Chapitre 11 : Peut-on connaître le futur ?

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Votre petit chat préféré était là, assis dans l’herbe.

Je pleurais doucement, lentement. J’avais tout perdu, Julie et mon amie ailée, tout s’effondrait.

La boule de cristal était noire, j’étais vide.

La boule se mit à vibrer, j’attendais, avec plaisir, de retrouver le visage de ma bien aimée.

Je fus fort surpris de voir apparaître le château du baron noir.

Je me tus, stupéfait.

Le Château se mit à tourner, oui tourner.

Au départ, le mouvement était lent, très lent, mais progressivement tout s’accéléra.

Le château accéléra, encore et encore, seul un tourbillon infini se déroulait devant mes yeux.

Je me tournai vers Merlin et dit :

« Enchanteur, quel est ce prodige ?

— Une magie puissante, profonde, dangereuse, murmura le vieil homme.

— Mais cela est déjà arrivé ?

— Gauvain l’a raconté, mais tous ces chevaliers de la Table Ronde avaient tendance à

enjoliver leurs aventures.

— Alors tout est faux, m’indignai-je ? Où est la vérité ?

— Petit chat, commença Merlin, le monde de la magie est comme le monde réel, vrai et faux se mêlent et se mélangent et plus personne ne peut les distinguer. Il faut ajouter l’œuvre du temps et le poids des légendes.

— Oui tout cela remonte à plus de mille ans.

— Bien plus, petit chat, le premier Arthur, le « vrai » Arthur vivait à la fin de l’empire Romain.

— Mais de lui, on ne sait rien ?

— On ne connaît, conclut le vieil homme, que la légende. Et personne ne me croirait si je disais la vérité : même Merlin est impuissant face aux croyances enracinées. »

Nous nous tûmes longuement. Je regardais, fasciné le château tourner à une vitesse de plus en plus rapide.

Je posai la question qui me hantait depuis longtemps :

« Merlin, peut-on connaître le futur ?

— De quel futur parles -tu petit chat ?

— Je ne comprends pas, il n’y en a pas qu’un seul ?

— Regarde ce château et rappelle toi tes leçons de physique : ce château va approcher de la vitesse de la lumière.

— Cela signifie, dis-je d’une voix étranglée, que le temps passe beaucoup plus vite ici ?

— Ou bien que le temps du château ralentit.

— Donc ici il va se passer mille ans ?

— Et le château n’aura tourné que quelques semaines, répondit l’Enchanteur.

— Et moi, je serai mort.

— Pas moi, Merlin ne peut pas mourir. »

Insatisfait, je reposais ma question :

« Merlin, peut-on connaître le futur ?

— je t’ai déjà répondu, petit chat.

— Pas vraiment, tu possèdes un savoir que personne ne possède, toi tu sais tout ce qui peut arriver.

— Je n’ai pas vraiment choisi, précisa l’enchanteur. Ma mère pure et innocente a été violentée par un démon et j’ai eu le double savoir, dès la naissance, le savoir du passé et celui du futur.

— Tu peux connaître le futur, tu sais ce qui se passera dans dix minutes, dans un jour, dans mille ans.

— Certes, mais cela est inutile.

— Inutile, répondis-je, mais pourquoi ?

— Connais-tu ton passé, ton présent ?

— Oui, bien sûr.

— Non, précisa Merlin, connais-tu tout ton passé, tout ton présent ?

— Non, je ne connais qu’une partie, ce qui m’est accessible.

— Hé bien, petit chat, c’est pareil pour le futur, je n’en connais qu’une partie, je ne connais que ce que je vais vivre, et rien de plus. Nous exagérons notre savoir.

— Oui, concédai-je, mais ce savoir du futur, nous ne l’avons pas.

— Tu as bien de la chance : le passé est passé tu ne changeras rien. Pour le futur c’est la même chose : je suis donc le plus malheureux des hommes !

— Je ne comprends pas, tu es bien plus fort que tous les autres hommes sur Terre.

— Et aussi bien plus triste, répondit l’enchanteur désenchanté, je sais tout ce qui va venir, je n’ai aucune surprise, aucun battement de cœur. Et, pour autant, je suis aussi impuissant face à l’avenir que tu l’es face au passé.

— Oui, mais tu peux nous prévenir.

— Mais cela ne sert à rien, petit chat !

— Je ne te crois pas, m’insurgeai-je !

— Petit chat, dans cinq minutes tu vas te battre : tu comprendras, alors. »

Un court silence se fit.

Au bout de cinq minutes, un chevalier en armure sortit de la forêt.

Il se dirigea vers moi en criant : « Ta dernière heure est venue, créature de l’enfer ».

J’étais pris au piège, je me mis à courir à toute vitesse.

Je cédai à la panique et me mis à grimper dans un arbre.

Le chevalier entreprit de mettre le feu à l’arbre, ma dernière heure était effectivement venue.

Ne sachant que faire, je tentai le tout pour le tout : je bondis de toutes mes forces pour déséquilibrer mon ennemi.

Mais, à ma grande stupeur, je traversai … le vide !

Je me tournai vers Merlin, mécontent :

« Tu ne m’avais pas dit qu’il n’était pas réel !

— Et alors, se moqua l’Enchanteur, cela n’aurait rien changé.

— Je l’aurais ignoré, c’est tout.

— Et tu aurais brûlé vif.

— Mais, il n’était pas réel, m’indignai-je.

— Pour toi, petit chat, il l’était, donc tu aurais brûlé !

— Tout va de travers.

— Hélas, tu as raison, répondit Merlin d’une voix sombre. Le monde de la magie

sombre dans le chaos, le danger menace.

— Mais je m’en suis sorti !

— Tu n’es pas le seul être en danger dans ce monde, petit chat !

— Zirki, m’écriai-je soucieux. »

J’allai vers la boule de cristal. Je vis la jeune fille ailée, figée, mourante. Ma décision fut, immédiatement, prise :

« Merlin, je dois retrouver mes amis.

— Le terme amis me semble étrange, ironisa l’Enchanteur.

— Pourquoi dis-tu cela ?

— Tu ne les as pas quittés en très bons termes.

— Certes, concédai-je, mais ils vont me pardonner.

— Rien n’est moins sûr !

— Qu’importe, Zirki est en danger »

Nous nous mîmes, sans attendre, en route.

Je songeai aux paroles de l’Enchanteur. Secrètement, j’avais toujours envié son pouvoir.

C’était fini. Mais son visage fermé et soucieux ne présageait rien de bon, hélas !

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