1. Visite surprise - 3/4

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  Le voyage durait maintenant depuis plusieurs heures, mais il touchait bientôt à sa fin.

— Je vous dépose où ? demanda le chauffeur de taxi en regardant son passager à travers son rétroviseur intérieur.

  Oliver prit le temps de la réflexion, lui-même ne connaissait pas exactement le lieu où pouvait se trouver le garçon. Il savait cependant qu’il était orphelin, cela constituait déjà une piste.

— Y a-t-il une structure qui accueille les enfants abandonnés dans ce village ?

  Le conducteur leva les yeux au ciel. Décidément, son passager se montrait étrange. Non seulement il posait toute sorte de questions idiotes sur le monde qui l’entourait, comme s’il le découvrait pour la première fois, et voilà que maintenant, il avait l’impression qu’il n’avait pas la moindre idée de sa destination. Maudits touristes.

— Vous voulez certainement parler de l’orphelinat « Le petit miracle », répondit-il malgré tout à contrecœur.

— Oui, exactement, balbutia maladroitement Oliver. Déposez-moi devant, s’il vous plaît.

  Le taxi ne tarda pas à atteindre le bâtiment et s’arrêta le long du trottoir. Après quelques difficultés pour payer la course avec de la monnaie, Oliver quitta le véhicule.

— Merci beaucoup, monsieur, bonne journée à vous, souhaita ce dernier à l’adresse du chauffeur.

  Seulement, trop heureux de se débarrasser de son étrange client, celui-ci redémarra aussitôt. Peut-être avait-il trouvé qu’Oliver lui avait posé de curieuses questions, mais il fallait avouer que celui-ci n’était pas dans son environnement habituel. Il ne s’était pas rendu ici depuis de nombreuses années et était très surpris. Tout avait évolué presque aussi vite que l’endroit d’où il venait.

  Il soupira longuement. Décidément, les humains n’avaient pas changé et réagissaient toujours de manière invraisemblable.

  Il regarda le véhicule s’éloigner et rejoindre la route principale, puis observa autour de lui. Il se trouvait dans un charmant et modeste village, il ne doutait pas un instant qu’il devait y faire bon vivre.

  La plupart des maisons se ressemblaient. Faites de pierre blanche, avec un toit en tuiles grises ou bleues, les volets des fenêtres, peints dans des couleurs claires. Certaines demeures comportaient quelques poules, une vache ou encore une chèvre qui logeait dans un petit enclos non loin. Le seul reproche que l’on aurait pu faire à ce village aurait peut-être été le manque évident de verdure.

  Cependant, l’herbe ne risquait pas de pousser, elle était aussi sèche que de la paille et les quelques fleurs qui tentaient de s’épanouir dans le jardin de certaines de ces bâtisses souffraient de toute évidence de déshydratation. Il s’avérait qu’ici également, le climat était momentanément aride et l’impressionnant orage qu’il avait rencontré durant son voyage n’avait pas l’air d’être passé en ce lieu.

  L’orphelinat offrait un important contraste avec le reste du village. Le bâtiment était imposant, composé de trois étages et d’une grande cour extérieure où les enfants devaient jouer les jours de beau temps. Pourtant, malgré le soleil et la chaleur, celle-ci était déserte. Mais plus que par sa taille, c’est par son atmosphère que le refuge dénotait avec les maisons alentour.

  Le lieu était sinistre, on aurait presque dit qu’il était à l’abandon. Les vitres sales et couvertes de mousse à certains endroits n’inspiraient pas confiance, certaines paraissaient même fissurées. Le lierre commençait à conquérir le triste mur de béton. Celui-ci avait presque une teinte noirâtre, comme s’il y avait eu un incendie récemment. Et ce ne sont pas les quelques arbres, étrangement dépourvus de feuilles à cette période de l’année, et l’herbe desséchée de la cour qui rendait le lieu plus accueillant.

  « Le petit miracle », seuls ces mots étaient taillés dans la pierre, en caractères dorés au-dessus de la porte d’entrée. Contrairement au reste, l’éclat des lettres laissait supposer que l’inscription était entretenue régulièrement.

  Oliver soupira. Comment pouvait-on élever des orphelins dans un endroit aussi morbide ? À vrai dire, il commençait à douter qu’il y ait le moindre pensionnaire en ce lieu. Il était bien placé pour le savoir, les enfants sont d’ordinaire plutôt bruyants, or, aucun son ne semblait provenir du bâtiment.

  Il était visiblement à l’adresse la plus prometteuse. Cependant, le jeune homme pouvait tout autant avoir été recueilli par une famille dans le hameau. Si c’était le cas, comment savoir quelle maison était la bonne ? Et puis, le garçon qu’il recherchait ne pouvait, de toute évidence, pas être le seul du village.

  Manque de chance, il n’avait comme information que son nom, pas même une description physique qui aurait pu l’aider dans son investigation. Il ne pouvait évidemment pas se permettre de faire du porte-à-porte pour interroger les villageois ou se présenter à l’orphelinat, il se devait d’être discret.

  Oliver se gratta la tête avec agacement. Malgré ses compétences, comment la directrice voulait-elle qu’il réussisse ? Tant pis pour la rapidité, se résigna-t-il, il faudra être patient.

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