7. Le château dans la montagne - 1/4

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  Ethan et Derek traversèrent le port miteux avec prudence. Ils n’auraient su expliquer pourquoi, mais ils ne se sentaient pas tranquilles. Ils empruntèrent la rue principale du village et rencontrèrent une petite auberge appelée « Le poisson bouillant » où quelques vieux sorciers étaient autour d’une table à l’extérieur et toisaient, de loin et le regard vitreux, les passagers du bateau.

— Tu es déjà venu ici ? demanda Ethan à Derek.

— Non et franchement je préfèrerais être ailleurs, répliqua ce dernier en jetant un œil par-dessus son épaule. Cet endroit me fait froid dans le dos.

  Hormis les quelques sorciers dans leurs demeures et dans l’auberge, le lieu semblait totalement désert. Certains fermaient déjà les volets de leur maison au moment où les élèves de Castel-Lapis passaient devant.

— Derek ! entendirent-ils appeler au loin.

  Un jeune homme qui faisait sans encombre deux têtes de plus qu’Ethan s’approcha d’eux. Il ressemblait farouchement à Derek, à l’exception que celui-ci avait les cheveux plus clairs et un peu plus longs.

— Merci de m’avoir laissé tout seul sur le bateau Malik, grommela Derek à l’adresse du nouveau venu. Heureusement que j’ai trouvé de la compagnie.

— Tu ne peux pas t’attendre à ce que je te tienne la main tout le temps, répliqua ce dernier sans ménagement. Je voulais retrouver Jim et Harry.

— Je te présente mon frère, déclara Derek à Ethan. Il est nettement moins beau et sympa que moi, mais d’après notre mère je devrais prendre exemple sur lui parce qu’il travaille bien à l’école.

  Malik soupira et leva les yeux au ciel.

— Qui est-ce ? demanda-t-il en observant Ethan.

— Lui ? répondit Derek avant que ce dernier ait pu ouvrir la bouche. C’est Ethan, on s’est rencontré pendant le voyage. Il est humain, ajouta-t-il avec un sourire.

— Bien sûr. Et moi je suis ministre de la Justice, railla Malik. Enchanté de te connaitre Ethan. Premier jour à Castel-Lapis ?

— Oui.

— Bienvenue dans ce cas. Derek est un peu lourd parfois, n’hésite pas à lui faire remarquer. On se croisera là-bas. Je dois rejoindre les autres. À plus tard.

  Sur ces mots, il tourna les talons et s’éloigna en direction de la sinistre forêt.

— Il va où ? demanda Ethan à Derek.

  Celui-ci haussa les épaules comme s’il n’en avait que faire et se remit en marche. Cependant, Ethan l’avait bien vu observer le bois avec appréhension.

— J’aurais préféré que tu ne lui dises pas que je venais de chez les humains, fit-il savoir à Derek sur un ton de reproche.

— Oh ne t’en fais pas, le rassura-t-il. Il pensait que je plaisantais. Il ne me croit jamais.

  Ils arrivèrent enfin sur la place principale où se trouvait une immense statue d’un homme particulièrement barbu qui tenait une baguette et paraissait sur le point de passer à l’action. Le regard fixe, lointain et calme, il semblait observer un adversaire, les jambes légèrement fléchies et la main droite levée au-dessus de sa tête comme s’il était en position d’attaque.

  Ethan se pencha pour lire le petit encadré qui se situait sur le piédestal.

« Kendrick Gerva, célèbre chasseur de géants et fondateur du village.

Abattu par Molag le Brave, chef de la tribu des Granmain. 1503-1551 »

— Les géants existent ? demanda Ethan à Derek alors qu’ils rejoignaient les autres élèves.

— Ils ont existé, oui, répondit Derek, mais je crois qu’ils ont tous été exterminés.

— C’est terrible, pourquoi les gens les chassaient-ils ? l’interrogea Ethan.

— Je ne sais pas, j’imagine qu’ils devaient être dangereux. Du peu que j’ai écouté en cours, les plus petits mesuraient dans les quatre mètres de haut. Mais les plus grands d’entre eux étaient absolument immenses. Ils devaient certainement être redoutables s’ils décidaient d’attaquer la population.

  De nombreux élèves attendaient près de la statue. Ethan n’aurait su dire combien ils étaient. La plupart patientaient en silence, n’osant pas engager la conversation avec leurs voisins. Certains étaient accompagnés de leurs parents et faisaient leurs adieux.

  Ethan bouscula un jeune garçon qui passait derrière lui au moment où il s’écartait du colosse de pierre.

— Excuse-moi, s’exclama-t-il aussitôt. Je ne t’ai pas fait mal ?

  Le garçon observa Ethan de la tête au pied avec froideur. Il avait la peau très pâle et un regard perçant. Ses joues étaient légèrement creusées, son nez droit et pointu et ses cheveux noir de jais lui tombaient devant les yeux.

— Qu’est-ce que ça peut te faire ? lança-t-il avec dédain. Regarde plutôt où tu marches la prochaine fois.

  Il tourna les talons et s’éloigna, laissant Ethan et Derek bouche bée.

— Il se prend pour qui celui-là ? s’emporta Derek. Pas de quoi faire le malin avec ses cheveux gras.

— Votre attention s’il vous plaît, dit une voix derrière eux.

  Tout le monde se retourna. Devant eux se tenait un homme brun, de taille moyenne. Ethan lui aurait donné une trentaine d’années, néanmoins il n’en était pas certain. Sa barbe mal taillée le vieillissait peut-être. Il portait une cape noire et une torche. Ses yeux bleus observaient l’assemblée avec une lueur avenante.

— Bonjour à tous, reprit-il, je m’appelle Namirion Silumil et je suis l’un des surveillants de Castel-Lapis. Mon travail consiste à faire respecter le règlement de l’école. J’attends donc de vous tous un comportement exemplaire tout au long de l’année. Je n’ai aucun plaisir à donner des retenues. Par ailleurs, si vous avez égaré un objet, ne le considérez pas comme définitivement perdu tant que vous n’êtes pas venu me voir. Je passe beaucoup de temps dans les couloirs et les différentes salles et il est possible que je l’aie mis de côté. Mais cherchez un peu de votre côté quand même, j’ai autre chose à faire.

  Il marqua une pause et fronça légèrement les sourcils en regardant la montre qui se trouvait à son poignet.

— Mais nous ne sommes pas ici pour discuter de mon travail ou du règlement, reprit-il. Je vais vous demander de vous répartir par groupe de quatre. Nous allons devoir emprunter le train pour rallier Castel-Lapis et les compartiments sont petits. Nous gagnerons donc du temps si nous faisons les groupes tout de suite. Il ne faut pas traîner alors faites vite et suivez-moi.

— Viens, dépêche-toi, dit Ethan à Derek en le tirant en direction du surveillant qui s’éloignait déjà.

— Mais on n’est pas encore quatre, lui fit remarquer Derek.

— Peu importe, si on trouve un compartiment vide avant tous les autres, il y aura forcément deux personnes qui n’auront pas de groupe et qui nous rejoindront. Et si ce n’est pas le cas, on aura toute la place qu’on veut.

— Ce n’est pas bête ça, s’exclama-t-il avec un grand sourire.

  Ils se mirent en marche et rattrapèrent le surveillant.

— Monsieur Silumil ? l’interpella Derek.

— Appelez-moi Namirion, le reprit celui-ci.

— Très bien. Namirion, il est où le train ? recommença Derek.

— Là-bas, répondit-il en pointant le bois sombre du doigt. Il y a un petit quai spécialement utilisé pour aller à Castel-Lapis ou la ville qui se trouve un peu plus loin.

— On va devoir traverser la forêt ? glapit Ethan.

— Nous serons à l’orée et dans le train en plus de ça. Vous n’avez rien à craindre.

— Il y a des choses dangereuses dans la forêt ? demanda Derek.

— Tout à fait, c’est l’une des raisons pour laquelle il vaut mieux ne pas trainer. Les créatures qui y résident restent bien sagement dans leur domaine la journée, mais une fois la nuit tombée, c’est une tout autre histoire. Cependant des élèves bien entraînés ne craignent pas grand-chose, la plupart de ces bêtes sont pour la plupart pacifiques et assez faibles contrairement à celles des montagnes qui se trouvent derrière Castel-Lapis.

— Pourquoi sont-elles dangereuses ? demanda Ethan.

— Les êtres qui y ont élu domicile sont intelligents, très puissants pour des étudiants et ont très mauvais caractère. Ils ne supportent pas que l’on pénètre sur leur territoire. C’est pourquoi il est interdit à tous les élèves d’y accéder.

— Ça ne plaisante pas.

— Je pense que c’est mieux ainsi. Si l’un d’entre vous s’aventurait dans les montagnes, il y aurait très peu de chance pour qu’il survive et ce n’est absolument pas certain que quelqu’un vienne à son secours. Même les professeurs évitent de s’y rendre, vous savez. Il n’y a jamais eu de mort jusqu’à maintenant, mais il serait dommage que vous soyez les premiers.

— On va s’abstenir d’y aller alors, dit Derek en fronçant légèrement les sourcils.

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