La voie des flammes

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Le feu nous embrase. Autour de nous, la fumée nous emprisonne. Fuir reste la seule solution pour atteindre notre objectif. Mais que faire lorsque l’objectif lui-même est à l’origine de la catastrophe ?

Vous ne comprenez toujours pas ?

Nous avons traversé les lacs gelés, escaladés les falaises, arpentés les nuages. Lorsque la Colline Envolée s’est retrouvée face à nous, la colère a grondé. Le sol a tremblé, nous envoyant valser telles des feuilles malmenées par un ouragan.

J’ai vu ses yeux rouges malfaisants me dévisager.

La mort nous envahit. L’oxygène se raréfie. Aucune issue n’a l’air envisageable. Pourtant, un plan s’est construit dans ma tête durant ces derniers jours. La solution réside dans l’échantillon que j’ai dérobé dans la tanière de notre druide, malheureusement décédé lors de la grande guerre, avant de partir.

Si vous avez fait suffisamment attention, je vous ai mentionné plus tôt la présence d’un sachet contenant quelques feuilles vertes.

J’avais conscience de la dangerosité du trajet. C’était l’unique dénouement possible pour éviter une souffrance inconnue. Une feuille recouverte d’un poison extrêmement puissant et indolore.

Je n’ai pas le choix. J’y ai réfléchi tout le long de notre périple.

J’ai causé la mort de beaucoup d’entre nous, à moi de sacrifier ma vie pour que mon espèce ainsi que celle des anges puissent continuer d’exister. J’ai toujours su qu’il s’agissait de la meilleure fin.

J’ai agi comme un guide pour mes confrères. Aujourd’hui, je veux être un héros. Je ne souhaite pas devenir celui qui a permis d’exterminer les anges et les démons, mais celui qui les a aidés à déterrer leur liberté.

Au final, le véritable roi n’existe pas. Pendant ce voyage, j’ai compris que les clés étaient communes. La force d’un peuple naît de sa cohésion, et non à partir d’un seul cerveau.

Je ne me suis jamais senti comme un chef, bien évidemment, mais j’ai conscience d’avoir contribué au destin que nous avons subi ces dernières semaines. Alors, à moi de délivrer le maximum que je puisse faire en offrant ma vie.

Rapproche-toi dragon. Viens, je t’attends !

*****

Je contemple mes camarades, en grande partie inertes, et prie pour que quelques âmes puissent encore proliférer.

Je gravis la montagne à grandes enjambées. De la crasse inonde mon visage harassé.

Le dragon pousse des sons incommensurables en crachant des tempêtes de flammes. Des anges planent jusqu’à lui, mais n’ont pas le temps de dégainer leurs armes qu’ils sont déchiquetés par sa furie.

Je m’accroupis au sommet de la Colline Envolée, et dégaine mon sabre délicatement en ciblant directement le ciel. Ferme les yeux. Prie une dernière fois. Pardonnez-moi. Pour tout.

J’attrape le sachet dans mon autre main puis, d’une voix la plus menaçante qui soit, j’ameute le dragon à voler la vie d’un démon hystérique.

Au début, je crains le feu, synonyme d’échec. J’imagine les feuilles se consumer à côté de mon corps en cendres.

Maintenant, je vois des dents. La bête immense se dirige sur moi. Une haleine putride me ceinture le corps au moment où un râle s’échappe de la gueule du dragon.

Je ressens une sorte de chaleur infernale m’envelopper. Puis, la douleur jaillit au plus profond de mes entrailles. Elle ne dure pas longtemps. Juste assez pour souffrir et colmater ses erreurs.

Je m’envole, telle une plume dérivant dans l’espace. Sans but. Sans fin. La légèreté me confère un bien fou. La brume s’enroule autour de moi, en amont des ténèbres qui m’empoignent.

Adieu la vie, accepte-nous dans la mort, et procure-moi meilleure existence.

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