Bon sang de bordel de dieux. C'est à croire que ça ne cessera jamais. Le cadran tourne, le chemin se fait, l'année se termine et recommence. Je vais mieux, j'y crois, je marche... je cours même parfois. Et puis je bascule à nouveau. Je trébuche, je tombe en avant et me mange le goudron. Je vais finir défiguré. Épreuve après épreuve.

Tout ce qu'on nous souhaite machinalement sans y penser... La santé, l'amour, la réussite. Je n'ai rien de tout ça. Rien, pas une once de quoi que ce soit qui y ressemble.

Enfin, j'imagine que l'amour, si je fais un petit effort, je peux le voir dans l'amitié, dans les animaux qui m'entourent, dans la vie quotidienne... et puis au-dedans de moi. La réussite, c'est relatif ; je n'ai pas d'argent, mais je l'aime suffisamment, ma vie. Et puis la santé... ça pourrait être pire ? Ouais, ça pourrait être pire. Ce serait vraiment, vraiment pas drôle, mais ça pourrait.

Bon alors... alors la voiture qui tombe en rade, l'ordinateur qui se casse, la douleur qui revient, les médecins qui reparlent de chimio, la fatigue, la ponette qui a un trou gros comme l'auriculaire dans le pied, les gens qui meurent, la chienne qui maigrit, les allers-retours sociaux, le souffle qui s'épuise, les cauchemars... ce ne sont que des détails hein. Des détails pas très graves, du moment qu'on ne les ignore pas.

Hein ?

C'est vrai hein ?

Allez. On y retourne.