10. La légende de Merlin - 2/4

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— Bienvenue à tous et à toutes pour votre premier cours de magie élémentaire, dit le professeur Tarr d’une voix forte. C’est également votre premier cours en commun. La directrice pense important que vous puissiez tisser des liens avec des élèves qui appartiennent à l’autre clan. Je sais que vous allez avoir quelques difficultés au début, mais je ne doute pas que tout se passera très bien.

  Ethan soupira, il allait donc avoir le plaisir de retrouver Seth et ses aimables camarades chaque lundi matin.

— La magie élémentaire est une discipline assez simple à appréhender, mais bien plus complexe à maitriser pour lancer des sortilèges de grande ampleur. Comme je vous l’ai dit lors de la rentrée, vous suivrez tous mes cours cette année et les trois suivantes. En revanche, à partir de la cinquième année, je ne garderais que les meilleurs d’entre vous.

  Un murmure de désapprobation s’éleva des élèves.

— Je comprends que cela vous paraisse injuste, mais je préfère que ceux n’ayant pas le niveau se concentrent sur une autre matière dans laquelle ils sont plus à l’aise afin de trouver un métier à leur portée.

— C’est plutôt logique, non ? chuchota Emma à l’adresse d’Ethan qui était assis à côté d’elle.

  Ethan acquiesça distraitement.

— La magie élémentaire, continua Tarr, est une magie complexe, mais très utile au quotidien. Elle repose sur quatre éléments fondamentaux. Qui peut me dire quels sont ces éléments ?

  Ethan avait déjà répondu à Isabella le jour de la rentrée, il connaissait donc la réponse. Il leva la main.

— Monsieur Thobois.

— Il y a l’eau, l’air, la terre et le feu, déclara-t-il.

  Tarr parut étonné, mais ravi, qu’Ethan réponde à sa question.

— C’est exact.

— Regarde-moi ce lèche-cul, bougonna Seth à Samus Buddal un de ses camarades de Pyro.

— Vous souhaitez apporter une précision, monsieur Haddon ? l’interpella Tarr.

— Non merci, professeur, répliqua-t-il avec une fausse amabilité.

  Tarr l’avait bien décelée, mais avait décidé de ne pas en tenir compte. Il continua son cours.

— Chacun de vous a devant lui une bougie. Comme vous pouvez vous en douter, l’objectif de ce cours va être d’allumer cette bougie à l’aide de la magie.

  Il pointa sa baguette en direction de sa propre bougie et celle-ci s’embrasa sans même qu’il ait dit le moindre mot.

— Voici le résultat attendu. Sortez vos baguettes, nous avons du pain sur la planche.

  Ethan eut toutes les peines du monde à réprimer un rire. Tarr se tourna vers un tableau noir et inscrivit « Ignis » à l’aide d’une craie blanche.

Ignis est la formule de l’élément du feu, expliqua-t-il en revenant vers son bureau. Que vous souhaitiez allumer une bougie, lancer une boule de feu ou encore créer un véritable torrent de flamme, la formule sera toujours la même. Ce qui fera la différence est, évidemment l’objectif que vous recherchez, votre puissance, votre expérience ainsi que la précision de votre visualisation.

  Il marqua une pause pour observer les élèves puis fronça les sourcils, visiblement agacé.

— Monsieur Buddal, vous n’êtes pas dispensé de prendre des notes, il me semble.

  Il toisa l’ensemble des étudiants de ses deux yeux jaunes.

— J’attends de vous tous beaucoup de sérieux, ce n’est pas la peine de venir dans mon cours autrement.

  Personne ne réagit. Il hocha la tête d’un air entendu puis demanda :

— Les professeurs Sadritch et Maléficio vous ont-ils parlé de la visualisation mentale ?

  Les élèves d’Hydro et de Pyro répondirent positivement d’une même voix.

— Parfait, déclara-t-il avec ravissement. Comme ils vous l’ont certainement expliqué, la visualisation est la base de toute magie. Vous devrez obligatoirement la travailler si vous voulez progresser.

  Il frappa soudainement dans ses mains.

— Posez vos plumes et prenez votre baguette. Je vais vous guider pas à pas dans l’exercice, d’accord ? Tout d’abord, fermez les yeux. Allez, plus vite que ça. Fermez tous vos yeux.

  Ethan échangea un sourire avec Emma puis ferma ses paupières, sa baguette toujours à la main. Le silence se fit, il lui semblait que le professeur Tarr déambulait entre les tables.

— Suivez mes indications et je vous garantis que vous serez capable d’allumer une bougie à la fin de ce cours. Concentrez-vous sur ma voix. Tout d’abord, je veux que vous vous focalisiez sur votre respiration. Faites de profondes inspirations et expirez lentement. L’objectif est de diminuer votre rythme cardiaque. Éprouvez chaque battement de votre cœur.

  Très rapidement, Ethan se sentit étonnamment calme. Il avait la sensation de ressentir tout ce qu’il se déroulait au sein de son corps. Il ressentait tout. L’air qui s’engouffrait et faisait gonfler ses poumons puis qui ressortait à une cadence régulière. Le sang qui cheminait à travers ses veines et ses artères, qui passait dans son cœur et qui était ensuite expulsé à toute vitesse à chaque battement de celui-ci.

— Occultez vos pensées parasites. Prenez-les et enfermez-les derrière une porte. Rien ne doit venir vous perturber.

  Le professeur Tarr ne dit plus un mot durant quelques minutes. Laissant les élèves s’enfoncer peu à peu dans un sentiment de plénitude.

— À présent que vous êtes calme, je veux que vous imaginiez une flamme. Il n’est pas utile qu’elle soit de grande taille. Une flamme semblable à ce que vous pourriez observer si la bougie avait été allumée.

  Tarr continuait de déambuler entre les tables tandis qu’il donnait ses instructions.

— Vous voyez clairement votre petite flamme ? Si ce n’est pas le cas, continuez à travailler votre visualisation de celle-ci, elle doit avoir l’air aussi réelle dans votre esprit que si elle était devant vous. Pour les autres, essayer de ressentir sa chaleur.

  Ethan avait toujours eu l’impression d’avoir une mémoire plutôt photographique, mais jamais il n’avait réussi à imaginer quelque chose avec une telle netteté. Il se représentait la flamme comme si elle était devant lui, ballotée par l’air qui aurait dû l’entourer, sa chaleur lui chauffant légèrement le visage. Instinctivement, il marmonna :

Ignis.

— Monsieur Thobois, je ne vous ai pas dit de l’ouvr…, commença Tarr avant de s’interrompre aussitôt. Oh ! Félicitations, vous avez réussi du premier coup.

  Ethan, surpris, ouvrit les yeux et constata avec ravissement que sa bougie était réellement allumée. La lumière qu’elle dégageait, en revanche, était d’une couleur étrangement pâle.

  Le reste des élèves ouvrit les paupières pour observer la bougie d’Ethan. Ce dernier réprima un sourire en apercevant le regard rageur de Seth. Il n’avait pas d’autre choix que de se rendre à l’évidence qu’Ethan était bel et bien un sorcier.

— Elle manque encore un peu de vie, commenta le professeur Tarr qui s’était approché de la table pour mieux évaluer la flamme.

  Un soudain courant d’air fit vaciller la lueur qui s’éteignit la seconde qui suivit.

— Recommencez.

  Ethan referma aussitôt les yeux et s’imagina à nouveau la flamme. Il fut surpris de voir à quel point il était simple de la visualiser maintenant qu’il l’avait fait une première fois. Décidément, il n’y avait rien de tel que l’entrainement.

Ignis.

  Il ouvrit les yeux et fut beaucoup plus satisfait du résultat. Cette fois-ci elle n’avait plus cette couleur pâlotte qui la rendait presque malade.

— Voilà qui est bien mieux, commenta Tarr avec un sourire.

  Il se tourna vers le reste des élèves.

— Qu’est-ce que vous faites ? Votre bougie est toujours éteinte, il me semble, alors fermez les yeux et continuez de travailler. Quand vous vous sentirez prêts, dites simplement : Ignis.

  Le professeur Tarr détourna son attention des étudiants qui refermaient leurs paupières un à un et se retourna vers Ethan.

— Bien, je veux que vous embrasiez votre bougie les yeux ouverts, cette fois-ci, lui dit-il en abaissant le volume de sa voix pour ne pas déconcentrer le restant des élèves.

  Les minutes défilèrent et bientôt plusieurs étudiants parvinrent à produire une jolie flamme. En vérité, presque l’intégralité de la classe avait réussi. À l’exception de Samus et Alan. Ethan, lui, n’avait pas eu beaucoup de succès avec les paupières relevées. Son esprit était toujours parasité par quelque chose.

— Vous avez bien travaillé, les félicita Tarr à la fin du cours. Comme vous avez pu le constater, il est plus facile d’utiliser la magie en fermant les yeux. Rappelez-vous cependant qu’au fur et à mesure, je vous interdirais de procéder de cette manière. Vous devrez être capable de trouver votre calme intérieur quoi qu’il advienne. Les meilleurs sorciers sont aptes à conserver leur sang-froid au cœur même de la tempête. Gardez cela à l’esprit et continuez à vous exercer. Sur ce, bonne journée.

— C’est trop bien d’utiliser la magie, dit Emma à Ethan, tout excitée. Et on n’a rien fait de plus que d’allumer une bougie, ajouta-t-elle avec un petit rire.

  Seth et ses camarades avaient été les premiers à quitter la classe. Ethan ne s’en émouvait pas le moins du monde, au contraire. Il salua à nouveau le professeur et s’empressa de rejoindre Derek pour aller au prochain cours.

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