Chapitre 3

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Quatre-vingt-douze jours ce qui fait quatorze semaines et qui vaut à deux mille cent quatre-vingt-dix heures ce qui fait trois mois. Cela faisait trois mois que j'avais embrassé Anahi dans le couloir de mon appartement, trois mois jour pour jour, qu'elle avait disparu. Et trois mois jour pour jour que j'avais recommencé mon train-train de vie quotidienne au plus grand plaisir de mes proches. Riley m'avait sauté au cou quand j'étais arrivé à une des soirées que Mason organisait chez lui chaque samedi. Le match de la première saison avait été bénéfique pour nous, on l'avait remporté haut la main. Un recruteur m'avait donné sa carte. J'étais plutôt bien parti.



Trois mois, qu'Allison était aux anges, on passait quasiment toutes nos soirées ensemble. Elle dormait souvent chez moi, mais l'alchimie n'était pas vraiment revenue, du moins pour moi. Je ne buvais plus autant qu'avant, mais j'essayais de suivre le rythme des autres à ma manière. Pendant ses trois mois, j'avais appris que mes parents étaient officiellement divorcés, c'était plutôt rapide en fait avec mon avocat de connard de père il a tout fait en hâte. Ma mère gardait la maison, elle allait le vendre, m'avait-elle dit et loué un petit appartement près du quartier de ma sœur. En parlant de celle-ci, elle était enceinte.



Elle était mariée depuis deux ans maintenant et je ne l'avais jamais vue autant heureuse de toute ma vie. Ma sœur, c'était la seule personne que je ne voulais jamais voir souffrir. Je sors soudain de mes pensers quand mon professeur m'appelle. Depuis combien de temps en fait, je le regarde un moment avant de comprendre que les cours étaient finis et qu'était le dernier dans la salle. Madame Holmes me sourit et je me lève sous son air amusé. Elle était la meilleure amie de ma mère et elle savait ma situation actuelle.

  • tu es sûr que ça va Keegan ? Me demande-t-elle avant même que je franchisse le seuil de la porte.

Je m'arrête net, non ça ne va pas, je ne vais pas bien. Mais comment lui dire, comment lui avouer que je ne supportais pas de voir ma mère aussi démunie alors que c'était son choix de partir et de mettre un terme à leur mariage. Que je refuse de regarder mon père en face et de voir son sourire niais comme si de rien n'était, comme si sa vie n'avait pas changé. Que je ne savais plus où en ait mon couple, car je n'arrivais pas à me sortir une fille que je ne connais même pas de la tête. Non, je ne peux pas lui dire.



  • oui mentis-je sans me retourner avant de sortir définitivement de la salle.

Toute était différente cette année, toute avait changé, je me sentais changé. Je marche tranquillement le long du couloir quand mes pensées dérivent de nouveau vers Anahi. Je repense à ses lèvres chaudes sur les miennes, à sa main tremblante sur mon torse et puis à son regard. Cette fille avait quelque chose de spécial dans son regard, elle avait cette lueur au fond de ses iris qui me faisait frissonner.


Anahi était comme un rêve, c'était comme si elle n'existait pas. Comme si je n'avais fait qu'imaginer notre rencontre, qu'elle n'avait jamais été là, qu'elle n'était jamais dormi dans mon lit, et que je ne l'avais jamais serré dans mes bras. Pourtant, le goût de ses lèvres est resté imprégner sur les miens, son odeur me suivait. Elle est dans ma tête et je ne comprends pas pourquoi elle m'accapare autant, car je ne la connaissais pas même pas. Pourtant, durant ses trois mois, mes pensers ne vont que vers elle.


Je regarde au loin et vois mes amis ainsi qu'Allison. Allison, j'avais vraiment tout fait pour raviver cette flamme, cette chaleur au fond de moi quand elle était là, mais rien y fait. Mon cœur ne battait plus la chamade à chaque fois que je la voyais, que je la touchais, que je la serrais dans mes bras pour conclure, je n'étais tout bonnement plus amoureux d'elle. Je m'approche de pas lourds vers eux. Riley me sourit et m'invite encore à une de ses soirées de merde, chez un certain Alan Phelps un basketteur de l'Université.


Allison pose doucement, comme au ralenti ses lèvres sur les miens. Je ne pouvais pas continuer comme cela, je ne supporte plus cette situation. Et en plus, elle ne méritait nullement cela. Mais je ne pouvais pas non plus rompre comme cela, alors que pour elle, tout semble aller pour le mieux entre nous deux. Elle me prend la main doucement entrelaçant ses doigts dans les miennes avant de m'entraîner à sa suite. Ça sera son anniversaire samedi, Allison allait fêter ses vingt-trois ans, dans trois jours et moi comme un con au lieu de m'investir dans la préparation de sa fête que Lexie sa meilleure amie et moi-même lui préparons au Millénium, je pensais à une autre. On n'a pas réservé le club tout entier vu que c'était trop cher, mais le gérant nous a accordé six tables en notre possession et pouvait engager des musiciens en plus.


**********

Samedi arriva bien vite à mon goût et on était tous là, les amies d'Alisson et les miens étaient présents, il y avait aussi presque toute l'équipe de foot. Le Millénium était plein, on n'a pas engagé de groupe spécial vu que le club avait déjà les meilleures playlists de la région. Je regarde Allison, elle était heureuse, son sourire était éclatant. Pourtant, pourquoi il y avait toujours ce, mais qui suit à chaque fois que je la contemple. À chaque fois que j'essaie de me dire que je pourrais faire plus, faire en sorte que tout redevienne comme avant. Cette image d'Anahi sous la pluie me revient en tête. La sensation que j'avais ressentie au moment où j'avais pris sa main refaisait toujours surface au moment où je me sens prêt à redonner une chance à mon couple.


Je regarde Riley qui danse comme si tout lui était égal, j'aimerais des fois avoir son inconscience, il prenait ce qui venait et ne cherchait pas ce qui ne lui est pas à porter de main. Il vivait sa vie comme il l'attendait, sans rien attendre de personne et sans non plus promettre ce qu'il ne peut offrir. Et Salomé, elle vivait comme chaque jour était le dernier qu'elle allait vivre, tous deux se complétaient. Ils donnaient à l'autre sans vraiment attendre quoi que ce soit. Et moi, j'étais là, Allison me donnait tout, mais espérait en retour que je lui en donne le même. Son amour me brûlait la peau, mais ne m'atteignait pas ne me consume pour autant. Elle rêve de ce grand amour, de cet amour qui permet tout, qui offre tout sans obstacle ni embûche pourtant. Elle était parfaite sur toute la ligne, sa gentillesse vous ému, son sourire vous réchauffe, mais je ne veux pas de cela.


Je détourne le regard pour la porter vers la salle, il y avait du monde ce soir. La musique était à fond sur un titre de Bruno Mars . La foule était en délire et puis là, je la vois, elle était au beau milieu de cette masse de gens, ses longs cheveux lâcher se balancent au fur et à mesure de ses mouvements. Elle avait les yeux fermés, comme si elle savourait cet instant. Son visage était serein, elle ne souriait pas, mais semblait être en émoi. Une main derrière la tête, elle était à couper dans sa robe noire. Et puis je ne vois qu'elle, à chacun de ses mouvements mes yeux suivent son corps, à chacun de ses gestes mon cœur tambourine et j'étais sous le charme. Cette fille m'envoûtait, me subjuguait.


Mon corps frissonnait à sa vue, mon cœur battait si fort que j'en avais presque mal. Et puis la musique s'arrête et là mon cœur cesse de battre une seconde avant de s'acharner à un rythme incontrôlable quand mon regard s'ancre dans le sien. Ses yeux gris m'avaient manqué, j'en avais eu la peur de les oublier. Elle se pince les lèvres, semblant être ma là l'aise. Je m'apprêtais à m'approcher d'elle quand soudain Allison me saute au cou et m'enlace. Je la regarde un instant avant de la voir se frayer un chemin dans la foule. Merde, elle allait encore disparaître, cet instant, c'était ma chance et je devais la saisir, je devais lui parler, j'avais besoin de lui parler. Je m'écarte de l'étreinte d'Allison doucement.


  • je dois aller aux toilettes, je reviens fis-je en partant en hâte.

Je devais la rattraper, je devais m'assurer qu'elle était réelle et que je n'avais pas rêvé, que ce soit sa présence ou les sensations que je ressentais à chaque fois que j'encrais mon regard dans le sien. Me frayant un chemin dans la foule, je me stoppe net, je ne la voyais plus nulle part.

  • elle est sortie entendis-je, je me retourner et tombe sur Asger adossé au mur une bière à la main

 Il me fixe droit dans les yeux avant de me désigner la porte de secours qui menait à l'arrière du club. Je regarde en direction d'Allison, elle était heureuse et moi, qu'en était-il de ma personne ? Je ne réfléchis pas plus et sors, la pluie battante me tombe sur la tête. Putain, il faisait vraiment un temps de merde. Je regarde de gauche à droite avant de la voir courir au loin. Et sans attendre, je cours derrière elle. Je ne pouvais pas, je ne voulais pas la voir disparaître à nouveau.

  • Anahi attend criai-je sous l'averse.

 Elle se stoppe et se tourne, ses cheveux sont plaqués sur son front, ses deux mains sont posées sur chacun de ses deux bras. Elle avait l'air d'avoir froid. Je la regard le cœur battant. Sa lèvre inférieure tremblait. J'enlève ma veste en cuir en hâte avant de m'approcher d'elle. Elle ne bougeait toujours pas, arrivée à sa hauteur, je la lui mets. Elle ne fit rien quand je recule à part me regarder comme si elle me voyait pour la première fois.


  • je ne sais pas qui tu es, mais je n'ai pas cessé de penser à toi depuis ses trois derniers mois. Dis-je avant de la voir reculer à son tour. Non ne pars pas, ne disparais pas à nouveau s'il te plaît, fis-je en lui attrapant la main qui était au passage gelé, je la sens trembler. Elle ne bouge plus, me fixant à nouveau comme si j'étais un inconnu pourtant, je savais qu'elle me reconnaissait. Je voulais qu'elle me reconnaisse, qu'elle se souvienne de ses instants même si ça avait été minime, même si ça avait été bref.

Je la tire doucement vers moi, elle ne semble pas faire abstraction, m'avançant d'un pas, je colle mon corps au sien sous cette pluie et je sens son corps se tendre au contact du mien. Je voulais ressentir à nouveau cette sensation que j'avais ressentie trois mois plus tôt. Et sans dire un mot, je me penche doucement, mon souffle se mélangeait au sien, enfin me disais-je, j'allais enfin revivre ce moment que j'attendais depuis ses trois dernières. Et je m'accapare enfin ses lèvres comme si une éternité était passée, comme si je l'avais attendu toute ma vie.

J'étais en émoi, le souffle court, je me détache enfin d'elle avec regret, sa main et posée sur mon torse, elle tremblait. Je la prends dans mes bras pour me souvenir de ce moment, pour aussi réaliser qu'elle existait bel et bien et qu'elle était dans mes bras.


  • Keegan m'appela-t-elle, entendre mon nom sortir de sa bouche me retourne du tout au tout. Son accent perçant m'avait manqué, je la regarde, elle relève la tête vers moi. Il faut que je m'en aille, me dit-elle la voix tremblante. Et là, c'est la descente qui fait mal.
  • pourquoi ?

  • on m'attend

  • mais tu reviendras ? Lui demandai-je presque en l'implorant

  • oui, dans trois jours je viendrai te voir chez toi, souffle-t-elle.

  • Laisse-moi au moins te raccompagner

  • non, on t'attend à l'intérieur fit-elle dans un murmure, déposant ses lèvres sur les miennes avant de partir en courant, laissant tomber au passage ma veste.

Et moi, j'étais là incapable de bouger, elle venait encore une fois de m'échapper, de me filer alors que je l'avais eu dans mes bras même un bref instant. Et ce sentiment de vide revient. Je prends ma veste avant de reboucher chemin, j'allais dire quoi aux autres maintenant, à Allison. Je me retourne une dernière vers la direction qu'avait prise Anahi avant de réaliser que la présence de cette fille était douce, mais éphémère.



Arriver devant la porte par laquelle j'étais sorti, je tombe sur Asger, il était debout sous le porche, deux bières à la main, Arriver à sa hauteur, il m'en tend une que je pris volontiers. Et nous restons là. Asger était quelqu'un de solitaire, il traînait la plupart du temps seul en-dehors des entraînements. Il ne parlait jamais si ce n'était pas nécessaire, n'élevait presque jamais le ton. Je le vois sortir un paquet de cigarettes de sa poche, je l'avais déjà fumé à plusieurs reprises, mais cela quand il semblait être en pleine réflexion.


Il alluma une cigarette avant de m'en tendre une autre, j'hésite un moment avant de le prendre. Et puis merde, je devais me détendre et ce n'était pas non plus la première fois que je fumais, il m'était arrivé un certain temps de ne plus pouvoir m'arrêtait, fumer et boire allait bien ensemble et la sensation était différente, plus intense. Je l'allume à mon tour et m'adosse au mur derrière moi et nous restons là sans piper mots.


Au bout de plusieurs minutes , Asger se racle la gorger avant de jeter son mégot sous la pluie.


  • Tu l'as rattrapé ? Me demande-t-il.

  • Oui, soufflai-je sans envie.
  • Tu sais ça se voit, du moins j'arrive à voir sur ton visage que tes sentiments pour la jolie blonde ne sont plus d'actualité. J'allais ouvrir la bouche pour la refermer aussi tôt. Que pouvais-je dire en fait. Nier serait mentir et accepter serai me trahir donc au lieu de lui répondre, je me contente de me taire. Tu sais, j'avais remarqué qu'à chaque fois que je te voyais dans ce club, tu cherchais toujours cette fille du regard et pourtant quand elle est là, tu la laisses filer. Tu sais que tu es vraiment bizarre Keegan.
  • Je suis avec Allison, cette fille est .......... Et je m'arrête net, elle est quoi au juste ?

  • Elle est quoi ? Me demande-t-il en se retournant cette fois pour me faire face . Tu ne crois pas que tu ne t'es pas assez fait de mal comme cela lança-t-il Arrête un peu de penser à ce qu'Allison pourrait penser si tu rompais avec elle. Soit juste honnête que ce soit envers elle ou envers toi-même. Conclut-il en se retournant .
  • Je n'y arrive pas, à chaque fois que j'essaie de franchir ce pas, je me bloque. Son regard, je ne veux pas être ce connard qui va lui briser le cœur.

  • Mais tu veux quand même être ce connard qui la trompe, c'est ça ? Demande-t-il de tac en tac, tu veux quoi en fait Keegan, tu ne dis presque jamais rien, mais tu fuis et te caches dans un trou . Tu ne regardes jamais Riley droit dans les yeux quand tu ne veux pas passer à l'une de ses soirées pourries. Tu as peur de quoi ?

  • Je ne sais pas , je n'en ai pas la moindre idée. Et pour une fois depuis ses six derniers mois, je le disais à voix haute. Oui, je ne savais pas ce que je voulais. J'hésite toujours entre courir derrière Anahi ou rester auprès d'Allison. J'hésite toujours avant de dire non ou oui à Riley. Je n'ai jamais osé regarder mon père par peur de me méprendre.
  • Viens, fit-il avant d'ouvrir la porte du club. Je le suis sans un mot avant qu'il ne s'arrête. Il regarde en direction d'Allison et de Riley. La musique était toujours à fond et je me rends compte qu'elle avait déjà coupé son gâteau. Elle semblait être heureuse. Va la voir, et dis-moi demain ce que tu ressens. Conclut-il avant de me laisser en plan au beau milieu de la piste de danse. Je m'avance vers elle, tout en réalisant que si j'étais là ou non cela ne changeait en rien la vie d'Allison.
  • Ah ! Mon cœur, tu es là ! Fit-elle en courant vers moi. Mais tu es tout mouillé.
  • Il pleut des cornes dehors
  • tu es sorti ?

  • oui , j'avais cru voir quelqu'un près de ma voiture mentis-je, mais t'inquiète ça va. Un très bon anniversaire Allison, fis-je en l'embrassant. Elle répond avidement à mon baiser. Mais rien, je ne ressentais rien. Asger avait raison, je ne savais pas ce que je voulais.

**************

Le lendemain de la fête d'Allison, je n'étais pas allé en cours, j'étais resté chez moi à fuir la réalité. . Et puis aujourd'hui j'avais croisé le regard d'Asger, il n'avait rien dit faisant comme si de rien n'était. Pourtant, sans le vouloir, je m'étais livré à lui. J'avais aussi compté les jours, les minutes, et même les secondes, mais les trois jours ont passé et Anahi n'était pas venu.


Elle m'avait planté un lapin pourtant, j'avais vraiment espéré même si elle ne m'avait rien promis. On était samedi et au lieu de sortir avec les autres, j'étais là cloîtré chez moi en espérant. Espérant quoi en fait, espérant la venue une fille qui ne fait que me fuir ou c'était de nouveau moi qui fuyais Allison. Je me lève du canapé et me dirige vers ma cuisine. Je n'avais plus cuisiné depuis le jour où Anahi était resté chez moi. J'avais même fait des courses deux jours, plutôt évitant de ne rien avoir à bouffer si elle venait.


J'espérais trop d'elle, or, je ne la connaissais pas. Mais j'étais attiré comme un aimant vers sa personne. Toute en elle me fascinait, mais cette attirance me faisait peur. Je dois la chasser de mes pensers et recommencer ma vie-là où je l'avais mise entre parenthèses. Mais est-ce vraiment la solution ? Est-ce que je pourrai aussi de nouveau aimer Allison ? Car mon ressenti envers elle n'avait rien à voir avec ma rencontre avec Anahi.


Anahi, de nouveau mes pensées vont vers ses yeux, son odeur, la façon dont elle avait prononcé mon nom la dernière fois m'avait fait défaillir sur place que j'en tremble encore rien que d'y penser. J'abats mes paumes sur la table de ma cuisine avant de me crisper. Elle, cette fille avait réussi à me faire retourner la tête en trois rencontres, elle m'avait envoûté d'un simple regard que là, j'en avais presque peur. Elle a comme une sorte de pouvoir sur ma personne qu'Allison n'avait jamais eue.


Je relève la tête en entendant quelqu'un frapper à ma porte. C'était sans doute Allison, je me dirige de pas lourd en espérant que ça soit une autre personne. Mais quand j'ouvre la porte, mon cœur rate un battement, mon souffle devenait saccade, et mes mains moites. Elle était devant moi, avec un short trop court a mon goût, sa veste en cuir sur le dos et mon tee-shirt noué à la taille. Ses cheveux étaient mouillés comme le reste de ses vêtements. Je la vois se pincer les lèvres, elle semblait être mal à l'aise, qui ne le serait pas car moi-même, je l'étais.


  • Entre dis-je au bout de quelques minutes. Elle devait avoir froid vu le temps de merde. Elle entre silencieusement, balayant la salle du regard avant de reporter son attention sure moi.
  • Tu es seul ? Demanda-t-elle et encore une fois au son de sa voix tout mon corps en frissonne . Elle me faisait vraiment de l'effet avec son accent.
  • Oui, soufflai-je et je la vois se détendre, elle enlève sa veste me dévoilant un tatouage sur son dos et sur son avant-bras. Elle se tourne vers moi avant de baisser les yeux. Elle était belle, très belle, parce que là, je pouvais vraiment la regarder sans avoir peur. Tu devrais te sécher, fis-je mal à l'aise
  • Je n'ai rien à me mettre et là, j'en frissonne. Elle me regardait si intensément que j'avais l'impression que mes pieds allaient me lâcher. Ses yeux étaient d'un gris bleu profond que j'en perds le souffle rien qu'en la regardant. Cette fille me faisait de l'effet, elle arrivait à m'électriser rien qu'en me regardant que j'en ai presque peur. Mon cœur rate un battement quand elle rougit sous mes yeux.

***************

Anahi était là, à moitié vêtue assise sur mon sofa portant un de mes tee-shirts. Elle était là depuis deux jours. Le soir où elle était venue on ne s'était presque rien dit, elle était restée plus d'une heure dans la salle de bain et j'étais allé acheter de quoi bouffer, car les pâtes que j'avais préparées étaient immangeables. À mon retour, elle m'avait juste dévisagé. Le lendemain, elle m'avait demandé si elle pouvait rester encore un jour de plus, je n'avais rien dit savourant juste sa présence même avec ce silence. Il était midi, elle avait cuisiné toute la matinée.

Je l'avais beaucoup observé aussi, Anahi était quelqu'une de très silencieuse, elle ne parlait presque jamais, ne riait presque pas aussi. Elle était distante, comme si elle avait peur que je la touche. Au moment du déjeuner elle n'avait presque rien mangé, pas même deux bouchers. Anahi était énigmatique, elle me regardait souvent, mais détournait à chaque fois le regard quand je la fixais. Elle fumait aussi, et dans ces moments-là, elle me faisait peur, car je savais suite aux rougeurs de ses iris que ce n'était pas de la cigarette.


Anahi pleurait aussi beaucoup, comme la nuit dernière, elle avait même crié dans un son à vous déchirer le cœur que vous en aurez eu peur. Et quand j'avais essayé de la rassurer, elle s'était enfuie dans la salle de bain, en y revenant, elle n'avait rien dit et c'était juste contenter de s'allonger.


Et maintenant on était là, elle assise sur le tapis de mon salon, moi assis sur le sofa à faire semblant de me concentrer. Elle jouait avec une mèche de ses cheveux.


  • Tu as faim ? Lui demandai-je avant qu'on ne sonne à la porte, qui s'était ? Allison ? Riley ? Anahi relève la tête vers moi avant de se lever.

  • Je vais dans la chambre, fit-elle d'une voix tremblante sans même me jeter un seul regard.
  • Tu ne vas pas t'enfuir, n'est-ce pas ? M'inquiétais-je, mais je n'obtiens aucune réponse et je ne fais que la suivre du regard. Je souffle légèrement avant de me diriger vers la porte. Quand j'ouvre celle-ci, je m'étonne de voir la personne qui se tient debout sur mon pallier. Mon père était là, avec son éternel costard noir.
  • Tu en as mis du temps fit-il entrain sans que je l'y invite.

  • Tu fais quoi ici ? Lançais-je en refermant la porte.

  • Est-ce une façon d'accueillir ton vieux père ?

  • Laisse tomber ton cinéma papa

  • Tu vas bien ? Me questionna-t-il soudainement, une lueur que je ne saurais pas déchiffrer dans ses iris .

  • Oui soufflai-je mal à l'aise, par ce regard. Mon père n'était sans doute pas le meilleur qui existait, mais il avait ce truc.Qui faisait que je l'aimais malgré qu'il soit un connard. Je le vois s'asseoir sur mon divan avant de regarder ses chaussures. Il cherchait ses mots.

  • Tu veux boire quelque chose ?

  • Un soda serait le bienvenu. Et sur ce mot, je me dirige vers la cuisine. En revenant au salon, je vois mon père dans la même position. Je lui tends sa boisson avant de m'adosser au mur. Et nous restons là dans ce silence lourd.

  • Tu sais, c'est elle qui a décidé de partir commença-t-il soudainement que je relève la tête, sachant déjà de quoi il allait parler. Mais je ne voulais pas savoir, je ne veux rien entendre pour l'instant.

  • Je ne veux rien savoir

  • Pourtant, il le faut, il faut que tu saches ce qui s'était vraiment passé pour que tu arrêtes de me regarder comme si j'étais le pire des salopards. Fit-il en me regardant en face, maintenant debout à quelques pas de moi. J'acquis juste de la tête avant de le voir passer une de ses mains dans ses cheveux. Il semblait être perdu.

  • Elle voulait ce que moi, je ne pouvais plus être capable de lui donner continua-t-il je me contentant de le regarder ne comprenant pas ou voulait-il en venir.

  • Tu veux dire quoi par là?

  • Elle a un amant Keegan, ta mère voulait un homme jeune, frais et moi, regarde-moi. Fit-il la voix tremblante . Ma mère avait un amant, mais c'était quoi ce foutu bordel.

  • Tu viens de dire quoi ?

  • si elle est partie, si elle m'a quitté comme cela, c'est parce qu'elle voit un autre homme .

  • Arrête de raconter n'importe quoi pour te justifier et pour te trouver des excuses. Elle n'aurait jamais, elle ne le fera jamais.

  • Pourquoi je te mentirai hein, pour la discréditer devant toi ? Mais réveil toi Keegan, tu es le seul aveugle ici . Pourquoi crois-tu qu'elle veut vendre la maison ? Tu crois que je suis assez fou pour lui permettre de vivre là-bas avec ce connard ? Demande-lui si tu ne me crois pas et je ne cherche ni des excuses ni à me justifier devant. Je veux juste que tu saches que je ne suis pas le connard dans toute cette histoire.

Je reste bouche bée devant, lui, ses yeux dégageaient cette tristesse que je n'avais jamais vue avant et sa voix tremblait pendant sa tirade. Il était sincère, mais je refusais de croire que ma mère nous aurait fait cela, pas elle. Je le vois souffler avant de passer à côté de moi.

  • Est-ce que je peux utiliser ta salle de bain pour me rafraîchir un peu ? Me demanda-t-il. Et c'est là que je revenais à la réalité. Anahi était parti, mais je ne savais pas si c'était à la salle de bain ou dans la chambre. Je me retourne, fait un pas devant moi avant de faillir glisser, il y avait de l'eau sur le carrelage, je regarde mon père qui fait de même. Avant que je ne me mette à courir.

Il y avait un truc qui n'allait pas, je le savais, car mon cœur tambourinait comme pas possible. Arrivé devant la porte de la salle de bain, je tente de l'ouvrir, mais elle était fermée. Je ne la fermais jamais. J'avais peur, je ne savais pas pourquoi, mais j'en tremblais même.

  • Est-ce qu'il y a quelqu'un à l'intérieur ? Entendis-je, mais je reste là face à cette porte bloquée. Keegan!!! Me secoua mon père avant que mon esprit ne revienne. Est-ce qu'il y a quelqu'un à l'intérieur ?

  • Qui, paniquais-je la voix tremblante. Anahi est ce que tu es là ? Mais aucune réponse, Anahi répond, tu es là ? Demandai-je à nouveau.

  • Aide-moi à ouvrir la porte fit mon paternel tout en commençant à bousculer celle-ci avant que je ne l'imite. Au bout de quelques minutes, elle s'ouvrit en fracas, j'entre en hâte, avant de regarder dans ma baignoire. Anahi était au fond de l'eau, comme inconsciente. Je la sors doucement, son corps était inerte dans mes bras.

  • Aide moi à la sortir criai-je à mon père qui s'exécute une serviette à la main. Elle était nue entre mes bras, mais cela n'était pas le plus important, mais le fait qu'elle était pâle, trop pâle même. Je l'emmène dans le couloir, l'allonge sur le tapis avant d'entamer les premiers secours. Mais rien, elle ne réagissait pas.

  • Anahi ouvre les yeux, la suppliai-je, mais rien, je vois mon père courir vers moi une couverture à la main.

  • Couvre-la, fit-il en s'agenouillant à ma hauteur. Je refais la même tentative, mais rien. Je m'acharne une dernière fois avant qu'elle ne se redresse en toussant, une de ses mains agrippées à mon tee-shirt. Et là, je souffle enfin, je la couvre légèrement, avant qu'elle se recouche, les yeux rivés vers le plafond. Les larmes lui coulant doucement le long de ses joues.

  • Vous allez bien ? Lui demanda mon père, elle acquise doucement la tête, sans bouger. Je la prends dans mes bras avant de me lever.

  • Attends-moi au salon fis-je à mon père, il se lève à son tour et acquise avant de reboucher chemin.

Je l'allonge doucement sur le lit, elle était comme dans un état second. Les yeux toujours rivés vers le plafond. Et quand je m'apprête à lui tourner le dos, je l'entends éclater en sanglots, que j'en ai le cœur serré. Je me retourne, elle était recroquevillée sur elle-même. Je m'approche doucement avant de la prendre dans mes bras. Elle ne réagissait pas se laissant faire. Nous restons justes là, elle dans mes bras tout en la berçant.

Au bout d'une heure Anahi avait fini par se calmer, elle s'était changée et s'était couchée dans le silence sans avoir rien dit. En sortant de la chambre, je découvre que le sol avait été séché, je me dirige vers mon salon, avant de voir mon père sortir de la cuisine. D'après l'odeur je sus qu'il avait cuisiné. Il me regarde intensément avant de s'avancer.

  • Elle va bien ? Me demanda-t-il.

  • Elle dort

  • Ce n'est pas Allison, fit-il non d'un ton de reproche, mais comme une remarque anodine comme si c'était normal, sans importance.

  • Je sais, c'est compliqué.

  • Elle doit être importante pour t'avoir mis dans un état pareil. Conclut-il, je le vois prendre sa veste et le reste de ses affaires . J'ai fait de la soupe, tu devrais lui en donner. Moi, je vais partir, il se fait tard fit-il en se dirigeant vers la sortie.

  • Papa ...

  • Je ne vais rien dire, me coupa-t-il, prend soin de toi conclut-il avant de sortir.

Face à cette pièce vide, et ce silence pesant, j'assimile tranquillement ce qui venait de se passer. Debout fixant la porte close ou mon père venait de sortir toute en essayant d'assimiler l'impacte de ce qu'il venait de me dire et ce qui venait de se produire. Ma mère avait un amant, mais pourquoi ? Alors pourquoi je voyais cette lueur de regret dans ses iris quand je venais la voir? Pourquoi elle semblait toujours être ailleurs, dans sa bulle dans son monde à chacune de mes visites. Et Anahi, Anahi venait de tenter de se suicider dans ma salle de bain, le réaliser faisait plus mal que l'instant où je l'avais prise dans mes bras inertes et froids.


Comme si pendant un instant, elle avait été morte. Je tremble de tout mon être à cette idée. Pourquoi d'ailleurs, avait-elle fait cela ? Je passe une de mes mains dans mes cheveux avant de soupirer cela faisait beaucoup trop de révélations en une seule journée. Tout en soupirant, je m'avancer vers la porte de ma cuisine avant de m'arrêter soudainement à l'embrasure. On venait de sonner, c'était qui ? Pourquoi, je devais toujours paniquer en fait. Oui, parce que j'hébergeais une autre fille que ma copine, car cette personne, qui venait de sonner, pourrait être elle ou quelqu'un d'autre faisant partie de mon entourage.


Je me dirige de pas lent vers la porte, j'étais épuisé que ce soit émotionnellement ou physiquement. Au moment d'ouvrir la porte, je me retourne pour vérifier si Anahi n'était pas derrière. Au moment où j'ouvre la porte, je restais planté là comme un idiot. Allison était devant moi, un sourire radieux aux lèvres, et des paquets à la main. Je la regarde intensément sans bouger, comme si je la voyais pour la première fois.


  • Ça te dit une soirée ciné ? Me dit-elle joyeusement, en soulève le paquet qu'elle tenait entre les mains. Mais je ne bouge pas pour autant. Son sourire se dissipe peu à peu.

  • Keegan tu vas bien ? Me demande-t-elle, je l'entends parler, je la sens me toucher le bras, mais je ne désire pas sa présence, j'avais besoin d'être seul, et avoir Allison à mes côtés ce soir ne m'aiderait en rien, car elle ne comprendrait pas, elle ne me comprend pas et ne m'a jamais compris à vrai dire.En plus Anahi était là et je voulais être avec elle. 

  • Je suis désolé, Allison, mais je ne suis pas vraiment partant pour ce soir répondis-je, elle me détaille intensément.

  • Tu me fais toutefois entrer ? Demande-t-elle d'une voix hésitante. Quoi faire ? Je voulais être seul pour pouvoir tout assimiler . Je ne voulais aussi pas faire fuir à nouveau Anahi si elle entendait Allison. Mais comment lui dire que sa présence n'allait rien arranger.

  • Vois-tu j'aimerais être seul pour ce soir, fis-je le cœur soudainement lourd en croisant son regard. J'ai passé une sale journée aujourd'hui.

  • T'inquiètes, je comprends, elle parlait d'une voix compatissante mais triste à la fois. Je te laisse dans ce cas, on se voit demain à la fac ?
  • Oui répondis-je, elle s'avance vers moi avant de poser ses lèvres sur les miennes. Au bout de quelques minutes, elle se recule.

  • Je te laisse les chips au cas où tu voudrais grignoter, me dit-elle dans un sourire franc en me tendant son sachet, après m'avoir donné un dernier baissé sur la joue, elle recule d'un pas avant de me tourner le dos.

Ce soir, j'avais rejeté Allison pour la première fois depuis que nous sortions ensemble. J'avais cru que ça allait me faire mal, mais non, là en ce moment, mes sentiments sont contradictoires, car je ressentais cette peur que je n'arrivais pas à faire taire et puis il y avait cette colère naissante que je ressentais que ce soi vis-à-vis de ma mère de mon père ou de ma personne.

Je referme doucement la porte avant de me retourner et de m'adosser au mur. Anahi était devant moi, son regard me perçait, me subjuguait et m'effrayait, je la regarde s'avancer vers moi de pas lent, presque hésitante sans pourtant me quitter des yeux. Elle était belle, ses cheveux encore mouillés la rendaient encore plus attirante qu'elle ne l'était déjà. Arrive à ma hauteur, elle me regardait avec cette même tristesse que quand je l'avais rattrapé à la gare, et l'instant d'après elle me touche le visage de sa main froide. Mais avec la douceur de son geste, j'en frissonne à en fermer les yeux.


  • Tu vas bien ? Me demande-t-elle.

  • Je crois que c'est à moi de te poser cette question répondis-je

  • Oui, mais toi, tu as l'air triste comme si .......

  • Tu m'as fait peur la coupai-je, je vois sa lèvre inférieure trembler et je franchis un pas, réduisant la distance qui nous séparait, avant de coller mon corps au sien passant l'une de mes mains immédiatement dans son dos.

Je la sentais se tendre légèrement avant de se détendre l'instant d'après. Je voulais la touche, sentir à nouveau ses lèvres sur les miennes. Cette fille m'attirait, mais je savais que c'était plus, que je désirais plus. Elle arrivait à me faire perdre pied d'un seul regard que j'en étais effrayé des fois.

Je la soulève d'un coup qu'elle hoquette de surprise avant d'accrocher ses jambes à ma taille. Nos regards s'ancrent l'un à l'autre, j'en frissonne de tout mon être. À cet instant, toute réflexion me quitte, je ne ressentais rien que la chaleur de son corps, de son souffle, je ne voyais que ses yeux et ne sentais que l'intensité de mon désir pour elle. Tout sentiment semblait se taire tout d'un coup, sous l'assaut de cette chaleur montante dans tout mon corps. Je sentais son cœur battre comme si celle-ci suivait le rythme du mien et cette sensation était puissante tout à la fois effrayante. Et sans hésiter, je pose mes lèvres sur les siennes et tout mon être s'embrase sous la douceur de sa bouche.








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