Chapitre 1 : Le conte de la fin (partie 1)

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Oh ! Bonjour ! Je ne m'attendais pas à avoir du public après tout ce temps ! Je n'avais pas vu que vous nous observiez, le vieil homme, les enfants et moi et je ne pensais pas que qui que ce soit croyait encore en mon existence. Comment ? Vous ne savez pas qui je suis ? Allons, réfléchissez bien, je suis sûr que vous avez une petite idée sur la question, mais passons. Mon nom n'a aucune espèce d'importance, je ne joue aucun rôle dans presque toutes les histoires que je pourrais vous raconter. Mais j'étais là, au second plan, à observer. Je suis toujours là, sans que personne ne me voie. Enfin bon, vous n'êtes certainement pas là pour m’entendre parler de moi, et je dois vous avouer que si c'était le cas, vous seriez bien déçus... Vous voulez entendre ma version du conte de la fin des temps n'est-ce pas ? Ce n'est pas vraiment un conte, car il ne finit pas très bien, c'est plutôt la véritable histoire, vous voulez toujours l'entendre ? Alors asseyez-vous bien confortablement, car cela risque de prendre un petit bout de temps.

Pour bien comprendre toute cette histoire, il faut remonter, non pas juste avant le Cataclysme, mais quelques dizaines d'années avant, dans une petite forêt à l'Est de Lucidia. C’est au pied de la montagne verte qu’elle avait commencée, dans la petite forêt de Rowald, où, après une capricieuse averse de printemps, fut trouvé un petit être, à peine né, par une tribut de géant. Les géants ne sont pas connus pour leur amabilité ni leur propension à la pitié, ils le sont plutôt pour manger tout et n’importe quoi. Pourtant ils ne dévorèrent pas ce bambin, et ils le prirent comme étant l’un des leurs. Il est possible que le chérubin ait été pris pour un géant, ou qu’un couple vienne à l’adopter. Toujours est-il que le petit être fut élevé tel un géant –durant les premières années de sa vie tout du moins. En effet, les années qui suivirent, ses années d’enfance, ne furent certainement pas celles qu’on puisse appeler ses meilleures années. Il était maltraité et frappé, de par sa petite taille. On ne peut tout de même pas dire qu’il était un nain, loin de là, puisqu’à l’age de 10 ans, il faisait déjà près de deux mètres cinquante, mais ce n’était rien comparé aux quatre mètres, sinon plus, des autres. Le nom que lui avait donné son peuple d’adoption était Korr, et ce n’était déjà pas un nom très vaillant, puisqu’il voulait dire « faible » dans l’ancien langage des géants. Il était apparemment de coutume pour les géants de recevoir son nom vers ses onze ou douze ans, après quelques duels rituels contres les autres jeunes de la tribu, que Korr avait bien entendus tous perdus. C’est vers cette période que ses conditions de vies se dégradèrent drastiquement, n’ayant parfois même pas droit à la viande qu’il avait aidé à chasser.

Korr en eut bientôt assez. Ce n’est pas parce qu’il était petit qu’il allait se laisser malmener et son caractère bien trempé ne parlait pas assez à son goût. Il prit la décision de répondre à chaque coup pendable, chaque gifle et chaque insulte. Il devait se faire respecter avant de se faire écraser, et de ne plus être capable de partir loin d’ici. Il n’avait aucun but, pas de rêve hormis celui de quitter ces brutes imbéciles. La tribu de géant composant son foyer n’était pas sa famille, ils lui avaient fait suffisamment comprendre au cours de ces dernières années, mais il ne connaissait rien d’autre que cette petite forêt pluvieuse.

Un jour, au cours d’une énième rixe tournant en sa défaveur, il décida qu’il en avait assez bavé. L’énorme créature l'ayant provoqué et roué de coup avec un rire goguenard devait payer, pour ses fautes et celles de tous les autres. Korr n’allait pas se contenter de le rouer de coup, déjà parce qu’il n’en était pas capable, mais surtout parce que cela ne suffirait pas. Il se devait d’en faire un exemple pour montrer qu’il ne plaisantais pas. Il saisit donc son coutelas, qui faisait tout de même figure de glaive dans sa petite main de géant, et sauta sur son adversaire en hurlant. Dans un tourbillon de colère, il entailla sauvagement le cuir dur de la brute et tailla dans le gras, avant de sentir une poigne titanesque le saisir par la gorge. Son camarade de chamaillerie était dans le même état, suspendu au dessus du sol par un des géants adulte.

« Comment ? Toi, Korr, le nain, tu essaye de tuer le fils de l’un de ceux t’ayant nourri, élevé et accueilli ? Tonna une puissante voix, à quelques centimètres derrière son oreille. C’est ainsi que tu nous remercie ? Tu ose tuer le futur de la tribu, tu ose tuer celui avec qui tu mange, chasse, dort, celui qui aurait pu être ton frère ? Tu n’es qu’un petit ingrat, un sale faible, tu ne mérite pas tous les sacrifices commis par cette tribu pour le maintenir en vie. Nous n’acceptons pas tel comportement, nous tolérions à peine ton inutilité. Tu ne peut pas vivre parmi nous, nous aurions du le savoir. Tu sera mangé, ce soir. Cela aurait du être ton destin si Celle-Qui-Les-Entends ne s’étaient pas interposée. »

Oui, les géants ne sont probablement pas assez malins pour véritablement comprendre l'essence des dieux et ne saisissent d'eux que des murmures lointains. Certains les entendent mieux que d'autres toutefois et sont des sortes de chaman, des prêtres primitifs. Il est possible que, par jeu ou pour satisfaire quelque dessein plus sombre, un dieu ai put protéger notre petit géant.

Voilà en tout cas la situation déplorable dans laquelle Korr se trouvait désormais. Il lui restait à faire un choix : rester et finir dévoré, ou partir dans la forêt et probablement mourir dans l'ignorance de ses dangers. A vrai dire, ce choix n'en était pas vraiment un, Korr s'était résigné à partir aussi vite qu'il le pouvait, il attendais simplement d'être plus grand, plus fort et de mieux connaître la forêt, mais de toute évidence, il lui faudrait faire sans.Les géants ne prirent même pas la peine de l'enfermer, le laissant vaquer à ses occupations, le surveillant vaguement, sans vraiment essayer de le contraindre. Il s’enfuit donc sans demander son reste peu de temps après, les autres géants n'ayant pas grand chose à faire un petit fuyard maigrichon. Il était effrayé de se retrouver seul dans la forêt, mais plus encore, il ne voulait pas mourir. Il devait trouver un endroit pour passer la nuit, et le reste de ses journées. Il fallait qu'il s'éloigne du camp, les géants l'avaient plus ou moins laissés partir, mais ils n'étaient pas assez aimable pour le laisser s'échapper une deuxième fois, et il serait réellement mangé s'il se faisait attraper une deuxième fois. Alors il partis en courant, aussi loin qu'il put, ne s’arrêtant que pour manger quelques baies ou se reposer quelques heures. Il atteint rapidement l'orée de la forêt mais ne pouvais pas se résoudre à en sortir : il ignorait tout de ce qui se trouvait en dehors et il trouvait plus prudent de rester dans un environnement connus. Il fit alors demi-tour et s'enfonça dans la forêt. Il s'était aventuré assez longtemps en vérité, tellement qu'il était passé de l'autre coté de la montagne, où les géants n'allaient jamais, car trop proche d'habitations humaines, dont ils se méfiaient. Korr était donc décidé, c'est ici qu'il s'installerait. Il avait trouvé une petite faille dans la montagne, juste assez grande pour qu'il puisse s'allonger avec ses affaires à l’abri des intempéries.

Le temps passa sans incident notable, Korr vivait sa meilleure vie, à chasser, cueillir et récolter les objets lui semblant intéressant, tels que de vieux tessons ou de jolies pierres transparentes. Il stockait tout ça dans sa faille, mais elle commençait à devenir un peu petite, avec tous ces trésors et lui qui grandissait. Il n'avait pas atteint la taille de ses congénères mais il était un peu plus grand qu'avant. Cinq longues années c'étaient écoulées, où Korr n'avait eu comme seule compagnie que ses seules pensées et le silence de la forêt. Ce silence fut toutefois un jour interrompu par un cri perçant et Korr, ne reconnaissant aucune bête pouvant produire un tel son, en fut intrigué. Il sorti de sa faille tandis que retentissait encore la plainte, mais en plus proche. Ne perdant pas une minute, il s'élança dans la direction approximative du bruit et, se rapprochant, il lui apparut que ce n'étaient pas des cris, mais des pleurs, produits par une toute petite fillette. La pauvre créature était paralysée de terreur et ses pleurs avaient cessés à l'instant même où elle avait aperçu le géant. Avec ses yeux d'enfant, elle devait le voir comme un monstre des histoires racontées par son père avant de s'endormir. Korr, quand à lui, ne savait pas trop quoi penser. La manger était inutile, elle était trop petite et le nombre de petits os la rendrait dure à éplucher. En outre, les humains avaient la fâcheuse tendance à venger leur mort, plus encore lorsqu'il s'agissait d'enfants, et il était seul. Une tribus pourrait très certainement lutter contre une bande d'humain armée mais pas un géant seul, surtout aussi malingre que lui. Il hésitait, mais savait que s'il la laissait là, elle serait de toute façon dévorée par les loups ou tuée par n'importe quelle bête un tant soit peu agressive. Il pris donc la décision de la ramener à la lisière de la forêt, sa tranquillité en dépendait.

La fillette ne se laissait pas faire et l'attraper avait été une manœuvre délicate. Il la tenait donc d'une main, les doigts assez serrés pour qu'elle ne tombe pas, mais avec suffisamment de jeu pour qu'elle ne se fasse pas mal ou ne s'étouffe pas. Ils étaient à quelques centaines de mètres de l'orée de la forêt, ils l'atteindrait en peu de temps. Korr avait souvenir d'un chemin, peu fréquenté par les humains, qui préféraient longer les arbres et leur dangers. Avec un peu de chance, le reste de son groupe y était et était à sa recherche. Ainsi, il ne fut pas surpris en voyant les quelques hommes à chercher, quelques pas devant lui, soulevant chaque branchage et appelant son nom. Il aurait dû. Il y avait beaucoup d'humain, bien plus qu'il n'en avait jamais vu et presque tous étaient recouverts d'une plaque brillante - oui, une armure. D'après les bruits que percevait Korr,ils s'approchaient d'eux,ce qui était une bonne nouvelle pour la fillette, mais pas pour lui ! Et elle commençait à se débattre de plus belle en entendant son nom ! Il pris la décision de la déposer au sol immédiatement et de s'enfuir en courant. Malheureusement, il fut apperçu, en témoignent les cris de stupeurs et les appels à l'aide des soldats, ou alors était-ce parce qu'ils avaient récupéré la petite fille.

Korr ne s'était pas retourné pour le confirmer et avait fuis en direction de sa grotte. Personne ne l'avait suivis, il pouvait souffler un peu. Mais son existence était maintenant connue des hommes, et il suscitait beaucoup de curiosité. Un géant qui sauve une fillette, d'après ses dires, c'était loin d'être commun

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