Réveil

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Les flammes des torches vacillaient doucement dans les ténèbres des couloirs humides.

Des oubliettes oubliées, perdues, édifiées dans un temps devenu légende.

Les murs suintaient un liquide verdâtre rance qui empestait l'air.

La vie semblait absente de ces lieux sinistres.

Pourtant dans le plus sombre des cachots quelque chose bougeait, un être à peine vivant respirait. Un être qui a oublié jusqu'à son nom.

Une nudité à peine tut par l'obscurité, un homme à genoux se balançait d'avant en arrière de façon grotesque.

Une eau sale ruisselante débordait de temps à autre d'un trou nauséabond et serpentant le long des sillons du sol pavé mouillait les pieds de cette forme décharnée.

Silence.

Ruissellement.

Silence.

Rire.

Le prisonnier riait. Un rire en enfer ne pouvait être que folie.

Etait-il fou?

Non.

Il riait parce qu'il se souvenait.

Les larmes ne tardèrent pas à venir car les souvenirs qui coulaient dans sa mémoire n'étaient que douleurs et peines.

L'homme se leva et hurla.

Un cri primal. Une deuxième naissance ou un dernier hurlement avant la mort.

Il toussa quelques secondes semblant manquer d'air.

Il regarda autour de lui. Il ne savait plus. De nouveau l'oubli.

Un cri retentit soudain, semblant provenir de partout, se répandant comme un liquide visqueux s'aggripant aux murs, à l'air.

La porte de la cellule s'ouvrit alors en grinçant et sans hésiter l'homme sortit lentement de sa prison.

Il déambulait nonchalemment passant devant des cellules vides et crasseuses.

Les lueurs vacillantes des torches révélaient son corps ravagé de lacérations et de brûlures.

Ses souvenirs ne revenaient pas, seuls quelques bribes d'images de violence ponctuaient les coups de poignards de douleurs dans son crâne.

Qu'avait-il donc fait de si terrible pour se retrouver ici?

Etait-il un meurtrier?

Le cri retentit de nouveau. Un cri qui se terminait par un rire comme un écho à son hurlement plus tôt.

Aussi sinistre qu'était ce. L'homme sans nom se réconforta de n'être plus seul. ses yeux s'abaissèrent vers ses mains.

Elle étaient recouvertes de sang.

Le couloir était interminable. Toutes les portes des cellules étaient closes.

Sauf une.

Quelques mètres plus loin, éclairé par une torche chancelante, une grille était ouverte.

Il s'approcha prudemment.

La pièce était vide de monde mais la première satisfaction depuis son réveil.

Des vêtements. Un pantalon. Une chemise rapiécée mais propre. des chaussettes, des bottes et une veste en cuir marron usée. Il recouvrit son corps constellé de cicatrices.

Au mur, une épée rouillée, dont la splendeur d'antan ne brillait que dans l'oeil averti d'un bretteur de talent.

L'homme sans souvenirs s'en empara. Il la soupesa, la tourna avec dextérité. Il se sentait revigoré arme à la main mais chaque mouvement était un maelstrom de douleurs.

L'homme habillé, récupérait une once de dignité. Il reprit sa marche.

Le couloir semblait sans fin. Torche après torche, la santé de l'homme sans nom déclinait, inspirer de l'air devenait difficile .

Une toux sèche lui déchira la gorge et en redressant la tête, enfin il vit le bout du tunnel de cachots.

Dans la pénombre il distingua un escalier, symbole d'une remontée vers la lumière du jour.

Il se rapprocha en tentant d'accélérer le pas et au seuil des marches, il tomba à genoux en gémissant.

L'escalier ne montait pas, il s'enfonçait plus profondément dans les entrailles de ce lieu maudit.

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