8. Un dîner somptueux - 4/4

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  Ils commencèrent à gravir l’important escalier de marbre. Plus ils approchaient de la paroi rocheuse et plus celle-ci semblait devenir translucide. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet, l’épais mur de l’école s’était volatilisé et dévoila que l’ascension ne faisait que débuter.

  Une fois la cloison magique franchie, les marches devinrent plus larges et plus hautes. Ils se trouvaient dans une galerie somptueuse. La montagne avait été élégamment taillée. Les murs étaient lisses et illuminés grâce à la multitude de pierres précieuses emprisonnées à l’intérieur. Quelques tableaux avaient été disposés çà et là, leurs occupants observaient les nouveaux élèves avec curiosité.

  L’escalier se scinda en deux pour prendre des directions différentes. Justin bifurqua à gauche et ils débouchèrent sur une vaste salle au plafond aussi haut que le hall d’entrée. Nul besoin de lustres pour éclairer la pièce, les énormes blocs de saphir jaunes, minutieusement taillés dans le plafond, suffisaient pour y voir comme en plein jour.

  Devant eux s’offraient plusieurs chemins, des portes, des couloirs, encore des marches et même des passerelles.

— Ceci est le premier étage, leur apprit Aubépine. Ici vous trouverez principalement l’infirmerie et quelques salles de classe. Il y a aussi certains bureaux de professeurs. Vous pouvez accéder à la bibliothèque dès cet étage, bien qu’elle s’étende sur les deux prochains niveaux également.

— Perdez pas vot’ temps avec les bouquins, les jeunes, les interpella un homme dans l’un des tableaux proches d’eux.

  Curieux, les élèves tournèrent la tête vers lui. Le portrait représentait une rue peu éclairée. Un vieil homme portant un chapeau miteux était accoudé à un fût sur lequel reposait une bouteille de vin à moitié vide. Il était accompagné d’un autre individu dont le visage était en partie mangé par sa barbe et qui semblait s’être endormi, une bouteille à la main, assis contre le tonneau.

— Profitez d’la vie tant que vous le pouvez, continua-t-il. C’pas vos bouquins qui vous rendront heureux.

  Le barbu qui était assoupi eut un tressautement, leva sa chopine et s’écria :

— Ça, c’est bien vrai !

— Ignorez-les, leur conseilla Justin, sauf si vous tenez à écouter leurs conversations qui n’ont ni queue ni tête durant les deux prochaines heures.

  L’homme au chapeau fronça les sourcils et se rapprocha des élèves d’une démarche titubante. De toute évidence, il avait trop bu.

— Qu’est-ce qu’il veut le rouquin ? s’écria-t-il. Tu te crois malin avec tes bouquins ? Tu penses que tu vaux mieux que nous parce que tu sais lire ? On est d’honnêtes gens, dit lui Roger.

— Ça, c’est bien vrai, balbutia difficilement le barbu qui luttait contre le sommeil.

— On n’est pas tous nés avec une cuillère en argent dans la bouche, continua-t-il avec véhémence. On n’a pas eu des vies faciles, nous. Ça, non. On n’a pas eu le luxe d’avoir une éducation, mais, pour sûr, on est d’honnêtes gens. Pas vrai, Roger ?

  Le dénommé Roger s’était de nouveau assoupi et laissa tomber sa bouteille qui roula au pied de l’homme au chapeau.

— C’est ça, fuyez bande de cafards, les morigéna-t-il tandis qu’ils reprenaient la route. Vous avez de la chance que je sois fatigué parce que je vous aurai refait le portrait.

— Il y a de nombreux tableaux dans le château, leur apprit Aubépine une fois qu’ils se furent éloignés suffisamment. Fort heureusement, tous leurs occupants ne sont pas aussi… excentriques.

  Ils suivirent à nouveau les surveillants qui après avoir parcouru deux couloirs différents s’étaient engagés dans un escalier sur leur gauche. Ils traversèrent deux passerelles, grimpèrent un second escalier puis accédèrent à un autre étage où, cette fois, les murs étaient éclairés grâce à des torches solidement fixées le long du passage.

  Ils empruntèrent une nouvelle volée de marches cachée derrière un grand tableau représentant d’étranges créatures velues qui dansaient autour d’un feu de camp et furent tout de suite submergés par un bruit phénoménal.

  Ils avancèrent dans le petit corridor et débouchèrent à l’extérieur du château. Ils étaient à présent sur une passerelle, plusieurs mètres au-dessus du niveau du sol, qui longeait la montagne et qui passait derrière l’une des cascades qui encadraient l’école. L’eau qui chutait faisait un tel vacarme qu’il était tout bonnement impossible de s’entendre les uns les autres. Ils continuèrent en direction d’une haute tour qui sortait tout droit du cœur de la roche.

— Ceci est la tour du clan Hydro, celle de Pyro se trouve totalement à l’opposé, du côté de l’autre cascade, leur expliqua Aubépine une fois le calme revenu.

  Ils gravirent un large escalier en colimaçon et se retrouvèrent face à une porte bleue. Elle était arrondie, très grande et ne comportait ni poignée ni verrou. Tout autour, les murs étaient tapissés d’élégants motifs anciens en fins fils d’or et d’argent.

— Comme vous l’avez sûrement deviné grâce à la couleur de la porte, nous sommes devant la salle commune, leur apprit Justin en se retournant face aux premières années.

— Notre travail de guide s’arrête ici, déclara Aupébine qui ne semblait pas s’en émouvoir. Bref, bienvenue dans le clan Hydro et surtout, bonne nuit.

  Ils tournèrent les talons et franchirent la porte qui s’ouvrit à leur approche. Derek fit un grand sourire à Ethan, celui-ci le lui rendit puis ils pénétrèrent dans la pièce suivie de Leah et Nate.

  La salle commune était bondée. De multiples fauteuils et canapés étaient déjà occupés et les tables étaient remplies de boissons et friandises, qu’Ethan ne connaissait pas, mais qui semblaient toutes plus alléchantes les unes que les autres.

  La pièce était une immense salle circulaire décorée aux couleurs d’Hydro. À l’intérieur se trouvait une longue table identique à celle du banquet, ce devait être ici que se déroulaient les repas. Il y en avait également beaucoup d’autres, plus petites pour étudier. Des canapés avec une belle quantité de coussins et un interminable sofa étaient placés proches de l’âtre d’une imposante cheminée où une étudiante s’amusait à éteindre le feu avec sa baguette pour embêter ses camarades.

  Ethan put s’apercevoir du nombre important d’élèves du clan Hydro. Il devait y avoir, en comptant les nouveaux venus, pas loin de trois cents personnes qui discutaient, se chamaillaient et riaient de bon cœur.

  En s’aventurant un peu plus loin dans la salle commune, il remarqua que sur les extrémités de celle-ci se trouvait un couloir qui menait, pour la droite, dans les chambres des garçons et les chambres des filles pour le couloir de gauche.

  Ethan continua d’avancer et s’installa sur une chaise libre, à l’écart du bruit. Il fut rapidement rejoint par Derek et Leah qui s’assirent à côté de lui.

— Alors, comment trouvez-vous notre nouvelle maison ? leur demanda Ethan.

— Je suis certain que nous allons beaucoup nous y plaire, assura Derek avec un sourire.

  Leah acquiesça vivement puis dit :

— Tout le monde fait la fête, mais on devrait aller se coucher, vous ne pensez pas ? Le week-end n’est pas si loin, on aura le temps de s’amuser.

  Ils réfléchirent un instant tandis que Nate les rejoignait à leur table.

— On va dormir ? les interrogea-t-il. Le voyage m’a épuisé.

— Allons-nous coucher dans ce cas, trancha finalement Derek.

— Des deuxièmes années m’ont dit que nous étions quatre par chambre, leur annonça Nate.

— On trouvera bien un quatrième, répondit Ethan en haussant les épaules.

— Bah… et moi alors ? demanda Leah.

— Ce n’est vraiment pas de chance, jubila Derek, il fallait être un garçon.

  Ils souhaitèrent une bonne nuit à Leah, empruntèrent le couloir de droite et se retrouvèrent dans un important vestibule où les valises avaient été déposées. Ethan repéra rapidement sa malle et s’engagea dans un corridor circulaire qui ne faisait que monter. Le passage comportait de nombreuses portes. Sur certaines d’entre elles étaient affichés des portraits d’élèves.

— Nate, les deuxièmes années t’ont dit comment on fait pour retrouver notre dortoir ? demanda Derek.

— Oui. Les portes avec les photos sont déjà occupées.

— Il suffit d’en dénicher une sans alors.

  Ils passèrent de porte en porte, à la recherche d’une chambre libre. Ils la trouvèrent finalement après quelques minutes de recherche.

— Les gars, je peux venir avec vous ? les interpella Evan alors qu’ils s’apprêtaient à entrer.

— Oui, viens. On n’est que trois, l’accueillit Derek.

  Le dortoir était, comme la salle commune, une pièce circulaire où reposaient quatre lits de chaque côté de la pièce. Au centre de celle-ci se tenait une jolie cheminée ronde qui s’élevait jusqu’au plafond. Chaque couchette était accompagnée d’un bureau et d’une grosse armoire.

— C’est plutôt douillet ici, dit Derek, visiblement satisfait.

  Ethan choisit l’un des lits, attrapa sa valise et commença à remplir son placard. Une fois terminé, il s’approcha de l’unique, mais large fenêtre du dortoir. Il regarda l’horizon puis sourit. De l’endroit où leur chambre se situait, il avait une vue directe sur la cascade et la grande cour de Castel-Lapis. Il ne put réprimer un rire. Il était enfin où il devait être, lui qui avait toujours rêvé d’un monde de magie et d’aventure, il se sentait déjà chez lui.

  Il se détourna de la fenêtre, enfila un pyjama et se glissa sous les draps. Il souhaita une bonne nuit à ses nouveaux amis, ferma les yeux et sombra aussitôt dans un sommeil profond.

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