25. Jeux dangereux

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Joy

J’échappe à un cours de danse classique et cela me ravit un peu trop. Je ne sais pas si c’est mieux, ou pire, de me retrouver sur ce quai de gare, à attendre le train en compagnie de mon professeur de danse contemporaine, pour partir à Paris, à un concours de salsa que j’aurais dû faire avec un autre.

J’ai survécu aux répétitions, de plus en plus nombreuses, avec le beau brun qui m’accompagne. Au prix d’une frustration que je n’avais jamais connue. Je ne sais pas comment nous avons fait pour ne pas nous sauter dessus. Enfin, j’imagine que lui est allé retrouver sa secrétaire cochonne pour assouvir ses envies. Parce que des envies, il en a eues, c’est clair. Difficile de passer à côté de ses érections, de ses regards gourmands, de ses mains sur mes reins. Je crois que la tension sexuelle est à son comble. Et ce n’est pas de sentir son bras contre le mien, sa cuisse contre la mienne alors que nous sommes assis côte à côte dans ce foutu train qui va m’aider. C’est fou comme mon corps réagit en sa présence. Ça ne m’était jamais arrivé.

Le trajet est plutôt silencieux. Chacun de nous pianote sur son téléphone, ses écouteurs sur les oreilles. Je crois même qu’il a le culot de jeter des coups d'œil sur mon mobile.

— Un problème ? lui demandé-je en le voyant de nouveau lorgner dessus. Tu veux que je te le donne, peut-être ? Tu verras mieux.

— Si on ne peut plus être un peu curieux, grommelle-t-il en détournant enfin son regard.

— Je dirais plutôt intrusif que curieux, mais ne te gêne donc pas, souris-je en lui tendant mon téléphone.

— Je voulais juste savoir à qui tu écrivais avec un sourire. Je dirais Kenzo, ce qui explique mon intérêt, tu vois, mais je me trompe peut-être ? réplique-t-il sans vraiment être gêné.

— Tu te trompes totalement. Ton fils est en cours avec ta femme, Smith. Non, je discute avec l’un de tes collègues du spectacle, Markus. Je me suis dit que je pourrais en profiter pour le voir ce weekend. Tu sais, je ne suis pas une fille facile, mais techniquement ce ne sera pas le premier soir, lui dis-je le plus sérieusement possible.

— Tu fais dans l’Allemand ? s’énerve-t-il un peu. Tu sais, les engins allemands ne sont pas aussi puissants que leur réputation le laisserait penser. Bref tu devrais rester concentrée sur le concours si tu veux qu’on ait une chance de l’emporter. Pas de batifolage avant le jour J !

— Je fêterai notre victoire avec lui, ou me consolerai dans ses bras. Donc, tu veux vraiment voir notre conversation ? Parce que puissant ou pas, l’engin vaut le détour, regarde un peu la photo qu’il m’a envoyée, souris-je en faisant mine de chercher la photo.

— Non, non, ça ira. Pas envie de voir cette horreur. Fais ce que tu veux, je me trouverai bien une danseuse pour me consoler aussi. Vu ton manque de concentration sur l’épreuve qui nous attend, on ne risque pas de gagner, râle-t-il vivement.

— Hé, je t’interdis de douter de mon implication dans ce concours, Smith ! Tu sais, à mon âge, on peut très bien se faire du bien et enchaîner sur un concours sans problème. T’inquiète pas pour ça, mais oui, n’hésite pas à bien te reposer avant de monter sur scène, Papy, je voudrais pas avoir la honte parce que tu fatigues, cinglé-je, piquée.

— De ce que j’ai pu expérimenter, Joy, on réussit mieux ce type de concours quand on est frustré que quand on a passé la nuit à jouir. Crois-en l’expérience du Papy qui n’a pas envie d’avoir fait tous ces efforts pour finir en bas du classement.

— Tu sais, le provoqué-je en posant ma main sur sa cuisse. Je suis sûre qu’on pourrait passer la nuit à faire des folies sans que la frustration ne nous quitte.

— S’il y a bien une chose que je n’étais pas quand tu étais dans mon lit, c’était frustré, marmonne-t-il avant de faire mine de se replonger dans son téléphone.

— Même quand je t’abandonnais lâchement au beau milieu de la nuit ? Si j’avais su qu’on en finirait aussi brusquement, je crois que je l’aurais squatté davantage, soupiré-je en remontant légèrement ma main.

— Tu sais bien que je ne dirais pas non à un petit squattage si tu n’étais pas mon élève, Joy. C’était juste incroyable, nous deux.

— Ouais… Bon, eh bien, j’ai la confirmation que je passerai ma nuit de samedi avec ton collègue. Au moins, je ne suis pas son élève. Dommage que Marie ne soit pas là pour te bichonner, mon pauvre.

Je retire ma main et remets mes écouteurs avec un sourire en coin. Bon, soyons honnêtes, je suis ravie que la secrétaire cochonne ne soit pas là. Je ne sais pas à quoi je joue, mais ça a le mérite d’avoir occupé cinq minutes de notre voyage.

Nous prenons un taxi une fois arrivés à la gare du Nord, et je tombe sur le cul en voyant l’hôtel hyper classe où nous sommes logés. Un vrai palace, pour moi qui n’ai connu que des petits hôtels pas chers. J’ai l’impression de débarquer dans un autre monde quand le réceptionniste nous parle de la salle de sport en accès libre, de la piscine au sous-sol et de la possibilité de se faire masser. Je suis comme une gamine au chalet du Père Noël, qui déchante un peu en apprenant que nous logeons dans une suite tous les deux.

Elle est jolie, cette suite, et je sors même sur le balcon pour profiter de la vue sur la Seine. Il fait froid, mais être ici pour ce concours m’empêche de penser au fait que ma mère est dans la même ville que moi. Lorsque je regagne l’intérieur, je constate qu’Alken a les yeux posés sur moi, encore, et je savoure d’y voir tout un panel d’émotions. En fait, je crois que l’exciter et le frustrer m’apporte beaucoup de plaisir et je compte bien l’agacer autant que possible. D’ailleurs, je lui lance un sourire canaille et me précipite dans la chambre au lit deux places, me jetant dessus.

— Je prends cette chambre ! crié-je en riant. Comme ta meuf est pas là, les lits simples te suffiront !

— J’ai pas de meuf, Joy, répond-il, agacé. Tu ne comptes quand même pas inviter Markus ici ?

— Et pourquoi pas ? Ça va, c’est pas comme si tu ne m’avais jamais entendue jouir, Smith le comptable, le provoqué-je alors qu’il apparaît dans l'entrebâillement de la porte.

— Il y a une différence entre te faire jouir et t’entendre gémir pour un autre. Si tu veux voir quelqu’un, j’espère que tu auras au moins la décence de ne pas le faire ici. Je sens que le weekend va être long, soupire-t-il sans toutefois détacher son regard gourmand de moi.

— Deal, pas de sexe ici, soupiré-je. Tant pis pour mon vibro, il restera au fond de ma valise alors.

— Tu as emmené un vibro ? s’étrangle-t-il alors que son jean bien taillé ne cache pas son érection, massive à voir la bosse qui déforme son entrejambe.

— Peut-être bien, souris-je innocemment. Promis, si tu m’entends jouir cette nuit, ce ne sera pas avec Markus, juste un petit plaisir solitaire. C’est bon ça, j’ai le droit ?

— Quitte à entendre, je pourrai regarder ? me provoque-t-il à son tour en me transperçant de ses beaux yeux verts.

— Bien sûr, je m’y mets maintenant si tu veux, dis-je en me levant pour enlever mes chaussures tout en déboutonnant mon pantalon.

— Je te préviens, si tu me cherches, tu me trouves. Les plaisirs solitaires, ça peut se partager, il me semble. Aucun règlement n’interdit ça, observe-t-il en souriant en coin.

Je l’observe une seconde en me demandant jusqu’où je suis prête à aller. Clairement, ce petit jeu m’excite outre mesure et je n’hésite pas bien longtemps avant d’entièrement me dévêtir sous ses yeux qui s’arrondissent. J’avance jusqu’à lui et pose ma main sur son torse en faisant la moue.

— Désolée, professeur O’Brien, mais un professeur et son élève, c’est impossible et le règlement l’interdit, murmuré-je à son oreille.

— Mais vous n’êtes pas une petite fille sage, si, mademoiselle Santorini ? répond-il avant de venir déposer un baiser dans mon cou alors qu’une de ses mains effleurent mes cuisses nues pour venir se poser sur mes hanches.

— Vous avez raison, professeur, soupiré-je en descendant ma main jusque sur son entrejambe que je caresse doucement. Mais on m’a dit qu’il ne fallait pas s’adonner au sport de chambre avant un concours, alors je vais suivre les conseils des anciens.

Je ne sais pas comment je fais pour tenir le coup, parce que je n’ai plus qu’une envie, là, qu’il me plaque contre le mur et me prenne sans ménagement. Pourtant, je m’écarte à regrets de lui et retourne dans le salon pour ouvrir ma valise et en sortir mon nécessaire de toilette.

— Je vais prendre un bain, souris-je en levant fièrement mon vibromasseur. J’en ai pour un moment, Professeur.

Je le vois alors sourire malicieusement et passer son tee-shirt au-dessus de sa tête. Il le jette par terre et se défait de son pantalon qui rejoint son haut, dégageant ainsi sa hampe fièrement dressée.

— Je vais prendre un fauteuil aux premières loges, Mademoiselle. Je dois noter vos prestations et me faire une idée sur vos capacités, ajoute-t-il en allant s’asseoir sur le rebord de la baignoire, son sexe dans sa main.

Merde, je ne pensais pas qu’il irait jusque là, honnêtement. Je joue avec le feu et c’est vraiment trop excitant. C’est une mauvaise idée, je le sais, et lui aussi. Mais c’est tellement bon. Rien que de le retrouver nu, là sous mes yeux, j’ai l’impression de retrouver un nouveau souffle.

Malheureusement, ou heureusement peut-être, le téléphone d’Alken se met à sonner dans le salon. Je déchante brutalement en pensant à qui pourrait bien l’appeler, et une image s’imprime dans ma tête. Celle qui me pourrit mes nuits depuis bientôt trois semaines, alors que j’avais oublié de récupérer ma clé USB dans la salle de danse. La secrétaire cochonne à genoux devant cet Apollon. Image imprégnée dans ma rétine ad vitam aeternam, je crois.

— C’est sans doute ta meuf, Smith le mytho, marmonné-je en déposant mes affaires. Tu devrais aller répondre, je n’ai plus envie de me faire du bien de toute façon.

— Je t’ai dit que je n’avais pas de meuf. Et je ne suis pas mytho, s’emporte-t-il en se relevant. Prends pas deux heures dans le bain, si on a le temps, on peut faire un peu de tourisme. Ce sera moins passionnel, mais ça permet de se faire un peu de bien quand même.

— Bien, Monsieur le comptable-apparemment-pas-mytho. Si tu veux bien prendre la peine de bouger ton cul de la salle de bain, maintenant, soupiré-je en me glissant finalement sous la douche à l’italienne en lui tournant le dos.

— Tu n’oublies pas de m’appeler si tu changes d’avis. Je suis là pour le spectacle, je te rappelle, conclut-il en sortant tout en laissant la porte ouverte.

— Va te faire foutre, Alken, balancé-je en lui tendant mon majeur, agacée.

J’ai joué et je suis en train de perdre, non ? Ma libido fait des montagnes russes, j’ai autant envie de le frapper que de l’embrasser, et je suis plus frustrée que jamais. Il faut vraiment que j’arrête ce manège à la con, et dès maintenant. Alors, pourquoi est-ce que je ne vais pas fermer cette fichue porte ?

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