L'apport ténu d'espoir

4 minutes de lecture

Elle est là.

Des tailles, sons étouffés. La malheureuse erreur m’atterre, moi qui maternelle ailevine souvent en sourires lorsque me viennent entre les songes les percées de ses éclats. Me venaient.

Je le détaille : son étau fait le mal, l’heure et l’heure m’attire, moi qui mat, terne, élève les bras pour un soupçon de compassion, rattrapée par l’escan. Le venin.

Parée de nouvelle robe, sûre de panser mes talons décharnés. Pour seulement l’acquérir de plus belle, mon âme, il s’engouffre dans les sillons de mes plaies, les plis de mes sciures, les scabreurs de ma chair : le sombre me cherche ; me pourchasse, me saisit.

Pars ! et de nous, vieilleries obscures de pensées, étalons des chars nés pour seulement la guerre, dirigés dans mes mains pour parfaire l’infâmie, laisse le souffle rauque achever les lueurs que les fleurs fanées abandonnent par la courbure. Tu prends mon cou ; tes tailles, tes coups le burent.

Je la vois.

Le diable âcre halète à l’envers de mes oreilles, murmure quelque oraison pour l’abri où l’art était. Tel est son son fugace, émacié de tout costume ; des gemmes artificielles pour seul flot de parole, par l’aube et le crépuscule, m’épuisent à rendre las mes déjà vaincus désespoirs. Que l’on cesse de défigurer les ombres de ma matrice, triste, malmenée par ses mots. À l’âme il porte une prochaine estocade.

Le diacre, able aède, allant vers mes os, raye murs, murs ! quelle coraison doit battre pour enfin l’arrêter ? Tes laids encens d’acier me trouent posthume, déjà morte ; ficelles poursuivent l’eau séchée qui s’échappe de mes contrées abusées. Tu ne les auras pas, mes souffles, mes soupirs, moi depuis longtemps prise ; tu sombres toi aussi et ta silhouette faint défaite. La lame morte, sans son emprise, je… !

Ce noir mystique m’enlèvre et m’enlève, m’enserre ! aimant certainement aimable pour procurer chez moi pareil magnétisme envers un macabre repos. Je me noie dans sa lie, d’une vie guère trouée, plus tôt je plonge et plus tôt m’en irai. Pourtant je nage, par l’écorce à mes pieds gelés je les dénonce, mes bourreaux, et les rejoins de mes élans, deux mains attachées. Sang nu, en raies, lésée je tombe.

Scène, oaristys qui ment le vrai, ment le véhément, serre ! et ment ses taisements. Les marbres pourpres, eaux curvées ; un schéma réminiscent vermeille cabre heureux ma peau. Jeune moi danse salie, d’une vigueur retrouvée, Pluto orne mes vieux songes de plumes, manteaux enivrés ; pourtant jeune âge par le corps, piégés les désirs ne sont que lendemains à tâcher. Sans nul en réaliser, j’avance.

Si proche.

Quel isthme doit apparaître, enclave entre les deux noires portes, aidé d’un rai pugnant que figea le temps. Le pendule éternel point vers moi sans rubis ; qu’on salisse son pis terne, élevant en divinités nous autres mendiants trépassés. Voilà venir aigri notre présent ! La terre, à l’horizon allégée, rit ; des ailes j’y sens pousser, longue ablation aux franges de sombre qui tiennent en laisse. La lumière m’apparaît, coupe de mes désirs.

Calice me boit ; à part être esclave entre les devoirs portés, dédain répugnant, que fis-je ?! Haletant, le pendu ; l’éther n’aile point vermois, sang rubicond. Sa lice sempiternelle ventant dives nuitées n’ose autrement diantrer Passé, boit l’Avenir et grignote Présent ! Latéral, horizontal ! Égérie des élégies, épouse mon oblation, offrande que je te laisse. Permets mon sacrifice aux astres — la lune hier m’a parlé — : ire de mes deux coups.

Je rampe ; aorte, lame ici serrée, mes battements entre mes mains s’échappent, dépôt d’énergie. Du nerf, du nerf ! Empris au néant, mes pouls montent et la porte s’approche, perd l’écart ; lattes vers meilleurs heurs, à l’appel méthodique je réponds. Un dernier pas, un dernier !

Je remporte la misère et m’ébats tenant entremet, mince chape de peau. De l’air git, de l’air, de l’air ! enterré dans mes poumons. Tes las pores te sapent roche, perles écarlates vermeilles, heurts à la pelle me tordent. Hic ! Je… repos. N’avance. Plus.

Elle est là !

Ce m’étoile.

M’étiole.
Elle est lasse.

Je me dissocie. Derrière. Derière ! J’entends lumière, je goûte chants ; sans que la lune noire ici ne voie l’hier, mes sens enserrés encensent la vue d’une échappe. Ô soleil, tu m'offres ta vue, tes bras, tes caresses, et en un zis je touche, je touche, je… !

J’observe nitescence, si lancinante ! j’observe la silhouette, si fluette ! s’animer mais n’y a guère obtenu plus que lente muette et regard altier. Refus destinal. Le silence morne m’orne tout le corps, réduit aux dieux si lents. Je ne parle plus.

Je maudis ceci. J’hante en lumière, je goutte chancelant ; mes larmes se font doucereux efforts ; mes voix se fondent où se creuse ma gorge ; mes pantinismes ridicules prennent spectres pour phantasme ; je deviens l’ombre, mimétisme, homoncule. Et feu mes braisent baisent les plus éteintes sombreurs.

Elle était.

Là.

---------------------------------------------------------------------

Lexique :


Aileviner : S’envoler.

Escan : Tourment, sombreur qui prend de l’ampleur, qui grandit. (affilié à escalier, lui-même originaire de scando, monter en latin)

Scabreur : Substantivation de l’adjectif scabreux.

Coraison : Juxtaposition de cor (cœur en latin) et de raison. Pulsion, raison qui vient du cœur, essence.

Enlèvrer : Embrasser, coller les lèvres.

Taisement : Fait de se taire.

Curvé : Autre forme de courbé, basé sur le latin curvus, on le retrouve dans le français incurvé.

Pugnant : Participe présent du verbe pugner, lui-même issu de pugnare, combattre (notamment avec les poings), qualité de ce qui se bat, qui est combattif.

Diantrer : Jurer, insulter.

Zis : Par hyperbole, fragment de temps le plus infinitésimal.

Pantinisme : Attitude de pantin.

Annotations

Vous aimez lire Scribopolis ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0