Trois milliards de secondes,

Elles défilent sans bruit, les unes après les autres.

Elles sont précieuses,

Elles sont notre vie.

Une poignée de graines magiques semées au vent des possibles sur le champ fertile de nos existences.

Elles sont intentions, pensées, paroles, actes.

Elles s’amusent d’un regard surpris ou d’un sourire volé.

Elles assument l’émotion nue et le plaisir avoué.

Elles soupirent le désir muet et le rêve défendu.

L’amour leur souffle de s’enraciner, tandis que la peur les gèle, à cœur.

Je vais vous dévoiler un peu de la magie que portait l’une d’entre elles.

Une graine minuscule, inopinément mise en cœur il y a un an, à peine.

Elle s’appelle « ose le lui dire »

Le cœur tendre qui l’a reçu bat dans le corps d’une femme douce, fragile, subtile.

Elle est belle comme son prénom, Agathe.

Qui aurait pensé qu’elle germe seulement ?

En son intérieur, une émotion timide, une intention farouche et un amour naissant ; protégés par une fine enveloppe de quelques secondes. Elle a volé en éclats dès lors que mes lèvres ont su se mouvoir et « oser le lui dire »

Cela n’a duré je crois, qu’un très bref instant. Interdit, hors du temps.

Insignifiant pour d’autres qui passaient devant et tout autour de nous ; tandis que pour elle et pour moi, Il s’arrêtait ; comme entre parenthèses.

Deux êtres qui se cherchaient sans oser se le dire ; une petite graine avec à l’intérieur une histoire à devenir, quelques secondes et un « hasard » qui les croise au juste instant.

Spontanéité, ingénuité, désir, excitation, trouble… L’émotion amnésie alors soudainement le contexte, méprise la censure adaptée et revendique son droit d’exister. Elle se fait mots, regards, maladresse, frissons et bouffées de chaleur ; lui saisit la main et s’ouvre à elle ; cœurs ouverts.

Quelques secondes déroutantes qui l’ont touché et qui m’ont bouleversé car j’en suis désormais totalement épris, passionné et amoureux.

Bien sûr la mémoire à réveillé doucement l’émotion de son amnésie. Un contexte est là, sa légèreté ne peut être.

Agathe reste aujourd’hui secrète et interdite. Elle brise, bien malgré elle, mon équilibre. Mais elle me rend toujours amoureux. Heureux parfois, malheureux souvent.

Mais, ces mots que je laissai s'échapper hier ; je les libérerai à nouveau si l’instant devait se rejouer.

Contre-indiqués, déplacés, chèrement payés. Assurément, oui. Mais quelques secondes dans le présent d’Agathe, mon regard dans le sien et le sien dans le mien ; son sourire, sa gène, sa douceur, sa sensibilité et c’est tout son être qu’il m’a été offert de frôler, bien malgré elle et bien malgré moi, en l’espace d’un instant ; intensément présent ; le temps d’une précieuse graine seconde.