Révisions torrides

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Mais pourquoi me regarde-t-il de cette façon ? Quelque chose ne va pas ? C’étaient les questions que je me posais il y a quelques jours à la bibliothèque. Étudiante en littérature américaine, je prépare mes partiels de fin d’année avec fébrilité. Il faut absolument que je les réussisse pour enfin prendre mon envol loin de ma famille, et ce lieu est tout trouvé pour des révisions efficaces. J’ai toujours aimé lire. J’y trouve généralement du réconfort quand les relations avec les êtres humains sont si complexes que le moral tombe au plus bas. J'adore toucher tous ces livres, les sentir, les feuilleter, les dévorer. J’aime l’atmosphère enveloppante que je trouve dans ce lieu. Tout y est confiné, douillet. J’ai la chance de pouvoir préparer les examens dans un édifice chargé d’histoires en tous genres ; qui sait, peut-être que de grands écrivains y ont aussi usé leurs pantalons ? Steinbeck, Stevenson, Cather, Austen, Hardy, et tant d’autres encore dont j’admire l’écriture !

C’est une bâtisse en pierre blanches d’Irlande, qui nous accueille majestueusement avec ses colonnades et ses volutes sculptées. À l’intérieur, le sol, dont le sublime parquet est d’origine, grince à chaque pas. Étrangement, je n’imagine pas cela autrement. C'est ce qui fait aussi partie du charme général, ici : à chaque bibliothèque son histoire. Les hauts plafonds blancs également sont ornés de moulures délicates et travaillées. Tout y est agencé afin que chacun puisse presque se sentir seul, dans son monde. Les étagères sont tellement hautes que des échelles y ont été placées pour atteindre les ouvrages les plus inaccessibles. Outre des tables de travail équipées de lampes vintage, des canapés et des fauteuils sont placés à intervalles réguliers afin de recréer des coins cosy et personnels. Une longue allées traversant cette bibliothèque mène à la salle des archives, qui renferme notamment des écrits très anciens, d’une valeur inestimable, demandant des précautions particulières de conservation comme une température constante et le port de gants pour les manipuler par des personnes triées sur le volet. La luminosité peut se tamiser, et je pourrais facilement (et avec joie) me perdre dans les nombreuses allées de ce qui représente pour moi la caverne d’Ali Baba pour tous les amoureux de la lecture et de ses voyages.

Seulement voilà. Mes escapades littéraires et estudiantines sont depuis quelques jours perturbées par ce jeune homme. Il semble avoir le même âge que moi, blond, les cheveux courts, un regard pénétrant, et une allure toujours très soignée. Contrairement à moi qui suis plutôt adepte de la combinaison indémodable jean/baskets pour me concentrer davantage sur mes cours… et parce que je ne connais rien d'autre, j'avoue... Je l’ai surpris de nombreuses fois en train de m’observer par-dessus son livre. Il semble être sûr de lui ou audacieux, car il maintient son regard quand je le vois. En vérité, je ne réussis pas à soutenir celui qu’il me porte tellement il est spécial. Je n’ose pas non plus faire le premier pas, même si je dois avouer que j’en ai très envie. Il est plutôt séduisant dans son style. Il me donne la vaniteuse sensation que je le fascine, ce qui est extrêmement troublant.

C’est en pensant étrangement à lui que je me rends dans cette bibliothèque comme toutes les fins de semaines. Après avoir gravi les quelques marches de l’entrée, ce havre de paix s’ouvre à moi dans toute sa beauté. Je respire l’air emprunt d’odeurs de papiers et d’encre, et je souris. Je m’y sens toujours aussi bien ! J’arpente paisiblement les nombreux couloirs à la recherche de mes ouvrages de référence, puis j’en profite pour m’installer dans un des coins cocooning les plus convoités. Il est 18h, et l’immense espace est pratiquement désert. Un vendredi soir, ça se comprend ! Je me love dans un des grands fauteuils bien moelleux près de moi, et plonge la tête la première dans mes révisions. Au bout de quelques minutes, je m’aperçois qu’il me manque un livre. Par chance, le rayon dans lequel il est censé être rangé est tout près. D’un pas nonchalant, je m’en approche et me fige soudain. Il me fait face, le manuel que je veux à la main. Que faire ? Nous n’avons jamais été aussi proches l’un de l’autre. Pendant que le temps se suspend, je peux remarquer ses yeux d’un bleu outremer, sa chemise grise impeccable, et son jean gris aussi, particulièrement seyant. Je ne parviens pas à m’expliquer ma soudaine sensation de chaleur. Il s’avance finalement vers moi et me tend la brochure.

- C’est ce que tu cherchais ? Prends-le. Je n’en ai plus besoin.

- Merci !

J’essaie à tout prix de me donner un air décontracté, mais rien n’y fait. En me tendant le livre, je devine sa main, grande, carrée, et son poignet orné d’une gourmette. Nos doigts se frôlent, et l’air semble se charger en électricité. Je retiens ma respiration tandis qu’il me fixe intensément.

- Je m’appelle Thomas.

Je tente de me ressaisir sans avoir l’air d’une gourde.

- Enchantée. Maddy.

- Tu étudies la littérature ?

- Oui, je suis en dernière année. Et toi ?

Mon cœur bat plus vite et j’ai de plus en plus chaud. Que se passe-t-il ?

- Je prépare une thèse en littérature, justement.

Il s’approche tout à coup de moi en avançant d’un pas. Les premiers boutons de sa chemise sont ouverts, un nuage de son eau de toilette l’accompagne, et je distingue à son cou un pendentif qui montre d’où il vient. Je ne bouge pas et remonte mon regard pour le plonger dans le sien. J’ai l’impression d’avoir le vertige.

- En tous cas, je suis ravi de t’avoir rencontré, Maddy. Peu de femmes aussi sublimes que toi s’intéressent à un sujet aussi passionnant, surtout un vendredi soir, me dit-il d’une voix douce, une étincelle de malice dans les yeux.

Muette, je le regarde s’éloigner tranquillement… en coulant mon regard discrètement sur ses fesses. Une autre vague de chaleur m’envahit, et je retourne m’assoir nerveusement dans mon fauteuil.

Punaise, que m’arrive-t-il ? C’est la dernière ligne droite avant les derniers examens que j’aurai à passer de toute ma vie, et je me laisse aguicher par un garçon en plein milieu d’une bibliothèque ? En vain, je tente de me recentrer sur mon travail. La fragrance de son parfum semble être restée flottante dans mon espace. Cette odeur me grise, m’attire, me déconcentre et finit par m'éxaspérer. À tel point que j’ose vérifier sa présence dans la direction qu’il a prise précédemment. Grosse erreur ! Je recroise son regard troublant. Je me sens rougir en plongeant la tête dans mon livre. Discrètement, je remarque qu’il sourit. Quelque chose d’imperceptible, mais réel. Je respire un peu plus vite. À croire qu’il me fait plus d’effet que je ne l’imaginais… Je le sens me contempler, sans réserve, affalée dans mon fauteuil.

Au bout d'une heure, n’y tenant plus, et ayant pris conscience que la concentration m’avait quittée pour la soirée entière, je décide de ranger tous mes ouvrages pour ensuite rentrer chez moi, en croisant son regard une dernière fois.

En abordant l’allée dans laquelle nous nous étions parlé, je suis à la fois soulagée et un peu déçue de m’apercevoir qu’elle est déserte. Quand je m’appuie sur l’étagère pour y placer mon dernier livre, je sens soudain deux bras vigoureux qui m’enlacent doucement.

- Après tout ce travail, nous avons bien droit à une petite pause, qu’en penses-tu ?

Thomas… Je reconnais son parfum, sa voix maintenant très suggestive, son souffle au creux de mon oreille. Presque instinctivement, je pousse ma tête un peu en arrière, contre son épaule, et je pose mes mains sur les siennes. Quelqu’un pourrait nous surprendre mais, maintenant, qu’importe ! Il plaque son corps contre le mien, et son contact m’électrise. Ah, elle est belle, l'assiduité !... À travers son jean, je sens qu’il me désire. Un feu commence à monter au creux de mon ventre. D’une main, il me maintient contre lui, et, de l’autre, me caresse délicatement la nuque libérée par un chignon sommaire, puis descend le long de mon bras, tout en m’embrassant le cou. Quelle sensation grisante ! Je me laisse faire et plonge ma main dans ses cheveux, derrière moi. Son torse, entrevu auparavant, est large et brûlant à travers sa chemise. Sa langue se fait plus sensuelle sur mon cou. Il me mordille même le lobe de l’oreille, ce à quoi je réponds par un soupir discret, les yeux déjà mi-clos. Il remonte alors ses mains bouillantes vers ma poitrine, et défait mon soutien-gorge sous mon t-shirt. Automatiquement, je me cambre un peu et bascule mon bassin contre le sien. La façon dont il stimule lentement mes tétons est provocante, sexuelle, vibrante… Tous les pores de ma peau commencent à le désirer. Délicatement, il effleure mon ventre, et entreprend d’ouvrir la fermeture éclair de mon jean…

Quand ses longs doigts atteignent mon intimité, je m’embrase. Une main sur ma poitrine et l’autre dans ma culotte, la situation devient irrésistible. Lentement mais surement, il s’assure avec beaucoup d’adresse que je sois assez détendue pour aller plus loin. Mes soupirs se font plus nombreux, sa respiration plus bruyante, plus excitante encore… Mon bassin ondule contre lui et veut un contact. Ma tête bascule maintenant complètement en arrière.

Ses mains quittent alors brièvement mon corps cuisant pour ouvrir son pantalon. Juste assez pour pouvoir me livrer toute la virilité qu’elle contenait. Rapidement, il se protège, revient à moi et baisse le haut de mon jean et ma culotte en même temps, juste assez pour que la sensation du tissu glissant sur mes fesses me donne l’envie de lui crier que je le veux… Je me cambre alors de façon plus lascive, et je m’appuie davantage sur les étagères.

Ses mains habiles reviennent sur mes hanches. Nos corps fébriles se trouvent, se reconnaissent, fusionnent. Tout est terriblement bon dans cet échange. Je sens Thomas décidé, sûr de lui et de l’effet qu’il produit sur moi. Il sait ce qu’il veut pour nous et je plonge avec délice et gourmandise dans ce plaisir d’autant plus intense que le lieu est atypique… Je retiens mes gémissements pour ne pas attirer l’attention. Plus je fais cet effort, plus il me rend incandescente. J’ai l’impression qu’il se transforme peu à peu en torche humaine. J’aime sa chaleur, cette proximité, sa beauté aussi. Ses gestes deviennent plus pressants et je vais instinctivement à leur rencontre. Je me consume de plaisir et laisse échapper malgré moi quelques murmures discrets. Nous sommes dans un accord parfait.

Tout à coup, quelqu’un passe non loin de nous et ralentit... Nous allons être pris sur le fait ! L’ombre se met à choisir et compulser tranquillement des ouvrages dans l’allée qui précède la nôtre… Le temps se suspend encore… Thomas continue discrètement ses caresses et je goûte silencieusement à cette volupté à la fois douloureuse et aguichante. Au bout de plusieurs minutes interminables, et grâce à la lumière tamisée de ce vendredi soir, la silhouette repart dans la direction opposée sans nous prêter aucune attention. Nos corps sont aux aguets. L’adrénaline provoquée par l’éventualité de se faire remarquer entraîne un regain d’excitation dans mon ventre et une vague de frissons sur tout mon corps. Quand nous reprenons notre rapport charnel, il me mordille la base du cou, et je plonge rapidement dans un orgasme explosif et d’autant plus impressionnant que je parviens à rester presque silencieuse. De son côté, Thomas explose muet dans un bien-être absolu. Tout est studieux aux alentours. Tout est concentration. Le calme revient lentement dans nos corps brûlants, et son étreinte se fait plus douce, plus délicate. Nous atterrissons en douceur après cet interlude particulièrement sensuel… Je me tourne alors pour lui faire face, et je découvre toute la beauté de ce garçon qui me sourit. Un sublime mélange entre le marquis de Sade pour son audace, et Monsieur Darcy pour son côté très soigné, très propre sur lui. J’adore ! Je lui souris à mon tour, parfaitement détendue maintenant.

- Comment était cette pause ? me demande-t-il, fier de lui.

- Indécente et efficace…

Il m’embrasse alors délicatement, galvanisé par ma réponse, et porte sur moi un regard plein de promesses qui me semblent toutes plus engageantes les unes que les autres. Il me tend alors un bout de papier.

- Voilà mon numéro, si tu as encore besoin d’une pause dans ton travail, me chuchote-t-il au creux de l’oreille.

Je prends le papier et le cale dans ma poche en lui communiquant le mien en retour. Il dépose sur mes lèvres un dernier baiser ô combien brûlant et suggestif, puis s’éloigne tranquillement. Encore troublée par tout ce qui vient de se passer, je mets quelques secondes à me rendre compte qu’il est grand temps de rentrer chez moi. La bibliothèque est d’ailleurs sur le point de fermer ses portes… Je finis de rassembler mes affaires et passe la porte majestueuse de l’édifice dans lequel un très beau garçon m’a fait passer un moment surprenant et terriblement excitant. J’en rougis encore rien que d’y penser.

Sur la route du retour, je songe à son dernier baiser… chaud, scandaleusement délicieux… Soudain, la sonnerie de mon téléphone retentit…

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