Prologue :

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La jeune femme regardait en souriant la nourrissone dormir. Elle était simplement adorable. Sa petite mèche de jais retombait sur son nez en trompette, ses petites mains potelées étaient étendues sur son petit ventre et son sourire délicat la rendait encore plus mignonne. Dire que ce merveilleux bébé était sa fille, Shane. Tandis qu'elle se perdait dans la contemplation de son enfant, la porte s'ouvrit. En sortit une jeune femme brune vêtue d'une blouse blanche. Aussitôt elle se redressa et interrogea la nouvelle arrivante.

— Alors docteur ?

La doctoresse en question leva les yeux de sa fiche et répondit.

— Alors c'est confirmé, votre fille va bien, ses constantes vitales sont stables et son examen sanguin montre l'absence de toute carence. En bref, elle est en parfaite santé.

Insatisfaite, la jeune mère continua.

— Et ?

Le médecin soupira.

— Et elle est inapte à tout type de magie, le sang qui coule dans ses veines ne contient aucun mana.

La femme eut un sourire satisfait.

— Parfait ! Faites-en une gardienne alors !

La doctoresse fronça les sourcils et serra les poings.

— Et puis quoi encore ? Vous savez bien que vous et votre mari avez une faiblesse magique. Une charge de gardienne la tuerait ! Et je doute qu'il en reste encore une quelconque.

L'impulsive femme insista.

— Elle ne mourra pas parce qu'elle est forte. Et je vous rappelle que vous n'êtes pas censée refuser.

La médecin s'indigna d'une voix tremblante de colère.

— Vous n'allez pas risquer sa vie pour satisfaire... votre ego ?

— Ce n'est pas qu'une question d'ego, répondit-elle calmement. Ma fille est promise à un brillant avenir et ce n'est pas vous qui allez m'en empêcher. J'ai peut-être fait quelques erreurs par le passé, mais mes sacrifices vont payer. Maintenant vous allez être gentille et me donner ce que je veux.

Menaçante, elle s'approcha et ajouta.

— Ou je risque de faire un heureux parmi les apprentis en médecine. Qui accomplira cette mission mieux que vous.

La doctoresse écarquilla les yeux, un peu étonnée, mais ce sentiment laissa vite place à une peur panique, quand elle s'aperçut que la femme ne plaisantait pas.

— Cassandre ! Vous ne pouvez pas ! C'est votre fille ! Henri n'aurait pas voulu ça.

Les yeux de la jeune mère s'embuèrent de larmes et d'une voix sèche elle dit :

— Donnez-lui sa charge maintenant. Avant que je ne vous fasse virer.

Contrainte d'obéir la médecin commença à réciter des incantations dans une langue étrange.

Aussitôt, la petite chambre d'hôpital fut inondée par une vive lumière bleue. Le bébé se mit à geindre.

— N'arrêtez surtout pas, ordonna Cassandre, voyant la doctoresse hésiter.

La femme prit l'enfant dans ses bras, utilisant toujours le même dialecte insolite. Le bébé hurla et ouvrit les yeux, dans lesquels la lumière se précipita d'entrer. C'était désormais la nourrissone qui produisait la lumière, l'envoyant partout à coup de regards affolés. Elle commença à suffoquer, ses cris devenant de simples sons étouffés.

La médecin hésita un instant. L'enfant allait-elle survivre au rituel ? Cela valait-il vraiment la peine de continuer ? Quand elle vit le regard haineux de la mère, elle souffla un coup et finit son travail.

Elle prononça une dernière formule.

Aussitôt, la clarté bleue recouvrit entièrement le corps de la toute jeune fille qui ne respirait plus. Ce voile opaque demeura quelques instants puis se dissipa, ne laissant sur le ventre de l'enfant qu'une tache indigo. Celle-ci poussa un cri strident.

Elle avait recommencé à respirer.

Cassandre, désormais calmée, prit sa fille dans ses bras et remercia chaleureusement la doctoresse :

— Merci beaucoup, Annabelle. Grâce à vous, Shane pourra accomplir sa véritable destinée.

Pour seule réponse, elle obtint un regard empreint de colère et de mépris.

— Elle a failli mourir, ses pouvoirs la finiront pour de bon ! Pauvre folle.

Elle sortit de la pièce en claquant la porte, laissant la jeune mère et sa fille.

Cassandre observa son bébé, puis lui caressa la joue avec tendresse.

Tu seras la meilleure des gardiennes ma fille.

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