Oïma n'avait connu que ça. Ce temple aux murs blancs, cette forêt touffue, cette immense statut représentant la démone de l'espérance, Nozomu... La petite Kitsune aux cheveux blancs en avait marre de tout cela.

Elle soupira et s'allongea dans l'herbe, regardant de ses grands yeux bleus les cimes des arbres. Elle en avait marre. Marre de voir les mêmes personnes. Marre de voir les mêmes lieux. Marre de rester ici. Marre de ne pas pouvoir partir.

« Oïma !, l'interpella une voix rocailleuse.
- Quoi ?, demanda t-elle de sa voix fluette.»

Soudain, un visage apparut dans son champ de vision. C'était un visage entièrement rouge avec un nez extrêmement long.

« Ne reste pas allonger par terre, dit le Tengu, Tu vas salir tes beaux cheveux.»

Oïma soupira et se redressa.

« Père Fern, dit elle, Vous croyez que je pourrais partir d'ici, un jour ?
- Partir ? Tu nous aimes si peu au point de vouloir partir ?
- Pas du tout !, s'exclama Oïma, paniqué, C'est juste que je voudrai voir le monde... Vous ne voulez pas, vous ?
- Je suis un Tengu, ma petite. Il ne me viendrais jamais en tête d'abandonner le temple que je dois protéger.
- Mais moi je ne suis pas un Tengu !, s'exclama Oïma en se levant, Je suis une Kitsune ! Et... Et je veux voir d'où je viens ! Je veux voir d'autres gens comme moi !»

Fern soupira et ferma les yeux. Il prit une bouffée de la pipe qu'il tenait dans sa main et rouvrit les yeux.

« Oïma, dit il, Les rêves sont bien beaux.
- Vous... vous voulez dire que je ne pourrais jamais partir ?, demanda la petite, les larmes aux yeux.
- Je n'ai jamais dit cela. Ici, tu es dans le temple de l'espérance. Je suis sûr que Nozomu a entendu ton rêve et qu'elle sait à quel point tu espères que ton rêve se réalise.
- Vous... Vous croyez que Dame Nozomu va m'aider ?
- Bien sûr. Après tout, tu as grandit dans son temple et tu crois en l'existence des Démons. Je suis sûr qu'ils vont t'aider.
- Les Démons, murmura Oïma, des étoiles dans les yeux.»

Elle sautilla puis se mit à courir.

« Oïma !, s'exclama Fern, Où vas-tu !?
- Quelque part !, s'exclama Oïma en souriant.»

La petite fille courut droit devant elle. Elle sortit de la forêt et s'arrêta à quelques centimètres d'un vide. Le temple se trouvait sur un île flottante au milieu de nul part. Oïma se pencha et vit le Vide, cet espèce de brouillard épais qui se trouvait en dessous des Archipels. Elle ouvrit grand la bouche et cria.

« Ash ! Alpy ! Akin ! Ano ! Nozomu ! Hebi ! Raion ! Tora ! Et toi aussi, Hakai. Je crois en vous tous même si vous êtes partit ! Je crois en l'existence des Démons et je sais que vous nous avez pas abandonné ! Alors, donnez moi la chance de visiter le monde que vous avez créé ! Je vous en supplie !»

Oïma arrêta de crier, essoufflée. Elle se redressa et regarda au loin. La petite apperçu alors un point grandissant. Un point qui devenue rapidement un bateau. Bateau qui se dirigeait vers eux. Oïma sauta dans les airs et courut précipitamment vers le temple. Elle arriva alors devant une sorte d'immense château blanc. Elle rentra par une petite porte blanche et arriva dans un couloir. Elle courut jusqu'au bout et poussa le mur qui se trouvait devant elle. Celui-ci pivota et elle atterrit dans une immense salle blanche. Sur les côtés de la pièce, se trouvait différentes statues représentants les Démons. Au centre, bien plus imposante, se trouvait celle de Nozomu.

Cette immense salle était rempli de Tengus, s'afferant à divers tâches. Oïma les regarda, sa queue battant dans son dos et se mit à crier.

« Il y a un bateau ! Il vient vers nous !»

Tous s'arrêtèrent dans leur tâche et se tournèrent vers la petite, l'air mi-inquiet mi-étonné.

« Qu'est-ce que tu as dis, Oïma ?, demanda un Tengu.
- J'ai vu un bateau !, s'exclama t-elle, surexcitée, Il avançait vers nous !
- Du calme, du calme, dit un autre Tengu alors que plusieurs d'entre eux sortaient du temple pour aller voir.
- C'est la première fois que nous avons de la visite depuis plus de douze ans, dit un troisième Tengu.
- Après tout, dit un autre, Sans nous, les temples voué au culte des Démons auraient été laissé a l'abandon.»

Oïma était surexcitée. Elle sautillait sur place, sa queue battant toujours dans son dos.

« Oïma, dit un vieux Tengu en s'approchant d'elle, Viens avec nous.
- Oui, père Manre.»

Oïma suivit, en sautillant, la troupe des Tengus. Pour l'occasion, les grandes portes blanches du temple avaient été ouverte. Ce fut pour la première fois de sa vie que la petite les passait et qu'elle descendait le grand escalier blanc menant à un chemin de pierres blanches, bordé par la forêt. La foule de Tengus marcha jusqu'au bout du chemin, menant droit jusqu'à un port blanc.

En effet, un bateau venait juste d'accoster et ses occupants commençait déjà à descendre. C'étaient les créatures les plus étranges que Oïma avait vu. Ils étaient grands, minces, avaient de très longs doigts et, surtout, ils avaient la peaux bleus. Parmi ces créatures, s'en trouvait deux autres qui sortait du lot. Ils ressemblait beaucoup à Oïma. Ils n'avaient pas de queue et leurs oreilles étaient différentes. La jeune fille sut immédiatement se que c'était : des Humains.

« Père Manre, dit elle, Que sont ces créatures bleues ?
- Ce sont des Nankai, expliqua le Tengu, Des créatures nomades. Ils passent toutes leurs vies sur leur bateau, voyageant d'une archipel à une autre.
- Ils ne font que cela ?
- Oui... Ils permettent le voyage des marchandises, des informations et des gens. Ils sont donc essentiel pour le bon fonctionnement des Archipels.
- D'accord.»

Oïma regarda les Nankai, fasciné. Soudain, le cortège de Tengus se sépara en deux, laissant passer les deux Humains.

« Qu'est-ce qu'il se passe ?, demanda Oïma.
- Les Humains veulent aller voir Dame Nozomu.
- Je... je croyais que plus personne ne croyait en elle.
- Cela n'empêche pas de vouloir la voir, je présume.»

Elle se tourna vers les Nankai. Ils étaient en train de discuter avec Fern et d'autres Tengus. Soudain, on lui fit signe de venir les rejoindre.
Oïma s'avança, légèrement intimidé.

« Il paraît que tu veux visiter les Archipels, dit un Nankai, Souhaite-tu venir avec nous ?»

Oïma n'en croyait pas ses oreilles. Elle se tourna vers Fern.

« Accepte, dit il, C'est ton rêve, après tout.
- J'ai le droit ?, demanda t-elle.
- Bien sûr.»

Oïma se tourna vers les Nankai.

« Je... je voudrais bien, dit elle, Si cela ne vous dérange pas.
- On te l'a proposé, dit le Nankai, Je me nomme Gemos, je suis le chef de l'équipage.
- Une nouvelle amie !, s'exclama une petite Nankai, Tu t'appelles comment !? Moi, c'est Leone !
- Oïma.
- Soyons amie !, s'exclama Leone.
- Cache ta joie, dit un autre Nankai un peu plus âgé, Tu vois bien que tu l'as mets mal à l'aise.
- Tu es énervant, Eldeick, dit Leone.»

Oïma était heureuse. Elle allait enfin voir le monde ! Mais elle était aussi triste... Triste de quitter les Tengus, ceux qui l'avait élevé depuis sa naissance. Triste de quitté ce temple qui l'avait accueilli. Mais elle allait découvrir ce monde. Il n'attendait que elle.