Fantome

de Image de profil de Raphaël BRaphaël B

Apprécié par 5 lecteurs

Depuis tout petit Raphaël était la victime d’angoisses et de peurs paralysantes infondées. Sa plus grande peur et bizarrement celle qui revenait le plus chez les enfants de moins de 7 ans était que se cache t-il sous mon lit ? Cette peur en fit une victime à l’école. Il avait fait l’erreur d’en parler à Nicolas. Grande langue qu’il était il en parla a tous les autres enfants. Ceux-ci se moquèrent de Raphaël et il devint la petite bête noire de la classe puis de la récréation toute entière.

- Eh froussard ! Répétaient inlassablement les élèves en groupes. Raphaël lui ne connaissait que les brimades et la peur. La peur qui graduellement gagnait son esprit, puis son corps. Ses mains tremblaient et son pouls s’accélérait lorsque le coucher vers les 21 heures approchait. Raphaël partait avec le pas lourd résigné comme un condamné à mort qui avance vers le gibet. Sa maman était le dernier réconfort dont il pouvait bénéficier. Une fois le « bonne nuit mon chéri » prononcé, la lumière éteinte et la porte se refermant le cauchemar recommençait. La maison dans laquelle il résidait avec son papa et sa maman était assez vieille. Le bois craquait sous l’effet du vent et semblait dire me revoila Raphaël je vais me glisser sous ton lit et te donner des sueurs froides.

Pour son malheur son lit ancien acheté d’occasion par ses parents histoire de faire des économies était lui aussi fait de bois qui sous le poids du petit Raphaël craquait certes moins que les fondations de la maison mais suffisait à le paralyser. Ce bruit de bois qui craque, le petit en avait horreur. Il imaginait une horreur informe qui se tortillait sous le lit et griffait les lattes dont le bruit se répercutait dans tout sa chambre. Mais le bruit n’était pas suffisant pour éveiller la curiosité de ses parents qui regardaient la télé. Afin que les bruits s’estompent Raphaël paralysé par la peur fixa le plafond et ne réussit plus a dormir pendant des semaines. Hervé et Sylvie n’assistèrent pas tout de suite à la déchéance de leur fils. Ce n’est que plusieurs semaines plus tard qu’ils virent les cernes sous les yeux de leur petit Raphaël. Son père lui en demanda la cause mais Jonathan n’eut pas la force de leur en parler honteux de cette peur qui, il le savait au fond de lui, était imaginaire. Mais son imaginaire était tenace et voulait réussir a lui faire croire que la chose sous le lit était bien réelle. Un matin après le réveil parental Hervé et Sylvie finirent par s’en rendre compte. Quelque chose n’allait pas chez Raphaël. Lui qui ne parlait plus alors qu’il y a plusieurs mois il sautait au plafond comme un enfant hyperactif. Il s’isolait alors qu’avant il avait plein de copains. A présent il n’était que l’ombre de lui même. Un enfant en vie oui mais avec quelque chose en moins. Et ce moins, Raphaël ne voulant pas le leur dire, le conduisit chez le psychologue pour enfants. En seulement une séance Raphaël déballa tout au psychologue alors qu’en quelques mois ses parents n’avait pratiquement rien vu.

- Raphaël je m’absente quelques instants je vais voir tes parents. N’ai crainte tu peux aller jouer avec les figurines en m’attendant.

Le psychologue vint voir les parents dans la salle d’attente et leurconfia la peur fondée ou non de Raphaël. « Il a peur du monstre sous son lit ».

- Ha ! Je m’en doutais ! répondit Hervé

A ces mots Sylvie eu de la remontrance envers Hervé lui expliquant que cela pouvait arriver et que ce n’était pas anodin.

Le psychologue en rajouta une couche et expliqua aux parents que lorsque un enfant vient au monde il hérite également de peurs infantiles dont à été témoin autrefois le papa ou la maman.

Ce dernier demanda aux parents s’ils avaient vécus cette peur étant enfants. La mère répondit à la négative mais Hervé lui était gêné.

- Vous en avez guérit je suppose ? Demanda le psy au papa.

- Oui bien sur pour qui me prenez vous ? Dis Hervé d’un ton légèrement agressif. A ces mots le psy sentait que ce ton était un réflexe d’auto-défense. Et que le papa en apparence stoïque n’avait peut être pas non plus de son côté réglé un petit soucis de l’ordre de l’ infantile.

- Comment ça se passe à la maison ? Demande le psychologue.

- Tout va bien répondit la maman. A part peut-être le fait que mon mari et moi faisons chambre à part. Oui heu … je dors assez mal la nuit et je gigote beaucoup répondit Hervé.

- Bon le mieux pour moi est sûrement de laisser la porte ouverte et de laisser dormir Raphael avec une veilleuse. Expliquez lui aussi l’origine des craquements de bois. Le vent ni plus ni moins. Soyez indulgents et compréhensifs et d’ici un ou deux mois tout rentrera dans l’ordre. Je pense également qu’une bonne semaine de repos est nécessaire.

Le papa comprit surtout que la veilleuse allumée allait faire de son fils une poule mouillée. Mais bon. Le plus important était Raphaël. Une fois sortis de chez le psy la petite famille parti en grande surface acheter l’objet qui pour Raphaël compterait bien plus que tout sur terre. Il allait enfin pouvoir dormir des nuits complètes. La porte resterait ouverte et s’il entendait un craquement douteux il en avertirait ses parents qui dormiraient juste a côté. Pendant deux mois Raphaël reprit des forces et dormit comme une marmotte. Certes le bois continuait de craquer mais sa porte de chambre restait ouverte. Il semblait revigoré et à l’école les petits bourreaux qui le traitaient de froussard semblaient le laisser en paix. Un soir Hervé le papa, qui depuis quelque temps dormait assez mal, dis a Raphaël qu’il était peut être temps d’arrêter la veilleuse et de fermer la porte. Qu’il redorme comme avant et au besoin fasse appel à sa force intérieure. Et surtout le plus important s’il voulait avoir une fiancée à l’école il devait rester fort dans sa tête.

Raphaël voulut garder la veilleuse a tout prix mais il comprit que tenir tête a son père était inutile. Avec le même pas résigné des précédentes fois il attrapa une boule au ventre. Se replonger dans l’obscurité avec la porte fermée redevint un tourment pour lui. L’air était glacé et le silence implacable. Quelques instants plus tard Raphaël trouva la force de vaincre sa peur et trouva l’apaisement nécessaire pour s’endormir. Soudain le bois craqua encore plus que d’habitude et il se réveilla sur le qui vive. Il entendit les sons ignobles de raclements de griffes sur le bois. Par pur réflexes le petit hurla et quelques secondes plus tard les parents vinrent à son chevet.

Encore le monstre ? Demanda Sylvie sa maman.

-Vouiiiiiii maman. Je l’ai entendu.

- Bon chéri peux tu montrer à notre fils une bonne fois pour toute que sous son lit il n’y a rien ? Hervé s’exécuta et examina le dessous du lit de son fils. Aucune trace aucune griffure. C’est dans ta tête Raphaël dans ton imagination tu comprend ?

Sylvie expliqua gentillement que demain papa et maman se levaient de bonne heure pour aller travailler et qu’il lui fallait se calmer sous peine d’une fessée.

Raphaël était désemparé. Il ressentit à nouveau la présence malsaine qui griffait les lattes de son lit jouissant de sa terreur tandis que lui replongeait dans l’insomnie et la terreur nocturne. Un matin alors que le cauchemar s’évanouissait avec l’aurore Raphael trouva la force de regarder sous le lit. Il n’y avait rien. Alors il en profita et se faufila en dessous au niveau des lattes et vit sur quelques unes d’elles des griffures et des écorchures. Son père lui aurait-il donc menti ?

Un jour alors que le cauchemar recommençait de plus belle Hervé vint voir son fils.

- Tu sais Raphaël on dis souvent qu’un homme qui bat ses enfants a été lui même battu dans son enfance par son père.

Le petit en fit une déduction digne d’un petit scherlock holmes et demanda alors a son pere :

- Ca veut dire que toi aussi ta eu le monstre sous ton lit ?

- Oui mon fils.

- Ca veut dire que les monstres existent pour de vrai ?

- Oui Raphael.

- Mais alors pourquoi tu fais rien quand le monstre gratte sous mon lit et me fait du mal la nuit ?

Parce que tant qu’il est sous ton lit en train de gratter il n’est pas sous le mien.

Tous droits réservés
1 chapitre de 6 minutes
Commencer la lecture

Table des matières

Commentaires & Discussions

Sous le litChapitre5 messages | 8 mois

Des milliers d'œuvres vous attendent.

Sur l'Atelier des auteurs, dénichez des pépites littéraires et aidez leurs auteurs à les améliorer grâce à vos commentaires.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0