et son mari José la couve comme le plus important des trésors.

Elle est esthéticienne au plus grand plaisir de sa mère, qui ne manque pas de venir à son cabinet à chaque fois que l’occasion se présente.

D’une nature très douce, elle est la coqueluche des enfants qui sont attirés par elle comme un papillon par la lumière des phares.

Patrick Baltot le benjamin est électricien industriel dans une grande entreprise d’état, vingt-cinq ans à l’allure sportive, pas beaucoup plus grand que sa sœur avec ses un mètre soixante-dix pour cinquante-cinq kilos et ses cheveux châtains en brosse.

C’est le tout fou de la famille qui ne rate jamais l’occasion de s’amuser avec ses nombreux copains et qui a eu la chance de se marier avec Nadia qui est tout comme lui une fêtarde invétérée, mais qui tient son ménage de façon magistrale en dehors des weekends où ils se lâchent en boites de nuit, laissant la petite Lisbeth à la garde des grands parents qui sont aux anges avec ce petit bout de chou d’à peine trois ans.

Reste Damien cinq ans, le fils de Caroline et de José, c’est un enfant calme et souriant tout comme le petit Franck neuf ans le fils de Lucien et d’Éléonore, qui lui est un terrible et n’a peur de rien si ce n’est quand il en fait trop, de la main droite de son père quand elle atteint heureusement rarement ses fesses.

***/***

L’ambiance dans la maison ne manque donc pas de piquants en sachant que tous, enfants, parents, petits-enfants, gendre ou bru, s’entendent à merveilles, n’attendant plus que celui qu’ils n’espéraient plus avant ce coup de téléphone qui leur a amené à tous le sourire et surtout aussi la curiosité de connaitre celui qui a su prendre le cœur du fils prodigue et au combien solitaire.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (05/125) (Région parisienne) (Seizième jour) (Raymond & Luka) (Bonne année) (suite)

Luka regarde la route tout dans ses pensées, plus ils approchent et plus la boule d’appréhension grandit dans son estomac, Raymond a eu beau le rassurer en lui disant que tout se passerait bien et que sa famille l’attendait avec impatience pour découvrir celui qui avait enfin réussi à rompre sa carapace de célibataire endurci, rien n’y fait et il se sent de plus en plus mal à l’aise d’être présenté à ces inconnus.

Le bruit du clignotant le fait sursauter et revenir au présent, il tourne la tête vers Raymond qui lui n’a pas ce genre de soucis au vu du sourire qu’il tient depuis tout le trajet et qui aurait dû le rassurer sur ce qui l’attend.

La voiture se gare devant un pavillon où les places sont rares car déjà presque toutes occupées, démontrant ainsi qu’il va y avoir du monde et n’arrangeant en rien son mal de ventre.

Raymond arrête le moteur en se tournant vers Luka.

- Tu es prêt pour découvrir ta nouvelle famille ?

- Tu es sûr qu’ils vont m’accepter ?

- Je ne sais pas ce qu’il leurs faudrait alors !! Un beau petit jeunot tout mignon pour le vieil ours que je suis.

Luka sourit malgré le stress.

- Un vieil ours mal rasé oui !!

Raymond ne retient plus une envie qu’il a depuis qu’ils sont dans la voiture quand il se penche et l’embrasse avec passion.

***/***

« À l’intérieur du pavillon. »

Patrick a entendu le moteur de la voiture et court à la fenêtre pour être le premier à voir qui en sort, le petit Franck le rejoint et plaque son nez contre le carreau pour mieux voir.

- C’est tonton Raymond qui arrive !!!

Lucette sa grand-mère, lui demande d’une voix curieuse.

- Qu’est-ce qu’il fait, il est drôlement long ?

- (Franck) Il embrasse son amoureux !!

- (Caroline) Et bien !! Ce n’est pas du chiqué on dirait !! Pfft !! Il était temps qu’il se trouve quelqu’un, il est comment le beau-frère ?

Patrick lui fait signe de la main derrière son dos d’attendre qu’il voie mieux.

- Il va bientôt sortir, attends un peu !!

- (Roger) Bande de curieux ! hi ! Hi ! Vous allez tous le voir d’ici peu.

Patrick sourit à son père en lui faisant un gros clin d’œil, il regarde à nouveau dans la rue et son sourire se transforme en étonnement manifeste, avant de revenir encore plus épanoui sur son visage.

- Tout ce que je peux vous dire, c’est que vous n’allez pas en croire vos yeux ! Hi ! Hi ! Et que ce ne sera plus moi le jeunot de la famille après ça, le frangin nous ramène un étudiant rendez-vous compte ! Hi ! Hi !

Sa sœur rongée par la curiosité se précipite à la fenêtre.

- Mais c’est qu’il est à croquer en plus !! Le frangin a été long à la détente mais il s’est trouvé du lourd croyez-moi ! Hi ! Hi !

Patrick met un coup de coude à sa sœur.

- Hé José ?? Va falloir que tu surveilles la frangine, on dirait qu’elle vient de flasher sur le petit nouveau !!

- (Roger) Revenez ici tous les trois, ça ne se fait pas d’observer les gens comme vous le faites.

- (Patrick) Tout le monde aux abris !! Voilà le frangin avec sa bombe !!!

***/***

Raymond ouvre le coffre pour prendre ses cadeaux, il en tend une partie à Luka et prend le reste avant de claquer le coffre et de marcher vers la porte d’entrée suivit par Luka qui se fait le plus discret possible derrière lui, il s’en aperçoit et sourit en l’encourageant.

- Allez, avance !! Plus vite arrivé et plus vite tu te sentiras mieux !!

- Gna gna gna !!! Je voudrais bien t’y voir à ma place ?

- Hum !! Tu te biles pour rien tu verras.

Ils sont presque devant la porte quand celle-ci s’ouvre devant un jeune homme tenant un sourire jusqu’aux oreilles, il vient prendre les paquets des mains de Luka en ne lui laissant que son bouquet de fleurs et lui dit à l’oreille.

- Tu as fait le bon choix tu verras !! Il n’est plus de première jeunesse mais la révision est faite, le contrôle technique est ok et il n’a pas beaucoup roulé.

Luka estomaqué par cet accueil, éclate de rire en entrant dans la maison et c’est comme ça qu’il apparait pour la première fois devant toute la famille réunie.

Famille qui sourit, déjà conquise par le charme naturel et la jovialité de ce jeune garçon aux yeux pétillants de timidité et de gentillesse.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (06/125) (Aix) (Seizième jour) (Chez les De Bierne)

Les grands parents de Florian reçoivent les premiers invités en cette fin d’après-midi-là, Alain et Évelyne déposent leurs paquets dans le placard de l’entrée et entrent dans le salon où Michel est déjà tranquillement installé à écouter la radio en somnolant.

Arrivent dans la foulée Mireille et Philippe, qui les rejoignent à leur tour et s’installent confortablement en attendant qu’il soit l’heure de l’apéritif.

Le fait d’être si peu nombreux leurs faits tout bizarres, alors que depuis deux semaines c’était plutôt la foule où qu’ils se trouvent.

Quand Maryse quitte sa cuisine et les rejoint enfin en ôtant son tablier, elle leurs en fait la remarque et relance ainsi la conversation.

- Quel calme vous ne trouvez pas ? Surtout après ses derniers jours, je vous avouerai que j’en ressentais le besoin.

- (Philippe) Je pense qu’il n’y a pas que nous qui apprécions, même si c’était un vrai bonheur d’être avec toute cette jeunesse.

- (Michel) La maison va nous sembler bien vide maintenant, heureusement qu’il y a Raphaël pour nous tenir compagnie.

Alain avec un grand sourire.

- Je ne sais pas pour vous mais je me doute bien que c’est pareil que pour moi, mais je l’adore ce garçon et pas seulement parce qu’il est rouquin croyez-moi.

- (Michel amusé) Fait plutôt la liste de ceux que tu n’apprécies pas, ce sera moins long.

- Ils sont tous bien, ce n’est pas ce que j’ai voulu dire, juste qu’avec « Raphi » c’est plus fort.

- (Philippe) C’est peut-être aussi parce qu’il est très proche de ton fils.

Alain hausse les épaules.

- Peut-être oui, toi pour qui c’est le métier de comprendre l’esprit des gens !! Pourrais-tu me dire pourquoi j’accepte cette relation qu’ont Florian et Thomas avec Éric et Raphaël, en trouvant presque ça naturel ?

- En quelques mots ou tu veux un cours particulier sur le sujet ?

- Quelques mots suffiront je pense.

- Et bien je dirai que c’est certainement parce que tu ressens les sentiments qu’ils éprouvent les uns pour les autres et que tu n’y trouves rien de choquant.

- (Évelyne) Pourtant reconnaissez que ce n’est pas habituel !

- (Philippe) Pour notre culture c’est un fait mais d’autres que la nôtre n’y voient là rien d’extraordinaires, voir même en ont fait leurs modes de vie. Le principe du harem, des orgies romaines ou de la polygamie, en sont les exemples types et que ce soit exclusivement des garçons ne change rien au principe qui veut que l’amour ne se cantonne pas à la monogamie, comme nous avons tous été éduqués à le penser.

- (Alain) Ce qui m’étonne le plus en fait, c’est cette idée de deux couples qui sont ensemble. J’ai eu l’occasion d’en parler avec mon fils qui m’a juste répondu qu’avec Florian ce n’était pas pareil, qu’il y avait des sentiments différents et saviez-vous qu’ils n’acceptent pas d’avoir ce genre de relation avec leurs amis s’ils ne sont pas ensemble ?

- (Philippe) J’étais au courant, oui ! Maintenant je n’ai jamais eu à faire à des cas semblables et je ne peux que conjecturer sur ce fait, je pense que c’est leur façon de rester fidèle l’un envers l’autre.

- (Maryse) C’est un peu tiré par les cheveux mais je crois comprendre ce que tu veux dire, pourtant ils n’agissent pas tous de la même façon il me semble.

- (Philippe) Ah !! Parce qu’Éric et Raphaël ont des relations séparées ? Je n’aurais pas cru ça venant d’eux pourtant.

- (Maryse) Je ne pensais pas à eux deux mais à Yuan.

- Que vient faire Yuan dans cette histoire ?

Maryse explique ce qu’elle a appris de la bouche même de Florian, quand il leur a annoncé à elle et à Michel, sa relation avec Yuan.

Alain n’est pas vraiment étonné.

- J’avais bien vu qu’ils se tournaient autour ses trois-là.

- (Philippe) Je ne sais quoi répondre, c’est tellement unique comme situation et si vous voulez mon avis, je crois sérieusement que tout est lié avec la particularité de Florian. Peut-être que ça vient de celui qui est dans sa tête et qui a peut-être désinhibé son inconscient, vous savez tous que nous sommes l’addition des expériences de notre espèce et de notre éducation ? Nos gènes nous poussent à des actes précis comme se nourrir, rester en vie ou faire l’amour et nos traditions nous disent ce qui est bien ou mal. Imaginez un peuple qui aurait évolué différemment ou depuis beaucoup plus longtemps ? Disons par exemple en développant d’autres concepts comme la sexualité libre jusqu’à un certain point ? Ou tout simplement en apprenant à utiliser comme ça a l’air d’être le cas, une plus grande portion de leur cerveau qui leur permet de voir les choses autrement et d’atteindre un potentiel tel que ce que nous prenons pour des miracles, ne soit en fait pour eux que des choses banales qu’ils réalisent inconsciemment.

- (Alain) C’est ce que tu appelles en quelques mots ? Je comprends mieux pourquoi tu es aussi réputé dans ton métier.

Philippe s’enfonce confortablement dans son fauteuil.

- La psychologie humaine a toujours été ma passion et depuis que je me suis intéressé à un bambin peu ordinaire il y a de ça maintenant treize ans, j’ai eu largement de quoi me poser des questions et en éprouver de grandes satisfactions personnelles quand j’en obtenais les réponses.

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2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (07/125) (Aix) (Seizième jour) (Chez les De Bierne) (fin)

Il les voit tous lui sourire, comprenant combien son métier était et est encore sa passion, cette conversation leur amène à tous encore plus de questions et de troubles de savoir jusqu’à quel point ce bébé sauvé des flammes et grandissant parmi eux, a été « transformé » pour devenir au fil des ans celui qui les étonne chaque jour davantage sans savoir jusqu’où ça va le mener au final.

Philippe comprend très bien à leurs visages qu’ils sont encore dans la conversation, que tout comme lui ils ne peuvent qu’extrapoler sans avoir jamais de certitudes.

L’heure avance, la comtoise sonne déjà les huit coups quand ils se remuent enfin et c’est Mireille qui prend la parole pour briser ce cercle de silence.

- Nous attendons encore quelqu’un ?

Maryse en se secouant mentalement.

- Heu !! Oui, il manque encore les garçons.

Mireille avec le sourire.

- Je pensais qu’ils étaient sortis pour faire la fête avec leurs amis.

Évelyne avec une certaine émotion dans la voix.

- Je suis certaine qu’ils n’y pensent même pas, Thomas n’est jamais sorti en boite tout comme Florian qui préfère et de loin rester en famille.

- (Mireille) Pour Florian encore je veux bien comprendre, c’est un garçon qui vit dans son monde !! Mais Thomas !! Un beau garçon comme ça qui ne sort jamais !!

- (Philippe) C’est justement la cause qui est responsable du fait.

- (Mireille) Comment ça ?

- (Alain) Tout simplement pour ne pas créer de problèmes, je m’explique !! Prenons mon neveu Mathis par exemple !! Il ressemble à s’y méprendre à son cousin vous ne direz pas le contraire ? Et bien lui sa solution a toujours été de rentrer dans le lard de ceux qui s’approchent de lui de trop près, il est conscient de son physique et de ce qu’il peut avoir d’attirant pour les autres personnes, c’est sa façon en quelque sorte de se protéger de ceux ou celles qui le serreraient de trop près si vous voyez à quoi je fais allusion. Thomas lui n’a pas du tout le même caractère, il préfère éviter ce genre d’incident qui ne manquerait pas d’arriver sur la piste de danse d’une boite de nuit ou tout autre endroit où la promiscuité l’amènerait très certainement à se faire draguer, voir même à subir des gestes indélicats sur sa personne.

- (Philippe) Comme quoi plaire aux gens n’a pas que des avantages ! Hi ! Hi !

Le téléphone retentit dans la pièce, Maryse décroche et écoute quelques instants en ricanant toute seule.

- ……….

- Et bien !! Tu m’en diras tant !!

- ………

- D’accord mon doudou, nous allons prendre l’apéritif en vous attendant.

- ……………

- Mais non, vous avez le temps !!

- ………….

- Entendu, on vous attend !!

- ……….

Maryse raccroche et retrouve les autres dans le salon.

- C’était Florian, il appelait pour ne pas qu’on s’inquiète. Il dit qu’ils sont restés au lit toute la journée et qu’ils arrivent dès que Thomas aura pris sa douche.

- (Alain) Les voilà qui font du lard maintenant, au moins ils seront en pleine forme ce soir !!

Maryse sourit en lui faisant un clin d’œil.

- Ce n’est pas exactement ce que j’ai cru comprendre, mais qu’au contraire ils seront plutôt sur les rotules.

- (Michel) Qu’ils en profitent tant qu’ils sont jeunes !! Et puis ça ne leur fait pas de mal de se retrouver tous les deux après ses dernières semaines.

- (Philippe) Oui au fait !! Comment se fait-il qu’ils ne sont qu’eux deux ?

- (Michel) Yuan est rentré à Paris avec sa copine et Raphaël passe le réveillon avec Éric chez ses parents au camping.

Philippe se tourne vers Alain.

- Et je présume que la fratrie est chez ton frère pour profiter des quelques heures qu’ils leur restent à être ensemble ?

- (Alain) Juste leurs parents, Damien et Guillaume, Aurélien par contre a emmené Chloé au restaurant et ils comptent ensuite aller danser pour finir la soirée.

- (Michel étonné) Comme quoi les idées parfois sont trompeuses, de tous c’est bien le dernier que j’aurai imaginé aller faire la fête ce soir.

Évelyne a les yeux brillants d’amusement.

- J’imagine ce que doit être un rock endiablé avec lui ! Hi ! Hi ! Surtout s’il faut qu’il rattrape sa partenaire, la pauvre Chloé, elle n’a pas fini de se retrouver le cul par terre ! Hi ! Hi !

Tout le monde imagine facilement la scène et se met à éclater de rire, la vision d’Aurélien tendant la main pour rattraper sa chérie qui est déjà affalée par terre leurs semblant des plus irrésistible.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (08/125) (Aix) (Seizième jour) (Abus de sexe = grosse fatigue)

« Résidence d’Hassan. »

- Tu te magnes gros !!! On n’est pas en avance !!

- De la faute à qui ???

- Heu !! Là tu ferais mieux de te taire parce qu’il me semble que c’est toi qui a lâché les chevaux le premier.

Thomas sort la tête de la douche en souriant.

- C’était ce matin pour te réveiller en douceur, je n’avais pas prévu qu’on y passerait la journée.

Il regarde un moment son petit rouquin qui lui tourne le dos pour prendre ses vêtements et ne rate rien de la belle paire de fesses toute blanche qu’il a sous les yeux.

Je vois bien son regard posé sur moi depuis la glace du lavabo, son œil pétillant d’envie me donne le frisson et mon sexe retrouve à mon plus grand étonnement après la journée que nous venons de passer, une raideur impressionnante qui si je n’y prends garde va encore une fois déclencher ma libido et nous mettre cette fois dans un retard certain.

Thomas n’est pas dupe longtemps quand il capte le frémissement des petites fesses de son copain.

- Ne me dis pas que tu es encore excité ? Si ? Putain, mais tu es pire qu’un bonobo mon gars !!

Il sort de la douche et vient se plaquer tout trempé contre son dos, lui faisant bien sentir la raideur dont lui aussi est atteint et lui souffle à l’oreille, le sentant frémir d’envie.

- Mais j’aime trop mon petit bonobo rouquin le sais-tu ? Seulement cette fois ci c’est moi qui fais la visite guidée.

« Quelques minutes plus tard »

C’est encore chancelant que nous repartons sous la douche pour enlever les traces encore fraiches de notre petit plaisir commun, évitant cette fois ci de nous regarder car certain que sinon, nous allons encore une fois de plus remettre le couvert au grand dam de ceux qui nous attendent et qui vont finir par vraiment trouver le temps long.

C’est dans la limousine d’Hassan qui nous ramène chez nous, que nous ressentons le contre coup de toutes ses heures de sexe débridé et que nous nous assoupissons dans un ensemble parfait, les poches sous les yeux et les traits tirés.

- (Le chauffeur) Nous sommes arrivés messieurs !!

Il sourit quand il voit les deux zombis sortir de la limousine et se diriger au radar jusqu’à la porte d’entrée, trébuchant plusieurs fois en se tenant par la taille.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (09/125) (Région parisienne) (Seizième jour) (Raymond & Luka) (Bonne année) (fin)

Luka somnole devant le feu de cheminée et n’entend plus qu’en sourdine les conversations intarissables de cette famille joviale avec qui il vient de passer une merveilleuse soirée comme il n’en avait plus connu depuis trop longtemps.

La chaleur, le repas copieux et le bruit ont eu raison de sa résistance encore convalescente, il ne réagit même pas quand la petite Lisbeth vient s’installer sur ses genoux en suçant son pouce pour lui faire un gros câlin.

La famille Baltot au grand complet les regarde et sourit devant l’image d’Épinal de ce grand jeune homme au sourire béat éclairé par les flammes, tenant la fillette à l’aide de son bras replié et s’enfonçant petit à petit dans le sommeil.

Roger fait signe discrètement à son fils de le suivre et Raymond obtempère pour le rejoindre dans la cuisine, le père et le fils se font face un instant, jusqu’au moment où Roger attrape Raymond et le serre dans ses bras.

- Tu y auras mis le temps mon garçon !! Mais devant le résultat, je ne peux que m’incliner. Luka manque de toute évidence d’amour et est prêt à en donner autant qu’à en recevoir, ne le déçois pas c’est tout ce que je te demande.

- Je l’aime papa !!

- La famille aussi tu le vois bien !! Tu m’as dit si je me souviens bien, qu’il fait partie prenante de ta dernière enquête.

- Quelqu’un l’a laissé pour mort sans papiers le long des quais de Seine et j’étais chargé de découvrir son identité.

- Tes supérieurs sont au courant pour vous deux ? Tu sais que tu devrais te démettre de cette enquête maintenant que tu es trop impliqué sentimentalement avec la victime ?

- Oui pour tes deux questions p’pa !! Nous connaissons l’agresseur maintenant, ce n’était pas difficile dès que Luka est revenu de son coma. Il a pris son identité pour des raisons que je ne peux te dévoiler et ma mission consiste maintenant à mettre Luka à l’abri et à continuer de faire croire que j’enquête toujours sur sa mort.

Roger fronce les narines.

- Hum !! Ça pue l’espionnage !!

- Pour faire simple on va dire ça, oui.

Roger sourit et pose une main paternelle sur l’épaule de son fils.

- Je me doute qu’il sera bien protégé avec toi, en tous les cas pour revenir au sujet de cette conversation ; Je suis heureux pour vous deux et que vous ayez trouvé chacun un compagnon pour rompre votre solitude, nous commencions à nous inquiéter pour toi tu sais ?

- Luka va venir s’installer définitivement avec moi une fois tout ça terminé, nous en avons parlé et je t’avouerai que je ne me suis pas senti aussi serein depuis que je vous ai quitté.

Robert embrasse son fils.

- Si tu es heureux, nous le sommes également tu le sais bien. Allons !! Il est temps d’ouvrir le champagne !! Nous changeons d’année dans quelques minutes et la nouvelle s’annonce sous de bons auspices on dirait, réveille Luka et fêtons ça encore une fois tous ensemble en famille !!

Les deux hommes retournent au salon et pendant que Roger en jetant un regard vers l’horloge s’empresse de sortir les bouteilles du frigo, Raymond vient s’asseoir près de son ami et de sa nièce, endormie elle aussi dans les bras du jeune homme et les embrassent tendrement tous les deux jusqu’à ce qu’ils se réveillent enfin, se demandant pour Luka tout du moins, où il se trouve.

- La jeunesse n’est plus ce qu’elle était de mon temps ! Hi ! Hi !

- (Luka) C’est vrai ça papy ? Va falloir que tu me racontes comment c’était alors ? Justement j’ai un exposé en cours prochainement, l’intitulé est « La jeunesse avant l’invention du cinéma » !! Tu vas pouvoir m’aider avec ton vécu, c’est cool.

Patrick mort de rire.

- Sur le cul le frangin !!! Décidément j’t’adore toi !! Enfin un beauf avec de l’humour ! Hi ! Hi !

José faussement vexé.

- C’est pour moi que tu dis ça gamin !!

Patrick amusé se fait tout petit et va se réfugier en courant derrière son père qui sourit en posant les bouteilles sur la table.

- Je suis heureux comme à chaque fois que notre famille s’agrandit d’un nouveau membre, aujourd’hui c’est toi Luka qui vient de la rejoindre et je constate avec plaisir que tous parmi nous t’apprécions déjà beaucoup.

C’est à ce moment-là que l’horloge entame ses douze derniers coups de l’année, Roger s’empresse de remplir les verres et quand sonne le dernier coup annonçant qu’ils entrent dans l’année nouvelle, toute la famille s’embrasse et trinque dans la liesse générale.

Luka est ému à un point dont il ne se serait pas cru capable, le trop plein s’écoule sur ses joues sans honte ni fausse pudeur et les Baltot comprennent vraiment à ce moment-là ce que sera pour eux à l’avenir ce garçon dont ils ignoraient même l’existence avant qu’il ne passe la porte de chez eux ce jour-là.

Il sourit et lève son verre en prenant la parole.

- Je vous remercie tous et j’en profite aussi pour porter un toast à celui sans qui cet instant merveilleux pour moi n’aurait pu se produire, à vous tous qui me recevez avec autant de gentillesse, à toi Raymond qui est celui que j’attendais et à .... Florian qui m’a sauvé la vie !!

***/***

Des dizaines de verres éparpillés dans plusieurs lieux festifs éloignés les uns des autres, trinquent eux aussi et les mêmes paroles résonnent dans les oreilles de tous nos amis réunis en couples, en familles ou en groupes.

- À Florian !!! Bonne année !!!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (10/125) (Afrique) (Deux jours plus tard)

Le vieil homme et le jeune indigène descendent de l’avion, manifestement heureux de rentrer chez eux et s’engouffrent quelques minutes plus tard dans le vieux quatre/quatre conduit par M’bala l’ancien capitaine et ami du père Antoine.

Les longues heures de route sont mises à profit pour raconter leur voyage au vieux policier et se repaitre du paysage de leur pays retrouvé.

Quand ils arrivent en vue du dispensaire, les yeux du jeune Massaï se plissent de curiosités puis de joies à la vue des trois personnes les attendant devant l’entrée.

Antoine avec sa vision qui a elle aussi retrouvé ses « soixante » ans, ne peut manquer de les voir également.

- Et bien mon garçon !! Tu ne diras pas que tu ne manquais pas à ta famille !! Même le frère prodige est venu en personne, tu te rends comptes ?

En effet, au fur et à mesure que le véhicule se rapproche, ce qui n’était jusqu’alors qu’une silhouette placée au milieu des deux autres, apparait maintenant comme un jeune homme fin et presque aussi grand que son père, qui fait pousser un cri de joie à Taha.

- Aomé est venu père Antoine !! Regardez comme il est fier près de notre père.

- Ce sera sans doute un grand chef lui aussi, c’est bien qu’il soit là !! Même s’il ne le montre pas, ça prouve que ton grand frère t’aime beaucoup malgré tout.

C’est Akim qui se jette le premier sur Taha quand celui-ci sort de la voiture, il a retenu son esprit pour que son frère ne soit pas au courant de leurs venues et sourit de toutes ses dents à voir ses yeux remplis de surprises.

Ils profitent de leur don de communiquer pour le faire sans éveiller la curiosité de ceux se trouvant près d’eux.

***/***

- T’as vu ? Il est venu juste pour toi.

- Il te l’a dit ?

- Tu penses bien que non, mais depuis hier il n’a fait que ça d’entrer et sortir de la case.

- (Taha) Il a donné quoi comme prétexte ?

- Qu’il voulait vérifier par lui-même ce qu’il a entendu dire sur le rajeunissement du vieux père blanc, il était à la chasse ce jour-là et il ne l’a donc pas vu.

Taha fait grise mine.

- C’est peut-être juste pour ça.

- Je suis certain que non !!

- Tu crois qu’il va me pardonner un jour ?

- Ça fait si longtemps, j’étais tout petit quand c’est arrivé et c’était un accident, tu le sais aussi bien que moi et lui aussi.

***/***

Les deux garçons se tournent vers leur grand frère, Taha plonge ses yeux dans le regard sombre ne marquant aucune expression d’Aomé et se souvient de ce jour maudit où l’accident a eu lieu et depuis lequel son frère qui était alors son meilleur ami, n’a plus jamais fait attention à lui comme s’il était transparent ou pire comme s’il n’existait pas.

C’était il y a cinq étés, quand Taha a reçu son premier arc des mains de son père et que tout fier de lui, il a lancé très loin cette flèche qui au lieu d’aller se ficher dans l’arbre qu’il visait, est allé taillader profondément la joue d’Aomé qui ce jour-là a frôlé la mort de près et lui a laissé cette horrible balafre, défigurant le garçon qui depuis ce jour ne lui a plus fait ressentir qu’une froideur indifférente envers lui.

Jamais un mot ni un reproche envers Taha ne sont sortis depuis des lèvres d’Aomé, le jeune Massaï en a atrocement souffert pendant toutes ses longues années et ses demandes de pardons ainsi que ses pleurs n’y ont rien fait et depuis tout ce temps les deux frères même s’ils ne s’évitent pas et partagent la vie de la tribu, s’ignorent et en souffrent.

Okoumé regarde ses deux grands fils, il connait la raison de l’acharnement de Taha à être le meilleur à l’arc pour ne pas qu’un jour il blesse de nouveau par inadvertance une personne chère à son cœur.

Les voir ainsi depuis tant de lunes à se déchirer alors qu’ils s’aimaient tellement, lui brise toujours autant le cœur mais il ne sait plus quoi faire pour que ça cesse et que ses enfants retrouvent un jour la joie d’être de nouveau les meilleurs amis du monde.

Il les entend encore rire en découvrant ensemble les plaisirs et les dangers de la nature autour d’eux, inséparables jusqu’à ce jour funeste où tout a basculé, où il a failli perdre son aîné alors qu’il se moquait de son jeune frère et de sa façon de tenir son arc.

Le père Antoine garde un étrange sourire peu de circonstance en triturant dans sa poche l’objet que lui a remis Florian à sa demande, après qu’il lui ait expliqué le tourment de Taha qui l’empêchait d’être entièrement heureux mais dont il garderait le secret pour lui seul comme la punition d’un acte impardonnable.

Le petit rouquin est entré cinq minutes dans la salle de bain de ses grands-parents et lui a tendu la fiole avec un impressionnant « Tatata !!! » ponctué d’un clin d’œil humide montrant combien malgré son sourire, il a été fortement touché par son histoire.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (11/125) (Afrique) (Deux jours plus tard) (suite)

Aomé se rapproche du père Antoine pour le prendre dans ses bras, malgré tout il s’arrange pour avoir Taha dans son angle de vision et sourit, rassuré de le revoir après une si longue absence.

C’est d’ailleurs cette absence qui l’a fait réfléchir sur ce qui clochait en lui et qu’il a enfin compris que c’était le manque de son frère.

Antoine n’est pas dupe et voit bien dans quelle direction sont dirigés ses yeux et son sourire, même si les paroles sont sincères et lui sont adressées.

- Il t’a manqué ?

- Qui ça mon père ?

- Ne fais pas l’enfant !! Allons !! Ne crois-tu pas qu’il est temps d’arrêter tout ça ? Tu l’as assez puni tu ne crois pas ?

- C’est vous que je suis venu voir père Antoine.

- Alors pourquoi est-ce lui que tu regardes depuis que nous sommes arrivés ?

- ………..

- Tu ne veux pas être honnête pour une fois et admettre que tu as eu peur qu’il ne revienne pas ?

- C’est toujours quelqu’un de la tribu mon père et nous ne sommes pas si nombreux, mon père et Akim auraient trop souffert s’il n’était pas revenu.

- Ah !! Mais tu m’agaces à la fin !! Il ne t’a pas tué il me semble et tu es en pleine forme.

- C’est pire mon père !! Les jeunes femmes du village me fuient à cause de mon visage et c’est lui qui m’a rendu si repoussant.

- Lui c’est Taha !! Ton problème avec les femmes ne vient que de toi, c’est toi qui les fuis, pas le contraire comme tu sembles le croire et je suis bien placé pour te dire que si tu n’étais pas aussi froid avec elles, tu serais un garçon très recherché et sûrement déjà marié.

- Vous ne comprenez pas mon père.

- Et pourquoi donc ? Parce que je suis uni à mon dieu et non avec une femme ? À qui crois-tu qu’elles se confient quand elles ont des questions ou des soucis ? À qui te confies-tu en ce moment ? À ton père ? Non !! À moi !!

- Il n’y a pas que ça mon père, nos dieux aiment mes frères et me méprisent.

- (Antoine) Qu’est-ce que tu me dis là !!!

- Je suis le seul revenu de la clairière qui n’a pas été guéri et mes frères ont chacun un de nos dieux en eux.

- Peut-être y a-t-il une raison !! Peut-être qu’ils ont lu en toi et qu’ils attendent que ton cœur se libère !!

- C’est trop tard mon père.

Pendant toute cette conversation, Taha est resté près de la voiture à discuter avec son père et son frère, heureux de se retrouver.

M’bala sort du coffre le sac à dos et les valises qu’il dépose devant la porte du dispensaire, il remonte ensuite dans le véhicule pour aller le garer plus loin et les trois Massaï s’avancent alors pour lui laisser la place à sa manœuvre.

Aomé qui surveille toujours du coin de l’œil son frère, éclate de rire quand il le voit marcher en faisant la grimace et en levant les pieds comme s’ils étaient posés sur des braises.

Les deux semaines passées en Europe à porter des chaussures ont fait leurs effets sur la plante des pieds du jeune homme, qui en a perdu une bonne partie de sa carne le protégeant habituellement des pierres et des ronces.

Ce qui devait arriver arriva très vite et c’est un cri de douleur qui résonne bientôt aux oreilles de tous et fait s’asseoir au sol Taha en se tenant un pied des deux mains, le visage marqué par la souffrance.

Okoumé se précipite vers son fils, il découvre la coupure profonde qu’il vient de se faire ainsi que le sang qui en sort et tourne son visage vers le père Antoine en souriant d’amusement.

- Mon fils est devenu aussi fragile qu’un homme blanc mon père.

- Porte le à l’infirmerie pour que je le soigne, il lui faudra faire attention où il marche pendant quelques temps.

- (Okoumé) Bien mon père !! Les femmes seront heureuses d’avoir de l’aide pour préparer les repas.

Le guerrier soulève son fils sans peine et l’emmène à l’intérieur du bâtiment, Aomé ne dit rien mais le suit sans pouvoir détacher son regard inquiet du sang qui s’échappe de la plaie.

Les blessures mêmes anodines peuvent très vite s’infecter et devenir graves, voir mortelles dans ce pays et Aomé en est conscient même s’il est également conscient qu’ils se trouvent au meilleur endroit possible pour que tout se passe bien.

Taha a le cœur qui bat très fort, pas parce qu’il s’est bêtement blessé mais parce qu’il voit bien que pour la première fois depuis l’accident, son frère le regarde autrement qu’avec l’indifférence habituelle qui lui fait si mal au quotidien.

Il attend qu’il soit assez près et sa main vient en tremblant s’insérer dans celle de son grand frère, qui le regarde faire avec surprise mais ne la rejette pas comme il le craignait.

Imperceptiblement elle se resserre et une étrange chaleur remonte dans le bras d’Aomé, qui en frissonne d’un sentiment étrange qu’il n’avait plus connu depuis si longtemps et que d’aucun nomme tout simplement, « le bonheur ».

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (12/125) (Afrique) (Deux jours plus tard) (fin)

Akim a tout suivi sans se manifester, préférant observer le rapprochement de ses deux grands frères avec un sourire de plus en plus épanoui.

Cinq étés où lui aussi a souffert de les voir se déchirer, cinq étés où il devait se partager alors qu’il aurait préféré profiter d’eux aux mêmes moments comme avant que tout cela n’arrive.

Okoumé bien sûr n’a rien vu et ce n’est qu’au moment d’allonger son fils sur la table de l’infirmerie, qu’il s’aperçoit enfin des deux mains serrées fortement l’une à l’autre semblant ne plus vouloir faire qu’une.

Lui aussi préfère ne rien dire et il dépose son fils en faisant bien attention de ne pas les gênés, il se tourne ensuite vers le père Antoine qui est tout souriant de ce nouveau miracle auquel il assiste et dont il ne croyait plus.

Le nettoyage et la désinfection du pied blessé n’est pour lui qu’une petite intervention de routine, la plaie commençant étrangement à se refermer et à disparaitre à son tour, ne laissant bientôt plus aucune trace de ce petit accident.

- (Okoumé) Ton dieu te protège et te soigne mon fils, sois lui s’en reconnaissant.

- Crois-tu père qu’il en sera encore ainsi quand il aura retrouvé son corps ?

- Comment pourrais-je te répondre ? Sans doute si tu te rends à la clairière des pierres qui soignent, nos chasseurs ont bien été guéris là-bas !!

- Parce qu’ils ont combattu avec eux.

- (Aomé) Moi aussi j’ai combattu !! Ils ne m’ont pas guéri pour autant.

Le père Antoine sourit, heureux du rapprochement des deux frères.

- Peut-être que maintenant ils le feront mon garçon, comme je te l’ai dit ton cœur n’était pas pur et c’était peut-être de leurs parts, une façon de te le faire comprendre en te faisant réfléchir au pourquoi de leurs indifférences envers toi.

- Vous croyez mon père ?

- J’en suis persuadé oui et maintenant que je vois que vous vous êtes retrouvés, je pense qu’ils t’ont pardonné. Vous vous êtes bien retrouvés ?

Taha sourit au vieil homme, puis fixe son frère dans les yeux et soupir de soulagement en voyant que celui-ci sourit à son tour.

- Oui père Antoine.

Antoine sort alors la petite fiole de sa poche et la met dans la main libre de Taha qui la regarde avec surprise, en se demandant ce que ça peut bien être.

- Un cadeau de Florian pour toi et Aomé mon garçon, je lui ai raconté ton histoire et le pesant chagrin que tu gardais dans ton cœur d’avoir fait du mal à ton frère, il m’a donné ceci et je suis certain que tu sauras en faire bon usage.

- (Aomé) Qu’est-ce donc mon père ?

- Un don du dieu des dieux mon fils, venant d’un garçon au cœur pur qui n’a de cesse que de venir en aide à son prochain.

- (Aomé) Le garçon aux cheveux de soleil que mon frère est allé retrouver dans la ville des hommes blancs de l’autre côté de l’océan ?

Antoine hoche la tête, ému.

- Lui-même mon fils, l’acte de charité qu’a eu ton père à ton âge vous est ainsi rendu.

Taha se lève en détachant difficilement sa main de celle de son frère, ayant la crainte que ce geste les sépare une nouvelle fois.

- Prends ma place Aomé !!

L’aîné d’Okoumé s’allonge alors sur la table, c’est un garçon brave parmi les braves de sa tribu et pourtant une lueur craintive luit dans ses yeux de savoir si les dieux vont l’accepter cette fois ci et permettront au miracle de se produire, comme il l’a vu faire sur les chasseurs de la tribu et sur son frère juste avant ça.

Taha ouvre alors la fiole contenant le breuvage des dieux et en laisse couler une petite quantité d’une main tremblante sur la joue de son frère, il l’applique ensuite soigneusement tout au long des chairs boursoufflés de l’épaisse cicatrice.

Il reste les trois quarts du contenu dans la fiole, il pourrait le garder pour lui mais n’y pense même pas et le fait boire à Aomé qui grimace légèrement devant l’aspect gluant et le gout âcre du liquide, qu’il avale d’un trait sans plus chercher à l’analyser.

Au début rien ne se produit, le père Antoine commence à se demander s’il a eu raison d’être aussi affirmatif devant l’inquiétude d’Aomé.

Le jeune homme étendu sur la table comprend à leurs visages graves et à celui désespéré de Taha que ça ne fonctionne pas comme prévu, c’est le visage maintenant mouillé de larmes de son frère qui lui fait enfin comprendre le désespoir qu’a vécu celui-ci de tous ces étés à l’ignorer comme il l’a fait.

Sa main reprend la sienne et leurs regards se croisent une nouvelle fois, Aomé sent quelque chose en lui se libérer enfin.

- Les dieux ne me pardonnent pas de t’avoir fait aussi longtemps souffrir, sache que c’est terminé et que je t’ai toujours aimé, j’ai mal agi envers toi et je m’en rends compte maintenant, je garderais toute ma vie cette marque du destin mais j’aurai au moins retrouvé mon frère.

Les deux garçons se serrent dans leurs bras devant le regard ému de leur père et du vieux prêtre, Antoine se signe alors et tout comme Okoumé stupéfié, il assiste au « don » qui petit à petit efface sur la joue d’Aomé la trace de cette journée funeste qui leur a tant fait de mal.

- Vos dieux t’ont pardonné mon enfant, ils ont compris que tu étais sincère et qu’il était temps d’oublier.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (13/125) (Paris) (Dernier weekend avant la reprise)

La clé tourne dans la serrure et ils entrent dans l’appartement visiblement vide de son propriétaire, un œil sur l’horloge suivit d’un regard de connivence et la porte de la chambre est ouverte à son tour.

Des vêtements tombent un à un sur le lit, jusqu’à ce que des mains les reprennent et les cachent dans le grand placard servant d’armoire, un petit rire amusé et d’autres mains qui referment les portes du placard de l’intérieur.

***/***

Yuan revient à pieds depuis la gare d’où il vient de raccompagner sa petite amie après les trois jours et demi passés ensemble en tête à tête chez lui.

Se retrouver seul lui fait un drôle d’effet, après toutes ces journées passées dernièrement en compagnie de ses amis et surtout ce qu’il y a vécu en perdant tour à tour sa virginité avec ceux qu’il aime.

Il passe devant le traiteur chinois avec qui il a commencé à tisser un fort lien d’amitié et passe un moment à discuter dans sa langue, avant d’en ressortir avec le dîner qu’il a prévu pour lui ce soir.

Il rentre ensuite chez lui et s’étonne qu’il n’y ait qu’un tour à faire à la serrure pour l’ouvrir alors que par habitude il la ferme toujours à double tour.

En riant de lui-même.

- Je dois être encore perturbé ! Hi ! Hi !

Yuan dépose ses achats dans la cuisine et commence à les sortir du grand sac en papier quand il reçoit un SMS et qu’il le lit, un grand sourire orne alors son visage quand il y répond.

***/***

« SMS »

· Tu es chez toi ?

· Où veux-tu que je sois ? Et toi tu es où ?

· Avec Thomas.

· Veinard !!

· Je sais ! Hi ! Hi !

· Qu’est-ce que vous faites de beau ?

· Devine ?

Yuan sourit en écrivant sur son portable.

· Je ne préfère pas sinon ça va me donner des idées.

· On aimerait bien que tu sois entre nous deux.

Yuan envoie sa réponse en soupirant.

. Et moi donc !

· Ah oui ? Et tu aimerais quoi ?

Yuan éclate de rire en comprenant qu’ils essaient de l’exciter par texto, il décide de les prendre à leurs propres jeux et écrit.

· Un gros câlin qui dure toute la nuit.

· Hum !! Et c’est tout ?

· Vous me proposez quoi ?

· De te faire tout ce que tu auras envie !

Yuan commence à se sentir à l’étroit dans son pantalon et décide en continuant d’écrire d’aller se mettre à l’aise sur son lit, il entre dans sa chambre et en deux temps trois mouvements, se retrouve nu allongé sur sa couette.

· C’est que j’ai pas mal d’envies avec vous deux.

· Vraiment ? Comme quoi par exemple ?

· Que tu me prennes pendant que « Thom » me fait du bien avec sa bouche.

· Waouh ! T’es chaud là ! Tu n’as pas honte d’écrire des choses pareilles ?

· Fallait pas me chauffer !!

· Continue !! Tu viens de donner des idées à Thomas et c’est trop bon !

Yuan met un deuxième oreiller derrière sa tête et continue d’écrire d’une main pendant que l’autre commence à devenir plus entreprenante.

· Tu n’as vraiment pas pitié de moi qui suis seul à la maison.

· Ça ne t’empêche pas de te donner du plaisir en même temps que nous pas vrai ?

· Tu es devin ou quoi ?

· Non, juste dans ton placard à attendre que tu nous ouvres mon grand ! Tu sais bien ? Celui où tu caches tes amants ! Hi ! Hi !

Yuan s’astique de plus en plus vite en croyant à une plaisanterie, pianotant de l’autre main sur son téléphone.

· Si seulement ça pouvait être vrai !

· Arrête de te secouer la nouille alors et regarde, ce serait dommage de gâcher la marchandise si c’était vrai tu ne crois pas ?

***/***

Yuan sent qu’il va bientôt partir comme à chaque fois qu’il a l’image de ces deux loustics en tête, il tourne quand même son regard vers le placard et prit d’une soudaine suspicion, se lève d’un bond le sexe raide et luisant d’excitation.

Il sourit malgré tout en se disant que c’est des conneries et qu’il y en a deux qui doivent bien s’amuser en ce moment à se moquer de lui.

Il est prêt à arrêter son geste juste pour ne pas se sentir ridicule en se retrouvant la queue bandée devant un tas de vêtement, mais c’est plus fort que lui et c’est en poussant un soupir d’exaspération devant le burlesque de son geste, qu’il ouvre en grand les deux portes du placard et se retrouve ahuri, nez à nez devant ses deux copains nus avec un sourire moqueur sur le visage.

- Regarde Thomas comme c’est appétissant tout ça !! En plus tu avais raison, je crois bien que ce soir on va manger chinois ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (14/125) (Paris) (Amitié ou amour ?)

Steven sort de la gare en soupirant de contentement, il va retrouver son petit studio dans les combles que ses parents louent à un prix fou mais ce n’est pas ce qui lui importe le plus et s’il est aussi gai de rentré, c’est parce qu’il sait retrouver Michael cet après-midi même à la fin de son service.

Son forfait téléphone s’en portera beaucoup mieux que durant ses deux dernières semaines et il a eu le temps de réfléchir longuement à ce qu’il souhaite réellement pour l’avenir avec lui, s’il y en a un.

La présentation de Yuan au « Trois cochons » aussi rapide qu’imprévue, les a laissés décontenancer jusqu’à ce qu’ils en rient et qu’ils se revoient plusieurs fois pour forger un début d’amitié prometteur, mais rempli de non-dits qui les rendaient mal à l’aise.

Steven d’un naturel timide tout comme Michael d’ailleurs, a eu du mal au début à prendre sur lui pour s’extérioriser et laisser ses sentiments prendre le dessus, son nouvel ami n’était pas mieux loti et les longs silences entre eux, ont failli arrêter là ce début d’amitié que pourtant chacun d’eux espérait au fond de lui.

Heureusement qu’il y a eu cette conversation avant qu’il ne quitte Paris pour rejoindre ses parents et qui a eu au moins la chose de mettre les cartes sur la table en se dévoilant un tout petit peu plus à l’autre, suffisamment pour les faire réfléchir et se donner ce rendez-vous auquel il n’a qu’une hâte aujourd’hui, celui de s’y rendre.

***/***

« Deux semaines plus tôt. »

Michael l’avait retrouvé dans ce petit parc où ils s’étaient déjà donné rendez-vous, comme les autres fois le silence s’est vite instauré et la timidité de chacun ne faisait rien pour que ça s’arrange.

Pourtant ils se sentent bien ensemble et l’idée de se voir illumine leur journée, jusqu’à ce qu’ils soient réunis et que plus rien ne veuille sortir, instaurant même rapidement une certaine gêne entre eux.

Steven comme les autres fois s’apprêtait à partir, quand il a senti une main lui prendre doucement le bras et le faire se rasseoir près de Michael en le regardant d’un air surpris.

- « Stev » il faut que je sache !!

- Quoi donc ?

- Où ça nous mène tout ça !!

- Je me pose aussi la question, tu aimerais quoi toi ?

Michael sourit tristement.

- Vaincre cette putain de timidité qui me bloque et qui m’empêche de te parler, alors que j’ai tant de chose à te dire quand tu n’es pas là devant moi.

- Comme quoi par exemple ?

Michael devient rouge quand il lui répond d’une voix presque imperceptible.

- Que tu me plais beaucoup !

Steven rougit à son tour.

- Vraiment ?

Michael détourne son regard.

- Je ne serais pas ici sinon tu ne crois pas ?

- Moi non plus si ça peut te rassurer !

- Alors pourquoi je n’arrive pas à te parler ?

- Peut-être pour les mêmes raisons que moi, tu as peur de dire des choses qui ne seraient pas réciproques.

Michael sourit timidement.

- Faudrait qu’on aille se prendre une bonne cuite, ça aiderait peut-être à nous décoincer.

- Ou demander à Yuan qu’il nous serve d’intermédiaire ! Hi ! Hi !

- Lui au moins n’a pas peur de dire ce qu’il pense.

- C’est clair !! On fait quoi alors ? Je repars chez moi ce soir tu sais ?

- Tu veux qu’on se revoie après les fêtes ?

- Bien sûr !! Pas toi ?

- Je ne demande que ça mais si c’est pour faire comme jusqu’à maintenant, ça ne nous mènera pas loin.

Steven sent une boule de stress dans sa gorge.

- Ecoute « Cha » !! Profitons de ses deux semaines pour faire le point chacun de notre côté, on pourra toujours se téléphoner et nous aurons le temps d’y voir plus clair.

- Tu as raison !! Faisons comme tu dis.

Le silence est alors revenu et c’est quelques temps plus tard qu’ils se sont séparés, Steven a regardé partir Michael et ses yeux ne se sont pas détachés de sa silhouette tant qu’elle est restée visible.

Pourquoi n’arrive-t-il pas à lui dire qu’il le trouve parfait, que tout en lui l’attire, aussi bien physiquement que tout le reste ; Pourquoi ?? Pourtant Yuan l’avait bien compris lui !! Il avait bien vu qu’avec Charles ça ne marcherait pas et que ce n’était pas du tout le genre de gars qui lui convenait alors que Michael serait pour lui le petit ami parfait.

Si seulement son copain était comme Charles ? Qu’il l’entraine sans laisser le temps à sa timidité maladive de prendre le dessus ou en profitant justement de celle-ci pour arriver à ses fins comme l’a fait Charles ? Steven se rappelle de ce lundi matin-là et sa grimace exprime bien ce qu’il en a retenu, un rapport sans saveur, glauque, qu’il aimerait tellement n’avoir pas vécu et qui n’a pas été jusqu’au bout à cause ou plutôt grâce à l’intervention de « Yu ».

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (15/125) (Paris) (Amitié ou amour ?) (Suite)

Steven retrouve le sourire à la pensée du bel asiatique et de ce qu’il faisait dans les chiottes pendant que lui se laissait abuser par les paroles et les promesses de celui qu’il croyait être un ami et qui ne cherchait de toute évidence qu’à profiter de ses charmes et surtout de son ignorance.

Il s’est ensuite levé à son tour pour rentrer chez lui préparer son sac, en se promettant de ne plus jamais se laisser entrainer dans ce genre de situations et que le garçon qui profitera de son corps sera comme Michael, quelqu’un qui lui plait et qu’il aura choisi en connaissance de cause et non plus sur une simple envie de découvrir ce que ça fait.

***/***

« Retour au présent. »

Un frisson de dégout le prend en repensant mais surtout en revoyant la scène, lui le pantalon baissé se faisant sucer par Charles qui ne s’était même pas donné la peine de la réciproque en restant habiller et qui en bavait d’envie de se taper le jeune blondinet qu’il trouvait si craquant.

Steven arrive maintenant devant chez lui et grimpe les six étages le menant à son studio mansardé, un regard sur les quelques meubles et il soupire en se disant que c’est reparti pour six mois.

Son téléphone vibre en annonçant l’arrivée d’un texto, il le sort de sa poche et le lit.

· Toujours ok now ?

Il retrouve immédiatement le sourire, tandis que ses doigts virevoltent sur le petit clavier.

· Bien sûr, je prends une douche et j’arrive.

Il n’est qu’à moitié dévêtu quand la réponse arrive et qu’il se jette une nouvelle fois sur l’appareil.

· Cool !! Dans une heure, même endroit ?

· Ok ! Bisous !

Steven attend sans trop savoir quoi au juste, le téléphone vibre à nouveau et son visage s’éclaire d’un immense sourire.

· Bisous !

Pantalon, chaussettes et slip volent alors dans la petite pièce, Steven entre dans sa douche, tout émoustillé et le sexe marquant son contentement par une raideur qu’il se retient avec peine de prendre en main, pour se satisfaire en solo de l’excitation qu’il ressent.

L’eau froide qui coule en premier lui fait pousser un cri de surprise qui a au moins l’avantage de lui faire oublier ce que son corps lui réclamait, quelques minutes plus tard c’est en sifflotant qu’il regarde les gens dans la rue se tourner vers lui en souriant et pour certains avec un air d’envie dans le regard devant ce beau blond, le visage angélique rayonnant de bonheur.

***/***

« Quelques instants plus tôt. »

Michael termine son service et ouvre son vestiaire pour se changer, son sourire en dit long sur le plaisir qu’il a cette fin d’après-midi-là, d’en avoir enfin fini avec son travail.

Il repasse dans la salle saluer ses collègues et rentre rapidement chez lui pour se faire beau afin de retrouver son ami qui lui a terriblement manqué ses quinze derniers jours.

Bien sûr ils se sont parlé au téléphone presque tous les jours et parfois plusieurs fois, la voix chaude de Steven lui résonnait comme une musique douce à l’oreille mais le laissait ensuite avide de le retrouver et de pouvoir admirer son visage rayonnant de beauté, gardant encore les traces de l’enfance.

Comme pour Steven, cette séparation les a rapprochés et lui a permis de réfléchir à ce qu’il ressentait pour lui réellement.

Michael sait bien qu’une fois face à face devant son ami, il va encore très certainement perdre tous ses moyens et il lui a donc préparé un enregistrement où il laisse parler son cœur.

Il aimerait bien le lui faire écouter en sa présence pour observer ses réactions mais n’est pas sûr d’en avoir le courage, il glisse la petite puce dans une enveloppe pour être certain de ne pas la perdre, lui laissant le choix de la glisser ou non de suite dans son portable afin de l’écouter seul ou devant lui.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (16/125) (Paris) (Amitié ou amour ?) (Suite)

C’est en pensant justement à ça, qu’il prend le sien et envoie un texto pour s’assurer que le rendez-vous est toujours d’actualité au cas où Steven aurait un empêchement, il tape alors ces quelques mots qu’il envoie aussitôt à son destinataire en priant de tout son cœur qu’il lui répondra que tout est toujours ok.

La réponse arrive très vite et il envoie un deuxième message pour valider le lieu de rendez-vous, ce n’est qu’à la réponse de ce dernier que son cœur rate un battement et que le « bisou » s’imprègne dans son cerveau comme un immense espoir pour la suite de leur relation.

Michael heureux s’apprête à ranger son téléphone dans sa poche, quand il ne sait pas pourquoi mais son instinct le pousse à lui renvoyer son « bisous », sentant certainement que son ami devait attendre sa réponse à ce petit mot intime qu’il lui a envoyé.

L’inexpérience sur toutes ses choses qui concernent le sexe lui fait toujours craindre de mal s’y prendre et de commettre un impair qui serait mal interprété.

De plus sachant Steven au même point que lui, il ne voudrait pas qu’il se sente brusquer et y voir qu’une envie de tirer un coup alors que ce n’est pas du tout ce qu’il recherche, même si l’avoir nu dans ses bras est ce qu’il souhaite aussi.

C’est perdu dans ce genre de pensées excitantes mais non dénuées d’une certaine appréhension, car rien ne dit même s’il s’en doute un peu que ce « bisous » ne soit rien d’autre qu’une marque d’amitié.

Que Michael se rend à pieds vers le petit parc tout près de chez lui où il va pouvoir enfin revoir son petit blond si craquant, qu’il n’arrive plus à se l’ôter de la tête.

Il arrive le premier et s’assoit sur le banc pour l’attendre, ses mains fébriles triturent son téléphone en se retenant avec peine de l’appeler pour savoir où il est, ne voulant surtout pas lui mettre la pression en se doutant bien qu’il doit être au moins aussi impatient et stressé que lui l’est en ce moment même.

Steven arrive en vue du parc, il ralentit en longeant le bosquet menant à l’aire de détente où sont installés les jeux pour enfants et les bancs pour que les adultes puissent les surveiller, il aperçoit son ami qui semble nerveux et sourit en se disant que c’est son cas également et que c’est plutôt bon signe.

Il prend le temps de l’observer des pieds à la tête et retrouve en lui tout ce qui lui a plu dès la première rencontre, son visage fin surmonté de ses cheveux bruns coupés courts et son corps robuste tout en muscle, qui dépare du sien petit et svelte mais qui correspond tout à fait à ses critères de choix dans la recherche de son compagnon idéal.

Steven maudit une fois de plus son manque de caractère ainsi que de sa timidité viscérale, surtout quand il s’agit de s’adresser aux gens et ne voudrait surtout pas qu’elle soit la cause d’un malentendu, qui lui ferait perdre ce garçon en qui il tient déjà beaucoup.

Il respire un grand coup et prend sur lui pour apparaitre le plus naturellement possible devant Michael, qui capte aussitôt son arrivée et lui envoie un sourire resplendissant qui lui amène le sien en retour.

Michael se lève comme si une guêpe venait de le piquer et s’approche de Steven jusqu’à n’être plus qu’à quelques centimètres de lui, il hésite, prend son courage à deux mains et tend son visage vers lui pour lui faire la bise.

Son geste rapide prend de court Steven qui du coup ne réfléchit pas et l’embrasse à son tour, sentant un long frisson de plaisir lui parcourir tout le corps.

- (Michael) Ça te dit qu’on marche un peu ?

- Si tu veux, oui !

- Alors ? Ces vacances ?

- Cool !! Et toi ?

- Bof !! J’ai taffé les trois quarts du temps et puis je n’ai pas eu la chance de pouvoir comme toi rejoindre ma famille, ils habitent trop loin et je n’avais pas assez de temps pour ça. C’est marrant tu ne trouves pas ? Tout ça nous en avons déjà parlé au téléphone ! Hi ! Hi !

- Il faut qu’on parle « Cha » !! J’avais plein de choses à te dire mais je ne sais plus par où commencer, tu ne peux pas savoir comme je hais cette timidité qui m’empêche de t’avouer tout ce que j’ai sur le cœur.

- Je connais t’inquiète !! Tiens !! Prends ça !!

Steven attrape l’enveloppe qu’il lui tend.

- Qu’est-ce que c’est ? Une lettre ?

- Ça aurait pu si j’y avais pensé ! Hi ! Hi ! Mais c’est tout comme, ouvre !!

Steven déchire l’enveloppe pour en sortir la mini carte SD qui se trouve à l’intérieur, il regarde son ami l’air interrogatif.

- C’est pour quoi faire ?

- Pour que tu entendes ce que j’ai à te dire et que je n’aurais jamais eu le courage sinon, tu peux attendre pour l’écouter plus tard chez toi si tu veux ?

- Et si je le fais maintenant ?

- Ça me ferait plaisir.

- Ok alors !!

Steven les mains légèrement tremblantes d’appréhension, ouvre son portable et remplace la carte qui y est déjà par celle que vient de lui donner Michael.

Il ouvre le dossier en mettant ses écouteurs, regarde une nouvelle fois Michael dans les yeux et devant son sourire d’encouragement et ses joues rouges d’émotions retenues, lance le fichier audio pour écouter ce que son ami tient tellement à lui dire qu’il n’a pas osé le faire de vive voix.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (17/125) (Paris) (Amitié ou amour ?) (Fin)

Quelques grésillements dus à l’enregistrement, puis la voix claire de son ami arrive à ses oreilles, visiblement ému par les paroles qu’il va prononcer.

Steven s’assoit sur le banc en se penchant légèrement en avant, ses deux bras posés sur ses genoux en tenant nerveusement son téléphone tout en le triturant dans tous les sens.

***/***

« Message audio »

J’étais de service ce jour-là quand deux garçons sont entrés, trop tard pour le repas et j’ai reconnu tout de suite l’un des deux garçons, comme un client sympathique venu dîner avec des amis quelques temps plus tôt. Un groupe assez spécial pour que je m’en souvienne très bien, tous étaient de très beaux garçons qui m’ont plu dès le premier regard. Enfin bref !! Tu auras peut être je l’espère l’occasion de les rencontrer puisque ce sont des amis de Yuan, ce magnifique asiatique qui est également ton ami et qui t’a amené ce jour là pour nous présenter l’un à l’autre. Que dire ? À part que j’ai été ébloui par ce petit blond qui m’a tout de suite fait craquer et qui semblait aussi mal à l’aise que moi. Depuis nous nous sommes revus et ces rencontres mêmes si elles ont dû te paraître bizarres, voir froides, me réchauffaient le cœur et je ne vivais plus que dans l’attente de la suivante, je dois t’avouer que je suis tombé amoureux de ce petit blond et que ce serait terrible pour moi si ce n’était pas réciproque, maintenant que tu as compris que je parlais de toi, je regarde ton visage si tu écoutes ce message à côté de moi et j’essaie d’y lire ce que tu ressens, j’espère ne pas être déçu et avoir bien interprété nos conversations téléphoniques. Je t’aime Steven !! Comme un fou crois moi et mon plus grand souhait est que tu éprouves les mêmes sentiments pour moi, je suis novice tu l’auras certainement compris et je sais que toi aussi, alors si tu m’acceptes comme compagnon, nous irons à ton rythme sans rien brusquer.

La voix devient vibrante et Steven comprend qu’il y a certainement des larmes qui les accompagnent.

Maintenant si tu n’es pas prêt ou si je ne suis pour toi qu’un ami, je l’accepterai également en souhaitant de tout mon cœur qu’un jour tes sentiments évoluent car les miens sont trop forts pour que je te perde et t’avoir comme ami sera déjà quelque chose d’important pour moi. Je ne sais pas comment tu vas réagir en écoutant cette confession et si tu penses qu’il n’y a aucun espoir pour nous deux sans pouvoir me le dire de vive voix, rends moi simplement la carte et je comprendrais, tu n’entendras plus parler de moi car je ne voudrais pas que ma présence soit interpréter comme du harcèlement. Je tiens trop à ton bonheur pour le gâcher, je te le redis encore Steven……….. Je t’aime.

Un hoquet d’émotion très fort termine l’enregistrement.

***/***

Steven sent ses larmes couler et ses mâchoires trembler, il sait très bien qu’il lui sera impossible d’émettre le moindre son et son visage ravagé par les émotions, se tourne vers son ami qui vient de lui livrer son cœur.

Il détache lentement ses oreillettes sous le visage dévasté de Michael, il ouvre son portable et lentement sort la mini carte de son emplacement pour y remettre tout aussi lentement celle d’origine.

Ses gestes volontairement lents, servent à Steven pour qu’il retrouve un minimum de son calme et reprenne assez de contrôle de lui-même, pour donner la réponse que son ami attend et qui interprète déjà ses gestes comme un refus de sa part, aussi il s’attend à ce qu’il lui rende l’objet qu’il tient dans sa main et qui l’hypnotise.

Steven ne se rend pas compte combien sa réaction meurtrit Michael, il continue donc en reprenant l’enveloppe et en y glissant la carte à l’intérieur, il la replie précautionneusement et alors que Michael est prêt à tendre la main pour la lui reprendre, complètement pris dans la détresse de ses sentiments.

Le petit blond ébauche un énorme sourire en la mettant avec précaution dans sa poche de veste près de son cœur, il reporte son regard sur son ami en s’apercevant juste à ce moment-là de ce que ses gestes ont pu avoir d’ambiguës.

Ne pouvant supporter ce qu’il voit, il se lève d’un bond et sans réfléchir vient prendre Michael dans ses bras en se mettant sur la pointe des pieds pour que ses lèvres brûlantes se soudent aux siennes dans un baiser passionné.

Michael fond en larmes et serre à son tour son ami sans plus se soucier de rien, que ce soit passants ou n’importe quoi d’autre que celui qui est blotti dans ses bras et qui tremble tout comme lui d’émotions.

Le temps ne compte plus, seul le froid au bout d’un long moment les décide à se séparer et un double rire de soulagement se fait entendre dans le parc maintenant déserté.

Ils n’ont pas envie de se quitter, n’importe qui les regardant dans leur façon de se coller l’un contre l’autre en aurait la conviction et c’est Michael qui semble soudainement décoincer, qui en fait le premier la remarque.

- Tu sais quoi ?

- Non ! Dis-moi ?

- J’ai envie qu’on aille chez toi reprendre toutes tes affaires et ensuite de t’emmener à mon appartement pour que tu t’y installes, t’en penses quoi ?

- Après ce que je viens d’écouter ? Comment veux-tu que je refuse ?

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (18/125) (Paris) (Dernier weekend avant la reprise) (suite)

Les paroles des deux garçons sont interprétées autrement par Yuan.

- J’ai bien peur de ne pas en avoir pris suffisamment pour nous trois.

- (Thomas) Mais de quoi tu parles ?

- Du plat que j’ai rapporté de chez le traiteur.

Je sors du placard en le poussant doucement vers le lit, ma main attrape son baton et en parcourt toute la longueur avec avidité.

- Je pensais plutôt à ce genre de repas.

- (Thomas) Pousse de bambou farci à la crème, hum !! Je crois que je vais adorer.

Yuan percute alors que c’est lui qui va leur servir de plat asiatique et s’allonge de tout son long en souriant.

- Servez-vous pendant que c’est chaud les gars, n'hésitez pas à vous servir de vos baguettes surtout !!

Thomas s’allonge près de lui, il lui dégage ses cheveux noirs et raides de devant le visage en plongeant ses yeux dans les siens, l’excitation de Yuan devient tellement forte que ses yeux en deviennent deux longues fentes sombres qui font frémir le grand blond et ses lèvres affamées se jettent sur celles offertes et consentantes du jeune asiatique.

Un troisième visage se rapproche avidement et participe à son tour en mêlant ses lèvres aux leurs, l’ambiance de la soirée se met en place et la seule faim qu’ils ressentent est celle de leurs corps.

Les mains caressent, palpent, saisissent, pendant que les peaux se frottent et que les membres durs comme l’acier se cherchent et s’insinuent là où le plaisir intense les attend, pour y dégorger heures après heures leurs gourmes brûlantes et épaisses jusqu’à l’épuisement et l’assouvissement complet de leurs libidos paroxystiques.

Les moments tendres et câlins succèdent à ceux plus chauds de leurs défoulements passionnés, les corps s’assemblent et se séparent, puis reviennent se serrer encore plus vibrant d’envies jusqu’à ce qu’enfin le sommeil arrive et les laisse finalement reprendre leurs forces après cette nuit d’amour et de plaisirs partagés.

***/***

Il est passé dix heures quand les premiers mouvements dans le grand lit indiquent le réveil des garçons, ils se resserrent ostensiblement les uns contre les autres pour se câlinés à l’envi jusqu’à ce que ce soit d’autres envies, pressentes celles-là, qui les obligent une heure plus tard à se lever pour aller se soulager chacun leurs tours.

Une fois douchés, habillés de vêtements propres et après avoir pris leurs cafés, les trois amis se décident pour un resto rapide et une après-midi shopping qui passa bien trop rapidement à leurs gouts.

Une fois de retour à l’appartement, ils déballent leurs achats tout en papotant comme de vieilles pies jusqu’à l’heure du soir où les estomacs se font de nouveaux entendre.

- (Yuan) Vous vouliez manger chinois hier, ça vous dit pour ce soir ?

- (Thomas) Cool !!

Yuan sort un dépliant du traiteur près de chez lui.

- Faites votre choix et je passerai la commande.

Je le regarde avec amusement.

- Tu ne préfères pas qu’on finisse les restes ?

Thomas regarde ses amis et les lueurs qui s’allument dans leurs yeux le conforte dans le sens des paroles de son petit rouquin qui a bien l’intention de remettre le couvert pour la soirée et la nuit qui vient.

- Stop !!! Je n’ai pas envie de sauter encore une fois le repas.

- Moi si ! Hi ! Hi !

- Je ne parlais pas de « Yu » et tu le sais bien.

Yuan amusé devant la moue lubrique de Florian.

- On dîne avant, « Thom » a raison et en plus nous aurons tout le temps après pour nous amuser.

- Allez quoi !! Pour l’apéro !! Juste un petit coup rien que pour le fun.

Thomas qui tout comme Yuan se sait vaincu d’avance.

- Pfff !!! Tu n’en a jamais assez ma parole !!

- Bah non !! En plus à partir de demain nous allons être à la diète pendant un bon bout de temps, alors autant faire le plein pendant que nous en avons l’occasion.

- (Yuan) Le vide tu veux dire ?

Je lui fais un gros clin d’œil.

- Ça dépend de quoi on parle ! Hi ! Hi ! Alors ?? On se le prend cet apéro ou quoi ?

Un premier pull vole dans les airs, suivi très vite d’un autre et quelques secondes plus tard, ce sont trois boxers qui rejoignent le tas compact de vêtements sur le sol du salon.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (19/125) (Paris) (Dernier weekend avant la reprise) (fin)

Premières caresses et premiers baisers, d’abord doux et câlins jusqu’à ce que la fièvre monte et qu’ils se retrouvent affalés sur le canapé, cherchant l’endroit chaud et accueillant pour y atteindre le plaisir rechercher.

Thomas chahute avec Florian, il se retrouve à genoux sur le tapis et le torse plaqué contre l’assise en cuir du canapé avec son petit rouquin allongé sur lui, cherchant à le chatouiller.

Yuan contemple le spectacle des deux belles paires de fesses l’une au-dessus de l’autre offertes à sa vue, que les mouvements des deux garçons exposent sans pudeur.

Il vient se positionner derrière eux en fléchissant les genoux et en maintenant fermement les reins de Florian pour le plaquer tout contre le beau blond.

Ceux-ci comprennent son intention et se cambrent encore plus pour l’exciter davantage, comme si c’était possible vu l’état où en est déjà Yuan à saliver par avance de pouvoir s’offrir tour à tour ses deux amis.

C’est tout d’abord Thomas qui geint de plaisir, pendant que Florian l’embrasse dans le cou et lui dévore les dessous d’oreilles, excité comme pas possible de l’état d’animal en chaleur de son chéri.

Florian sent la pression se relâcher et Thomas reprendre un tant soit peu le contrôle de ses sens et de sa respiration, quand il se retrouve à son tour investi en le faisant haleter de pur plaisir.

Une envie incontrôlable lui traverse l’esprit et le besoin d’encore plus de sensation lui vient, il se désaccouple doucement et fait se tourner Thomas pour s’asseoir sur lui en lui tournant le dos, une fois chose faite Florian lève les jambes et fait signe à Yuan de reprendre ce qu’il lui faisait juste avant.

D’une voix alanguie de désir.

- Je vous veux tous les deux ensembles !!

Yuan ne se le fait pas dire deux fois et vient se plaquer entre leurs jambes, Thomas presque entièrement à l’intérieur, il pousse doucement et entre à son tour, excité par les sons de gorge de son ami qui ne semble ressentir aucune douleur bien au contraire.

Thomas tient fermement Florian par les hanches et la sensation est toute nouvelle pour lui de se sentir en contact aussi intime avec ses deux compagnons.

C’est visiblement aussi le cas pour Yuan, il grimace pour se retenir de partir trop vite, sentant monter en lui un maelstrom de plaisir peu ordinaire.

Les deux s’accordent dans un rythme commun qui plonge Florian dans un bien-être et une chaleur qui libèrent sa libido et son plaisir, de lui-même il va au-devant de ses amis et sent dans ses chairs les pulsions sanguines qui s’accroissent en force, annonçant l’inéluctable.

L’onde de libération les prend dans un ensemble parfait, Yuan se cambre contre Thomas qui se déverse à son tour en lui embrassant fiévreusement la nuque et que Florian envoie loin dans les airs le résultat d’une libido exacerbée.

Les yeux s’ouvrent et ils se sourient, Florian toujours investi par ses deux amis leurs caresse doucement chacun une cuisse et quémande leurs lèvres pour un baiser tout en tendresse.

Le bassin du jeune rouquin recommence à onduler, démontrant qu’il n’est pas et de loin encore rassasié, cherchant de toute évidence à les exciter suffisamment pour qu’ils lui offrent un deuxième tour.

Thomas se rappelle ce qu’ils avaient décidés juste avant et pince gentiment une fesse de son copain.

- Ce n’est plus un simple apéro là !! C’est une saoulerie que tu recherches ! Hi ! Hi !

- C’est trop bon !! Juste un dernier petit verre et après promis, nous ferons une « tite » pose pour manger un morceau avant de remettre ça.

Yuan et Thomas ne se quittent pas des yeux et leur regard en dit long sur ce qu’ils ressentent, d’ailleurs leurs mouvements de reins reprennent déjà lentement et leur copain se sentant vainqueur, soupir de satisfaction et de bien-être, pour repartir une nouvelle fois dans un plaisir non feint.

- Ahhrrrr !! Oui !!! C’est trop bon !! Rrrrrr !!!

Le son presque imperceptible qui s’échappe de sa gorge maintenant en continu, rend fou de stupre ses deux compagnons dont les instincts les plus primaires prennent le pas une fois de plus sur leurs corps et les déchaînent jusqu’à ce que couverts de transpirations, ils repartent une nouvelle fois dans un nirvana de sensation peu commun qui les libère pour un bon moment cette fois de toutes substances et de toutes forces.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (20/125) (Chez les Merlot)

"Retour en arrière"

« La veille du jour de l’an, Lille »

Sylvie regarde l’horloge, il va bientôt être midi et elle jette de plus en plus souvent un œil par la fenêtre pour surveiller l’arrivée des jumeaux et de leurs compagnons, la brave femme est toute souriante, même si elle éprouve un petit pincement au cœur d’appréhension.

Carole sa fille va leurs présenter son petit copain et elle se demande s’ils vont bien s’entendre avec lui, pour Sylvain il n’y a eu aucun problème parce qu’ils le connaissaient depuis son plus jeune âge et ils avaient depuis longtemps apprécié ce jeune garçon, ami d’enfance des jumeaux.

Henry rentre du travail à ce moment-là et la voit le nez collé au carreau de la cuisine, il sourit d’un air légèrement moqueur du fait qu’il se doute très bien ce qu’il se passe en ce moment dans la tête de sa femme.

Pour lui aussi c’est quelque chose de rencontrer son futur gendre, encore plus que pour Sylvain car c’est sa petite Carole et qu’un père se doit d’être un peu jaloux de celui qui va la lui enlever.

- Allons maman !! Ils n’arriveront pas plus vite parce que tu vas les attendre comme ça !!

Sylvie sursaute car elle ne l’avait pas entendu arriver.

- Ahhh !!! C’est toi ? Tu pourrais prévenir quand tu rentres !

- J’ai pourtant fait assez de bruit, pourquoi es-tu si nerveuse ?

- Pourquoi ? Tu ne l’es pas toi peut être ?

- Un peu je dois bien te l’avouer, de toute façon ça ne changera rien et c’est le garçon que ta fille a choisi, j’espère simplement que nous l’apprécierons.

- Les garçons en ont fait des éloges pourtant, cela devrait nous rassurer et la description qu’ils en ont donnée devrait te plaire.

- (Henry) Qu’est-ce qu’on sait de lui ? À part que c’est un grand blond aux yeux bleus ?

- (Sylvie amusée) Ça aurait pu être pire, non ?

- Ce qui m’intéresse, c’est surtout ce qu’il a dans le crâne, le physique n’est pas tout et puis des grands blonds, j’en ai connu et je ne leurs aurais pas confié Carole pour autant, rappelle-toi du jeune Gabriel Hi ! Hi !

- (Sylvie) Ne te moque pas, allons !! Ce n’était pas de sa faute s’il était aussi laid.

- (Henry) Bien sûr, mais pourtant c’était lui aussi un blond aux yeux bleus si tu t’en souviens et question comprenette, ce n’était pas le top malgré qu’il ait fait « Mat-sup ».

- (Sylvie) Ah oui ?? Je n’aurais pas pensé ça !!

Henry éclate de rire devant sa blague.

- Maternelle supérieure ! Hi ! Hi ! C’est le seul qui a redoublé sa dernière année, il n’avait vraiment rien pour lui ce garçon ! Hi ! Hi !

Sylvie va pour répondre que la beauté est subjective et que Gabriel a dû sans doute trouver quelqu’un à qui il plairait mais la vision d’une Clio blanche venant se garer sur le parking devant chez eux, lui fait complètement oublié ce qu’elle s’apprêtait à répondre.

La voiture semble fortement chargée et elle observe curieuse ceux qui commencent à en sortir, reconnaissant tout de suite Sylvain et Sébastien, qui apparaissent les premiers en sortant de l’arrière du véhicule.

- Les voilà justement qui arrivent !!

- (Henry) Alors ??

- Mais attends !! Il est encore dans l’auto !! Ah !! Le voilà qui descend !! Oups !!

- Quoi oups !!

Sylvie se tourne vers son mari, visiblement impressionnée.

- Attends-toi à un choc mon chéri, je ne sais pas comment tu l’imagines mais je t’assure que tu dois être loin du compte.

Elle remet son visage au carreau et sourit en contemplant l’armoire à glace, qui vient de descendre de la Clio en faisant remonter l’assiette de la voiture de plusieurs centimètres.

Sylvie sent son cœur battre très fortement devant ce jeune homme qui maintenant tient Carole par la taille et tout comme elle, lève les yeux vers la fenêtre où Sylvie se trouve toujours le nez collé à la vitre.

Un corps d’athlète olympien sous un visage d’ange, voilà la première impression qui lui vient en découvrant Flavien avec sa coupe en brosse et son sourire naturel qui l’épanouit et lui donne cet air angélique.

Sylvie le voit se baisser pour embrasser sa fille qui lui noue les bras autour du cou, visiblement heureuse de son geste.

La différence de corpulence entre eux deux fait sourire Sylvie qui comme beaucoup l’ont fait ou le feront, se demande bien comment ils gèrent les câlins pendant les moments intimes.

Henry dévisage sa femme, la curiosité peut se lire également sur son visage à voir les différentes expressions qu’il peut y observer comme dans un livre ouvert.

- Au moins celui-là aura déjà un exploit à son actif ! Hi ! Hi !

Sylvie se tourne vers son mari, étonnée par sa répartie.

- Ah oui !! Lequel ?

- Celui de t’avoir cloué le bec ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (21/125) (Chez les Merlot) (fin)

« Pendant ce temps-là près de la Clio »

- (Flavien) Il y a quelqu’un qui nous regarde.

Carole se détache de ses bras et regarde dans la direction qu’il vient de lui indiquer, elle sourit en faisant un petit signe de la main.

- C’est ma mère !

- Elle en fait une tête ? !

Sébastien qui les a entendus.

- Elle doit t’avoir vu c’est pour ça ! Hi ! Hi !

- (Carole) Tu as dû l’impressionner.

- (Sylvain) Qu’est-ce que ça va être quand tu seras à côté d’elle alors !!

Sébastien éclate de rire.

- Surtout si elle te pose la question, tu réponds que c’est Carole qui est au-dessus pendant les câlins ! Hi ! Hi ! Sinon elle va nous faire une syncope directe !!

- (Flavien) Tu penses qu’elle va nous poser ce genre de question ?

- (Carole) Bien sûr que non !! Mais y penser, je pense oui !! En fait la connaissant, j’en suis même certaine ! Hi ! Hi !

Sébastien ouvre le coffre.

- Venez plutôt m’aider à décharger les bagages !!

Flavien obtempère aussitôt et c’est bientôt les bras chargés de toutes les valises qu’il s’avance vers la porte d’entrée à la suite de sa chérie.

Celle-ci en se retournant et en le voyant charger comme une bourrique, jette un regard noir à son frère et son copain.

- Ça ira vous deux ? Pas trop fatigués sur ce coup-là !!

Les deux garçons lui tirent la langue sans pour autant proposer de l’aide à Flavien qui ne semble d’ailleurs pas en avoir un réel besoin.

***/***

Sylvie les ayant perdus de son champ de vision, se retourne une nouvelle fois vers son mari.

- Tu peux aller leurs ouvrir chéri ? Ils arrivent !!

- Bien sûr où ai-je la tête !

Henry sort de la cuisine et parcourt le couloir jusqu’à la porte d’entrée, il va pour l’ouvrir en même temps qu’un léger coup de sonnette retentit dans la maison.

- Oui voilà ! J’arrive !!

Henry déverrouille et ouvre la porte pour se retrouver nez à nez, ou plutôt nez à poitrine devant ce qui lui semble être une montagne de muscle.

Il lève alors la tête, visiblement surpris et son regard se porte sur un visage souriant aux yeux d’un bleu très pur, la carrure et la beauté du garçon, le laisse un instant sans réaction et c’est Carole en passant la tête sur le côté de son copain, qui l’interpelle gentiment.

- Bonjour p’pa !! Tu nous laisses entrer ?

- Comment ? Oui bien sûr !!

Il fait un pas en arrière et se plaque au mur, ce qui laisse juste la place à Flavien et les bagages qu’il porte pour se faufiler à l’intérieur du couloir.

Henry a toujours la tête levée vers le jeune homme qui prend tout l’espace et ce n’est que quand sa fille lui tombe dans les bras pour l’embrasser, qu’il se reprend et lui rend ses bisous en souriant.

Carole a bien vu l’énorme impression que Flavien vient de faire à son père et s’en amuse ainsi que les deux autres garçons l’embrassant à leur tour.

- Papa !! Je te présente mon « petit » copain Flavien, Flavien je te présente Henry mon père.

- Enchanté monsieur.

Henry relève les yeux vers le visage souriant du jeune homme et le courant entre les deux hommes passe tout de suite.

- Petit !!! Tu m’en diras tant !! Bienvenu dans notre famille jeune homme, mais pose donc toutes ses valises dans la pièce juste derrière toi.

- Merci monsieur.

Le brave homme rentre dans le salon sous l’œil goguenard de son épouse, qui s’amuse comme une folle à voir son expression quand il entre dans la pièce où elle les attendait.

Ce n’est que quand c’est à son tour d’avoir Flavien tout près d’elle pour l’embrasser, qu’elle aussi ressent le trouble de sa présence imposante et de la force tranquille qu’il dégage.

- Bienvenu mon garçon, excuse nous si nous te paraissons bizarre mais nous ne nous attendions vraiment pas à ce que notre fille nous amène un garçon aussi beau et bien bâti comme tu l’es.

Flavien devient rouge vif sous le compliment et ne sait bientôt plus où se mettre, c’est Carole qui s’en apercevant lui vient en aide en le prenant tendrement par la taille et en plaisantant avec sa mère.

- Il est à moi celui-là m’man !! Toi tu as déjà papa alors pas touche ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (22/125) (Reims) (Chez les Durieux)

"Retour en arrière en fin d’après-midi, juste avant le réveillon du jour de l’an »

Emile est dans son bureau où il y travaille quand il ne se trouve pas à la chambre ou en visite auprès de ses administrés, il est plongé dans ses pensées suite à un entretien qu’il a eu le matin même alors qu’il était convoqué à l’Elysée.

N’étant pas du parti politique du président actuel, il a été vraiment très surpris de cette demande d’entretien et s’y est rendu avec beaucoup de questions en tête quand à la raison de cette convocation.

***/***

« Palais de l’Élysée, ce matin-là »

Il est arrivé tôt au poste de garde ce matin-là et a été conduit devant son interlocuteur, tout de suite après avoir montré ses papiers d’identité.

Deux personnes occupaient déjà le bureau quand on l’y a fait rentrer, il reconnait tout de suite la stature imposante et tellement connue du président en cherchant dans sa mémoire où il aurait pu déjà rencontrer l’autre homme, tout aussi imposant quoique beaucoup plus en muscle.

- Le député Émile Durieux monsieur le président !!

- Ah !! Oui très bien, vous pouvez nous laisser.

- Bien monsieur le président.

Emile reste un moment figé en ne sachant trop quoi faire, n’étant pas féru de l’étiquette qu’un tel lieu suppose et est très vite surpris par l’apparente jovialité du président qui sans autre forme de procédure, vient lui serrer franchement la main.

- Heureux de faire votre connaissance député Durieux.

- Moi de même monsieur le président.

- Il est étonnant que je ne vous connaisse pas ?

- Je suis un récent élu du peuple et la politique politicienne m’est encore inconnue, je préfère travailler au bien être de mes électeurs plutôt qu’aux rodomontades de la fonction.

L’autre homme éclate de rire.

- Je ne m’étonne plus de rien alors ! Hi ! Hi !

- Pardon !!!

- (Le président) Je vous présente monsieur Désmaré qui est le directeur actuel de la DST et je pense qu'il faisait allusion avec un ami que vous avez en commun.

- C’est possible monsieur même si personne de mes amis ne m’a jamais fait part des liens qu’ils auraient avec monsieur Désmaré, de qui s’agit-il ? Si je puis me permettre cette question !

Maurice redevenu sérieux.

- Puis je vous demander à quelle étiquette vous vous êtes rattaché ?

- (Émile) Je vous croyais le patron des renseignements ?

- Je n’étais pas au courant de cette rencontre en venant ce matin, sinon croyez-moi que j’en saurais beaucoup plus sur votre compte, par contre si vous me répondiez

« Écologiste », je n’en serais pas surpris étant donné l’ami commun dont nous venons de parler.

Émile cherche quelques instants.

- Si vous pouviez m’en dire un peu plus, je ne comprends pas vraiment l’intérêt qu’il y en a sauf évidemment si c’est cet ami le but de notre entretien.

- (Maurice) Il vous a je crois récemment sauver la vie.

Émile le regarde stupéfié.

- Florian !!!

- (Maurice) Lui-même, en chair et en rousseur ! Hi ! Hi !

- (Le président) Bien !! Asseyons-nous, nous avons à parler sérieusement de ce garçon.

Les trois hommes prennent place dans de confortables fauteuils, Émile est encore plus curieux qu’à son arrivée et s’interroge sur le lien qu’il peut y avoir entre Florian et ses deux personnages au sommet de l’état, les questions sont trop nombreuses et c’est celle qui lui brûle le plus les lèvres qu’il ose poser avant que ce soit quelqu’un d’autre qui reprenne la parole.

- Il n’a rien fait de mal j’espère ?

Maurice dévisage cet homme visiblement troublé.

- Bien sûr que non !!

- C’est un gamin !! Pourquoi vous intéressez vous à lui ?

- (Maurice) Parce qu’il nous est précieux et que certaines personnes mal intentionnées voudraient s’en prendre à lui.

Émile sursaute et son visage se crispe soudainement.

- Il est en danger ?

Maurice se voulant rassurant.

- Je n’irai pas jusque-là, quoiqu’il ait eu droit déjà à plusieurs tentatives d’enlèvements récemment.

- Demandez-moi ce que vous voulez !! Florian est un ami de ma famille et je ferai tout !!

Vous m’entendez !! Tout pour qu’il ne lui arrive rien.

- (Le président) C’est le but de cette convocation monsieur le député !! Je vous ai fait venir pour vous demander un service, dans quelques semaines comme vous le savez certainement, se déroulera un congrès international pour la régulation de nos émissions de CO2 et le jeune De Bierne fait partie du staff des industriels qui m’accompagneront à Kyoto.

Émile en tombe sur le cul à cette annonce.

- En quel honneur s’y rend-il ? C’est un futur chirurgien, je ne vois pas ce qu’il ira faire là-bas !!

Maurice pas plus étonné que ça de l’ignorance du député.

- Florian est un garçon qui ne parle pas souvent de lui et je ne suis pas surpris outre mesure que vous ne connaissiez pas ce qu’il est exactement et ce qu’il représente pour notre pays, sachez qu’il aura sa place à Kyoto et qu’il en étonnera certainement plus d’un qui comme vous ne connaissent qu’une facette, voir absolument rien sur lui. Il est le patron d’une entreprise multinationale, ce qu’apparemment vous ignoriez, mais aussi un cerveau très pointu dans la recherche avancée.

Émile ne peut s’empêcher de ricaner bêtement.

- Nous parlons bien du même Florian ? Je veux dire, le petit rouquin adorable qui n’arrête jamais de plaisanter ?

Maurice avec un grand sourire.

- Ça vous la coupe hein ??

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (23/125) (Reims) (Chez les Durieux) (suite)

- Plutôt oui !! En quoi pourrais-je vous être utile ?

- (Le président) En nous accompagnant là-bas et en restant le plus possible à ses côtés.

- (Émile) Et c’est tout ?

- (Le président) Il nous faut quelqu’un de confiance et qui ne soit pas connu de ceux qui voudront le rencontrer. Une personne qui reste suffisamment près de lui pour qu’il ne lui arrive rien, un service spécial sera là pour vous protégez rassurez-vous !! Seulement il ne pourrait pas être aussi proche sans éveiller les soupçons et vous pourriez nous faire gagner les quelques secondes nécessaires en cas de problèmes.

- (Maurice) C’est une affaire très compliquée d’espionnage pour laquelle il n’y a aucune raison de vous y impliquer plus que nécessaire vous comprenez ? Nous voulons juste qu’il y ait une présence ami auprès de lui en permanence, acceptez-vous de nous aider ?

- Cela va de soi !! Florian est un ami très cher qui en plus m’a sauvé la vie et je vous avoue que cette idée de le voir à Kyoto au milieu de tous ses chefs d’états et hauts dignitaires, me donne envie de m’y rendre sur le champ s’il le fallait. Saviez-vous qu’à peine cela faisait quelques minutes que nous nous étions rencontrés qu’il m’appelait déjà « Mimile » ? Hi ! Hi ! Décidemment non, je ne raterai ça pour rien au monde.

***/***

« Toc ! Toc ! Toc ! »

Émile revient à la réalité, le sourire encore aux lèvres.

- Oui ??

- Tu as fini ton travail chéri ? Les enfants ne vont pas tarder à arriver.

- Encore cinq minutes et j’arrive !!

- Très bien !! Je prépare l’apéro dans le salon.

Le député hoche la tête malgré qu’il sache bien que sa femme ne peut le voir, la conversation de la veille quand ses enfants sont rentrés du cirque où ils ont passé leurs vacances avec Florian et leurs nouveaux amis, lui revient alors en mémoire.

La façon qu’a eue sa fille pour lui a annoncé qu’elle voulait leur présenter quelqu’un, le turlupine depuis lors.

Il s’attendait bien sûr à ce que ce jour arrive et en est très heureux pour elle, seulement il a senti quelque chose dans le ton de sa voix qui lui amène à penser que ce ne sera pas aussi simple qu’il le voyait au premier abord.

Rémi en a profité pour demander s’il ne pouvait pas lui aussi inviter un ami, ce qui l’a surpris une nouvelle fois étant donné qu’il n’avait jamais pris cette peine jusqu’alors et qu’il lui était déjà arrivé, pas très souvent il le reconnait, d’inviter quelqu’un sans les prévenir à l’avance.

Alice regardait bizarrement son frère avec un étrange sourire aux lèvres, semblant lui donner le courage de parler quand il a fait cette demande et Émile se questionne depuis sur ce que trament ses enfants, connaissant la complicité qu’ils ont l’un envers l’autre.

Il termine de ranger son bureau et rejoint sa femme au salon, juste à temps pour accueillir ses enfants et leurs invités.

C’est quand il voit la canne blanche que tient en main un des garçons, qu’il comprend enfin en partie l’hésitation d’Alice à répondre plus que nécessaire aux quelques questions qu’il a posé sur ce jeune homme qu’elle voulait leurs présenter.

Maintenant il voit bien comment elle se comporte auprès de lui, ses petits gestes pleins d’empressement démontrent déjà sans qu’il n’y ait besoin de plus d’explications ce que ressentent l’un pour l’autre les deux tourtereaux.

D’ailleurs Émile ne peut que reconnaitre que c’est un garçon magnifique et que sa cécité n’enlève en rien le charme évident qu’il dégage, son regard se porte alors tout naturellement sur le deuxième invité qui semble plus jeune de quelques années mais dont les traits ne trompent pas quand à l’affiliation qu’il y a entre les deux jeunes garçons.

Emile retient in extrémis un sursaut de stupeur quand il capte le regard de son fils sur ce garçon, en effet celui-ci ne se croyant pas observé le couve des yeux d’une façon qui ne trompe pas l’homme habitué à déchiffrer les expressions sur les visages des personnes qu’il côtoie.

Il porte aussitôt son regard sur son épouse qui à l’évidence ne s’est encore aperçu de rien et accueille en souriant les deux invités.

- Je suis heureuse de connaitre enfin les nouveaux amis de mes enfants, vous vous ressemblez tellement qu’il n’est pas besoin de vous demander si vous êtes frères.

Anthony de sa voix chaude.

- En effet madame, je vous remercie ainsi que votre mari de nous recevoir chez vous un soir si particulier.

Alice sourit en captant l’effet que la voix d’Anthony fait sur ses parents, elle-même pourtant habituée maintenant à l’entendre en est toujours à ressentir ce frisson qui la prend quand il parle.

- Papa ! Maman ! Je vous présente Anthony et son frère Baptiste, nous les avons rencontrés grâce à Florian et faisons partie du groupe qu’ils ont monté avec quelques amis.

- (Sarah) Il faudra nous faire écouter ça !! Je ne doute pas de la qualité de votre musique, connaissant mes enfants.

Alice fait un clin d’œil à son frère qui s’avance alors et tend un CD à sa mère, l’idée est venue de lui et Alice y a tout de suite adhéré de leurs faire écouter un enregistrement de ce qu’ils jouent, mais surtout de faire entendre « Antho » quand il chante afin que ses parents comprennent ce qu’est vraiment ce garçon.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (24/125) (Reims) (Chez les Durieux) (suite)

Ce qui sera ensuite plus facile pour elle d’annoncer ce qu’elle a à leurs dire et sans doute l’espère-t-elle du moins de tout son cœur, également plus facile pour Rémi quand ce sera son tour.

- Tiens m’man !! Justement nous y avons pensé !! Vous pourriez nous donner vos impressions en l’écoutant, pendant que nous faisons visiter la maison à nos amis.

- Avec plaisir !!

Sarah ravit, allume la chaîne Hifi et met le CD en route, tandis que les quatre jeunes disparaissent du salon et montent dans les chambres.

Émile depuis quelques secondes avant qu’ils ne quittent la pièce ne voyait plus qu’une chose, la bague au doigt de sa fille qu'il n'avait jusque-là pas remarqué et sa conviction est maintenant faite, que cette soirée va leur apporter beaucoup de changement dans leurs vies.

La musique commence et lui fait rapidement perdre le fil de ses pensées, il reconnait la prestation musicale de ses enfants parfaitement intégrer dans cette bande sonore et reconnait l’immense talent des autres musiciens, jusqu’au moment où une voix se fait entendre et le plonge dans des sensations telles qu’il en attrape la chair de poule.

Sarah en a les yeux qui se remplissent de larmes et se sent obligé de s’asseoir, sentant ses jambes trembler sous elle en écoutant cette voix magnifique qui la transporte dans l’émotionnel le plus pur.

***/***

« À l’étage »

- (Rémi) Je crois que papa a déjà compris pour toi et « Antho », tout à l’heure j’ai bien vu qu’il regardait ta bague fixement.

- (Alice) Tant mieux !! Il sera moins surpris quand je l’annoncerai alors !!

Anthony mal à l’aise.

- Tu crois qu’ils m’accepteront ?

- (Baptiste) Bien sûr que oui, quelle question !!

Alice prend la main d’Anthony.

- De quoi as-tu peur ?

- Nous ne sommes pas de votre condition.

Il arrive quand même à plaisanter.

- Et en plus ils vont bien finir par s’apercevoir que je suis aveugle.

Rémi sourit au trait d’humour.

- C’est eux qui seraient aveugle de ne pas voir quel garçon tu es et puis un futur avocat dans la famille, ce n’est pas le plus terrible qui pouvait leur arriver.

Baptiste de plus en plus stressé.

- Tu vas vraiment leur dire pour nous deux ? Je veux dire, ce soir ? Peut-être faut-il déjà leurs laisser le temps de digérer la nouvelle d’Alice avec « Antho ».

- (Rémi) J’ai suffisamment perdu de temps comme ça avec mes conneries de vouloir à tout prix me persuader que j’étais hétéro, maintenant ça suffit et je n’ai pas honte de toi et de notre relation, ils verront bien que c’est sérieux nous deux et que ce n’est pas quelque chose de honteux. C’est justement de ne rien dire qui pourrait le faire penser et crois-moi Baptiste, ce que j’éprouve pour toi, je n’en ai absolument pas honte.

- (Baptiste) Moi non plus, ce n’est pas ce que je voulais dire !! Juste que ça risque de faire beaucoup pour la même soirée alors qu’ils ne s’y attendent pas.

- (Alice) Pour maman sûrement mais mon père est un fin limier tu sais, il n’aurait pas accédé à ce poste sans connaitre et surtout reconnaitre le sens des choses qu’il a sous les yeux, d’ailleurs je me demande s’il n’a pas déjà tout compris !!

Quelques minutes passent, silencieuses si ce n’était le fond sonore qui vient du bas et les quatre jeunes soupirent, chacun dans ses pensées.

***/***

La musique s’arrête et le silence devient lourd, Alice prend la main d’Anthony et après un bref baiser, l’entraîne vers le salon suivi des deux autres garçons qui malgré tout n’en mènent pas large.

Sarah quand elle les aperçoit, sèche rapidement ses yeux et sans que son geste soit prématuré, vient embrasser « Antho » qui se demande ce qui lui arrive.

- (Sarah) Je n’ai jamais entendu une voix telle que la tienne mon grand, elle est merveilleuse et tu devrais la faire écouter aux médias pour en faire ton métier.

- (Rémi) Johnny lui a déjà proposé m’man, mais « Antho » a refusé.

Émile sursaute.

- Un copain à vous sans doute ?

- Non !! Le vrai !!

- Qu’est-ce que tu racontes là mon garçon !!

- Mais je t’assure que c’est la vérité p’pa !! Les grands parents de Florian l’ont fait venir pour la fête de Noël de sa boite, même que « Flo » a fait le concert avec eux.

- (Alice) « Flo » lui a fait écouter un enregistrement et Johnny est revenu exprès pour l’entendre chanter.

Émile connait suffisamment ses enfants pour savoir qu’ils ne mentent pas, même si cette histoire lui parait pour le moins ubuesque.

Le fait que Florian soit mêlé à tout ça et depuis qu’il en a appris plus sur lui, plus rien ne devrait l’étonner pourtant.

- Et tu as refusé ?

- (Anthony) Ce n’est pas ce que j’attends de ma vie monsieur.

- Et qu’en attends-tu donc, si ce n’est pas indiscret ?

Anthony sourit car il comprend que c’est à lui de faire sa demande et non à Alice.

- Dans le désordre je dirais, terminer mes études de droit, suivre Florian en Afrique pour l’aider à son projet et épouser votre fille si vous acceptez de m’accorder sa main.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (25/125) (Reims) (Chez les Durieux) (fin)

- (Rémi) Ouah !!! Là mon gars, tu m’as scié le cul !!! Parole !!!

Alice en a les yeux ronds d’ébahissement devant l’aplomb avec lequel il vient de faire sa demande et le fixe avec intensité, les joues devenues rouge vif de son chéri lui démontrant qu’il y a mis tout son courage et qu’il n’attend plus que d’en connaitre la réponse sans non plus se faire trop d’illusion.

Sarah et Émile se regardent troublés par ce qu’ils viennent d’apprendre, le député moins que sa femme car il s’y attendait déjà et au sourire qui commence à poindre sur le visage de son épouse, il lui répond de la même façon avant de se lever pour se diriger vers ce jeune homme qui décidément lui plait de plus en plus.

Il prend la main de sa fille au passage et montre la bague à sa femme, il saisit ensuite celle d’Anthony qui tremble d’appréhension et tout naturellement lui pose celle d’Alice dans la sienne.

- Soyez heureux mes enfants, un garçon aussi sensible que toi ne peut qu'apporter le bonheur que nous rêvions pour notre fille.

- (Anthony) Vous… Vous acceptez alors ?

Sarah la voix emplie d’émotion.

- Bien sûr que nous acceptons !! Alice ne pouvait trouver mieux pour elle qu’un garçon tel que toi, intelligent, sensible et cerise sur le gâteau.

Elle rit joyeusement.

- À croquer ! Hi ! Hi !

Emile voit bien le trouble d’Anthony, son visage malgré ses yeux étrangement fixes marque toutes les expressions et le ressenti actuel de ce jeune homme aux traits à la fois virils et doux, qu’il apprécie à sa juste valeur.

- Vous ferez un merveilleux couple et je ne doute pas que nos petits enfants à venir seront à l’image de leurs parents.

Anthony serre plus fort la main d’Alice qui doucement et avec une extrême tendresse le prend dans ses bras pour l’embrasser, lui démontrant ainsi et aux yeux de tous, tout l’amour qu’elle lui porte.

Baptiste est tout autant chamboulé que son grand frère, Rémi lui prend la main pour lui montrer qu’il est heureux lui aussi que tout aille pour le mieux pour le jeune couple s’embrassant toujours devant eux.

Le député à qui rien n’échappe, capte tout de suite se rapprochement entre les deux garçons.

- Si nous prenions cet apéro ? Je pense qu’il est temps d’arroser ça vous ne croyez pas ? À moins qu’il y ait encore quelque chose que nous devions apprendre ? Tu en penses quoi fiston ?

Rémi serre encore plus la main de Baptiste, le regard de son père porté sur eux ne lui donne aucun doute sur la raison de sa question.

Il sent sa gorge s’assécher soudainement et sa glotte remonte vivement à la recherche d’humidité, Baptiste au contraire est couvert de sueur et il en sent les gouttes dégoulinées de sur son front, une étrange impression de peur sourde l’étreint et lui bloque la poitrine.

Sarah étonnée de sa question, suit le regard de son mari et remarque à son tour les mains liées et le stress des deux garçons, Baptiste ressemble beaucoup à son frère et même s’il est plus jeune, il émane de lui la même gentillesse et la même douceur des traits qu’elle est bien obligée de reconnaître lui plaisent énormément.

Maintenant la surprise pour elle est énorme de comprendre que ses deux garçons s’aiment, jamais elle ne se serait douté un instant que son petit dernier puisse éprouver quoique ce soit envers un autre garçon.

Pourtant son sourire ne la quitte pas et Sarah comprend alors qu’au plus profond d’elle, quelque chose l’avait déjà prévenu qu’il en serait ainsi et l’y avait préparé.

- (Émile) J’attends toujours ta réponse mon grand ?

- Tu la connais déjà p’pa !!

- Très certainement fiston, j’attends juste que vous ayez le même courage qu’Anthony.

Rémi en bredouillant.

- C’est… pas… facile….

- Je m’en doute bien ! Peut-être que Baptiste aura le même courage que son frère alors ? Tu en penses quoi mon garçon ?

Rémi avance d’un pas en faisant en sorte de mettre son ami derrière lui, comme pour le protéger de ses prochaines paroles.

- Ce n’est pas à lui de le faire, je dois assumer mes choix !! Baptiste et moi nous sommes ensemble et ne me demande pas pourquoi, je serais bien incapable de te l’expliquer clairement. Juste que ça s’est fait comme ça et que j’en ai été le premier surpris, j’ai voulu ne pas le voir au début mais c’était plus fort que moi et tout me rapprochait de lui, maintenant je sais qu’il n’y a que Baptiste qui compte pour moi et je l’assume devant vous deux, j’espère que vous saurez me pardonner.

- (Sarah) Te pardonner de quoi ?

- D’être ce que je suis m’man !!

- Tu es Rémi notre fils et tu es amoureux, qui a-t-il donc à pardonner ?

- Ta mère a raison mon grand, tu n’as pas à avoir honte de tes sentiments même si ceux-ci ne vont pas dans l’ordre établi.

Le silence revient et c’est Anthony contre toute attente qui le rompt, de sa voix si prenante quand elle est comme à cet instant prise dans une intense émotion.

- Notre père n’est hélas plus là pour voir ses fils heureux, il aurait très certainement été fier de vous connaitre et même si personne ne pourra jamais le remplacer, vous êtes ce qui s’en rapprochera le plus pour mon frère et moi. Vous venez tous les deux de nous accepter dans votre famille, sans émettre un quelconque jugement et pour ça vous ne pouvez imaginer toute la gratitude que je ressens pour vous, je suis aveugle et mon frère « différent » et malgré ça je n’ai ressenti aucun rejet ni colère de votre part, je vous en remercie de tout mon cœur. Nous ne serons jamais un fardeau pour vous, je vous en fais la promesse et je vous promets également que vos enfants ne regretteront jamais leur choix.

Émile sent ses yeux s’humidifier.

- Si c’est nous faire pleurer que tu voulais, sache que tu y as réussi.

Il se reprend.

- Bon !! Ce n’est pas tout ça !! On se le prend cet apéro ? Le repas va finir par brûler sinon, ce serait dommage pour notre premier dîner de fin d'année en famille pas vrai ?

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (26/125) (Afrique) (Le retour de Kinou)

La vie au dispensaire a repris ses habitudes, les personnes de la Croix Rouge sont reparties et le père Antoine retrouve son petit monde entouré des sœurs, son visage reposé et marquant l’immense plaisir qu’il éprouve à reprendre son sacerdoce.

Dans le village d’Okoumé, il en va de même et la tribu toute entière s’est rassemblée pour écouter Taha conter son voyage chez les hommes blancs.

Une offrande aux dieux ainsi qu’une nuit entière de danses et de prières a eu lieu au retour du chef et de ses trois fils, quand Aomé leur est apparu guéri de cette balafre qui défigurait le jeune homme.

La joie des retrouvailles, la guérison d’Aomé ainsi que la réconciliation des deux frères marqua beaucoup la petite tribu pendant les premiers jours de leur retour, Okoumé ne quitte plus ses fils du regard et sourit à longueur de journées à leurs incessantes plaisanteries.

Plusieurs jeunes filles de la tribu se rapprochent visiblement de son fils aîné pour retenter leur chance auprès de lui et cette fois ci ont la joie de ne plus avoir droit à ses rebuffades qui jusqu’alors les renvoyaient en pleurs dans leur case.

Elles s’intéressent à lui pas parce qu’il est le fils du chef mais bien pour son physique et sa force tranquille, qui les attirent comme toutes femmes devant un garçon au meilleur de sa forme et pouvant leur donner de beaux enfants sains et vigoureux.

Bien sûr le jeune homme se retrouve très vite avec un problème insoluble pour lui, celui du choix de celle qu’il souhaitera épouser.

Tout donc va pour le mieux dans le meilleur des mondes pour tous ces gens simples, pour qui la vie ne consiste qu’à chasser, manger, dormir et faire l’amour.

Un bruit de moteur alerte les hommes encore au village et ils s’empressent de prendre leurs armes pour aller voir de quoi il s’agit, le camion avance avec peine sur la piste, gêné par les ramifications des énormes arbres la bordant ainsi que par l’état défoncé de celle-ci.

Akim voit le premier le père Antoine à la place passager et il crie de joie en courant à sa rencontre, l’arrière du camion étant occupé par une grande cage où une magnifique panthère noire regarde autour d’elle en ronronnant.

Akim fou de joie en reconnaissant la panthère.

- Père !! C’est « Kinou » qui revient !!

Okoumé sourit en s’avançant au-devant de l’énorme engin qui s’arrête à quelques mètres

de lui, le père Antoine en descend lestement pour son âge et les deux hommes se prennent dans les bras d’un geste affectueux comme à chaque fois qu’ils se retrouvent.

Taha et Aomé arrivent en courant, ils ne se quittent quasiment plus depuis le retour du plus jeune des deux frères et tentent de rattraper les années perdues à cause de cet accident pourtant involontaire.

- (Okoumé) Heureux de vous voir père Antoine.

- Moi également mon fils.

Okoumé lui montre la cage.

- Quelles sont vos intentions pour « Kinou » ?

- Il faut le ramener à la clairière pour que son hôte retrouve les siens.

- Qu’en adviendra-t-il de lui ensuite mon père ?

Le père Antoine soupire tristement.

- Si seulement je le savais !! Il ira sans doute retrouver ses congénères.

- Pourra-t-il survivre dans la jungle ? Il n’y a jamais vécu.

- Ce sera une chose à surveiller de près Okoumé, je compte sur toi pour cela.

- Je ferai de mon mieux, je vous en donne ma parole.

- Akim et Taha s’y sont-ils rendus depuis ?

- Non mon père !! Ils n’ont pas ressenti l’appel de nos dieux.

- Ils sont donc toujours en eux ?

- Oui mon père !!

- Peut-être serait-il bon qu’ils se rendent tous les trois dans la clairière, Taha doit rapporter les pierres qu’il détient toujours tu le sais.

- Nous attendions l’appel mon père.

Le père Antoine lève la tête en observant le soleil.

- Il est encore tôt, peut-être ne devrions-nous pas attendre plus longtemps.

- (Okoumé) Nous mon père ?

- Tu n’es pas curieux de savoir ce qu’il se passera ? Eh bien moi si figure toi !

Le père Antoine sent quelque chose de chaud et de doux contre sa cuisse, il baisse la tête et sourit en voyant l’animal se frotter contre lui.

- Ah te voilà toi !! Heureux de retrouver ton pays ?

- Rrrrrr !!!!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (27/125) (Afrique) (Le retour de Kinou) (fin)

La petite troupe se met rapidement en route tandis que le camion repart vers la ville avec sa cage vide cette fois, "Kinou" ne lâche pas d’une semelle le père Antoine comme s’il savait qu’ils allaient devoir se quitter pour toujours, Okoumé et ses trois fils, avançant devant eux tout en se retournant souvent pour vérifier que le brave homme ne fatigue pas trop.

Pourtant Antoine se sent bien et respire à pleins poumons cet air vivifiant aux senteurs rares, il sait très bien à qui il doit cette santé retrouvée et prie que pour ces êtres aussi tout finisse par s’arranger pour qu’un jour qu’il sait fort lointain, ils communient enfin avec tous les leurs.

La clairière est toute proche maintenant et un regain de force les pousse à accélérer l’allure, ils découvrent les changements dus ils le savent maintenant aux « guérisons » de Florian et c’est Okoumé qui montre le premier du doigt l’arbre balafré à son fils aîné.

- Cet arbre est le tien Aomé !! Regarde comme il a pris ta blessure du visage !!

- C’est étrange père !

- Nous sommes tous liés à ce lieu mon fils, rappelle-toi s'en quand je ne serai plus là et protège le de la folie des hommes.

- Je t’en fais la promesse père.

Akim et Taha passent devant eux et s’arrêtent à l’orée des arbres torturés, Akim devient grave quand son visage perd son aspect juvénile le temps des mots qu’il prononce.

- Vous devez attendre ici !! Seuls Taha, « Kinou » et moi, nous ressentons l’appel !!

- (Okoumé) Alors allez-y mes fils, nous attendrons un signe pour vous y rejoindre.

Le petit garçon acquiesce gravement, il entre dans la trouée végétale suivit de son frère et de la jeune panthère qui se retourne un instant pour fixer le père Antoine avant de repartir d’un bond souple rejoindre les deux frères qui comme à l’accoutumée se dirigent directement vers cette souche qui toujours les attire.

- (Akim) Le nouveau gardien arrive !!

- (Taha) Je sens sa présence !!

- Que va-t-il nous arriver ensuite ?

- Comment le saurais-je ? Sans doute les dieux en nous retrouveront leurs pierres et seront replacés près des leurs.

- Nous ne pourrons plus nous parler dans nos têtes tu crois ?

- Notre mission est terminée, nous redeviendrons comme avant.

Un bruit de branches qui craquent, les font se retourner brusquement.

- (Akim) Le voilà !!

L’être simiesque apparait en se dirigeant lentement vers eux, ses petits yeux intelligents dirigés vers l’endroit où se trouve le reste de la troupe.

Il s’approche ensuite des deux jeunes Massaï, doucement il prend le plus jeune par la manche et l’oblige à se lever pendant que son autre main lui indique l’endroit par où ils sont arrivés, des petits cris s’échappent alors de sa gorge.

- Hoou ! Hoou !

Akim croit comprendre.

- Je dois les appeler ?

- Hoou ! Hoou !

- (Taha) Je crois qu’il vient de te répondre.

Akim d’une voix forte.

- Père !!! Venez !!!

Bien entendu il n’a pas à réitérer l’appel que déjà Okoumé et ses deux compagnons apparaissent dans la clairière en restant un long moment comme figés devant cet énorme gorille mâle à la peau bleue qui les impressionne énormément.

De voir les deux jeunes garçons souriant tout près de lui les rassurent très vite, ils les rejoignent au centre de la trouée en jetant un coup d’œil sur l’empennage et la carlingue encore visible de l’avion malgré l’énorme végétation qui les recouvre.

Le grand singe va ramasser avec précaution deux petites pierres posées au milieu des autres et s’approche des deux garçons en leurs en appliquant chacun une sur le front, un léger flou apparait un bref instant autour des cailloux.

Akim et Taha ressentent la perte de quelque chose d’indéfinissable et comprennent que les dieux les ont quittés en essayant vainement de communiquer par la pensée.

Le gorille revient vers eux en tendant une nouvelle fois ses deux mains vides cette fois ci, attendant manifestement quelque chose de leurs parts.

Taha comprend et sort de la petite bourse de peau nouée autour de son cou qui ne l’a pas quitté depuis sa précédente visite, les deux pierres qui lui avaient été confiées et il les pose dans les énormes mains velues de l’animal qui aussitôt se redirige vers l’amas de pierre pour en déposer précautionneusement l’une d’entre elles.

L’être ayant pris possession du grand singe se retourne vers « Kinou » qui s’approche de lui lentement, presque à regret et les hommes le voit la lui appliquer sur le front comme il vient juste de le faire à l’instant pour les garçons.

Étrangement, ils ne détectent pas le flou qui pour Akim et Taha les ont libérés et le gorille reste un long moment sans bouger, se contentant de rester les yeux dans ceux de la panthère figée elle aussi.

Le père Antoine chuchote à l’oreille de Taha.

- Qu’est-ce qu’il se passe ?

- Comment le saurais-je mon père ? Il semblerait que tout ne se passe pas comme pour nous.

- C’est ce que j’ai cru comprendre !!

C’est « Kinou » qui reprend « vie » le premier et vient s’allonger au centre des pierres, le grand singe à son tour réagit et dépose le caillou qu’il tient toujours dans sa main au milieu de ses congénères, un halo tremblotant recouvre alors la jeune panthère qui semble soudainement grandir.

Le père Antoine tressaille en disant tout haut ce que tous pensent en observant le phénomène surnaturel qui se déroule sous leurs yeux ébahis.

- Dieu du ciel !! On dirait qu’il devient subitement adulte !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (28/125) (Nantes) (Le deux janvier au soir)

Le véhicule arrive rapidement et ses pneus crissent dans l’allée quand il se gare près du manoir, aussitôt deux hommes d’âges mûrs vêtus de blouses blanches en sortent et sont accueillis par un homme vêtu d’un costume sombre, qui accourt vers eux le visage grave.

- Monsieur est dans le grand salon !! Veuillez me suivre !!

Le coffre du véhicule est ouvert rapidement, les deux infirmiers en sortent un brancard et une mallette contenant le matériel de première urgence.

Ils suivent le majordome dans la grande bâtisse, jusqu’à une pièce immense où un homme en robe de chambre est étendu sur un canapé.

Un des deux infirmiers s’approche rapidement de lui et prend aussitôt sa tension, l’inquiétude se lit très rapidement sur son visage quand il se tourne vers son collègue.

- Prépare l’oxygène !!

- Tout de suite !!

Il soulève une paupière et l’iris fortement dilaté du patient le conforte dans son diagnostic.

- C’est sans doute un AVC !! On l’emmène, vite !!

Anne Laure De Lamarlière pousse un cri d'angoisse et s’effondre à son tour sur l’épais tapis de laine.

- Noonnn !!!

- (L’infirmier) Manquait plus que ça !!

Pendant que son collègue aidé par Jean dépose Jean Philippe sur le brancard, il s’occupe de l’épouse qui lentement revient à elle.

- Cela va aller madame ?

- Mon mari ???

- Nous allons le transporter aux urgences ne vous en faites pas, c’est la première fois que ça lui arrive ?

- Oui !! Il lisait son journal quand il s’est plaint d’une forte douleur à la poitrine ainsi qu'à la tête et s’est écroulé aussitôt après.

- Cela fait il longtemps ?

- Quelques minutes avant que mon majordome vous appelle.

- (Jean) Il y a vingt-huit minutes exactement, j’ai fait un massage cardiaque sur monsieur et son cœur est reparti, il n’a pas repris conscience depuis.

L’infirmier note l’heure.

- Vous avez très bien réagi sinon il serait mort sans aucun doute.

Le brancard est vite transporté jusqu’à l’ambulance et Jean la regarde repartir toutes sirènes hurlantes, il rebrousse ensuite rapidement son chemin jusqu’à aller retrouver sa patronne morte d’inquiétude.

- Madame désire-t-elle que je la conduise auprès de monsieur ?

- S’il vous plait Jean, je vous en serai gré.

- Je sors la voiture pendant que madame se prépare.

***/***

« Le trois janvier au matin, avant la reprise des cours »

Marc entend son téléphone sonner et regarde aussitôt de qui peut bien provenir l’appel, le numéro lui est inconnu mais quelque chose le pousse à décrocher malgré que ce ne soit pas dans ses habitudes.

Il préfère en effet attendre un éventuel message vocal, pour décider ensuite si oui ou non il devra rappeler.

- Allô !!!

- ……..

- Jean !!! Mais tu appelles d’où ?

- ……….

- De quoi !!!!

- ………

- C’est arrivé quand ?

- ………

- C’est grave ?

- ……….

Marc devient pâle.

- Il va s’en remettre ?

- ……….

Marc sort son calepin et un stylo.

- Tu peux me donner l’adresse de l’hôpital où il est ?

- ………

Il note les indications d’une main tremblante.

- Tu me préviens si tu as des nouvelles ?

- ………

- Merci de m’avoir appelé !!

- ………

- Je ne sais pas si je pourrai, je ferai mon possible !! Bisous et tu en feras un gros de ma part à nounou !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (29/125) (Reims) (Chez les Viala)

« Retour en arrière, le deux janvier »

La famille Viala n’est rentrée que du matin même et depuis c’est la courette pour faire les courses et préparer la reprise du lendemain, Frédéric a quand même appelé l’université pour valider ses horaires de cours et prévenu ensuite le CHU de ses disponibilités.

Il apprend seulement alors la nouvelle pour André et ça a le don de lui plomber le reste de sa journée qu’il passe seul, enfermé dans son bureau.

Sa femme et ses enfants se doutent bien que quelque chose le préoccupe, mais préfèrent attendre que ce soit lui qui leur en parle et du coup font en sorte de ne pas faire trop de bruit pour ne pas le déranger.

Dix-huit heures trente, une clé dans la serrure fait dresser la tête de la fratrie installée au salon.

Les deux siamois déjà assis devant la porte d’entrée leurs amènent le sourire en sachant bien qui arrive.

Annie sort de sa cuisine en s’essuyant les mains encore pleines de farine de la quiche qu’elle prépare pour le repas du soir, le même sourire orne ses lèvres quand elle voit entrer Florian en l'accompagnant d’un soupire de plaisir d’avoir toute la famille à la maison.

Guillaume aide rapidement son copain à ranger ses affaires dans leur chambre et arrive enfin le moment des embrassades, l’ambiance de l’appartement ayant remonté comme par enchantement de plusieurs crans.

Les discussions entre les quatre garçons deviennent vite une énorme partie de rigolade, jusqu’au moment où la porte du bureau s’ouvre et que Frédéric le visage éclairé d’un pâle sourire apparaisse devant eux.

Florian avec son sixième sens, comprend aussitôt que quelque chose ne tourne pas rond et s’en inquiète sans tarder.

- Un problème p’pa ?

- On peut dire ça oui !!

- (Inquiet) Tu es malade ?

- Ce n’est pas moi « Flo », c’est André !! Je viens d’apprendre qu’il a été mis en arrêt maladie et qu’ils lui ont diagnostiqué un Alzheimer.

Pas vraiment surpris.

- J’aurais dû m’en apercevoir la dernière fois que je l’ai vu !! Il se comportait bizarrement pourtant, j’ai juste pris ça pour un coup de fatigue. Ils ont commencé un traitement ?

- D’après ce que j’ai compris, ils attendent que tu l’auscultes avant de lui prescrire quoi que ce soit. Pour l’instant il n’opère plus et tu sais combien son travail est important pour lui.

- Et bien !! On dirait que le boulot me rattrape à peine rentré !!

- Désolé mon garçon !!

- Tu n’as pas l’être, André est un ami et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour lui venir en aide, tu le sais bien !!

Je réfléchis quelques secondes.

- Y a-t-il un laboratoire de recherche sur cette maladie pas loin d’ici ?

- A Chalons je crois !! Une annexe de l’institut Pasteur qui travaille là-dessus depuis quelques années.

Je me lève du canapé.

- Et bien !! Qu’est-ce qu’on attend alors ?

- (Frédéric) Quoi !! Maintenant ?

- J’ai ma rentrée de fac demain et je ne voudrais pas la rater.

- Mais enfin « Flo » !! On est dimanche !! Ça doit être fermé !!

Annie sort de sa cuisine.

- Ma quiche est prête alors ça attendra bien à après le repas, tu ne vas quand même pas déjà repartir avec le ventre vide en plus !!

- (Frédéric) Annie a raison, je vais passer quelques coups de fils et nous verrons après manger si c’est possible ou non !!

- (Annie) Tu ne sortiras pas avant d’avoir dîné, il n’y a quand même pas le feu !!

Je comprends à son ton qu’il ne me sert à rien d’insister.

- D’accord !! Je me rends ! Hi ! Hi !

Frédéric hoche la tête d’assentiment et repart s’enfermer dans son bureau duquel il ne ressort qu’une grosse demi-heure plus tard alors que tous commençaient à se mettre à table, il s’assoit à sa place et me regarde avec un léger sourire en coin.

- Quoi ??

- Ton nom fait des miracles fiston, il suffit de le prononcer pour que toutes les portes s’ouvrent.

Je suis stupéfié par ses paroles.

- A ce point-là ???

- Tu verras ça par toi-même tout à l’heure, mangeons avant que les troupes arrivent ! Hi ! Hi !

- Comment ça les troupes ?

- J’ai comme l’impression que ta première semaine à Begin a marqué fortement les esprits de certaines personnes, paraîtrait même que tu as beaucoup aidé à certaines avancées significatives et au moment où je te parle, il y a comme qui dirait une poussée de fièvre du côté des chercheurs de l’institut à ce que j’ai cru comprendre et je ne serais pas étonné qu’ils soient tous là à t’attendre ce soir.

2eme ANNEE avant Pâques 2èma partie : (30/125) (Reims) (Chez les Viala) (fin) (Antenne de l’institut Pasteur, Chalons en Champagne)

- Et moi qui voulais être tranquille pour mener mes recherches !!

Frédéric croit comprendre ce qui turlupine Florian.

- Tu avais l’intention d’utiliser ton « don » ?

- Bien sûr que non, sinon j’aurais été directement voir André !! Juste que j’aurais souhaité garder une éventuelle découverte encore quelques temps pour moi avant qu’elle n’éclate au grand jour et puis rien ne dit que ce sera le cas.

- (Annie) Tu ne nous as pas habitué jusqu’alors à réagir comme tu le fais ?

- C’est que je ne suis plus seul maintenant, j’ai des associés et ils ne verraient certainement pas d’un bon œil que mes découvertes profitent à d’autres.

Frédéric est visiblement à l’ouest.

- Mais de qui parles-tu donc ?

- De Ming et d’Hassan !! Ils vont financer mon projet et en contrepartie je leurs ai promis un pourcentage sur les bénéfices des brevets de mes découvertes médicales.

- (Annie) Je vais contacter un ami de promo qui est devenu depuis lors un redoutable avocat d’affaires, je ne doute pas un instant qu’il saura protéger tes droits en la matière. Termine ton repas sinon ça va être froid, il va te falloir de l’énergie pour ce que tu as à faire.

Aurélien entre deux bouchées.

- Encore un mot qui va disparaître rapidement du dictionnaire.

- (Damien) Ah oui !! Lequel ?

Aurélien sourit en me faisant un énorme clin d’œil.

- Alzheimer !!

Le dîner se poursuit et il se termine à peine que la sonnerie de la porte d’entrée retentit et qu’elle n’est pas la surprise de Florian quand il reconnait Robert le directeur du CHU, qui s’est déplacé en personne pour les emmener jusqu’à l’institut.

***/***

« Cinq heures du matin, institut de recherche médicale, Chalons en champagne »

Les ordinateurs ronronnent à pleine puissance dans leurs calculs, pendant que plusieurs hommes et femmes travaillent d’arrache-pied sur la conception des nouvelles molécules ainsi qu’à leurs assemblages, sous le contrôle d’un petit rouquin que tous regardent avec une énorme déférence devant les compétences manifestes qu’ils lui découvrent et lui reconnaissent volontiers.

La première partie de la nuit lui a été nécessaire pour reprendre pas à pas les avancées de plusieurs années qui ont permis la mise en œuvre des médications actuelles, il lui a fallu reprendre tous les tests et analyser les effets sur les patients ayant servi aux diverses expérimentations, jusqu’à découvrir ce qui n’allait pas et à partir de quelles bases il lui fallait reprendre de nouvelles voies, voies qui au fil de la nuit ont amené la découverte de nouvelles associations prometteuses.

Les ordinateurs sont alors entrés en action et ont passé un long moment en simulation, avant qu’enfin apparaisse clairement un schéma qui lui donne satisfaction et qu’il dirige alors les équipes vers l’ajustage moléculaire qui devrait non pas guérir mais dans un premier temps stopper l’action de la maladie sur le cortex cérébral, en attendant de pousser plus loin la recherche jusqu’à l’éradication complète de ce qui pour une raison encore mal connue mais suffisamment perçue, affecte inexorablement la mémoire sur les sujets atteints jusqu’à les amener dans un état débilitant avancé avec la fin tragique qui s’en suit au grand désespoir de leurs proches.

La fatigue pourtant naturelle aux vues de cette journée sans sommeil, n’affecte de toute évidence pas l’équipe de chercheurs.

Les cerveaux en ébullition stimulés par la voie que vient de leurs tracer ce jeune garçon, qui en quelques heures a réussi ce qu’eux et leurs collègues du monde entier, n’ont pas pu trouver en plusieurs années de recherches tant assidues qu'onéreuses.

***/***

« Sept heures du matin le trois janvier »

Florian voit arriver trois hommes dont la tenue vestimentaire lui fait tout de suite comprendre qui ils sont, d’un geste vif il met une grande partie des pilules qu’ils viennent de concevoir dans une petite flasque et la range nerveusement dans sa poche.

Un des trois hommes s’approche de Robert qui lui aussi est resté la nuit entière, émerveillé par tout ce qu’il s’est passé sous ses yeux et comprenant aux expressions des gens autour de lui, combien ce qu’il connaissait de ce jeune garçon était loin et même très très loin de la réalité.

- (L’homme) Nous avons ordre de mettre sous scellés tout ce qui se trouve dans cette pièce !!

Robert est surpris et visiblement en colère.

- De quel droit ?

Une voix bien connue de lui le fait se retourner vers la porte.

- Du droit de la République à protéger les découvertes essentielles aux retombées internationales, avant qu’elles n’atterrissent entre des mains étrangères.

Je me tourne vivement vers la personne qui vient de parler.

- Maurice !!!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (31/125) (Reims) (Antenne de l’institut Pasteur, Chalons en Champagne) (fin)

- Lui-même mon garçon !! Si tu veux bien me suivre avec monsieur Mercier pendant que mes hommes font leur travail ? Quand à vous messieurs dames !! Vous allez être conduit après une fouille au corps au commissariat, pour y subir un interrogatoire et vérifier vos identités.

Un des chercheurs.

- Mais de quel droit !! C’est un scandale !!

- (Maurice) Si vous n’avez rien à vous reprocher, cela ne durera pas longtemps et vous pourrez retourner chez vous rapidement. J’espère que vous comprendrez nos raisons si j’ajoute que nous pensons que l’un d’entre vous n’est pas ce qu’il prétend être et que nous ne faisons que notre devoir afin de nous assurer que rien de ce que vous avez participé à découvrir ce soir ne tombera entre de mauvaises mains. Ne m’obligez pas à utiliser des moyens plus coercitifs et je vous serai gré de votre participation entière à cet interrogatoire.

Maurice nous fait signe de le suivre dans la pièce d’à côté et referme soigneusement la porte derrière nous.

Robert encore sous le choc.

- Tu peux nous expliquer ?

Maurice sourit amicalement.

- Nous avons appris certaines choses récemment et une carte indiquant l’emplacement de plusieurs cellules d’espions Russes nous a été fourni par une personne travaillant pour l’émir Hassan et qui en a fait la découverte lors de sa dernière mission.

- Joseph ???

Maurice me confirme de la tête.

- Lui-même !! Une des zones qu’il nous a indiqué correspond à ce secteur et nous ne pouvions pas prendre le risque que le Kremlin soit informé de ce que tu viens de découvrir, déjà pour ta sécurité et ensuite pour nous laisser le temps de commercialiser ce nouveau médicament.

Amusé malgré tout.

- Qui te dit que j’ai trouvé quelque chose ? Ton gars même s’il arrive à passer à travers les mailles du filet que tu lui as tendu, restera chou blanc avec les informations que je leurs ai donné cette nuit.

- (Robert) Pourtant ils avaient tous l’air d’y croire vraiment, je ne comprends plus !!

- Il leur manquera pourtant l’essentiel et ça croit-moi, ils ne sont pas prêts de le trouver aux vues de ce qu’ils savent.

- (Robert) C’est mort pour André alors ?

- Je n’ai pas dit ça non plus il me semble.

Je sors le flacon de ma poche.

- En fait c’est une bithérapie et voici le premier des deux médicaments nécessaires, il faudra l’associer avec un autre pour que l’effet escompté agisse.

- (Maurice) Je parierai que tu l’as fait exprès, pas vrai ?

- Exactement !! Ou du moins de ne pas en parler, en fait les molécules des deux médications ne peuvent pas se conserver si elles sont assemblées. Elles deviennent actives dès qu’elles sont en contact et c’est pour cette raison que les recherches n’ont pas avancé, le succédané qui en est sorti est précisément la médication actuelle avec le peu d’effet qu’on lui connait.

- (Robert) Et bien tu m’en diras tant !! Reste plus qu’à fabriquer ce deuxième médicament si je comprends bien ?

Je le regarde, amusé.

- C’est là où tu te trompes, ce médicament existe déjà mais pour une autre pathologie et il suffira de lui enlever les éléments qui n’ont rien à y faire pour qu’il soit tout de suite efficace, d’ailleurs même tel qu’il est actuellement il devrait faire l’affaire.

- (Maurice) Mais où vas-tu chercher tout ça !!!

Je me tapote le front.

- C’est qu’il y en a là-dedans ! Hi ! Hi !

- (Robert) Beaucoup plus apparemment que je ne pouvais imaginer !! On fait quoi maintenant ?

- Voir André bien sûr et lui donner son traitement dès aujourd’hui.

***/***

« Une heure plus tard au CHU de Reims »

André attend visiblement surpris du coup de téléphone qu’il a reçu et qui lui demandait de venir de toute urgence à l’hôpital pour voir Florian, il est dans son bureau à chercher ce que le jeune garçon lui veut pour avoir été aussi pressant.

Les deux hommes accompagnés du jeune rouquin arrivent à leur tour et vont directement à la pharmacie du CHU pour sortir une boite du médicament dont Florian inscrit le nom sur la fiche de sortie.

Le pharmacien de garde le regarde bizarrement et ne peut s’empêcher de lui demander.

- Il ne vous faut que celui-là ? D’habitude il est associé à deux autres je ne vous l’apprends pas.

Je hoche la tête.

- Que celui-là, oui !!

Robert ne dit rien et attend qu’ils se soient éloignés de la pharmacie pour poser la question qui lui brûle les lèvres.

- C’est un des trois traitements contre le VIH !!

- En effet !! Et d’ailleurs en parlant de ça, j’ai eu dans la nuit une petite idée qu’il me tarde d’explorer rapidement. Si elle s’avère juste, je prédis un effondrement rapide des cours du latex ! Hi ! Hi !

Robert et Maurice stoppent net et se regardent visiblement troublés des implications des dernières paroles de Florian, ils reportent leur attention sur lui et constatent avec effarement qu’il reste égal à lui-même, malgré la bombe qu’il vient de lâcher en quelques mots sur un ton rieur

2eme ANNEE avant pâques 2ème partie : (32/125) (Reims) (CHU)

Maurice s’excuse alors de ne pas pouvoir rester plus longtemps et les quitte après avoir serré la main de Robert et embrassé Florian, en lui promettant de revenir très vite le voir.

A peine sortie du bâtiment, il vérifie que personne n’est assez près de lui pour entendre ce qu’il a à dire et prend son portable d’une main nerveuse, la tension qu’il éprouve le faisant trembler.

Il compose le numéro qu’il connait par cœur et s’imagine la tête de son interlocuteur à l’autre bout, quand il va lui faire son rapport sur les événements de la nuit et de ses futurs répercutions.

- ………..

- Maurice Désmaré monsieur le président, puis je avoir votre attention quelques minutes pour vous rapporter plusieurs faits pour le moins incroyables qui se sont produits cette nuit ?

- ………..

- Je pense que ça ne pouvait pas attendre monsieur, c’est tellement extraordinaire que j’ai tenu à ce que vous en soyez informé sur l’heure.

- ………

- Oui monsieur !! Ça le concerne, il a appris en rentrant hier soir qu’un de ses amis était atteint d’Alzheimer.

- ……..

- Si !! Aussi incroyable que ça parait, c’est ce qu’il a fait cette nuit monsieur et il est justement en ce moment même où je vous parle, en route pour appliquer son traitement à cet ami.

- ………..

- Il semble suffisamment sûr de lui pour le lui administrer et je pense sincèrement qu’il sait ce qu’il fait.

- ……….

- J’ai déjà pris toutes dispositions à cet effet monsieur et ils sont tous actuellement sous surveillance policière pour un interrogatoire poussé, j’ai d’ailleurs reçu récemment une information qui irait dans ce sens.

- ………

- Merci monsieur !! Je n’ai fait que ce pour quoi je suis mandaté, rien de plus.

- ……….

- Très certainement monsieur, sa protection sera notre priorité et je vais la renforcer dès aujourd’hui.

- ………

- Ce n’est pas tout monsieur !! Ses dernières paroles laissent à penser qu’il a autre chose en tête et que si cela s’avérait exact, notre vie à tous en serait révolutionnée.

- ………

- Il semblerait d’après ses dires qu’il aurait lors de ses recherches de cette nuit, commencé à développer une idée de traitement contre le VIH.

- ……..

- Vous avez très bien entendu monsieur et c’est pour cette raison que j’ai tenu à vous en informer aussitôt.

- …….

- Je le pense aussi monsieur et Begin me semble l’endroit le plus approprié pour qu’il y fasse ses recherches, nous sommes informés de la présence d’un agent Russe mais j’ai déjà placé plusieurs hommes de confiance là-bas et je ne crois pas qu’il serait bon de lui changer ses habitudes, ce garçon est déjà assez sollicité comme ça vous ne pensez pas ?

- ……..

- Entendu monsieur !! Je rentre sitôt raccroché et nous pourrons prendre les dispositions nécessaires à sa sécurité.

- ……..

- Merci monsieur, à vous aussi !! Ah !! Autre chose monsieur, pour ce voyage à Kyoto ? Devons-nous le maintenir ou pas ? Florian n’en a pas encore été averti et ce ne serait donc pas gênant.

- …….

- Entendu, nous en reparlerons tout à l'heure.

Maurice raccroche après les politesses d’usage et se sent déjà mieux de connaitre la position du président qui somme toute se rapproche dans l’essentiel de la sienne, ne serait-ce ce voyage qu’il trouve maintenant malvenu mais dont le président et pour des raisons bien à lui, tient à maintenir comme prévu.

***/***

« Dans le bureau d’André »

Un coup bref à la porte le fait sursauter et se lever d’un bond, cherchant un instant où il est avant de se rappeler qu’il est dans son bureau à attendre l’arrivée de son jeune ami.

- Oui !! Entrez !!

Ce n’est pas un mais quatre visiteurs qu’il accueille visiblement surpris, il y a Florian bien sûr mais aussi Robert, René et Denis son ami de toujours qui entrent en souriant, heureux de lui annoncer la bonne nouvelle après s’être autant inquiété pour lui et sa santé.

Florian l’embrasse comme à son habitude qui fait sourire le brave neurologue, il sort de sa poche un flacon rempli de minuscules pilules vertes et une boite de médicament qu’il reconnait aussitôt.

- Tatatan !!!

André sourit malgré lui de la tête de clown qui le fixe avec un énorme sourire.

- Qu’est-ce que c’est ??

Je le regarde, amusé de son étonnement.

- Un antivirus accompagné d’un backup pour ton disque dur ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (33/125) (Reims) (Fac)

“Retour au présent”

Flavien et Carole arrivent bras dessus bras dessous et aperçoivent Marc debout en plein milieu du campus visiblement pas dans son assiette, le grand blond se dirige aussitôt vers lui pour voir ce qui ne va pas et le prend gentiment par l’épaule en le secouant avec amitié.

- Et bien « Marco » ? Tu m’as l’air triste ? Tu n’es pas heureux de reprendre les cours ?

Marc lève les yeux vers ses amis.

- Je viens juste d’apprendre que mon père vient de faire un AVC.

- (Carole) Tu parles d’une tuile !! Ils l’ont pris à temps ?

- Grâce à Jean le père d’Arnault, c’est lui qui m’en a averti.

- (Flavien) Qu’est-ce que tu vas faire ? Y aller ?

- Je ne sais pas !! Ma mère ne m’a même pas prévenu, tu te rends compte !! Si Jean ne l’avait pas fait, je ne saurais rien de ce qui lui arrive.

Carole lui fait une grimace de compréhension.

- Bonjour la famille !! Ils t’en veulent toujours de toute évidence.

- (Flavien) Et toi par contre tu t’inquiètes pour eux ?

- C’est mon père et il a beau être le dernier des derniers, c’est quand même mon père.

- (Carole) « Flo » ne devrait plus tarder à arriver, tu devrais lui en toucher deux mots.

Marc d’une voix éteinte.

- Je ne vais pas encore l’ennuyer avec mes histoires, il en a déjà assez fait pour moi comme ça depuis qu’on se connait.

- (Flavien) Allons !! Tu sais bien que ça ne le dérange jamais quand il s’agit de l’un d’entre nous ?

- Justement !! Moi ça me dérange de toujours le solliciter et de ne jamais rien faire pour lui, pas vous ?

- (Carole pâlit) Comment ça jamais rien faire pour lui ? Tu sais bien qu’il peut nous demander ce qu’il veut !!

- Oui peut-être, mais le faisons-nous ? Non !! Et pourquoi ? Tout simplement parce qu’il ne nous demande jamais rien et ça finit par me gêner.

- (Flavien) Arrête ton délire tu veux bien !! Là c’est de ton père qu’il s’agit et si Florian peut lui venir en aide, il n’hésitera pas tu le sais bien. Pour le reste ce n’est quand même pas de notre faute s’il n’a jamais besoin d’un service !! Tu pousses un peu loin le bouchon sur ce coup-là je trouve.

Carole veut calmer le jeu du fait qu’elle sent bien la mayonnaise commencer à monter entre les deux copains et elle ne tient pas du tout à assister à leur première dispute, surtout sur un sujet aussi délicat que l’est l’état de santé du père de Marc.

Elle regarde sa montre, bientôt dix heures et Florian tout comme eux a son premier cours dans quelques minutes et donc ne devrait plus tarder à arriver.

- Pas d’engueulades entre vous les garçons, c’est pour le coup que si Florian s’en aperçoit ça ne lui fera pas plaisir. C’est moi qui lui en parlerai que tu le veuilles ou non et nous verrons bien ce qu’il en adviendra ensuite.

Sébastien arrive dans ces entrefaites et vient embrasser sa jumelle, puis serre la main à ses deux amis.

- Un problème ? On vous entend depuis l’entrée du campus !!

Carole explique en vitesse à son frère ce qu’il en est, celui-ci écoute en hochant la tête plusieurs fois et finit par donner son avis.

- Si tu veux mon avis, tu n’as pas à te mêler de ça !! Ce sont les affaires de Marc après tout et il est assez grand pour savoir ce qu’il a envie ou non de faire. Je pense néanmoins que tu devrais en toucher deux mots à Florian « Marco », sinon il risque de t’en vouloir de ne pas l’avoir fait s’il arrive quelque chose à ton père alors qu’il aurait pu lui venir en aide.

Marc voit que tout le monde pense comme Sébastien et soupire.

- Ok ! Je me rallie à l’avis du plus grand nombre. Tu portes bien ton prénom toi, parole !!

- (Flavien) Tiens oui au fait !! Il fait quoi ton Sébastien ? Maintenant qu’il remarche, il va pouvoir continuer ses études en dehors de chez lui pas vrai ?

Marc sourit car le changement de sujet arrive pour lui au bon moment.

- Il s’est inscrit à l’école de police, mais je crois qu’il ne commence que le mois prochain le temps que tous ses papiers soient pris en compte.

- (Sébastien en riant) Cot cot cot !! Un beau petit poulet qu’il va nous faire le rouquin !!

- (Marc amusé) D’abord il n’est pas roux mais blond roux et il y a déjà assez de futurs toubibs dans la bande ! Hi ! Hi !

- (Carole) C’est vrai qu’il est trognon l’ex Kojak depuis que ça repousse.

- Il est à moi celui-là, tu as déjà assez à faire avec l’autre grande saucisse alors pas touche ma belle !!

Ils éclatent tous de rires devant la tête que fait Flavien en s’entendant appeler grande saucisse.

- Ouaih !! Bon !! Tu sais ce qu’elle te dit la grande saucisse ?

Marc le regarde ingénument.

- Non !! Quoi donc ?

Flavien s’attendant à une connerie, se retrouve tout bête sur le coup et ne sais quoi répondre.

Au grand amusement de ses amis qui éclatent une nouvelle fois de rires à ses dépens.

- Ben !! Heu !!!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (34/125) (Afrique) (Que serais-je sans toi !)

Le père Antoine se réveille et est surpris de constater que l’heure est déjà bien avancée, tandis que d’ordinaire il se lève toujours au lever du soleil.

La journée de la veille a été quand même harassante pour son âge, même s’il a retrouvé une certaine forme physique et ceci expliquant cela, il ne s’en veut pas de cette grasse matinée qu’il vient bien involontairement de s’accorder.

Ils ont quitté la clairière assez tard dans l’après-midi précédente, le retour a été sujet à une longue discussion sur ce qu’ils ont vu et ressentit après que les « êtres » aient retrouvé leurs enveloppes originelles.

Le fait que « Kinou » se soit transformé en adulte sous leurs yeux, laisse des traces dans le mental du vieil homme qui depuis remet en cause beaucoup de croyance qu’il tenait pour acquit jusque-là.

Le jeune animal déjà impressionnant dans son état de jeune panthère, les a laissés sans voix devant l’apparence qu’il a prise après sa transformation sur le lit de pierres.

C’est devenu en quelques heures un adulte d’une carrure et d’une évidente puissance exceptionnelle, comme ils n’en avaient jamais vu jusqu’à ce jour et ils l’ont quitté alors qu’il était encore allongé, entouré par le halo si compact qu’ils auraient cru l’animal enveloppé dans un épais brouillard.

Le vieil homme ne doute plus maintenant qu’il saura s’en sortir dans la jungle et même s’il est triste de l’avoir laissé, il n’en est pas moins rassuré sur son devenir.

Maintenant, le père Antoine reconnait qu’il lui manque déjà et qu’il aurait aimé l’avoir à ses côtés le temps que le seigneur le rappelle à lui.

Il se lève pour se rendre aux toilettes, puis après le lavage de mains d’usage, rejoindre la cuisine pour prendre une bonne bolée du café qu’il a ramené avec lui de France et qui le fait saliver rien que d’y penser.

Une des nonnes l’accueille en souriant et le sert avec un petit quelque chose amusé dans l’œil, le père Antoine en est étonné n’ayant pas l’habitude de la voir avec une telle expression et s’enquiert auprès d’elle de la raison d’une si bonne humeur manifeste.

- Qui a-t-il ma sœur ? Je vous trouve bien joyeuse ce matin.

- Après la frayeur que nous venons de vivre mon père, la joie d’être toujours là parmi notre communauté est très compréhensible.

Le père Antoine repose son bol surpris.

- De quelle frayeur parlez-vous donc ma sœur ?

- De celle de cet animal énorme qui s’est jeté sur nous sitôt levées ce matin mon père, mes sœurs et moi avons cru notre dernière heure arrivée, avant de comprendre qu’il n’y avait aucun danger en sa présence.

- Mais de quel animal parlez-vous donc ?

La nonne amusée car elle connait d’avance la suite de ce que ces prochaines paroles vont occasionner pour le brave père.

- De celui qui s’est allongé sur le canapé et qui dort comme un loir depuis en vous attendant certainement.

Le père Antoine en a un hoquet de stupeur et manque de s’étrangler avec son café qu’il avait recommencé à boire.

- De quoi !!!

- Comme je vous le dis mon père, c’est incroyable comme il a changé en quelques semaines.

D’une voix étranglée ne cachant pas son énorme émotion.

- « Kinou » !!!

Au cri que vient de pousser le vieil homme, un bruit lui arrive du salon, très vite suivi d’une tête impressionnante qui passe la porte et de deux yeux d’un vert presque hypnotique qui le fixe avec une douceur peu coutumière à ce genre de prédateur.

- Rrrrrr !!

Le vieux prêtre laisse les larmes de bonheur s’échapper de ses yeux et couler rapidement le long de ses joues toutes ridées par l’âge, son cœur s’accélère alors qu’il sent ses mains trembler tellement l’émotion le submerge.

- Tu es revenu !! Tu n’as pas voulu toi non plus que nous soyons séparés ? Viens là mon « Kinou » !!

La panthère s’avance alors d’une démarche fluide malgré les plus de cent kilos qu’il pèse maintenant et vient précautionneusement poser sa tête énorme sur les genoux frêles de celui qui l’a accueilli et tellement dorloté étant jeune, qu’il ne peut s’imaginer le perdre et se retrouver loin de lui une seconde fois.

- Rrrrrr !!!!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (35/125) (Paris) (Réunion du conseil de l’ordre)

Nicolas arrive au pied du bâtiment Parisien où il a son bureau et grimpe les marches du perron en maudissant ses kilos de trop, qui vont encore le laisser à souffler les « petits pois » bien avant d’arriver devant sa porte.

Nicolas Bellot président du conseil de l’ordre des médecins vient de convoquer une session exceptionnelle suite à de nombreux coups de téléphones reçus depuis ce matin même, dont un qu’il ne pouvait pas ne pas prendre en considération même si le haut personnage de l’état qui l’a appelé, n’a pas les prérogatives disons « officielles » pour lui dicter sa conduite.

Pourtant les courriers, mails et autres moyens existants pour le joindre, n’ont fait qu’empirer depuis plusieurs semaines et tous ou quasiment pour aborder le même sujet, celui du jeune De Bierne dont la réputation commence à dépasser les limites de leur corporation.

La conversation avec le chef de l’état a été des plus claire et celui-ci ne semblait pas comprendre pourquoi le haut conseil n’avait encore pas validé les diplômes permettant au jeune homme d’être reconnu officiellement et surtout de lui éviter ses pertes de temps dues à ses obligations de suivre les cours à la fac, alors qu’il n’y a depuis longtemps plus rien à y apprendre.

Pertes de temps qui lui a-t-il précisé, obligeait le jeune De Bierne à d’incessant va et vient et le fatiguait inutilement.

Le président lui a alors « suggéré » de lui faire passer le plus rapidement possible les examens de fin de dernière année, ainsi que tous ceux nécessaires aux différents doctorats dont il aurait envie d’en faire une spécialisation.

Le but de la réunion de ce matin est donc de mettre aux voix cette « suggestion » présidentielle et si elle atteignait le quorum requis, préparer les questionnaires ainsi que les exercices qu’ils jugeraient opportuns de lui faire passer.

***/***

« Midi ce matin-là »

Nicolas retrouve avec un visible soulagement le fauteuil de son bureau, la réunion s’est passée en laissant croire à tous qu’ils avaient le libre arbitre sur la décision finale, mais personne n’étant dupe qu’il aurait été des plus indélicats d’aller à l’encontre de la demande présidentielle.

Surtout que celle-ci exigeait quand même que les examens soient identiques à ceux présenter en juin aux étudiants de dernière année et notés sans aucun favoritisme par des personnes ignorant l’identité du rédacteur, mais qu’ils devaient tout simplement lui être fait passer avec quelques années d’avance.

Le vote final des membres du conseil de l’ordre allant dans le même sens que la proposition qui était mise aux voix ce jour-là, il ne lui reste plus qu’à organiser rapidement cette cession afin d’avaliser ensuite si les résultats sont concluant et Nicolas ne doute pas un instant qu’ils le soient, aux vues de la tonne de courrier qui remplit son bureau.

Il appelle alors le secrétariat de l’Élysée, se présente et demande à ce qu’on lui passe le président.

***/***

« Midi vingt palais de l’Élysée, bureau du président »

L’homme à la stature imposante raccroche son téléphone et se tourne vers Maurice le sourire aux lèvres.

- Voilà déjà une bonne chose de faite !! Cela devrait libérer du temps à notre jeune Marathonien.

Maurice approuve d’un mouvement de tête.

- Surtout que ça ne lui apportait rien et comme ça il sera plus disponible pour ce qu’il souhaite faire.

- Nous maintiendrons néanmoins sa semaine mensuelle à Begin.

- Ça va de soi monsieur et en plus je ne crois pas qu’il aurait été heureux du contraire.

Le président l’écoute, visiblement étonné.

- Il me semblait bien pourtant qu’il n’aimait pas l’armée.

- En effet c’est le moins qu’on puisse dire !! Seulement il s’y est fait des amis depuis et je crois savoir qu’il attend avec impatience ses semaines à Paris pour y retrouver des personnes qui lui sont particulièrement chères.

- Il m’a l’air de se lier facilement ce garçon ?

- On peut dire ça oui !

- Quand me le présenterez-vous ? Ce jeune homme excite de plus en plus ma curiosité et j’aimerai bien le connaitre un peu mieux, surtout si nous devons faire ce voyage prévu à la fin du mois ensemble.

Maurice a alors un sourire en coin qui n’échappe pas au maitre des lieux

- Vous avez l’air de trouver ma requête amusante, si vous me disiez ce qui vous fait sourire de la sorte ?

- C’est cette l’image que je me fais de cette rencontre monsieur, vous ne connaissez Florian que par ouï-dire et si vous pensez être présenté à un jeune garçon ordinaire, vous risquez fort d’avoir une sacrée surprise.

- Comme par exemple ?

- (Maurice hésite) Avez-vous un petit nom que vous donne vos enfants ou vos proches ?

Le président sourit à son tour.

- Comme tout un chacun je pense !!

- Alors c’est bien !! Comme ça vous ne serez qu’à moitié surpris au moment où vous vous quitterez ! Hi ! Hi ! Excusez-moi monsieur mais c’était plus fort que moi.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (36/125) (Reims) (Fac) (suite)

Ce n’est qu’au moment du déjeuner à la cantine, que nos cinq amis retrouvent enfin Florian qui arrive tout guilleret malgré le manque de sommeil en tenant à deux mains son plateau repas.

Il le pose à sa place habituelle et fait le tour pour embrasser ses amis avant d’aller s’asseoir à table, c’est Carole qui pose la question que tous ont en tête.

- On t’a attendu ce matin ?

- Ah oui désolé !! Voilà seulement que j’arrive, j’ai passé la nuit dans un labo et ensuite une partie de la matinée au CHU à cause des problèmes d’André, mais tout va bien maintenant et me revoilà, je n’ai pas dû rater grand-chose de toute façon. Et vous quoi de neuf ?

- (Julien) Qu’est-ce qu’il a André ?

Je le regarde et souris.

- Avait !! Ou du moins il ne sera plus inquiété avec ça et pourra reprendre d’ici une semaine ou deux son travail.

- (Julien) Ça ne répond pas à la question ?

- Un début d’Alzheimer !! Mais comme je vous l’ai dit, c’est bon maintenant et il ne lui reste plus qu’à attendre que les médocs que je lui ai donnés fassent effet.

- (Marc) Je ne savais pas qu’il existait des médicaments pour cette maladie ?

Julien plus avancé qu’eux en médecine, hoche la tête.

- C’est même une certitude !!

Carole plus fine mouche que les garçons.

- C’est pour ça que tu as passé une nuit blanche ?

- Exactement ma grande !! Il fallait que je fasse quelque chose pour André et du coup j’ai revisité les recherches en cours, j’ai eu la chance de trouver l’erreur qui les empêchait d’avancer.

Julien reste néanmoins sceptique.

- Qu’est-ce que tu nous racontes là !! Tu sais aussi bien que moi qu’il faut des années pour expérimenter et créer un nouveau médicament ? Quant à sa mise sur le marché, je n’en parle même pas !!

Je le regarde dans les yeux.

- Et pourtant c’est ce que j’ai fait et André en a deux à prendre chaque jour, il a d’ailleurs avalé les premiers ce matin.

Flavien qui jusque-là écoutait sans rien dire.

- Ça va être une vraie révolution !! Tu imagines le tapage que ça va faire quand ça va se savoir ?

Sébastien sur le cul regarde son copain manger tranquillement.

- Mais regardez-le !! Monsieur casse la croute tranquille comme s’il venait de nous annoncer qu’il s’était arrêté de pleuvoir !!

Carole observe Florian qui tourne la tête vers la fenêtre, elle sourit car elle est certaine qu’il vérifiait s’il avait plu et soupire en pensant que décidemment il vivait parfois dans un autre monde.

- Non !! Rassure-toi, il n’a pas plu !!

- Ah !! Je me disais aussi !!

- (Sébastien) Il se fout de moi en plus !! C’était une image banane !!

Je tourne la tête vers lui.

- J’en veux bien une, merci !!

- (Marc) Laissez le tranquille, vous voyez bien qu’il est déconnecté de la réalité là !! Sans doute sa nuit blanche après la journée d’hier.

Flavien attrape la main de son copain et la serre doucement.

- Qu’est-ce qu’il y a « Flo » ? Tu n’es pas avec nous là ?

Je les regarde déconcerté.

- Comment ? Non ça va, juste que j’ai plein de choses en tête et ça s’embrouille un peu par moment.

- (Sébastien) On voit ça !! Tu devrais allez te reposer après le déjeuner, si tu veux on te reconduit chez toi.

- Merci mais ça va aller !!

Tous reprennent alors leurs repas et le silence à table n’est plus ponctué que par des bruits de mastications, les yeux de ses amis se portent tour à tour sur le petit rouquin visiblement perdu dans ses pensées et tous finissent par se regarder en soupirant, comprenant qu’il ne sert à rien de vouloir lui donner des conseils mais qu’ils ne vont certainement pas le quitter des yeux avant qu’il ne redevienne lui-même.

Le visage de Florian s’illumine soudainement après une bonne demi-heure de silence, il sort alors son éternel calepin qui ne le quitte jamais ainsi qu’un stylo et inscrit à une vitesse phénoménale des pages et des pages d’algorithmes et de formules que ses amis seraient bien incapables de comprendre, jusqu’au moment où il se détend en reposant son stylo et s’exclame.

- Euréka !! J’ai trouvé !!

La tête qu’il fait alors après avoir lancé cette phrase, suffisamment fort pour que quasiment toute la cantine se tourne vers lui en l’entendant et si près d’une certaine photo affichée depuis plusieurs mois à l’accueil du campus, qu’un énorme éclat de rire général le fait sursauter.

Tous des premières aux dernières années, garçons et filles, pensent au même instant la même chose, qu’ils ont la chance de pouvoir dire un jour à leurs enfants et petits-enfants, qu’eux aussi ont connu leur « Einstein ».

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (37/125) (Reims) (Fac) (fin)

Flavien les yeux brillants, laisse passer ce moment de liesse générale et se tourne ensuite vers son ami pour en savoir plus sur ses dernières paroles.

Il voit bien que tout semble être rentré dans l’ordre et que le regard de Florian est redevenu attentif à tout ce qui se passe autour de lui.

- Je vois que ça va mieux !! Tu es venu à bout de ce qui te turlupinait à ce point on dirait ?

- Je l’avais sur le bout de la langue depuis cette nuit et j’ai enfin trouvé ce que je cherchais, maintenant il ne me reste plus qu’à passer à la phase de conception et d’expérimentation, mais ça devrait aller très vite maintenant que je tiens le schéma directeur.

- (Carole) On peut savoir ou c’est un secret ?

- Je préférerais qu’on en parle ailleurs qu’ici si cela ne vous dérange pas !! Je passe vous voir ce soir chez Mireille, prévenez là que je serai chez elle pour dîner et que je lui amènerai « Tic » et « Tac », elle sera contente de les voir.

Les garçons se lèvent en prenant leurs plateaux vides, Florian va pour en faire de même quand Carole le retient d’une main.

- Je peux te parler cinq minutes ?

Je me rassois, surpris.

- Bien sûr !! Qui a-t-il ? Pas une embrouille avec le grand j’espère ?

- Non ! Non ! T’inquiète !! C’est à propos de « Marco » ou plutôt de son père, je sais qu’il n’osera pas t’en parler mais je voulais que tu sois au courant. Il vient d’être transporté aux urgences à Nantes, un AVC d’après ce qu’on en sait et Marc ne sait pas comment réagir, tu connais aussi bien que nous les différends qu’il a avec ses parents ?

- Bien sûr !!

- Je suis certaine néanmoins que malgré tout ce qu’il veut laisser paraitre, il l’aime toujours et c’est normal !! C’est son père quand même !!

- Crois-tu que son père accepterait quelque chose venant de son fils ?

- Hum !! Pas certaine du tout, vu comment ils se sont quittés la dernière fois. A quoi tu penses ?

- Une boite de chocolat ou autre chose de mangeable qu’il aimerait particulièrement.

- Ah !! Je comprends !!

- Mais s’il les jette parce que ça vient de Marc, ça craint !!

- (Carole) Peut être que si ça venait de quelqu’un d’autre ?

- Tu penses à qui ? Arnault ?

- Pourquoi pas !! Il l’a vu grandir et il doit bien l’aimer un peu, je pense même qu’il serait touché si ça venait du fils de son majordome.

- Tu as sans doute raison, le mieux serait d’envoyer quelque chose de la part des deux.

Ce serait bien étonnant qu’il les rejette en bloc, tu ne crois pas ?

- (Carole sourit) On peut toujours essayer, de toute façon ça ne coute pas grand-chose et peut être cela l’aidera à se remettre.

Je me relève en prenant mon plateau.

- Je m’en occupe, j’appellerai « Nono » pour le prévenir qu’il va recevoir un colis qui ne sera pas pour lui et j’en profiterai pour connaitre les goûts du père de Marc.

- Super !! Merci « Flo » !! Je savais que je pouvais compter sur toi.

- Marc aussi et pourtant il ne l’a pas fait.

- Ne prends pas ça pour toi, je connais ses raisons et si tu lui demandes, tu comprendras pourquoi il n’a pas encore voulu t’embêter avec ses problèmes. Hep !! N’oublie pas ton calepin !!

Je le vois sur la table.

- Oups !! Quelle tête en l’air je fais !!

- Tu ne veux pas me dire ce que c’est ?

Je la regarde en voyant bien avec quelle impatience elle attend ma réponse.

- Un carnet tu le vois bien ! Hi ! Hi !

- On voit que ça va mieux toi ! Hi ! Hi ! Garde le ton secret !!

- Tu sais « Caro » !! Si quelqu’un savait ce que renferme ce carnet, je suis certain qu’il ferait tout pour se le procurer. Ce qu’il contient une fois commercialisé vaudra des milliards et quand je dis « des », je ne pensais pas qu’à deux ou trois crois-moi !

Plusieurs dizaines voire mêmes centaines seraient encore loin du compte je pense.

- Mais enfin !! Qu’est-ce que c’est !!

- L’ébauche d'un futur vaccin contre un virus qui empêche les gens de s’aimer tranquillement, voilà ce que c’est !!

Carole en bafouille tellement elle est perturbée par ce qu’elle vient de comprendre, si ce qu’elle imagine est exact et elle n’est pas loin de le penser, ce que vient de découvrir son ami sera vécu comme la découverte la plus importante de ce siècle.

- Tu veux parler du…

- Sida ?? Eh bien oui, je pense avoir découvert un moyen de détruire ce virus et il ne me reste plus qu’à vérifier mes notes, puis ensuite faire la batterie de tests nécessaires avant d’en faire la révélation au public.

Carole toute excitée.

- Tu imagines la bombe que ça fera quand l’information sera transmise par les médias ?

- Chut !!! Tu parles trop fort là !! Faudrait pas qu’elle nous pète au visage avant d’être tout à fait certain que ce que je pense avoir découvert soit réellement efficace.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (38/125) (Chalons en Champagne) (Salle d’interrogatoire du commissariat)

Maurice revenant tout juste de Paris, relit pour la énième fois le rapport d’autopsie des douze cadavres Russes qui lui a été remis en main propre dès son arrivée et s’exclame bruyamment.

- Ça ne peut pas être aussi simple !!!!

Pourtant les photos sont la preuve flagrante de la réalité du constat qu’a faite le médecin légiste, une femme près de la retraite dont il connait bien le professionnalisme.

D’ailleurs elle l’a encore démontré en remarquant ce petit détail sur un des cadavres et en ayant l’idée de génie de vérifier sur les autres s’il n’en serait pas de même.

Le petit tatouage en forme de tâche ronde sous la langue de l’homme pouvait passer pour une marque de naissance, si un réactif appliqué à cet endroit là par hasard ne lui en avait pas révélé la teneur artificielle.

Le temps ensuite de faire les vérifications nécessaires auprès des autres services s’étant occupés parallèlement des autres cas liés à la même affaire et de collecter les preuves pour étoffer le rapport final que tient actuellement Maurice entre ses mains cet après-midi-là.

Maurice descend rapidement jusqu’au bureau du commissaire, frappe à sa porte et entre sans attendre la réponse.

- Vous détenez toujours les chercheurs de l’institut commissaire ?

- Comment !! Je pense oui, pourquoi ?

Maurice lui dépose les photos sur son bureau.

- Pourriez-vous vérifier ça discrètement avant de les relâcher ?

Le commissaire regarde les clichés de près et reporte son attention sur Maurice, son regard trahissant son incompréhension.

- Si vous m’expliquiez ?

- J’aimerais que vous vous assuriez qu’aucun des hommes et femmes que nous avons ramenés ce matin n’a ce tatouage sous la langue.

- Qu’est-ce que c’est ? Une secte ?

- Je dirai plutôt un signe de reconnaissance !!

- Ahhh !!! D’accord !!! Pas vraiment malin tout ça !!

- Détrompez-vous commissaire !! C’est un pur hasard que quelqu’un en ait fait le rapprochement croyez-moi !!

Le commissaire regarde de plus près encore une des photos.

- Hum !! Oui !! C’est suffisamment discret pour qu’on pense à une marque naturelle.

- Alors ??

Le commissaire se lève.

- Je vais passer le relais à notre service médical, juste une petite vérification au cas où ils auraient attrapé une saloperie quelconque suite à leurs expériences de la nuit.

Maurice laisse échapper une grimace.

- Pas très convainquant !! Faites plutôt une prise d’ADN avec le kit standard en prétextant un contrôle complémentaire de police, il vous suffira de le leur passer sous la langue en gardant les yeux ouverts.

- Entendu !! Je m’en occupe !! Que voulez-vous que nous fassions si nous découvrons qu’une des personnes possède ce tatouage ?

- Absolument rien surtout !! Etre prévenu me suffira pour le moment, mes services prendront ensuite le relais sur les vôtres.

- Comme vous voudrez !!

- Je serai à l’étage dans le bureau qui a été mis à ma disposition, j’ai quelques instructions à faire passer en attendant.

Maurice quitte le bureau du commissaire et repart d’un bon pas vers le sien, la nuit et la matinée pourtant chargée par les va et vient incessants ne l’affectent pas plus que ça et il se sent en pleine peau, appréciant l’activité physique qui l’aide à garder la forme.

Il envoie aussitôt une demande express pour qu’un contrôle soit fait sur tous les personnels des centres de recherches Français, s’assure ensuite que les ordres sont bien compris et qu’il n’y aura pas de bavure de la part d’un collaborateur trop zélé, tenant expressément à ce que personne ne se doute de quoi que ce soit.

Il regarde ensuite le fauteuil en face de lui et sourit en allant s’y installer pour une micro sieste réparatrice comme il aime à s’accorder de temps en temps, pour libérer son esprit de toutes ses pensées qui s’y bousculent et qui l’aide beaucoup ensuite au moment de faire le point.

Son cerveau libère alors ses endorphines et le fait sombrer presque instantanément dans un sommeil réparateur, peuplé des visages de ses proches et de la petite bouille de Coralie lui souriant en lui tirant la langue.

***/***

« Une bonne heure plus tard »

Toc ! Toc !

Maurice ouvre immédiatement les yeux.

- Oui !!

Le commissaire entre en souriant.

- Vous aviez vu juste !! Une des femmes a cette marque sous la langue, que faisons-nous maintenant ?

- Faites là arrêter officiellement pour espionnage industriel et vous laissez les autres rentrer chez eux.

Le commissaire étonné.

- Je croyais qu’il fallait qu’elle ne se doute de rien ?

- J’ai réfléchi depuis, elle en a appris trop cette nuit sur ce qui a été découvert et je ne tiens pas à ce qu’elle cite à ses supérieurs le nom de celui qui a mené les recherches. Nous allons la prendre en charge, informez-la de sa mise en examen immédiate et pas d’avocats comme nous l’autorise la loi pour ce genre d’affaires.

- Entendu monsieur !!

- Ah !! Autre chose !! Surtout elle ne doit plus avoir aucuns contacts avec une personne étrangère à nos services, placez-là en cellule d’isolement sur le champ !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (39/125) (Reims) (Chez les Viala) (Une idée débile)

La fratrie rentre de cette reprise des cours, l’appartement est vide car Annie est au tribunal et Frédéric au CHU.

C’est chacun un jus de fruits à la main, qu’ils se posent au salon pour discuter et reprendre les conversations de la veille, qu’ils avaient interrompues à cause de l’heure tardive.

Damien s’adresse à Guillaume.

- Alors !! Tu as pu lui parler ou pas ?

- Juste une minute, mais il n’avait pas l’air d’être chaud.

- (Aurélien) C’est compréhensible quand même !! Après tout il n’est qu’un membre du groupe et les autres aussi devraient donner leur accord.

- (Damien) Tu sais bien « qu’Antho » ne le fera jamais sans qu’on lui donne un bon coup de pouce.

- (Aurélien) Ce que je vous en dis, ce n’est que mon avis et je ne trouve pas que votre idée soit si bonne que ça.

- (Guillaume) Ce serait un bon moyen pour les faire connaitre pourtant !!

- (Aurélien) Vous en avez parlé avec « Flo » ?

- (Guillaume) Pas encore, mais dès qu’il rentre je le ferai !!

- (Damien) Vous imaginez les gars si ça marche !! Nos potes deviendront des vedettes du show-biz !! Wouah !!

- (Aurélien) Vous vous rendez compte de ce que vous voulez faire au moins ?

Guillaume surprit de l’attitude de son grand frère.

- Nous ne faisons rien de mal, pourquoi es-tu contre cette idée ?

- Tout simplement parce que ce n’est pas ce qu’ils veulent, sinon ils l’auraient déjà fait.

- (Damien) Peut être n’y ont-ils seulement jamais pensé ?

- (Aurélien) Alors dans ce cas pourquoi ne pas juste leurs en avoir parler ?

Ils sont tellement pris dans la conversation qu’ils n’ont pas entendu la porte s’ouvrir.

- Leurs parler de quoi les gars ? Et à qui ?

Les trois frères sursautent et se tournent vers l’entrée en découvrant Florian qui enlève ses chaussures avant de les rejoindre dans le salon.

- (Aurélien) C’est Guillaume et Damien, Ils veulent envoyer un enregistrement du groupe aux radios.

Je les regarde, étonné d’une telle idée.

- Pas sans leurs accords j’espère ?

Aurélien sourit triomphant.

- C’est ce que je m’évertue à leurs dire depuis hier soir !!

Damien devient tout pâle d’un seul coup, il observe son frère qui très vite devient également comme lui et baisse la tête en comprenant qu’ils vont devoir avouer la raison de tant d’insistance à avoir l’accord d’Aurélien.

Celui-ci se rend vite compte de la gêne subite de ses deux frangins et regarde Florian l’air inquiet.

- Ne nous dites pas que s’est déjà fait ?

Je les fixe avec insistance.

- Vous n’avez pas fait ça les gars ? Dites-nous que ce n’est pas vrai !!

Guillaume se lève sans répondre et part dans la chambre de son grand frère pour y prendre son ordinateur, qu’il pose sur la table basse en l’allumant.

Les deux longues minutes qui précédent l’ouverture de Windows, se passent dans un silence absolu et ce n’est qu’une fois la connexion internet faite, que Guillaume entre sur « YouTube » et clique sur un lien, d’où sort quelques secondes plus tard la voix d’Anthony toujours aussi prenante.

Je regarde d’un air médusé les milliers de clics et les dizaines voire centaines pour ne pas dire plus, de messages qui sont liés à la chanson que nous entendons toujours en fond sonore.

- Effacez-moi ça de suite les gars !!

- (Guillaume) C’est trop tard pour ça, le fichier a déjà été copié des centaines de fois !! La chanson fait le tour de la planète en ce moment.

- (Aurélien) Je comprends mieux votre insistance depuis hier à ce que j’avalise votre idée, je me demande bien à quoi vous avez pensé en faisant une chose pareille !!

Damien la voix tremblante.

- Nous n’avons pas dit qui c’était, personne ne pourra faire le rapprochement avec « Antho ».

Je le regarde en trouvant son excuse à côté de la plaque.

- Sauf si c’est lui ou un du groupe qui entend ça !! Je serais vous deux, j’irai vite fait le mettre au courant avant qu’il ne soit trop tard. Sinon ne venez pas pleurer s’il vous fait la gueule !!

Guillaume est mal à l’aise.

- Vous venez avec nous ?

- Certainement pas !! C’est à vous d’assumer vos conneries, pourquoi vous n’avez pas tout déballé sur moi pendant que vous y étiez ? Je suis sûr du succès que vous en auriez tiré également.

- (Damien) On n’a pas fait ça pour nous !! Juste qu’on pensait bien faire en le faisant découvrir aux autres.

Pendant qu’ils se lèvent pour sortir, je surfe un peu avec Aurélien sur les réseaux sociaux et nous ne pouvons que constater que c’est un des principaux pour ne pas dire le seul sujet de conversation sur la toile, la chanson faisant actuellement le tour de tous les réseaux connectés.

- (Aurélien) En tous les cas, c’est un vrai succès !! Regarde-moi un peu comment le réseau sature !!! Ça va finir par faire un bug si ça continue !!

Je soupire en lâchant sans trop y croire.

- Espérons que ça s’arrêtera là.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (40/125) (Reims) (Chez les Viala) (Actes et conséquences)

« Journal de vingt heures ce jour-là »

Toute la famille Viala est devant le téléviseur, un coup de téléphone de Maurice les ayant prévenus qu’il serait bon qu’ils écoutent les informations sur la une.

- (PPDA) Revenons au titre principal de ce vingt heures et à ce qui fera la une des quotidiens demain matin, l’annonce d’une découverte médicale fondamentale vient de nous parvenir. Il semblerait que l’institut Pasteur aurait mis au point un traitement efficace contre la maladie d’Alzheimer, depuis Chalons en Champagne notre correspondant TF1 James Sussé est en direct pour nous ce soir avec le responsable du groupe de chercheurs ayant développé ce nouveau traitement révolutionnaire.

- (Le correspondant) L’annonce s’avère confirmer depuis cet après-midi, je suis actuellement avec le professeur Caron responsable du centre de recherche de l’institut Pasteur à Chalons en Champagne près de Reims. Monsieur le professeur, que pouvez-vous nous dire sur cette découverte qu’attendaient avec impatience grand nombre de familles ?

- (Le professeur Caron) Après plusieurs années de recherches et l’aide essentielle d’un tout jeune chercheur déjà connu des instances médicales comme étant une personne d’une intelligence exceptionnelle, une thérapie sera mise d’ici quelques mois sur le marché. Le temps des derniers tests obligatoires avant la mise en fabrication industrielle et la commercialisation sous prescription médicale.

- (Le correspondant) Quel effet aura ce nouveau traitement sur la maladie ?

- (Le professeur Caron) Il stoppera les effets dévastateurs que nous connaissons sur le cerveau des personnes atteintes et leur permettra de retrouver l’intégralité de leurs fonctions mentales et ainsi ils pourront reprendre leurs vies normalement.

- (Le correspondant) Mais la maladie sera toujours présente ?

- (Le professeur Caron) En effet !! Ce nouveau médicament sera à prendre chaque jour et la vie durant en attendant que de nouvelles recherches aboutissent pour éradiquer une bonne fois pour toute cette affection.

- (Le correspondant) Que pouvez-vous révéler de ce jeune chercheur au grand public ?

- (Le professeur Caron) Je ne suis pas habilité à vous en dire plus.

- (Le correspondant curieux) Mais vous le connaissez ?

- (Le professeur Caron) Je ne suis pas habilité à vous en dire plus, veuillez m’excuser mais je dois vous laisser.

Le correspondant se retrouve maintenant seul face à la caméra.

- Qui est donc ce garçon mystérieux ? Toutes les personnes interrogées à son sujet nous ont fait la même énigmatique réponse, que de mystères!!! C’était James Sussé sur TF1, à vous l’antenne !!

Damien ricane tout seul, il se dit que lui aussi aime ça mais pas sur TF1 et devient subitement tout rouge sous le regard de ses frères lui indiquant la présence de leurs parents prêt d'eux.

- (PPDA) Voilà donc une avancée extraordinaire qui soulagera le quotidien de bon nombre de concitoyens touchés de près ou de loin par cette affection. Maintenant pour conclure notre journal, une autre information venant des réseaux sociaux qui ont connu un énorme bug en fin d’après-midi suite à la mise en ligne sur « YouTube » d’un tout aussi mystérieux chanteur, mais écoutez plutôt.

La voix d’Anthony sort alors des hauts parleurs du home cinéma, toujours aussi merveilleuse en pureté.

Les Viala tout comme le présentateur restent figés par autant de clarté musicale, les instruments ne font qu’un avec la voix aux intonations vibrantes et l’instant passe trop vite avant que ne cesse le morceau et que le présentateur reprenne la parole, la voix emplie d’une émotion mal contenue.

- Je ne doute pas un instant que nous venons d’entendre celui qui sera très certainement le nouveau « King » du vingt et unième siècle, que d’émotions à l’écouter chanter !!! Qui est-il ? De quelle nationalité ? Nul ne le sait encore mais nous en entendrons très vite de nouveau parler. Voici la fin de ce journal qui aura été marqué, une fois n’est pas coutume par plusieurs notes d’espoirs autant médicales qu’humaines, la météo avec Catherine Laborde et ensuite rester sur TF1 pour votre série du lundi soir….

Frédéric éteint le téléviseur et se tourne vers sa famille, son visage marqué par une certaine inquiétude mais aussi par une énorme fierté.

- Et bien !!! Qui aurait cru qu’un jour nous entendrions ce genre de chose.

- (Annie) Je n’aime pas trop ça en fait !! Nous étions bien plus tranquilles avant et j’ai peur que tout ceci n’amène rien de bon.

- (Frédéric) Le secret tient encore !

- (Annie) Oui mais pour combien de temps ?

- (Aurélien) Peut-être est-ce justement le secret le plus grand danger !!

Frédéric regarde son aîné, surpris.

- Que veux-tu dire par là ?

- D’un secret, beaucoup chercheront à s’en emparer et nous y avons été déjà confronté alors qu’une chose connue peut être plus difficile à s’approprier, justement parce que tout le monde la connait et qu’il serait plus compliqué, voire impossible à la faire disparaître sans que cela se remarque. Prenez les grands créateurs, inventeurs ou autres !! Comment auraient réagi les gens si quelqu’un avait voulu en son temps leur faire du mal ou monopoliser pour eux seuls leurs découvertes ou leurs spécificités ?

Je fixe « Aurel » avec surprise.

- Waouhhhhh !!! T’as causé pour un mois au moins là !!!

- (Damien) Fais gaffe frangin !! T’as la langue qui enfle ! Hi ! Hi ! Elle n’est pas habituée à en dire autant en si peu de temps.

Annie sourit devant la petite mise en boite de son grand fils.

- En tout cas, c’est une idée qui ne manque pas d’intérêt !!

2eme ANNEE avant Pâques 2èma partie : (41/125) (Quelques jours plus tard) (CHU de Nantes)

Le calme revient, même s’il y a encore quelques allusions des médias quant à savoir qui est ce chanteur mystérieux qui a réussi à devenir le numéro un au hit-parade de nombreux pays avec une chanson qui a déjà eue son succès il y a pourtant de nombreuses années de cela.

Pour Florian également ça se tasse un peu et beaucoup de gens n’attendent plus que la mise sur le marché du fameux médicament, en stressant leurs médecins de famille par des appels incessants.

L’envoi des deux colis a été fait, Arnault ayant aussitôt renvoyé le sien avec une petite lettre d’inquiétude non feinte car le père de Marc malgré ses défauts a toujours eu une parole gentille pour le fils de son majordome qu’il a vu grandir avec son propre fils.

***/***

« CHU de Nantes »

Anne Laure est auprès de son époux quand les paquets arrivent, l’un d’eux venant de Reims et l’autre d’Orléans.

Jean Philippe n’ouvre même pas le premier et le met directement à la poubelle sous l’œil visiblement tendu de sa femme, un sourire lui vient quand il ouvre le second et qu’il lit la petite lettre d’accompagnement, il soupire alors en prenant la parole.

- Arnault est vraiment un brave garçon, je regrette de ne pas lui en avoir fait la remarque plus souvent.

Jean Philippe déchire le paquet, il prend dans la boite qu’il vient d’ouvrir une des petites bouteilles en chocolat contenant de la liqueur et dont il raffole tant.

- Hum !! Délicieux !!

- Allons très cher !! Ce ne doit pas être indiqué après ce que vous venez de subir !!

- Détrompez-vous chère amie, je me trouve déjà beaucoup mieux tout d’un coup.

- C’est votre gourmandise qui aura raison de vous !!

Jean Philippe au lieu de répondre, reprend une sucrerie sous l’œil contrarié de son épouse, elle va pour le lui dire quand la porte s’ouvre et qu’une infirmière entre pour les soins, celle-ci fait comprendre à Anne Laure qu’elle doit quitter la chambre le temps qu’elle y fasse son travail.

Les soins ne prennent que quelques minutes et ce n’est qu’au moment de repartir, que l’infirmière aperçoit le paquet intact dans la poubelle.

- Vous avez sans doute fait tomber votre cadeau par inadvertance monsieur, voulez-vous que je vous le redonne ?

- Je n’y tiens pas, non !! C’est un envoi d’une personne que je souhaite oublier, mais prenez-le donc pour vous ou un de vos malades si vous en avez envie.

L’infirmière hésite un instant, elle pense soudainement au très gentil grand père qui ne reçoit jamais de visite et qui a toujours un mot aimable pour le personnel soignant.

- Je connais bien une personne à qui cela ferait plaisir.

- Alors prenez-le !!

- Vous êtes sûr ?

- Puisque je vous le demande !!

L’infirmière sort le paquet de la poubelle.

- Merci pour lui, je suis certaine qu’il sera ravi d’être un peu gâté. C’est un vieil homme très malade et bien seul, nous ne lui connaissons aucune famille à part son fils déjà très âgé également et en plus il réside à l’étranger depuis de nombreuses années.

- Et bien si cela lui permet de retrouver un instant le sourire !! Ce paquet aura au moins servi à quelque chose !!

L’infirmière sort de la chambre en regardant bizarrement cet homme dont les réactions lui paraissent bien étrange, elle soupire et retrouve très vite le sourire en se dirigeant directement vers celle du vieil homme en fin de vie que tous ici ont appris à apprécier et qu’ils verront hélas partir avec une extrême tristesse quand le moment très proche semble-t-il maintenant, sera venu.

Elle le trouve comme à son habitude assis sur son lit, lisant avec difficulté un livre dont ses yeux fatigués ont du mal à déchiffrer les lignes.

Depuis quelques jours, sa dose de morphine lui est donnée en continu par un compte-goutte branché à son poignet.

Rien que de le voir ainsi fait vibrer le cœur de la brave fille qui connait parfaitement ce que cela implique pour lui.

Un jour ou deux encore tout au plus avant qu’il ne sombre dans un sommeil dont il ne ressortira plus que pour de brefs moments de lucidité, jusqu’à ce qu’un des médecins augmente la dose qui lui permettra de partir sans souffrir.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (42/125) (Quelques jours plus tard) (CHU de Nantes) (suite)

Le vieillard entend la porte s’ouvrir et lève la tête en souriant affectueusement à la jeune femme si gentille qui s’occupe si bien de lui.

- Vous êtes bien en avance aujourd’hui ?

L’infirmière a un grand sourire.

- C’est un reproche ?

- Bien sûr que non !! Je suis trop heureux d’avoir de la visite vous le savez bien.

L’infirmière lui montre ce qu’elle tient dans la main.

- J’ai un petit cadeau pour vous.

Le vieil homme ravi.

- Pour moi ??

- Une petite gâterie pour agrémenter vos longues heures de lectures.

- Qu’est-ce que c’est ?

Il regarde le paquet qu’elle lui tend d’un air gourmand.

- Des chocolats ?

L’infirmière se rappelle soudainement qu’elle n’en sait pas plus que lui, elle lui donne néanmoins le paquet en souhaitant de tout son cœur que ce soit bien de ça qu’il s’agisse.

- C’est une surprise, tenez !! Regardez vous-même !!

Le vieil homme le lui prend des mains en tremblant légèrement, cela fait très longtemps que personne ne lui a plus rien offert, exactement depuis que son seul enfant est parti si loin qu’il ne l’a plus revu depuis de longues années.

Sa faiblesse devient vite évidente pour l’infirmière, qui le regarde essayer de déchirer le papier cadeau emballant la boite.

- Puis je vous aider ?

- Volontiers mon enfant, ma force n’est certainement plus ce qu’elle était et je porte lourdement mes quatre-vingt-quatorze ans.

La jeune femme ouvre alors rapidement le paquet et sourit satisfaite de constater qu’en effet il s’agit bien de chocolat, ceux-ci étant en plus d’une marque belge réputée dont elle raffole également.

- Voilà !! Je pense que vous allez vous régalé.

Le vieillard en choisi un dans la boite qu’il met immédiatement dans sa bouche en fermant les yeux de pur bonheur.

- Hum !! C’est un délice, ils sont fourrés à la liqueur en plus ! Mais je vous en prie, prenez en un.

L’infirmière ne se fait pas prier.

- Merci !! Je vais reprendre mon service, ne manger pas toute la boite d’un coup sinon cela va vous faire du mal !! Je repasserai tout à l’heure avec le docteur.

Elle sort alors de la chambre, heureuse de lui avoir redonné pour quelques instants un sourire qu’il méritait bien au vu de son extrême gentillesse.

***/***

« Deux heures plus tard »

Le médecin de l'étage fait la tournée de ses patients avant que n’arrive l’heure du repas, il est entouré par deux internes et son staff d’infirmiers, dont bien sûr la jeune femme qui était venu voir si tout allait bien pour eux précédemment.

Ils entrent dans la chambre individuelle où se trouve Jean Philippe, celui-ci est seul car sa femme est repartie avec Jean qui était venu à la fois en visite et la rechercher.

- Comment va notre patient ce soir ?

- Je me sens comme neuf docteur !!

- (Le médecin) Ah oui !! Vraiment !! Voyons voir ça !!

Toute l’équipe fait cercle autour de Jean Philippe pendant qu’il est ausculté attentivement par le médecin, celui-ci semble étonné des résultats de son analyse au point de recommencer plusieurs fois à lui prendre son pouls, ses résonnances cardiaques ainsi que son fond de l’œil.

- Tout semble être redevenu normal !! C’est un peu rapide en si peu de temps, aussi nous allons vous faire passer un second scanner pour vérifier tout ça. Quand vous êtes-vous aperçu que votre état s’améliorait ?

- Dans l’après-midi, après que j’ai dégusté cette boite de chocolat qui m’a été offerte par un ami.

Tous tournent la tête vers la boite que Jean Philippe montre du doigt, celle-ci est quasiment vide et n’amène qu’un froncement des sourcils du médecin.

- Ce n’était pourtant pas la meilleure chose à faire dans votre état.

- La preuve que si docteur !!

Le médecin à un de ses internes.

- Faites préparer la salle pour le scanner et amenez moi les résultats dès que vous les aurez obtenus, nous les comparerons à ceux qui ont été pris lors de l’arrivée du patient. Le chocolat vous est fortement déconseillé, vos artères sont saturées de cholestérol et c’est ce même cholestérol qui a obstrué une des veines de votre cerveau. Nous pensions même vous opérez rapidement pour vous poser des Sten afin d’améliorer votre rythme cardiaque, alors rendez-vous compte de ce que vos actes inconsidérés auraient pu vous être d’un tout autre effet.

Jean Philippe comprend qu’il a fait une connerie en se goinfrant comme il l’a fait.

- Excusez-moi docteur, je n’avais pas pensé que cela pouvait avoir une incidence et d’ailleurs je me sens réellement beaucoup mieux depuis.

- C’est bien là quelque chose que je ne comprends pas, voilà pourquoi je vous refais passer cet examen

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (43/125) (Quelques jours plus tard) (CHU de Nantes) (suite)

Le médecin visiblement mécontent sort de la chambre et c’est toujours accompagné de son staff, qu’il visite ensuite plusieurs autres patients avant d’arriver dans le couloir que beaucoup nomment entre eux le couloir de la mort, étant donné les malades qui s’y trouvent et qui pour la plupart sont en fin de vie.

Il sait qu’aujourd’hui il va devoir très certainement « aider » une nouvelle fois un ou plusieurs d’entre eux et c’est pour lui un éternel crève-cœur de s’y résoudre.

Ils entrent dans une chambre occupée justement par une des personnes qui agite ses pensées, celle-ci, une vieille femme atteinte d’un cancer généralisé est entourée de toute sa famille qui ont les yeux rougis d’avoir trop voulu garder leurs larmes pour ne pas qu’elle s’en aperçoive.

Bien sur ce n’est hélas pas le cas car elle est déjà entrée en phase finale, à peine consciente de ceux qui l’entourent avec autant d’amour.

Même les plus jeunes semblent comprendre que leur grand-mère ou arrière-grand-mère ne finira pas la journée et se tiennent calmement auprès de leurs parents, affligés eux aussi par l’insoutenable attente.

Le médecin augmente alors le débit à la fois de l’oxygène et de la morphine, il fait ensuite un signe que la plus ancienne des infirmières comprend.

Elle enfonce alors une aiguille dans le tuyau souple reliant la vieille femme à la poche de morphine, y injecte son contenu avant de la retirer et de la ranger dans sa boite qu’elle remet dans sa poche.

Le médecin prend alors l’aîné des fils à part et lui explique en quelques mots qu’il faut qu’il se prépare ainsi que le reste de sa famille.

- Je vous conseille vivement de faire sortir les enfants, votre mère n’en a plus que pour une heure tout au plus, son corps commence à se refroidir et le teint de sa peau ne laisse aucune place à l'erreur.

Le fils retient du mieux qu’il peut la détresse qui le prend soudainement à l’annonce des derniers instants de sa mère.

- Souffre-t-elle docteur ?

- Je peux vous assurez que non, vous devriez vous rendre à son chevet et ainsi profiter du dernier instant de lucidité que votre mère va avoir, profitez-en pour lui dire que vous l’aimez.

- Merci docteur.

Le médecin fait signe à ses collègues de sortir, une fois dans le couloir il respire un grand coup.

Même toutes ses années de pratique ne peuvent le préparer à ce qu’il ressent à chaque fois qu’il perd un de ses patients, il prend toujours ça comme un manquement de sa part de n’avoir pu vaincre une fois encore cette terrible maladie.

Chaque personne l’accompagnant, ressent à sa façon ce moment qui sera toujours pour eux le pire que leur apportera leur métier.

L’instant nécessaire pour tous de se ressaisir et ils poursuivent leurs tâches en visitant encore plusieurs personnes pour qui le stade d’avancement de la maladie n’en est pas encore à cette douloureuse finalité mais dont ils voient à chaque nouvelle visite, arriver l'échéance à grand pas.

C’est devant la dernière chambre que le médecin sent ses mâchoires se crisper encore plus qu’elles ne le sont déjà, l’homme à l’intérieur de cette chambre étant devenu au fil de ses hospitalisations de plus en plus longues presque un ami tellement sa gentillesse est grande malgré l’extrême solitude qu’il doit ressentir à ne jamais recevoir de visites.

Son fils déjà d'un âge certain ayant été averti depuis peu de l’état terminal de son père, il est en route pour la France mais n’arrivera que le lendemain. Il en a averti le CHU qui lui a répondu de faire au plus vite et qu’ils resteraient près de son père pour qu’il ne manque de rien.

Le médecin retrouve suffisamment de courage pour s’adresser aux infirmières.

- Comment va monsieur Paul aujourd’hui ?

- (La plus jeune) Il lisait la dernière fois que je suis passée le voir docteur, son état était resté stationnaire par apport à votre dernière visite.

Le médecin sourit brièvement.

- Il y a donc des chances que son garçon arrive à temps, allons voir comment se porte notre charmant vieillard.

Tous sont visiblement heureux de ce qu’ils viennent d’apprendre et s’apprêtent à entrer dans la chambre du vieil homme, ils ne s’attendent certainement pas à ce que leurs yeux vont pourtant leur montrer.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (44/125) (Chalons en Champagne) (L’espionne)

« Le même après-midi, dans une cellule du commissariat »

Les deux hommes sortent de la cellule, accompagnés du médecin de le DST, la femme assise sur sa chaise ne s’aperçoit déjà plus de leurs présences et dodeline de la tête sous l’effet du produit qui vient de lui être injecté.

Un des deux agents s’adresse au toubib.

- Combien de temps docteur avant qu’elle soit prête à répondre aux questions ?

- Je dirais un petit quart d’heure et ensuite vous aurez une bonne heure pour lui soutirer ce qu’elle sait.

- Très bien !! Cela devrait suffire !!

- (Le médecin) Ne faites pas de phrases, rappelez-vous !! Des questions brèves et clairs, si vous voulez des réponses compréhensibles.

- Vous pensez qu’elle en dira plus que jusque maintenant ?

- Ce produit est très efficace, très peu de personnes ont une force de caractère suffisante pour y résister.

- Souhaitons que ce ne soit pas son cas alors !!

Ils remontent jusqu’au bureau où se trouve leur patron et se jettent un coup d’œil surpris quand ils aperçoivent et reconnaissent le deuxième homme déjà présent dans la pièce.

Celui-ci les entendant arriver se retourne avec un étrange sourire aux lèvres, il est conscient de sa réputation au sein de l’agence et ne s’en offusque pas puisque tout ou presque de ce qu’il se dit sur lui est l’exacte vérité, son rôle étant justement d’inspirer cette crainte que même ceux de son camp ressentent toujours quand ils sont en contact avec lui.

Seules quelques personnes dont fait partie Maurice, connaissent sa véritable nature qui est loin de ce que son aspect rébarbatif ainsi que sa réputation pourraient laisser penser.

En dehors de son boulot, c’est un homme charmant qui adore ses enfants et qui se lie facilement d’amitié.

Seulement sa « spécialité » depuis qu’il est entré au service de la DST, fait de lui pendant le travail quelqu’un que tous évitent avec soins.

Maurice pose la question à ses agents d’une voix glaciale.

- Est-elle prête pour l’interrogatoire ?

- Oui patron !!

Maurice se tourne vers le troisième homme.

- A vous de jouer Victor !! Vous savez ce que j’attends de vous !!

- C’est comme si c’était fait patron !!

- Je veux les noms de ceux que nous n’avons pas encore découverts ou tout du moins un moyen d’entrer en contact avec eux.

- Et pour la femme patron ?

Maurice serre les dents car il n’a jamais apprécié de donner ce genre d’instructions, sauf dans certains cas extrêmement rares comme par exemple quand il s’est agi de l’homme qui a supprimé Léonie où il a dû s’y résoudre.

- Elle connait maintenant les qualités spéciales et le nom d’une personne qui doit être protégé à tout prix.

Victor hoche la tête, comprenant bien le message.

- Bien patron.

Victor Novak est d’origine Russe et c’est aussi pour cette raison que Maurice l’a fait venir, se doutant bien que l’effet de la drogue sera plus efficace si l’espionne n’a pas à réfléchir pour traduire ses paroles.

Les interrogatoires précédents qu’il a menés lui-même, lui ayant fait comprendre que c’est une des raisons majeures qui l’ont fait plusieurs fois se reprendre alors qu’il la sentait prête à parler.

Les deux agents accompagnent Victor jusqu’au sous-sol où l’espionne est enfermée et s’empressent ensuite de venir chercher de nouvelles instructions auprès de leur patron pour ne pas assister à ce qu’ils ont très bien compris suite à ses dernières paroles.

***/***

« Un peu plus d’une heure plus tard »

Victor quitte en grimaçant de dégout le corps sans vie de cette femme dont les aveux ont été beaucoup plus loin qu’il ne l’espérait, ceux-ci au fur et à mesure qu’il en comprenait la portée lui ont ôté tout remord qu’il aurait pu avoir à terminer son travail.

Il doit reconnaitre que les personnes qu’on lui désigne et surtout depuis que Maurice est à la tête de l’agence, ne méritent que le sort qui leurs sont réservés et lui permettent ainsi d’avoir une conscience plus sereine des actes pour lesquels il est missionné.

Victor retrouve donc Maurice dans son bureau provisoire où celui-ci l’attendait.

- (Maurice) Alors ??

Victor a un léger sourire.

- Une vraie pipelette patron !! Enfin, jusqu’à ce qu’elle comprenne l’ampleur de sa trahison quand l’effet de la drogue s’est atténuée et qu’elle a voulu se jeter sur moi, j’ai dû la repousser un peu durement. Trop peut être !! Sa tête a heurté violemment l’angle du lit métallique. J’ai aussitôt appelé le toubib qui n’a rien pu faire « hélas » pour la ranimée, un malencontreux accident comme il en arrive parfois patron.

Maurice opine en signe de compréhension.

- Qu’a-t-elle eu le temps de vous révéler ?

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (45/125) (Chalons en Champagne) (L’espionne) (fin)

- Déjà pour ce qui est de ce tatouage, elle a reconnu que c’était bien un moyen de reconnaissance mit en place au tout début de sa formation. Nicolaï l’aurait interdit par la suite, trouvant ça trop risqué. C’est pour cette raison que nous n’avons pas découvert la totalité de leurs agents implantés chez nous.

- Je comprends mieux pourquoi nous n’en avons trouvé qu’une dizaine sur les vingt et un indiqués par l’espion d’Hassan !!

- (Victor) Maintenant patron si nous présumons que ceux qui n’ont pas cette marque de reconnaissance doivent être les plus jeunes, ça va rétrécir fortement nos recherches.

Maurice pas convaincu.

- Ça dépend de leurs critères de recrutements, je ne pense pas qu’il faille retenir cet histoire d’âge.

Long silence de Victor.

- Après réflexion moi non plus, vous avez sans doute raison patron !!

- Qu’a-t-elle dit d’autre ?

- Ils ont un contact en cas de problèmes ou pour faire passer ce qu’ils découvrent sur nos recherches, j’ai noté le numéro de téléphone et aussi l'adresse mail qu’ils utilisent pour envoyer les fichiers.

- Rien d’autre ?

- Si mais ce n’est pas directement lié avec nos recherches, les identités dont ils se servent ne sont pas les leurs bien sûr mais viennent de personnes ayant réellement existé et dont ils ont usurpé l’identités après s’en être débarrassés, ils ont le même cursus d’études que ceux qu’ils les remplacent mais ou n’ont plus de familles, ou ils ne les côtoient plus depuis longtemps.

Maurice fronce les sourcils.

- C’est une marque de fabrique ma parole !! Par contre cette révélation est très intéressante et devrait nous permettre d’avancer plus rapidement, il ne nous suffit plus qu’à rechercher des éléments qui iraient dans ce sens parmi les noms de ceux qui travaillent dans nos centres de recherches expérimentales.

- Que faisons-nous de ceux que nous avons découverts ?

- (Maurice) Pour l’instant nous les laissons tranquille, ça peut être utile de savoir qui ils sont et ils pourraient tomber sur certains renseignements que nous déciderions de leurs faire connaitre, en plus ça évitera qu’ils en mettent d’autres en place que nous ne connaitrions pas.

- (Victor) J’avais pourtant cru comprendre que c’était le but de les prendre tous dans nos filets pour protéger ce jeune chirurgien surdoué ?

- Je garde cette possibilité mais pour l’instant elle n’est plus d’actualité, du moins le temps de m’assurer que notre autre plan mit en place ne porte ses fruits. Nous devrions savoir à quoi nous en tenir d’ici quelques semaines si tout va bien et d’ailleurs ça me fait penser que je vais encore avoir besoin de vos services.

- Une nouvelle mission d’éradication ?

- Normalement non !! Toutefois cela se pourrait et je préfère vous la confier plutôt qu’à quelqu’un d’autre de moins chevronné.

Victor prend ses paroles pour une reconnaissance de ses services et s’en retrouve tout galvanisé et fier.

- Puis-je en savoir plus ?

- Un peu de tourisme devrait vous faire du bien et vous faire changer un peu d’air le temps que certains juges viennent à clore certaines affaires récentes dans lesquelles vous seriez impliqué et je ne parle pas de celle d’aujourd’hui.

- Où devrais-je me rendre ?

- D’abord au Japon puis ensuite en Afrique.

- (Victor) Pour un changement d’air s’en est un !! Vous avez une idée de la durée de cette mission patron ?

Maurice comprend les raisons de sa question.

- Une dizaine de jours tout au plus pour le Japon, pour l’Afrique par contre ce sera beaucoup plus long et vous pourrez y emmener votre famille, sous conditions bien sûr qu’elle loge assez loin pour sa sécurité.

Victor d’un œil attendri en pensant à eux.

- J’en connais qui vont encore en profiter pour déstabiliser les gens autour d’eux.

Maurice sourit car il sait de quoi ou plutôt de qui Victor parle, Il a déjà été confronté une fois à l’amusement des triplés à ses dépens et il n’est pas près de l’oublier.

- Ils se ressemblent toujours autant ?

- Pfffff !!! Même moi je m’y perds les trois quarts du temps, c’est pour dire.

Maurice en a les yeux brillants d’amusement.

- J’imagine !!

- A part quand ils sont à la maison, ils ne sont jamais ensemble et ils le font exprès vous pouvez me croire, leur jeu favori c’est de faire des aller retours rapides sous les fenêtres des gens, habillés chacun différemment et je ne vous raconte pas la tête que font ces personnes quand ils les voient passer en leur criant des bonjours monsieur ou bonjours madame pour être certains qu’ils feront attention à eux.

- Ça leur passera en grandissant ! Hi ! Hi !

- Il serait grand temps alors, parce qu’ils vont déjà sur leurs dix-huit ans !!

Maurice devient soudainement pensif, alors qu’un sourire appuyé illumine son visage.

- Croyez-vous qu’ils seraient d’accord pour faire une farce à des amis à moi ?

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (46/125) (Quelques jours plus tard) (CHU de Nantes) (suite)

Monsieur Paul entend la porte s’ouvrir et se retourne avec le sourire, devant les yeux ébahis du médecin et de ses accompagnants, qui le découvrent debout à la fenêtre en train de contempler le paysage.

Le médecin incrédule.

- Mais enfin !! Qu’est-ce qu’il se passe ici !!

Le vieil homme prend la parole d’une voix joyeuse.

- Je me sens très bien docteur, j’avais juste envie de bouger un peu !!

Le médecin lui indique le fauteuil.

- Venez-vous asseoir que je vous ausculte !! Depuis quand vous sentez vous mieux ?

Monsieur Paul montre la boite aux trois quarts vide, posée sur la table de chevet.

- Depuis qu’on m’a offert ces délicieux chocolats.

Le toubib prend le pouls et le fond de l’œil de son patient, il se tourne étonné vers ses collaborateurs et donne ensuite ses instructions, visiblement dépassé par les évènements.

- Emmenez monsieur Paul en salle d’examens !! Je ne sais pas ce qu’il se passe ici mais cette histoire de chocolats demande à être élucidé rapidement.

Il se tourne une nouvelle fois vers le vieil homme.

- Qui vous les a offerts dites-vous ?

Monsieur Paul hésite et c’est l’infirmière qui prend la parole.

- C’est moi docteur !!

- D’où viennent-ils si ce n’est pas indiscret ?

- De la chambre cent neuf, docteur !! Monsieur De Lamarlière n’en voulait pas et il m’a autorisé à les prendre pour les offrir à qui je le souhaitai.

Le médecin pensif.

- Etrange coïncidence vous ne trouvez pas ? Deux patients qui d’un coup d’un seul vont beaucoup mieux après avoir quasiment avalés une boite entière de confiseries. Occupez-vous des examens de monsieur Paul !! Et surtout reprenez tous les tests nécessaires comme si nous ignorions de quoi il souffre, c’est bien compris ? Pendant ce temps-là, j’ai une petite conversation à avoir avec monsieur De Lamarlière au sujet de la provenance de ses chocolats. En attendant, je récupère cette boite avec ce qu’il en reste !!

Il reste un moment songeur à chercher à comprendre le lien qu’il peut y avoir entre ses deux personnes, leurs étonnantes bonnes santés soudaines et surtout le rapport avec le fait d’avoir mangé ses chocolats.

Quand il reprend conscience de l’instant présent, il se retrouve seul dans la chambre en entendant le vieil homme visiblement en pleine forme plaisanter dans le couloir avec les internes et les infirmières.

- Je vous assure que je peux marcher seul ! Hi ! Hi ! Allez !! Chiche !! On fait la course les jeunes ? Hi ! Hi !

Ses paroles amènent naturellement le sourire au médecin qui soupire en se décidant enfin à bouger, avec sa boite toujours sous le bras il traverse à son tour le couloir jusqu’à la chambre cent neuf et entre à l’intérieur en la trouvant cette fois occupée par son patient revenu du scanner et d’un homme de bonne tenue, visiblement de son entourage domestique au vu de sa façon de répondre au malade.

Jean de retour depuis peu est en pleine conversation avec son employeur.

- Je le lui dirai monsieur, Arnault sera enchanté que monsieur ait apprécié son cadeau.

- (Jean Philippe) J’espère pouvoir le lui dire de vive voix quand il rentrera au manoir. Ah !! Docteur !! Vous avez déjà les résultats de mes derniers examens ?

Le médecin montre la boite de chocolat.

- Cette boite vient bien d’ici ?

Jean Philippe surpris.

- Comment le saurais-je ?

- Je ne comprends pas !! C’est bien vous pourtant qui avez autorisé l’infirmière à la prendre ?

- Ah !! C’est ce que contenait le paquet que j’avais mis à la poubelle ? Si c’est bien le cas, alors oui !! Il vient bien d’ici, pourquoi cette question ? Serait-il empoisonné ? Sachant qui me l’a envoyé, rien ne m’étonnerait vous savez ?

- (Le médecin) Ce n’est donc pas la même personne qui vous a offert ceux que vous avez si goulûment avalés ?

- Bien sûr que non !!

Jean toussote légèrement avant de prendre la parole.

- Hem !! Hem !!! Pourrais-je vous parler docteur ? C’est au sujet de monsieur et de son retour au manoir.

Le médecin voit bien l’air gêné du domestique à parler devant son patron, aussi trouve-t-il une excuse pour qu’ils puissent converser en privé.

- Si c’est pour la partie administrative de la sortie de votre employeur, veuillez me suivre jusqu’à mon bureau et nous réglerons ça très vite, les résultats des derniers examens doivent déjà m’y attendre.

- (Jean) C’était bien le sujet de ma requête docteur.

Les deux hommes quittent la chambre et s’éloignent en silence jusqu’au bureau du médecin, qui referme aussitôt derrière eux et lance d’une voix curieuse.

- Alors !! Qu’aviez-vous à me dire ?

- Les deux boites viennent bien de la même personne, c’est le fils de monsieur qui les lui a fait parvenir. Seulement comme il se doutait bien que son père n’accepterait rien venant de lui, il a prié mon fils d’en envoyer une des deux à son nom.

- Que contiennent ses boites ?

Jean blêmit soudainement, n’étant pas d’un naturel à mentir.

- Des chocolats docteurs, pourquoi cette question ?

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (47/125) (Quelques jours plus tard) (CHU de Nantes) (fin)

Le médecin voit bien le trouble marqué le visage du brave homme qu’il a en face de lui, il se demande alors s’il ne lui cache pas quelque chose et c’est d’un ton autoritaire qu’il pose la question suivante, se doutant bien qu’il obtiendra ainsi plus rapidement le renseignement si renseignement il y a à tirer de cet homme habitué à obéir.

- Je ne parlais pas des chocolats mais plutôt de ce qu’ils contiennent !!! Ou préférez-vous que je les fasse analyser et en avertir la police ? Nul doute que votre fils ainsi que le fils de votre patron aient des comptes à rendre pour avoir volontairement fait prendre une substance inconnue, voir même illicite au sein d’un centre de soins à des personnes déjà gravement affaiblies par la maladie !!

Jean est visiblement mal à l’aise.

- Mais je vous assure que ce ne sont que des chocolats !!

- Alors expliquez-moi pourquoi il fallait qu’une des boites arrive à tout prix au chevet de votre patron ? Arrêtez de me prendre pour ce que je ne suis pas et dites-moi la vérité sur cette affaire, ou je vous assure que je mettrai mes paroles en actions.

- …

- Alors !!! Ma patience a des limites vous savez !!!!

Jean soupire en se sachant vaincu.

- C’est un médicament expérimental qu’un de leur ami leurs a donné !!

Le médecin surpris.

- Quel genre de médicament est-ce donc ?

- Là !! Vous m’en demandez un peu beaucoup !!! Tout ce que je sais c’est que monsieur devait en prendre dans une des deux boites coûte que coûte et comme monsieur Marc pensait à juste titre que son père refuserait son cadeau, il n’a pas voulu prendre de risque et c’est mon fils qui lui a renvoyé le deuxième colis.

Jean sourit malgré lui.

- Colis que monsieur s’est empressé de dévorer quand il a vu ce que contenait la boite.

- C’est très grave vous savez ?? Heureusement que l’effet de cette médication parait efficace, mais cela aurait pu avoir un tout autre impact si ça avait été le contraire !! Vous en rendez-vous seulement compte ?

- D’après monsieur Marc, il ne pouvait y avoir de doute sur l’efficacité du traitement que son ami Florian a mis dans les chocolats.

Le médecin sursaute violemment en entendant les paroles du majordome des De Lamarlière, il ouvre fébrilement un tiroir de son bureau et en sort un des journaux officiels qu’il reçoit chaque semaine.

C’est avec nervosité qu’il l’étale rapidement sur son plan de travail pour le feuilleter et y trouver l’article qu’il y cherche, l’encart lui saute aux yeux quand il pose brutalement un doigt dessus en regardant fixement Jean.

- Ne serait-ce pas « ce » Florian ?

- Comment le saurais-je docteur !! Je ne l’ai jamais rencontré, tout ce que je peux vous en dire de plus c’est son nom de famille.

Le médecin plus rapide que Jean, en se levant d’un bond.

- De Bierne !!! Ne serait-ce pas Florian De Bierne ???

Jean a un mouvement de recule devant ce geste pour le moins brusque et hoche la tête en signe d’assentiment.

- Nous parlons en effet de la même personne et je constate qu’il ne vous est pas inconnu, quoique je vous avoue en être interloqué.

C’est au moment où le médecin va répondre, que quelqu’un frappe à sa porte et entre visiblement troublé, en tenant une pochette de documents dans sa main levée devant son visage.

L’interne quasiment hystérique.

- Vous ne devinerez jamais la chose incroyable à laquelle nous venons d’être confrontés patron !!

Le médecin retrouvant le sourire.

- Croyez-vous jeune homme ? Ce ne serait pas une annonce du genre que monsieur Victor est en rémission rapide de son cancer du foie ?

L’interne sur le cul.

- Vous êtes déjà au courant ?? Comment est-ce possible ? Il était en phase terminale !!

Un silence prenant plombe la pièce pendant quelques instants, le temps que s’octroie le médecin pour réfléchir à la réponse qu’il va bien pouvoir donner et qui devra être suffisamment crédible pour que le jeune interne en soit satisfait.

Ne trouvant rien à dire, il se contente de hocher les épaules en se rasseyant dans son fauteuil.

- Je pense que notre vie à tous va très vite être bouleversé dans son quotidien par des avancées médicales spectaculaires mon garçon.

Il lui tend le journal officiel.

- Demandez donc à ce jeune homme qui fait la une de tous vos bavardages si vous le rencontrez un jour, je suis certain qu’il saura bien mieux que moi vous donnez les réponses aux questions qui vous brûlent les lèvres.

L’interne stupéfié.

- Quel rapport avec monsieur Victor ?

- Aucun apparemment !! Juste qu’il a profité sans le savoir d’un cadeau qui ne lui était pas destiné, le fils De Lamarlière est un de ses amis et le traitement était destiné à son père.

- Les chocolats ?? Pourquoi les a-t-il jetés alors ?

Jean croit bon de redonner les explications sur le sujet et le jeune interne l’écoute avidement avec de grands yeux éberlués de ce qu’il apprend.

- J’espère qu’il verra son fils autrement après ça !! En tous les cas, j’en connais un autre qui va être surpris quand il arrivera pour voir son père demain ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (48/125) (Reims) (CHU) (André)

Ils sont tous réunis dans la salle de conférence de l’hôpital, n’attendant plus que celui qui en sera la vedette et à qui ils vont fêter sa guérison ainsi que son autorisation de reprendre du service.

André arrive enfin, il a un mouvement de recul quand il constate avec émotion que tous ses collègues jusqu’aux filles de salles sont là pour lui et ses yeux se ferment un instant pour retenir les quelques larmes qui ne demandent qu’à s’en échapper en entendant le tonnerre d’applaudissements dû à son arrivée parmi eux.

Denis s’avance vers lui et c’est avec une énorme boule d’émotion également, qu’il le serre amicalement dans ses bras.

- Alors mon « Dédé » ? Content de reprendre du service ?

André d’une voix vibrante.

- Tu ne peux pas t’imaginer à quel point !!

René s’avance à son tour.

- Comment tu te sens ?

- Aussi bien que possible après ce passage à vide, Florian est là ? Je ne l’ai encore pas remercié de tout ce qu’il a fait pour moi.

Frédéric entend la question.

- Il sera là la semaine prochaine, il est parti ce matin pour Begin terminer quelques recherches qui lui tenaient à cœur.

- Ah !!!

- (Frédéric) Tu sais comment il est, je suis sûr qu’il l’a fait exprès justement pour ne pas à subir tes épanchements envers lui devant tout le monde ! Hi ! Hi !

André lui rend son sourire.

- Il ne perd rien pour attendre celui-là !!

- (Denis) Allez !! Viens !! C’est toi le héros aujourd’hui, Robert a préparé son petit discours d’accueil.

Justement en parlant de lui, celui-ci tape dans ses mains pour obtenir l’attention de tout le monde.

- Messieurs dames s’il vous plait !!! J’essayerai d’être bref pour ensuite porter un toast à notre cher collègue qui revient parmi nous après les déboires que vous connaissez tous. Je tiens à lui dire ce que nous avons tous sur le cœur, la tristesse d’avoir appris qu’il était atteint de cette terrible affliction et la joie de le savoir sortie d’affaire grâce à notre jeune et très bientôt collègue à part entière. Hé oui !! Vous avez bien entendu !! Suite à une décision officielle qui vient de tomber et qui va lui permettre de passer très bientôt tous les examens nécessaires au titre de professeur en médecine dont je suis certain qu’il s’en sortira la tête haute avec une mention d’excellence.

« Applaudissements dans la salle »

Robert reprend la parole une fois le calme revenu.

- Comme à son habitude devant le malheur qui frappe un de ses amis proches, il n’a eu de cesse d’apporter la solution adéquate et par la même d’en faire profiter son prochain. Alzheimer ne sera plus maintenant diagnostiqué comme une maladie fatale sur le moyen terme mais comme un mal avec lequel on peut vivre sans séquelles en attendant que soit découvert une méthode radicale de la faire disparaître comme beaucoup d’autres maladies avant celle-ci. Tu es le précurseur mon cher ami de cet immense espoir qui rendra la joie dans les familles dont un parent en est atteint, bien sûr il ne rendra pas la mémoire à ceux qui sont trop avancés dans la maladie mais stoppera cette spirale de souffrance pour les nouveaux cas qui apparaîtront dorénavant.

Robert se dirige vers la table et y prend deux coupes de champagne, il en offre une en souriant à André et lève la sienne devant toute l’assemblée.

- Je lève mon verre à André !! Un collègue aimé de tous et qui revient parmi nous pour y retrouver son poste et un métier dont il excelle, trinquons mes amis !! A l’amitié et à notre équipe qui fait un travail dont beaucoup nous envient !!!

Tous dans la salle reprennent en cœur.

- A l’amitié !!!

***/***

« Hôpital militaire Begin »

Le général Mathéi écoute depuis son bureau les rumeurs et les conversations dites à voix basses mais dont il perçoit les sons sans bien sûr en comprendre le sens, il aime bien cette ambiance de travail autour de lui et se remet à l’étude du document qu’il tenait dans sa main avant ce petit intermède de contemplation subjective.

Une voix qui lui amène aussitôt le sourire retentit alors qu’il s’y attendait le moins et l’amène aussitôt dans un fou rire qu’il ne peut et ne cherche pas non plus à contenir.

- Philsou !!! T’es où ???

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (49/125) (Paris) (Hôpital militaire Begin)

- J’arrive « Flo » !! Une minute quand même !!

- Tu as pu voir Henry pour ce que je t’ai demandé ?

- Bien sûr !!

- Il t’a dit quoi ?

- De te conduire au labo de biologie dès que tu seras prêt.

- Allons-y alors !!

Le général se lève d’un bond pour sortir de son bureau avant qu’ils ne soient trop loin et les fait sursauter par son apparition soudaine devant eux.

Le capitaine se redresse et salue son supérieur.

- Mes respects mon général.

- Repos capitaine !! J’ai entendu vos paroles, pourquoi sembles tu si pressé d’aller en bio Florian ?

- Bah !! Juste un truc qui me trotte dans le crâne depuis plusieurs jours et que je voudrais expérimenter.

- Du genre ?

- Un vaccin !!

- Tu peux développer ?

- Je préfère en garder le secret pour l’instant si tu veux bien !! Rien ne sert de faire des effets d’annonces si ça n’aboutit à rien et puis j’aimerais que la découverte si elle se fait me soit officiellement attribuée afin que j’en tire les profits de mise sur le marché.

Le général surpris.

- Je ne pensais pas que tu étais vénal.

- Tu n’y es pas !! Ce n’est pas pour moi mais pour financer mon projet d’hôpital dans la brousse africaine.

- Ah !! Très bien dans ce cas !! Mais avant je dois te parler.

- C’est urgent ?

- Assez oui, si tu veux bien venir dans mon bureau ? Il n’y en aura pas pour longtemps et tu pourras aller faire tes recherches ensuite.

- Entendu !! Tu viens Philippe ?

- (Le général) Je préférerais seul à seul si tu le veux bien, tu comprendras pourquoi très vite.

- (Le capitaine) Je t’attendrai en bas dans la salle de repos.

J’hésite un instant en regardant les deux hommes, le regard du général est suffisamment grave pour que j’accède à sa demande, sans pouvoir m’empêcher toutefois de soupirer d’un air contrarié en voyant s’éloigner Philippe.

Une fois la porte du bureau refermée derrière eux, Marcel montre d’un geste un siège à Florian qui vient s’y asseoir sagement en attendant d’en savoir plus sur ce mystérieux entretien.

Le général rejoint son fauteuil et attaque aussitôt.

- Il y a un espion dans nos murs Florian !! Quelqu’un qui apparemment révèle les résultats de nos recherches au gouvernement russe.

- Encore eux !!! Décidément, ils commencent à me gaver sérieusement ceux-là !!

- Des hommes à nous le ou la recherche depuis que nous en avons été informés, pour l’instant ils n’ont encore rien trouvé et je ne voudrais pas que ce que tu as l’intention de faire au labo leurs soit révélé.

- Je n’ai pas besoin de grand monde tu sais, Henry et Philippe devraient suffire dans un premier temps.

Marcel fixe le jeune rouquin.

- Rien ne dit que ce n’est pas un des deux tu sais, nous ne sommes sûrs de rien même si je doute que l’un ou l’autre soit cet espion.

- Le mieux serait de le trouver avant de commencer.

Le général hoche la tête.

- Ça risque de prendre pas mal de temps.

- Peut-être pas tant que ça !!

Marcel voit bien les yeux pétillant du garçon.

- A quoi tu penses ?

- A un truc tout simple qui marche à tous les coups.

- Ah oui !! Quoi donc ?

Je le regarde d’un air moqueur.

- Tu ne crois tout de même pas que je vais te le dire !! Et si c’était toi l’espion ?

Le général éclate de rires.

- Tu ne manques pas d’air toi ! Hi ! Hi !

- Cela s’appelle le principe de précaution monsieur !! Tu n’as qu’à venir avec moi, ce ne devrait pas être long avant que l’on sache qui sait, si il ou elle est là aujourd’hui bien sûr !!

Le général reste un moment à le dévisager en se demandant ce qu’il peut bien avoir en tête pour paraître aussi sûr de lui, il soupire en se levant et fait signe à Florian de passer devant pour sortir du bureau.

Une fois dans les escaliers qui mènent à la salle de repos, Marcel repense à plusieurs choses auxquelles il voulait également lui parler.

- Ça me fait penser que j’ai reçu deux courriers de personnes venant de ta part, l’un d’entre eux venant d’un militaire ne m’a pas choqué outre mesure mais le second m’a plus laissé perplexe.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (50/125) (Paris) (Hôpital militaire Begin) (L’agent Russe)

Je comprends aussitôt de quoi il s’agit.

- Tu ne les as pas renvoyés voir ailleurs j’espère ?

- J’attendais d’avoir ta version avant de prendre une décision.

- Ce sont deux gamins paraplégiques et orphelins, ils sont inscrits à médecins du monde mais tu connais comme moi les délais d’attente et je n’ai pas eu le cœur à les voir rester ainsi plus longtemps, bien sûr je m’en occuperai bénévolement et je demanderai la même chose à ceux qui voudront bien m’assister, j’ai juste besoin d’un bloc pour la journée en fait.

- Sais-tu seulement de quelle pathologie ils souffrent ?

- Pas vraiment, non !!

- Rien ne t’arrête toi !!

- Il nous faut juste récupérer leurs dossiers médicaux, si ils sont sur la liste d’attente de médecin du monde, c’est qu’il y a quelque chose à faire pour eux et je saurai m’en occuper ne te fais pas de bile pour ça.

- Chaque chose en son temps, occupons-nous d’abord de cet espion qui ourdit dans ma caserne !! Je suis curieux de voir comment tu vas procéder pour le faire se découvrir alors qu’il a réussi à rester dans l’ombre jusqu’à maintenant.

- J’ai ma petite idée, t’inquiète !! Juste qu’il faut réunir tous ceux qui font partie de la recherche dans cet hôpital, nous allons procéder à une expérience pour laquelle ils vont se souvenir longtemps crois-moi.

Sans plus rien dire, ils retournent vers la salle de repos en faisant signe à Philippe de les suivre.

L’arrivée quelques minutes plus tard du jeune rouquin au laboratoire de recherches avancées ne laisse personne indifférent, se demandant tous ce qu’il vient y faire et ce n’est que quand il prend la parole pour expliquer la raison de sa présence, que les yeux se mettent à briller d’un intérêt tout professionnel cette fois ci.

- (Le général) Vous connaissez tous de réputation notre jeune invité ? Très bien alors !! Je lui laisse la parole pour qu’il vous explique le but de sa venue parmi vous ce matin.

Je m’avance jusqu’au centre du labo.

- Nous allons travailler sur une nouvelle formule qui devrait montrer toute son efficacité contre certaines armes chimiques utilisées lors des conflits armés même s’ils sont proscrits par les accords internationaux.

- (Henry) Tu penses à quoi en particulier ?

- Une molécule filtrante tissable plus efficace et surtout moins encombrant que le sont vos masques à gaz et qu’il suffira d’appliquer sur le nez et la bouche un peu comme nos masques de chirurgie.

Henry estomaqué.

- Rien que ça !!!

Je prends une craie et note toute une série de formules sur le tableau prévu à cet effet, les scientifiques d’abord intrigués se prennent vite au jeu et commencent à mettre en œuvre la batterie de tests tant théoriques que pratiques pour développer les possibilités que leur offrent avec une telle aisance le jeune rouquin toujours à remplir le tableau de ses notes que même eux ont parfois du mal à suivre, lui demandant chacun leurs tours les explications qu’ils jugent nécessaires afin de bien en comprendre l’intégralité de la formulation.

Une grande partie de la journée passe dans cette ambiance studieuse, où chacun fait en sorte de ne pas déranger l’autre et qui amène la pièce dans un silence quasi-total.

Je passe un moment avec chacun des scientifiques, cherchant l’erreur qui m'amènerait un doute sur la compétence de la personne avec laquelle je discute et force m’est de constater que je ne trouve rien qui amènerait une quelconque suspicion envers l’un plus qu’un autre.

Ce n’est qu’en milieu d’après-midi qu’un élément totalement fortuit me donne l’occasion de tenter le tout pour le tout, avant d’avouer à Marcel que j’ai sans doute été un peu présomptueux de prétendre pouvoir facilement le ou la mettre en défaut.

Soit parce qu’il ou elle, n’est pas présent ou encore parce que ses compétences en biologie ne sont plus à prouver.

Une éprouvette contenant du dioxyde de soufre échappe des mains d’un des scientifiques et se casse dans l’évier remplie d’eau chaude d’une des paillasses du labo, un épais nuage s’échappe alors et je profite de la surprise générale pour lancer un tonitruant

- « на землю !!! » (À terre !!!)

Qui les fait tous se retourner vers moi de surprise, sauf un qui se plaque immédiatement au sol et comprend aussitôt son erreur mais bien trop tard.

Je fais alors un clin d’œil à l’espion et je lui lance avec une pointe d’ironie dans la voix.

- « Это скорее не верно ботаник? » (C'est plutôt ballot pas vrai ?)

Je me tourne vers le général qui regarde la scène avec stupeur.

- Je crois que nous tenons notre espion !!

Marcel revenant de sa surprise.

- Mettez cet homme immédiatement en état d’arrestation !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (51/125) (Paris) (Yuan)

La matinée pour Yuan est une de celles qui lui amènent le sourire sitôt lever, pas seulement parce que le soleil prédomine dans le ciel.

Chose assez rare pourtant en ce mois de janvier mais surtout parce qu’il va avoir ses deux amis chez lui pendant toute la semaine.

C’est donc avec un sourire jusqu’aux oreilles et des idées bien définies en têtes sur les prochaines soirées à venir, qu’il s’assoit sur l’un des nombreux bancs du campus pendant la pose entre deux cours.

Steven l’aperçoit de loin et s’empresse de le rejoindre, tout en percevant bien les regards posés sur son ami de ceux ou celles et ils sont nombreux, qui le trouvent craquant et l’observent avec envie à la dérobée.

Steven sait très bien qu’ils n’ont aucune chance, même s’il ne connait pas encore les seules personnes qui font battre son cœur mais dont il a tellement entendu parler par Michael qui ne se lasse pas de lui en vanter les charmes, le rendant presque jaloux d’autant d’engouement et de chaleur dans sa voix quand il parle d’eux.

- Alors beau brun !! Quand tu auras fini de sourire aux anges en rendant les jolies étudiantes follement amoureuses de toi, tu pourras me raconter ce qui te rend aussi visiblement heureux.

Yuan surpris, tourne la tête et sourit encore plus en apercevant son ami, le rendant encore plus craquant encore.

- Serais tu jaloux ?

- Qui ça !!! Moi !!! Peut-être avant mais certainement plus maintenant que je suis avec « Cha ».

- C’est « Flo » et « Thom » qui viennent chez moi passer la semaine, j’ai hâte d’être à ce soir !!

- Ils doivent vraiment être super ses deux-là, à force d’en entendre parler ça donne envie de les connaitre.

- Vous n’avez qu’à venir casser la croute un soir, j’en profiterais pour inviter mon cousin et son chéri. Une soirée juste entre garçons, ça te dit ?

- Cool !!!

Yuan est amusé de l’air excité que prend le petit blondinet.

- Ne rêve pas non plus ! Hi ! Hi ! Ce sera en tout bien tout honneur, je te préviens au cas où tu te ferais des idées.

- Trop drôle !!

- Tu n’auras qu’à me dire quand Michael est de repos, pour les autres il n’y a pas de soucis.

- Il ne travaille pas le jeudi alors mercredi soir ce serait bien.

- Entendu comme ça alors, je préviendrai tout le monde ce soir et vous n’aurez qu’à venir directement à l’appart vers dix-neuf heures.

- Ça ne t’embête pas au moins ?

- Bien sûr que non !! Et en plus avec mon cousin Chan et son petit copain Dante, vous vous ferez de nouveaux amis j’en suis sûr.

- Ce serait bien parce que ce n’est pas la foule question copains et ça fera du bien à Michael de sortir un peu de chez nous.

- Pour eux c’est pareil alors c’est cool !!

Steven reste un instant songeur.

- Tu expliques ça comment toi ?

- Quoi donc ?

- Qu’on soit tous aussi solitaires pardi !!

Yuan réfléchit un instant et sourit.

- Je serais Mathis le cousin de Thomas, je dirais que c’est pour se protéger de ceux qui bavent en les voyant ! Hi ! Hi !

- Peut-être en fait, qui sait !! Pourquoi il pense à ça son cousin ? C’est plutôt bizarre comme réflexion ?

- Sûrement parce que Mathis ressemble en tous points à Thomas et quand tu verras la bête, tu comprendras mieux mes paroles.

- (Steven) Vu comment Michael en parle, je suis curieux de voir quelle tête il a.

Yuan sort son portefeuille, l’ouvre pour y prendre une photo qu’il tend à Steven en riant à l’avance de la tête qu’il va faire.

- Tiens !! Voilà déjà un aperçu des deux loustics !!

Steven les yeux ronds.

- Wouah !!! Je comprends mieux !! Mais pourquoi il est tout nu le rouquin ?

Yuan range la photo, mort de rires.

- Ça c’est toute une histoire Hi ! Hi ! Faudra que tu leur demandes Hi ! Hi ! Sinon ?

Comment tu les trouves ?

- On ne doit pas s’ennuyer avec eux c’est sûr !! Je t’avouerai que je te comprends mieux toi aussi, avec des mecs pareils les autres doivent te paraitre plutôt fade pas vrai ?

Yuan fixe sérieusement le petit blond.

- Pas tous en fait !!

Voyant qu’il a compris le message à la couleur soudaine que viennent de prendre ses joues, il enchaine amusé.

- C’est sans doute pour ça que je suis très difficile quant au choix de mes amis ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (52/125) (Paris) (Luka)

C’est la sortie des cours et Luka ou du moins celui qui se fait passer pour lui, prend le métro pour se rendre à son rendez-vous avec Maurice qui l’a convoqué la veille pour lui donner ses nouvelles instructions.

Il a passé les derniers jours à peaufiner son rôle, en allant jusqu’à terminer ce qu’il avait déjà entrepris rapidement.

En effet, les retouches faites à la va vite sur les diverses photos identifiant le véritable Luka étaient loin de le satisfaire, alors que maintenant nul doute que personne ne verra plus la différence avec le personnage qu’il va devoir continuer à jouer encore un bon moment.

Il arrive devant le bâtiment où la DST a son siège parisien et se fait conduire jusqu’au bureau où Maurice l’attend, celui-ci l’accueille alors avec un sourire de bienvenue qui rassure « Luka » qui aussitôt se détend et entre dans le bureau comme en terrain conquis.

- Les fêtes se sont bien passées « Luka » ?

- Je ne suis pas beaucoup sorti vous savez !! Après toute cette histoire je rase un peu les murs en ce moment.

- Mais tu as repris tes cours de fac quand même ?

- Depuis une semaine oui.

- Très bien !! Il ne faut surtout pas que tu aies un comportement étrange au cas où tu serais surveillé.

Luka fait mine de paniquer.

- Vous croyez que c’est le cas ?

Maurice apprécie son jeu malgré l’envie qu’il a de lui rentrer dedans, mais il doit bien reconnaitre que la personne en face de lui démontre un art consommé certain d’acteur.

- Dans le doute, restons prudent !!

Maurice sort d’un tiroir de son bureau un calepin qu’il tend à « Luka ».

- Voici les éléments de ton premier rapport, lis-le attentivement et nous le détruirons ensuite pour qu’il ne reste aucune trace pouvant t’incriminer de faux, prends ton temps nous ne sommes pas aux pièces.

Maurice attend quelques minutes puis se lève pour quitter la pièce.

- Je vais en profiter pour m’occuper d’autres affaires toutes aussi urgentes, je ne serai pas long, une heure tout au plus.

Luka lève la tête de sa lecture en souriant.

- Je pense que ce sera bon pour moi.

- Très bien !! A tout à l’heure mon garçon.

Maurice a à peine refermé la porte derrière lui que ses yeux deviennent durs, montrant ainsi toute la maitrise sur lui-même qu’il lui a fallu pour cet entretien pourtant des plus brefs.

Il descend les quelques marches qui le mène à une salle où deux hommes surveillent plusieurs écrans de caméras restant noir pour l’instant.

- Alors les gars !! Ça donne quoi ?

- Rien pour l’instant patron !! Nous n’entendons que des bruits de pages qui se tournent et rien de plus.

- Et les vidéos ?

- (L’autre homme) Nada patron !! Ou il se méfie, ou il n’a pas l’intention de prendre plus de risques pour le moment.

***/***

« Dans le bureau de Maurice »

Luka termine rapidement la lecture du carnet, les éléments inscrits à l’intérieur sont très vite gravés dans sa mémoire habituée depuis quelques années déjà à cette sorte d’entrainement mnémotechnique.

Par contre la pâleur de son visage pourrait le trahir et c’est avec un œil discret mais scrutateur qu’il passe la pièce au peigne fin afin de s’assurer qu’il n’y a pas de caméras pointées sur lui.

Ce qu’il vient de lire la laisse perplexe, même s’il en connait assez sur la présence de ses collègues en place pour se rendre compte que ce qui est écrit est la pure vérité.

Ce qui y est annoté dans ce carnet pourrait mettre en danger plusieurs cellules actives et « Luka » s’étonne qu’il lui soit demandé d’en informer Moscou.

Maintenant la question qu’il se pose serait plutôt de savoir ce que vient faire le jeune rouquin là-dedans, en effet très peu de renseignements sur lui sont inscrits dans le calepin et le peu qu’il y en a, n’amène pas à vraiment s’intéresser à lui plus que nécessaire.

Tout juste y est-il fait référence à une décision administrative pour lui faire passer des examens de fin d'études supérieures, actant par le fait l’avance énorme qu’il a en matière de connaissances médicales malgré son jeune âge.

Rassuré par son tour d’horizon minutieux de la pièce qui ne lui a rien dévoilé qui pourrait lui paraitre suspect, « Luka » s’approche alors du bureau de Maurice et après avoir sorti un mouchoir de sa poche, ouvre les tiroirs un à un sans pour autant ne faire rien d’autre que d’y jeter un œil.

Arrivé au tiroir du bas, « Luka » se fige une seconde puis se penche pour pouvoir mieux lire l’en-tête du document.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (53/125) (Paris) (Luka) (suite)

Ce qu’il y a d’écrit l’interpelle et laisse à penser à une vaste action concertée de l’anti espionnage Français pour débarrasser le pays de ses agents implantés.

***/***

Rapport confidentiel.

Emetteur : Maurice Désmaré, direction de la sécurité du territoire.

Sujet : Affaire Florian De Bierne

Objet : Mise en place d’une surveillance renforcée laissant penser à une importance capitale pour l'état Français du sujet suite à une tentative d’enlèvement découverte fortuitement par nos services lors d’une filature sur un quidam, alors fortement suspecté de détournement de brevets industriels.

Conséquences : Hameçonnage réussi auprès du FSB et mise en place d’une opération de nettoyage suites aux diverses tentatives d’enlèvement sur le sujet et aux informations capitales qui en ont résulté.

Actions en cours : démantèlement des dernières cellules actives.

Dossier classé défense nationale.

***/***

Luka referme précautionneusement le tiroir puis retourne s’asseoir à sa place, il remet son mouchoir dans sa poche et cogite un long moment sur ce qu’il vient de découvrir.

Il a conscience de l’importance capitale d’en rapporter l’essentiel à qui de droit, afin de contrecarré l’action déjà mise en place et arrêter l’hémorragie qui sinon va faire perdre l’avantage des nombreuses années d’infiltrations clandestines dans les endroits stratégiques de ce pays.

***/***

« Salle d’écoute et de vidéo surveillance »

L’homme plisse les yeux de satisfaction quand les écrans s’allument chacun leur tour, pour rester un long moment sur celui où a été placé le leurre.

Les petites caméras misent en place aux fonds des tiroirs, ne laissent aucun doute sur l’inspection dont ceux-ci viennent d’être l’objet.

- C’est un malin patron !! Il se contente juste de regarder sans rien déranger, pour son âge il est plutôt doué le gars !!

Maurice qui a tout suivi lui aussi.

- Heureusement !! S’il avait ouvert le dossier, il se serait vite aperçu de la tromperie dont il était l’acteur principal.

- Croyez-vous que ce sera suffisant pour qu’ils le laissent enfin tranquille ?

- C’est une goutte de plus dans un vase déjà bien rempli, maintenant il va nous falloir frapper encore plus fort avant qu’ils ne réagissent et rappellent leurs derniers agents infiltrés.

- Quels sont les ordres patron ?

- Nous devons activer nos recherches sur les derniers éléments encore inconnus, il en reste neuf en tout si nos renseignements sont exacts !

- Que faisons-nous de celui de Begin patron ?

Maurice à un rictus mi-figue mi-raisin quand il reprend la parole.

- Ha ! Ha ! Il s’est fait avoir comme un couillon celui-là !! Quel imbécile de s’être laissé prendre de cette façon, Victor est en route pour s’en occuper et nous ne devrions pas attendre bien longtemps avant d’en savoir plus sur ce qu’il sait déjà.

L’homme se retourne en grimaçant.

- Ça sent le sapin patron !!

Maurice hoche la tête.

- Il en sait trop sur notre jeune ami qui n’y a pas été dans la dentelle encore cette fois ci. Te rends tu comptes que rien que pour le faire se découvrir, il nous a permis une fois de plus une avancée phénoménale sur un procédé de protection de nos armées.

- Il vaut de l’or ce garçon, s’en rend-il seulement compte ?

Maurice esquisse un sourire.

- Si seulement je le savais !! Bon !! Le boulot n’est pas terminé et je ferais bien de retourner donner mes instructions à ce « Luka », en parlant de lui !! Où en sont nos recherches sur sa véritable identité ?

- (L’autre homme) Il s’appelle en réalité Stanislas Youkoff patron.

Maurice réfléchit un instant.

- Ce nom ne me dit rien !!

- Chez nous c’est normal patron mais allez prononcer ce nom dans quelques pays de l’ex union soviétique et vous verrez bien leurs réactions ! Ils paieraient cher pour obtenir son extradition, ce type malgré son jeune âge a certainement autant de sang sur les mains que quelques criminels bien connus et d’après nos derniers renseignements, il aimerait particulièrement ça.

Maurice avec un regard soudainement glacial.

- Je me ferai donc un plaisir de le leurs envoyer une fois qu’il ne me servira plus à rien, mais certainement pas avant de lui faire gouter à quelques attentions de mon cru.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (54/125) (Paris) (Hôpital militaire Begin) (Recherches avancées)

« Laboratoire de recherches biologiques appliquées »

- Quand l’amour s’en va, il s’en va pour de bon ! Dadou ron ron !! Dadou ron ron !!

- Stop !!!

Je me retourne surpris et me retrouve presque nez à nez avec Henry qui a les deux mains contre ses oreilles.

- (Le colonel) Il y a une chose où tu n’es vraiment pas doué, le sais-tu ?

Je le regarde amusé.

- Ose dire que je chante faux !!!

- Une casserole chante mieux que toi Florian ! Hi ! Hi !

- Pfff !! N’importe quoi !! En plus ça m’aide à réfléchir.

Le colonel avec un clin d’œil.

- Réfléchis en silence alors.

Je hausse les épaules et me remets à mes éprouvettes, malgré tout la chanson me reste dans la tête et je la reprends rien que pour moi, un énorme rire me fait me retourner une nouvelle fois, incrédule.

- Qu’est-ce qu’il y a encore ?

- Tu es obligé de tortiller du cul comme ça ! Hi ! Hi ! On croirait un canard qui a une envie pressante ! Hi ! Hi !

- Je ne tortille pas comme tu dis, je me déhanche au rythme de la musique ce n’est pas pareil !!

Henry s’essuie les yeux et tente désespérément de retrouver son sérieux, mais la vision est encore dans sa tête et c’est une vraie gageure pour lui d’y arriver, malgré tout il finit par se calmer.

- Tu es enfermé ici depuis ce matin, as-tu au moins pris le temps d’aller à la cantine à midi ?

- Pourquoi ? Quelle heure est-il ?

- Presque seize heures mon garçon et à ton âge il n’est pas bon sauter un repas.

Je manque de m’étouffer de rire suite à ses paroles, il me regarde alors en plissant les yeux, cherchant à en comprendre la raison.

- Qu’est-ce que j’ai dit de si drôle ?

- Il ne vaut peut-être mieux pas que je te le dise ! Hi ! Hi !

Henry préfère s’en tenir là, sentant bien que ses paroles n’ont pas été prises au premier degré et craignant le pire en cas d’explications trop poussées.

- Tu bosses sur quoi ?

- Une idée qui me trotte dans le crâne depuis que je suis rentré de vacances.

- (Henry) Hé ???

- Je crois que je tiens le bon bout.

- Quel bon bout ?

Je repars en vrille en pensant qu’hier j’en tenais un sacré de bambou et que mes amis ne s’en sont sans doute pas encore vraiment remis, le colonel commence à comprendre et finit par s’en amuser à son tour.

- Ah !! Jeunesse !! J’imagine à quoi tu penses, qu’est-ce que tu crois !! J’ai été jeune moi aussi et vous n’avez pas découvert le monde depuis il me semble ! Hi ! Hi !

- Je n’ai jamais prétendu le contraire, pour répondre à ta question regarde plutôt.

Je prends une lentille propre et j’y mets quelques gouttes de sang d’une éprouvette qui je me sers pour mes expériences appliquées, ensuite je sors du frigo une seringue contenant le virus dont je me suis évertué à combattre les effets depuis mon arrivée tôt ce matin et qui m’a fait perdre le sens du temps qui passe.

- Regarde au microscope et dis-moi ce que tu vois !!

Henry se penche et observe attentivement la coupelle, il y voit les globules et les plaquettes d'un sang qui lui parait tout à fait normal.

- Il n’y a rien d’anormal dans cet échantillon à première vue.

- C’est exact ! Enfin presque !

Je manipule la seringue avec précaution et dépose une goutte de son contenu directement au contact avec le sang et je remets vite fait la seringue dans le frigo.

- Dis-moi ce que tu vois maintenant !!

Le colonel repose ses yeux sur l’appareil et ne dit plus rien, visiblement obnubilé par ce qu’il se déroule devant lui dans l’infiniment petit.

- On dirait un virus !! Ou plutôt un rétrovirus.

- Exact !!

- Il se comporte bizarrement, on dirait qu’il tente d’entrer dans une cellule mais qu’il n’y parvient pas.

- Encore exact !!

- Ça va durer encore longtemps avant qu’il y arrive ?

- En fait je pense que mon idée tient la route, ce virus est très actif et je n’ai encore rien eu le temps de trouver pour le combattre, alors je lui ai fait une vacherie ! Hi ! Hi ! J’ai tout simplement "blindé" la carapace externe de la cellule pour qu’il ne puisse pas la traverser et pépère, il va finir par crever de faim ! Hi ! Hi ! Comme moi d’ailleurs, maintenant que tu m’y as fait penser. Je vais aller me faire un sandwich vite fait au mess, tu veux que je te ramène quelque chose ?

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (55/125) (Paris) (Hôpital militaire Begin) (Recherches avancées) (fin)

Le colonel est toujours pris dans son observation attentive des tentatives désespérées du virus pour pénétrer la cellule.

- Comment !! Ah !! Heu, non merci ! Je préfère regarder, c’est très intéressant comme perspective. Il est vraiment coriace pourtant, c’est quel type de virus que tu as pris pour ton test ?

- Bah !! Juste un truc hyper connu, bon je te laisse ! Normalement il devrait te tenir en haleine un moment avant de clamser.

- Tu reviens après ?

- Pas sûr vu l’heure !! En plus je dois faire une petite sieste, sinon ce soir je ne tiendrai plus le bambou ! Hi ! Hi !

Henry ne peut s’empêcher de sourire.

- Tu ne penses qu’à ça ma parole !!

- J’en profite tant que je peux ! Hi ! Hi !

Le colonel lui fait un clin d’œil amical et le regarde sortir avec le sourire, la porte à peine refermée qu’il est déjà l’œil collé à la lunette du microscope et regarde ébahi les attaques perdues d’avance du virus pourtant combatif mais qui n’arrive visiblement pas à ses fins.

Henry se pose de nombreuses questions, entre autres celle de savoir quel procédé a bien pu mettre Florian en œuvre pour arriver à un tel résultat.

L’idée en soi parait très simple, quoique plusieurs recherches dans ce sens ont déjà été tenté sans beaucoup de résultats et qu’en une seule journée Florian trouve la solution, le laisse encore une fois sans voix devant l’énorme potentiel que possède ce garçon.

L’attente est longue, aussi longue que toutes les pensées qui assaillent cet homme pourtant reconnu comme une pointure dans sa spécialité et qui cherche désespérément à comprendre le processus mis en application pour arriver à un résultat aussi probant.

Comme le lui avait prédit Florian, le virus finit par perdre de sa vigueur et devient très vite inactif aussitôt pris en charge par les globules blancs, qui jusqu’alors ne s’étaient pas vraiment montrés combatifs.

Le colonel reprend une plaquette en verre, désirant reprendre l’expérience depuis le début afin de mieux visualiser cette fois ci les différentes phases du test.

Il reverse donc quelques millilitres de sang contenus dans l’éprouvette et l’idée lui prend de faire la différence avec le sien non traité pour vérifier les deux processus d’infections, il s’entaille alors légèrement le doigt avec un scalpel et laisse tomber quelques gouttes de son sang près de celui que contient déjà la coupelle.

Il prend la seringue dans le frigo et en verse comme il l’a vu faire par Florian, une simple goutte sur chacune des deux petites taches de sang et va ensuite machinalement, toujours comme il l’a vu faire par Florian, remettre la seringue au frais.

- Bon ! Voyons voir comment se comportent nos pépères ! Hi ! Hi !

L’appellation qu’en a donné Florian le fait sourire, il se dit que décidément il faut toujours qu’il trouve à plaisanter même sur les choses les plus sérieuses mais qu’en fin de compte même dites de façons humoristiques, ses paroles ne sont pas dénuées de sens car c’est bien faute de pouvoir s’alimenter que le premier virus est mort.

Son sourire se fige rapidement et ce n’est que par pur réflexe qu’il actionne l’enregistrement du microscope électronique, sa vision se trouble et il doit se relever un instant pour que ses yeux se reposent, il active alors l’écran et peut ainsi assister plus confortablement au déroulement des combats qui se livrent sous son regard de plus en plus attentif.

A droite se trouve l’échantillon contenu dans l’éprouvette et comme juste avant, le même processus s’y déroule tandis qu’à gauche, là où se trouve son propre sang c’est une toute autre paire de manche.

Le virus est entré directement au contact de la cellule et depuis celle-ci se comporte étrangement, semblant s’attaquer d’elle-même aux plaquettes et au système immun défensif qui dépérit à vue d’œil, lui amenant une exclamation de surprise qu’il ne contrôle pas.

- Qu’est-ce que c’est ce bordel !!!

La réplication du virus se fait par parthénogenèse et la cellule se scinde en deux tout en continuant son combat, bientôt il ne reste quasiment plus de cellules saines et la défaite des anticorps de son sang devient flagrante alors que sur la droite le virus meurt et est avalé comme à la précédente expérience.

La méthode lui donne soudainement un doute énorme sur la provenance du virus test et surtout son appartenance dans la classification de ceux-ci, il se rue littéralement sur le frigo pour y prendre la seringue d’une main tremblante n’osant encore croire ce que son esprit vient de lui dicter et qui lui parait tellement impossible.

La petite étiquette à tête de mort collée sur la seringue lui ôte tous ses doutes quand il y lit les trois lettres écrites en majuscule en rouge sur fond jaune.

« VIH »

Un rire quelque peu hystérique s’échappe alors de sa gorge quand il prononce cette phrase à haute voix.

- Il va clamser de faim pépère Hi ! Hi ! Se rend-il seulement compte de ce qu’il vient de faire !!!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : : (56/125) (Paris) (Hôpital militaire Begin) (Le lieutenant de gendarmerie)

« Mercredi matin »

Le planton de l’entrée.

- Salut « Flo » !! Ça baigne ?

- Salut « Jérém » !! Oui et toi ?

- Cool !! Paraît que tu as encore semé le souk hier ? Les huiles sont restées quasiment toute la nuit au labo.

Je rentre dans la guitoune pour me protéger du froid.

- Bah !! C’est qu’ils n’ont rien d’autre à faire ! Hi ! Hi !

- Au fait !! J’y pense d’un coup !! Il y a quelqu’un qui demandait après toi juste il y a à peine quelques minutes, je l’ai envoyé au secrétariat pour qu’il prenne un badge en attendant que tu arrives.

- Il t’a dit ce qu’il me voulait ?

- Euh ! Non ! Faut dire aussi que je ne lui ai pas demandé et puis tu sais moi les gendarmes, c’était déjà pas mes potes dans le civil.

- Ce n’était pas un officier par hasard ?

- Un lieutenant, oui ! Un certain Jean Baptiste Lelievre je crois ! Hi ! Hi ! Tu parles d’un nom pour un flic !

- Alors je vois qui c’est et tu as tort, celui-là est super cool !!

- Un pote à toi ?

- Pas vraiment, quoi que….

- En tous les cas, il avait l’air plutôt tendu le gars.

- Tu le serais aussi si tu avais une tumeur cancéreuse derrière l’oreille.

- Ah ! D’accord !!!

- Bon !! J’y go!! A plus !!

- Bonne journée Florian !

Du coup, c’est presque en courant que je traverse la cour de l’hôpital et déboule devant l’accueil, où la secrétaire me montre un homme assis à attendre avec un grand sourire.

- Bonjour Florian ! Le lieutenant est là pour toi !!

- Merci « mimi »

Je me tourne vers Jean Baptiste visiblement soulagé de me voir.

- Je ne savais pas que nous avions rendez-vous aujourd’hui !!

- Je peux revenir un autre jour si je dérange ! Quand j’ai appelé hier, la personne m’a dit que c’était votre semaine de présence et que je n’avais qu’à venir avec mon dossier.

- Alors !! Qu’est-ce que ça donne ?

- C’est bien cancéreux d’après les résultats d’analyse que j’ai reçus il y a deux jours.

Je vois bien à la blancheur soudaine que vient de prendre son visage, qu’il n’a pas dû passer de bonnes journées depuis qu’il les a reçus et je le comprends très bien, aussi je ne le fais pas attendre plus longtemps et je lui prends son dossier en lui demandant de me suivre, avant ça je donne quelques instructions à la secrétaire.

- « Mimi » ? Tu peux contacter mon équipe et leur demander de me rejoindre chez atchoum !! Tu peux voir aussi à me faire réserver un bloc.

Je regarde ma montre.

- Disons pour dix heures ? Je n’en aurais pas pour longtemps, une petite heure tout au plus.

La secrétaire retient son envie de rire.

- Bien sûr !! Que ne ferais-je pas pour toi ?

Je lui envoie un clin d’œil amusé.

- A part me virer de la caserne tu veux dire ?

- Rhoooo !!! Méfie-toi sale garnement !! Ne va surtout pas me tenter ! Hi ! Hi !

Jean Baptiste écoute la conversation, complètement abasourdi du manque manifeste de rigueur militaire entre le maréchal des logis et l’aspirant, ses paroles lui reviennent d’un coup et c’est maintenant une boule de stress qu’il sent monter en lui.

- C’est pour moi le bloc ?

- Tu es bien venu pour que je te débarrasse de cette tumeur ?

- Bien sûr ! Mais je ne pensais pas que tu m’opérerais aujourd’hui, je n’ai prévenu personne et je n’ai rien pris pour une hospitalisation.

- T’inquiète pas pour ça, à midi tu seras chez toi. Je t’avais prévenu il me semble que pris à temps c’était un petit acte de rien du tout, quelques points de sutures et un bon pansement, dans une quinzaine de jours tu ne te rappelleras même plus de tout ça.

- Et pour la chimiothérapie ?

Je le regarde sérieusement.

- Je ferai en sorte que tu n’en aies pas besoin, tu me fais confiance au moins ?

Jean Baptiste repense à tout ce à quoi il a été témoin lors de son bref séjour à Aix en Provence, le mystère autour de ce jeune homme ainsi que tout ce monde à protéger son anonymat.

Mais surtout la rapidité avec laquelle le jeune prince Saoudien s’est remis et ce alors que les autres médecins ne donnaient pas cher de sa peau, voire à refuser même de tenter quoi que ce soit sur lui en ne s’en sentant pas les capacités et surtout lui semble-t-il, ne voulant pas prendre le risque d’un incident diplomatique.

Il revoit le jeune rouquin arriver en souriant, sans le moindre stress et trouvant même la chose de plaisanter avec son équipe, qui en un temps record a remis sur pied ce jeune arabe qui devait aux dires des autres rester à minima paralysé des membres inférieurs.

J’ai suivi le cours de ses pensées, aussi c’est en le rabrouant gentiment que je le fais revenir au présent.

- Tu comptes acheter le fond, ou tu te bouges ? C’est que je n’ai pas que toi à m’occuper ! Hi ! Hi ! Il y a des vrais malades ici !

Jean Baptiste ouvre grand les yeux d’étonnement.

- Ah !! Parce qu’un cancer ce n’est pas une vraie maladie, j’aurai tout entendu ! Parole !

- Tout de suite les grands mots ! Hi ! Hi ! Disons plutôt que pour toi c’est plus un « prélude » joué par un quintette qu’un vrai « concert » avec les violons et tout le toutim.

Je sens bien son regard porté sur moi pendant tout le trajet menant au service de chirurgie, nul doute qu’il doit se demander à qui il a vraiment à faire et s’il doit rire ou s’inquiéter de mes plaisanteries à deux balles.

Maintenant et vu qu’il reste derrière moi sans rien dire, je pense qu’il s’est déjà fait à l’idée que le mieux pour lui est encore de me faire confiance.

- Tu as fait le bon choix, j’ai peut-être l’air immature quelquefois mais ce n’est qu’un aspect de ma personnalité et pas forcément celui qui rassure le plus.

D’une voix plus joyeuse que jusqu’alors.

- C’est déjà une bonne chose que tu en sois conscient parce que là je me demandais vraiment quoi, parole !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème année : (57/125) (Paris) (Hôpital militaire Begin) (Le lieutenant de gendarmerie) (suite)

Arrivé en chirurgie, je le laisse un instant en salle d’attente pour vérifier que tout se met bien en place et je retrouve avec plaisir mon équipe au complet, sourires aux lèvres près du chef de service qui visiblement est de meilleure disposition envers moi que la semaine passée ici en décembre.

Le commandant Hartshum.

- Revoilà l’enfant prodige !!

- Heureux de vous revoir également monsieur !

- Alain !! Puisque tu ne veux pas m’appeler par mon grade, ce sera mieux que monsieur pour nos futures relations dans le service.

- C’est que j’ai déjà quelqu’un tu sais ?

- Je vois que notre jeune rouquin est à fond dans l’humour ce matin !! Enfin !! Il va bien falloir que je m’y fasse, tu as réservé un bloc à ce que j’ai appris ?

- En effet !! Je m’excuse car ce n’était pas prévu et j’avais l’intention de t’en parler, mais j’avais promis à cette personne de m’occuper de lui à mon retour ici et il a pris mes paroles à la lettre.

- C’est grave ?

- Un nodule cancéreux derrière l’oreille, je n’en ai pas pour longtemps et je ne me sentais pas à le faire revenir plus tard, il est déjà assez anxieux comme ça.

- Qui n’y serait pas à moins !! Tu restes après ça ? J’aurai sans doute besoin de tes services encore ce matin.

- Pas de problèmes, je suis ici aussi pour ça tu le sais bien.

- Bien !! Dans ce cas, je te laisse à ton travail. Tu n’auras qu’à passer à mon bureau quand tu en auras terminé avec ton patient.

Il repart aussitôt n’attendant aucune réponse de ma part, j’embrasse mes amis et nous allons tous dans une salle réservée où je prends connaissance du dossier, pendant que les autres prennent un café et discutent tranquillement le bout de gras en attendant que je revienne vers eux.

A la lecture du rapport médical et après avoir visionné les radios, c’est avec étonnement que je constate la rapidité qu’a eue la tumeur à se développer.

Au vu des clichés, elle a bien grossi d’un tiers depuis que je l’ai détecté et si je veux qu’il ressorte comme promis le jour même, il va me falloir très certainement « aidé » à la guérison.

Je sors un instant de la pièce pour me diriger vers la pharmacie de l’étage où j’y prends un flacon neuf de Bétadine dans lequel j’envoie quelques filets de salive, ensuite je le mets dans la poche de ma blouse après l’avoir refermé avec soin.

Je passe ensuite directement au bloc opératoire où j’y dépose le flacon en remplacement de celui qui y est déjà et que je fais disparaître au fond d’une des poubelles après en avoir vidé le contenu dans le lavabo.

De retour dans la salle où l’équipe discute toujours en ne semblant pas vraiment s’être aperçu de mon absence, je rentre quelques minutes dans leurs conversations avant d’en venir au pourquoi de notre présence ici.

- Antoine ! Tu prends Valérie avec toi et vous allez me préparer le patient, allez y tranquille parce qu’il stresse déjà assez comme ça.

- (Antoine) Ok chef !! Tu viens « Val » ?

- (Valérie) Où tu voudras mon beau !

Je les regarde sortir en ayant la nette impression d’avoir raté un épisode avec eux deux, Romain me fait un clin d’œil en donnant la précision qui me fait mieux comprendre leurs comportements.

- Ils sont tombés raide dingue l’un de l’autre depuis que tu nous as quittés.

- Ah d’accord !! C’est du rapide ! Hi ! Hi !

- (Romain) Apparemment c’est du sérieux

- (Erwan) Il n’y a plus que toi à être célibataire alors ?

- (Romain) Ah !! Parce que vous aussi vous êtes maqués ?

- (Erwan) On le dirait bien.

- (Romain) C’est nouveau ?

- (Erwan) Moi oui, à peine quelques semaines.

- (Romain) Et toi « Flo » ?

- Pfff !! Ça fait un bail !!

- (Romain) Vous me les présenterez j’espère !!

Je préfère pour l’instant botter en touche, du fait que je ne le connais pas suffisamment et je ne suis pas sûr qu’Erwan soit prêt à lui faire savoir qu’il s’est mis avec un garçon.

- On verra ça plus tard !! Pour l’instant il est grand temps de se mettre au travail, Alain semble encore avoir besoin de nous et je ne voudrais pas le faire attendre plus que nécessaire.

- (Romain) Dis plutôt que tu as peur que je te la pique ! Hi ! Hi !

- Hum !! Je voudrai bien voir ça !!

Erwan a les yeux brillant d'amusement rien qu'à l'idée et surtout à la tête de Romain quand il verra la trombine des chéries.

- Et moi donc !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (58/125) (Paris) (Hôpital militaire Begin) (Le lieutenant de gendarmerie) (fin)

Romain nous regarde bizarrement, sans doute se demande-t-il pourquoi ça semble autant nous amuser et c’est Erwan qui le premier se décide à sortir de la pièce, je sens à l’hésitation de Romain qu’il a quelque chose à me dire mais qu’il hésite.

- Dis-moi ?

- Hein !!! Quoi ?

- Allons Romain !! Vu la tête que tu tires, tu as encore quelque chose dont tu voudrais me parler pas vrai ?

- Heu !! Oui !! Deux choses en fait.

- Vas y je t’écoute !!

Romain regarde ses chaussures, visiblement mal à l’aise.

- En fait je ne suis pas celui que tu crois.

Il voit que je vais lui poser la question et enchaîne avant que j’en aie eu le temps.

- Laisse-moi parler tu veux bien ? C’est déjà assez difficile pour moi !! J’ai été muté ici pour te protéger, je ne suis pas élève infirmier comme je l’ai prétendu.

Je tombe des nues.

- Tu es de la DST ?

- Non !! Officier de renseignement des armées !! En fait nous sommes cinq, tu connais déjà « Titi » et je te présenterai les trois autres.

Le regard qu’il pose sur moi me fait sourire, il ressemble à un cocker que son maître vient de gronder et sa tête vaut son pesant de cacahuète, je lui pose la main sur l’épaule pour lui montrer que je ne lui en veux pas.

- Tu restes dans l’équipe de toute façon, infirmier ou pas je n’ai pas envie que tu partes. J’apprécie que tu m’en aies parlé de toi-même tu sais ? L’apprendre autrement ne m’aurait certainement pas fait plaisir.

Romain sourit, visiblement soulagé d’un poids qui lui pesait.

- On reste ami alors ?

- Bien sûr !! D’ailleurs tu n’es pas le seul dans ton cas à en faire partie depuis quelques temps. Tu m’avais parlé de deux choses à me dire ?

- Je suis au courant pour ton copain !

Je le regarde fixement, attendant la suite.

- Et ?

- Rien en fait, juste que je suis au courant.

- Ce n’est pas un secret tu sais, juste que je n’étale pas ma vie privée sans raison.

Voyant qu’il en a terminé de ses aveux.

- On peut y aller maintenant ? Faudrait pas que les autres se posent des questions sur nous deux ! Hi ! Hi !

Romain me regarde amusé.

- Tu es vraiment un drôle de mec « Flo », je ne sais pas ma réaction si quelqu’un m’avait dit tout ça et de te voir en rire me fait tout drôle, crois-moi !

- Ça sert à ça les amis, pouvoir dire ce que l’on a sur le cœur sans que cela ne change rien.

Je le prends par l’épaule et nous sortons de la salle encore plus complice qu’avant, ce n’est qu’une fois devant le bloc que nous nous séparons pour y pénétrer chacun notre tour.

Jean Baptiste est déjà allongé sur la table d’opération à me fixer intensément, il met sa santé entre mes mains et je peux lire dans ses yeux toute la confiance qu’il me porte.

- Comment tu te sens ?

- J’ai une trouille bleue si tu veux tout savoir !!

- Alors ne perdons pas plus de temps, je tiens toujours mes promesses et d’ici une petite heure, tout ça ne sera plus qu’un mauvais souvenir.

Je prépare l’injection pour l’anesthésie locale et je la lui administre en piquant tout autour du nodule pour être sûr qu’il ne ressentira aucune douleur à son extraction.

Ses yeux ne me quittent pas pendant toute l’opération, il me voit extraire la tumeur et la mettre dans un bocal stérile pour analyse, j’enlève encore quelques bribes de chair malsaines jusqu’à ce que je sois entièrement satisfait du résultat obtenu.

- Antoine, les sutures et la Bétadine !!

Aussitôt en possession du flacon, j’en verse une bonne rasade dans la petite cavité sanguinolente et je n’attends pas que l’effet de ma salive soit visible pour refermer la plaie et en suturer les bords, un pansement sur la minuscule cicatrice qui ne devrait pas être visible puisque située juste derrière l’oreille et je me tourne en souriant vers Jean Baptiste qui a tout suivit avec curiosité.

- Et voilà !! Tu es comme neuf, comme promis !!

- (« JB ») C’est tout ?

- Je te l’avais dit, non ? Pris à temps c’est assez bénin, par contre on aurait laissé passer quelques mois de plus c’était une autre paire de manche !!

- Et pour la « chimio » ?

- Tu reviendras passer un examen d’ici un mois et nous verrons ensuite si c’est nécessaire ou pas.

Je vois bien qu’il n’est pas encore entièrement convaincu qu’après une telle opération, je le laisse partir sans autres soins.

- En attendant je vais te faire une ordonnance pour que tu nettoies deux fois par jour ta cicatrice et tu auras également deux cachets à prendre trois fois par jour en attendant qu’on se revoie.

« JB » est rassuré par l’ordonnance.

- C’est vraiment fini ?

- Comment tu te sens ?

- Très bien !!

- Alors lève-toi et tu pourras repartir chez toi, va m’attendre en salle d’attente le temps que je t’amène ton ordonnance. Romain va t’y conduire et restera près de toi en attendant que je revienne.

Voyant qu’il hésite.

- Allez soldat !! Prêt à retourner au combat !! Vous autres, préparez le bloc car je pense que nous n’en avons pas terminé pour aujourd’hui. Je vais au bureau « d’atchoum » pour l’ordonnance de « JB » et voir en quoi on peut lui être utile.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (59/125) (Paris) (Elysée)

« Palais de l’Elysée, bureau du président de la république Française »

- Il a fait quoi ?????

- ……………..

- Vous êtes certain de vos sources ????

- ……………..

- Je vous attends sans tarder avec tout ce que vous avez récupéré sur cette expérience. - ………….

- Je m’en occupe personnellement !! Mais surtout je ne veux pas que cela s’ébruite pour l’instant, faites venir également ce colonel qui vous a alerté.

- …………

Le président raccroche d’un geste sec, son visage marque l’extrême étonnement de ce qu’il vient d’apprendre de la part du service de renseignement scientifique des armées.

Deux avancées significatives en deux jours, trois même s’il comptabilise la découverte faite à Chalons en Champagne et tout ça venant de la même personne, avec une aisance que certains ont considérée à juste titre mais eux l’ignoraient, comme surnaturelle.

Des années de recherches, voir même plusieurs dizaines d’années pour des milliers de savants du monde entier et voilà qu’un garçon d’à peine dix-sept ans en se concentrant simplement quelques heures, trouve les réponses et dans la foulée la médication ou la formule qui démontre son efficacité redoutable dès le premier test.

Un sourire amusé atténue quelque peu le visage grave du président, l’anecdote du « il va crever de faim pépère » ayant déjà fait le tour des services concernés et démontre à ceux qui auraient encore un doute en tête, l’aisance avec laquelle ses découvertes ont vu le jour.

Un nouvel appel le sort de ses pensées, le président décroche et écoute un instant.

- ………….

- Passez le moi !!

- ……….

- Lui-même ! Je présume que vous connaissez déjà la nouvelle ?

- ………

- A l’instant !! Tout du moins pour ce qui est de la dernière découverte du jeune De Bierne !!

- ………

- Nous n’avons pas connaissance de la façon dont il y est arrivé, apparemment il n’a pris aucune note !! Juste un enregistrement de l’expérience répétée plusieurs fois par le responsable de la recherche à Begin.

- ……….

- Comment ça un avocat !!! C’est quoi encore cette histoire !!

- ……….

- Il faut que je rencontre ce garçon, vous m’entendez Maurice !! Je comprends qu’il veuille protéger ses intérêts et c’est tout à fait naturel, mais il est hors de question que cela se fasse sans certaines conditions politiques. Vous connaissez aussi bien que moi nos difficultés actuelles et l’état de déficit permanent de nos finances publiques ? Il est donc je le répète, hors de question de mettre ce médicament sur le marché sans certaines précautions.

- …………

- Je le sais bien qu’il y va de la vie de millions de personnes, me croyez-vous aussi insensible que ça ?

- …………

- Je n’ai jamais mis en doute vos capacités, ce n’était pas l’objet de mes dernières paroles. Juste que cette découverte devrait permettre à notre pays de redorer son blason et ses finances auprès de la communauté internationale.

- …………

- De toute façon pour le moment nous en ignorons complètement la formule et donc nous serons bien obligés d’accepter ses conditions, reconnaissez qu’il est encore bien plus malin qu’il n’y paraissait au premier abord !!

- ………..

- Même pas !! Il a utilisé tout le contenu de l'éprouvette sans réfléchir en répétant maintes fois l’expérience !! Je ne le blâme pas entendez le bien, il était tellement passionné par tout ça qu’il en a perdu le sens du concret et n’a pas pensé une seconde à en conserver un tant soit peu en vues d’analyses.

- ………..

- J’ai convoqué pour cet après-midi un conseil d’état restreint pour délibérer sur nos prochaines actions, ils vont dans ce sens et j’aimerais que vous y soyez présent, après tout !! Qui mieux que vous connait ce garçon ? Il y aura également bon nombre de chercheurs qui connaissent parfaitement le sujet, enfin !! Parfaitement est un bien grand mot au vu de ce que nous venons d’apprendre.

- …………..

- Tenez-moi informer rapidement sur sa présence à cette réunion, sachez mon cher Maurice que j’y tiens beaucoup...

- …….

Le président raccroche en soupirant d’exaspérations, il sait très bien que le mérite de cette découverte extraordinaire et ces retombées financières reviennent de droit à celui qui l’a mise au point, ce n’est pas la question et d’ailleurs il n’a jamais prétendu ou même pensé à lui en ôter le mérite.

Juste qu’ils doivent à tout prit faire en sorte que « le », voire même « les » brevets, profitent aux industries pharmaceutiques Française et ensuite y adjoindre une vignette spéciale pour l’exportation permettant de faire rentrer des devises importantes dans l’escarcelle sans fond du trésor public.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (60/125) (Paris) (Elysée) (fin)

« Quelque temps plus tard »

Le téléphone résonne dans le bureau une nouvelle fois.

- Oui !

- ……….

- Comment ça pas aujourd’hui ??

- …………

- Qu’est ce qui peut bien être plus important pour ce garçon ?

- ………..

- Ah !! Il ne vous en a pas dit plus ?

- ……….

- Bon !! Après tout il a bien droit à une vie privée, dites-lui que je l’attends dans mon bureau demain matin sans faute et je repousse donc cette réunion à demain également.

- ……….

- Je n’ai pas je pense à vous conseiller de renforcer la protection de vos services envers ce jeune homme ?

- ……….

- Vous avez toutes les autorisations de réquisitions qui vous sembleront nécessaires, auprès de n’importe quel service de l’état que vous jugerez bon !!

- ……….

- Nous en reparlerons après notre conseil d’état de demain, je compte sur vous Maurice

!!

- ………

***/***

« Bureau du directeur de la DST, Paris »

Maurice raccroche à son tour le combiné téléphonique et lui aussi soupire un grand coup, quoi que ce ne soit pas pour la même raison.

Il n’a pas tout dit au président quant à la raison du refus poli de Florian à se rendre à l’Elysée cet après-midi même, celui-ci lui ayant répondu qu’il avait du travail et qu’ensuite il devait être en forme pour une soirée prévue avec des amis, n’ayant ni l’envie, ni de temps à perdre à se promener dans Paris pour se rendre à la convocation.

Apparemment que ce soit une invitation venant du président lui-même, n’y a rien fait pour qu’il change d’avis et Maurice le connaissant ne s’en est pas étonné outre mesure, se surprenant même à sourire quand il lui a entendu le lui dire avec un naturel dénotant le caractère entier du jeune rouquin et surtout de ses priorités qui vont et iront toujours en premier lieu vers ses amis ou ses patients.

Quant à la protection supplémentaire que vient de lui demander le chef de l’état, Maurice s’avoue ne pas savoir quoi faire de plus que ce qui est déjà mis en œuvre sans que cela devienne pesant pour Florian et qu’il finisse par en prendre ombrage, tenant par-dessus tout à sa liberté.

D’ailleurs les dernières circonstances ont parfaitement démontré qu’il savait très bien se débrouiller seul quand il le fallait et il y a suffisamment de (Maurice ne peut s’empêcher de sourire amusé à sa réflexion) « chats » dans Paris pour lui venir en aide le cas échéant.

Il fait prévenir tout de même ceux de ses hommes ou autres déjà en place d’être encore plus attentifs à tout ce qui entoure Florian pendant ses déplacements, plus spécialement quand il est seul et bien lui en prend car son intuition va très vite être suivi d’effet.

***/***

« Fin d’après-midi, hôpital militaire de Begin à Saint Mandé »

Antoine Mathéi termine le plâtre du dernier patient de la journée et rejoint l’équipe aux douches, le chahut qu’il entend à l’intérieur de celles-ci lui fait presser le pas pour participer lui aussi à l’amusement général qui s’y déroule actuellement.

Il aurait dû certainement y réfléchir à deux fois avant d’entrer dans la salle de douche car aussitôt qu’ils l’aperçoivent, ses amis qui jusque-là s’inondaient copieusement, nus comme au jour de leur naissance, se tournent d’un commun accord vers lui et il reçoit l’impact de toutes les douchettes d’eau chaude dirigées contre lui et qui le font suffoquer sur le coup.

Loin de se démonter, il fonce dans le tas tout habillé et déjà détrempé, terminant le jeu dans un pugilat où ils se retrouvent tous affalés sur le carrelage à se tortiller pour échapper aux chatouilles.

Ce n’est que quelques temps plus tard, qu’ils ressortent en riants encore de la partie à laquelle ils viennent de s’adonner en se séparant après les embrassades et les à demain d’usage.

Florian se presse alors vers la sortie et c’est d’un bon pas qu’il quitte la caserne, non sans manquer de faire un petit coucou au planton mort de rire rien qu’à le regarder faire ses grimaces.

L’avenue est vite parcourue jusqu’au pont traversant la Seine, le jeune rouquin préférant prendre la ligne plus directe plutôt que de perdre du temps en correspondances quitte à faire ses quelques centaines de mètres à pieds.

Quand quatre jeunes blacks d’une vingtaine d’années lui barrent le passage et le font s’arrêter, étonné par leur façon de faire.

- Hé man !! T’aurais pas une cigarette ?

ANNEE avant Pâques 2ème partie : (61/125) (Paris) (Pont de Vincennes)

- Je ne fume pas, désolé !!

- Vous entendez les gars !! Il est désolé ! Hé ! Hé ! Pas tant que nous figure toi !! Dans ce cas aboule tes tunes Blanchette !!

- Laissez-moi passer, je ne vous ai rien fait !!

- T’es chez nous ici le rouquemoutte !! Alors tu dois payer un droit de passage, sinon on va te faire ta fête si c’est ce que tu veux.

- Je n’ai jamais d’argent sur moi !!

- C’est pas gentil ça ma cocotte !!

- Qu’est-ce que vous me voulez à la fin !! Je ne vous connais pas, alors laissez-moi tranquille !!

- Mais c’est qu’elle mordrait la rouquine !! C’est pas un portable qui sort de ta poche ? Tu nous le donnes ou il faut qu’on aille le chercher ?

Je commence à me rendre compte qu’ils ne me laisseront pas tant qu’ils n’auront pas obtenu ce qu’ils veulent, j’avais déjà entendu parler de ces jeunes de banlieue qui ne respectent rien ni personne mais c’est la première fois que j’y suis confronté et je ne sais trop comment m’en débarrasser sans en subir les conséquences.

Ce n’est pas que j’ai peur, sinon il y a longtemps que j’aurais pris mes jambes à mon cou et tenté de les semer dans un sprint jusqu’à la caserne, seulement à quatre contre un je n’ai aucune chance au vu de ma carrure par rapport à la leur.

- Bon !! Vous vous êtes assez amusés comme ça, maintenant ça suffit !! Laissez-moi passer !!

- Ou sinon ???

- Quoi ou sinon ?

- Qu’est-ce que tu feras gringalet si on ne te laisse pas tranquille ?

- C’est la bagarre que vous cherchez ? Quel courage !! Quatre contre un, rendez-vous compte !! Vous pourrez aller vous en vanter après ça.

Je remarque plusieurs passants faire un détour et changer de trottoirs afin de mettre le plus de distance entre eux et nous, j’avoue que cette façon de faire me choque même si je m’y attendais malgré tout.

Je vais pour faire demi-tour, quand des mains me retiennent et me serrent les avant-bras avec brutalités.

C’est à ce moment précis comme si c’était l’élément déclencheur de leurs actions, que deux voitures arrivent en trombe et freinent à deux pas de nous, faisant sursauter mes agresseurs qui se demandent soudainement ce qui arrive.

Les portes s’ouvrent et des hommes armés en sortent comme des pantins d’une boite, mettant en joue les quatre mecs qui deviennent terreux de peur soudaine.

- Au sol !! Les mains derrière le dos !! Exécution !!!

Tout se déroule ensuite comme dans un film de gangster, je reste éberlué et figé par la scène qui se passe sous mes yeux, les quatre gars sont menottés et remis debout avec brusquerie leur arrachant à chacun un cri de douleur.

- Aïe !!! Je vais porter plainte !! Vous n’avez pas le droit de nous traiter comme vous le faites !!

Un coup de poing en plein visage vient quasiment l’assommer en lui faisant éclater la lèvre inférieure.

- Ta gueule, bâtard !! Tu joues moins les caïds maintenant !!

- Vous n’avez pas le droit de…

Deuxième coup de poing dans le ventre celui-là.

- J’ai dit ta gueule !!! Allez les gars !! On les emmène faire un tour, histoire de leur faire passer l’envie de recommencer !!

Un des autres blacks.

- C’est de l’abus de pouvoir !!

- Une parole de plus et tu ne vas pas te reconnaitre !! J’aimerais savoir comment vous appelez ce que vous vous apprétiez à faire à ce jeune homme ?

J’assiste à toute cette scène comme dans un rêve éveillé, ce n’est que quand les quatre racailles sont dans les voitures que je reprends conscience de la réalité de toute cette histoire.

A les voir le visage défait, ils doivent comprendre qu’ils vont passer un mauvais quart d’heure et que ce n’est pas dans un poste de police quelconque qu’on les emmène mais plutôt dans un lieu discret, loin de tout où ils vont en prendre plein la tronche.

Un des hommes me prend par l’épaule gentiment et se voulant rassurant.

- T’inquiète mon garçon, ils ne t’embêteront plus tu peux me croire sur parole.

- Qu’est-ce que vous allez leurs faire ?

- Ce n’est plus ton affaire maintenant !! Tu veux que je te fasse conduire à destination ou tu préfères continuer à pied ?

- Je préfère continuer seul, le métro est au bout de la rue mais je vous remercie de votre offre.

- Comme tu voudras mon gars !! De toute façon ce serait étonnant qu’il t’arrive la même aventure deux fois le même jour. Nous gardons un œil sur toi de toute manière, donc tu ne crains rien.

Il me quitte après une dernière pression bienveillante sur mon épaule, je l’entends néanmoins prononcer une phrase juste avant de claquer sur lui la portière de la voiture qui n’augure rien de bon pour ceux qui y sont à l’arrière.

- Bon !! A nous mes gaillards !!! Nous allons régler quelques petits comptes !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (62/125) (Chez les De Lamarlière) (L’aveu)

- Vous m’avez fait mander monsieur ?

- En effet Jean !! J’aimerais ainsi que madame, comprendre cette histoire de chocolats qui j’avoue me laisse toujours aussi perplexe.

- Quelles précisions monsieur désire-t-il ?

- Dites-nous tout ce que vous en savez Jean !

- Ils ont été envoyés par le fils de monsieur.

- C’est ce que j’ai cru comprendre, mais pourquoi l’une des deux boites venait elle d’Arnault ?

- Parce que monsieur Marc se doutait bien que vous refuseriez la sienne et il fallait que monsieur prenne le médicament que Florian l’ami de monsieur Marc avait mis dedans pour que monsieur aille mieux.

- Mais enfin !! Pourquoi ?

- Parce que monsieur Marc vous aime monsieur et qu’il s’inquiétait pour la santé de monsieur.

- Après tout ce que je lui ai dit ?

- Vous êtes son père et vous comptez beaucoup pour monsieur Marc, même si vous l’avez rejeté de votre famille.

Jean Philippe dévisage son majordome.

- Je sens de la colère dans vos paroles !!

- En effet monsieur !!

- Nos histoires de familles vous intéressent donc à ce point ?

- Nous sommes au service de la famille de madame depuis plusieurs générations et vous ne pouvez pas vous offusquez de nous savoir chagrinés par ce qu’il se passe entre vous et monsieur Marc, nous le considérons comme un second fils et de le savoir seul nous affligent beaucoup.

Jean Philippe s’énerve subitement.

- Nos affaires ne vous concernent pas il me semble, je vous prierai à l’avenir de vous en souvenir quand vous aurez envie de tenir de tels propos !!

- Bien monsieur !! Je répondais simplement aux questions que monsieur me posait, loin de moi la pensée de juger monsieur.

- Restons-en là alors !!

- Puis je poser une dernière question à monsieur ?

- Faites !!

- Que monsieur compte-t-il faire maintenant qu’il sait pour monsieur Marc ?

- On dirait que ça vous inquiète ? Malgré que cela ne vous regarde pas, sachez tout de même que ma position envers la personne que vous citez n’a absolument pas changé.

Jean le fixe avec les yeux brillant de larmes qu’il tente à tout prix de retenir.

- Sachez que monsieur Marc sera toujours le bienvenu chez nous quoi qu’en pense monsieur.

Jean Philippe se dresse furieux.

- Vous devenez insultant !! Veuillez nous laisser avant que vous ne me fassiez regretter de ne pas vous mettre à la porte !!

- Il suffit maintenant !!! C’en est assez pour moi !! La coupe est pleine cette fois ci !!!

Les deux hommes sursautent à ces paroles dites avec fougue et colère, Anne Lise regarde son mari et Jean à tour de rôle en semblant chercher en elle la force de prononcer les prochaines paroles qui vont remettre de ça elle n’en doute pas instant, beaucoup de choses en question.

- Vous savez pertinemment que Marc Antoine n’est pas votre fils !! Alors cessez je vous prie de trouver toutes vos fausses excuses pour le répudier !! Je ne vous ai que trop entendu !! Et surtout je regrette d’avoir tant pris votre partie au détriment de mon enfant.

Jean Philippe choqué.

- Vous n’avez pas à déballer vos turpitudes de jeunesse devant les domestiques !!

Anne Lise blanche de fureur.

- Apprenez mon époux que Jean n’est pas qu’un domestique et qu’il a également le droit d’entendre ce que j’ai à dire. Pour votre gouverne en plus d’être à notre service et d’être un ami d’enfance très cher à mon cœur, Jean est aussi le père de Marc Antoine !!

Une bombe explosant dans le salon, n’aurait pas eu d’effet plus dévastateur que les paroles d’Anne Lise viennent d’avoir pour les deux hommes qui restent bouches béantes devant l’aveu qu’elle vient de leur faire.

Jean Philippe savait parfaitement que sa femme était tombée enceinte d’un enfant qui n’était pas le sien et pour cause puisque lui ne peut en avoir, mais ignorait jusque-là qui en était le père.

Un non-dit que seul le pouvoir de l’argent a fait perdurer aussi longtemps car la fortune des De Lamarlière vient pour une part importante de la famille d’Anne Lise également issue de l’ancienne noblesse, alors que le nom et le titre viennent eux du côté de Jean Philippe, issu d’une lignée beaucoup plus haute mais en mauvaise passe à l’époque et dont le mariage a permis d’en redorer le blason et surtout les finances.

Jean lui aussi découvre cette paternité, Anne Lise a été tout d’abord son amie d’enfance malgré les préjugés de sa famille à la voir toujours jouer avec lui.

Ensuite il y eu comme un statu quo entre eux pendant toute leur adolescence jusqu’au jour où ils se sont retrouvés pour une brève idylle qui n’a duré que le temps d’un été.

C’est peu de temps après qu’il a rencontré celle qui deviendra sa femme et qu’il lui a fait un enfant, forçant ainsi quelque peu la main à leur mariage qui de toute façon se serait fait sans ça, car l’amour était trop présent entre eux deux pour qu’il n’en soit pas ainsi.

Jean est le premier des deux hommes à reprendre ses esprits.

- Marc est mon fils ???

Jean Philippe est visiblement atteint par la nouvelle.

- C’était donc vous !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (63/125) (Paris) (Soirée entre amis)

- Merci !! Tiens !! Pour le dérangement.

Yuan raccompagne le commis de l’épicerie qui s’est chargé de lui apporter ses courses, le jeune homme regarde avec le sourire le billet de vingt euros qu’il tient toujours dans sa main.

- Je veux bien t’amener tes courses tous les jours si tu veux !!

- Allez, file d’ici sale gosse ! Hi ! Hi ! Au moins tu ne perds pas le nord !!

Yuan referme la porte en souriant et repart dans sa cuisine pour ranger les provisions en attendant que Dante s’en occupe, il a tellement insisté pour préparer lui-même le repas que Yuan a dû céder malgré qu’il aurait préféré que ses invités n’aient rien d’autre à faire qu’à profiter de la soirée.

Il entend la porte s’ouvrir et passe la tête dans le couloir pour voir qui arrive déjà aussi tôt, Chan lui fait un petit signe de la main et aide ensuite son chéri à se débarrasser de sa boite de pâtisseries pour qu’il puisse ôter à son tour son épais manteau.

Chan en entrant dans la cuisine.

- J’espère qu’il reste un peu de place dans ton frigo cousin !! Dante a dévalisé la pâtisserie en bas de chez nous.

- Tu avais peur qu’il n’y en ait pas assez ou quoi ?

Dante qui entre à son tour.

- C’est pour le cas où quelqu’un n’apprécierait pas ma cuisine !! Il pourra toujours se gaver avec les gâteaux ! Hi ! Hi !

Chan aperçoit les vivres sur la table et il sourit à son cousin.

- J’en connais un qui va être dans son élément pendant un bon moment, laissons-le nous mijoter ce qu’il a dans la tête depuis plusieurs jours et allons dans le salon nous installer cousin !!

Yuan regarde Dante qui déjà fait le tri dans les paquets.

- Tu vas t’en sortir tout seul ? Tu es sûr ?

- Oui !! T’inquiète beau brun !! Allez !! Oust !! Sortez de ma cuisine !!

- (Chan) Tu vois ? Il est déjà chez lui là !!

Ce n’est qu’une fois installé tranquillement devant un jus de fruit que Chan curieux demande à Yuan.

- Alors comme ça tu as invité des copains à toi que nous ne connaissons pas ?

- Il y en a un oui !! C’est un pote de fac mais l’autre tu le connais, c’est le serveur des “Trois Cochons” tu te rappelles ?

- Le gars timide que Thomas a transformé en tomate ?

- Lui-même ! Hi ! Hi !

- Je croyais que tu m’avais parlé d’un couple ?

- C’est une longue histoire mais ils sont ensemble maintenant et c’est du solide crois-moi

!!!

- À t’entendre on pourrait penser que tu y es pour quelque chose ?

- Ça fait partie de l’histoire, je préfère que ce soit eux qui te donnent leurs versions.

- Thomas a réussi à changer sa semaine si j’ai bien compris ? Florian ne devait être là que la suivante normalement.

- Bah !! Il a son patron dans sa poche tu le sais aussi bien que moi et puis il apprendra son futur métier aussi bien ici qu’ailleurs.

- Et le clown ? Qu’est-ce qu’il dit de beau depuis lundi ?

- Tu le connais !! Je me demande des fois comment il tient le coup à toujours être en plein boum comme il l’est !!

- Pas trop fatigué ?

- Qui ça ? Florian ?

- Non banane !! Vous trois !!

- (Yuan) Un peu mais ça vaut le coup crois-moi !!

- Toujours autant amoureux à ce que je vois ?

- Bien sûr quelle question ? C’est maintenant que je les ai que je me rends compte combien ma vie d’avant était fade.

Chan fait un clin d’œil à son cousin.

- Remarque pour moi c’est pareil !! Comment ai-je été aussi bête pour faire tout ce que j’ai fait alors que maintenant ma vie est un pur bonheur avec Dante.

« Dring ! Dring ! »

Yuan se lève et se dirige vers le visiophone.

- Ça doit être eux !!

Il appuie sur le bouton.

- C’est au deuxième les gars !! Les escaliers sont juste en face.

- Tu aurais pu te payer un ascenseur quand même ! Hi ! Hi !

- Monte grincheux !!

- (Chan) C’est un gamin ton pote, ça s’entend rien qu’à sa voix.

Yuan se dirige rapidement vers l’entrée.

- C’est un peu ça oui !! Ça nous en fera deux pour la soirée avec « Flo ».

Chan d’une voix forte en riant.

- Chéri !!!

- (Dante) Quoi ??

- Prépare deux biberons au cas où !! Y’a « Yu » qui fait dans la nurserie !!

Un rire résonne dans la cuisine.

- Nous voilà bien alors !!! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (64/125) (Paris) (Chez les Désmaré)

- Ma puce !! Tu as fait ta chambre ?

- Ouuiii !!!

- (Martine) C’est bien !! Tu viens m’aider pour la chambre des garçons ?

Coralie arrive en courant.

- Il arrive quand le copain d’Erwan ?

- Aujourd’hui ma puce, mais c’est une surprise alors tu tiens ta langue avec Erwan, d’accord ?

- Ouuiii !!!!

Martine regarde la fillette qui visiblement s’est mise en mode bébé alors qu’elle est plus mature que ça d’habitude, depuis qu’ils sont rentrés c’est un vrai bonheur pour elle de l’avoir auprès d’elle, même s’il va lui falloir s’en séparer bientôt la journée pour qu’elle retourne à l’école.

L’inscription a pris un peu de temps ce qui n’était pas pour leur déplaire à toutes les deux, trop heureuses de partager un nombre impressionnant de câlins dont de toute évidence elles étaient en manque.

- Ils vont dormir dans le même lit ?

- Oui ma puce, tu sais bien qu’ils sont amoureux et comme ils ne se voient pas souvent, ils ont tout plein de câlins en retard tu comprends ?

- S’ils ont un bébé !! Je pourrai m’en occuper et lui donner le biberon ?

Martine éclate de rires, ne s’attendant pas à ça venant de la fillette.

- Deux garçons ne peuvent pas en avoir ma puce ! Hi ! Hi ! Il faut un papa et une maman pour ça.

- Ah !!!

Martine observe la petite qui visiblement est dans ses pensées, elle se demande bien ce qu’il peut bien y avoir en ce moment dans cette petite tête mais préfère ne pas lui poser la question, le sujet n’étant pas vraiment de son âge.

Elles terminent le lit juste à temps quand la sonnette de l’entrée retentit, Coralie part en trombe pour ouvrir et se retrouve devant un grand jeune homme brun souriant, tenant un sac de voyage à la main.

- Bonjour petite fille !!

Coralie d’une voix qui est soudainement devenue toute timide.

- Bonjour.

- Tu ne me reconnais pas ? Je suis Ramirez l’ami d’Erwan.

La fillette sourit et lui dit tout bas, comme on dit un secret.

- J’ai aidé maman à faire la chambre pour que tu puisses faire de gros câlins à « Wani ».

Ramirez employant le même ton.

- Merci, je lui en ferai un de ta part si tu veux.

Martine arrive dans le couloir en bas de l’escalier et fait mine de n’avoir rien entendue.

- Déjà à vous dire des secrets ? Mais entre donc mon garçon !! Tu as fait bon voyage ?

Ramirez prend la petite main que lui tend l’enfant et entre dans la maison en posant son sac dans l’entrée, il attrape ensuite la fillette pour la prendre dans ses bras et lui faire deux grosses bises avant de la reposer au sol et d’embrasser à son tour la mère de son ami.

- Je ne pensais pas que c’était aussi rapide en fait et j’ai pris un taxi pour ne pas me perdre une fois dans Paris.

- C’est simple pourtant, Erwan te montreras quelle ligne de métro prendre et tu t’y feras vite. Mais nous aurons tout le temps d’en reparler, viens plutôt que je te montre ta chambre pour que tu puisses y déballer tes affaires. J’ai fait un peu de place dans les placards d’Erwan alors ça devrait aller.

Ramirez reprend son sac et suit son hôtesse jusqu’à la chambre de son chéri qu’il contemple d’un regard pénétrant, y découvrant toute l’intimité d’Erwan ainsi que ses évidentes passions au vu des posters qui tapissent les murs.

- Je te laisse t’installer, j’ai encore le repas à préparer avant le retour des hommes.

- « Wanou » ne m’attend que demain, c’est gentil de votre part de ne pas le lui avoir dit ?

- Je sais tenir ma langue et puis j’ai hâte de voir sa tête quand il rentrera.

Ramirez se retrouve seul dans la pièce, dépaysé de se retrouver dans une vraie maison et il met un moment avant de prendre ses marques en faisant attention de ne pas chambouler l’ordre de cette chambre qui deviendra également la sienne lors de ses séjours ici.

Il termine juste de refermer le placard après y avoir rangé ses affaires, quand il entend des pas rapides monter quatre à quatre l’escalier et il n’a que le temps de se plaquer derrière la porte quand celle-ci s’ouvre à la volée, laissant entrer Erwan qui s’affale de tout son long sur son lit avec ses écouteurs aux oreilles en battant le rythme d’une batterie de ses deux mains, les yeux clos et le sourire aux lèvres.

Ramirez sent un immense frisson le traverser à voir son chéri ainsi détendu en se croyant seul, il a devant lui le vrai Erwan et il le trouve encore plus craquant dans cette intimité qu’il a avec lui-même.

Erwan ouvre les yeux en semblant soudainement à l’écoute de quelque chose qui lui semble bizarre, il ressent comme une présence et son regard parcourt rapidement sa chambre jusqu’à s’arrondir de stupeur en reconnaissant le garçon debout derrière la porte, qui le fixe avec ses yeux de braise.

Il se redresse d’un bond, en se débarrassant de son baladeur qu’il envoie voler sur le lit en se ruant dans les bras de celui qu’il aime et qui le reçoit dans les siens avec une émotion évidente, mêlant la joie et le plaisir de le serrer enfin contre lui.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (65/125) (Paris) (Jean Baptiste)

« Quelques heures plus tôt à la Pharmacie de l’hôpital militaire »

- Voilà vos médicaments mon lieutenant !!

- Merci bien brigadier !!

Jean Baptiste sort du local et ne peut s’empêcher par pur réflexe de porter une main à son pansement, ne ressentant aucune douleur malgré l’acte chirurgical qu’il vient de subir le matin même.

- Tu as mal ?

Il se retourne vers l’auteur de cette question et sourit en reconnaissant un des membres de l’équipe de Florian, qui lui jette actuellement un regard anxieux en adéquation directe avec sa question.

- Non justement ! Pourtant l’anesthésie doit avoir terminé son effet depuis ce matin.

- (Romain) Il me semble oui, mais je ne suis pas suffisamment de la partie pour en connaitre la durée.

- (« JB ») Comment ça pas de la partie ? Tu es pourtant infirmier ?

- Pas vraiment en fait !! Mais j’apprends vite avec « Flo ».

Romain voit bien ce que ses paroles amènent en interrogations pour le jeune lieutenant et il croit bon de préciser.

- Lieutenant Romain Duval !! Service de renseignement des armées !! Détaché provisoirement à la surveillance et à la protection de l’aspirant De Bierne, plus connu sous le diminutif de « Flo » ! Hi ! Hi !

- (« JB ») Et bien !! Tu m’en diras tant !! Décidément !! Partout où il se trouve il y a du monde à sa sécurité, à croire qu’il est beaucoup plus qu’il n’y parait.

- Tu ne crois pas si bien dire !!

- Mais pourquoi me dis-tu tout ça ? Ça ne devrait pas plutôt rester secret ?

Romain est le premier étonné de le lui avoir dévoilé bien que sans réellement en comprendre la raison, il ne se voyait tout simplement pas lui mentir sur ce qu’il est véritablement.

Jean Baptiste l’observe avec beaucoup d’attention, sa morphologie de style « crevette » l’avait déjà interpellé le matin même et de le voir près de Florian l’avait même fait sourire, sans savoir exactement pour quelle raison plus qu’une autre il l’avait comparé au jeune rouquin.

Sans doute la cause principale vient de sa bouille de comique avec son petit nez à la retroussette et ses yeux vert toujours rieurs comme ceux du jeune rouquin dont les expressions sont parfois similaires.

Jean Baptiste pourtant d’un naturel réservé se sent attirer par ce garçon, il ne faudrait pas grand-chose pour qu’il le classe déjà parmi ses amis, ne serait-ce le simple fait qu’il ne le connait pas réellement et qu’il ne lui est apparu que le matin même pour la première fois.

Romain reconnu par ses camarades comme un grand timide, ressent également cette sensation d’être en présence d’une personne auprès de qui il se sent bien et c’est sans doute ce ressenti très fort qui l’a fait se dévoiler aussi rapidement, il comprend que l’autre garçon attend toujours une réponse à sa dernière question.

- Tu es un copain de Florian, c’est sans doute pour ça.

- C’est un bien grand mot tu sais, juste que je l’ai connu dans des circonstances particulières et que c’est lui qui m’a alerté sur les symptômes du mal qui se développait en moi, maintenant c’est aussi vrai que je pense à lui comme à un véritable ami.

Jean Baptiste se sent soudainement pris d’un vertige qui l’oblige à se retenir au mur du couloir, Romain s’en aperçoit et l’inquiétude marque aussitôt son visage jusque-là souriant.

- Ça ne va pas ?

« JB » sent que son malaise est passé.

- Juste un étourdissement mais ça va déjà mieux, je crois que je vais faire comme Florian me l’a recommandé et je vais rentrer me coucher.

- Je t’accompagne !!

- Ça devrait aller, merci !

- Ce n’était pas une question, de toute façon j’ai fini mon service et ce n’est pas mon emploi du temps depuis que je suis sur Paris qui est surchargé tu sais ?

- Tu n’es pas d’ici ?

- Non !! De Bretagne et c’est cette mutation provisoire qui m’a fait venir dans le coin.

- Tu loges ou, si ce n’est pas indiscret ?

- Ici à la caserne, ce n’est pas folichon mais ça a le mérite d’être gratos ! Alors ? On y va ?

Jean Baptiste reconnait qu’il n’est pas au mieux de sa forme et accepte donc sa proposition qui apparemment tient à cœur à son nouveau copain, un sourire lui vient à cette pensée envers laquelle il n’est pas vraiment surpris.

- D’accord !! Mais tu restes pour dîner, j’y tiens !

Romain retrouve le sourire et son visage ne le cache pas bien au contraire, c’est donc avec un réel plaisir qu’il accepte la proposition.

- Entendu ! Comme ça je pourrai également te nettoyer ta cicatrice et te refaire ton pansement.

« JB » lui rend son sourire.

- Je croyais que tu n’étais pas infirmier ?

Romain lui fait un clin d’œil amusé.

- Je t’ai dit aussi que j’apprenais vite.

- Me voilà transformé en cobaye alors ?

- Tu as tout compris ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (66/125) (Paris) (Soirée entre amis) (fin)

L’entrée des deux garçons fait son petit effet et Chan tout comme Dante ne restent pas insensibles à l’arrivée de ce couple, visiblement éblouis par l’appartement qu’ils découvrent pour la première fois.

Chan reconnait Michael aussitôt qu’il l’aperçoit et trouve qu’il est encore plus attirant hors de son contexte de serveur, il revoit l’attitude qu’a eu Thomas envers lui lors de leur première rencontre et se rappelle de la confusion que ça a occasionné pour ce jeune homme visiblement peu habituer à ce genre de propositions.

Dante n’a d’yeux que pour le petit blond tout craquant qu’il découvre pour la première fois et il se sent aussitôt attirer vers lui, sa fragilité apparente lui donnant encore plus d’attraits ainsi que cette aura de gentillesse et de douceur qu’il dégage naturellement.

Les présentations sont vite faites, quelque chose d’indéfinissable faisant qu’ils se sentent tous tout de suite à l’aise et Yuan suit avec beaucoup d’intérêt le rapprochement évident entre les deux couples.

Ils en sont là à faire connaissance, quand la porte s’ouvre une nouvelle fois et c’est au tour de Steven de rester coi devant la beauté indiscutable du nouvel arrivant, Thomas le remarque aussitôt et sourit amicalement au petit gars scotché sur son siège à le détailler des pieds à la tête.

- Heureusement que « Flo » n’est pas encore là ! Hi ! Hi ! Sinon j’en connais un qui aurait eu droit à une mise en boite maison.

- (Yuan) Bon !! Maintenant que le défilé de beaux gosses est presque terminé, si nous passions à l’apéro ? Ça fera venir le retardataire.

Thomas embrasse Chan et Dante, puis vient serrer la main aux deux autres invités avant d’embrasser rapidement Yuan sur le coin des lèvres, faisant comprendre aux quatre autres garçons l’intimité très forte qui les lie même si ce petit geste n’avait rien de surprenant en soit pour eux.

Yuan reste quand même un instant troublé, ne s’y attendant visiblement pas quoique Florian en avait déjà plus ou moins pris l’habitude depuis quelques temps.

- (Chan) Et bien cousin, respire !! On croirait Cendrillon devant son prince charmant ! Hi ! Hi !

- (Thomas) Laisse ton cousin tranquille espèce de jaloux !!

Chan fait l’offusqué.

- Jaloux !! Moi !!! Tu n’y es pas beau blond, j’ai ce qu’il faut à la maison !! Juste que « Yu » est trop trognon dès qu’il est avec un de vous deux.

- (Dante) La soirée ne s’annonce pas triste on dirait bien, manque plus que « Dumbo » pour attaquer les réjouissances.

Michael et Steven se regardent, surpris.

- (Michael) Dumbo ?? C’est qui celui-là ?

Yuan avec un sourire jusqu’aux oreilles.

- Il fait allusion à Florian ou plutôt à une particularité qu’il a entre les jambes ! Hi ! Hi !

Michael en rougissant.

- Ah !! D’accord !!

Steven se demande un instant dans quoi il est tombé mais les visages rieurs qu’ils ont tous le rassure rapidement sur l’aspect plaisanterie des paroles qu’il entend, Thomas s’en aperçoit et s’approche de lui pour lui parler en tête à tête.

- Tu dois te demander où tu viens de débarquer !! Tu verras en nous connaissant un peu mieux que ce n’est que de la taquinerie et qu’il n’y a rien d’autres que ça.

- C’était ce que j’avais compris t’inquiète.

- Tant mieux alors, tu m’es très sympathique et je ne voudrais pas que tu te fasses une mauvaise opinion de nous, n’hésite pas toi aussi à les titiller comme ils le méritent sinon ils n’arrêteront pas.

Steven sourit à Thomas.

- Je ferai comme tu dis, merci du conseil.

Dante arrive sur ces entrefaites en ayant suivi plus ou moins le sujet de leur conversation, il fixe Steven dans les yeux visiblement amusé et avec une idée en tête qui lui amène une envie de rire qu’il retient avec peine.

- Tu as de beaux yeux tu sais !

Thomas voit alors le visage de Steven s’enflammer et éclate de rire.

- Et bien !! Ce n’est pas gagné d’avance ! Hi ! Hi ! Et toi arrête de l’embêter sinon on verra qui gagne le concours de la tomate la plus mûre.

Dante mort de rire.

- Oh lui !! Pas prétentieux pour deux balles camarade, tu crois quoi ? Que je vais craquer comme un puceau parce que tu vas te la jouer « Don Juan » avec moi ? Tu peux toujours essayer si le cœur t’en dit mais je resterai de marbre ! Hi ! Hi !

Ils sont tous tellement pris par ce qu’il se passe dans la pièce que personne n’a entendu la porte s’ouvrir ni Florian entrer, il a suivi la petite joute que se livre ses amis et décide avec un sourire en coin qui en dit long sur l’amusement qu’il compte y prendre à son tour à rentrer dans le jeu.

Un doigt devant la bouche pour faire comprendre à ceux qui le voient arriver de se taire et il prend doucement Dante par la taille en lui effleurant de ses mains la peau apparente sortant de son teeshirt, un long frisson parcourt alors le jeune homme qui tourne la tête vers celui qui le caresse ainsi et ses yeux s’arrondissent d’étonnement en reconnaissant son ami.

***/***

Mes pouces massent doucement sa peau frémissante, déjà brûlante à mon contact et c’est avec une voix rauque que je m’adresse à lui en le fixant dans les yeux.

- Toi aussi tu as de beaux yeux !!

Dante sent une chaleur soudaine lui envahir le visage et sa glotte remonte brusquement à la recherche de salive, ce n’est qu’en entendant le fou rire de ses autres amis qu’il comprend enfin s’être fait piéger à son tour.

Thomas est éclaté de rire.

- Ah il est beau le marbre ! Hi ! Hi ! J’en avais jamais vu du comme celui-là, parole !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (67/125) (Paris) (Un réveil difficile)

« Le lendemain matin »

Yuan est le premier à ouvrir un œil ce matin-là, déjà parce que le soleil entre à flot dans la chambre et du même coup lui signale qu’ils ont largement dépassé l’heure pour se lever et aller chacun à leurs obligations.

Il se redresse brusquement en faisant râler ses deux copains qui partagent son lit.

Thomas en ouvrant un œil.

- Qu’est-ce que tu fous ?

Yuan vérifie l’heure sur son réveil.

- Putain !! J’ai déjà raté mon premier cours de la journée !! Debout les gars !! Il est déjà dix heures du matin !!

Thomas réagit aussitôt et saute du lit à son tour.

- Merde !! Je suis à la bourre moi aussi !!

Yuan lui fait un clin d’œil.

- Quelle soirée !! Ils sont repartis à quelle heure les autres ? Trois heures du mat’ ?

- Je dirai plutôt quatre !!

Il regarde son petit rouquin avec un œil amusé.

- Regarde s’il s’en fait celui-là ! Hi ! Hi ! En plus c’est de sa faute tout ça, s’il s’était endormi tout de suite aussi !! Mais non !! Il y a fallu que monsieur nous fasse encore une soirée « libido » débridée.

- (Yuan) Va prendre ta douche !! Nous reparlerons de ça ce soir, pour l’instant ça urge. Je prépare le café en attendant.

Il revient vers Florian et le secoue doucement.

- Hé !! La crevette !! Tu te bouges !! On est déjà au milieu de la matinée !!

- Hum !!!

- Allez quoi !! Tu dois aussi avoir du boulot pas vrai ?

- Mouiii !!!

Yuan comprend qu’il n’en tirera rien de plus tant qu’il ne sentira pas l’odeur du café qui comme à chaque fois, le décidera seulement à quitter le lit.

Ce n’est qu’une fois les deux garçons attablés devant leurs bols qu’ils le voient apparaître, toujours nu et « l’antenne » radar au beau fixe, vu qu’il arrive à s’asseoir près d’eux sans quasiment ouvrir les yeux.

Bien sûr les deux autres compères ne ratent rien de la vision qu’il leur donne et ne serait-ce le retard manifeste qu’ils ont, ils n’en seraient certainement pas restés là.

Yuan termine son café et se lève.

- Bon !! J’y go les gars !!

Thomas en fait de même, il jette un œil sur Florian avec un sourire attendri devant la vision qu’il en a à le voir avaler goulûment son breuvage sans vraiment se presser plus que ça.

- Tu n’as rien à faire ce matin donc ?

- Si pourquoi ?

- On ne le dirait pas à te voir tu sais ?

Yuan en mettant ses chaussures.

- Tu vas à Begin ?

- Non pas ce matin, j’ai un rendez-vous à l’Elysée.

Les deux garçons se figent un bref instant, ils se regardent incrédules et c’est Thomas qui pose la question, voyant bien qu’il ne sortira rien de plus des lèvres de son chéri trop occupé à boire avidement le seul breuvage qui peut le réveiller suffisamment pour avoir les idées claires.

- Avec qui ?

- Le président !

- (Yuan) Tu es sérieux ?

- Bah oui !!

- Qu’est-ce qu’il te veut ?

- Me parler !!

Thomas connait bien cette expression que tient Florian en ce moment, moitié dans la lune et moitié dans la réalité, il sait très bien qu’ils n’en tireront rien de plus que des réponses qui en amèneront d’autres.

- Hé « Flo » !!! On est là !!!

D’une voix atone.

- Oui !! Je le vois bien !!

Yuan n’est pas encore autant habitué que Thomas à le voir comme ça, aussi s’en inquiète-t-il.

- Qu’est-ce qu’il a ?

Thomas tapote sa tête d’un doigt.

- Il est encore déconnecté, ça lui arrive de temps en temps quand il est trop longtemps sur une idée qu’il cherche à résoudre.

- (Yuan) Ce n’est pas dangereux de le laisser seul ? Je veux dire par là qu’il pourrait avoir un accident en traversant la rue ou un truc du genre s’il est dans sa bulle.

- (Thomas) J’ai une méthode infaillible pour l’en faire sortir.

Il attrape Florian, le fait se lever et l’emmène jusque sous la douche sans que celui-ci n’en fasse cas.

Comme il est nu, ce n’est pas un réel problème pour lui de le mettre bien au milieu du bac et d’actionner le robinet d’eau froide en se reculant vivement et en prenant Yuan pour sortir de l’appartement en riant pendant qu’un grand cri de saisissement résonne à leurs oreilles.

- Arrhhh !!!!

- (Thomas) Là !! Maintenant il est bien réveillé crois moi ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (68/125) (Paris) (Un nouveau pari)

Ce n’est qu’une fois dans la rue toujours en riant, que les deux copains reprennent leur discussion en marchant d’un bon pas jusqu’au moment où leurs chemins se sépareront, pour l’un en prenant le métro et pour l’autre en continuant à pied le petit kilomètre qui le sépare de la fac.

- (Thomas) Je me demande bien ce qu’on lui veut à l’Elysée ?

- Bah !! Il nous racontera ça ce soir !! Sinon tu as trouvé la soirée comment ?

- C’était cool !! J’aime bien Steven en fait, c’est un garçon qui ne manque ni d’intérêts, ni d’attraits.

- (Yuan) Comment ça ?

- Je le trouve sensible, sympathique et mignon comme tout, d’ailleurs j’ai bien vu comment Dante le regardait. Je ne serais pas plus étonné que ça que leur amitié à tous les quatre devienne très forte.

- Comme la nôtre tu veux dire ?

- Hum !! Possible !! Chan avait l’air de s’intéresser également à Michael il me semble ?

Yuan après réflexion.

- Qu’ils deviennent amis c’est une évidence mais de là à partager comme nous le faisons, je ne crois pas mon cousin prêt à ce genre de compromis avec son chéri.

- (Thomas) Qu’est-ce qu’on parie ?

- J’ai appris à me méfier de vos paris débiles ! Hi ! Hi !

- Une nuit complète avec Florian et celui qui perd se contente de regarder, ça te va ?

- Si c’est toi qui a raison ? Ok !! Mais si c’est moi, je veux une nuit avec chacun de vous deux rien que pour moi et l’autre regarde sans participer.

Thomas s’arrête et dévisage attentivement Yuan, il comprend seulement alors que pour ce magnifique garçon qui est devenu beaucoup plus qu’un ami pour leur couple, le choix entre eux deux lui serait impossible et un petit pincement de cœur pas désagréable le parcourt, en même temps qu’un sourire tout en émotion éclaire son visage et envoie un long frisson au jeune asiatique, conscient de ce que ses paroles révélaient pour la première fois à Thomas.

- Qu’est-ce que tu croyais donc ? Je sais que pour vous deux ce ne sera jamais pareil mais pour moi vous comptez tout autant l’un que l’autre.

Thomas reprend sa marche en silence, plus troublé qu’il n’y parait et ce n’est qu’à l’endroit où ils doivent se séparer pour poursuivre chacun son chemin, qu’il se tourne vers son ami et lui fait une bise rapide, non plus sur le coin des lèvres comme le soir même mais bien centré cette fois ci sur celles-ci.

- Merci !! Et pour le pari c’est d’accord sauf que moi aussi je passerai une nuit avec toi, quitte à attacher Florian sur une chaise parce qu’il ne faut pas trop rêver quand même et croire qu’il tiendra ne serait-ce dix minutes sans nous rejoindre.

Yuan reste un moment interdit, il regarde son ami s’éloigner et ce n’est qu’une fois qu’il a disparu de sa vue, qu’il reprend sa route à son tour en sifflotant de pur bonheur.

***/***

J’entends quasiment deux bips simultanément m’avertir d’un message entrant, le premier me laisse pensif et le deuxième m’amène le sourire, Yuan et Thomas me préviennent d’un pari qu’ils viennent de faire et qui m’y implique forcément, du fait que j’en suis un des enjeux.

Par contre je me demande bien ce qu’il s’est passé entre mes deux amis pour la deuxième partie de ce pari, pas que j’en sois mécontent car il respecte en tout point le pacte que nous nous sommes fait et qu’au contraire ça me conforte agréablement que Yuan ne se sente pas obliger de quoi que ce soit envers Thomas.

Maintenant l’objet du pari me semble pour le moins étonnant et Yuan n’est pas prêt d’en devenir le vainqueur si rien ne se passe entre les deux couples car rien ne dit que ça ne pourra pas arriver un jour, sauf bien entendu s’ils y ont mis une date butoir afin de trancher.

Je quitte l’appartement avec en tête cette idée de nuit à passer à les regarder faire l’amour et je ne suis pas certain d’arriver à me contrôler suffisamment pour ne pas les rejoindre, rien que l’idée me fait venir une énorme érection qui en dit long sur l’excitation que je ressens à cette pensée.

J’essaie de m’enlever cette image de ma tête, ne voulant pas heurter les gens qui pourraient s’apercevoir de mon état « d’esprit » et c’est légèrement calmé que j’arrive à prendre le métro sans trop de problèmes « émotionnels ».

***/***

« Palais de l’Elysée, onze heures trente du matin »

Le planton étonné sort de sa guérite.

- Hep !! Jeune homme !! Vous croyez aller où comme ça ?

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (69/125) (Paris) (Le rendez-vous à l’Elysée)

Je me retourne en stoppant net.

- Pardon ? C’est à moi que vous parlez monsieur ?

L’homme regarde le garçon en retenant son sourire à la bouille étonnée qu’il lui présente, apparemment il parait hébété de s’être fait interpeller et ses yeux d’un vert perturbant sont braqués sur lui, attendant de toute évidence sa réponse.

- Il n’y a que toi qui vient de passer cette porte il me semble ? Crois-tu qu’on rentre ici comme dans un moulin ? Sais-tu seulement où nous sommes ?

- Ce n’est pas l’Elysée ?

Décidément sa tête lui donne plus envie de rire qu’autre chose et c’est en forçant visiblement son ton que le planton poursuit.

- Et bien si justement !!

Deux autres hommes en uniforme arrivent et s’enquièrent de ce qu’il se passe.

- Ce garçon voulait rentrer sans autorisations, il ne semble pas s’être rendu compte que cela ne se faisait pas.

Celui des deux nouveaux arrivants ayant le grade de capitaine.

- Où vouliez-vous aller jeune homme ? Si ce n’est pas trop vous demandez ?

- Voir le président !

Là, c’est plus fort qu’eux et les trois militaires attrapent le fou rire en voyant la mimique ne manquant pas d’aplomb du petit rouquin.

L’officier en redevenant sérieux.

- Tu n’es peut-être pas au courant mais pour voir le président il faut y être invité.

- Vous faites erreur monsieur ! Ce n’est pas moi qui veux le voir, c’est lui qui m’a demandé expressément de passer ce matin.

L’officier fait un geste pour calmer les deux autres militaires qui repartent de plus bel dans un fou rire qu’ils n’arrivent visiblement pas à contrôler.

Malgré tout, l’assurance et le maintien du petit gars en face de lui, lui met un doute qu’il préfère prendre en compte.

- Allons du calme !! Nous allons vérifier les dires de ce jeune homme, as-tu une convocation ? Quelqu’un qui pourrait confirmer ?

- Bien sûr monsieur !! C’est Maurice Désmaré le patron de la DST qui a servi d’intermédiaire pour ce rendez-vous.

L’officier retrouve soudainement toute son attention, il se dirige droit vers la guérite en faisant signe à tous de le suivre et une fois à l’intérieur, décroche le téléphone sans lâcher des yeux le jeune rouquin qui n’a aucune appréhension de son geste.

- Poste de garde de l’entrée principale !! Nous avons là un jeune garçon qui prétend avoir rendez-vous avec le président.

- ………

- (L’officier) Un instant je lui demande !!

Il s’adresse à Florian d’une voix cette fois-ci des plus sérieuses.

- C’est comment ton nom ? As-tu une pièce d’identité ?

Je sors mon portefeuille et y cherche mes papiers, en se faisant l’officier aperçoit la carte au sigle bleu blanc rouge qui m’a été donné à Begin et se raidit en comprenant qu’il y a de grandes chances que je lui ai dit la vérité sur le but de ma venue.

Il me la montre du doigt.

- Qu’est-ce que c’est ?

Je le regarde surpris en sortant ma pièce d’identité.

- Quoi donc ? Ha !! Ça !! C’est mon laissez-passer pour Begin où je suis interne en médecine, tenez !! Voici ma carte d’identité !

L’officier me la prend des mains et la lit avant de remettre le combiné à son oreille.

- Le garçon se nomme Florian De Bierne !!

- ……..

L’officier écoute incrédule et finit par raccrocher en se tournant vers moi et en me rendant mes papiers, il regarde ensuite ses hommes qui attendent avidement qu’il prenne la parole.

Ce qu’il fait d’une voix marquant encore l’extrême étonnement de ce qu’il vient de lui être confirmé.

- Veuillez conduire le lieutenant auprès du secrétaire de cabinet du président…. Chez qui il est… attendu.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (70/125) (Paris) (Le rendez-vous à l’Elysée) (suite)

Les deux hommes se raidissent en se mettant au garde à vous.

- Bien mon capitaine !!

***/***

« Bureau du président »

Toc ! Toc !

- Oui !! Qu’est-ce que c’est ?

La porte s’ouvre et un homme d’âge mûr entre dans le bureau.

- Il est là monsieur le président, la sécurité de l’entrée principale vient de nous en avertir.

Le président regarde l’heure en soupirant car visiblement il n’y croyait plus.

- Ah !! Quand même !! Faites le entrer dès qu’il arrive et prévenez les cuisines que nous aurons un invité.

- Certainement monsieur ! Déjeunerez-vous-en tête à tête ?

- Non !! Prévenez également ma femme que je n’arriverai pas seul et que nous serons très certainement en retard, dites-lui qu’elle aura une surprise, cela devrait la faire patienter.

- Bien monsieur !

Le président profite que l’homme soit sorti pour reprendre le dossier qui est enfermé dans le coffre du bureau depuis de longues années, bien avant que lui-même en soit l’actuel occupant.

Les notes d’abord éparses du début, se sont transformées depuis quelques mois en véritables rapports d’activités et le président ne peut s’empêcher de sourire en se disant que le jeune Florian n’en manque assurément pas, surtout aux vues des derniers événements qui lui ont fait demander cet entretien.

Maintenant c’est avec une très forte curiosité qu’il attend de le voir de visu, en se demandant bien ce qu’il va en sortir et en appréhendant malgré tout cette rencontre d’avec un garçon aussi jeune.

Toc ! Toc !

- Oui ! Entrez !

C’est son secrétaire de cabinet qui cette fois apparaît devant lui, il est accompagné d’un gamin semblant à peine sorti de l’adolescence et dont tout de suite il sent que le courant passe, en effet le sourire espiègle complètement dépourvu de stress qu’il lui montre ne peut que lui amener un large sourire de sa part en retour.

- Le jeune Florian De Bierne monsieur le président !

- Très bien merci ! Veuillez nous laisser !

La porte se referme derrière l’homme en les laissant seuls, le président se lève quelque peu surpris malgré tout en voyant le garçon arriver tout droit vers lui.

Il répond machinalement au visage qui se tend vers lui pour lui faire la bise, trouvant ça presque naturel au vu de son jeune âge apparent.

- Et bien !! Voilà enfin l’instant que j’attendais depuis mon investiture.

Je le regarde amusé, bizarrement et ce malgré ce qu’il représente, il m’apparait plutôt comme un grand père débonnaire et sympathique avec qui je me sens étonnamment à l’aise, suffisamment pour conserver mon naturel.

- Fallait me demander de passer avant ! Hi ! Hi !

- Tu étais trop jeune alors et il était préférable de te laisser mener ta vie le plus possible sans nous y immiscer plus que nécessaire, ce ne sont que ces derniers mois depuis que les événements nous ont montré les changements dans ta façon d’être et l’intérêt marqué de certains pays qui nous ont poussé à nous dévoiler, d’abord pour ta protection et ensuite du fait de tes récentes découvertes qui changent la donne.

- C’est qui nous ?

- L’état !!

- Ha !! Qu’attendez-vous donc de moi ?

- Comprendre ce que tu es dans un premier temps et surtout savoir jusqu’où tu comptes encore nous surprendre.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (71/125) (Paris) (Le rendez-vous à l’Elysée) (suite)

- Que savez-vous de moi ?

- Certainement plus que ce à quoi tu t’attends !! Que tu es un garçon brillant, doué de facultés exceptionnelles et d’une intelligence extraordinaire même si tu fais beaucoup pour en minimiser les effets en te cachant derrière une apparence avenante et d’après ce que j’en sais plutôt comique. Seulement vois-tu ! Depuis quelques semaines, j’ai l’impression que tout évolue très vite et se décante de façon exponentielle, que quelque chose en toi s’est mis en route qui va révolutionner l’ordre établi.

- Je n’ai aucune prétention vous savez !! Juste que j’aime le métier auquel je me suis voué et qu’il me parait naturel d’aider les personnes qui souffrent, maintenant si mes « découvertes » peuvent soulager le plus grand nombre….

- Il ne t’est rien reproché, loin de là cette idée bien au contraire, mais tu comprendras qu’il y a des impératifs d’une autre nature et que nous devons en tenir compte.

- Comme par exemple ?

- L’équilibre des peuples et de la façon dont leurs gouvernants voient l’avenir, imagines tu un instant ce que tes dernières découvertes vont avoir comme impacts !! Des millions de gens meurent à cause de maladies comme celles dont tu comptes venir à bout et dont je ne doute pas un instant que tu y arriveras.

- C’est plutôt bien, non ?

- Dans l’absolu je te répondrai que oui, mais structurellement y sommes-nous préparés ? C’est une autre histoire vois-tu ? Il va nous falloir réfléchir à comment concilier toutes ses vies sauvées et l’équilibre qui est nécessaire entre ceux qui naissent et ceux qui partent tu comprends ?

- Nous sommes déjà dans cet engrenage et c’est à mon avis un autre problème qui ne changera qu’avec les mentalités et l’éducation.

- Je suis entièrement d’accord avec toi et tu montres une fois de plus que ton intelligence est des plus affûtées, maintenant les traditions et les habitudes de beaucoup de peuples seront sans doutes à revoir et sommes-nous prêt à passer ce cap ? Imagines tu tout simplement les implications qu’auraient rien que sur l’emploi par exemple, l’impact d’une population toujours en parfaite santé ?

- Il ne faudrait pas soigner les gens alors et les laisser mourir dans la souffrance ?

- Bien sûr que non !! Ce n’est pas le but de mes propos !! Juste qu’il faut nous y préparer et avoir une autre vision que celle que nous avons de l’humanité actuelle. En fait nous dérivons vers des propos philosophiques et ce n’était pas le but de cet entretien, je me dois en tant que président de protéger en premier lieu les intérêts de notre pays et comme tu dois bien t’en rendre compte, il n’est pas en ce moment dans une passe très réjouissante. La dette publique ne fait que se creuser d’années en années et la pauvreté gagne des couches de populations jusque-là épargnées, ce qui augmente la criminalité et la délinquance dans une spirale que nous n’arriverons bientôt plus à contrôler.

- Excusez mes prochaines paroles monsieur mais si nous avions des gens compétents aux gouvernes du pays cet état de fait n’aurait pas lieu d’être, actuellement vous dépensez plus que ce que ce que vous gagnez et en plus vous encouragez l’assistanat, au lieu de privilégier le travail. Ne soyez pas étonné ensuite de voir accourir chez nous toute la misère du monde mais surtout ceux qui n’y voient qu’un profit pour eux tout en restant oisif.

Le président sourit.

- La politique actuelle ne nous autorise pas d’avoir une vision aussi parfaite des choses et qui serait idéale si des obligations envers d’autres pays nous le permettaient. Je reconnais que certaines décisions partant d’une bonne intention ont été dévoyées par une population de profiteurs qui n’y ont vues là qu’un moyen d’obtenir des avantages sans en donner de retours et il nous est difficile pour ne pas dire impossible de revenir dessus sans déclencher quelque chose d’encore bien plus grave.

- Si vous le dites !!!

Le président soupire.

- Nous revoilà à philosopher et à nous éloigner encore une fois du sujet, décidément mon garçon tu es quelqu’un de très pertinent avec qui je pourrai passer des heures à polémiquer. Pour revenir aux choses plus terre à terre, je te dirai simplement que notre pays attend beaucoup de toi et qu’il ne serait pas bon pour lui de laisser échapper cette occasion dans le contexte actuel, de remettre ses comptes à jour.

- Et ce sont mes découvertes qui devront rééquilibrer notre commerce extérieur si je vous suis bien ?

- Exactement !!

- J’ai très bien compris le message et je peux vous assurer que j’en tiendrai compte, toutefois il y aura une contrepartie que vous devrez me concéder.

Le président plisse les yeux, soudainement intéressé.

- Nous voilà dans la négociation à ce que je vois, très bien !! C’est là une chose que je connais bien et je suis prêt à entendre tes doléances.

- C’est très simple monsieur, vous avez… ou plutôt l’état Français a quelque chose qui m’intéresse et en contrepartie je m’engage à ce que toutes mes découvertes soient développées et industrialisées exclusivement chez nous.

Le président retrouve le sourire.

- C’était tu dois bien t’en douter, le but de cet entretien et il n’était aucunement question de te spolier de tes brevets, ni de ce qu’ils te rapporteront.

- A vous plus qu’à moi j’en suis sûr, ne serait-ce qu’en impositions, en TVA et en taxes diverses ! Hi ! Hi ! Et c’est sans compter les emplois qui seront créés.

- Je vois que nous nous comprenons et que tu prends ça avec beaucoup de recul.

- Reste la contrepartie monsieur !

- Je t’écoute !!

- L’état possède un terrain, ou plutôt un territoire qui m’intéresse et j’aimerais en avoir la disposition pour y faire construire un complexe hospitalier.

- Si rien ne s’y oppose je te concéderai volontiers ce terrain, je dois t’avouer que je m’attendais à une demande beaucoup plus inhabituelle venant de ta part. A quel endroit comptes-tu bâtir cet hôpital ? Quoique ce ne soit pas ce genre d’institution qui manque chez nous.

- En Afrique monsieur, ou du moins sur une concession française que nous avons su garder dans ce pays !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (72/125) (Paris) (Le rendez-vous à l’Elysée) (suite)

Le président montre à l’évidence une surprise feinte et je comprends alors que comme il l’a dit précédemment, il en sait réellement beaucoup sur mon compte.

Maintenant connaissant Maurice, je ne suis pas plus étonné que ça que mon projet africain soit déjà à la connaissance de son patron.

- C’est ça !!! Faites l’étonné alors que vous le saviez parfaitement.

- Humm !!! Oui c’est exact !! J’ai appris ce projet dernièrement et j’avoue ne pas le voir d’un très bon œil, l’idée de laisser partir hors du pays un cerveau comme le tien ne me plait pas outre mesure.

- Techniquement je serai toujours en France !

- C’est un fait, je le reconnais volontiers et c’est d’ailleurs une des raisons qui m’empêche d’y mettre officiellement un avis défavorable.

- Parce qu’il y en a d’autres ?

- Bien sûr !! La liberté qu’à toute personne d’exercer son métier et de se déplacer ou bon lui semble dès l’instant où il n’y a aucun mandat d’émis contre lui en est une autre. Maintenant je suis conscient que nous serions tous perdant à vouloir te retenir contre ton gré et je veux juste te mettre l’accent sur le fait que ton pays pourrait en sortir grandi de te compter dans ses rangs.

- Je n’ai qu’une parole monsieur et si vous tenez vos engagements, je tiendrai les miens.

L’horloge du bureau sonne une fois et les rappelle à l’ordre.

- Nous pourrions peut-être reprendre notre conversation après le déjeuner, qu’en penses-tu ?

J’entends mon ventre gargouiller.

- Que j’ai faim !

- Ça tombe bien car moi aussi !!

***/***

« Deux heures plus tard »

- Ta femme est cool !!

- Heureusement qu’elle a le cœur solide avec toi ! Hi ! Hi !

- Ce n’est pas de ma faute si elle est partie en vrille en plein repas quand même !

- Ah oui !! Tu en es vraiment certain ? avec toutes les grimaces que tu as faites pendant le repas et ensuite allez lui dire le plus sérieusement du monde qu’avec toutes ses pièces jaunes ça devait commencer à douiller ! Hi ! Hi !

- Ouaih !! Bon !! C’est sorti comme ça, mais avoue quand même que la peau de Renard qu’elle a balancé après ça dans le plat de patate n’était pas triste non plus.

- En tout cas ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vu comme ça ! Hi ! Hi !

- Hé !! Reviens en quand même, ça fait plus d’une heure que ça s’est passé !

- Ça fait du bien crois-moi, ce n’est pas si souvent que je m’amuse autant.

- Je vois ça !! On va où là ?

- J’ai convoqué quelques personnes pour délibérer de tes récentes découvertes et mettre en place un plan d’action industriel et médiatique, la population est déjà suffisamment affectée par l’effet d’annonce sur Alzheimer alors que rien n’était encore mis en place pour en commencer les premiers traitements préventifs.

- Ça a dû être le souk chez les généralistes, j’imagine bien le truc.

- Justement !! Il va nous falloir être plus prudent dans les déclarations qui seront faites afin d’éviter à juste titre que tout le monde se précipite alors que les filières de soins ne sont pas prêtes. Pour le traitement d’Alzheimer, nous avons reçus des propositions de mise en fabrication des plus grands laboratoires pharmaceutiques et ils attendent notre décision en plus de nos conditions pour les passages de marchés, ainsi que bien évidemment la formule sur la molécule à développer.

- Oups !! J’ai oublié un petit détail tout à l’heure, en fait j’avais l’intention de mettre en place une filière de conception, de fabrication et de distribution avec mes associés.

Le président surpris.

- C’est sans compter sur le puissant lobbying qu’ils représentent !! Ni le temps que ça va prendre qui risque de mettre en exergue la patience populaire. Te rends-tu compte du nombre de familles qui ont retrouvé l’espoir de voir leur proche bientôt soulagés de ce terrible mal ? Leur impatience se fait déjà sentir et nous risquons beaucoup à les faire trop attendre.

- Mes associés s’occupent déjà de ce problème et vont bientôt lancer une OPA hostile sur un de ces laboratoires étrangers implantés en France, les délais ne devraient pas en être rallongés de beaucoup avant les premières mises en commercialisations.

Le président ahuri cette fois.

- Tu appelles ça un petit détail ? J’espère que tu n’en as pas d’autres de la même teneur dans ta manche ? Une OPA hostile dis-tu ? Avec ce qui est en jeu ? Le coût de l’action va très certainement atteindre des sommes dont tu n’as même pas idée !!

- Pas forcément, si personne ne se doute de la raison et puis mes associés peuvent mettre beaucoup d’argent dans cette affaire et ils le feront si nécessaire, d’ailleurs pour tout dire ils ont déjà commencé à racheter tout ce qui est possible d’une entreprise pharmaceutique américaine implantée chez nous et le retour d’investissement sera de toute façon rapide ainsi que les bénéfices qu’ils en tireront ensuite, qui devraient être faramineux si mes calculs sont justes.

Suit alors un cours d’économie dans les couloirs de l’Elysée qui laisse pantois l’homme d’état, comprenant qu’il n’y a pas que dans la médecine que le garçon en face de lui développe d’extraordinaires capacités et que beaucoup pour ne pas dire tous de ceux qu’il a convoqués cet après-midi-là, seront comme lui dépassés par cet ordinateur sur pattes aux airs de sainte nitouche et n’auront qu’à bien se tenir s’ils veulent tenter un tant soit peu de contrecarrer ses projets.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (73/125) (Paris) (Le rendez-vous à l’Elysée) (fin)

« Salle du conseil de l’Elysée »

Un brouhaha remplit la salle jusqu’au moment où la porte s’ouvre devant le président, celui-ci accompagné d’un jeune homme à l’allure fragile qu’ils découvrent pour beaucoup pour la première fois autrement que par la rumeur.

Le silence se fait alors ou chacun reprend sa place en observant avec curiosité le jeune arrivant, la surprise pour eux est de taille et seul Maurice sourit dans son coin en spectateur averti, connaissant autant l’aspect physique attrayant que les possibilités intellectuelles et surnaturelles de son petit protégé.

Le président prend place et indique à Florian une chaise à sa droite pour qu’il s’y installe.

- Messieurs !! ………

***/***

« Trois heures plus tard »

Bruit de chaises des diverses personnes se levant à la fin de la réunion et repartant pour la plupart en groupes, continuant pour beaucoup à faire le point sur les décisions prises.

Décisions suffisamment importantes pour en laisser plus d’un dans l’effarement le plus complet, surtout après les différents exposés et révélations dont ils ont été les témoins.

Plusieurs ordonnances mais est-ce bien de ça qu’il s’agit vu la façon dont les choses leur ont été présenté, ont été soumises à leurs accords ainsi qu’une mise en application immédiate peu courante aux sorties de ce genre de réunions.

Chaque groupe ayant été mis à contribution suivant ses compétences reconnues et un calendrier très serré quant à sa mise en place leur a été ensuite communiqué, les libérant un temps de leurs occupations habituelles pour s’y atteler au plus tôt sans perdre un temps devenant maintenant des plus précieux.

Les dernières paroles venant de celui qui jusqu’alors s’était contenté d’écouter, leurs ont bien fait comprendre l’urgence et le secret absolu sur ce qu’ils ont appris et devront mettre en applications afin que rien ne vienne transpirer sur les futurs bouleversements, qui ils n’en doutent pas un instant vont révolutionner la vie des populations dans la prochaine décennie.

Ne reste bientôt plus dans la salle que le président et Maurice qui prennent un moment de répit en venant observer par la fenêtre au départ des chercheurs, militaires et autres ministres, convoqués spécialement ce jour-là.

Maurice soupire, visiblement libéré d’un poids pesant et sourit en se disant que maintenant les choses se mettent enfin en place mais surtout qu’il en sera bientôt fini de l’anonymat qui jusque-là l’empêchait d’agir comme bon lui semblait.

- Pfff !!! Il ne reste plus qu’à espérer que tout se passe comme prévu.

- Hi ! Hi !

Maurice tourne un visage marquant la surprise devant l’éclat de rire de l’homme d’état, son regard se reporte dans la direction qu’à celui du président et il aperçoit Florian déboulant à l'extérieur du bâtiment comme un gamin à la sonnerie annonçant la fin des cours, visiblement pressé de se retrouver dehors afin de reprendre ses occupations.

- C’est un garçon peu commun pas vrai ?

- Comment fait-il ?

- Pardon ?

Le président tourne à son tour son visage toujours marqué par l’envie manifeste de rire vers Maurice.

- Comment fait-il pour être comme ça ? Capable de tenir en haleine pendant plusieurs heures des personnes aux capacités reconnues, puis d’un coup redevenir le grand ado aux paroles et aux attitudes puériles amenant le fou rire.

- Il est comme Jekyl et Hyde, avec une forte personnalité intérieure d’une intelligence extraordinaire sans cesse à la recherche du savoir et une autre qui lui permet de vivre comme n’importe quel garçon de son âge, amenant la sympathie et le besoin de sa présence à son entourage.

- Vous savez ce qui a amené mon rire de tout à l’heure ?

- J’imagine une familiarité amicale et inattendue !

- Exactement ! Hi ! Hi ! Tellement inattendue que je n’ai même pas pensé à lui répondre.

Maurice est déjà amusé par ce qu’il va entendre.

- Du genre ?

Le président tente d’imiter la façon dont Florian lui a dit au revoir, il plaque sa main sur l’épaule de Maurice surpris et lui dit le plus sérieusement du monde, la voix malgré tout prête à se transformer en éclat de rire.

- A la revoyure papy, c’était cool de te rencontrer !! Bisous à « Nadette ».

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (74/125) (Paris) (Rencontres)

« Jeudi dix-huit heures »

Thomas va pour sortir du parking de la DBIFC, quand il aperçoit sur le trottoir un jeune homme visiblement attentif aux personnes qui sortent de l’entreprise et qui dès qu’il l’aperçoit sourit timidement en s’approchant de lui, l’air emprunté.

- Salut !

- Salut !

Thomas sourit en retour au garçon qui visiblement a quelque chose à lui demander mais cherche de toute évidence ses mots pour il ne sait quelle raison.

- Oui ??

- Heu !! Tu travailles bien ici n’est-ce pas ?

- Exact, pourquoi ?

- Tu connais peut-être quelqu’un qui pourrait m’aider ?

Thomas sourit une seconde fois.

- Faut voir !! Qu’est-ce que tu cherches exactement ?

- En fait je dois me trouver un stage non rémunéré en entreprise et quand j’en ai parlé à mes parents, ils m’ont conseillé cette agence qui d’après eux serait correct.

Thomas détaille le garçon près de lui avec attention, il lui paraît à prime abord des plus sympathiques et un petit quelque chose émane de lui qui lui donne envie de lui venir en aide, sans compter bien sûr que lui aussi pour les mêmes raisons s’est demandé à une époque comment trouver une entreprise.

- Je crois pouvoir arranger ça.

- C’est vrai !! Tu m’enlèves une sacré épine du pied tu sais !! Je ne me voyais pas trop faire du porte à porte en laissant un CV dans toutes les boites du coin.

- Bah !! C’est bien normal, j’ai eu ce genre de soucis à une époque pas si lointaine moi aussi et en plus tu as l’air d’un mec sympa, tu as quel âge ?

- Dix-sept, bientôt dix-huit et je ne me suis pas présenté, moi c’est Johan.

- Enchanté Johan ! Moi c’est Thomas, Tu n’aurais pas un de tes CV sur toi par hasard ?

Johan prend un air navré.

- Je suis désolé Thomas, je ne pensais pas que ça marcherait aussi vite mais si tu veux je te l’amène en début de semaine prochaine ?

- Aïe !! C’est que je ne suis à l’agence qu’une semaine par mois !!

Johan fait grise mine sur le coup.

- Demain je pars avec mes parents et je ne rentre que samedi dans l’après-midi.

- Je serais chez un ami ce weekend, si tu veux je te donne l’adresse et tu n’auras qu’à me l’apporter. En plus il y aura quelqu’un à qui le responsable de l’agence pourra difficilement refuser un service, je te le présenterai si tu veux ?

Johan les yeux ronds de gratitude, prend note de l’adresse que lui donne Thomas et le détaille à son tour, en sentant un frisson lui remonter l’échine devant le sourire éclatant du beau blond si sympathique.

- Tu es vraiment un chic type Thomas, je te remercie pour ton aide.

- Bah !! C’est normal !!

Johan surprend un éclair d’amusement dans les yeux d’un bleu si magnifique, qu’il n’a jamais encore eu l’occasion de voir.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- Comment ça ?

- Je ne sais pas, ce sont tes yeux qui brillent comme si tu trouvais ça drôle ?

Thomas ne peut retenir un petit rire de gorge devant cette remarque.

- Ça n’a rien à voir avec toi ou du moins ce que tu m’as demandé ! Hi ! Hi ! Juste que je viens de me rendre compte pourquoi je t’ai trouvé si sympa quand je t’ai vu.

- Ah oui ? Qu’est-ce que c’est ?

- C’est physique et tu comprendras quand je te présenterai à mon copain, pour faire court je dirai juste que tu as des points de ressemblance avec nous deux.

Johan reste un moment à chercher ce qu’il peut bien avoir en commun avec ce gars resplendissant, ne serait-ce peut être sa silhouette générale assez semblable à la sienne niveau taille et corpulence, voir éventuellement ses yeux quoique les siens ne soient pas et de loin d’un bleu aussi troublant.

- Et bien je tacherai de m’en rappeler quand je le verrai.

- C’est d’accord pour samedi en fin d’aprèm alors ? Je te présenterai le clown et tu comprendras tout de suite à quoi je fais allusion Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (75/125) (Paris) (Rencontres) (suite)

Thomas toujours hilare, serre la main du garçon et s’éloigne pour retrouver ses amis mais surtout connaitre le fin mot de la convocation de Florian à l’Elysée, il s’attend déjà au pire en connaissant particulièrement bien le spécimen.

Johan le regarde s’éloigner quelque peu interloqué par ses dernières paroles, c’est bien la première fois qu’il se fait quasiment traiter de clown et qui plus est par quelqu’un qui ne le connait pas, ignorant tout de sa propension à la déconnade.

C’est toujours dans ses pensées qu’il passe devant une vitrine qui comme à chaque fois attire son regard, aimant particulièrement et ne ratant jamais l’occasion de s’y admirer quand il en croise une au grand dam de ses parents qui en font à chaque fois la remarque de façon moqueuse.

Il s’y arrête un instant et passe délicatement sa main sur sa coiffure rousse en épis soigneusement arranger au gel et le faisant ressembler à cette publicité assez comique, où les jeunes arrachent le béton du mur en passant en skateboard à toute allure devant.

- Mais oui t’es tout beau mon « Jojo » ! Hi ! Hi !

***/***

« Sortie de fac, jeudi dix-sept heures trente »

Yuan et Steven se séparent après la bise qu’ils ont pris l’habitude de se donner, chacune de leurs pauses de la journée où ils se sont retrouvés dans le parc pour discuter n’a eu qu’un seul sujet de conversation et Yuan en est ressorti conforter quant à l’intérêt certain qu’ont eu son cousin et son copain, pour le couple que forme Steven avec Michael.

Les « et tu crois que Dante ceci, tu penses que Chan cela » répétitifs en sont la preuve manifeste et Yuan n’a pas eu à le titiller trop pour lui faire avouer l’attirance qu’ils ont ressentie à leur première rencontre et n’a pas été réellement surpris quand Steven lui a appris qu’ils avaient déjà prévus tous les quatre de se revoir rapidement.

Ce n’est qu’après quelques centaines de mètres d’une marche rapide en passant l’angle d’une rue, pressé lui aussi d’en savoir plus sur la journée de Florian, qu’il s’arrête brusquement en butant presque sur un jeune gars accouder au mur avec une jambe levée en geignant doucement.

La vision du garçon lui amène aussitôt le sourire ainsi que l’envie de l’aider, celui-ci venant visiblement de se faire mal en se tordant la cheville.

- Tu as besoin d’un coup de mains ?

- Aïe ! Putain ! Je viens de m’éclater la cheville sur le rebord du caniveau !

Yuan regarde autour de lui et aperçoit l’enseigne d’un petit bar non loin d’où ils sont, il lui propose alors.

- Viens !! Je vais t’aider !! Si tu veux on peut aller s’asseoir le temps que ça aille mieux, il y a un bistrot juste là !

- Aïe ! Oui si tu veux ! Merci !

Yuan l’aide alors en le prenant sous le bras et c’est en clopinant qu’ils arrivent dans le bar pour prendre place à une table dans un coin tranquille, le temps de passer commande et d’être servi, ils se retrouvent en tête à tête à siroter chacun sa boisson en fixant l’autre avec curiosité.

- Ça va mieux ?

- Oui merci ! On dirait que la douleur est en train de passer.

- Tu as de la chance, tu aurais pu te faire une entorse.

- On dirait bien oui !! J’ai surtout eu du bol de tomber sur toi, beaucoup ne se seraient pas inquiétés comme tu l’as fait.

- Bah !! C’est normal !! Tu es à la fac ?

- Non pas du tout, peut-être l’année prochaine après le bac. Au fait on ne s’est pas présenté, je m’appelle Johan et toi ?

- Yuan !!

- Enchanté de faire ta connaissance Yuan !!

- (Yuan) Moi de même, alors ? Qu’est ce qui t’amène dans le coin ?

- Je raccompagnais un pote qui habite pas loin, c’est en retournant chez moi que j’ai raté le trottoir et que je me suis tordu la cheville. Il y a longtemps que tu vis en France ?

- Non ! Quelques mois tout au plus, je me suis fait des amis ici lors d’une visite avec mon père et j’ai décidé de rester près d’eux et de poursuivre mes études à Paris.

- Wouah !! Faut oser !! En plus tu parles super bien notre langue, ce n’est pas courant.

- Mon paternel a fait toutes ses études en France et il a tenu depuis que je suis tout petit à m’enseigner cette langue, c’est pour ça.

- D’accord !! Félicitation parce que tu n’as même pas d’accent.

Yuan se sent bien à discuter avec Johan, il ne saurait dire pourquoi au juste ne serait-ce déjà son physique qui lui a amené la sympathie dès qu’il l’a aperçu et qui de suite l’a fait sourire.

Le blessé remarque les yeux noirs pétillants de malice du jeune asiatique dont le visage aux traits parfaits, lui donne une beauté peu commune mais parfaitement raccord avec les standards européens en la matière.

- Quelque chose t’amuse, j’aimerai bien savoir ce que c’est ?

Yuan est amusé par la question.

- Tu me fais penser à deux de mes amis c’est pour ça, tu as la taille, la corpulence et les yeux de l’un, les cheveux de la même couleur et aussi raides que l’autre ! Hi ! Hi !

- Je dois prendre ça comment ?

- Pour un compliment rassure toi, quoi que des fois avec Florian ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (76/125) (Paris) (Rencontres) (suite)

Yuan décrit alors en quelques phrases ses deux amis, en accentuant l’aspect comique de Florian à un tel point qu’il sent bien que son vis-à-vis commence lui aussi à s’y intéresser.

- Peut-être que si je te les présentais, tu comprendrais mieux ! Hi ! Hi !

- J’avoue que ta façon de parler d’eux me donne envie de les connaitre.

- Pourquoi pas alors !! Ils sont chez moi jusqu’à dimanche, donc si tu veux passer prendre un pot ce sera avec plaisir.

- Je peux te dire un truc assez personnel Yuan ?

- Vas y je t’écoute !

- J’aimerais te compter parmi mes amis, je me suis tout de suite senti à l’aise et je dois t’avouer que tu me plais beaucoup.

Yuan lui fait un clin d’œil.

- Je suis déjà maqué tu sais ?

- Pfff !! T’es con comme mec !! Je ne pensais pas à ça ! Hi ! Hi !

Yuan sort une carte de visite et la tend à Johan.

- Tiens !! Il y a mon adresse, tu passes quand tu veux ! Mais préviens-moi avant quand même, il y a aussi mon zéro six !! Ce n’est pas loin d’ici et tu peux même venir maintenant si tu veux, je pense que mes amis seront rentrés ou ne devraient plus tarder.

- Je préfère ne pas trop forcer sur ma cheville ce soir, demain je ne suis pas là mais samedi vers cette heure-là si tu veux ?

- Tu as besoin d’aide pour rentrer chez toi ?

- C’est sympa mais je ne voudrais pas te déranger plus longtemps, en plus moi aussi je n’habite pas loin.

- C’est comme tu le sens, ce n’est pas que je m’ennuie avec toi bien au contraire mais un de mes amis doit être revenu d’une visite qu’il nous a promis de nous raconter et le connaissant ça risque d’être plutôt pas triste.

Yuan se lève en sortant son porte-monnaie pour payer.

- (« Jordan ») Non laisse !! C’est le moins que je puisse faire pour te remercier de ta gentillesse.

Yuan sourit en remettant son porte-monnaie dans sa poche, décidément ce dit-il, ce garçon lui plait de plus en plus et c’est avec une franche poignée de mains, qu’il le quitte non sans avoir oublié de lui rappeler leur rendez-vous du samedi.

« Jordan » attend quelques minutes et se lève à son tour le sourire aux lèvres, il sort du bistrot sous l’œil étonné du patron qui le voit marcher sans boiter cette fois ci alors qu’en entrant il était presque porté par son ami asiatique.

« Jordan » passe devant une vitrine qui renvoie son image, celle d’un grand jeune homme bien proportionné à la chevelure rousse dressée vers le ciel.

***/***

« À quelques pas de l’Elysée, jeudi dix-huit heures »

« Jonas » est depuis presque une heure assis tranquillement sur un appui de fenêtre, il ne quitte pas des yeux l’entrée principale du palais de l’Elysée située à quelques dizaines de mètres de là où il se trouve, ne sachant pas à quelle heure celui qu’il attend en sortira.

Une grand-mère assise sur le banc qu'elle a certainement sortie de chez elle pour s'installer confortablement au pas de sa porte, donne à manger aux nombreux pigeons qui bien sûr viennent avec une assurance dénotant l’habitude en picorer les miettes jusque presque à ses pieds.

« Jonas » sait qu’à la moindre alerte, ils s’éloigneront sans que personne n’arrive jamais à les toucher et jette un œil amuser vers les quelques gosses qui s’y essaient malgré tout, leurs chances de réussir étant nuls comme de bien entendu.

Il en est là à passer le temps quand enfin la personne qu’il attend sort du palais, la description qu’il lui en a été fait ne prêtant pas à l’erreur et un sourire amusé illumine son visage quand il le voit venir dans sa direction.

***/***

J’hésite sur ce que je dois faire, prendre le métro tout de suite pour rentrer, ou marcher un peu après tout ce temps passé enfermé dans ces pièces surchauffées.

J’opte pour la marche et me voilà parti d’un bon pas dans l’avenue, je capte du coin de l’œil les deux hommes qui viennent de sortir du véhicule et bizarrement j’en éprouve du soulagement, alors qu’il n’y a pas encore si longtemps j’aurais pesté contre cette surveillance.

Maintenant après l’histoire m’étant arrivé la veille, je vois les choses d’un autre œil même si j’aurais trouvé préférable que tout un chacun puisse se promener sans risque où que ce soit et je ne peux m’empêcher malgré moi de jeter un regard inquisiteur sur les personnes dans mon champ de vision.

Une vieille femme somme toute inoffensive donne à manger aux pigeons pendant que quelques enfants leurs courent après en cherchant à les attraper sans résultats comme de bien entendu, ceux-ci étant bien trop malins pour s’y laisser prendre.

Un peu plus loin un jeune garçon capte toute mon attention, ne serait-ce déjà son look

qui de loin me fait sourire et m’amène je ne saurai dire pourquoi un fort élan de sympathie qui me pousse à aller voir de plus près, alors que j’étais censé au départ être plutôt pressé de rentrer chez moi.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (77/125) (Paris) (Rencontres) (suite)

Maintenant que j’arrive près d’eux, mon assurance perd un peu de son ardeur et je me dis qu’aborder quelqu’un comme ça dans la rue surtout à Paris ne doit pas être dans les mœurs, aussi au dernier moment je bifurque vers la vieille femme qui m’accueille avec un grand sourire.

- Ils ont toujours faim vous savez ?

Je suis surpris par cette entrée en matière.

- Qui donc madame ?

- Mais les pigeons voyons jeune homme !!

- Ah oui bien sûr !! Où avais-je la tête !

- Visiblement ailleurs !!

La grand-mère tend son sac ouvert au petit rouquin charmant qui s’est assis près d’elle.

- Vous voulez leur en donner ?

Je souris en plongeant ma main dans le sac pour en sortir une poignée de miettes de pain, je partage la quantité avec mon autre main et je les tends aux pigeons la paume ouverte, attendant qu’ils viennent s’y nourrir.

***/***

« Jonas » voit son geste, y trouvant là l’ouverture qu’il cherchait pour l’aborder et se lève pour venir s’asseoir à côté du garçon, un sourire amusé aux lèvres.

- Ils ne viendront jamais si tu ne le leurs lances pas tu sais !

Je tourne ma tête vers lui et sourit, l’occasion est trop bonne pour engager la conversation.

- Ah oui vraiment !! Pourquoi donc ?

- Parce qu’ils sont beaucoup trop méfiant, regarde les biens !! Il n’y en a pas un qui n’ait des traces de blessures causées soit par l’homme soit par des véhicules cherchant à les écraser. Du coup ils sont devenus intouchables et beaucoup d’enfants se sont essoufflés en vain à tenter de les attraper.

- Oui mais moi je ne leurs veux aucun mal, ils doivent bien le sentir.

- On voit bien que tu n’es pas d’ici toi, pas vrai ?

- Exact !! Mais ça n’empêche que si je les appelle, ils viendront.

- Je te parie que non !!

Je lui fais un clin d’œil qui lui amène le sourire.

- Pari tenu !! Je gagne quoi si tu perds ?

« Jonas » est un instant pris par les yeux d’un vert perçant qui le fixent, jamais il n’a vu un tel regard et un long frisson incontrôlable lui parcourt l’épine dorsale, le laissant troubler comme il ne l’a jusqu’à maintenant jamais été.

Florian s’en aperçoit et esquisse un léger sourire, les yeux bleus très clairs du jeune homme lui faisant remonter également une forte impression indéfinissable qui le perturbe plus qu’il ne le voudrait.

Ce moment ne dure qu’une fraction de secondes mais est suffisant pour qu’ils s’en rendent compte et détachent leurs regards pour revenir à leur conversation, chacun des deux garçons préférant remettre à plus tard l’analyse de ce qu’ils viennent de ressentir l’un envers l’autre.

- (« Jonas ») Tu disais ?

- Quoi !! Ah oui le pari !! Je te demandais ce qu’il rapportera au vainqueur ?

- Une tournée au bistrot du coin !! A moins que tu aies une autre idée ?

- Faut voir ! Hi ! Hi !

Le visage de « Jonas » devient rouge vif.

- De toute façon tu as perdu d’avance.

Nos regards se captent un instant et je reste coi en comprenant enfin ce qu’il m’arrive, se gars me plait et ça me tombe dessus sans que je ne puisse rien y faire pour le moment que le constater.

« Jonas » sent la chaleur de son visage et lui aussi comprend que ce qui ne devait être qu’un jeu, prend une tournure dont il ne se serait jamais imaginé et il y a fallu que ce soit sur lui que ça tombe.

Un picotement dans ma main me fait revenir aux sens des réalités, je regarde le pigeon qui se nourrit dans ma paume toujours grande ouverte en souriant jusqu’aux oreilles et c’est d’une voix encore marquée par mon trouble de tout à l’heure, que je lui fais remarquer qu’il vient de perdre son pari.

- Il ne faut jamais parier avec moi, tu l’apprendras très vite.

Il n’y a pas que « Jonas » qui reste sidéré en observant le manège des oiseaux qui s’approchent maintenant en nombre pour picorer dans les mains ouvertes du garçon ravi de les voir agir ainsi, la vieille femme ainsi que les deux petits garçons qui ont remarqué le manège n’en reviennent pas également.

« Jonas » repense soudainement à la dernière phrase du petit rouquin et un sourire épanoui lui vient alors, les implications du « Tu l'apprendras très vite » lui font ressentir un immense plaisir et il en est presque à lui dévoiler qu’il n’était pas là par hasard.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (78/125) (Paris) (Rencontres) (fin)

Il se retient à temps pour ne pas gâcher la petite farce que son père leur a demandé de jouer sur la demande de son patron et qui a tout de suite trouvé preneur par la fratrie que ce genre d’amusement ne laisse jamais indifférent.

Un des gamins, plus hardi que son copain s’approche de Florian.

- Tu crois qu’on peut les caresser ?

- Si tu y vas doucement il n’y a pas de problèmes.

J’attrape un des oiseaux qui ne marque aucune frayeur à mon geste, lentement je passe un doigt sous son cou et le grattouille, lui déclenchant un roucoulement de satisfaction.

« Rou-roouu !! Rou-roouu !! »

- Il aime ça tu vois ? À toi maintenant, surtout pas de gestes brusques sinon tu vas l’effrayer.

Je laisse un moment le garçonnet bientôt suivit par son camarade caresser le pigeon avant de le reposer au sol pour qu’il rejoigne ses congénères, je me tourne ensuite vers le grand jeune homme au physique qui me rappelle par beaucoup de points mon « Thom-Thom » ne serait-ce ses cheveux roux en épis dressés sur sa tête semblables aux miens et je me fais la remarque qu’il devrait également beaucoup plaire à mes amis si je le leurs présentais.

De toute façon l’envie de le revoir est trop forte pour que je le laisse partir sans savoir si pour lui c’est pareil et l’idée me vient alors d’utiliser le gage qu’il me doit pour qu’on se revoie.

- Bon !! Sois beau joueur et reconnais que tu as perdu ! Hi ! Hi !

- (« Jonas ») Allons boire ce verre alors, je te le paye volontiers.

- Tss ! Tss ! Ne crois pas t’en tirer à si bon compte mon gaillard !

« Jonas » sent une nouvelle fois la chaleur envahir ses joues et voit bien que le garçon en face de lui s’en amuse beaucoup.

- Dis-moi ce que tu veux que je fasse alors !

- Déjà me dire ton nom après on verra pour la suite.

- Jo...han !

- Moi c’est Florian et si je peux te parler franchement sans que tu imploses ! Hi ! Hi ! Je t’avouerai que j’aimerais vraiment qu’on se revoie, ne prends pas ça pour une demande en mariage surtout ! Hi ! Hi !

- Ah non !! Mince alors !! Moi qui croyais ! Hi ! Hi !

J’entre dans son jeu, amusé mais aussi pour le pousser plus avant dans ses retranchements et voir si l’amitié que je ressens pour lui est réciproque.

- Je ne ferme pas la porte, mais il va te falloir jouer serrer pour me mettre dans ton lit.

« Jonas » s’empourpre de plus en plus mais ne lâche pas pour autant ce qu’il prend à juste titre pour de la taquinerie de la part de celui qu’il considère déjà comme un ami.

- Méfie-toi quand même, je pourrais te prendre au mot ! Tu ne me connais pas encore !

J’éclate de rire.

- Tu voudrais te faire passer pour un grand baratineur alors que tu piques ton bol à la moindre allusion ! Hi ! Hi ! Bon !! Sérieux !! J’aimerais vraiment qu’on reste en contact, je suis sur Paris une semaine par mois et j’habite avec des amis qui devraient également te plaire, nous sommes une petite bande et j’ai envie que tu en fasses partie, si bien sûr tu es ok.

- Ça pourrait se faire !! En plus tu es le premier mec qui attrape les pigeons que je connais et je suis presque sûr que tu es capable de m’étonner encore.

- Tu ne crois pas si bien dire ! Hi ! Hi ! Attends de voir ce dont je suis capable, si tu veux je te donne l’adresse et tu viens passer une soirée avec nous histoire de faire connaissance avec mes potes. Disons vendredi ou samedi après le taf vers vingt heures, ça te va ?

- Ok pour samedi !! Mais dis-moi Florian? Tu as quel âge ?

- Dix-huit ans !! Pourquoi tu me demandes ça ?

- Tu viens de me dire que tu travaillais c’est pour ça.

- En fait je suis étudiant en médecine et mes potes sont ou à la fac, ou en formations en alternance et toi ?

- Dix-sept et demi !! Je passe mon bac en juin.

Je le regarde amusé.

- Ouah !! Me voilà pote avec un môme !! J’y crois pas !!

- N’exagère pas quand même Florian, de nous deux je ne sais pas qui est celui qui fait le plus gamin ! Hi ! Hi ! Donne-moi ton zéro six pour que je te confirme pour samedi.

Je le lui donne pour qu’il le rentre direct dans son portable, il envoie un appel pour que j’aie le sien et nous nous quittons, non sans nous retourner plusieurs fois pour nous faire des petits signes d’au revoir de la main.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (79/125) (Paris) (Raymond et Luka)

« Jeudi quatorze heures, bord de Seine »

- C’est bien à cet endroit que vous avez trouvé la victime ?

- Oui inspecteur !! Je promenais mon chien comme tous les soirs avant d’aller me coucher, je l’ai vu renifler quelque chose et quand je me suis approché, j’ai trouvé ce pauvre homme baignant dans son sang. J’ai tout de suite appelé la police en le croyant mort, c’était horrible inspecteur !! J’en rêve toujours la nuit vous savez !! J’espère que vous attraperez celui qui a fait une chose pareille, c’est un grand malade croyez-moi !

La juge s’approche d’eux, la reconstitution des faits qu’elle a demandée n’a rien apporté de nouveau au dossier si ce n’est de mettre en place une télésurveillance pour pouvoir après coup analyser un à un les identités des curieux qui se pressent autour d’eux et dont elle a un faible espoir d’y découvrir un suspect potentiel, ayant été attiré par l’annonce de la reconstitution parue dans les divers journaux et chaines d’actualités régionales à cette fin.

- Vous ne vous rappelez de rien d’autre ? Un véhicule ou quelque chose d’inhabituel ?

- Non madame la juge, j’étais trop horrifié par la vue de cet homme pour avoir l’esprit clair vous comprenez ?

- Bien sûr !! Je ne vous fais aucun reproche, c’est une réaction parfaitement naturelle.

- A-t-on pu le sauver ?

- Hélas non !! Il n’a pas survécu à ses opérations et n’a jamais repris connaissance, nous ignorons toujours son identité.

- (Raymond) En avez-vous terminé madame ?

- Oui inspecteur !! Vous pouvez libérer la zone.

Raymond fait signe à son collègue qu’il peut se relever et donne ses instructions pour le repli des forces de l’ordre, son regard parcourt rapidement le visage des curieux attroupés autour d’eux et son front se crispe un bref instant en apercevant celui dont l’image depuis qu’il connait son identité, est gravé à jamais dans sa mémoire.

Constaté que celui qui se fait toujours passer pour Luka soit présent ne l’étonne qu’à moitié, comprenant très bien qu’il cherche lui aussi à savoir où en est la police et s’il peut encore garder sa fausse identité en toute impunité, c’est sans doute le cas puisque ses lèvres esquissent un bref sourire de satisfaction avant qu’il se recule tranquillement et quitte les lieux de la reconstitution du crime.

Raymond ne sait pas à quel point il se trompe sur l’interprétation du sourire sur les lèvres de l’espion, il se retient avec difficulté de lui courir après et de le massacrer comme il en rêve chaque nuit depuis que lui a été confié cette affaire, la vision soudaine de Luka couvert de bandelettes dans son lit d’hôpital le fait frissonner.

La berge se vide enfin et c’est toujours avec une colère sourde qu’il monte dans le véhicule sous le regard condescendant de son collègue et ami, déjà à l'attendre au volant.

- Il était là ?

- Oui !! Tu te rends compte du fumier que c’est !! Se montrer en plein jour sur le lieu où il a charcuté sa victime.

- Pauvre garçon !! Ça doit être horrible comme situation, tu imagines un peu !! Tu te promènes tranquillement et tu te retrouves entre les mains d’un assassin de la pire espèce qui ne te connais même pas et qui fait ça juste pour se donner une identité.

- Il mériterait le même sort crois-moi !!

Son collègue est soudainement inquiet du ton qu’il a pris.

- Tu ne vas pas faire le con !!

- Ce n’est pourtant pas l’envie qui m’en manque, j’attends juste d’avoir le top pour pouvoir le serrer et il y aura intérêt à ce que je ne sois pas seul ce jour-là.

- Pense à ton petit copain Raymond !! Il a besoin de toi et ça devrait te donner à réfléchir.

- Tu crois que je ne le sais pas ? C’est justement pour ça que j’arrive à me retenir.

L’homme tourne un instant la tête en souriant.

- Tu tiens beaucoup à lui pas vrai ?

Le visage de Raymond se radoucit soudainement.

- Tu ne peux même pas imaginer à quel point !!

- Et lui ?

Raymond sourit.

- Tu n’auras qu’à lui demander, tu n’oublies pas notre invitation de samedi soir.

***/***

« Quelques heures plus tard »

Luka sort de la fac et se dirige rapidement vers la gare du RER tout près du campus, il a toujours une pointe d’appréhension pendant ce bref trajet et fait toujours en sorte qu’il soit le plus rapide possible, s’imaginant poursuivit par celui qui l’a déjà laissé une fois pour mort et qui viendrait terminer son sinistre travail.

Quelques-uns de ses nouveaux camarades de cours lui en ont déjà fait la remarque et cherchaient à comprendre pourquoi il ne restait jamais avec eux pour prendre un pot, ou tout simplement taper la discute comme eux aiment le faire après une journée à bûcher sur des cours bien souvent insipides.

L’excuse qu’il donne à chaque fois a quand même un grand fond de vérité, quand il leurs répond qu’il est pressé de retrouver l’amour de sa vie et qu’il voit leurs sourires et pour certaines une légère marque de déception, ayant eu ou ayant encore des vues sur ce jeune garçon des plus plaisant et déjà amoureux, envieuses de celle qui a eu la chance de lui mettre le grappin dessus.

Il en est là dans ses pensées quand quelque chose de dur vient s’appuyer fortement au niveau de ses reins et l’amène dans une frayeur sans nom.

Une ombre le recouvre, une voix sourde au fort accent de l’Est lui souffle à l’oreille.

- Avance tout droit et surtout ne t’avise pas à tenter quoi que ce soit, c’est bien compris !!!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (80/125) (Paris) (Raymond et Luka) (suite)

Luka en tremblant.

- Qu’est-ce que vous me voulez ??

La voix change de ton et devient soudainement rieuse, en même temps qu’une main vient se plaquer sur ses fesses assez virilement.

- Je voulais juste tâter le matos pour savoir ce que ressent le frangin avec un cul pareil sous la main ! Hi ! Hi !

Luka reconnait la voix et un énorme sentiment de soulagement le libère soudainement de sa peur en le laissant les jambes flageolantes, Patrick le rattrape juste à temps avant qu’il ne trébuche et comprend alors que sa plaisanterie n’était pas du meilleur gout, ayant tout simplement complètement oublié ce qu’a vécu récemment son jeune beau-frère.

- Excuse-moi, je voulais juste plaisanter un peu. Je sais !! C’était nul !!

Luka retrouve ses esprits en repoussant assez sèchement l’aide de Patrick.

- Mais quel âge tu as !!! Ça ne va pas dis !! J’ai cru que j’allais encore une fois me faire poignarder en pleine rue !!

- Je me suis excusé, qu’est-ce que tu veux de plus.

- (Luka) Tourne toi pour voir ?

Patrick étonné fait un demi-tour en gardant la tête dirigée vers son beau-frère.

- Comme ça ? J’ai un truc qui ne va pas dans le dos ?

Luka esquisse un début de sourire narquois en lui plaquant à son tour une main aux fesses et en le pelotant outrageusement en pleine rue.

- Hum !! Pas mal !! C’est bien ferme là où il faut, ça tient de famille on dirait.

- Hé !!!! vas y, ne te gêne pas surtout !!

- Comme tu le dis si bien, je tâte le matos pour faire la comparaison.

Patrick aperçoit plusieurs personnes les regardant avec un sourire amusé.

- Je vais me taper une sacrée réputation maintenant.

- Tiens donc !!! Et pour moi ce n’était peut-être pas pareil tout à l’heure ? Bon !! Tu étais venu pour quoi au juste ?

- Te faire un petit coucou, j’étais dans le coin et comme j’avais terminé mon boulot pour aujourd’hui….

- Tu t’es dit, tiens !! Si j’allais foutre la trouille à Luka ?

Patrick sursaute et regarde autour de lui pour vérifier si quelqu’un a entendu ses paroles.

- T’es dingue ou quoi !!

A voix basse.

- N’oublie pas ta couverture !!

Luka blêmit en jetant un œil rapide vers les quelques personnes qui auraient pu l’entendre, apparemment ils n’ont pas fait spécialement attention à leur conversation et rien n’indique que l’un d’entre eux s’est aperçu de son écart de langage.

- C’est toi aussi à venir comme ça derrière mon dos !!

- On oublie tu veux bien ? Allez !! J’ai ma voiture pas loin, je te ramène ? Ça me permettra de voir un peu le frangin par la même occasion, il ne passe plus si souvent maintenant qu’il n’est plus seul.

- Vous pouvez aussi venir nous voir.

- Je le sais bien mais les habitudes sont ce qu’elles sont, allons-y !! Je commence à me les peler.

- Oh !! Les pauvres chéries !! Ce serait dommage quand même ! Hi ! Hi !

Patrick lui envoie une bonne bourrade dans le dos.

- C’est ça !! Continue ton cirque, d’ailleurs ça me fait penser que je me suis toujours demandé ce que ça faisait avec un mec ! Ça doit faire bizarre, non ?

- Sûrement pas plus qu’avec une fille, tu n’as qu’à essayer toi qui aime tant les comparaisons.

- Va falloir que j’en parle au frangin alors.

- Je ne vois pas le rapport avec Raymond ?

- Comment ça tu ne vois pas le rapport ?? Je ne vais quand même pas me taper son mec sans sa permission.

Luka se fige, il tourne la tête pour voir aussitôt le regard rieur de Patrick et comprendre qu’il est encore en train de le mettre en boite.

- Pfff !!! Et tu crois être drôle en plus !! Méfie-toi que ce ne soit pas moi qui veuille tester le petit frère, surtout après ce que j’ai eu sous la main !! Hum !! Ne va surtout pas me donner des idées.

C’est au tour de Patrick de rester figé comme un imbécile en pleine rue, Luka rigole intérieurement en attendant devant la portière de la voiture et en rajoute une couche pour bien lui mettre les boules.

- Bon tu viens ?? Avec un peu de chance nous aurons le temps d’un gros câlin avant que ton frère rentre à la maison.

Patrick monte côté chauffeur, visiblement pas dans son assiette et c’est un peu plus loin quand il s’arrête à un stop, qu’il tourne la tête vers Luka de toute évidence mal à l’aise.

- Je disais ça pour plaisanter tu sais ?

Luka éclate de rire.

- Moi aussi patate ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (81/125) (Paris) (Chez les Novak)

« Flashback de la veille au soir »

Fabienne la mère des triplés entend la porte s’ouvrir, elle jette un œil depuis l’entrée de sa cuisine et aperçois un de ses fils qui se déchausse dans le couloir.

- C’est toi Jordan ?

- Non m’man, c’est Johan !!

- Ah !!! Décidément je ne m’y ferai jamais !!

Elle retourne à ses fourneaux en maugréant dans ses dents, Jordan sourit, heureux d’avoir encore une fois mis le doute à sa mère.

Il a fallu attendre qu’ils aient l’âge de comprendre pour qu’ils se mettent tous les trois d’accord sur le prénom qu’ils allaient prendre officiellement, car jusque-là ils se faisaient appeler par un des trois prénoms sans véritable discernement et c’est d’ailleurs ce quiproquo incessant sur leurs identités qui les a poussés à ce jeu qui depuis est une véritable institution entre eux.

Ils ont tout fait pour que personne jamais ne puisse les reconnaître à coup sûr, allant jusqu’à tirer au sort chaque dimanche le prénom qu’ils porteront la semaine entière et qui bien sûr changeait régulièrement au gré de la lecture du billet qu’ils dépliaient avec un énorme amusement, ne permettant ainsi à personne de remarquer un indice qui aurait pu les différencier.

Ce petit jeu est maintenant terminé depuis presque un an mais n’a toujours pas permis à leurs parents de faire une réelle différence entre eux trois, même si comme aujourd’hui l’intuition est de plus en plus exacte venant de leur part.

Jordan monte dans la chambre que bien entendu ils partagent ensemble et allume l’ordinateur pour y passer un moment tranquille avant le retour de ses frères et surtout faire le point sur l’avancement de leur petite farce qui a débuté sur une demande amusée de leur père que lui a faite son patron.

Toujours partant pour ce genre de plaisanteries pour lesquelles ils sont passés maîtres, c’est avec un grand sourire commun qu’ils ont été tout de suite d’accord et qu’ils ont écouté attentivement tout ce que leur père pouvait leur apprendre sur le dénommer Florian et ses amis.

Il envoie un mail sur les iPhones de ses frères pour les prévenir de ne plus utiliser le prénom de Johan au cas où leur mère poserait la question et reçoit quasiment immédiatement un smille clin d’œil de ses deux frères.

Jordan se désintéresse très vite du PC et va s’allonger sur un des lits pour réfléchir, même ce geste d’en prendre un au hasard lui est naturel et prouve à quel point ils sont raccords, n’ayant absolument rien de personnel et partageant tout jusqu’aux boxers avec ses frères.

D’ailleurs pour preuve s’il le fallait, il n’y a qu’une armoire et qu’une commode dans la chambre, les vêtements étant pris le matin au hasard dans la pile ou sur les cintres.

Un bruit dans le couloir lui amène un sourire épanoui, celui d’avoir enfin ses deux frères à ses côtés et l’empressement de ceux-ci à le rejoindre dans la chambre montre combien c’est réciproque, le trio ayant un besoin pour ne pas dire une addiction d’être ensemble après les séparations de la journée.

Très peu de gens même dans le quartier où pourtant ils sont nés, à part ceux qui comme eux y ont toujours vécu savent qu’ils sont trois, s’arrangeant toujours pour qu’au moins un d’entre eux prenne un autre chemin quand ils décident de sortir ou pour une activité en commun.

Chose extrêmement rare sauf en vacances loin de l’endroit où ils habitent et auquel cas ils deviennent vraiment inséparables et profitent à fond de ses périodes qui pour eux valent tous les cadeaux du monde.

Ce n’est pas faute à leurs parents d’avoir pourtant tout essayé, du moins au tout début mais les crises qu’ils faisaient alors les en ont très vite dissuadés pour arriver à ce statu quo dont ils s’amusent à leur tour car souvent sujet à de bonnes parties de fous rires quand ils voient la tête des personnes qui s’y font prendre.

La porte s’ouvre et Johan entre suivi par Jonas, en quelques secondes les lits sont accolés et les trois frères si retrouvent allongés, souriant en se tenant la main.

Quelqu’un qui les verrait à ce moment si particulier en comprendrait sûrement beaucoup sur le lien indéfectible qui les unit et n’oserait certainement pas troubler cet instant de sérénité ou le silence n’est qu’à peine perturbé par les respirations sereines de la fratrie.

Jordan et Johan basculent chacun leur tour sur le côté en faisant face à Jonas qui comme bien souvent depuis quelques années se retrouve entre eux, leurs yeux brillent devant le visage épanoui de leur frère, qui et c’est peut-être la seule différence qu’il y ait entre eux, est le plus sensible émotionnellement de la fratrie.

Jordan presse un peu plus fort la main de son frère qu’il n’a pas lâchée, Johan en faisant autant dans une parfaite symbiose.

- On dirait bien que ta rencontre s’est passée encore mieux que prévu, raconte !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (82/125) (Paris) (Chez les Novak) (suite)

Jonas pousse un léger soupir, marquant combien la rencontre d’avec Florian l’a fortement perturbé émotionnellement.

- Papa était loin du compte quand il nous a décrit Florian, je ne trouve pas mes mots, il est….

- (Johan) Craquant ?

- (Jordan) Magnifique ?

Jonas regarde ses frères avec curiosité.

- Vous le connaissiez déjà ?

- (Jordan) Pas du tout mais s’il est à l’image de son copain Yuan, c’est le premier adjectif qui m’est venu.

- (Johan) Idem pour Thomas.

Jonas les yeux marquant sa stupeur.

- Depuis quand vous parlez comme ça des mecs vous deux ?

- (Johan) Depuis que j’en ai vu un qui le mérite, je n’en suis pas encore remis et vous en seriez au même point si vous aviez été à ma place.

- (Jordan) Pareil pour moi et je pèse mes mots !! Quelle histoire vous ne trouvez pas ??

Apparemment à t’entendre, Florian serait du même acabit ?

- (Jonas) Je n’ai pas encore vu les deux autres mais Wouah !! C’est assez déroutant !! Alors comme ça, vous deux aussi vous avez eu un coup de cœur ?

Johan avec le sourire.

- Disons que j’ai été agréablement surpris de cette rencontre.

Jordan comme bien souvent termine la phrase.

- Et que je ne m’y attendais certainement pas.

- (Jonas) Et bien !! Vous voilà converti vous aussi ! Hi ! Hi !

- (Johan) Quand même pas, mais je dois reconnaître que cette rencontre m’a marqué et même si je n’éprouve pas comme toi un gout prononcé pour les garçons, je serais déçu si je ne devais pas le revoir.

Jordan fait un clin d’œil à Johan.

- Je n’aurais pu dire mieux, j’ai rencontré un mec super cool et d’une gentillesse rare, qui plus est avec un physique à tomber raide dingue. Maintenant c’est juste de l’amitié que j’éprouve déjà pour Yuan et rien de plus, mais j’ai la nette impression qu’on n’en a pas fini avec toi « Jo ».

Jonas a les yeux qui brillent en regardant attentivement ses deux frères, il ne les a jamais entendus parler des garçons comme ils le font en ce moment même et il est troublé par la façon dont ils le font, sachant très bien qu’ils ne sont pas gays comme lui.

Ça risque de vite devenir compliqué car déjà il a flashé grave sur Florian et ses amis ont l’air d’être de la même trempe, ce qui se connaissant n’a pas fini de lui occasionner de forts remous sentimentaux.

Il voit bien que ses frères n’en ont pas fini avec leurs questions et n’auront de cesse d’en savoir plus sur ses sentiments, il est néanmoins sauvé par le gong ou plutôt l’arrivée imprévu de son père qui venant de rentrer vient très certainement aux nouvelles.

« Toc ! Toc ! Toc »

Les garçons se rallongent vite fait sur leurs lits et reprennent un air bien sage.

- Je peux entrer ?

- Bien sûr p’pa !!

La porte s’ouvre et Victor entre dans la chambre, il regarde ses fils avec tendresse et vient s’allonger parmi eux qui aussitôt qu’il leur est apparu, lui ont fait une place pour qu’il les rejoigne.

Victor se cale contre Jonas et attend que ses deux autres fils changent de positions pour venir poser leurs têtes comme ils le font habituellement sur sa poitrine.

Il leurs caresses tendrement les cheveux en soupirant de bien être, ses fils tout comme son épouse sont pour lui l’oasis d’amour et de paix qui l’aident à exercer son métier et rechargent ses batteries encore mieux que le meilleur des sommeils réparateurs.

- Alors comment ça a marché ?

- (Jordan) Comme prévu, nous étions justement à en discuter pour la suite.

- Lequel de vous va s’y coller ?

- (Johan) Pas Jonas en tous les cas ! Hi ! Hi !

- Tiens donc et pourquoi ça ?

Jordan en regardant tendrement son frère.

- Parce qu’il est tombé amoureux de Florian figure toi p’pa ! Hi ! Hi !

Victor sent son fils se resserrer encore plus contre lui, il se tourne vers lui pour l’embrasser sur le front.

- Et bien !! Il ne manquait plus que ça !! Si vous me racontiez tout ça en détail les garçons !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (83/125) (Paris) (Stanislas)

« Jeudi après la reconstitution »

Maurice est dans son bureau le visage soucieux, un rapport vient de lui parvenir sur les déplacements du faux Luka et il ne voit pas d’un bon œil qu’il se soit rendu précisément à l’endroit où a eu lieu la reconstitution du crime où il est impliqué.

Il comprend malgré tout la curiosité qui a pu le pousser à s’y rendre, à défaut de trouver ça judicieux vis-à-vis de sa couverture actuelle mais par contre ce qu’il trouve bizarre, ce sont ses agissements après coup qui au final donne à Maurice cet air soucieux et contrarié.

L’équipe en charge de le surveiller discrètement rapporte qu’il s’est mis à suivre un véhicule de la police scientifique jusqu’au poste de police et qu’il a pris des photos des deux inspecteurs qui étaient à bord pendant qu’ils rentraient dans l’immeuble.

Maurice se rassoit à son bureau pour prendre ensuite son téléphone, il compose le numéro de Raymond et lance l’appel.

- …….

- C’est Maurice !! J’ai deux hommes dehors près de ton bureau !! Il vous a suivi, il est en ce moment dans la rue sûrement à attendre que toi ou celui qui était avec toi en ressorte.

- …….

- Si je le savais !! Prends tes précautions et préviens ton collègue, surtout rappelle-toi qu’il est dangereux et qu’il peut lui passer n’importe quoi par la tête.

- ……

- J’espère seulement qu’il fait ça juste par curiosité mais je n’y crois pas trop, j’ai une mauvaise intuition alors faites attention.

- ……

Maurice raccroche et soupire, il recompose très vite un nouveau numéro en pianotant nerveusement de son autre main sur le dessus de son bureau.

- ……

- Désmaré !! Que fait-il maintenant ?

- ……

Maurice se lève d’un bond.

- De quoi !!!

- ……

- Surtout pas !! S’il s’apercevait que quelqu’un le cherche, c’en serait fini de notre crédibilité et dieu seul sait ce dont il est capable s’il se sait découvert !!

- ……

- Retournez à son appartement, il finira bien par y retourner !! Bravo les gars !! Je vous félicite !! Pour des professionnels vous avez fait fort sur ce coup-là !! Le laissez filer sous votre nez en pleine rue !!

Maurice raccroche sèchement et ses yeux marquent une forte colère quand il rappelle Raymond pour le prévenir, le téléphone sonne jusqu’à tomber sur sa boite vocale.

- Raymond, c’est Maurice !! Il a échappé à la surveillance de mes hommes !! Reste où tu es avec ton collègue, dès que nous reprenons contact avec lui je te préviendrais mais en attendant pas d’imprudences surtout !!

Maurice claque le combiné sur sa base.

- Hé merde !!

***/***

"Une heure et demi plus tard"

Raymond après avoir enfin pris connaissance du message de Maurice, entre comme une furie dans le bureau de son collègue et ami, celui-ci est vide et il en ressort encore plus vite, à l’accueil il demande au brigadier de service s’il ne l’a pas vu.

- Tu sais où est Rémi ?

- Il vient de sortir, je crois bien qu’il rentrait chez lui.

- Le brigadier voit la pâleur soudaine de Raymond et s’en inquiète aussitôt.

- Ça ne va pas « Ray » ?

Raymond d’une voix éteinte.

- Préviens les collègues !! Je crains que quelqu’un veuille s’en prendre à lui !! Tu sais ce que tu dois faire ?

Le brigadier devient blanc à son tour.

- Je mets tout le monde sur le coup !!

***/***

« Une demi-heure plus tard dans une cave désaffectée »

L’inspecteur Rémi Boullard est allongé sur le sol de béton gelé, son corps déjà tuméfié par les coups violents qu’il vient de recevoir sans discontinuité depuis qu’il y a été jeté les mains et les pieds liés.

Stanislas le regarde en le poussant violemment du pied.

- De toute façon tu es déjà mort, maintenant à toi de choisir si ce sera rapide ou si tu préfères souffrir !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (84/125) (Paris) (Stanislas) (fin)

L’inspecteur connait bien ce ton de voix et sait pertinemment que la menace est réelle, déjà les coups qu’il a reçus l’empêchent de voir son agresseur car ses paupières sont tellement gonflées qu’il ne peut plus ouvrir les yeux.

- Qu’est-ce que vous me voulez !! Je suis inspecteur de police.

- Je sais qui tu es, je veux savoir ce que tu sais sur cette affaire et plus vite tu auras parlé, plus vite ce sera terminé pour toi !!

- Va te faire foutre !!

Un « clic » sinistre suit ses paroles et une énorme douleur le paralyse quand son oreille se détache de sa tête et tombe au sol.

- Arrhhh !!!

- Mauvaise réponse !! Sois raisonnable, tu vois bien que j’irai jusqu’au bout et que tu finiras par tout me dire.

- Mais que me voulez-vous à la fin !!

- Tout ce que vous avez appris sur le cadavre, j’étais à la reconstitution tout à l’heure alors parle !!

- Arrhhh !!

La deuxième oreille vient de rejoindre la première, ce n’est que le début car le quart d’heure qui suit est une vraie boucherie et c’est un Rémi atrocement lacéré, baignant dans son sang et suppliant qui finit par craquer.

- Arrêtez !! Pitié !!

- Dis-moi ce que tu sais et tu ne souffriras plus !!

- Arrhhh !!! Pitié !!!

Dans un souffle.

- Luka est vivant !!

Stanislas sourit cruellement, il a enfin la confirmation qu’il attendait depuis qu’il avait remarqué le regard dur que Maurice lui avait jeté lors de leur dernier entretien et également les sourcils froncés de colère de l’autre inspecteur quand son regard est tombé sur lui pendant la reconstitution.

Le premier indice lui a été donné alors qu’il quittait le bureau et le visage de Maurice se reflétait sur le carreau de la porte devant lui, Stanislas avait fait comme si de rien n’était mais depuis beaucoup de questions se sont posé à lui et voilà qu’il en a enfin les réponses.

- Où est-il ?

La réponse ne venant pas, il passe la pointe du couteau à cran d’arrêt qui lui sert depuis le début à charcuter sa victime sur la paupière enflée de Rémi et appuie lentement jusqu’à ce que le premier sang jaillisse sous sa lame.

- Je ne le répéterai pas une troisième fois, où est-il ?

- Pitié non !! Il vit avec Raymond !! Je ne sais rien de plus, juste qu’il a une autre identité et que la DST est sur le coup !! Pitié maintenant, laissez-moi !!

- L’adresse ?

Rémi la lui donne dans un souffle, il sait qu’il vient de trahir son ami mais le supplice qu’il endure est trop atroce pour qu’il ait encore le courage nécessaire pour se taire.

Un rire sardonique emplie la cave, Rémi en frémit d’horreur en comprenant que sa dernière heure vient de sonner et il en est presque soulagé, au vu de l’énorme souffrance que lui envoie son corps martyrisé.

- Tu voulais que j’aille me faire foutre ? Ce ne sera toujours pas par toi après que j’en aurai fini ! Ha ! Ha ! Ha !

Rémi sent une main lui ouvrir le pantalon et le faire descendre juste assez pour lui mettre le sexe à l’air et une brulure atroce lui parcourt le corps jusqu’au cerveau quand d’un geste vif Stanislas le lui tranche au raz du pubis.

Le sang gicle au rythme de son cœur jusqu’à ce que celui-ci cesse de battre et que Rémi n’ayant plus la force de hurler et de pleurer de détresse, s’affaisse dans un dernier soupire.

Stanislas est resté jusqu’à la fin, semblant particulièrement apprécié les larmes et les cris de désespoir de sa victime, ce n’est qu’une fois que tout est terminé qu’il nettoie son couteau sur un coin de vêtement rester intacte et sort de la cave en refermant précautionneusement derrière lui, sachant très bien que là où il est, il va sûrement se passer un bon moment avant que quelqu’un ne le trouve.

Une fois de retour dans la rue, il part d’un bon pas tout souriant et en sifflotant, Stanislas passe près du poste de police en faisant un signe de tête de courtoisie au policier posté devant l’entrée qui lui répond d’un sourire.

- Belle journée n’est-ce pas ? Un peu froide !!

- Comme vous dites monsieur l’agent, il fait frisquet !! Bien le bonsoir !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (85/125) (Paris) (Florian)

Il n’est pas encore si tard une fois quitté Johan et je n’ai ni envie de rentrer, ni d’aller bosser mais simplement de me balader et pourquoi pas d’aller rendre visite à un de mes amis.

Tout naturellement je pense à Luka, je souris en me disant que ce ne serait pas une mauvaise idée d’aller lui faire un petit coucou histoire de voir comment il va et surtout s’il s’habitue à sa nouvelle vie.

C’est donc d’un bon pas que je rejoins la gare RER la plus proche, je n’ai pas longtemps à attendre et le peu de monde dans la rame me permet de m’installer tranquillement.

Je passe ensuite le temps en regardant le paysage par la fenêtre, appréciant à sa juste valeur ce moment de solitude qui me permet de réfléchir à tout ce que j’ai appris dernièrement.

Déjà la bonne nouvelle de ce matin quand Louis mon banquier m’a confirmé qu’il avait mis un de ses meilleurs agents boursiers au rachat des actions disponibles du laboratoire Bohringer qu’avec mes associés et amis nous convoitons, Louis était tout heureux de m’apprendre que déjà j’étais possesseur d’un bon petit paquet d’action obtenue à un prix raisonnable.

Sachant que Ming et Hassan en faisaient tout autant, il ne restera plus grand-chose à récupérer lors de la prochaine OPA avant que nous soyons détenteurs de la majorité décisionnelle et que nous commencions le lancement des prochaines molécules qui devraient soulager un grand nombre de personnes sur la planète.

L’aspect financier n’est pas le plus important pour moi mais je suis conscient qu’il faille en passer par là pour financer mon projet et surtout faire en sorte qu’il soit pérenne sur le long terme, sachant très bien les sommes colossales que ça implique.

Me revient ensuite la conversation à table d’avec le président sur ma présence souhaitée au prochain congrès de Kyoto, j’imagine la tête que j’ai dû faire alors pour qu’il éclate de rires comme il l’a fait et il y a été de son argumentaire pour que j’accepte d’y être présent.

Maurice a dû très bien le briffer sur mes passions, car il a su mettre en avant des mots qui m’ont touché et dont je ne pouvais pas ne pas me rallier, obtenant ainsi l’accord qu’il attendait de ma part malgré ma réticence certaine à prendre l’avion pour m’y rendre.

L’écologie étant après la médecine le deuxième de mes points d’intérêts, je lui ai exposé quelques idées qui je crois devraient permettre à chaque nation de prendre conscience de l’urgence d’un tel accord et je me battrai bec et ongles pour me faire entendre.

« Jacques » l’a bien compris tout comme sa femme d’ailleurs qui n’a eu de cesse de me féliciter d’avoir malgré mon âge une telle connaissance du sujet mais surtout d’y amener des idées novatrices en la matière dont elles ne pourront pas elle en est certaine, ne pas être entendu.

J’en suis là dans mes pensées quand la rame entre en gare et que je m’aperçoive que c’est celle où je dois descendre, j’envoie un texto à Thomas et Yuan pour leur demander de ne pas m’attendre pour dîner, ayant bien l’intention de me faire inviter chez mes amis et pourquoi pas passer la soirée avec eux s’ils m’en font la demande.

C’est un grand sourire aux lèvres que je lis leurs réponses qui bien sûr ne m’étonnent pas plus que ça.

« Texto »

• Nous aussi on aimerait bien voir Luka et Raymond, du coup on te rejoint là-bas ! Dis leurs qu’on ne vient pas les mains vides et qu’ils ne se cassent pas la tête pour la bouffe.

« Deuxième texto »

• Hors de question que tu découches ! Hi ! Hi ! Plus que trois nuits ensemble avant un mois !!

J’éclate de rire dans la rue, faisant se retourner sur moi quelques visages curieux.

- Ha ces deux-là je vous jure ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (86/125) (Paris) (Raymond)

Rémi reste introuvable malgré l’imposant dispositif mis en place, de ce fait Raymond commence à sérieusement s’inquiéter pour son collègue et ami, il est dans un des couloirs de l’immeuble où habite Rémi à frapper depuis déjà un moment à la porte de son appartement.

Une voisine ouvre sa porte pour voir qui tambourine ainsi depuis tout ce temps, elle reconnait Raymond pour souvent l’avoir aperçu avec son voisin de palier et elle sort dans le couloir pour lui parler.

- Il n’est pas rentré !! Je viens juste de terminer son ménage, mais si vous voulez l’attendre je peux vous ouvrir ?

- Volontiers, merci !

La femme va chercher les clés chez elle et lui ouvre la porte.

- S’il n’est pas de retour quand vous repartirez, prévenez-moi pour que je referme.

- Entendu madame, merci beaucoup.

La femme voit bien aux traits tirés de Raymond que celui-ci se fait du souci, elle connait son métier et s’en inquiète aussitôt, aimant beaucoup Rémi qui a toujours un mot gentil à son égard.

- Rien de grave j’espère ?

- J’aimerais tellement vous répondre que non, si vous saviez !!

- Oh !! Mon dieu !!

Raymond ne veut pas l’affoler plus que nécessaire, aussi c’est d’une voix se voulant rassurante qu’il la laisse dans le couloir en entrant dans l’appartement.

- Je suis certain que je me fais du souci pour rien, sans doute est-il chez un ami ou en courses.

Il referme la porte pour ne pas lui laisser le temps de poser de nouvelles questions et va directement s’asseoir sur un des fauteuils du salon, afin de passer quelques coups de téléphone pour prendre des nouvelles.

Ce n’est que devant les réponses négatives de ses collègues interrogés, qu’il se décide à appeler Maurice.

- Allô ? C’est Raymond, mon collègue a disparu, où en êtes-vous avec l’espion russe ?

- ……

Raymond pâlit soudainement.

- Comment ça ??

- ……

- Je suis chez Rémi mon collègue !!

- ……

- Mais !!!

- …..

- Entendu j’attends que vos hommes arrivent, je vous donne l’adresse.

Raymond indique l’adresse à Maurice et raccroche la voix devenue tremblante de ce qu’il vient d’apprendre, Luka ou plutôt celui qui se fait passer pour lui non seulement n’est pas rentré dans le studio de ce dernier, mais en plus après l’inspection des hommes de Maurice, ceux-ci n’ont pu que constater l’état désastreux de l’appartement qui de toute évidence a été abandonné après avoir été mis à sac.

***/***

Maurice fait le rappel de tous ses hommes disponibles, il les envoie partout où il pourrait y avoir une chance que Stanislas aille et bien sûr en premier lieu chez Raymond où il sait que le vrai Luka se trouve.

Un rapport lui arrive en mail et il fronce les yeux en le lisant, une exclamation de rage s’échappant alors de ses lèvres montrant l’inquiétude que lui apportent les dernières nouvelles.

- Manquait plus que ça !!

Il décroche une énième fois son téléphone et attend avec impatience que son interlocuteur décroche.

***/***

Je suis sur l’avenue qui mène au pavillon de Raymond quand j’entends mon portable sonner, je le sors de ma poche et regarde qui est l’appelant, un sourire me vient quand je lis le nom de Maurice et je décroche en lançant un « Kikou !! » enjoué.

- ……

Je pile dans l’avenue.

- De quoi ??

- ……

- Tu crois qu’il viendrait jusque-là ?

- ……

Une étrange colère peu coutumière me prend soudainement.

- Arrête tes hommes !! Je vais m’en occuper moi-même !!

- ………..

- Je sais ce que je fais !! Par contre demande leurs d’intercepter Yuan et Thomas qui doivent eux aussi venir chez Raymond, je préfère qu’ils ne prennent aucuns risques tu comprends ?

- ……….

- Je ne suis plus qu’à quelques minutes à peine du pavillon, ne te fais pas de bile, tout ira bien !! ...Du moins ... pour nous !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (87/125) (Paris) (Florian) (suite)

Luka et son beau-frère rentrés de la fac sont depuis quelques temps déjà à l’intérieur de la maison quand la sonnette de l’entrée résonne, Luka s’empresse d’aller ouvrir en se demandant qui peut bien venir à une heure pareille en semaine.

- Florian !!! Quelle bonne surprise !! Mais entre !!!

J’entre après lui avoir fait la bise, mon air sérieux ne manque pas de l’inquiéter et son sourire disparait aussi vite qu’il lui était venu.

Je traverse en quelques pas nerveux le couloir et me retrouve dans la pièce à vivre où un jeune homme me regarde arriver avec curiosité, j’ai un soupir de soulagement en constatant que ce n’est pas celui qui se fait passer pour Luka alors que le vrai aurait très bien pu le faire entrer étant donné qu’il n’a qu'une vague idée de ce à quoi il ressemble.

C’est Luka qui m’a suivi sans rien dire qui nous présente.

- Patrick le petit frère de Raymond !

Je hoche la tête.

- Enchanté !

- Florian, celui qui m’a sauvé la vie !

Patrick ressent bien l’atmosphère lourde qui vient d’emplir subitement la pièce, il se lève néanmoins pour saluer le jeune garçon aux yeux d’un vert si spécial en cet instant qu’ils lui glacent le sang.

- Ton ami semble préoccupé ?

- (Luka) Qu’est-ce qu’il se passe « Flo » ? Je ne t’ai jamais vu comme ça ? Quelque chose ne va pas ?

Je lui réponds d’une voix que moi-même ai du mal à reconnaitre tellement elle est marquée par la haine.

- Il connait la vérité !! Je pense qu’il est en route pour venir ici !!

Luka devient blanc comme un linge.

- Comment a-t-il su ??

- J’ai bien peur qu’un ami de Raymond ne le lui ait dit !!

- (Luka) Pourquoi aurait-il fait une chose pareille ?

- Pas difficile à imaginer, j’ai bien peur qu’il lui ait fait son compte.

Luka sent ses jambes se dérober sous lui et c’est Patrick qui vient le soutenir pour l’asseoir sur le canapé du salon.

- Mon dieu et Raymond !!!

- Il va bien !! Du moins aux dernières nouvelles et Maurice s’en occupe !!

- (Patrick) Il faut appeler la police !!

Je stoppe son geste de vouloir prendre le téléphone et joindre l’acte à la parole.

- Ils sont déjà au courant !! Je leur ai demandé de ne pas intervenir.

- (Patrick) Mais enfin pourquoi ? Luka nous a tout raconté et ce mec est un meurtrier !!

- Pourquoi ?? Tout simplement parce que j’ai bien l’intention de m’en occuper moi-même, voilà pourquoi !!

Luka d’une voix apeurée.

- Tu es fou Florian !! Ce type est un tueur et il n’hésitera pas à nous faire subir le pire, rappelle-toi ce qu’il m’a fait en me laissant pour mort ?

La différence et que tu ne t’y attendais pas mais surtout que tu n’es pas moi !! Il va payer ce qu’il t’a fait et aussi ce qu’il a sans aucun doute fait au collègue de Raymond, sans compter certaines choses que j’ai appris sur lui avant ça !!

Luka est surpris du ton inhabituel de son ami.

- Tu me fais peur Florian ! Je ne te reconnais plus là !!

J’ai un petit rictus involontaire, sans répondre je vais ouvrir la porte fenêtre du salon sous les regards curieux des deux garçons.

Le froid entre aussitôt et nous fait frissonner mais je n’en ai cure et laisse entrouvert avant de revenir près d’eux non sans être passé dans le couloir avant pour déverrouiller la porte d’entrée.

Une fois dans le canapé entre eux deux, un son sort de ma gorge devenant au fil des secondes de plus en plus inaudible pour mes compagnons qui se serrent contre moi pour se réchauffer, n'osant pas poser la question qui pourtant leur brûle les lèvres.

***/***

Stanislas marche rapidement dans l’avenue en lisant les numéros sur les portes des maisons jusqu’à ce qu’il arrive devant le bon et qu’il sonne à la porte, sa main tenant fermement son couteau à cran d’arrêt dans le fond de sa poche.

Une voix qu’il a l’impression de connaitre lui parvient alors aux oreilles et lui fait froncer les sourcils.

- Entrez les gars !! C’est ouvert !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (88/125) (Paris) (Florian) (suite)

Stanislas croit comprendre qu’il y a quelqu’un d’attendu et sourit en se disant qu’il va devoir faire vite, ou peut-être s’amuser plus que prévu suivant comment la situation va se présenter à lui.

Il ouvre la porte et entre dans le pavillon, referme derrière lui en ne faisant pas attention au froid qu’il règne dans la maison, moins prononcé quand même qu’à l’extérieur.

- Nous sommes dans le salon !! Vous arrivez juste à temps pour l’apéro les mecs !!

***/***

Dans l’avenue quatre hommes se rejoignent l’air soucieux.

- Il est rentré !! Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

- Tu connais les ordres !! Nous devons attendre et informer le patron de ce qu’il se passe au fur et à mesure des événements.

- Mais il y a Florian à l’intérieur !! Tu imagines s’il lui faisait du mal ?

- Tu connais les ordres aussi bien que moi, non ? Maurice doit savoir ce qu’il fait.

Deux collègues à eux apparaissent au coin de l’avenue, accompagnés d’un autre homme qu’ils reconnaissent aussitôt comme étant l’inspecteur qui habite le pavillon.

Celui-ci semble dans tous ses états et c’est d’une voix criarde qu’il s’adresse à eux dès qu’ils sont suffisamment près pour l’entendre sans ameuter tout le quartier.

- Luka est rentré ?

- Oui !!

- Qu’est-ce qu’on attend alors pour le prévenir ?

- Nous avons des ordres !!

- Et si l’autre taré venait à arriver ? Vous y avez pensé ?

- Il est déjà à l’intérieur !!

- De quoi ??

Raymond passe la main dans son manteau pour prendre son arme de service, il est immédiatement stoppé dans son geste par les deux hommes qui sont venus le chercher chez Rémi.

Raymond se débat quelques secondes, jusqu’à ce qu’une prise lui bloque le bras suffisamment fort pour qu’il ressente la douleur occasionnée par la torsion.

- Aïe !! Vous êtes cinglés !! Il va le tuer !!

- Luka n’est pas seul à l’intérieur !! Du calme inspecteur !!

- (Raymond) Comment ça il n’est pas seul ? Qui est avec lui ? Des hommes à vous ?

- Florian et un autre garçon que nous ne connaissons pas !!

Raymond tente une nouvelle fois d’échapper à la prise, en vain et ça ne lui rapporte qu’une douleur encore plus forte quand l’homme l’accentue sur son bras.

- Calmez-vous inspecteur, ça ne sert à rien qu’à vous faire du mal !! Nous devons attendre et suivre nos ordres !!

Raymond sent ses nerfs le lâcher et s’écroule en larmes, rattrapé juste à temps par les deux hommes de la DST qui lui évitent ainsi la chute brutale sur le bitume.

D’une voix implorante.

- Il va les tuer !! Vous ne savez pas ce dont il est capable !! Pourquoi n’intervenez-vous pas enfin !! Vous voulez avoir leurs morts sur la conscience ?

- Nous ne faisons qu’exécuter les ordres, c’est Florian lui-même qui a demandé à ce que nous n’intervenions pas.

- Il ne ferait pas de mal à une mouche, vous le savez aussi bien que moi non ?

L’homme esquisse un faible sourire.

- Lui non, mais va savoir pour les mouches ???

***/***

Stanislas entre dans le salon et se fige en reconnaissant Florian assit entre les deux autres garçons qui eux sont raidis par la peur, le jeune rouquin le fixe de ses yeux si étranges qu’un frisson lui parcourt l’échine.

D’une voix rauque pleine de menace.

- Bonjour Luka !! Ou devrais-je plutôt dire Stanislas !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (89/125) (Paris) (Florian) (suite)

Thomas et Yuan sont surpris au moment de quitter l’appartement, quand ils se retrouvent nez à nez avec deux des hommes de Maurice qu’ils connaissent très bien, vu qu’ils faisaient partie de l'équipe qui était au cirque avec eux.

Thomas aussitôt ressent l’inquiétude due à leurs présences.

D’une voix blanche.

- Florian !!!

L’homme d’un geste rassurant.

- Il n’a rien, ne t’inquiète pas Thomas, c’est juste Maurice qui vous demande de ne pas le rejoindre pour l’instant. Nous pensons que le faux Luka a découvert la supercherie et c’est Florian lui-même qui a demandé à ce que nous vous protégions au cas où.

- (Yuan) Et lui il est où ?

- Une équipe veille sur lui jour et nuit, il ne court aucun risque.

Thomas sent au plus profond de lui qu’on lui cache quelque chose, c’est comme une lueur qui brille dans son cerveau lui signalant que son chéri est en danger.

- Puisque c’est ainsi conduisez-nous à lui, il n’y a que comme ça que je serai certain que tout va bien.

- (Yuan) Thomas à raison !! Si Florian ne risque rien, nous pouvons donc le rejoindre !!

Un des deux agents s’éloigne et ils le voient parler dans son micro près de son oreillette, celui-ci revient peu de temps après en faisant un signe de tête affirmatif à son collègue qui se tourne alors vers les deux garçons en souriant.

- Très bien !! Suivez-nous !!

***/***

« Dans la rue près de chez Raymond, les choses sont comme figées. »

Un mouvement alerte un des hommes qui plisse les yeux pour mieux apercevoir les formes qui s’approchent du pavillon, son regard s’arrondit alors de stupeur avant qu’un ricanement irrépressible ne le prenne quand il comprend enfin la nature de ce qui l’a d’abord interpellé.

Sa main se tend dans la direction des mouvements de plus en plus nombreux, faisant par la même occasion se retourner les autres hommes vers la direction qu’il indique et qui déjà se demandaient ce qui pouvait bien lui amener se rire sardonique.

- Je crois que les troupes sont en marche ! Hi ! Hi !

Raymond qui n’a encore jamais assisté à ce genre de chose, ne comprend évidemment rien au comportement des hommes de la DST qui maintenant ont comme par miracle retrouvé le sourire et perdu tout le stress des dernières minutes par la même occasion.

- Quelles troupes ?? De quoi parlez-vous ?? Je ne vois que des pigeons !!

Un des hommes éclate de rire.

- Voyons voir !! Nous avons déjà eu droit aux commandos du Siam, aux tigres panthères (prononcé par l'homme « panzer »), aux régiments de sapeurs et maintenant voilà l’aviation ! Hi ! Hi ! Manque plus que la marine et il nous les aura tous faits ! Hi ! Hi !

Raymond le regarde d’un œil soucieux.

- Vous avez fumé ou quoi ?

- Attends encore quelques minutes et tu vas très vite comprendre de quoi je parle.

Raymond préfère se taire, malgré tout il n’a jamais vu autant d’oiseaux dans le quartier et il lui semble même qu’ils arrivent encore de plus en plus nombreux, ce n’est à l’évidence pas qu’une impression car certains voisins commencent à sortir de chez eux, intrigués eux aussi d’en voir autant surgir de partout et se posant calmement sur la pelouse de leur voisin en attendant ils ne savent quoi exactement.

Un des hommes reçoit un appel et applique sa main sur son oreillette pour mieux entendre, il fait un résumé succinct de ce qu’il se prépare assurément et revient vers eux avec le sourire.

- C’était le patron qui venait aux nouvelles et nous prévenir que Thomas et Yuan étaient en chemin avec les collègues.

Un autre agent.

- Tu lui as dit ce qu’il se passe ici ?

- Oui et crois-moi, j’aurais bien aimé voir sa tête ! Hi ! Hi !

***/***

Maurice s’affale sur son fauteuil le visage marquant toujours l’énorme surprise de ce qu’il vient d’apprendre, son agent semblait visiblement amuser de lui faire son rapport et de lui annoncer que l’aviation était prête à décoller à la moindre alerte.

Ses hommes sont tellement imprégnés depuis leurs séjours au cirque des « dons » pour le moins spéciaux de Florian, qu’ils n’y voient plus que l’aspect comique des choses et ont perdu tous sens communs, ne s’étonnant plus de rien de sa part comme si tout ce qu’il faisait été des plus naturels.

Maurice en est au même point sans vraiment s’en rendre compte car il est au même moment en train de se demander s’il ne devrait pas emmener « Flo » aux iles Galápagos rien qu’au cas où…

Un énorme éclat de rire lui échappe alors et Maurice ne peut s’empêcher de s’exprimer à haute voix en se claquant les cuisses, le visage couvert de larmes.

- C’est que je le verrais bien sur une tortue moi le preux chevalier au casque roux, la bête cavalant après un truand pour lui bouffer le cul ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (90/125) (Paris) (Florian) (fin)

« Dans le salon »

Stanislas sarcastique à écouter les dernières paroles de Florian.

- Je vois que tu en connais suffisamment sur moi pour que je n’aie plus d’hésitations sur la suite.

- De toute façon tu étais venu pour ça, non ?

- Exact !! J’aime bien terminer mon travail.

Stanislas regarde Luka et a un hoquet de surprise devant ce qui lui semble impossible.

- Comment est-ce possible !!!

- Peut-être que ce qui se dit sur moi est exact !

- Dommage alors !!

- Tu peux préciser ta pensée ?

- Que plus personne ne puisse jamais en profiter !!

- Crois-tu que ce sera aussi simple ?

Stanislas sort un revolver qu’il avait pris soin de récupérer dans une consigne quelques heures plus tôt, il le pointe sur la poitrine de Florian avec une grimace de déception.

- J’aurais préféré prendre mon temps avec toi mais je doute maintenant d’en avoir suffisamment.

- Ta réputation posthume va en souffrir assurément !!

Stanislas n’en revient pas de l’aplomb du jeune rouquin qui ne semble pas plus terrorisé que ça, alors que les deux autres en sont presque à faire dans leurs pantalons.

- Tu n’as donc pas peur de mourir ?

- Et toi ?

- C’est moi qui tient le revolver je te signale !! Mais avant j’aimerais comprendre ce que tu es en réalité ?

- Il pointe son arme vers Patrick.

- Ne me fait pas attendre sinon il n’aura pas le temps de l’entendre !! Celui-là peut mourir vite, je n'ai rien contre lui.

- Oh !! Mais c’est avec grand plaisir que je vais te répondre, tu veux savoir ce que je suis ?

- C’était la question en effet !!

- Ton rédempteur !!!

Stanislas sent une nouvelle fois un frisson lui remonter l’échine, les yeux du rouquin luisent et ses iris d’un vert perçant entourent des pupilles qui ne forment plus que deux longs traits verticaux comme ceux des félins.

Son corps se met à trembler comme pris dans un étau de peur primale, il lui faut une énorme volonté pour que sa main tenant l’arme arrête ses tremblements et revienne vers Patrick en pointant sa poitrine, le doigt crispé sur la détente.

- Tu n’es pas humain !!!

- Je vois que tu commences à comprendre, quoique je n’aurais pas employé exactement ses termes. Es-tu conscient que tes actes ne vont pas plaire à celui qui t’emploie ?

- Comment le saurait-il puisque vous ne serez plus là et moi non plus ?

- Ta décision est donc prise ?

- Vous en savez trop sur mon compte maintenant, je n’étais venu que pour terminer un travail bâclé avant de quitter le pays mais vous n’auriez pas dû être là. C’est trop tard maintenant pour que je revienne sur ma décision, ce que j’ai fait tout à l’heure au flic qui suivait l’affaire ne me laisse plus le choix.

Luka pousse un cri de détresse qui les surprend tous.

- Raymond !! Noonnn !!!

Je profite de cet instant de flou pour reprendre mes sons de gorges, une nuée de pigeons entrent par la porte fenêtre toujours ouverte pour venir se poser sur moi et sur le dos du canapé.

Stanislas fait un pas en arrière.

- Qu’est-ce que c’est !!!

- Juste des amis qui vont te faire ce que tu as fait subir à Luka !!

Je sens que la peur commence à le prendre et qu’il va appuyer sur la détente, mon corps se tend et fait basculer le canapé en arrière juste au moment où le coup part et que la balle va se perdre dans les coussins.

Commence alors l’attaque des pigeons qui entrent de plus en plus nombreux dans la pièce et se jettent becs et pattes en avant sur l’espion qui pousse un hurlement de terreur, bientôt remplacer par un gargouillement quasiment inaudible à cause les battements d’ailes des oiseaux furieux qui le lacèrent.

Je me relève sans regarder ce qu’il se passe dans la pièce, j’aide les deux garçons à en faire autant et je sors dans le jardin avec eux sans cette fois ci rappeler ceux qui me sont venus en aide, les laissant achever ce qu’ils font sans ressentir la moindre émotion sur la fin inéluctable et atroce mais combien mérité de cet être vil et méprisant.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (91/125) (Paris) (Retrouvailles après la bataille)

Thomas et Yuan voient bien l’attroupement dans l’avenue quand ils arrivent accompagnés de leurs deux gardes du corps, quelque chose vient sûrement de se passer car des véhicules de police barrent le passage et une ambulance attend, porte arrière grande ouverte.

Yuan blêmit quand lui aussi comprend que tout n’a pas dû se passer sans incident et cherche des yeux tout comme Thomas, la chevelure rousse en pétard qui le rassurerait sur le fait qu’il n’ait rien.

C’est un des hommes de Maurice qui aperçoit en premier Florian et qui le montre du doigt aux deux jeunes à côté de lui.

- Tenez !! Ce n’est pas Florian là-bas ??

Les deux amis tournent en même temps la tête dans la direction indiquée et c’est avec un énorme soupir de soulagement qu’ils le voient suivre deux infirmiers tenant un brancard et monter avec eux dans l’ambulance, il n’a que le temps de grimper que déjà celle-ci repart toutes sirènes hurlantes vers l’hôpital le plus proche.

- (Yuan) Il y a eu du grabuge on dirait bien ?

Le deuxième agent qui les accompagne est déjà en communication avec ses collègues pour prendre des nouvelles et prévenir qu’ils arrivent dans le périmètre de police.

Il revient vers les deux garçons et son collègue pour leur rapporter ce qu’il vient d’apprendre.

- L’espion était bien venu jusqu’ici, il a eu son compte !! Ne me demandez pas comment, quand j’ai posé la question on m’a répondu d’un air sarcastique qu’il s’était fait pigeonner, comprendra qui pourra !! Le mieux c’est d’y aller voir nous-même maintenant qu’il n’y a plus de danger.

- (Thomas) L’ambulance c’était pour qui alors ?

- Un des frères de l’inspecteur Baltot qui se trouvait là avec Florian et Luka, le vrai ! Il aurait pris une balle dans le cul à ce que j’ai compris, rien de grave d’après le collègue et Florian est parti avec lui pour s’en occuper.

Il n’a pas terminé ses paroles qu’un fourgon arrive et se positionne en marche arrière devant le pavillon, les portes arrière claquent et deux hommes sortent rapidement de la maison en tenant un sac noir contenant visiblement une forme humaine.

Des policiers en uniformes repoussent quelques curieux pendant le transfert de ce qui semble être un cadavre, les portes se referment et le véhicule redémarre aussitôt pour s’éloigner rapidement en reprenant le chemin par où il était venu.

L’agitation n’arrête pas pour autant, au fur et à mesure qu’ils se rapprochent, des détails jusque-là trop éloignés pour qu’ils les remarquent leurs sautent alors aux yeux et donnent aux deux amis une idée sur ce qui a bien pu se passer.

Un nombre impressionnant d’oiseaux sont éparpillés dans les arbres et sur la pelouse, semblant attendre quelque chose qui visiblement n’arrive pas.

Thomas est le premier qui voit Raymond et son pas s’accélère pour venir à sa rencontre très vite suivit par Yuan, alors que leurs deux gardes du corps se dirigent eux directement vers leurs collègues pour en toute vraisemblance connaitre les détails de l’affaire en cours.

Raymond tient contre lui le jeune Luka qui visiblement a été particulièrement chamboulé par les derniers événements, son visage est marqué par les larmes et ses yeux rougis leurs font comprendre qu’il a vécu quelque chose d’éprouvant dont le souvenir le marquera longtemps.

- (Thomas) Ça va vous deux ?

Raymond surpris se retourne et reconnait son interlocuteur, son visage tente un sourire rassurant qui n’est pas du meilleur effet et qui prouve bien que lui aussi vient de connaitre des moments particulièrement difficiles.

- Ça va aller, oui !!

- Qu’est ce qui s’est passé ?

- Celui qui se faisait passer pour Luka était venu pour le supprimer quand il a appris qu’il était toujours en vie et qu’il avait été mené en bateau depuis le début.

Luka d’une voix blanche.

- Si Florian n’était pas passé nous rendre visite, il nous aurait certainement tués.

Thomas regarde les pigeons s’envoler un à un.

- Il a encore une fois trouvé des alliés on dirait ?

- (Raymond) Comment ça encore une fois ?

- (Yuan) Florian est un garçon spécial vous le savez bien !! Les animaux ressentent sa particularité et lui obéissent, ils prennent sa défense quand le besoin s’en fait sentir comme vous avez pu vous en rendre compte.

- (Thomas) Luka ou du moins celui qui voulait se faire passer pour lui a dû en subir les conséquences !

Raymond revoit le cadavre baignant dans son sang au milieu du salon, quand avec les autres policiers il est rentré chez lui et frissonne au souvenir du spectacle macabre qu’il a eu sous les yeux.

Malgré la haine qu’il portait à cet homme, le cadavre sans visage lui a amené les larmes aux yeux.

- Je n’aurais souhaité à personne une mort pareille, malgré tout ce que cet homme a fait et j’espère pour lui qu’il est mort très vite tellement c’était horrible à voir.

Thomas frissonne en s’imaginant la scène.

- Brrr !!! J’en ai froid dans le dos !!

Yuan préfère changer de sujet.

- C’était ton frère dans l’ambulance d’après ce que j’ai cru comprendre, j’espère que ce n’est pas trop grave ?

Luka ne peut s’empêcher de sourire quand il revoit Patrick sauter dans tous les sens en se tenant les fesses une fois qu’ils se sont tous les trois retrouvés sur la pelouse.

- Ça aurait pu être pire ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (92/125) (Paris) (Retrouvailles après la bataille) (suite)

Il raconte alors comment juste avant le coup de feu, Florian a fait basculer le canapé en arrière.

La balle a perdu beaucoup de sa vélocité en traversant les coussins et est venue se perdre dans une fesse de Patrick qui sur le coup de la peur qui lui nouait le ventre ne s’en était même pas aperçu.

Ce n’est que quelques minutes plus tard qu’une brûlure est venue le rappeler à l’ordre et qu’ils se sont alors rendu compte qu’une tâche de sang commençait à traverser son pantalon.

***/***

« Hôpital de Meaux »

L’ambulance s’arrête devant la porte des urgences et les deux infirmiers en sortent morts de rires, ils viennent alors ouvrir la porte arrière et entendent de nouveaux les cris d’orfraie que pousse le jeune homme depuis qu’il s’est retrouvé sur le brancard.

Florian en sort à son tour les yeux brillants d’amusement, il a dû subir lui aussi les cris de Patrick qui devait se croire à l’entendre à l’article de la mort malgré la blessure sans réelle gravité qu’il venait de subir.

- Emmenez-le directement au bloc ! Hi ! Hi !

Patrick voit bien qu’ils se moquent de lui alors que pourtant il vient de recevoir une balle à bout portant et s’en insurge avec véhémence depuis qu’ils ont quitté le pavillon, ce qui bien sûr a été l’élément déclencheur du foutage de gueule du jeune rouquin qui a fini par occasionner ce fou rire irrépressible des occupants de l’ambulance.

- Vous voyez bien que je perds tout mon sang !!

Je soulève la couverture de survie.

- Houlà !! C’est vrai en plus !! Regardez les gars, ce n’est pas une tâche là ? Pressons-nous avant qu’il se vide complètement ! Hi ! Hi !

Les deux infirmiers complètement bidonnés entrent dans le jeu et se mettent à courir, pénétrant dans le couloir au pas de charge et Patrick n’est pas loin de penser en voyant une telle précipitation de leur part que sa vie ne tient plus qu’à un fil.

Un médecin urgentiste leur barre la route, son visage marque la désapprobation d’un tel chahut quand il les apostrophe vertement.

- A quoi rime donc tout ce cirque !!!

L’infirmier de tête tente en vain de reprendre son sérieux, le médecin voit bien que quelque chose dans cette histoire lui échappe et va pour lui en remettre une dose quand il aperçoit le jeune homme suivant le brancard, son début de colère part alors en fumée comme par miracle devant l’allure du garçon au visage épanoui et les yeux brillants de malices.

La dégaine du petit rouquin est tellement comique qu’il s’y laisse prendre lui aussi et c’est d’un ton beaucoup plus cordial qu’il revient à la charge.

- Quelqu’un pourrait-il m’expliquer ce qui se passe ici !!

Je lui fais un clin d’œil.

- Ce garçon au courage sans égal a reçu une balle perdue dans la fesse et se croit à l’article de la mort ! Hi ! Hi ! Je vais lui réparer ça vite fait ne vous inquiétez pas pour ça, je pense que vous avez d’autres chats à fouetter.

- Comment ça vous allez réparer ça ??? Vous êtes ici dans un hôpital jeune homme !! Pas dans un salon de couture !!

Je regarde le blessé qui écoute notre conversation l’air ahuri.

- Tiens !! C’est une idée ça ! Hi ! Hi ! Je vais te faire un beau point de croix à la place des sutures.

Le médecin suffoqué.

- Mais enfin où vous croyez vous jeune homme !!! Et d’ailleurs qu’est-ce qui vous fait penser qu’on va vous laisser intervenir sur ce patient ?

- Parce que je suis chirurgien moi aussi pardi !!

- C’est ça oui !! Et moi je suis John Lennon !!

Je lui souris.

- D’habitude c’est moi qui la fait celle-là ! Hi ! Hi !

Je sors rapidement ma carte d’interne de mon portefeuille et la lui mets sous le nez.

- Là !! Vous voyez bien que je ne vous mens pas !!

La carte militaire bleu blanc rouge lui fait un certain effet et c’est avec sérieux cette fois que ses yeux reviennent sur moi, il hèle alors une infirmière passant dans le couloir.

- Mademoiselle !! Conduisez ces messieurs au bloc quatre s’il vous plait, nous vous y rejoindrons dans quelques minutes.

- Entendu docteur !! Si vous voulez bien me suivre ?

- Quand à vous jeune homme, veuillez m’attendre ici un instant je vous prie !! Je me dois de vérifier votre identité.

- C’est tout à fait normal !!

Le médecin retourne pensif dans la pièce d’où il était sorti et c’est avec nervosité qu’il recherche dans les journaux officiels placés sur une table basse, l’article où il lui semble avoir déjà lu ce nom de De Bierne qui le titille étrangement depuis qu’il l’a lu sur la carte d’identité du garçon.

L’article a été tellement lu souvent que la page s’ouvre quasiment d’elle-même dessus et c’est les yeux ronds marquant la plus grande surprise qui soit, qu’il comprend alors à qui il a à faire.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (93/125) (Paris) (Retrouvailles après la bataille) (suite)

Thomas et Yuan entrent dans le pavillon à la suite de Raymond et Luka qui leur ont demandé s’ils voulaient bien attendre chez eux que leur ami revienne, ceux-ci acceptent volontiers et regardent ébahi l’état du salon couvert de plumes, une couverture étalée sur le sol à l’endroit où se trouvait le cadavre.

- (Thomas) Je ne connaîtrais pas ce qu’il s’est passé, j’aurais pensé tout de suite à une énorme bataille de polochons.

- (Yuan) C’est sûr !! Reste plus qu’à faire le ménage !!

Paroles qui sont aussitôt suivit d’effet, le salon retrouve très vite son aspect normal et une petite heure plus tard, plus rien n’aurait fait penser qu’un drame venait de s’y dérouler ne serait-ce le trou sur l’assise de droite du canapé.

Yuan met un doigt à l’intérieur en poussant un petit sifflement.

- Pfffff !!! Il s’en sort bien ton frangin !! Si le canapé n’avait pas basculé et fait écran, je ne lui donnais pas cher de sa peau !!

- (Luka) Florian a eu un sacré réflexe sur ce coup-là c’est sûr !! Nous étions tellement morts de trouille que nous n’y aurions pas pensé Patrick et moi.

- (Thomas) Il lui doit une fière chandelle ton frangin !! Mais tout fini bien en fin de compte et vous allez pouvoir vivre normalement maintenant.

- (Raymond) Ça ne va pas arranger les affaires de Maurice, le Kremlin va vite se rendre compte que son espion n’envoie plus rien et ça risque de relancer les emmerdes pour Florian.

Luka fait la grimace

- Ça craint !!

Raymond hoche la tête.

- C’est sûr !! Maintenant je me demande bien comment il a pu découvrir tout ça ?

- (Yuan) On savait qu’il était dangereux, il devait en plus être très méfiant et sans doute quelque chose lui aura mis la puce à l’oreille, j’ai bien peur que personne ne sache jamais exactement ce qui l’a amené jusqu’ici.

Raymond redevient blanc comme un linge, il était tellement heureux que Luka et son frère s’en sortent sans trop de casse, qu’il avait complètement oublié Rémi qui n’a toujours pas donné signe de vie.

Il s’excuse auprès de ses amis et part dans la pièce qui lui sert de bureau pour passer quelques coups de fils, ce n’est qu’un bon quart d’heure plus tard qu’ils le voient revenir l’air complètement défait.

Luka alarmé.

- Qu’est-ce que tu as ?

- Rémi est mort !! Ils viennent de le retrouver mutilé dans une cave pas loin du commissariat.

- (Yuan) Le salaud !!

- (Luka) Il mérite bien ce qui lui est arrivé !!

Thomas voit bien que Raymond ne leur a pas tout dit.

- Comment ça mutilé ?

- Il lui a coupé les oreilles, le nez et plusieurs doigts, il avait un œil de crever également et beaucoup de traces de lacérations, mais ce n’est pas ce qui l’a tué !!

Luka attend la suite en ravalant sa salive.

- C’est quoi alors ?

Raymond la voix brisée.

- Il lui a coupé le sexe et Rémi s’est vidé lentement de son sang, il a dû se voir mourir et souffrir le martyre le pauvre.

Yuan révolté.

- Mais ce n’est pas humain de faire des choses pareils !! Il était complètement cinglé ce mec !!!

***/***

« Bloc quatre, hôpital de Meaux »

Florian termine d’extraire la balle qui était resté dans le muscle de la fesse de Patrick, le médecin urgentiste et les deux infirmières qui l’assistent, n’ont d’yeux que pour le jeune rouquin qu’ils dévisagent avec intérêts.

Comme certainement quasiment tout l'ensemble de la profession, ils en avaient entendu parler et l’avoir devant eux, opérant qui plus est, les laissent admiratifs devant son jeune âge et sa réputation dans le milieu hospitalier.

Les filles se réjouissent déjà de pouvoir raconter à qui voudra l’entendre qu’elles étaient là quand le « grand » Florian De Bierne a opéré chez eux, mais ne s’attendent sûrement pas à l’énorme crise de fou rire qui va bientôt les prendre.

Patrick est allongé sur le bloc parfaitement conscient, seulement anesthésié localement pour l’intervention somme toute bénigne même si dans son for intérieur il pense toujours qu’il a failli y perdre la vie.

Il entend le bruit métallique de la balle quand Florian la laisse tomber dans la coupelle mise là à cet effet près de lui et il tourne la tête pour voir ce que fait maintenant celui qui est déjà pour lui un ami.

Je vois bien son regard porté sur moi, aussi je prends immédiatement un air inquiet voir indécis qui tout de suite à l’effet escompté et c’est presque en prononçant ses mots en même temps que lui dans ma tête que je l’écoute m’en faire la remarque.

- Un problème Florian ?

- On peut dire ça oui !!

Le médecin et ses deux assistantes me regardent alors sans comprendre car de toute évidence le plus dur est fait et le reste ne doit pas prêter à hésitation vu que quelques sutures suffisent maintenant pour terminer l’intervention.

Patrick d’une voix blanche.

- Qu’est-ce qu’il y a encore ?

C’est le plus sérieusement du monde que je capte son regard, je le vois frissonner d’appréhension quand je lui réponds.

- Il m’avait pourtant semblé n’avoir entendu qu’un seul coup de feu ?

- Exact pourquoi ?

- Alors là je ne comprends plus !!

Patrick recommence à s’affoler.

- Qu’est-ce qu’il y a encore !!

- Il y a que je vois deux trous de balles et le deuxième m'a l'air beaucoup plus profond ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (94/125) (Paris) (Retrouvailles après la bataille) (fin)

« Chez Raymond et Luka, jeudi vingt heures trente »

Les quatre garçons prennent l’apéritif en attendant que Florian et Patrick arrivent pour qu’ils puissent dîner tous ensemble, un SMS de Florian leur annonçant leurs sorties de l’hôpital.

Le calme est revenu dans la maison et ils discutent maintenant de choses beaucoup plus plaisantes, les trois plus jeunes cherchant à faire oublier la mort atroce de son collègue et ami à Raymond qui participe à la conversation sans réellement être avec eux.

Un bruit de moteur s’arrêtant devant la maison leur fait tourner la tête et se lever rapidement pour aller coller leurs nez à la fenêtre, un taxi garé devant le portail duquel sortent leurs deux amis les font soupirer visiblement rassurés de les voir arriver enfin.

Thomas commence à sourire en observant son chéri fouiller fébrilement dans ses poches et regarder d’un air désolé le petit frère de Raymond en lui faisant certainement comprendre qu’il n’a pas la somme demandée pour payer la course.

- C’est bien de lui ça !!! C’est bien la peine d’être multimillionnaire pour ne pas avoir un sou en poche ! Hi ! Hi !

Patrick règle la course et les deux amis restent un instant debout à regarder le taxi reprendre sa route, avant de se tourner vers la maison et de remarquer les visages écrasés contre la vitre à les regarder.

La démarche de Patrick quoique légèrement boitillante les rassure sur sa blessure et de les voir chahuter comme ils le font leur amène le sourire avant de tous aller à leur rencontre et leur ouvrir la porte pour les accueillir comme il se doit.

Ils entendent la fin de leur chamaillerie et sourient en comprenant qu’une amitié très forte vient de se nouer entre eux.

- (Patrick) Tu me le paieras, je n’ai pas dit mon dernier mot sale gosse !!

- Hé !! Comment tu me causes toi !! N’oublies pas que tu me dois la vie, alors un peu de respect devant le maitre ok ?

- Pour te foutre de ma gueule c’est sûr que tu es passé maitre ! Hi ! Hi !

Raymond trop content de voir son cadet en si bonne forme, le prend dans ses bras avec une émotion si forte qu’elle déclenche les larmes qu’il retenait depuis un moment déjà.

Thomas et Yuan les font rentrer pour ne pas qu’ils soient à la vue des voisins et puissent s’épancher tous leurs saouls dans l’intimité.

Luka me prend dans ses bras à peine j’ai franchi le seuil et me serre fortement contre lui en laissant échapper quelques borborygmes inintelligibles tellement lui aussi est fortement ému et éprouve le besoin de me marquer toute sa reconnaissance, conscient de tout ce que j’ai encore fait pour lui.

Je me sens un peu gêner devant son geste, n’étant pas habitué à recevoir ses marques de gratitude devant ce qui pour moi allait de soi et n’était qu’un réflexe de défense devant l’inéluctable.

- Allons Luka !! Ne te mets pas dans un état pareil !!

Le jeune russe s’écarte légèrement sans pour autant détacher ses yeux des miens et parvient à reprendre quelque peu le contrôle de ses émotions.

- C’est la deuxième fois que tu me sauves la vie Florian !

- Pour la deuxième fois, j’étais aussi concerné tu sais ?

- (Patrick) Et moi donc !!

C’est juste en disant ça que Patrick fait attention pour la première fois aux deux autres garçons légèrement en retrait et il en perd le fil de sa pensée en marquant un instant de bug que bien sur tout le monde remarque en souriant.

Il comprend alors qu’il doit réagir rapidement avant de se faire moquer de lui une nouvelle fois par le petit rouquin qui déjà le regarde avec l’œil pétillant d'amusement.

- C’est qui les deux laiderons ?

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (95/125) (Paris) (Hôpital militaire Begin) (Vendredi)

Le lever des couleurs terminé, le général Mathéi rejoint ses quartiers en passant par la cour principale, il s’arrête un instant le regard figé vers l’entrée donnant sur l’avenue et plisse les yeux en cherchant à mieux voir le manège qui s’y passe.

Le planton semble complètement dépassé par les événements et tente certainement de faire entendre raison au chauffeur du minibus arrêté devant sa barrière.

Voyant que tout ce cirque commence à créer un attroupement, le général se décide à y aller voir par lui-même, ce qui n’est certes pas dans ses habitudes et qui déstabilise encore plus le soldat, qui du coup en l’apercevant en perd carrément toute son assurance.

- Vous devez vous tromper d’établissement, ici c’est un hôpital militaire pas un hôpital public !!

Le chauffeur visiblement fatigué par une longue route, commence à s’énerver à son tour.

- Nous savons ce qu’est cet établissement soldat !! Ecoutez !! Nous venons d’Aix en Provence avec les enfants, la jeune femme que nous avons eue au téléphone nous a bien donné cette date pour nous présenter ici. Je ne suis pas fou !! Vous n’avez qu’à vous renseigner au lieu d’être aussi obtus, ce n’est pas possible d’être aussi bouché !!

- Qu’est ce qui ce passe ici !! Soldat !! Votre rapport !!

Le planton se met au garde à vous.

- Mon général !! Ces personnes prétendent avoir rendez-vous pour hospitaliser ici des enfants, j’ai eu beau leur dire qu’ils faisaient certainement erreurs mais ils ne veulent rien savoir et bloquent l’accès depuis un quart d’heure.

Marcel s’approche du minibus en regardant à l’intérieur, il y a bien sur le chauffeur, un homme d’une quarantaine d’année et à la place passager une femme d’à peu près le même âge qui le regarde avec anxiété.

Le général ne pose qu’un bref instant les yeux sur les deux adultes car ce qui l’intéresse vraiment se trouve à l’arrière du véhicule, deux petits garçons y sont sanglés et le dévorent du regard, semblant impressionner à la vue de l’uniforme et des deux étoiles qui ornent ses épaulettes.

Deux fauteuils roulants repliés complètent l’intérieur du véhicule ainsi qu’un empilement de sacs à dos qui bouche entièrement la vitre arrière, Marcel soupire en se disant que quelqu’un aurait quand même pu le prévenir et éviter ainsi ce quiproquo.

- Laissez entrer soldat !!

Il se tourne vers le couple.

- Excusez-nous mais il est évident que l’information de votre arrivée s’est perdu en route, suivez les flèches indiquant l’accueil médical et je vous y rejoindrai après avoir fait prendre les dispositions pour votre prise en charge.

Le couple respire enfin, visiblement rassurer cette fois ci car ils ont bien cru un instant qu’on leur avait monté une sinistre plaisanterie.

L’homme au volant.

- Merci monsieur !! Excusez-moi, je voulais dire mon général.

Marcel sourit gentiment aux deux garçonnets qui le dévisagent toujours avec un air craintif et se tourne ensuite vers les deux accompagnateurs.

- Il n’y a aucun mal ! Je vois que vous avez besoins de repos, rendez-vous à l’endroit que je viens de vous indiquer et nous nous occupons du reste, les deux enfants seront pris en charge et il vous sera donné à chacun une chambre pour vous y reposer. Le… (Il sourit) … Chirurgien qui va s’occuper d’eux ne devrait normalement plus tarder à arriver, je le ferai prévenir dès qu’il sera là et il vous enverra un de ses assistants pour vous donner ses directives.

L’homme voyant la barrière se lever commence à enclencher une vitesse, quand une question se pose à lui.

- Excusez-moi mon général ! Mais ce jeune homme qui nous a conseillé de nous présenter ici est-il un parent à vous ?

Le général surpris.

- Il ne vous en a donc rien dit sur lui ?

La femme en se penchant pour lui parler.

- Non pourquoi ?

- (L’homme) Tout ce que nous savons de lui c’est qu’il est clown dans un cirque.

La femme sourit à son tour.

- Et un très bon croyez-moi, les enfants et nous-mêmes n’avons jamais ri autant.

Le général préférant leur garder la surprise.

- Vous ne m’apprenez rien ! Hi ! Hi !

- (L’homme) C’est votre fils ?

- Un ami de mon fils plutôt, mais vous n’allez pas tarder à le revoir car il est avec nous cette semaine.

La femme tourne la tête vers les enfants.

- Vous avez entendu les garçons ?

Les deux petits sont visiblement heureux.

- Ouuiii !!!

Le général ne peut empêcher l’émotion le prendre une nouvelle fois devant leurs mines réjouis, alors qu’ils sont cloués dans leurs fauteuils depuis il ne sait combien de temps et préfère entrer d’un bon pas dans la guérite pour y prendre le téléphone afin de donner les instructions nécessaires à leur accueil pendant qu’il voit s’éloigner le minibus.

Quand il raccroche enfin, le planton le fixe ayant visiblement une question qui lui brûle de lui poser.

- Permission de parler mon général ?

- Accorder !!

- Ce ne serait pas Florian le clown du cirque ?

- (Marcel) Qui voulez-vous d’autre ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (96/125) (Paris) (Hôpital militaire Begin) (Vendredi)

Romain sort du RER et regarde l’heure à sa montre.

- Putain de merde !! Je suis à la bourre !!

Il va pour partir en footing faire les quelques centaines de mètres qui le séparent encore de Begin, quand il se sent attraper par le bras et se retourne surpris.

- Relax beau brun !!

- Florian ?? Toi aussi tu es en retard ?

- Oui mais moi j’ai une bonne excuse et toi ?

Romain rougit violemment ce qui bien sûr attise ma curiosité.

- Dis donc toi !! Tu ne dors pas à la caserne d’habitude ?

- Heu !! Si !!

- Alors qu’est-ce que tu fais là ?

- J’ai passé la soirée chez un ami et comme il se faisait tard, il a préféré que je reste coucher chez lui.

- Hum !!! Tu es sûr ?

- Bien sûr que oui !! Pourquoi ?

- Parce que tu rougis comme une pucelle à son premier rencard ! Hi ! Hi !

Il ne me répond pas et se contente de hausser les épaules en reprenant sa marche, je le suis toujours autant intrigué et je cherche ce qu’il peut bien vouloir me cacher, un doute me vient à l’esprit et c’est avec le sourire que j’accélère l’allure pour me retrouver près de lui.

- « JB » va bien ?

- Impec !!

Je vois ses oreilles redevenir bien rouge.

- Il est plutôt beau mec tu ne trouves pas ?

Romain s’arrête d’un coup pour me regarder dans les yeux.

- Pourquoi tu me demandes ça ?

- Parce qu’il te plait suffisamment pour que tu passes la nuit chez lui.

- Et comment tu peux savoir ça d’abord ?

- Dis-moi que je me trompe alors ! Hi ! Hi !

- C’est juste un ami !! Ne commence pas à te faire un film surtout.

- Donc je te repose la question, pourquoi tu as piqué ton bol ?

- C’est à cause de toi et tes allusions.

Je soupire.

- Pfff !!!! Je ne te croyais pas comme ça !

Romain plisse les yeux.

- Comment ça ?

Je commence à reprendre la marche.

- Je pensais que tu étais un mec qui s’assumait.

Romain me suit en silence pendant plusieurs dizaines de mètres avant qu’il ne reprenne la parole.

- Tu as raison, c’est un beau mec.

Je souris en accélérant le pas, certain que maintenant que la machine est lancée il ne me reste plus qu’à attendre la suite.

- Mais ce n’est qu’un ami !

- Hum !!!

- Quoi hum ? Tu ne me crois pas ? Qu’est ce qui te fait penser que ce serait plus que ça ?

Je m’arrête à nouveau et me tourne vers lui en lui faisant un clin d’œil complice.

- L’expression de ton visage quand je te pose des questions, tu peux me raconter ce que tu veux mais lui il ne cache rien de tes sentiments.

- Mais enfin « Flo « !! Il n’y a rien entre « JB » et moi, je t’assure !!

- Peut-être pas encore, mais avoue que tu y penses ?

- Et alors !! C’est mal ?

- Bien sûr que non, où tu vas chercher ça !! Juste que je me croyais ton ami et que je vois bien que tu n’as pas suffisamment confiance pour me le dire franchement.

- Mais ce n’est pas ça enfin !! Ça ne fait que deux jours que je le connais et je ne sais pas encore ce que je ressens vraiment pour lui, pour l’instant nous ne sommes que des amis et c’est déjà bien, maintenant il me faut un peu de temps pour faire le tri dans ma tête de toutes les pensées qui s’y chamboulent.

- Mais tu aimerais bien ?

- Oui, là !! T’es content !!

Je lui fais un clin d’œil.

- Oui !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (97/125) (Paris) (Hôpital militaire Begin) (Vendredi)

Valérie scrute le couloir depuis plusieurs minutes déjà, n’y voyant personne autour des douches réservées aux hommes si ce n’est Antoine qui y est entré juste avant qu’elle ne se poste dans l’angle pour s’assurer qu’il y est seul et surtout que personne d’autre ce matin-là n’a l’envie de se doucher.

Consciente que ce qu’elle a l’intention de faire serait très mal pris si ça venait à se savoir et qu’elle risque même de graves ennuis, malgré tout l’envie est trop forte d’aller mater son copain et peut être aussi de le décider à être plus entreprenant que ce qu’il s’est autorisé jusque maintenant.

Valérie sent son cœur cogner très fort dans sa poitrine quand elle entre furtivement dans la pièce remplie de buée où seul le bruit de l’eau s’échappant d’un pommeau de douche lui démontre qu’elle est bien occupée.

Elle s’approche furtivement jusqu’à entr’apercevoir la forme du corps élancé d’Antoine et ses yeux brillent devant les deux belles pommes d’amour que font ses fesses toutes blanches quand elles se plaquent sur la vitre fermant la douche.

Sa blouse d’infirmière tombe au sol, la jeune femme se retrouve nue et déjà fortement excitée, les deux derniers pas l’amènent tout contre la vitre ou elle entend la respiration calme et sereine du jeune homme, qui se délasse visiblement sous le jet chaud qui lui masse le corps.

Doucement pour ne pas se faire trop vite surprendre, elle l’entrouvre et se glisse à l’intérieur, Antoine ne semblant encore s’être aperçu de rien.

Faut dire que le garçon est particulièrement occupé à se donner du plaisir et que la respiration qu’elle croyait sereine n’était en fait que celle d’un plaisir grandissant.

Antoine est presque arrivé au moment crucial et ses reins commencent à se cambrer devant l’orgasme qui s’annonce, quand il sent enfin une présence derrière son dos et que deux mains fermes viennent s’approprier ses fesses musclées déjà durcies par le plaisir.

Antoine en se retournant vivement.

- Hé !! Qu’est-ce que c’est !!!

Malgré la surprise de découvrir son amie, il ne peut arrêter l’inévitable et son sexe pulse en envoyant sa semence d’un blanc laiteux qui termine son trajet sur le ventre de Valérie visiblement intéressée de regarder ce bâton frémissant dans toute sa splendeur, décalotté et tressautant, se répandant sur son corps en plusieurs jets puissants.

Valérie comprend qu’elle doit agir vite avant que son copain n’éprouve de la honte de s’être ainsi soulagé sous ses yeux, aussi elle l’enlace rapidement pour cueillir ses lèvres dans un baiser tendre et langoureux.

Baiser qu’Antoine lui rend avec ferveur malgré la gêne qu’il éprouve de s’être laissé surprendre pendant qu’il s’adonnait à son plaisir solitaire, son sexe toujours aussi tendu se frotte contre le pubis de sa copine qui en éprouve alors une forte remontée de chaleur due au contact de ce membre viril d’une douceur et d’une dureté incomparable.

Valérie ondule alors des hanches pour aviver encore plus l’excitation de son compagnon qui soudainement pris dans ses émotions et ses envies de sexe, la soulève en la prenant à son tour par les fesses pour la plaquer à bonne hauteur et entrer en elle jusqu’à ce que leurs deux pubis se retrouvent intimement en contacts.

La jeune femme tressaille et ses jambes viennent se refermer sur les hanches de son male qui la saillit maintenant avec l’ardeur de sa jeunesse, la faisant geindre et pousser une longue plainte d’extase sous l’assaut viril de cette hampe qui lui emplit l’intimité de si belle façon qu’elle arrive à son tour rapidement à l’orgasme puissant qui lui laisse retomber la tête en arrière, le corps vidé de ses forces.

Un moment passe en ne laissant plus entendre que le bruit de l’eau et les respirations rauques des deux amants qui lentement retrouvent leurs souffles, toujours imbriqués l’un dans l’autre le sexe d’Antoine ayant gardé toute sa vigueur malgré les deux jouissances rapprochées qu’il vient de connaitre.

Des bruits de voix les font revenir à la réalité et comprendre qu’ils doivent très vite quitter les lieux sous peine de s’y faire prendre et d’avoir à s’expliquer de ce qu’ils y faisaient, chose qui bien sûr au sein d’une caserne ne manquerait pas de leur amener des ennuis certains.

La porte s’ouvre malgré tout avant qu’ils n’aient pu en sortir, une voix rieuse et masculine résonne dans la pièce, s’adressant de toute évidence à quelqu’un se trouvant près de lui.

- J’ai l’impression qu’on arrive au bon moment ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (98/125) (Paris) (Hôpital militaire Begin) (Vendredi)

« Quelques heures plus tôt »

Une musique douce sortant du réveil fait ouvrir les yeux à Erwan, sa main part à sa rencontre et appuie sur le bouton pour l’arrêter, il tourne la tête et sourit en regardant l’heure.

Il avait avancé celle-ci volontairement pour pouvoir profiter un peu de son chéri avant de se lever pour commencer sa journée de travail et avoir ainsi l’occasion d’un supplément de câlin, malgré que la soirée et une partie non négligeable de la nuit, n’aient servi qu’à cet effet.

Le bras posé sur sa poitrine n’a pas bougé d’un poil, prouvant que Ramirez dort toujours profondément et le jeune homme tourne son visage vers lui pour admirer une fois de plus les traits endormis de celui qui remplit jours après jours toutes ses pensées.

Le visage fin de son ami même s’il n’a pas la beauté stéréotypée qui est à la mode, lui convient tout à fait ainsi que ce corps svelte tout en muscles et d’une souplesse incroyable, prouvant les innombrables heures de gymnastique qui lui ont sculpté cette silhouette d’acrobate.

La main d’Erwan se pose doucement sur celle de son chéri et remonte lentement le long de son bras recouvert d’un fin duvet qui lui amène un doux frisson de plaisir, sa peau comme tout d’ailleurs dans ce garçon qui partage son lit et son cœur, est d’une douceur extraordinaire sans commune mesure avec ce qu’il avait connu jusqu’alors et il se repait de tous ses sens de ce corps alangui tout contre lui.

Les paupières de Ramirez s’ouvrent lentement et un sourire resplendissant apparait sur son visage en captant le regard de son ami porté sur lui, il peut y lire tellement de choses qui l’émeuvent au plus haut point qu’il en reste un instant comme hypnotisé avant de se reprendre et de relever la tête pour l’embrasser fugacement sur le coin des lèvres.

- Bonjour toi ! Il y a longtemps que tu es réveillé ?

- Quelques minutes à peine !

Ramirez se blottit contre le corps d’Erwan et ses lèvres se posent doucement dans son cou pour l’embrasser avec une affection si forte qu’elle en laisse perler une larme dans les yeux de son compagnon qui se sent comme dans un nuage dans les bras de celui qu’il aime.

- J’aime te regarder quand tu dors !

- Hummm !!!

Ramirez bascule lentement son corps tout chaud encore rempli de sommeil sur celui d’Erwan qui vibre sous les sensations qui lui remontent au cerveau de cette douceur virile et câline qu’il apprécie par-dessus tout.

- Tu es tout doux et tout chaud !

- Toi aussi !

- Tu dois vraiment aller bosser ?

- Et oui hélas, mais j’ai encore un peu de temps avant pour un câlin.

Ramirez se frotte langoureusement en l’embrassant cette fois de façon beaucoup plus appuyée.

- J’en ai envie aussi tu sais ?

Erwan sent bien le monstre de chair qui roule contre le sien aussi tendu que possible.

- Je sens ça ! J’ai envie de te sentir dans mon ventre, prends-moi !!

Les yeux de Ramirez s’assombrissent sous l’excitation et capturent ceux de son chéri qui en frissonne tellement ce regard porté sur lui le transperce jusqu’au plus profond de son âme.

Les deux jambes d'Erwan se plient jusqu’à toucher sa poitrine, comme une invitation silencieuse à ce que son amant exécute sa demande.

Demande qui lui devient impérative tant il n’attend plus qu’à recevoir ce bâton de vie bouillonnant pour qu’il l’amène une fois de plus dans des strates de plaisirs intenses.

Un coup de rein souple et d’une virilité manifeste l’engloutit tout entier au plus grand plaisir d’Erwan qui ressent une énorme bouffée de chaleur soudaine qui lui prend le visage.

- Arrhhh !!! Ouuiii !!!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (99/125) (Paris) (Hôpital militaire Begin) (Vendredi)

Une deuxième voix se fait entendre toute aussi railleuse.

- On dirait bien oui ! Hi ! Hi !

Valérie et Antoine reconnaissent les voix de leurs amis et respirent mieux d’un seul coup.

- (Antoine) Fallait que ça nous tombe dessus et qu’en plus ce soit ses deux-là qui nous captent !! Dites les gars ? Ça vous dérangeraient pas de sortir cinq minutes, le temps qu’on soit présentable ?

- (Romain) Et se priver de vous voir à poils ? Vous rêvez vous deux !! T’en penses quoi « Flo » ?

- Qu’ils rêvent en effet ! Hi ! Hi ! Je serais vous, je ferais fissa parce qu’il me semble qu’il vient du monde !! Allez gros nibards !! Sors de là qu’on puisse mater un peu le matos ! Hi ! Hi !

Valérie amusée malgré la situation dans laquelle elle se trouve.

- Passez-nous plutôt les serviettes espèces de sales vicieux !!

Antoine entend les ricanements de ses amis et comprend que si ce n’est pas lui qui y va elles n’arriveront pas toutes seules, aussi il ouvre la porte vitrée de la douche et sort nu pour aller lui-même les chercher, sous les regards moqueurs de ses deux amis.

Il se plante quelques secondes devant eux, leur exposant sans complexe son service trois pièces encore dans un état de forte excitation et les nargue d’une voix moqueuse.

- Alors les nains !! Ça vous laisse songeur pas vrai ? C’est certain qu’après ça vous allez droit vers un énorme complexe ! Hi ! Hi ! Bah !! Comme ça au moins vous saurez comment c’est fait un mec !!

Romain a le sourire jusqu’aux oreilles :

- Ça ira les chevilles !! Tu veux qu’on montre à « Val » ce que c’est un vrai mec ? Je serais toi je n’insisterais pas de peur de me prendre un vent après coup ! Hi ! Hi !

- (Antoine) Houlà !!! Qu’est-ce qu’elle nous fait la crevette !! Allez oust !! Du balai les deux gnomes !! Laissez ma copine se rhabiller tranquillement, allez plutôt voir dans le couloir si blanche neige vous y attend ! Hi ! Hi !

Nous nous regardons tous les deux Romain, les yeux brillants d’amusement mais décidons quand même de les laisser tranquille et sortons les attendre un peu plus loin, ils ressortent quelques minutes plus tard en se tenant par la main en nous montrant ainsi à quel point leur couple a maintenant évolué.

C’est en traversant la cour pour nous rendre jusqu’au bureau de Marcel que nous voyons arriver Erwan en nous arrêtant un instant pour l’attendre, je souris en voyant son visage encore marqué par la nuit qui n’a pas dû être de tout repos.

Un petit clin d’œil suivit d’un sourire de connivence, lui démontre que je ne suis pas dupe et c’est tout naturellement que je lui en fais la remarque.

- A voir ta tête je présume que ton invité ne doit pas être mieux que toi !!

Erwan embrasse son ami

- Qu’est-ce qu’elle a ma tête ?

- Celle de quelqu’un qui a abusé de son corps une bonne partie de la nuit ! Hi ! Hi !

- Tu ferais mieux de regarder la tienne alors parce que ce n’est pas mieux !!

- Pas pour ce à quoi tu penses en tous les cas, ou du moins il n’y a pas eu que ça pour être plus exact !! Mais ce n’est pas le moment pour parler de ça et nous ne sommes pas en avance, alors allons plutôt voir Marcel pour nous excuser de notre retard et voir s’il a besoin de nous.

***/***

« Bureau du général Mathéi ce matin-là »

Marcel est en pleine lecture des dossiers médicaux des deux enfants quand il entend le chahut dans le couloir lui annonçant sans risques d’erreurs l’arrivée de Florian, il referme le dossier en soupirant et attend avec le sourire l’arrivée du jeune garçon en se disant que décidément beaucoup de choses ont changé depuis sa première apparition et que la rigueur habituelle de ce lieu en a pris un sacré coup dans l’aile depuis lors.

L’accès à son bureau qui jusqu’alors était d’un silence absolu voire même assez sinistre il doit bien le reconnaître, est devenu depuis aussi bruyant qu’une rentrée en classe de maternelles et ce matin n’y fait pas abstraction car c’est un vrai concert de ricanements et de paroles dites à voix hautes qui retentit soudainement à ses oreilles, avant que sa porte ne s’ouvre à la volée en laissant apparaître un visage malicieux au sourire irrésistible dont les yeux vert se fixent dans les siens, presque hypnotiques.

- Repos soldat !! Ce n’est que nous ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (100/125) (Paris) (Chez les Novak) (suite)

« Dans la chambre des triplés, vendredi matin tôt »

Comme s’ils avaient un réveil interne, les trois frères s’éveillent au même moment et se tournent les uns vers les autres avec le sourire aux lèvres comme c’est bien souvent le cas chaque matin quand ils se retrouvent après une bonne nuit de sommeil.

Les secondes qui suivent sont privilégiés par la fratrie, qui ressent alors la complémentarité qu’ils forment pour le bien de leurs santés mutuelles.

Un même mouvement qui consiste d’un geste viril de la main à pousser sur sa queue tendue rien que pour le plaisir de la sentir bien dure et de former un chapiteau sous la couette sous le regard égrillard des deux autres.

- (Johan) Wouah !! J’en tiens encore une sévère ce matin !!

- (Jonas) Et moi donc !!

- (Jordan) Pareil pour moi les mecs !!

Les triplés éclatent de rires et pour mieux montrer la véracité de leurs paroles, virent d’un coup sec les couettes pour exhiber leurs sexes tendus aux glands bien décalottés.

Comme pour le reste de leurs corps, cette partie de leur anatomie est parfaitement semblable au millimètre près et ne serait-ce celle de Jonas qui pulse plus violemment à la vue de celles de ses frères, rien ne pourrait décidemment faire la différence entre eux trois.

- (Johan) J’en vois un qui s’excite encore une fois à voir ma bite, pas toi « Jo » ?

Jordan en souriant.

- Bah !! Il aurait tort de s’en priver puisque on la lui met sous le nez ! Hi ! Hi !

Jonas s’étire alors comme un chat et commence tranquillement à se la manipuler devant ses deux frangins qui se regardent l’air égrillard.

- (Jordan) Humm !!! Ça me donne envie, pas toi « Jo » ?

Johan ne rate rien des manipulations de plus en plus précises de son frère.

- Je veux, oui !!

Jonas sourit car il sait très bien comment ça va se finir, c’est quasiment chaque matin qu’ils se donnent du plaisir et c’est toujours lui qui met la machine en route, donnant ainsi le prétexte que ses jumeaux attendent pour s’y mettre à leur tour.

- Qu’est-ce que vous attendez alors ? Putain !! Je sens bien que je vais cracher vite fait !!

Jordan qui se caresse maintenant sans pudeur, cherchant lui aussi à atteindre l’orgasme que ses reins lui réclament.

- J’imagine à quoi tu penses !! Ce ne serait pas un petit rouquin par hasard ?

Johan se manipule avec autant de ferveur, respirant déjà très fort sous les sensations qui commencent à lui monter au cerveau.

- Tu lui poses la question comme si tu ne le savais pas !!

- (Jonas) Vous êtes jaloux ou quoi ?

- (Jordan) Dans tes rêves !!

- (Johan) Putain !! Je sens que ça vient !!

Les trois garçons se taisent en se secouant cette fois la bite de plus en plus rapidement, leurs genoux se soulèvent et s’écartent dans un ensemble parfait, les respirations deviennent plus rauques quand c’est Johan cette fois qui lance la phrase déclenchant les hostilités.

- Tireur numéro un, vu et prêt !!

Jordan accélère sa masturbation.

- Tireur numéro deux, vu et prêt !!

Jonas sent les prémices de la jouissance arriver comme un Stromboli et c’est d’une voix déjà chevrotante qu’il enchaîne.

- Tireur numéro trois, vu et prêt !! Feu à volonté !!

Les triplés se cambrent, leurs testicules viennent se coller à la base de leur hampe en disparaissant presque dans leur toison rousse pendant que leurs glands d’un rouge purpurin gonflent encore plus en expulsant violemment la purée sur leur poitrine avec des râles de plaisir.

« Arrhhh !!!! »

Johan reçoit la première giclée jusque dans l'œil et s'exclame aussitôt.

- Incident de tir !! J’ai le viseur qui en a pris un coup ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (101/125) (Paris) (Hôpital militaire Begin) (Vendredi) (suite)

« Salle de débriefing, Begin »

Valérie arrive avec le plateau contenant la cafetière, les tasses et le sucre pour tout le monde.

Elle le pose sur la table inoccupée et commence à servir ses amis tout en surveillant du coin de l’œil Florian plongé dans les fichiers informatiques des scanners effectués sur les deux enfants à plusieurs mois d’intervalles, ceci afin de voir l’évolution de leur handicap.

- Alors ? Ça dit quoi ?

- ……

- Hé !! Florian !! C’est à toi que je m’adresse ?

- Hein !!! Ah oui !! Pardon !! Tu disais quoi ?

- Je te demandais si c’était grave pour les deux petits ?

- Rien qui ne puisse s’opérer en tous les cas.

Erwan prend la tasse que lui présente sa copine.

- Merci « Val » ! C’est cool alors !! Ils vont pouvoir remarcher ?

Je tourne la tête vers lui en lui faisant un gros clin d’œil.

- C’est un peu le but de leurs venues, tu ne crois pas ?

- (Antoine) Pourquoi ils ont attendu si longtemps alors ?

- (Romain) Des histoires de gros zouf très certainement !!

- Pas que ça mais c’est vrai que c’est une des raisons.

Valérie m’amène ma tasse fumante, qui me fait saliver du plaisir de cette boisson dont je suis devenu addicte.

- Tu veux dire quoi par « pas que ça » « Flo » ?

- C’est jamais facile ce genre d’intervention sur de jeunes enfants tu sais, il y a toujours des risques avec la croissance qui n’est pas terminé et certains cas ont démontré que la partie opérée avait perdu le potentiel de se structurer, la croissance ne se faisant plus comme le reste du corps, très peu de chirurgiens tenteraient quelque chose avec ce risque qui au final ne serait pas mieux que le mal.

- (Antoine) Pourquoi tu le fais alors ?

- Parce que c’est aussi le meilleur moyen quand l’acte chirurgical est un succès pour qu’une fois adultes, ils en ressentent beaucoup moins les séquelles. Leurs corps en développement répareront beaucoup mieux les articulations et les os.

- (Valérie) J’espère que tout se passera bien alors !! Pauvres gosses, déjà qu’ils n’ont plus de parents.

- C’est vrai pour l’un des deux mais pas pour l’autre.

- (Erwan) De quoi !!!

- Et oui que veux-tu !! Certains préfèrent abandonner leurs enfants plutôt que d’avoir à s’occuper de leur handicap.

- (Erwan) Mais c’est dégueulasse !!!

Je me contente de hocher la tête en terminant ma tasse de café et la reposer ensuite assez sèchement sur la table.

- Bon !! Il est temps d’y aller !! Romain et Valérie, vous allez préparer le premier et toi Antoine tu préviens l’anesthésiste qu’il se prépare également.

Une fois resté seul avec Erwan, je le prends par le bras ce qui ne manque pas de l’interpeller.

Je lui glisse un flacon dans la main en le regardant dans les yeux.

- Planque ça dans ta poche !! Je ne devrais pas en avoir besoin, c’est juste au cas où mais s’il le fallait, tu devras en remplir une seringue quand je te le demanderai.

Erwan a les yeux qui s’arrondissent d’incompréhension.

- Qu’est-ce que c’est ?

Je comprends alors que comme à mon habitude, je ne lui ai jamais fait part de mon « don » étant persuadé qu’il était au courant et je ne suis pas plus étonné que ça que la « muerta » ait encore bien fonctionné du côté de mes amis.

- Je pensais bien que tu étais au courant !! Faudra qu’on parle tous les deux !! Pas maintenant ce serait trop long, alors contente toi de me faire confiance.

- C’est un des secrets sur toi que mon père refuse de parler ?

- Exactement !! Seuls mes véritables amis le connaissent et je pensais vraiment que tu étais au courant, ne serait-ce déjà par ton père.

- Ah !!! Et bien non tu vois !!

- Je te dirai tout, promis !! Allons-y, les autres doivent déjà nous attendre.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (102/125) (Paris) (Raymond et Luka)

« Bureau du directeur de la DST, vendredi matin »

Maurice n’a quasiment pas quitté son bureau depuis les événements de la veille tant il avait à faire pour que rien ne filtre de la mort de Stanislas.

Il lui a fallu dans un premier temps faire disparaitre le cadavre de là où il avait été emmené et qui aurait fait poser bien trop de questions sur le pourquoi de son état, état qui il le reconnait en grimaçant n’était vraiment pas beau à voir.

Le juge qui devra instruire le dossier a du mouron à se faire pour arrêter les coupables pense-t-il en ricanant nerveusement, la capture suivit de l’interrogatoire des volatiles tout comme leurs motivations n’étant pas gagné d’avance.

Le plus important pour Maurice est quand même de pouvoir continuer à faire comme si Stanislas était toujours de ce monde et faire parvenir régulièrement ses rapports pendant encore quelques temps avant de cesser complètement et de laisser les russes chercher par eux-mêmes pourquoi leur espion est devenu soudainement silencieux.

Heureusement qu’ils ont réussi à remonter la filière suffisamment à temps pour connaitre l’identité, l’adresse IP et le numéro de téléphone, de celui qui récupère les informations des agents en activité sur le périmètre nationale.

Certaines langues se sont déliées et des preuves trouvées dans leurs appartements, suffisamment probantes pour qu’il soit certain que ce n’est pas un leurre et pouvoir envisager ainsi de continuer sa propagande auprès du FSB.

Le téléphone sonne, le faisant sursauter pris comme il l’était dans ses pensées.

- Oui !!!

- ……….

- Faites entrer !!!

Maurice range rapidement les papiers confidentiels étalés sur son bureau et attend le sourire aux lèvres ses deux visiteurs, ceux-ci ne tardent d’ailleurs pas à frapper à la porte pour ensuite entrer après en avoir obtenu l’autorisation.

Raymond et Luka, viennent lui serrer la main et s’assoient à sa demande sur les chaises en face de lui, Maurice prend le temps de les regarder attentivement et se retrouve ému devant la façon qu’ils ont de se serrer l’un contre l’autre, montrant ainsi combien ils sont déjà fortement attachés l’un à l’autre.

- Ça va vous deux ?

- (Raymond) Mieux maintenant que tout ça est terminé.

- Et ton jeune frère ?

- Patrick ? Il va bien merci !

- Vous avez pu dormir un peu ?

- (Luka sourit) Pas trop en fait ! Florian, Yuan et Thomas, sont restés assez tard et nous avons beaucoup discuté.

Maurice lui rend son sourire.

- On ne s’en lasse pas, pas vrai ?

Raymond ne lâche pas des yeux le visage épanoui de son chéri.

- Toi qui te plaignais de manquer d’amis, te voilà servi avec ses trois-là !!

- Quatre avec Patrick !! Ce n’est pas le dernier pour la déconne tu le reconnaitras ?

- Il fait une belle paire avec Florian celui-là ! Hi ! Hi !

Raymond reprend son sérieux quand il reporte son regard vers Maurice.

- Si nous sommes venus te voir, c’est au sujet de Luka !! Ou plutôt de sa fausse identité, pour savoir ce qu’il en est maintenant que le danger est passé.

- Je crains qu’il ne doive la garder encore quelques temps, quand ses employeurs s’apercevront de la disparition de leur espion ils risquent de se poser beaucoup de questions et d’envoyer quelqu’un pour voir ce qu’il en est. Le mieux je pense serait même qu’il la garde pendant l’année entière. Il y aurait de ce fait moins de choses à expliquer, comme par exemple à la fac qui risque de s’apercevoir que ce n’est plus la même personne qui suit les cours. Ça te dérangerait beaucoup ?

Luka après quelques secondes de réflexions.

- Luka (prononcer Louka) ou Lukas c’est un peu bonnet blanc et blanc bonnet, quant au nom de famille je m’y ferais bien et puis un an ça passe vite, surtout si je continue à être rémunéré par l’état ! Hi ! Hi !

- (Maurice) Je vois que tu ne perds pas le nord !! Entendu !! Tu continueras à toucher ton défraiement jusqu’à ce que tu retrouves ta véritable identité, c’est le moins que nous pouvons faire après tout ce qu’il t’est arrivé. Tu devras juste attendre pour pouvoir profiter du cadeau que t’a fait Florian.

- (Raymond) Quel cadeau ? Je pense qu’il lui a déjà fait le plus beau que Luka pouvait espérer en lui rendant son apparence et en lui sauvant la vie, non ?

Maurice ne peut laisser échapper un grand sourire quand il ouvre son tiroir et en sort une enveloppe que Florian lui a remis la semaine précédente alors qu’il était à Reims, en venant le voir au commissariat spécialement à cet effet.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (103/125) (Reims) (Monsieur Martins)

« Retour en arrière à la semaine précédente, Caisse d’Epargne Reims Sainte Anne »

Patrick Meunier est dans son bureau, l’agence venant à peine d’ouvrir ses portes quand il lève la tête en entendant la sonnerie de l’entrée annonçant l’arrivée d’un client.

Qu’elle n’est pas sa surprise quand il reconnait l’homme qui entre en souriant et se dirige tout droit vers lui, Louis Martins le grand patron de la banque qui est depuis sa remise en fonction grâce à Florian devenu presque un ami.

Les deux hommes se serrent une main franche, Patrick prie alors son patron de prendre un siège et de s’asseoir pendant qu’il va demander à l’hôtesse d’accueil de leur préparer un bon café.

Ce n’est quand revenant à sa place, qu’il pose la question qui lui brule les lèvres depuis son arrivée.

- Je n’ai pas été prévenu de ta visite ?

- Normal, puisque moi-même je ne le savais pas encore ce matin en me levant !

- Ah !!

- Pour tout dire c’est l’appel d’un client qui m’a fait faire le déplacement, il voulait me voir pour un placement en bourse.

- J’aurais très bien pu m’en occuper tu sais, ça t’aurait évité presque deux heures de route. En plus je ne vois pas qui parmi les clients de l’agence a une importance si grande pour ça ?

Louis sourit avec les yeux brillants de malice mal contenue.

- Tu as la mémoire courte alors ! Te rappelles-tu de celui qui a fait virer en moins de deux ton remplaçant ?

Ça fait tilt dans la tête de Patrick.

- Florian !!

- Tu sais bien !! Le gamin qui a tout un tas de zéro sur son compte en banque et qui cherche encore la virgule ? Bien sûr que c’est lui, qui d’autre voulais tu que ce soit ?

- Il vient ici ?? ce matin ??

Louis regarde sa montre.

- Il sera là dans moins d’une heure, le temps de prendre ce café que nous amène cette charmante jeune fille.

- Ça tombe bien parce que comme ça il va pouvoir récupérer sa nouvelle carte et le carnet de chèques dont il a fait la demande.

- Tiens donc !! Je croyais qu’il utilisait le compte de son ami ?

- C’est toujours le cas, son copain a procuration sur ce compte et j’ai cru comprendre que c’était réciproque.

- Et bien !! Quelle confiance !!

- J’ai idée qu’ils sont beaucoup plus que de simples copains à entendre Florian quand il m’en a parlé.

- L’un explique l’autre alors !! Décidemment ce gamin n’a pas fini de me surprendre.

- (Patrick rêveur) Ça doit être quelque chose ! Hi ! Hi !

- (Louis) De quoi tu parles ?

- D’être le petit ami d’un loustic pareil pardi !! Hi ! Hi ! Je serais bien curieux de le connaitre celui-là, il doit avoir quelque chose de pas banal non plus pour être aussi proche.

C’est encore une fois la sonnette de l’entrée qui lui fait relever la tête, deux personnes entrent dans la banque et se dirigent vers le guichet, Patrick revient alors à son interlocuteur visiblement déçu que ce ne soit pas le petit rouquin.

- Il t’a dit ce qu’il te voulait ?

- Juste ce que je t’ai rapporté tout à l’heure, une histoire de placement en bourse si j’ai bien compris.

- C’est étonnant de lui ça !!

- C’est aussi ce à quoi j’ai pensé en raccrochant, il doit avoir ses raisons et nous les connaitrons d’ici peu.

Patrick regarde les deux clients ressortir en soupirant, son visage s’anime alors d’un grand sourire quand il voit arriver un jeune garçon roux les cheveux en pétards et le visage rayonnant de son habituelle joie de vivre.

- Encore plus vite que tu le penses, le voilà qui arrive !!

La jeune fille voit également arriver le petit rouquin et un grand sourire illumine son visage.

- Bonjour Florian !!

Elle se lève pour l’embrasser.

- C’est toujours un plaisir quand tu nous rends visite mon grand.

J’éclate de rire.

- C’est parce que tu es la seule à m’appeler comme ça ! Hi ! Hi ! Tiens !! C’est pour toi, je viens d’en acheter pour le père d’un ami et je me suis dit que ça te ferait plaisir.

- Il te suffisait juste de me demander ma main tu sais, même sans les chocolats j’aurais dit oui.

- C’est mon chéri qui en ferait une tête ! Hi ! Hi ! Monsieur Martins est avec Patrick je vois, j’ai rendez-vous avec eux et j’espère qu’il reste du café, il sent vraiment trop bon !!

- Je vais t’en refaire du frais !! En attendant tu connais le chemin !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (104/125) (Reims) (Monsieur Martins) (suite)

C’est avec un grand plaisir que je revoie les deux hommes, nous parlons de banalités le temps que mon café me soit servi et ce n’est qu’une fois ma tasse vide reposée sur le plateau, que les choses sérieuses commencent.

- (Patrick) C’est quoi cette histoire d’achats boursiers ?

- J’ai des vues sur une entreprise dont mes associés et moi en voulons pour un temps le contrôle, l’idéal serait même qu’il ne reste que très peu d’actions sur le marché après coup.

- (Louis) La bourse en ce moment n’est pas le mieux pour placer son argent Florian, de plus il faut savoir diversifier et ne pas tout parier sur une seule entreprise, même si elle semble des plus prometteuses. Beaucoup de grandes fortunes y ont perdu des plumes à ce jeu-là crois moi, j’aimerais bien connaitre les raisons qui te poussent à devenir boursicoteur ? J’avoue que je m’étais fait une toute autre image de toi et de tes relations avec l’argent.

- (Patrick) Sauf si bien sûr derrière tout ça il y a quelque chose d’autre que nous ne savons pas encore, tu nous as parlé d’associés ? Qui sont-ils ? Des amis à toi qui souhaitent faire un bon placement ?

- Ils sont tout cela à la fois, sauf que vous n’avez pas idées de leur fortune personnelle, s’ils adhèrent à mon projet c’est sans nul doute parce qu’ils y trouveront leur intérêt. Pour tout vous dire, j’ai fait quelques découvertes intéressantes dont j’ai la ferme intention d’en déposer les brevets très prochainement et si j’ai des vues sur cette entreprise en particulier, c’est simplement pour passer plus rapidement de l’état de projet à celui de mise sur le marché. Une fois propriétaire de cette entreprise et après quelques remises à jour techniques, la commercialisation ne devrait plus poser de problèmes et l’argent devrait rentrer rapidement dans les caisses. D’après mes calculs, il ne nous faudrait qu’à peine quelques mois pour avoir le retour sur investissement escompté, ensuite c’est tout bénéfice et l’action de la nouvelle entreprise que je compte ainsi créer, devrait prendre une courbe ascendante à deux voire trois chiffres sur plusieurs années.

Patrick et Louis l’ont écouté sans rien dire, n’osant pas ternir le tableau qu’il leur brosse en lui faisant remarquer qu’une telle hausse n’était encore jamais arrivée dans les milieux boursiers, du moins sur le long terme et qu’il n’est sans doute pas suffisamment informé sur ce milieu ou le meilleur côtoie trop souvent le pire.

- (Louis) Tu t’emballes bien vite jeune homme !! Si les choses étaient aussi simples ça se saurait et il n’y aurait que des milliardaires sur cette terre.

- Vous ne me croyez pas ?

- C’est juste une mise en garde, tu es encore bien jeune pour connaitre les méandres du capitalisme et tu vois ça comme un jeu où tu vas obligatoirement en sortir gagnant, mes paroles n’étaient qu’une mise en garde amicale rien de plus. Maintenant c’est ton argent et tu es libre d’en faire ce que bon te semble, mon rôle de conseiller se borne simplement à t’alerter sur les risques encourus.

- (Patrick) Louis a raison Florian, tu pourrais aussi bien tout perdre car rien ne dit que tes brevets quels qu’ils soient ne feront pas un flop comme beaucoup d’autres restés depuis dans les cartons de personnes qui elles aussi pensaient avoir trouvé le graal.

- Il y a pourtant une énorme différence entre ces personnes et moi vous savez ?

Louis esquisse un sourire.

- C’est certain qu’elles n’ont certainement pas ton look ni ton caractère bien trempé ! Du moins pour beaucoup d’entre elles. Je parlais du caractère bien sûr !!

- Connaissez-vous le montant exact de la fortune que m’ont léguée mes parents actuellement sur mon compte personnel ?

- (Louis) Nous sommes bien placés pour le savoir, tu ne crois pas ?

- A la seconde et au centime près ?

- (Patrick) Tu sais bien que c’est impossible !!

- Et bien pas pour moi !!

Les deux hommes sourient de façon plutôt ironique, sachant pertinemment que seuls des ordinateurs très puissants pourraient calculer une telle fortune à la seconde près.

- Vous êtes en train de vous dire que je me vante, pas vrai ? Si vous voulez que je vous prouve mes paroles c’est pourtant très simple.

Je regarde ma montre.

- Il est dix heures cinquante-quatre, le temps que vous vous connectiez et disons pour onze heures pétantes, chacun de nous donnera le chiffre qu’il pense exact.

Louis regarde son collaborateur qui hoche la tête en guise d’acquiescement.

- Très bien !! Faisons comme tu le dis alors !!

Pendant qu’ils interrogent les données de l’ordinateur et qu’ils le questionnent sur les avoirs disponibles à une heure donnée, je sors mon calepin et après m’être mis en mode « calculette », je note rapidement la somme qui devrait apparaitre sur l’écran.

J’ai en tête le dernier relevé de décembre avec la date et l’heure exact à la seconde près où il a été transmis, rien de plus « simple » alors d’y cumuler les intérêts des derniers jours du mois et des quelques jours de janvier puisque ce sont des placements à taux fixes et qu’aucune transaction ne s’y est encore produite depuis qu’il a été ouvert à mon nom.

Je repose mon calepin et les regardent attendre les résultats qui devraient apparaitre dans quelques secondes.

- Et bien quoi !! J’attends ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (105/125) (Reims) (Monsieur Martins) (fin)

Louis et Patrick relèvent la tête vers le petit rouquin qui les observe d’un œil narquois qui en dit long sur ce qu’il pense des lenteurs informatiques, leurs yeux se fixent sur le petit calepin où un chiffre pour beaucoup considérable est écrit très lisiblement.

Un son venant du PC les alerte alors que celui-ci a fini ses calculs et en effet un chiffre s’affiche sur l’écran, Louis prend le calepin d’une main fébrile et suit avec le doigt les chiffres en mêmes temps qu’il les compare à ceux qu’il a maintenant devant lui.

Patrick s’est contenté de relever les cinq derniers qui sont assez convainquant, pour qu’il comprenne alors que le garçon qui se trouve souriant assis devant lui est certainement beaucoup plus qu’il n’y parait et qu’ils vont devoir revoir très vite leurs façons de penser à son égard.

- (Louis) Comment tu as fait ça !!!

- J’ai toujours aimé le calcul mental voyez-vous !! Bon !! Maintenant que vous semblez convaincu, reste plus qu’à vous expliquer ce que j’attends de vous. Vous connaissez très certainement la firme de recherche pharmaceutique Bohringer ? Oui ? Donc vous n’ignorez pas que plusieurs sites de cette même firme sont situés en France, dont une à Reims ?

- (Patrick) Certains de nos clients y travaillent en effet.

- Je lance donc un ordre d’achat sur toutes les actions disponibles en France de cette société, mes associés se chargent d’en faire autant sur les places étrangères. Le cours de l’action est actuellement très bas, je vous autorise donc à un rachat des titres avec une plus-value de vingt-cinq pour cent pour les vendeurs. Cette somme devrait faire réfléchir les petits porteurs et les inciter à vendre leurs parts, surtout si le bruit court que ce n’est qu’une bulle financière provisoire.

- (Louis) Et si au contraire ils préfèrent attendre ?

- Vous lancerez alors des ordres de ventes en dessous de la valeur actuelle, mes associés en feront autant et vous vous échangerez ses titres entre vous pour ne pas que d’autres s’en emparent en sentant le coup, en continuant bien sûr à racheter tout ce qui se présente à moindre coût cette fois ci.

- (Louis) Ce n’est pas chirurgien que tu aurais dû vouloir faire comme métier mais trader ma parole !!!

Patrick qui interrogeait l’ordinateur sur cette société pour en savoir un peu plus, se tourne vers nous et prend la parole d’une voix enrouée.

- Vous avez vu la valeur en bourse de cette boite ??? Elle dépasse de loin tes possibilités Florian !!

- Je le sais bien !! Mais pas celles de mes associés.

- Cinq milliards de dollars quand même, ce n’est pas rien et vous voulez en être majoritaire ?

- Pour quelques temps oui !! Mais une fois que nous aurons séparé la branche Française de l’entreprise par un rachat en propre, le reste ne nous intéressera plus et nous revendrons alors pour récupérer la plus grosse partie possible de notre mise.

- (Louis) Ça couterait certainement beaucoup moins à construire du neuf !!

- Je le sais mais nous n’avons pas le temps, cela prendrait des années alors qu’en faisant de cette façon il n’y en a que pour quelques mois tout au plus.

- (Louis) Et si les possesseurs d’actions ne voulaient pas vendre ?

- Ils vendront t’inquiète, quel que soit le prix !! Quitte à déclencher une OPA hostile, mais j’aurais ces laboratoires !! Maintenant vous connaissez les raisons de ma présence, faites pour le mieux et tenez moi informer sur l’avancement de l’affaire. Je signerai tous les papiers nécessaires.

- (Patrick) Tu as l’air bien sûr de toi Florian ? Tu risques quand même ta fortune sur ce coup-là, tu en es bien conscient j’espère ?

- Une partie de ma fortune seulement, celle qui ne me sert à rien en plus et les risques sont calculés. J’ai toujours mon entreprise qui tourne bien et elle me rapportera toujours beaucoup plus que je ne pourrai jamais dépenser.

- (Patrick soupire) Vu comme ça, il n’y a plus rien à dire en effet.

Louis tout en écoutant la conversation, continue à pianoter sur l’ordinateur et pousse une exclamation sourde.

- Bon dieu !! Ca a déjà commencé !! L’action vient de prendre deux points en quelques minutes !!

- Mes associés perdent moins de temps que vous ! Hi ! Hi !

- Je donne immédiatement les ordres d’achats !! Pas besoin d’enchérir plus pour l’instant, les ventes sont stables !! Personne n’a encore compris ce qu’il se passe, mais ça ne durera pas au rythme où ça va !!

Patrick me fait signe de le suivre pour laisser son patron en paix faire ce qu’il sait faire de mieux et nous nous retrouvons derrière le guichet, duquel il sort une enveloppe à mon nom.

Il l’ouvre et me tend ma nouvelle carte bancaire ainsi qu’un carnet de chèque.

- Nous avons transféré ce que tu avais sur ta carte jeune ainsi que la somme que tu as demandée.

Je lis le relevé qu’il me tend, satisfait que tout soit en ordre de ce côté-là.

- C’est très bien ! Merci !

- (Patrick) Ça fait une grosse somme, elle serait mieux placée tu sais ?

- Peut-être mais si Thomas a besoin, je préfère qu’il y ait de quoi. En plus la plus grande partie n’y restera normalement pas longtemps.

J’ouvre mon carnet de chèque et pour la première fois de ma vie, je le remplis fièrement et le paraphe en souriant.

- Tu n’aurais pas une enveloppe s’il te plait ?

- Bien sûr !! Tiens !!

- Merci !!

- C’est ton premier ? Je pourrais dire que ça s’arrose ! Hi ! Hi !

- Celui-là servira pour un ami qui s’est retrouvé sans rien plus ou moins à cause de moi, il l’aidera à reprendre sa vie en main et j’espère qu’il saura en faire bon usage.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (106/125) (Paris) (Raymond et Luka) (fin)

« Retour au présent »

Luka voit l’enveloppe que lui tend Maurice.

- C’est pour moi ?

- Florian a tenu à ce que je te la remette en main propre.

- Pfff !! Il aurait pu le faire lui-même !! Il était avec moi hier en plus.

- (Maurice) Une chose que tu ne sais peut-être pas encore sur Florian mon garçon, c’est un grand émotif.

Luka secoue l’enveloppe avec le sourire.

- Ne me dites pas qu’il m’écrit une lettre d’amour ! Hi ! Hi !

- Regarde et tu comprendras ce dont je parle.

Luka jette un œil sur Raymond tout aussi étonné et curieux que lui, il passe son doigt dans la fente de l’enveloppe et la déchire en faisant visiblement attention de ne pas trop l’abimer, son regard change quand il voit ce qu’il y a à l’intérieur.

- Mais !! Pourquoi un chèque ? Il ne me doit pas d’argent que je sache ?

Luka sort le morceau de papier d’une main tremblante et le porte à sa vue en changeant soudainement de couleur.

- Deux cent cinquante mille euros !!! Qu’est-ce que ça veut dire ???

Maurice ayant eu les explications de Florian.

- C’est pour lui une façon de s’excuser pour tout ce qu’il t’est arrivé par sa faute.

- (Raymond) Mais il n’y est pour rien !! C’est lui qui était visé il me semble !!

- (Maurice) Accepte si tu ne veux pas perdre un ami Luka, cette somme ne représente pas grand-chose pour Florian et il te la donne de bon cœur pour t’aider à démarrer une nouvelle vie. Tu n’étais pas là quand il est venu me voir pour me remettre cette enveloppe, tu aurais vu son visage alors je pense que tu aurais mieux compris que ce geste il l’a fait pour un ami qui a souffert par sa faute.

Luka toujours tremblant, remet le chèque dans son enveloppe et la tend à Maurice.

- Je préfère que tu la gardes le temps que je retrouve mon identité, j’aurais trop peur de le perdre tu comprends ? Pour Florian, je pense qu’une petite conversation entre quatre yeux s’impose. Emotif ou pas, il va entendre ce que j’ai à lui dire. Ce n’est pas possible un gars pareil.

Les larmes s’écoulent soudainement de ses yeux.

- Enfin quoi !!

Raymond lui entoure les épaules de son bras en le faisant se lever.

- Je pense qu’il serait mieux que nous rentrions chez nous.

Maurice est ému lui aussi.

- Je le pense également et nous reprendrons cette discussion plus tard, quand Luka sera remis de ses émotions.

Ce n’est que quand la porte de son bureau se referme derrière eux que Maurice repose l’enveloppe dans son tiroir en en sortant un paquet de kleenex, il en prend un en s’épongeant les yeux tout en reniflant comme un gamin et une fois qu’il sent que cela va mieux, il ressort ses dossiers pour se remettre à son travail.

***/***

Ce n’est qu’une fois chez eux que Raymond reprend Luka dans ses bras, il voit bien que son chéri est encore troublé par le geste de Florian et que son compagnon a lui aussi l’émotivité à fleur de peau.

Il l’aide à ôter son manteau et le pousse doucement jusque dans le salon où il le fait asseoir près de lui, ses lèvres cherchent alors les siennes et un long baiser plein de passion les unit alors, aidant plus que n’importe quels mots à réconforter Luka qui s’accroche alors au cou de Raymond comme si sa vie était en jeu.

- (Luka) Il est fou !!

- Il t’apprécie beaucoup tu sais.

- (Luka) Ça n’empêche pas qu’il soit complètement barjot ! Hi ! Hi !

Raymond préfère l’embrasser à nouveau, l’effet devient vite visible car une énorme bosse se forme au niveau de l’entrejambe du jeune homme, bientôt suivit par la même dans le pantalon de Raymond qui d’un geste doux allonge Luka sur le canapé pour ensuite venir sur lui.

Les caresses deviennent de plus en plus précises, amenant l’envie dans les reins des deux garçons qui très vite s’échauffent et commencent à se dévêtir fiévreusement jusqu’à se retrouver nus dans les bras l’un de l’autre, la pièce devient alors le témoin de leur amour jusqu’à la nuit tombée où leurs yeux se ferment d’épuisement et de bienêtre, les corps enlacés et rassasiés de plaisir.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (107/125) (Paris) (Hôpital militaire Begin) (Vendredi) (suite)

« Milieu d’après-midi »

Je quitte enfin le bloc où j’étais enfermé depuis mon arrivée le matin, Valérie avec Romain emmènent le deuxième bambin opéré pour le mettre en salle de réveil avant de le reconduire dans la chambre près de son copain.

Antoine s’occupe de la désinfection de la salle et des divers instruments que j’ai utilisés, ne reste donc plus qu’Erwan qui me rend le flacon inutilisé.

- Tiens !! Tu n’en as pas eu besoin !! Tu ne peux pas savoir comme j’aimerais avoir tes mains, elles valent de l’or et si les minots s’en sortent, ils pourront allumer un cierge à saint Florian.

- Je ne savais pas qu’il existait celui-là !!

- Maintenant oui !

- Ne dis donc pas d’ânerie tu veux bien ? J’ai fait mon métier sans plus et pour te rassurer, ils s’en sortiront tous les deux.

- Je peux te poser une question « Flo » ?

- Bien sûr !

- Il y a quoi dans le flacon ?

- Rien que ma salive, elle a des propriétés que personne ne saurait expliquer, moi le premier mais le fait est là, force est de le constater.

- Ça explique beaucoup de choses alors !! C’est comme ça que tu as soigné Luka ?

- Entre autre oui !! Tu ne savais vraiment rien sur tout ça ?

- Vraiment je t’assure, ou alors je n’y ai pas fait attention !!

- Ce serait trop long à expliquer !! Le mieux c’est d’en parler avec ton père, tu lui dis simplement qu’il a mon accord et qu’il ne doit rien te cacher.

- Il y a donc tant que ça à dire sur toi ?

- Oh oui, crois-moi !! Allons voir comment va notre premier opéré de la journée, je n’aime pas trop discuter de ça dans les couloirs.

***/***

« Dans la chambre des enfants »

- Tu te sens bien mon doudou ?

- Oh oui Nanou !!

- Ton copain ne va pas tarder, rappelle-toi que vous devez vous reposer.

- Oui Nanou !

Quelques instants de silence.

- Dis Nanou ? Tu crois que nous pourrons remarcher ?

- Mais bien sûr !! Seulement il vous faudra être patient pendant toute la durée de la rééducation et bien écouter le docteur.

- Tu crois qu’il viendra nous voir ?

- Qui ça ? Le docteur ?

- Non Nanou, le garçon du cirque ?

- Tu aimerais bien le revoir alors ?

- Oh oui !! Hi ! Hi ! Il est trop drôle.

La femme sourit.

- Je verrais avec le général, il nous a dit qu’il le connaissait bien et qu’il était là cette semaine.

L’accompagnateur qui était resté jusque-là silencieux, assis à lire son journal.

- Je vais me renseigner pour voir si c’est possible, rien de tel pour les enfants de pouvoir rire un peu.

- Le gros chat noir sera là aussi ?

La femme amusée.

- Ce n’est pas un gros chat mon chéri, c’est un fauve, une panthère et il ne peut pas quitter le cirque car les gens auraient bien trop peur.

- Il est gentil pourtant ?

- Toi tu le sais mais eux l’ignorent, en plus ce n’est pas permis par la loi.

Pendant cette discussion entre le petit garçon et la directrice de l’orphelinat, l’homme est sorti dans le couloir à la recherche de quelqu’un pouvant le renseigner sur une personne qui connaitrait bien le fameux Florian et lui donnerait une adresse ou un numéro de téléphone pour le contacter.

Une fois au bout du couloir, il aperçoit un officier, un commandant lui semble-t-il et il se dirige droit vers lui pour lui poser la question.

- Excusez-moi, heu !! Commandant !!

Alain se retourne.

- Oui ??

- Je suis un des accompagnateurs des enfants qui viennent d’être opérés aujourd’hui.

- Ah !! Enchanté !! Que puis-je faire pour vous ?

- Ma question va sans aucun doute vous paraître bizarre mais je cherche un clown !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (108/125) (Paris) (Hôpital militaire Begin) (Vendredi) (fin)

Alain le regarde en se demandant s’il est sain d’esprit.

- Un clown !!! C’est un hôpital militaire ici monsieur, pas un cirque à ce que je sache !!

- Pourtant hier le général qui nous a accueillis avait l’air de bien le connaitre, il nous a même dit qu’il avait ses entrées dans l’enceinte de cette caserne.

- Vous m’en voyez fortement étonné !! Le mieux serait d’aller le lui demander parce que je ne vois vraiment pas de qui vous parlez.

- Je pourrais vous le décrire, c’est un jeune rouquin aux cheveux hirsutes qui se prénomme Florian.

- (Alain) Vous devez faire erreur et confondre avec le chirurgien qui vient d’opérer les enfants.

Un sourire lui vient d’un seul coup, changeant l’aspect martial de son visage.

- Remarquez que lui aussi n’est pas le dernier à faire le clown, peut être parlons-nous de la même personne en fin de compte ! Hi ! Hi ! Plus rien ne devrait m’étonner venant de sa part, si vous me racontiez plutôt comment vous l’avez connu ?

L’homme explique alors en quelques phrases l’occasion qu’ils ont eu de faire sa connaissance, Alain l’écoute avec attention et son sourire s’accentue jusqu’à éclater de rire.

- Nous parlons bien de la même personne alors ! Hi ! Hi !

Un mouvement dans le couloir lui ramène son attention.

- D’ailleurs vous allez très vite en être persuadé vous aussi, puisque voilà votre « Bozo » qui arrive ! Hi ! Hi !

L’homme se tourne à son tour et le doute ne lui est plus permis quand il voit les deux jeunes hommes s’avancer dans le couloir dans leur direction.

***/***

J’aperçois « Atchoum » en pleine discussion avec un homme et qui a l’air d’être des plus joyeux, ce qui ne manque pas de nous surprendre Erwan et moi.

- Et bien en voilà un scoop dis donc !! « Atchoum » sait rire !! Personne ici ne voudra nous croire si on leur raconte ça !!

- (Erwan) Comme quoi on ne devrait plus s’étonner de rien, il discute avec un civil on dirait ! Je me demande bien ce qu’il fait là celui-là.

- C’est un des types qui accompagnaient les gosses au cirque avant Noël.

- Ah d’accord !! Je comprends mieux pourquoi il est là alors, regarde la tête qu’ils font « Flo » !! Je crois bien que c’est toi qu’ils attendent !!

Ça ne fait aucun doute pour moi et je souris en m’avançant vers eux.

- Bonjour !! Vous m’attendiez ?

- (Alain) Le clown ou le chirurgien ?

- Rien n’empêche l’autre !! Comment va le petit ? Son copain devrait bientôt se réveiller et le rejoindre, les opérations se sont bien passées et d’ici quelques mois ils pourront de nouveau courir et s’amuser avec leurs amis.

Je vois bien que l’homme n’en revient toujours pas de me voir devant lui, non pas comme le jeune homme qui les a fait rire à Aix mais comme celui qui vient d’opérer ses deux pupilles.

Je le laisse donc dans le couloir avec Alain et j’entre dans la chambre pour ma première visite post-chirurgicale, mon entrée ne manque pas de faire pousser des cris de joie au petit bonhomme dans son lit.

- Nanou !! Le voilà!!! C'est lui !!!

De le voir aussi heureux me donne envie d’en rajouter, mes pitreries lui amènent bientôt les larmes aux yeux et m’oblige à m’arrêter pour ne pas qu’il en subisse le contrecoup alors qu’il est encore trop fragile de sa sortie du bloc.

La femme a les yeux brillants d’amusement et du bonheur de voir ce petit bout d’homme oublier complètement le temps d’un fou rire, qu’il vient d’être l’objet d’une opération très difficile, voire capitale pour sa vie future.

Je l’ausculte pendant qu’il me suit des yeux avec un regard d’adoration qui met mon émotivité à rude épreuve, je ne vois pas entrer l’homme accompagné d’Alain ni ne l’entend chuchoter à l’oreille de sa collègue et je sursaute en l’entendant s’exclamer d’une voix aigüe.

- Non !! Tu déconnes !!!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (109/125) (Marc)

« Vendredi soir, chez Mireille »

Sébastien et Marc sont dans leur chambre, chacun à un bout du grand bureau à bûcher sur leurs devoirs et le silence n’est à peine interrompu que par les pages qui se tournent ou encore le crissement d’un stylo sur un cahier.

Ils sont là depuis la fin des cours, chacun avec la volonté de réussir leurs examens pour obtenir leurs diplômes le plus rapidement possible.

Les années qu’ils leur restent à faire pour ça ne prêtant pas à un redoublement s’ils tiennent à suivre leurs amis dans leurs aventures.

Mireille tend parfois l’oreille pour s’assurer que tout va bien, elle comprend très bien leurs raisons mais aimerait qu’ils profitent aussi de leurs jeunesses, en ne restant pas cloîtré comme ils le font les trois quarts de leur temps libre.

Son ragoût qu’elle a préparé pour le repas du soir mijote tranquillement, elle baisse encore un peu le gaz car ses autres locataires ne sont pas encore rentrés et elle passe dans la salle à manger pour vérifier qu’il n'y manque rien.

Elle a dû tirer les rallonges pour les invités surprises qui lui ont demandé si cela ne la dérangeait pas de les recevoir pour cette soirée, lui expliquant le pourquoi de leurs venues.

Mireille était seule dans la maison quand elle a reçu l’appel téléphonique, elle a écouté sans rien dire, les larmes s’écoulant sur ses joues tout le long de la conversation et depuis elle évite Marc pour ne pas une nouvelle fois s’effondrer en larmes devant lui qui ne comprendrait pas.

Dorian et Gérôme ont été mis au courant et ont tout naturellement proposé leur chambre aux deux invités, Flavien et Carole également pour la troisième et les deux couples après la soirée iront coucher chez les parents de Sylvain.

Ceux-ci arrivent enfin et viennent embrasser la vieille dame avec l’énorme tendresse qu’ils éprouvent pour elle.

- (Flavien) Ils ne sont pas encore arrivés ?

- Dorian et Gérôme s’occupent d’aller les chercher à la gare, ils ne devraient plus tarder maintenant.

- (Carole) Marc va avoir un sacré choc !!

- (Flavien) Il n’y a pas que lui.

- (Carole) Tu penses à Arnault ?

- (Flavien) Lui qui considère Marc comme son grand frère, tu imagines la surprise quand il apprendra que c’est bien le cas.

- (Mireille) J’espère juste qu’ils se remettront de tout ça !!

- (Flavien) Comment ça ?

- (Mireille) Ils ont eu des relations plus qu’amicales ou fraternelles rappelez-vous !!

- (Carole) Pas longtemps, ils se sont vite aperçu que ce n’était pas ce qui était le mieux pour eux.

- (Flavien) Au cirque pendant nos vacances, nous avons tous remarqué que leur amitié s’en était trouvé renforcé et il n’y a pas de raisons pour qu’ils ne soient pas heureux de la nouvelle, même si elle va leur causer un choc, c’est certain.

- (Carole) Et pour son père ?

- (Flavien) Lequel ? Jean ?

- (Carole) Non ! L’autre !!

- (Mireille) Il a quitté le manoir depuis qu’il a appris la vérité, il a toujours su que Marc n’était pas de lui mais de savoir qui en était le vrai père lui a fait un choc qu’il n’a pu supporter. A ce que j’en sais, ils parleraient de se séparer et si vous voulez connaitre mon avis, je trouve que c’est la meilleure solution pour tout le monde.

***/***

« Gare de Reims »

Arnault quitte le train avec le visage marqué par le souci qu’il se fait de cette conversation qu’il a eu avec son père et qui lui a demandé de venir à Reims ce jour-là pour y avoir une conversation les concernant lui et Marc.

Il a bien entendu cherché à en savoir plus mais son père est resté muet comme une tombe, arguant que ce n’était pas un sujet à débattre au téléphone et que sa mère et lui seraient là pour tout expliquer.

Dorian l’aperçoit sur le quai et s’exclame.

- Ah !! Le voilà !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (110/125) (Les deux frères)

Les quatre personnes qui attendaient avec Dorian se tournent dans la direction indiquée, ils voient bien le visage soucieux d’Arnault et comprennent toutes les questions qu’il doit se poser sur cette demande pour le moins bizarre de les retrouver ici.

Jean et Yvonne se serrent encore plus fort la main, les paumes moites d’appréhensions à connaitre les réactions de leur fils quand il apprendra ce qu’ils ont à lui dire.

Anne Laure sourit, émue de revoir Arnault qu’elle a toujours aimé en secret car son mari n’aurait pas compris cet attachement de son épouse pour le fils des domestiques de la maison.

Depuis son départ ce jour-là, la gaité est entrée à nouveau dans le manoir, Yvonne étant venue la voir le jour même quand son mari lui a appris le résultat étonnant de sa liaison avec celle qui pour lui a toujours été considéré comme une amie plutôt que comme son employeur.

La soirée qui s’en est suivi leur a permis de se parler à cœur ouvert et les choses étant dites, l’ambiance au manoir ne s’en est portée que mieux.

Le départ de Jean Philippe étant pour eux tous un soulagement, sa suffisance aristocratique était vraiment une réelle gageure à supporter au jour le jour.

Que le jeune homme qu’elle a vu grandir près de son fils soit le demi-frère de Marc et qu’il le sache enfin lui réchauffe le cœur et c’est elle qui la première l’enserre dans ses bras au plus grand désarroi d’Arnault, qu’une telle démonstration venant de sa part étonne plus que tout.

***/***

« Chez Mireille »

Les deux garçons referment leurs livres et rangent leurs affaires après avoir constaté que l’heure du dîner approche à grand pas.

Un sourire en se prenant la main, suivit d’un long baiser dont ils mourraient d’envie depuis un moment mais n’osaient pas se le donner de peur de ne plus être assez studieux ensuite pour poursuivre leurs devoirs.

Une caresse puis une autre les met dans un état d’excitation intense et ne serait-ce l’heure qui les rappelle à l’ordre, ils auraient bien pris une petite avance sur la soirée quand ils seront enfin dans l’intimité de leur lit.

Marc après un baiser encore plus appuyé.

- Hum !! Nous ferions mieux de descendre.

- Tu ne perds rien pour attendre.

- J’espère bien !

Ils sortent de la chambre en riant et dévalent l’escalier quatre à quatre pour se retrouver devant l’énorme tablée, ce qui ne manque pas de les interpeller.

- Nous attendons des invités ? Qui c’est ? Florian et la fratrie ?

- (Mireille) Pas cette fois ci mon grand, ceux-là viennent d’un peu plus loin.

- Thomas et ses cousins ?

- (Carole) Non plus !! Vous verrez bien, c’est une surprise.

- (Sébastien) Pour qui ?

- (Flavien) Nous n’en dirons pas plus, un peu de patience et vous le saurez.

Ils discutent ainsi quelques temps, les uns cherchant à tirer les vers du nez des autres et ceux-ci restant muets en jouant avec leurs curiosités, jusqu’à ce que la porte s’ouvre et que tous se précipitent vers l’entrée.

Marc aperçoit sa mère en premier et son cœur se pince cruellement, s’imaginant le pire au sujet de son père.

- Mère !!!

- Bonjour mon chéri !!

Cette fois ci il en est certain, le fait d’employer ce terme alors qu’il ne l’avait plus entendu depuis son enfance lui donne la conviction qu’un malheur est arrivé et son corps en ressent le contrecoup en se mettant à trembler sans qu’il ne puisse rien y faire pour se contrôler.

Apparaissent alors dans l’entrée, Jean, Yvonne et Arnault qui lui aussi à la mine soucieuse, la conviction qu’il ne se trompe pas sur la raison de leur venue lui amène les larmes et une extrême tristesse remontant du plus profond de son âme.

C’est d’une voix presque inaudible qu’il prononce cette phrase, sentant ses jambes ne plus le soutenir.

- Il est arrivé quelque chose à père !!

Flavien se porte vers lui pour le soutenir et l’aide à rester debout, il lui glisse alors à l’oreille.

- Reprends-toi « Marco », tu n’y es pas du tout.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (111/125) (Les deux frères) (suite)

Arnault voyant Marc flanché s’est précipité également vers lui et avec Flavien, ils le font asseoir sur le canapé en restant chacun d’un côté pour le soutenir.

Anne Laure entre à son tour dans le salon pendant que Jean et sa femme se présentent à la maitresse de maison qui les débarrasse de leurs manteaux en les priant de s’installer et de faire comme chez eux.

Dorian fait un signe de tête à Flavien qui comprend le message et se lève non sans avoir encore une fois prit le temps de quelques paroles de réconfort à son meilleur ami, il prend le bras de Carole en passant et imités par les deux policiers, ils remontent un instant dans leurs chambres afin de les laisser s’expliquer en famille.

Mireille elle aussi s’éclipse dans sa cuisine, il ne faut que quelques secondes pour que sa voix se fasse entendre.

- Sébastien !! Tu peux venir m’aider mon grand ?

Le garçon qui n’attendait que cette excuse pour les laisser sans paraitre impoli, ne demande pas son reste et file en cuisine rejoindre la brave femme qui referme mais pas complètement la porte derrière lui et se penche pour écouter ce qu’il se dit, trop curieuse de connaitre les réactions de Marc quand il va apprendre ce qu’ils sont venus lui dire.

Sébastien sourit et vient se positionner derrière elle pour écouter lui aussi.

Marc a bien remarqué leurs manèges, ce n’est d’ailleurs pas pour le rassurer et quand Jean les repousse gentiment lui et Arnault pour venir s’asseoir entre eux deux en entourant leurs épaules de ses bras, il ne sait vraiment plus à quoi s’en tenir et préfère attendre que les paroles d’explications viennent de l’un d’entre eux.

C’est Anne Laure qui prend alors la parole d’une voix douce qui encore une fois interpelle son fils, ne l’ayant plus entendu prendre ce ton depuis de bien trop nombreuses années.

- Avant toutes choses, sache mon grand que toi et ton ami Alexie, vous serez toujours à partir de maintenant les bienvenus dans notre maison.

- Je vous remercie mère mais Alexie n’est plus avec moi quoique nous sommes restés de très bons amis, il est avec « Nono » maintenant.

- Ah !! Tu m’en vois désolé.

- Il ne faut pas mère, ce sont des choses qui arrivent et j’ai trouvé l’âme sœur qui vit avec moi dans cette maison, Alexie s’est épris d’Arnault et les choses sont très claires entre nous.

- Ce qui compte mon chéri, c’est que tu sois enfin heureux. Tu dois te demander pourquoi nous sommes ici ce soir ?

- En effet mère !! J’ai cru comprendre que père va bien ?

- C’était le cas la dernière fois que je l’ai vu, nous nous sommes séparés au lendemain de son retour de l’hôpital.

Marc en reste bouche bée.

- Vraiment ? Puis-je savoir pourquoi ?

- C’est pour ça que nous sommes là Marc et aussi également pour cette raison que nous avons demandé à Arnault d’être présent car ça le concerne également. Vois-tu ! Jean Philippe t’as renié une fois de trop alors qu’il avait retrouvé sa santé grâce à ton intervention auprès de ton ami et je ne l’ai pas supporté, aussi je lui ai révélé ce qu’il ignorait encore depuis ta naissance.

Anne Laure regarde les deux garçons avec une expression qu’ils ne lui avaient encore jamais vue, elle voit bien leurs troubles et accentue encore plus son sourire maternel.

- Jean Philippe n’est pas ton père mon chéri, il le savait depuis ma grossesse mais ignorait qui m’avait mise enceinte et ce secret je le lui ai révélé ce jour-là sous la colère, quand il n’a même pas eu la chose d’avoir un minimum de reconnaissance pour ce que tu as fait pour lui.

Marc sent la main autour de son épaule se raffermir tendrement et il tourne un visage incrédule vers Jean qui lui sourit alors avec une émotion mêlant plusieurs sentiments contradictoires.

Anne Laure suit le cheminement des pensées de son fils, un doute puis une compréhension qui lui fait alors prononcer cette phrase qui marquera Marc pour toujours.

- Jean est ton père Marc, c’est une longue histoire qui a commencé dès notre plus jeune âge et qui te sera racontée en détail un autre jour, quand nous aurons tout notre temps pour ça. Sache juste qu’il n’a été mis au courant que ce jour-là où je l’ai avoué à Jean Philippe, je sais qu’il t’a toujours considéré un peu comme un fils et regarde-le !! Il tremble de connaitre ta réaction.

Marc digère ces paroles, ses yeux durant tout ce temps, sont restés fixer sur celle qu’il a toujours appelé « nounou » et qui l’a élevé comme son propre fils tout au long de ses années, elle a les yeux remplis de larmes où il peut y lire toute la tendresse qu’elle a toujours éprouvée pour lui.

C’est dans ses bras que Marc court se réfugier, des bras qui l’accueillent et le serrent avec une tendresse toute maternelle, des bras qui lui font comprendre toute l’affection qu’elle éprouve pour lui et dans lesquels il s’abandonne vaincu par les larmes.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (112/125) (Les deux frères) (fin)

Mireille se redresse en même temps que Sébastien qui lui aussi a le visage décomposé par ce qu’il vient d’entendre, elle s’en aperçoit et lui prend une main en la tapotant de l’autre.

- Allons mon garçon !! Ce n’est pas si terrible que ça !! Marc retrouve une famille qui l’a toujours aimé en plus de sa mère qui ne reflète pas le sentiment que je m’en étais faite.

- Je n’aime pas le voir dans un tel état c’est tout, pour le reste je suis heureux pour lui.

- Alors qu’est-ce que tu attends pour aller le lui dire ?

- Ce n’est peut-être pas le moment !!

- Ah tiens donc !! Et pourquoi ça ? Il est avec toutes les personnes qui l’aiment et tu en fais partie si je ne me trompe ?

***/***

« Dans le salon »

Jean regarde tour à tour son amie de toujours et Arnault, la réaction de Marc les ayant visiblement surpris tous les trois car c’est bien la dernière personne vers qui ils s’attendaient qu’il aille se réfugier dans ses bras.

Anne Laure comprend alors que par sa faute elle a gâché sa relation d’avec son fils, en prenant toujours le parti de son mari au détriment de ses sentiments réprimés et qu’elle en paie maintenant les pots cassés.

Yvonne est celle qui a toujours été là, que ce soit pour le changer, le soigner, le nourrir et lui donner ce qu’il réclamait le plus, l’affection.

Jean ne s’y trompe pas lui aussi et même si au plus profond de lui il en éprouve une immense joie, il plaint son amie qui n’a su être là quand il le fallait.

Arnault en est encore à comprendre que celui qu’il a toujours considéré comme un frère en fait l’était réellement, les quelques rapports extra fraternels qu’ils ont eus ne lui posent pas plus de problèmes que ça, se disant à juste raison qu’ils étaient alors ignorants de tout et qu’ils y ont vite mis fin, ni trouvant ni l’un ni l’autre l’épanouissement qu’ils en espéraient.

Yvonne n’a jamais remis en cause l’affection qu’elle a toujours eue pour cet enfant malingre mais si attachant, de savoir qu’il est le fils de son mari ni a rien changé, sachant très bien qu’il n'y est pour rien et que la faute si faute il y a, ne concerne que son mari, elle et sa patronne.

Elle a toujours connu les sentiments de Jean envers cette femme avec qui il a été élevé et qui représente beaucoup pour lui, il lui a raconté toutes les frasques qu’ils faisaient quand ils étaient enfants ainsi que ce bref moment de passion qu’ils ont connu un été où chacun des deux se sentaient seuls et avaient le plus besoin d’affections.

Leur position sociale et le mariage d’Anne Laure y ont vite mis fin, non sans qu’ils en gardent un souvenir marqué de tendresse et une affection que chacun gardait au plus profond de son cœur sans plus jamais l’extérioriser aux yeux du monde.

Il y a fallu cette crise pour que tout remonte à la surface comme une bulle s’échappant de l’eau, la mise au point qui s’en est suivie leur a permis de passer au-delà des jalousies ou des rancœurs en retrouvant une sérénité qui avait disparu depuis bien trop longtemps des vieux murs du manoir.

Marc se détache lentement de sa nourrice et de sa mère de cœur, ses mains se tendent alors vers Jean qui se lève d’un bond pour venir dans les bras qui le réclament.

L’instant d’effusion est encore très fort en émotions, Arnault se lève à son tour pour rejoindre les deux hommes qui avec Alexie sont ceux qui comptent le plus pour lui.

- (Jean) Tu ne m’en veux pas ?

- (Marc) Que tu sois mon père ? Bien sûr que non !! Tu l’étais déjà dans mon cœur rappelle-toi, il me faut juste le temps de me faire à l’idée que le sale mioche qui me tirait les cheveux est mon frère pour de vrai ! Hi ! Hi ! Aïeee !!

Arnault en s’essuyant les yeux avec sa manche.

- C’était qui le sale mioche ?

- Ne recommence jamais ça sinon gare à toi gamin !! N’oublie pas que c’est moi l’ainé !!

Anne Laure a le visage ravagé par la tristesse.

- Je vais vous laisser !! J’ai tout gâché et je m’en rends bien compte maintenant en vous regardant, peut être qu’un jour tu reviendras vers moi mon chéri.

Marc fixe sa mère avec attention.

- Laissez-moi du temps mère, j’ai été trop longtemps rejeté par vous et celui qui pour moi était mon père, n’attendez pas de moi que je vous saute au cou sur l’instant, ce serait me forcer et n’amènerait rien de bon, il nous reste de nombreuses années j’en suis persuadé pour qu’un jour nous y parvenions. Restez avec nous je vous prie et soyez comme une amie en attendant de pouvoir reprendre la place qui devrait être la vôtre dans mon cœur.

Marc voit Sébastien sortir de la cuisine, un grand sourire s’épanouit alors sur son visage.

- Sébastien ! Viens mon chéri que je te présente à ma famille !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (113/125) (Paris) (Steven & Michael)

« Vendredi soir dans l’appartement de Chan et Dante »

Quelqu’un qui passerait devant l’appartement ne pourrait pas ignorer qu’il y a des jeunes à l’intérieur, tellement le boucan qu’ils font est révélateur.

Depuis les deux heures où les deux couples sont installés confortablement dans le salon à jouer au Monopoly, c’est à celui qui fera le plus le pitre et l’ambiance amicale qui en résulte, leur amène un plaisir certain à être réunis.

Steven et Michael ont prévu de passer la nuit chez leurs amis, depuis qu’ils ont fait connaissance lors de la soirée chez Yuan, ils sont devenus quasiment inséparables et leur amitié se renforce chaque jour davantage au plus grand plaisir des deux couples.

Les affinités sont flagrantes, il suffit de remarquer les rapprochements où le tactile est autant sollicité que le mental, un besoin de se toucher qui a la moindre occasion se termine en mêlée comme le feraient des gamins s’amusant sur une pelouse un jour d’été.

- (Chan) J’en ai appris une bonne ce matin les gars !!

- (Steven) Par qui ? Florian ?

- (Chan) Exactement ! Hi ! Hi ! Figurez-vous que Thomas et « Yu » ont fait un pari complètement débile.

- (Dante) Ça t’étonne ??

- (Chan) Pas vraiment, mais celui-là est particulièrement cocasse ! Hi ! Hi ! Rendez-vous compte qu’ils ont parié sur nous quatre, l’un prétendant que nous nous mettrions ensemble et l’autre que non.

- (Dante) Ensemble comment ça ? Comme « Flo » et « Thom » avec Raphaël et Éric ?

- (Chan) C’est l’idée générale je crois bien !

- (Michael) Ils ont parié quoi ?

- (Chan) Celui qui gagne pourra passer une nuit juste avec Florian et une autre avec le perdant tandis que le troisième devra se contenter de regarder sans rien faire.

- (Steven) Houlà !! C’est un peu bizarre comme pari, si ils ont envie de le faire je ne vois pas ce qui les en empêche sans avoir besoin d’une excuse aussi débile.

- (Chan) Ce sont exactement les paroles de « Flo », sauf que lui a envie de voir ça et nous demande de jouer le jeu pour ne pas attendre la saint glinglin.

- (Michael) Il voudrait qu’on leur fasse croire qu’on couche ensemble ?

Chan avec un clin d’œil.

- Tu as tout compris.

Dante avec un sourire bizarre.

- Et pourquoi ferions-nous semblant ?

Chan qui n’a rien remarqué.

- Pour s’amuser à leurs dépens et faire plaisir à Florian.

- (Steven) Ça pimentera leurs nuits de folies ! Hi ! Hi !

Michael fixe Dante avec attention.

- Ce n’était pas la question de Dante, pas vrai ?

- (Dante) Ça a l’air d’être plutôt kiffant leur histoire avec leurs potes et en plus ils en ressortent encore plus soudés, rappelle-toi chéri la tête de « Raphi » les dernières nuits au cirque !! Éric n’était pas mieux et j’ai bien vu comment ils avaient le bourdon de savoir qu’il allait bientôt repartir.

- (Steven) Tu voudrais qu’on ne fasse pas semblant si j’ai bien compris ?

- (Dante) Je n’ai pas dit ça ! Du moins pas comme ça, mais si nous en avons envie pourquoi pas !! J’avoue que cette idée est nouvelle pour moi et que je suis le premier étonné d’y avoir pensé, mais j’avoue aussi qu’avec vous deux je me sens bien et que vous me plaisez beaucoup.

Chan a écouté jusque-là sans rien dire, il étudie les réactions de Michael et de Steven qui en font autant de leur côté et reporte ensuite son attention sur son chéri qui attend de toute évidence de savoir comment ils prennent sa proposition pour le moins osée.

- (Chan) Cette conversation prend une tournure surprenante, l’idée est lancée mais je pense qu’il serait bon de laisser faire tranquillement les choses sans précipitations. Je vous apprécie également beaucoup tous les deux, vous êtes des amis maintenant et je ne voudrais pas que cette amitié tourne court après coup, maintenant si ça devait se faire je n’y vois rien de mal à condition que ce soit dans le même style d’idée que Florian et Thomas.

- (Steven) Ça me troue le cul cette histoire !! Si je m’attendais à ça !!

Dante le fixe en rougissant.

- N’en parlons plus alors, c’était sans doute une idée débile venant de ma part.

- (Steven) Arrête !! Ce n’est pas ce que je voulais dire, juste que cette idée arrive comme ça alors que j’y avais déjà pensé.

- (Michael) Ah oui !! Toi aussi ?

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (114/125) (Paris) (Jean Baptiste)

« Vendredi après-midi, laboratoire de radiographie médicale privé »

Jean Baptiste pousse la porte, il entre dans la salle d’attente du laboratoire où sa sœur travaille depuis plusieurs années comme assistante médicale.

C’est un appel de sa part venant aux nouvelles qui l’a décidé à venir, sa sœur s’étant fortement étonné qu’il ait été opéré pour un nodule cancéreux et en soit ressorti presque aussitôt.

Il s’avance à l’accueil et fait la bise à l’hôtesse qu’il connait de vue depuis le temps, venant souvent y attendre Lisbeth sa sœur quand il n’était encore qu’adolescent et sa sœur qu'une jeune stagiaire.

- Tu es toujours aussi beau et l’uniforme en rajoute un max !! Ta sœur t’attend en salle de pause, tu connais le chemin.

- Merci « Caro » !

Lisbeth n’est pas seule quand il entre dans la salle, son patron est là également et ils ne le voient pas arriver, trop pris dans une discussion où son cas est visiblement évoqué avec une certaine verve.

- Ils n’auraient pas dû le laisser sortir !! C’est ce que je lui ai dit au téléphone.

- Je ne sais quoi répondre, tu as entièrement raison.

- C’est pour cette raison que je lui ai demandé de venir, ça ne te dérange pas de t’en occuper ?

- Bien sûr que non « Lise » !!

Jean Baptiste referme la porte derrière lui suffisamment fort pour qu’ils l’entendent et se tournent vers lui, aussitôt la jeune femme vient prendre son cadet dans ses bras.

- Tu as fait vite, Mathieu va te faire repasser une radio pour s’assurer que tout va bien.

- (Mathieu) Bonjour « JB », ça va mon garçon ?

- Oui professeur, mais vous connaissez ma sœur !! Il faut toujours qu’elle s’inquiète.

- Bah !! C’est normal !! Et puis ce qu’elle m’a raconté me semble quand même ahurissant, je sais bien que dans l’armée les pratiques ne sont pas forcément aussi draconiennes que dans le civil, mais je trouve quand même que ta sortie a été bien rapide. Passons dans mon bureau que je regarde cette cicatrice !! Elle me donnera déjà une idée des compétences du chirurgien qui s’est occupé de toi.

Jean Baptiste est prêt à lui révéler le nom de celui qui l’a opéré, quand il se reprend en se disant qu’il serait bon de connaitre l'avis d’une personne n’en ayant pas la moindre idée et qu’en plus il n’est pas sûr d’y être autorisé.

Mathieu le fait asseoir et observe en premier lieu le pansement tout propre qui lui démontre déjà que la cicatrice ne suppure pas, ce qui est plutôt bon signe aux vues d’une intervention ne datant que d'à peine deux jours.

Il l’enlève avec douceur et regarde maintenant attentivement la petite marque à peine visible, c’est à ce moment-là que son comportement surprend tout autant Lisbeth que son frère et la fébrilité soudaine du vieil homme n’est certainement pas pour les rassurer.

Celui-ci prend une loupe dans un des tiroirs de son bureau et se penche une nouvelle fois sur l’objet de son attention.

- Tu es sûr que ton intervention n’est pas plus ancienne qu’avant-hier ?

Jean Baptiste surpris, ne s’attendant certes pas à ce genre de question.

- Certain oui !! Pourquoi ? Qu’est-ce qu’elle a ?

- Elle a qu’elle est parfaitement refermée comme si elle datait de plusieurs années, voilà ce qu’elle a !! Ce que j’ai sous les yeux est une impossibilité chirurgicale !!

Jean Baptiste fixe sa sœur, toute aussi incrédule que lui aux paroles de cet homme qui pourtant exerce son métier depuis déjà une bonne trentaine d’année.

- Tu sais bien qu’elle est récente puisque c’est notre labo qui a réalisé les examens de mon frère !!

- Allons prendre cette radio !! Elle nous en dira certainement plus, pendant ce temps-là « Lise », tu vas me chercher une copie du dossier de ton frère.

***/***

« Un bon quart d’heure plus tard, de retour dans le bureau »

Mathieu analyse les résultats radiographiques en poussant un long soupire d’incompréhension.

- Cette radio ne montre rien !!

- (Lisbeth) Comment ça rien ??

- C’est comme si il n’y avait jamais rien eu, il n’y a absolument aucune trace résultant d’un acte chirurgical et si je n’avais réalisé moi-même ce cliché, j’aurais certainement pensé à une erreur quelconque de manipulation ou autre.

- (Jean Baptiste) Il y a quand même une cicatrice ?

Mathieu pose un doigt sur la radio.

- Oui mais regarde bien !! Elle n’est qu’au niveau de l’épiderme, en dessous tout est normal.

Le vieil homme sort un cliché du dossier qui est sur son bureau et le plaque près de l’autre.

- Un tel nodule ne peut être enlevé sans qu’il y ait un manque de matière au moment de refermer !! Du moins pendant un temps beaucoup plus long que ces quelques heures !! Et là nada !! Pas une trace !! C’est tout simplement impossible.

Lisbeth ne retient qu’une chose de toute cette diatribe.

- Mon frère est complètement guéri alors ?

- Bien mieux que ça jeune fille !! C’est comme si il n’avait jamais eu son cancer !!

« JB » ? Te rappelles-tu du nom de la personne qui a réalisé cette intervention ?

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (115/125) (Paris) (Jean Baptiste) (fin)

- Oui bien sûr !!

- Alors ??

- Je ne pense pas être autorisé à le nommer, j’ai fait sa connaissance lors d’une mission confidentielle défense et il nous a été recommandé plusieurs fois de façon insistante à ne rien révéler de son identité.

Mathieu en plissant les yeux.

- Je n’insisterai donc pas plus, sache quand même que cet homme quel qu’il soit a sûrement ce que j’appellerais un « Don » pour ce métier qu’il exerce, un tel résultat en si peu de temps se heurte à mes connaissances et j’aimerais savoir où il a appris ses nouvelles méthodes qui doivent être le fruit d’une très longue pratique, malgré que je maintiens avec certitude qu’elles nous sont encore inconnues dans ce que j’en sais de la chirurgie actuelle.

- (Lisbeth) Un moine venant du confins du Tibet peut être ? J’ai vu dans des films qu’ils avaient leurs secrets pour soigner les gens.

C’en est trop pour Jean Baptiste, l’idée de Florian en bonze tibétain lui amène un fou rire incontrôlable qui surprend autant sa sœur que son patron.

- (Lisbeth) Qu’est-ce qu’il t’arrive d’un seul coup ?

Jean Baptiste en a les yeux qui pleurent.

- Si vous le connaissiez ! Hi ! Hi ! C’est l’antithèse de tout ce que vous venez de dire ! Hi ! Hi ! Promis « Lise », s’il est d’accord, je te le présenterai ! Hi ! Hi ! Rappelle-toi de tes paroles ce jour-là surtout ! Hi ! Hi ! Je tiens à voir ta tête ! Hi ! Hi !

Mathieu se retient de rire car celui du jeune homme est communicatif, il préfère retourner à son travail et les laisser en tête à tête, comprenant bien qu’il n’en saura pas plus et qu’il va lui falloir mener son enquête seul pour espérer connaitre un jour le fin mot de cette histoire.

Il se promet de contacter rapidement quelques collègues dont un en particulier qui travaille justement à Begin et qui s’il arrive à amener le sujet avec suffisamment d’insistance, ne manquera pas de le renseigner s’il sait quelque chose.

Lisbeth s’est rapprochée de son petit frère qui lentement retrouve son calme, elle ne cache pas l’immense joie de ce qu’elle vient d’apprendre sur sa guérison car elle doit bien reconnaitre que ses nuits n’étaient plus ce qu’elles étaient depuis qu’elle avait appris son cancer.

- C’était si risible que ça ?

- Oh oui crois-moi !!

- Tu en parles presque comme un ami, serait-il plus que ça ? J’en serai heureuse tu le sais bien et « lui » aussi s’il te voit d’où il est.

Les paroles de sa sœur lui ôtent soudainement toute envie de rire, l’allusion à Nicolas comme à chaque fois qu’il y pense lui remonte une boule de tristesse dont il n’a encore pas fait le deuil, même si l’accident qui lui a fait perdre la vie remonte maintenant à deux longues années.

- Il me manque toujours tu sais.

- C’est normal, il me manquera toujours à moi aussi.

- Tu l’aimais aussi mais de nous deux c’est moi qu’il avait choisi.

- J’en étais heureuse pour vous deux tu le sais bien, de toute façon il me l’avait dit depuis le début mais malgré ça je ne pouvais m’empêcher de l’aimer.

- Il était comme ça que veux-tu, sa joie de vivre faisait qu’on ne pouvait qu’être attiré par lui. Maintenant pour répondre à ta question, c’est juste un ami rien de plus.

- (Lisbeth) Mais !!!

- Rhaa !! Tu me connais trop bien !!

- Je vois surtout que tes yeux ne sont plus aussi tristes, je l’avais déjà remarqué quand tu es entré tout à l’heure.

- Il faut bien passer à autre chose, je ne vais pas rester toute ma vie avec le souvenir de Nicolas !! Enfin !! Ce n’est pas ce que je voulais dire, mais….

- J’ai très bien compris ne t’en fais pas !! Il sera toujours dans un coin de ton cœur tout comme pour moi mais il ne faut pas en oublier d’être heureux pour autant et c’est très bien que tu l’aies enfin compris, je me faisais du souci pour toi tu sais ? Nos parents aussi et tu ferais bien d’aller leur rendre visite et de leur parler.

Elle fixe son frère avec malice.

- Alors comme ça mon petit frère est de nouveaux amoureux ?

Jean Baptiste esquisse un petit sourire.

- Ça se pourrait oui.

- Ne me dis rien !! Laisse-moi deviner !! Je verrais bien un grand blond aux magnifiques yeux bleus, super musclé, dis-moi si je brûle ?

Jean Baptiste éclate de rire.

- Alors là pas du tout, un vrai glaçon ! Hi ! Hi !

Il redevient sérieux.

- Crois-tu vraiment que je rechercherais quelqu’un qui me rappelle autant Nicolas ?

- Non bien sûr !! Moi non plus d’ailleurs, ça me ferait vraiment trop bizarre.

- Toujours célibataire alors ? Personne en vue ?

- Je n’ai pas ta chance.

- Rien n’est encore fait avec Romain tu sais ? Je ne suis même pas certain qu’il soit comme moi, même si il y a des signes qui sont encourageants.

- Comment pourrait-il résister à un beau garçon comme toi ? Arrête de te rabaisser, tu es jeune et tu as tout ce qu’il faut pour plaire alors fonce !! Tu as suffisamment porté ton deuil de « Nico », si il te plait n’hésite pas.

- J’ai peur !! Tu peux le comprendre ça ?

- Mais de quoi as-tu donc peur à la fin ?

- D’aimer encore une fois et que ça recommence.

- Allons Jean Baptiste !! C’était un accident !!

- Bien sûr que c’en était un !! Mais j’en vois tellement !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème année : (116/125) (Paris) (Chez Yuan)

« Vendredi soir après le dîner »

Les trois amis quittent la cuisine après avoir tout rangé et mis le lave-vaisselle en route, ils vont s’installer au salon juste au moment où le film commence et c’est serré les uns contre les autres dans le canapé, qu’ils se mettent en mode cocooning pour le regarder.

C’est Florian qui décroche le premier en ne le trouvant pas vraiment à son goût, il est néanmoins trop bien entouré de ses deux compagnons pour bouger ne serait-ce d’un millimètre et se réfugie dans sa tête pour repenser à cette semaine qui déjà bientôt se termine, pas qu’il regrette de retourner à Reims mais juste qu’il va lui falloir attendre un mois complet avant d’avoir à nouveau Thomas près de lui.

La semaine défile dans sa tête aussi précisément que s’il la revivait en réelle, la visite à l’Elysée, l’opération de « JB », des deux petits garçons, la mort de Stanislas, le pari entre Thomas et Yuan, mais surtout la rencontre avec Johan qu’il visualise en boucle et qui lui amène à chaque fois ce sentiment troublant qu’il connait trop bien pour ne pas comprendre ce qu’il lui arrive.

C’est incontestable que ce garçon lui a tapé dans l’œil dès son apparition dans sa vie, les quelques paroles et sourires échangés le confortent dans son analyse tout comme les attitudes de Johan démontrant que c’est réciproque.

Du coup l’image de Raphaël et d’Éric souriant s’impose à lui et il ne peut s’empêcher de ressentir un effet de manque qui lui crispe l’estomac.

Le sixième sens de Thomas quand il s’agit de son chéri, lui fait tourner la tête vers lui juste au moment où une légère grimace le dépare de son éternel sourire et Thomas s’en inquiète aussitôt.

- Quelque chose qui te préoccupe en dirait ? Tu veux nous en parler ?

- Je pensais à « Raphi » et à Éric.

- Ils te manquent ?

- Oui !! Toi tu vas bientôt pouvoir être près d’eux alors que moi j’en ai encore pour un moment avant de les revoir, vivement que nous ne soyons plus obligés d’être sans arrêt séparés.

Yuan avec une pointe de moquerie dans la voix.

- On ne te suffit plus ?

- Pff !! Ce n’est pas ça tu le sais très bien !! J’aimerais tellement qu’ils soient avec nous et passer nos soirées tous ensemble.

- (Thomas) Faudra prévenir les voisins !!

Yuan imitant un crieur de foire.

- Mesdames et messieurs !! Voici son altesse sérénissime Florian et son harem !!

Bouchez vous les oreilles et surtout emmenez les enfants chez leurs grands-parents !!

- (Je ris) Mais arrête !! T’es con !!

- (Yuan) J’imagine leurs têtes c’est tout !! Déjà qu’avec nous trois ça doit pas mal jaser.

- (Thomas) Pas certain qu’ils ne soient pas demandeur, rappelez-vous comment réagissent ceux qui entendent « Flo » quand il est parti dans son trip.

- (Yuan) Tiens oui !! Ça me fait penser qu’il est drôlement sage ce soir, t’en penses quoi « Thom » ?

- Que c’est le calme avant la tempête ou encore qu’on l’a mis sur les genoux depuis lundi ! Hi ! Hi !

Je les regarde d’un air amusé.

- Dans vos rêves les gars, juste que j’avais pitié de vous et que je voulais vous laisser regarder votre film tranquillement. Ça me fait penser à un truc, j’ai invité un gars que j’ai rencontré cette semaine à venir demain soir pour passer la soirée avec nous.

- (Yuan) C’est marrant maintenant que tu le dis, moi aussi.

- (Thomas) Moi c’est pareil !! Je voulais justement vous en parler, c’est drôle comme coïncidence vous ne trouvez pas ?

- Humm !!

Mes deux amis se tournent vers moi intrigués, je les fixe en montrant mon scepticisme au fait que ce soit un pur hasard.

- Ça me parait gros les gars, deux je veux bien mais trois ça fait beaucoup et encore plus du fait que ce n’est pas dans nos habitudes.

- (Yuan) Tu crois que c’est un piège contre toi ? Pourtant Johan m’a paru très bien comme mec !

Thomas sursaute tout comme moi.

- Johan !! Si c’est un coup monté, ce n’est pas très malin parce que le mien aussi s’appelle Johan.

- (Thomas) Pareil pour moi !!

- Et il est comment ton Johan ?

- Il ressemble assez à Thomas physiquement je dirais, sauf que niveau coupe et couleur de cheveux c’est à toi qu’il m’a fait tout de suite penser.

- On parle bien du même alors !!

- (Thomas) C’est bien Johan !! C’est bizarre quand même qu’on ait rencontré le même gars dans la semaine !!

- (Yuan) Sauf s’il l’a fait exprès !!

- Une question les gars, répondez y sans réfléchir d’accord ? Est-ce qu’’il vous a fait kiffer quand vous l’avez rencontré ? Parce que moi oui… et grave en plus !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (117/125) (Afrique)

Aomé sort de la case en remettant en place son étui pénien, un sourire de satisfaction sur les lèvres et un dernier coup d’œil à la fille de sa tribu qui vient de perdre sa virginité dans ses bras.

C’est beaucoup plus « léger » qu’il va rejoindre Taha dans le case d’à côté, sauf que son frère n’en a pas encore terminé avec sa compagne et qu’il peut voir ses petites fesses nerveuses s’agiter en cadence sous les petits cris visiblement de plaisirs de la jeune fille qui reçoit ses assauts.

La réputation des deux frères commence à faire le tour du village et les anciens en ont déjà fait la remarque à Okoumé, celui-ci gardant un avis mitigé sur ce qu’il entend.

La fierté d’avoir des fils si virils est contrebalancée par les traditions ancestrales qui n’acceptent les rapports sexuels entre adultes qu’après le mariage.

Bien sûr il n’est pas né de la dernière pluie et connait bien les rencontres furtives entre jeunes pour y avoir lui aussi participé en son temps, seul le manque de discrétion de ses deux fils amène la vindicte des sages et il leur fait la promesse de leur faire cesser leurs agissements immatures.

Okoumé comprend très bien son aîné qui jusque-là était resté chaste à cause de ses propres blocages et qui maintenant rattrape le temps perdu avec un entrain qui fait sourire le brave homme.

Taha par contre suit son frère avec la même ardeur, mais n’a certainement pas les mêmes excuses qu’Aomé car Okoumé se souvient bien des expériences qu’a eues son deuxième fils avec plusieurs de ses amis avant qu’il ne devienne un homme et il devrait être plus respectueux des traditions, sauf si comme il n’est pas loin de le penser, le contact des hommes blancs aux mœurs si différentes l’a détourné des préceptes tribaux qui veulent que la femme ne soit que la mère respectée qui donne naissance aux enfants et non un moyen de soulager ses envies.

Taha est loin de toutes ses pensées et termine sa saillie dans un grand coup de reins nerveux qui fait jouir sa partenaire en même temps que lui la féconde de sa sève de jeune mâle en exhalant un énorme soupire dû à l’orgasme qui le parcourt de la tête aux pieds.

Si les filles du village recherchent autant son contact c’est justement parce qu’il fait l’amour comme un blanc et qu’elles éprouvent un plaisir extrême dans ses bras, sa façon de leur prodiguer des caresses et choses jusqu’alors inconnues, comme de mettre sa langue dans les endroits les plus sensibles avant de les prendre tout en douceur, a vite fait le tour des célibataires du village.

D’ailleurs ce sont-elles qui l’aguichent et profitent du moindre instant de solitude avec lui pour bien lui faire comprendre leurs envies de connaitre ce plaisir des sens, leurs mères n’ayant jamais laissé entendre qu’elles l’avaient connu ou qu’il puisse même exister.

Taha n’est pas peu fier de sa notoriété auprès des filles de la tribu et remercie sa curiosité ainsi que ses lointains amis qui même s’il n’y a jamais participé, ne se cachaient pas de lui pour s’adonner à leurs amours en le croyant certainement endormi ou encore en n’étant pas gênés outre mesure par sa présence.

Aomé attend qu’il ait remis son étui pénien avant de se faire remarquer par son frère qui lui sourit en le découvrant à l’entrée de la case, il a beaucoup parlé avec lui des filles et même s’il n’ose pas leur faire toutes les choses que son cadet lui a raconté, il en a adapté quelques-unes qui il doit bien le reconnaitre ont donnés un résultat étonnant pour ne pas dire détonnant.

Les deux garçons s’éloignent en empoignant leur arc au passage et quittent tranquillement le village pour faire ensemble la deuxième chose qu’ils aiment le plus après les filles, la chasse.

Ils ne voient pas bien sûr le garçon qui les espionne en se cachant de leurs vues, d’ailleurs il ne vaudrait mieux pas pour lui que quelqu’un le remarque car la position de son étui pénien dressé contre son ventre amènerait certainement les pires problèmes au jeune garçon devenu depuis peu un homme.

Un peu plus jeune de quelques lunes que Taha, Naomé n’en est pas moins son meilleur ami depuis toujours mais aussi un de ses principaux partenaires lors des nombreuses années passées à la découverte de leurs jeunes corps et des besoins qui en ont découlé.

Le problème de Naomé est qu’il n’a pas réussi comme son ami à passer le cap des jeux entre garçons et pour cause, il est amoureux depuis toujours de Taha qui ne s’est jamais rendu compte de rien, même pendant leurs jeux qui n’en étaient pas pour Naomé et qui alors vibrait de tout son corps et son âme, des caresses et des saillies de celui qui maintenant l’ignore ou du moins est beaucoup moins présent pour lui depuis qu’il a retrouvé l’amitié d’Aomé et qu’il découvre les filles du village avec un autre œil.

Les yeux du garçon deviennent humides d’un chagrin qu’il ne pourra jamais partager avec quiconque car ce serait pour lui avouer l’inavouable et encourir au courroux des anciens, qui le chasseraient du village comme tant d’autres avant lui.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (118/125) (Afrique) (suite)

Okoumé qui suivait des yeux le départ à la chasse de ses fils, remarque le garçon les épiant derrière l’arbre centenaire et son visage d’abord surpris, prend une expression particulière en comprenant le drame émotionnel de celui qu’il a reconnu et dont il se doute depuis déjà longtemps des sentiments cachés qu’il a pour Taha.

Naomé s’apprête à quitter sa cachette quand il sent une main ferme lui serrer l’épaule, la peur qui lui noue alors l’estomac fait descendre à la vitesse de l’éclair la preuve manifeste de son émoi et fait sourire Okoumé qui s’en est rendu compte.

- Tu ne devrais pas faire ça Naomé, ce n’est pas sain pour ton esprit. Mon fils et toi avez beaucoup partagé je le sais mais le temps est passé pour ses choses-là, prends une femme et oublie Taha.

Naomé tourne vers le chef du village un visage ravagé par la tristesse, Okoumé en a un sursaut de stupeur, ne croyant pas jusque-là que les sentiments du jeune homme étaient aussi forts.

Okoumé sait qu’un jour il fera la faute qui lui vaudra l’exclusion de la tribu, son éducation auprès du père Antoine lui donne une autre vision du jeune guerrier que celle qu’auront les anciens s’ils apprennent sa différence et il n’aimerait pas à avoir à prendre cette décision cruelle envers ce jeune garçon qu’il a vu grandir et qu’il doit bien se l’avouer, il aime très fort du fait peut-être qu’il était le meilleur ami de son fils.

- As-tu entendu mes paroles ?

- Je ne pourrai jamais oublier Taha tu le sais bien. Je suis maudit par nos dieux !! Pourquoi les femmes ne m’attirent elles pas ? Pourquoi seul le visage de mon meilleur ami arrive à faire se dresser mon sexe ?

Les larmes s’écoulent à nouveaux sur son visage.

- Nous étions si bien ensemble pourtant !!

Naomé éclate en sanglots, ce qui déstabilise fortement Okoumé pour qui un homme ne doit pas pleurer et doit toujours montrer sa force de caractère, quelles qu’en soient les circonstances.

Il comprend que Naomé ne sera jamais un dur et fier chasseur mais que son cœur sera tendre, une décision prend jour dans son esprit qui devient très vite une évidence.

S’il ne veut pas apprendre un jour que Naomé a perdu la vie seul dans la jungle loin de son peuple, il faut qu’il l’éloigne dès maintenant et qui mieux que le père Antoine pourra le prendre en charge et lui donner une vie agréable en le faisant travailler dans son dispensaire qui manque toujours de bras forts pour les tâches de tous les jours.

- Si tu ne te sens pas capable de changer, tu dois quitter la tribu avant d’en être exclu par nos anciens. Je dis ça pour ton bien Naomé, comprends-le !! Je t’aime beaucoup mon garçon et je ne voudrais pas être celui qui te condamnera à une mort certaine, comme beaucoup qui comme toi l’ont hélas connue avant toi.

Naomé est effondré par ses paroles.

- Pourquoi est-ce si mal ?

- Je n’ai pas de réponses !! Sans doute y a-t-il eu une époque où cela avait de l’importance, nos traditions et notre culture datent depuis des temps immémoriaux, l’interdit est encore trop fort pour qu’on ne puisse rien y faire.

- Mais toi ? Tu penses autrement, sinon tu ne me parlerais pas comme tu le fais ?

- J’ai eu la chance de connaitre une personne de bien qui m’a fait beaucoup réfléchir et me remettre en question.

- Le père Antoine ?

- Lui-même !! Accepterais-tu de passer quelques temps à son dispensaire ? Il a besoin d’un garçon fort comme toi pour l’aider aux tâches de tous les jours et ça te donnerais le temps de te poser les bonnes questions, avant que d’autres moins enclins que moi à la clémence s’aperçoivent de ce qui te ronge.

- Je devrai quitter la tribu ?

- Oui mais dans de bonnes conditions, nettement meilleurs en tous les cas que ce qui risque de t’arriver si quelqu’un découvre ce que tu es.

- Mais lui !! Sera-t-il au courant ?

- Je ne saurai lui mentir mais comme je te l’ai dit, c’est un homme de bien et puis comme ça tu pourras voir aussi Taha avec Akim, ils aiment bien rendre visite au vieux père ainsi qu’à « Kinou » qui est resté près de lui.

- Je pourrai revenir voir mes parents ?

- Bien sûr mon garçon !! Et même qu’ils seront fier de toi à te savoir là-bas pour aider ce brave homme, plus tard d’ici un été ou deux, nous reprendrons cette discussion pour voir si tu es prêt à revenir parmi nous et prendre femme, tu pourras aussi reprendre la place qui est la tienne comme chasseur de la tribu.

Naomé voit le petit sourire aux lèvres de son chef.

- Pourquoi souris-tu ?

- Parce que je ne pense pas que tu le feras, vivre avec et comme les hommes blancs va te changer, certaines choses vont chambouler notre vie à tous d’ici peu et tu en seras un des précurseurs qui connaitra ce changement.

- Taha m’a dit que le garçon aux cheveux de feu viendra et qu’il guérira mieux que notre sorcier, est-ce vrai ?

- Ce garçon est bénit des dieux, ne t’y trompe pas, il est très puissant.

- Taha dit aussi que c’est son ami et qu’il aime lui aussi un garçon.

- Peut-être alors amènera-t-il le changement nécessaire et y trouveras-tu ta place, c’est ce que je te souhaite de tout cœur Naomé, pour toi et pour ton père qui est un vaillant chasseur, respecté par toute la tribu.

- Quand m’emmèneras-tu chez le père Antoine ?

- Au prochain lever de soleil si ta décision est prise, parle avec mon fils et dis-lui les vrais raisons de ton départ, il doit savoir pourquoi son ami quitte le village.

- Ne va-t-il pas renier notre amitié quand il saura ?

- Taha comprendra !! N’oublie pas que pour lui aussi tu es son ami.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (119/125) (Paris) (Chez Yuan) (fin)

Yuan et Thomas prennent le temps d’assimiler les dernières paroles de Florian, ils se jettent un coup d’œil perplexe devant l’implication futur de leurs sens qui ne prêtent pas à confusion.

- (Yuan) Je crois bien que cette fois tu vas te prendre un vent « Flo », si nous parlons comme je le pense du même gars.

- (Thomas) C’est aussi mon avis, du peu que j’en sais il m’a paru plutôt cent pour cent hétéro !! Et puis tu n’en a donc pas assez avec nous ? Qu’il te faille encore quelqu’un dans ta vie ?

Je vois bien qu’ils n’approuvent pas ce que je viens de leur dire.

- Vous n’avez vraiment rien ressenti ?

- (Thomas) Non !! Enfin si mais pas ça !!

- (Yuan) C’est vrai qu’il est plutôt beau gosse, en plus il a un physique qui me rappelle un peu vous deux mais si je l’ai invité c’est juste parce que je me suis bien entendu avec lui et que j’ai pensé qu’il pourrait devenir un ami pour nous. Je t’avoue que je n’ai ressenti rien de plus pour Johan et il semblerait que pour « Thom » ce soit le même cas de figure.

- (Thomas) Pour moi c’est pareil, il m’a demandé s’il pouvait envisager un stage à la boite et j’avais envie de l’aider, alors je lui ai demandé de passer pour te le présenter et aussi parce qu’il me semblait super sympa, mais rien de plus.

- (Yuan) De toute façon le problème n’est plus là !! Je cherche toujours à comprendre pourquoi il nous a rencontré tous les trois et ne me dites pas que c’est une coïncidence puisque vous-même avez trouvé ça bizarre il n’y a pas cinq minutes.

Thomas fixe son chéri.

- Tu n’as pas l’air convaincu ?

- Mais si !! Moi aussi je me pose la question !! C’est juste que… enfin !! Laissons tomber, nous verrons bien demain ce qu’il en est.

- (Thomas) Tu n’en démords pas, pas vrai ?

- De quoi donc ? Que je le kiffe ? Je n’y peux rien, c’est comme ça, dès que je l’ai vu ça m’a fait une boule au ventre et vous pouvez dire ce que vous voulez, je suis certain que c’était pareil pour lui.

Je vois bien la tête qu’ils font et je sais que je n’irai pas à l’encontre de l’avis de Thomas, lui le sait aussi et c’est pour cette raison qu’il me sourit en venant me prendre dans ses bras.

- Allez !! N’y pense plus !! Si ça tombe tu ne ressentiras plus rien quand tu le reverras.

- Hum !!!

Thomas avec un sourire moqueur.

- A moins qu’il finisse par compter plus que moi ?

J’ai un sursaut d’horreur qu’il n’ait pu même rien que penser une telle chose et malgré que je comprenne au ton de sa voix qu’il plaisante, mon cœur hurle de douleur qu’il puisse un jour se détacher de moi ou même croire ne serait-ce qu’un instant que ça pourrait arriver.

Je me dégage de ses bras en le regardant avec effroi, je sens mes yeux devenir humide d’une détresse que je n’arrive pas à contrôler et je m’enfuie dans la chambre pour me jeter sur le lit en sanglotant comme un enfant.

Yuan prend fermement le bras de Thomas, le visage décomposé par ce à quoi il vient d’assister et dont il ne s’attendait certainement pas à ce que ça prenne une telle ampleur.

- Tu es fou Thomas !! Pourquoi lui as-tu dit une chose pareille, tu sais pourtant quelles sont ses réactions dès qu’il s’agit de vous deux ?

Thomas devenu livide.

- Mais c’était juste pour plaisanter !!

- Va le lui dire alors !! Tu connais sa sensibilité, tu dis toi-même que parfois il est dans son monde et son monde crois-moi n’est bâti qu’autour de toi et de votre relation.

Thomas baisse la tête, un son qui lui déchire le ventre lui parvient de la chambre et c’est en se ruant vers celle-ci qu’il laisse Yuan en plan, la main figée dans le vide comme s’il lui tenait encore le bras.

Des voix sourdes lui arrivent par bribes jusqu’à ce que plus un son ne se fasse entendre, Yuan se dirige alors doucement vers la chambre et entrouvre la porte suffisamment pour observer ce qu’il s’y passe à l’intérieur.

Un sourire empreint d’une vive émotion s’affiche alors sur son visage, quand il voit les deux garçons qu’il aime enlacés l’un à l’autre en s’embrassant avec passion.

Il referme doucement la porte, s’habille ensuite chaudement pour sortir et leur laisser l’intimité dont ils ont besoin, ses pas le conduisent tout naturellement jusqu’au petit bar où il a fait connaissance avec Johan.

Plus il y réfléchit et plus les paroles de Florian sur la soi-disant attirance que Johan a éprouvé pour lui semble déplacé, le garçon ne lui ayant pas donné l’impression qu’il puisse être attiré par les hommes.

Bien au contraire car son petit côté macho ainsi que la façon à laquelle il s’est tenu à lui alors qu’il boitait, démontrait visiblement le contraire.

Yuan boit une gorgée du thé qu’il a commandé, des pas venant de la rue lui font lever le regard juste par curiosité et les deux personnes qui passent devant la vitrine du bar lui donnent un hoquet de surprise qui le fait avaler de travers en recrachant une partie de sa boisson.

Le patron jette un œil sur son client qui tousse en se tenant fortement la poitrine.

- Ça va aller jeune homme ?

Yuan se lève rapidement, sort quelques pièces de monnaie qu’il dépose sur le bar et après un bref salut, il s’élance dans la nuit pour s’assurer qu’il ne s’est pas trompé sur ceux qu’il vient de voir passer.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (120/125) (Paris) (Mathieu enquête)

« Samedi matin, cabinet de radiologie privé »

Le radiologue contemple une fois de plus les deux clichés pris à quelques jours d’intervalle, l’incompréhension se lit encore et toujours sur son visage, quand il finit par les repousser d’un geste sec.

- Qu’est-ce que ça veut dire à la fin !!

Il regarde nerveusement sa montre en soupirant d’exaspération à ce que les aiguilles n’avancent pas assez vite pour lui, la personne qu’il attend depuis son coup de fil de la veille au soir et qui lui a promis de passer avant de commencer sa journée de travail.

C’est donc lui qui ce matin est arrivé bien avant l’heure habituelle, passant son attente à revérifier le dossier qu’il a en mains sans en trouver plus d’explications logiques que la veille.

Un coup porté sur le carreau de la porte d’entrée lui fait relever la tête et se lever pour aller ouvrir.

- Salut Henry !! Merci d’avoir accepté de passer me voir si tôt.

- Ta voix était bizarre au téléphone Mathieu et que tu ne veuilles rien me dire de plus que de passer te voir ce matin a mis ma curiosité à rude épreuve, tu ne m’as pas habitué à ce genre de chose depuis qu’on se connait.

- Suis-moi dans mon bureau, j’aimerais avoir ton opinion sur un dossier médical avant de te demander un renseignement.

Le radiologue fait entrer son ami de fac dans son bureau et lui met le dossier dans la main.

- Regarde et dis-moi ce que tu en penses !!

Henry examine un moment le dossier et va placer les clichés sur la plaque lumineuse accrochée au mur, il les examine attentivement avant de se retourner vers son ami qui ne l’a pas lâché des yeux, surveillant ses réactions.

- Je n’y vois rien d’extraordinaire, on peut voir un nodule certainement cancéreux sur l’une des images et rien de spécial sur l’autre ne serait-ce cette petite cicatrice à peine visible, je ne vois pas où tu veux en venir.

- Regarde les dates de prises veux-tu ?

- Oui et alors ?

- Si je te dis que c’est la même personne ?

- Impossible allons !! Il doit y avoir eu une erreur lors du classement !!

- C’est moi personnellement qui les ai faites, je suis certain qu’il n’y a pas d’erreurs.

- Ah !! Je ne te ferais pas l’affront de te traiter de menteur, alors dis-moi plutôt ce que tu attends de moi ?

- Le jeune homme qui s’est fait opérer est le frère de mon assistante, il m’a parlé un peu du chirurgien qui s’est occupé de lui en me disant qu’il était extraordinaire. Mais là vois-tu !! Ce n’est plus dans l’extraordinaire que nous sommes mais plutôt dans l’impossible et ta réaction de tout à l’heure me conforte bien dans mon idée.

- Et alors ?

- Nous sommes amis de longue date Henry, tu sais que ça restera entre nous mais si tu sais quelque chose sur cet homme, dis le moi s’il te plait. Depuis hier je n’arrête pas de penser à ça et comme l’intervention s’est faite à Begin, je suis sûr que tu dois savoir de qui je parle.

Le colonel Bientz parce que c’est bien lui l’ami de Mathieu, prend le temps de réfléchir en s’asseyant.

Il pose ses deux mains sur le bureau en soupirant, cherchant les mots qui vont bien pour ne pas vexer un ami de longue date duquel en plus il a toute confiance.

- Tu ne reçois pas les journaux officiels donc ?

- Si bien sûr !! Mais si tu crois que j’ai le temps de les lire !!

- Tu devrais pourtant, ça te permettrait de mieux comprendre ce que je vais te dire. Si tu as encore ceux de ses derniers mois, je te ferais déjà lire quelques articles très intéressants.

Mathieu quitte son bureau pour se rendre à son secrétariat où il y trouve facilement ce qu’il cherche et les ramène pour les poser devant Henry qui sourit en voyant qu’ils n’ont même pas été déballés de leurs films plastifiés.

C’est donc grâce aux tampons de la poste qu’il en choisit plusieurs, les ouvre et les pose en évidence devant son ami par ordre de parution, ouverts à la page de l’article qu’il compte lui faire lire.

Mathieu lit le premier sans trop en comprendre le rapport avec ce qu’il cherche à savoir, pourtant au fur et à mesure qu’il prend connaissance des autres articles son visage devient plus attentif, jusqu’à enfin se fixer dans celui d’Henry qui sourit d’amusement à avoir suivi son cours de pensée.

- (Henry) Incroyable pas vrai ? Un garçon de cet âge au potentiel si prometteur ?

- C’est ce gamin qui a opéré Jean Baptiste ?

- Je ne vois que lui en effet et comme à son habitude l’acte ne prête à aucune critique.

- Te rends-tu compte que cela ne se peut pas ? C’est médicalement impossible qu’il ne reste plus de traces ou si peu !!

- Rien ne semble impossible pour Florian !! Je ne suis pas autorisé à te révéler certaines choses qui sont encore confidentielles, mais vois-tu mon ami ! J’ai appris à ne plus m’étonner de rien venant de lui, tu ne me croirais pas de toute façon mais sache qu’il est depuis son enfance sous haute protection et que ce n’est pas juste parce qu’il attire le regard. Si tu veux un conseil, ne cherche pas à en savoir plus sur lui au risque que certaines personnes ne l’apprécieraient pas forcément.

- C’est une menace ?

- Un conseil, rien de plus !!

Henry se lève.

- Je verrai avec lui s’il accepte de te rencontrer et peut être comprendras-tu enfin à qui tu as à faire.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (121/125) (Paris) (Mise au point technique)

« Vendredi soir vingt-deux heures, chez Yuan »

- Alors tu es rassuré ?

- Vouii !!!

- Fais pas le gamin tu veux ?

- Vouii !!!

- « Flo » !! Arrête s’il te plait ! Hi ! Hi !

- Nan !!

- Rhaa !! Décidemment quand tu as mis ta tête de cocker ! Hi ! Hi !

- Tu ne me quitteras jamais « Thom », tu me le promets hein ??

- Combien de fois faudra-t-il que je te le dise pour que tu me croies !! Si quelqu’un devait poser cette question ce n’est certainement pas toi, tu le sais bien.

- Et c’est qui ?

- Cherche un peu et tu auras ta réponse.

- C’est à cause de Johan que tu dis ça ?

- Tiens !! Ton cerveau fonctionne à nouveau on dirait ?

- Ça n’a rien à voir avec nous deux, tu veux que je te le prouve encore ?

Thomas répondrait bien que oui parce qu’il sait bien que des câlins comme celui qu’ils viennent de se faire, il n’en aura jamais assez.

Seulement ça fait déjà presque deux heures qu’ils ont laissé Yuan seul dans le salon et

Thomas même s’il compte bien avoir encore droit aux câlins ce soir, aimerait aussi que Yuan soit avec eux pour en profiter au lieu de se morfondre devant la télé à les entendre gémir de plaisirs.

- Un membre du harem est resté seul dans le salon, l’as-tu oublié ?

- Tiens oui au fait !! Pourquoi il n’est pas là « Yu » ?

- Parce qu’il a sans doute pensé qu’il valait mieux nous laisser un peu seul tous les deux.

- Dis-moi Thomas ? Tu n’aurais pas une petite préférence pour lui par apport à Éric et Raphaël ?

- Tu sors ça d’où toi ?

- Tu ne veux pas me répondre ?

- Autant que toi pour « Raphi » je pense !!

- Je me disais aussi ! Cette histoire de pari ou de toute façon vous passeriez la nuit tous les deux était un peu bizarre j’ai trouvé.

- Ça te dérange ?

- Pas du tout au contraire.

- Comment ça au contraire ?

- Éric aime Raphaël, moi je t’aime et Yuan nous aime tous les deux autant, alors je trouve normal que ce soit réciproque pour nous c’est tout.

- C’est Éric le laisser pour compte alors ?

- Ne me fait pas dire ce que je n’ai pas dit !! J’aime beaucoup Éric autant que « Yu » et « Raphi », je fais juste allusion à des moments où Raphaël me fait craquer un peu plus c’est tout. Je ne trouve pas vraiment les bons mots je m’en rends bien compte, c’est pour ça que je te posais la question pour « Yu ».

- Bah dis donc !! Pour une fois que tu en perds tes mots ! Hi ! Hi ! Il faut que ce soit sur ce genre de sujet en plus ! Hi ! Hi ! Tout ça pour en revenir à Johan je parie ?

- Meu non !! Qu’est-ce que tu vas chercher encore !! Quoique malgré tout je trouve quand même étonnant que vous ne ressentiez rien pour lui, avec les autres ça a été réciproque rappelle toi ?

- Tu te trompes « Flo » !! Yuan n’a jamais laissé entendre qu’il aimerait faire quoi que ce soit avec nos potes.

- Au début je ne dis pas, mais j’ai bien remarqué le rapprochement qu’il y a eu entre nous au cirque et s’il ne s’est rien passé, c’est juste parce que personne n’a osé en parler. On n’a qu’à lui demander et tu verras bien ce qu’il répondra.

- C’est une idée ou ce ne serait pas plutôt toi qui aimerait faire quelque chose tous ensemble ?

- Hum !!!

- Et voilà !! Pourquoi tu ne le dis pas au lieu de tourner autour du pot comme tu le fais ? En plus je pense avoir compris pourquoi.

- Tiens donc !!

- Tu n’aurais pas l’intention de leur demander de descendre un weekend à Paris par hasard ?

- J’ai pensé à eux tout à l’heure et ils me manquent.

- J’ai donc raison !!

- Tu me connais trop bien, ça devient flippant.

- Bah alors tu n’as pas fini !! Bon !! On se bouge ! Je commence à me demander ce que fait Yuan moi !

- Tu as raison, allons l’embêter un peu ! Hi ! Hi ! En plus de parler de ça, ça m’a donné une envie grave d’aller à la pêche !! Pas toi ?

- Quelle idée !! Je ne vois pas le rapport !!

- Moi si regarde !! Je tiens déjà la gaule ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (122/125) (Paris) (À quiproquo, quiproquo et demi)

C’est nus, le sexe tendu au maximum qu’ils sortent de la chambre pour retrouver leur ami et c’est tout bête qu’ils se retrouvent dans cette tenue au beau milieu d’un salon vide, cherchant Yuan des yeux qui de toute évidence n’est plus là.

- (Thomas) Allons voir dans la chambre d’amis, il dort peut-être vu l’heure !!

- Plus pour longtemps alors !! Je vais en faire du « sushi » dès que je l’aurai au bout de ma canne.

Au bout de quelques minutes et après avoir été jusqu’à regarder dans les toilettes, force nous est de constater que Yuan n’est pas dans l’appartement.

On se regarde un moment et d’un même élan nous retournons dans la chambre attraper nos téléphones, je fais signe à Thomas qu’il peut appeler en reposant le mien sur la table et c’est un grand soupire rassuré que je pousse quand je l’entends discuter à voix basse avec Yuan.

Thomas raccroche rapidement, visiblement tranquilliser lui aussi.

- Il arrive !! Parait qu’il a un scoop pour nous et il ne voulait pas en parler de peur qu’on l’entende.

- A une heure pareille !! Qu’est-ce qu’il foutait dehors !!

- Tu lui demanderas, il m’a juste dit ça et qu’il serait là d’ici cinq minutes. On pourrait déjà se rhabiller, qu’est-ce que tu en penses ?

- Pourquoi ça ?

Thomas fixe mon entrejambe en se mordillant les lèvres.

- Comme tu veux, qu’est-ce qu’on fait en l’attendant ?

- J’ai soif !! Pas toi ?

Thomas me suit dans la cuisine, j’ouvre le frigo pour sortir une canette de soda et vais m’asseoir les jambes pendantes et grandes ouvertes sur la table en le fixant dans les yeux.

- Je ne t’ai pas proposé un soda parce que je sais bien de quoi tu as soif, sert toi direct à la pompe ! Hi ! Hi !

Les yeux de Thomas descendent vers la touffe ardente.

- Un peu rouillée la bécane, non ?

- Ce n’est pas pire que la tienne bouffée à l’eau de javel ! Hi ! Hi !

Thomas ne répond pas, trop obnubilé par ce qu’il a sous les yeux et qui prend un développement des plus subjectifs, il s’agenouille devant la table et ses mains se plaquent sur le fessier de son chéri pendant que sa bouche englobe sa hampe avant qu’elle ne soit en complet déploiement.

C’est dans cette position que Yuan les trouve en rentrant chez lui, le tableau est loin de lui être indifférent, aussi il ne lui faut que quelques secondes pour qu’il se retrouve nu à son tour à s’asseoir à côté de Florian, tapant sur l’épaule de Thomas en lui montrant sa hampe toute raide.

- Ça va, on ne s’emmerde pas les gars ? Tiens pendant que tu y es !!

Thomas passe alors de l’une à l’autre avec un empressement et une gourmandise qui fait sourire ses compagnons, j’en profite pour discuter avec Yuan pendant la durée de notre petite gâterie.

- Où tu étais passé ?

- Je n’ai pas voulu jouer les troubles fêtes, alors je suis allé faire un tour et je me suis arrêté boire un thé là où j’ai rencontré Johan.

"Ahh !!"

- Doucement morfale ! Ne va pas le faire « partir » trop vite non plus. Continue « Yu » !! Et après ?

Yuan donne le rythme pendant quelques secondes à Thomas en lui mettant la main dans ses boucles blondes et lui appuyant doucement sur la tête tout en y emmêlant ses doigts dedans avec un plaisir évident.

- C’est là où vous n’allez pas me croire les gars !! Ouuiii !!! Comme ça « Thom », putain c’est trop bon !!

Je claque mon glaive sur sa joue.

- Occupe-toi plutôt de moi, sinon nous ne saurons jamais ce qu’il a vu !!

Yuan est captivé par toute la sensualité que dégage Thomas dans ses gestes dénotant son extrême plaisir à s’occuper de nos virilités déployées au maximum.

J’arrive néanmoins à retrouver le fil de mes pensées et je reviens vers Yuan qui a fermé ses yeux de plaisirs, sous les attouchements doux et lancinants de Thomas.

- Tu disais qu’on n’allait pas te croire ? Qu’est-ce qu’il t’est arrivé donc ?

- J’ai aperçu deux types passer devant le bar et je les ai suivis pour être certain de ce que j’avais vu, c’est quand ils se sont tournés de profil pour traverser la rue que...

« Ahhh ! »

- Arrête Thomas sinon nous ne saurons jamais ce qu’il a vu !!

« Ahhh ! »

- Salaud ! Tu le fais exprès !

Le beau blond sourit jusqu’aux oreilles, fier de lui et de l’emprise qu’il a sur nous, aussi c’est sans répondre qu’il reprend ses attouchements avec encore plus de passion.

Je comprends qu’il va nous faire arriver au point de non-retour et l’envie devenant impérieuse dans mes reins, je reporte à plus tard les explications de Yuan en laissant le plaisir m’emporter.

.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (123/125) (Paris) (À quiproquo, quiproquo et demi) (fin)

Yuan m’entoure de son bras, son corps chaud se resserrant contre le mien et il me caresse le ventre pendant que Thomas le prend en bouche à son tour pour lui faire subir les mêmes affres de plaisirs qu’à moi, ses doigts fins et doux courant sur mes abdos me font frissonner et ils semblent se repaître de mon contact jusqu’au moment où ils se crispent et qu’un râle animal s’échappe de sa gorge quand il se libère à son tour.

Thomas se redresse fièrement, son sexe laissant échapper un long filet translucide que son excitation libère en continu et nous tombant à notre tour à ses pieds, contemplant cette virilité larmoyante surplombée par sa toison blonde magnifique et sous laquelle pendent une belle paire de testicules glabres, d’un ovale parfait.

Nos lèvres prennent son membre à la peau laiteuse en sandwich et nous le masturbons ainsi un long moment en y mettant un petit coup de langue de temps en temps qui le fait se pâmer et trembler sur ses jambes jusqu’à ce que nous recevions la juste contrepartie de nos efforts.

Thomas semble encore en manque, sa langue nous parcourt le visage et y efface les traces de son plaisir, sans manquer de nous le faire partager en nous embrassant à plusieurs reprises, mélangeant ainsi sa gourme à notre salive.

Il nous prend enfin par la main pour que nous nous relevions et nous conduit sans rien dire dans notre chambre pour nous faire nous y allonger et venir s’étaler à son tour sur nos deux corps qui le reçoivent avec un plaisir évident.

- C’était qui ces deux types ?

J’éclate de rire.

- Maintenant que tu as eu ce que tu voulais, tu es prêt à entendre ce qu’il a à nous dire ! Hi ! Hi !

- Il ferait bien de se dépêcher de parler, parce que je sens que je ne vais pas tarder à vous en remettre une dose.

- (Yuan) Tu lui as fait quoi « Flo » pour transformer notre Thomas en nymphomane ?

- J’aimerais bien le savoir, tu as bouffé du lion ou quoi ?

Thomas les yeux pétillants de malice.

- Appelez-les comme vous voulez les gars, du moment que je peux leurs faire ce que je veux.

Je m’écarte un peu de Yuan pour que Thomas se retrouve entre nous deux et je lui mets une bonne claque sur le cul qui lui amène un gémissement de plaisir qui ne manque pas de me surprendre.

- Allez « Yu », raconte !

- Ce sont des jumeaux !!

Thomas le regarde intrigué.

- Qui ça ?

- Johan n’est pas tout seul, il a un frère jumeau et croyez-moi les gars c’est franchement bluffant.

- A quoi jouent-ils ses deux-là !!

- (Thomas) Quelqu’un qui veut se moquer de nous sûrement.

- Tu crois ? T’en penses quoi « Yu » ?

Yuan après réflexion.

- Possible que quelqu’un veuille nous faire une farce, de toute façon je ne pense pas qu’il y ait un danger quelconque avec ces gars-là.

- Qu’est ce qui te rend si sûr de toi ?

- (Yuan) Déjà parce que tu ne serais pas tombé amoureux de l’un d’entre eux si ça avait été le cas et je n’ai ressenti que de l’amitié avec Johan ou quel que soit son vrai prénom.

- (Thomas) C’est pareil pour moi, je pencherai moi aussi pour une plaisanterie à nos dépens.

- Oui mais qui en serait l’instigateur alors ?

- (Yuan) Un de nos proches sans doute, dites-moi vous deux !! C’était à quel moment précis que vous vous êtes rencontrés avec un des jumeaux ? Moi c’était jeudi à la sortie de la fac, j’ai un peu discuté avec Steven alors je pense qu’il devait être aux environs de dix-huit heures. Et vous ?

- (Thomas) J’ai dû rencontrer l’autre alors parce que moi c’est aussi jeudi en sortant du boulot et il devait être à peu près la même heure à un quart d’heure près, de toute façon les deux endroits sont trop éloignés pour que ce soit le même. Et toi « Flo » ?

- Je crois les gars que celui qui nous a monté le coup s’est cru beaucoup plus malin que nous et il a failli nous faire tomber dans le panneau.

- (Yuan) Explique-toi !!

- L’histoire des jumeaux ne tient pas debout, j’ai rencontré mon Johan exactement à la même heure à quelques minutes près que vous les vôtres.

- (Thomas effaré) Je n’y crois pas !! Des triplés ??? C’est possible ça ? Je veux dire, qu’ils se ressemblent à ce point ?

- C’est rare, extrêmement rare je dirais même mais c’est possible. En plus ils n’ont pas à se ressembler tant que ça, juste assez pour une description sommaire.

- (Thomas) Je n’en vois pas l’intérêt dans ce cas !

- (Yuan) Moi non plus ! Et les deux de ce soir se ressemblaient plus qu’un peu croyez-moi !!

- Donc c’est qu’ils sont monozygotes ! Hi ! Hi ! Il ne nous reste plus qu’à nous amuser à leurs dépens et de retourner la blague contre eux et celui qui leur a demandé de nous la faire.

- (Yuan) Je me demande bien qui ça peut être !

- Il nous reste la journée de demain pour le découvrir et organiser notre vengeance, je comprends mieux maintenant pourquoi vous souteniez que Johan était hétéro ! Hi ! Hi !

M’est avis qu’un des trois ne l’est certainement pas tant que ça et c’est tant mieux.

- (Yuan) Comment ça tant mieux ?

Je leurs fait un grand sourire.

- Il reste une chance que le mien vous plaise comme ça. Hum !!! Je me sens tout exciter d’un coup, rien que d’y penser ! Hi ! Hi ! Alors !! Lequel de vous deux va se mettre à quatre pattes le premier pour une petite visite de ….

Je n’ai pas terminé ma phrase que j’ai deux magnifiques popotins offerts à ma vue, se trémoussant au-dessus de bonnes paires de boules bien pendantes qui m’amènent la salive à la bouche et je sens ma libido exploser, annonçant les prémices d’une nuit qui ne va pas encore cette fois être de tout repos.

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (124/125) (Paris) (Enquête)

« Huit heures, samedi matin. »

Matin tête dans le cul, c’est la première idée qui me vient quand j’ouvre les yeux ce matin-là et que la seule envie qui me prend est de les refermer, ce que d’ailleurs je m’empresse de faire.

« Onze heures, samedi matin. »

J’ouvre un œil en cherchant à me rappeler où je suis, un sourire me prend quand je m’en rappelle et je me redresse doucement pour ne pas réveiller les autres qui sont en weekend eux, alors que moi non et que je devrais déjà être à Begin à cette heure-là.

Quelle nuit !!! J’en ai encore des palpitations d’avoir autant pris mon pied et à la vue de mes deux compères qui ronflent près de moi, ils ne sont pas prêt d’ouvrir les yeux tellement ils étaient lessivés quand nous avons cessé nos ébats tard dans la nuit ou plutôt tôt ce matin.

Y’a pas ! Il faut que je me lève, au moins pour prévenir que je serai en retard et c’est avec la pêche d’un paresseux (l’animal) excité (quand même) que je sors de la chambre pour mettre la main sur mon portable.

Plusieurs messages me donnent la température de l’inquiétude qu’ont mes amis de ne pas me voir au taf et je prends un appel entrant juste quand j’allais les prévenir.

- Allô !!

- ……………..

- Je ne me suis pas réveillé !!

- …………….

- Un peu fatigué oui, mais ça va aller.

- ……………

- Ça ne te dérange pas ? Tu es sûr ?

- …………..

- Merci alors, tu as raison un peu de repos me fera du bien.

- ………….

- J’essayerai de passer dans l’après-midi pour dire au revoir, je ne reviens pas avant cinq semaines rappelle-toi !

- …………..

- Entendu et encore merci !

- …………

Je raccroche en souriant, Marcel est vraiment un chic type et il a compris que j’avais besoin d’un peu de détente, ce qui m’arrange bien en fait.

Du coup à savoir que j’ai mon week-end de libre, ça me redonne du courage et je m’habille en vitesse pour aller jusqu’à la boulangerie chercher des croissants afin de préparer un bon petit déjeuner avec mes deux loustics qui en écrasent encore de bon cœur.

Quand je rentre les bras chargés dans l’appartement, j’entends qu’ils sont réveillés et qu’ils discutent dans la cuisine, le sifflement de la cafetière me prévient quand même que ça ne fait pas si longtemps que ça qu’ils sont levés.

La surprise se lit sur leurs visages quand ils me voient arriver dans la cuisine avec mes paquets.

- (Yuan) Je te croyais déjà parti bosser !!

- J’ai eu ma journée, de toute façon je n’avais pas trop envie d’y aller. Le boulanger m’a fait crédit « Yu », la note est à ton nom ! Hi ! Hi !

Thomas sourit en versant le café dans nos bols et pose le mien près du sien en s’asseyant et en tapant doucement sur ses genoux pour que je vienne m’y asseoir, ce que je m’empresse de faire au plus grand plaisir de mon chéri qui m’embrasse et me serre contre lui en guise d’accueil.

Le froid de l’extérieur plus le breuvage bien fort me remettent les idées en place et chassent la fatigue de la nuit, me redonnant les idées claires.

- (Thomas) On fait quoi après ?

- (Yuan) On ne devait pas chercher à en savoir plus sur les triplés ? Tu en dis quoi « Flo » ?

- Bonne idée !! Tu as vu où ils habitaient ?

- (Yuan) Non !! Il faisait nuit et je n’avais pas vraiment envie de m’éloigner trop de l’appart.

- (Thomas) Ca va être coton alors !! Avec le peu qu’on sait sur eux et en plus nous ne sommes même pas certain que c’est le vrai prénom de l’un d’entre eux qu’ils nous ont donné.

- Ils ne doivent pas habiter bien loin, nous irons voir dans la direction où ils se rendaient et en interrogeant quelques commerçants, nous devrions en savoir plus très rapidement.

Je me relève de sur les genoux de Thomas et je vais m’asseoir dans le salon en prenant mon calepin au passage, je remets l’image de Johan en arrière-plan dans ma tête et je croque son portrait.

Thomas fait un clin d’œil à Yuan qui bien sûr ne connait pas mon « don » pour le dessin, il le prend par le bras en venant me rejoindre sur le canapé.

Quelques minutes plus tard, le visage de Johan apparait tel que je l’ai vu la première fois et mes deux amis se penchent sur le croquis pour mieux voir, Yuan poussant un cri d’admiration.

- Wouah !! C’est bien lui !! Où t’as appris à dessiner comme ça toi ? C’est bluffant le réalisme du visage !!

Thomas est amusé mais pas moins admiratif.

- Quand il était tout petit !! Tu as un sacré coup de patte quand même « Flo », c’est aussi bon qu’une photo.

- Avec ce portrait, on devrait vite avoir des résultats. Le vôtre avait les mêmes traits alors ?

- (Yuan) Je ne le saurais pas, je croirais que c’est lui.

- (Thomas) Pareil pour moi !! Maintenant je lui trouve un air plus doux, c’est peut être aussi ta façon de le percevoir qui rend cet effet-là.

- (Yuan) Hum !! Ouaih ! Peut-être bien que tu as raison mais ça reste subjectif, sinon c’est bien le même visage il n’y a aucun doute la dessus.

- Dans ce cas nous le saurons très vite parce que ça doit quand même se remarquer trois gars qui se ressemblent autant.

- (Yuan) On fait quoi une fois qu’on les a retrouvés ?

- On cherche à en savoir plus et surtout qui nous les envoie, j’ai quand même ma petite idée et en y réfléchissant bien ça me parait même évident.

Thomas fixe son chéri avec adoration, émerveillé comme toujours par son intelligence et son esprit d’analyse.

- Avec le peu qu’on en sait ? Moi je t’avoue que je suis dans le potage.

- (Yuan) Pareil !!

2eme ANNEE avant Pâques 2ème partie : (125/125) (Paris) (Enquête) (fin)

- Réfléchissez un peu les gars ! Si quelqu’un les envoie, c’est qu’il nous connait tous les trois et qu’il veut nous faire une farce.

- (Yuan) Admettons !! Ça laisse quand même un certain nombre de possibilités.

- Je suis d’accord avec toi mais si je pousse plus loin mon raisonnement, nous pouvons en éliminer pas mal. Déjà je retirerais Chan, Michael et leurs chéris, s’ils avaient connu des rouquins et encore plus des triplés, ils en auraient parlé bien avant. En plus ils nous ont dit eux-mêmes qu’ils n’avaient pas d’amis à Paris, je serai donc enclin à les retirer de la liste.

- (Thomas) Il reste tes potes de Begin ?

- Non plus, à part Erwan ils ne vous connaissent pas et « Wanou » nous en aurait parlé également, en plus je me rappelle bien qu’il n’a jamais fait allusion à des rouquins quand il me parlait de ses amis.

- (Yuan) Il pensait peut-être déjà à nous faire la farce.

- Hum !! Non !! Ce n’est pas son style.

- (Thomas) Un de ceux avec qui tu bosses alors ?

- Comme je disais juste avant ils ne vous connaissent pas non plus, donc difficile pour eux de donner votre description pour que les Johan vous tombent dessus.

- (Yuan) Patrice ou Camille ?

- Trop jeunes ou trop vieux !!

- (Thomas) Comment ça ?

- Nos Jonas ont dix-sept ans, c’est la seule chose de sûr que l’on sait sur eux. Trop jeunes pour être des amis de Camille et Patrice, trop vieux pour être les enfants d’amis à eux.

- (Yuan) De la famille peut être ?

- C’est une possibilité mais c’est trop tiré par les cheveux et en plus ils ne sont pas originaires de la région.

- (Thomas) Raymond ?

- (Je ris) Il a autre chose à penser en ce moment ! Hi ! Hi ! Et puis Patrick m’a assez fait rire en me disant que c’est la première fois qu’il voyait un rouquemoute de près, comme son frère était toujours avec eux j’en déduis que c’est sûrement pareil pour lui.

Yuan pris dans le jeu cherche dans sa mémoire qui le connait suffisamment depuis le peu de temps qu’il est à Paris, tout comme Thomas d’ailleurs qui n’y vient que depuis peu également.

- Un des hommes à Maurice alors !! Ils nous connaissent bien tous les trois et ça pourrait le faire.

- Pourquoi cherchez-vous si loin ? Je ne vois pas où ils y trouveraient quelque chose d’amusant pour eux ? Ils ne sont pas suffisamment intimes avec moi ou même avec vous pour ça, par contre je verrais bien Maurice dans ce coup-là !! Et plus j’y pense, plus l’idée me parait être la bonne.

- (Thomas) Il est trop sérieux et puis ce n’est pas le genre blagueur, loin s’en faut.

- Détrompe-toi mon pote, Maurice à un humour certes bien à lui mais un humour tout de même et si l’occasion s'y prête, je ne pense pas qu’il soit le dernier. Je ne serais d’ailleurs pas étonné si nous avions des nouvelles de lui disons dans la soirée, histoire d’être là pour voir nos têtes.

- (Thomas) Remarque ce n’est pas con comme résonnement, celui qui a monté cette farce voudra certainement y assister.

- Je vous parie que ce sera lui !! Maintenant si vous pensez à quelqu’un d’autre, mettez vos mises sur le tapis ! Hi ! Hi !

- (Yuan) C’est quoi la tienne ?

- Johan !! Le mien pas le vôtre !!

- (Thomas) Je te vois venir avec tes gros sabots.

- (Clin d’œil) Je ne pensais pas aux sabots ! Hi ! Hi !

- (Yuan) Pff !! Quand tu as quelque chose dans le crâne, tu ne l’as pas ailleurs toi.

Yuan prend le calepin et regarde une nouvelle fois le visage qu’a dessiné Florian, Thomas en fait autant derrière son épaule et les deux garçons soupirent dans un ensemble parfait, ce qui ne manque pas de les faire sourire.

- (Yuan) C’est vrai que celui-là a quelque chose de spéciale que je n’ai pas remarqué quand j’ai rencontré son frère, sans doute parce que tu y as mis ce que tu as ressenti toi.

- (Thomas) Il a un petit quelque chose dans le regard, une fragilité ou un truc comme ça qui donne envie de le protéger.

Je reprends mon calepin en les observant avec attention et quelques chose me dit qu’ils pourraient bien eux aussi se retrouver comme moi sous le charme de Johan, ce qu’ils n’ont pas ressenti pour ses frères ne remet pas en cause l’attirance que pourrait leur amener le troisième car ils ont reconnu tous les deux que celui qu’ils connaissent était bien foutu et que ce n’est qu’au niveau mental qu’ils n’ont pas eu comme moi le déclic, tout en souhaitant fortement le garder comme ami au point de le leur présenter.

Je ne préfère donc pas insister pour ne pas paraître lourd et vouloir leur imposer quelqu’un dont ils n’éprouveraient pas les mêmes sentiments que moi, sachant très bien qu’il est hors de question pour moi d’aller plus loin si ce n’était pas le cas.

C’est donc avec un léger pincement au cœur d’appréhension que je change de sujet et reviens à l’idée première de partir tous les trois aux renseignements.

- Habillez-vous, nous déjeunerons quelque part après avoir trouvé où ils habitent.

Il ne faut pas le leurs redire deux fois, visiblement autant amusés que moi à jouer les détectives et c’est vers quinze heures après de nombreuses demandes de renseignements infructueuses, prêt à abandonner les recherches que nous tombons sur une vieille dame qui me regarde en souriant.

Je vois bien qu’elle regarde ma coupe en pétard et ça me met direct la puce à l’oreille, stoppant net mes deux copains en les retenant par la manche.

- (Yuan) Tu as vu quelque chose ?

- La femme là-bas a souri en regardant ma coiffure, j’ai idée que ça lui rappelle quelque chose.

- (Thomas) Il serait temps parce que je commençais à désespérer.

- Allons lui montrer le portrait, on ne sait jamais.

Nous nous dirigeons donc vers la vieille dame, elle s’en aperçoit et arrête de balayer le devant de sa maison pour se redresser, ses yeux marquant la curiosité de nous voir nous diriger vers elle.

- Bonjour madame, nous cherchons quelqu’un qui doit habiter le quartier, si vous pouviez nous renseigner ce serait très aimable de votre part. Il s’appelle Johan et il a à peu près la même coiffure que la mienne, j’ai vu que vous la regardiez tout à l’heure alors je me suis dit que peut être vous le connaissiez ?

Je lui montre le portrait.

- Voilà à quoi il ressemble !

- Bonjour les garçons !! Bien sûr que je le connais !! Quoique je doive plutôt dire que je les connais, ce sont les enfants Novak les fils de Victor et Catherine, de très gentils garçons au demeurant quoiqu’ils aiment beaucoup plaisanter. Mais ce n’est jamais méchant, juste qu’ils adorent faire tourner les gens en bourriques avec leurs ressemblances. Je les connais depuis qu’ils sont tout petits et encore maintenant je ne saurais dire qui est qui.

- Johan nous a parlé de ses deux frères, je ne me rappelle plus de leurs prénoms.

La vieille femme me regarde étonnée.

- Tiens donc !! Vous devez être vraiment amis alors parce qu’ils ne se montrent jamais tous les trois, deux tout au plus et il n’y a pas grand monde qui connaisse leur secret, car s’en est un pour eux et ils en jouent à la perfection croyez-moi, mais vous devez le savoir puisque vous connaissez Johan.

La vieille dame rit toute seule.

- Maintenant est ce que vous avez toujours à faire au même ? Rien n’est moins certain, Catherine leur mère m’a souvent dit qu’elle-même n’en était jamais sûr ! Hi ! Hi ! D’ailleurs dans le quartier on les surnomme les affreux « Jojo » ! Hi ! Hi ! Faut dire aussi !! Qu’elle drôle d’idée ont eu leurs parents de les appeler Johan, Jordan et Jonas ! Hi ! Hi ! Oui vraiment !! Qu’elle drôle d’idée.

- Vous pourriez nous indiqués où ils habitent ?

- Ça c’est facile !! C’est la maison avec le grand porche là-bas !

Fin du livre 2 tome 3

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